Rares mots d’oiseaux adressés à Boris Johnson
C’est totalement inhabituel. Le
Mirror a reproduit une longue diatribe d’Alastair Campbell (un travailliste)
traitant le Bojo de tous les noms.
Bon, je ne risque rien, le délit d’outrage à chef d’État étranger ayant été abrogé, et de toute façon, c’est Sa Majesté et non le Bojo qui est visé par Alastair Campbell, un ancien conseiller de Tony Blair. Non seulement le sieur Campbell, un Écossais et un ex-confrère, en journalisme et pilier de comptoir (à mon époque, les deux allaient de pair), est un adepte du franc-parler,et il n’éclabousse pas d’invectives avec le dos de la cuillère.
C’est quand même totalement insolite.
La pudibonde presse britannique, qui cache le moindre téton s’échappant d’un
soutif, reproduit les propos in extenso de ce vitupérant chroniqueur. Je
fus traducteur, mais je vous laisse apprécier verbatim les propos visant le
Bojo : ce “blonde-haired, grinning, smirking, clueless clown”. En gros ce
blondinet grimaçant, sounois, paillasse écervelé (libre adaptation). Et dans le
billet du Mirror, c’est répété cinq fois (donc, six occurrences). Et puis, ce
mot débutant par c qui se traduit littéralement en français à une lettre près
par ce que nous imaginons pour qualifier un chef d’escadrille d’une secte
pro-Brexit.
Alistair Campbell se trouvait au
volant, accompagné de son chien, à l’approche d’un port français, proche de l’Eurotunnel,
et désireux de regagner le Royaume-Uni. C’était un peu avant 04:00 (sans
doute heure de Paris) et il lui fallait faire viser le livret sanitaire de son
chien. La moutarde (de Dijon ?) lui est montée au nez. Il se trouvait
entouré de policiers, de réfugiés, de gamins en pleurs, de chiens aboyant,
entre des monceaux de fruits et légumes pourrissant. Le baron David Frost (l’équivalent
de Michel Barnier, lequel vient de jeter l’éponge, la passant à Ursula von der
Leyen pour jouer le rôle de Falbala face à Ordralfabétix à propos des droits de
pêche), en prend aussi pour son grade. Je vous en passe. Toujours est-il que
Lord Andrew Adonis et sir Jonathan Jones, entre autres, ne sont pas en reste
pour fustiger le Bojo. D’ici à ce que des tombereaux de maquereaux pourris soient
déversés devant le 10, Downing Street, il n’y a pas loin.
Le Daily Express se
réjouit. Une sortie de l’Union européenne sans accord lui semble de plus en
plus probable. La Teutonne voudrait céder mais le crapaud Macron resterait
inflexible. Angela (Merkel) parviendra-t-elle à ramener Macron à la raison
avant la vingt-cinquième heure (celle du docteur Schweitzer) ?
Les Rosbifs se sont vus servir
des coquilles Saint-Jacques et du turbot et de la soupe au potiron à Bruxelles
et une meringue pavlova au dessert (la pavlova est considérée d’origine australienne
et le Royaume-Uni voudrait des conditions commerciales alignées sur ceux régissant
les échanges entre l’U.E. et l’Australie). C’est donc un coup de kangourou en douceurs
diverses qui fut décoché. Après un rappel de la Guerre de la coquille (10
octobre 2012, voir Wiquipédia, lorsque des pêcheurs français tentèrent de
bouter des Britanniques hors de la baie de Seine), le kiwi sur le gâteau meringué.
Selon l’Express, c’est l’insulte
finale. Pas moins. Qu’à cela ne tienne, Macron est dans les affres, et « terrifié »,
non par la covid mais par la perspective de voir des banques de la City se
délocaliser aux États-Unis (je résume cette histoire de derivatives trading
obligation à laquelle je ne comprends que couic).Toujours est-il que le coq
français en serait réduit à s’égosiller sur son tas de fumier.
En attendant toutes les pistes de
l’aéroport de Manston (Kent) se couvrent de longues rangées de camions.
Nous serions à la veille d’on ne
sait plus trop quoi car, ce soir ou cette nuit, ce serait « l’instant crucial ».
C’est du moins ce que la commission européenne laisse entendre.
Danserons-nous le castaschok de
part et d’autre de la Manche ? Ce n’est pas assurément dans la manche…
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