lundi 23 novembre 2020

Comment Trump manipule les infos

 Le Donald ne promeut que les titres lui convenant

C’est une histoire compliquée de tests de détection de la covid. Mais Trump en a profité pour pousser la fréquentation de Breitbart. Dont le « journaliste » élude quelques aspects de l’affaire.


Souvent, quand le Canard enchaîné sort une exclusivité reprise ailleurs sans en mentionner la source, le volatile ne manque pas de le faire remarquer. Cela, je ne saurais le reprocher à Jake Tapper, de Breitbart, qui cite un long extrait du Washington Post.

Cette affaire est déjà un peu réchauffée, puisque The Hill (autre titre de Washintown DC, pas très pro-Tump non plus) en fait état, tout comme des médias de Baltimore ou d’ailleurs…

En gros, le gouverneur républicain du Maryland, marié à une Sud-Coréenne, commande en Corée du Sud des centaines de milliers de tests covid pour son État. Ils seront décrétés défectueux. Pas par tous les laboratoires, mais quand même. Du coup, il les remplace par d’autres, de même provenance. Les démocrates du Maryland s’inquiètent dans un premier temps du retard de la mise en service des tests initiaux. L’affaire fuite. Cela finit par des articles dans le Washington Post, The Hill et d’autres.

Mais Trump attend que Breitbart traite l’affaire à sa manière pour renvoyer la Trumpland vers ce seul site en assortissant son message d’invectives contre Hogan “Anti-Trump Hero, Rino, Republican in name only, just as bad as the flawed tests”. Pas un mot bien sûr à propos des sources de Jake Tapper et de Breitberg.

Il faut le dire et le redire, tous les arguments dénoncés par les complotistes proviennent (quand ils ne sont pas totalement inventés) de la presse qu’ils dénoncent, la seule à pouvoir employer des journalistes d’investigation ou des secrétaires de rédaction à l’affût de ce qui est publié ailleurs. Le complotisme, c’est de l’habillage, ce que démontre parfaitement, par ses pratiques, Donald Trump. Ensuite, il faut ancrer l'idée que les seules sources dont les complotistes font état sont les seules fiables. C’est ce à quoi Trump s’emploie depuis qu’il a brigué l’investiture républicaine puis a pu accéder à la Maison Blanche.

Ce gouverneur républicain («  de nom seulement » pour Trump) a bénéficié d’une tribune dans le Washington Post (en fait une sorte de droit de réponse, même s’il n’a pas réfuté toutes les informations du quotidien, admettant aussi de fait, par omission, qu’il aurait pu mieux informer son administration de l’efficacité des tests initiaux). Breitbart fait fi de ses arguments.

En tout cas, cela fonctionne, selon le dernier sondage de l’institut de l’université Monmouth, 77 % de la Trumpland considère que l’élection fut frauduleuse et 88 % estiment qu’il est urgent d’attendre avant de se prononcer sur l’identité du vainqueur. Chaque nouveau sondage montre que l’obstination de Trump continue à élargir la base de ceux qui le croient, quoi qu’il fasse ou dise. L’étape suivante, à laquelle s’emploie le clan Trump, en particulier ses deux fils, sera sans doute de faire croire que les élections ayant porté des démocrates à la présidence (Clinton, Obama) étaient tout aussi frauduleuses. Finalement, seule l’élection du Donald, en 2016, n’aurait pas été entachée de manipulations.

La stratégie de Trump consiste en fait à saboter le mandat de Biden, en sachant fort bien que les républicains, y compris ceux qui se sont fort timidement distancés de lui (et il est sûr de renvoyer les autres dans leurs pénates, hors de la Chambre et du Sénat), finiront par lui vouer allégeance. Ni rompre, ni même plier, et la fin (ses intérêts) justifieront toujours tous les moyens. Réélu en 2024 (si ce n’est l’un de ses enfants), il parviendra sans doute à persuader « ses élus » que les États-Unis doivent rompre avec l’OMC (l’Oraganisation mondiale du commerce). America first. Trumpland d’abord.

Pour le deuxième jour de la réunion virtuelle du G20, ce dimanche, Trump a de nouveau écourté sa présence pour retourner jouer au golf, comme la veille. Mais il s’est au moins abstenu de poster un message sur Twitter avant quatre heures après le début de la séance. Il s’est surtout vanté d’avoir réduit la pollution atmosphérique aux États-Unis. On doit bien sûr le croire sur parole.

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