samedi 26 décembre 2020

Houria Bouteldjà ou l’ehtnicisme gloubi-glouba

Ce serait reine de Saba contre miss Provence ? Pas sûr...

Valeurs actuelles n’en ratant pas une pour mettre en valeur Houria Bouteldja et contribuer à sa notoriété a pu récupérer un texte de la dite, censuré par Mediapart. On comprend surtout que miss Provence April Benayoum aurait gagné à se déclarer d’ascendence tatare et non partiellement israélienne. Bof, puisque l’actualité est faible, autant en bavarder.


Tristane Banon, qui doit bientôt avoir un livre ou autre chose à vendre, aurait fait « un geste fort » (selon Gala) au profit médiatique d’April Benayoun en se posant en « anti-antisémite ». De son côté, la sémite Houria Bouldja a sans doute cru devoir elle aussi un geste, ou plutôt une gesticulation, pou imputer à miss Provence une provocation en faisant état de la nationalité coupable (si je tente de comprendre) italo-israélienne de son père. Pire, elle aurait pactisé avec « les pouvoirs d’État démocratiquement élus » qui lui valent la hargne d’antisémites de banlieues. Houria Bouldja qui se verrait sans doute fort bien élue pour jouir des prébendes de ces mêmes États, devrait se poser la question : est-elle suffisamment sémite elle-même pour ne pas se voir un jour à son tour la cible d’une autre forme d’ethnicisme ?

Son billet s’intitule « l’anti-tatarisme palestinien (et des banlieues) n’existe pas » (si j’ai retrouvé, vous pourrez).

Cela débute par une longue démonstration selon laquelle les Tatars se seraient conciliés les Palestiniens. Ah bon ? Pas de tous temps, c’est le moins qu’on puisse dire. Les Tatars, certains israélites, d’autres musulmans, furent tour à tour alliés et concurrents des Croisés en Palestine et la prose historiographique musulmane en dit pis que pendre (voir des textes du Hamas et tant d’autres).

Mais en fait, je me demande si elle ne confond pas les Tatars en général avec les Khazars. Dont une partie, par opportunité politique et territoriale, se convertit au judaïsme. Un peu comme le tsar bulgare avait commandité le cyrillique pour étendre son influence impérialiste. Et pour un Clovis avant lui, l’avantage de se faire oindre et de fonder une dynastie a sans doute été plus déterminante que d’autres considérations, conjugales ou autres. Je sais, je tombe dans l’historiographie à la Cavanna, et j’escompte bien ne pas tenter de remonter vers d’incertains sommets.

Diverses théories, plus ou moins franchement complotistes, assimilent Khazars et Ashkénazes. Sans doute en partie fondées car les mélanges, mariages et filiations furent, comme partout ailleurs, peu exceptionnelles. Et puis, en raison des opportunités, des vents des occasions, on passe d’un rite à l’autre, selon ce que cela peut représenter pour améliorer sa situation.

Mais un mythe veut que les Ashkénazes, ayant un temps mieux réussi en Europe et ailleurs que les Séfarades, soient la source de tous les maux. Tandis qu’un autre veut qu’entre Séfarades, Arabes ou Berbères, ce fut toujours l’entente cordiale (en dépit de pogroms au Maroc ou ailleurs). Comme c’est idyllique. Je résume bien sûr en caricaturant. Mais cela peut permettre, comme Houria Bouteldja, de se poser en sachant (d’une complexité inextricable réduite à quelque idées simples) abuser les gogos voulant entendre ce qui les flatte. La Bruyère (vieux souvenirs).

Au passage, et c’est toute la tac-tac-tique du genre, cela permet de glisser une phrase sur le racisme français injuriant « Boches », « Chleuhs » et Frisés. Et Alsacos, têtes de veaux, Bretons, têtes de c***. C’est de l’internationalisme prolétarien ?

Au Burkina, on se désigne couramment encore, le Blanc (nasara), le Noir, sans faire commerce de négrophobie ou de négrophilie ou d’autre chose. Houria Boulteldjan’a évidemment pas totalement tort en tout point de son argumentation. Mais soutenir qu’un « enjeu néo-nazi » (franchouillard ?) vise à « livrer les Juifs à la vindicte indigène » pour mieux favoriser la négrophobie semble un peu tiré par les cheveux. Cela ressort surtout du clientélisme des Alain Soral et consorts. D’un battage médiatique à la fois victimaire et agressif.

Houria Bouteldja invite April Benayoun à rejoindre le « mouvement décolonial » (italo-austro-hongrois  chez le Négus ou l'inverse ?). Nous devrions les inviter à venir les deux (comme on dit en Franche-Comté : « on y va les deux ») en Bretagne, on leur prêterait coiffes et sabots pour danser la dañs plinn, plutôt soutenue. On pourrait aussi passer au zydeco (musique cajun-créole du bayou), et penser à autre chose. Bretonnes et Bretons sont tellement brassés (moi et mes enfants, un peu-beaucoup moins, mais mes petits-enfants le sont vraiment davantage) que nous avons d’autres choses pour alimenter les conversations. Sans mercantilisme. Je reproduis ici, très volontairement, une capture d’écran de Valeurs actuelles, pour dire très clairement que le titre est mensonger : non, Houria Boutelja ne vomit pas sa haine contre Miss Provence, elle se fait mousser, instrumentalise un fait de société, de manière aussi foutraque que ce qui, ici, précède. À chacun son fonds de commerce, mais je n’ai rien à vous vendre.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire