lundi 16 décembre 2019

Le noël favori des Britanniques ? Les c… gouvernent toujours


La “carol” de Jarvis Cocker caracole en tête

Franchement, cela m’étonnerait que la BBC, après les 12 coups de minuit (d’archives sonores, Big Ben refonctionnera en 2021), le 24 prochain, lève le rideau sur un chœur de petites têtes blondes entonnant la chanson de Jarvis Cocker…

Mais, révèle The Independent, un groupe Facebook, rejoint par bientôt 10 000 abonnés, veut faire de Running the World, chanson de 2006, le UK Xmas nº 1.
Quant on sait qu’en 2009, le tenant du titre fut Killing in the Name du groupe Rage Against the Machine (un titre de 1991), faisant régresser Jingle Bells et O Holy Night, ou la version anglaise des Anges dans nos campagnes, ou encore Tàladh ar Slànaigher (la berceuse du Sauveur) dans le classement.
Vous trouverez les paroles de Running the World (dont le refrain, répété 12 fois, est : C… are still running the world, que je ne traduis pas mais évoque, nuance).
Chant d’espoir avec « gouvernent encore le monde » ou de résignation avec « régissent toujours » ? Soit encore une fois, ou pour toujours ? Et par la grâce de qui ?
Plutôt pour toujours, car les paroles sont sans ambiguïté, puisque c’est dans l’ordre naturel des choses, aux meilleurs les mains pleines, la crème remonte toujours au sommet… Tout comme la merde surnage (shit floats).
Le second couplet pourrait être ainsi résumé : vous avez cru que le changement c’était maintenant, mais que les lendemains déchantent.
Le troisième constate que les classes laborieuses sont devenues des bouches inutiles, sauf au loin où elles se contentent de moins, comme disent ceux qui mènent la danse.
L’avant-dernier vante les écoles privées, les goûters des enfants garnis de queues d’écrevisses ou de homards, que c’est certes injuste anthropologiquement (duraille à chanter, anthropologically unjust, soit dit au passage), mais que, vu le retour sur investissement, on se contente de le déplorer poliment, hypocritement.
Enfin, si vous n’aimez pas l’autorégulation du marché, soit tu l’aimes, soit tu la quittes, ou tu peux toujours déambuler dans des manifs, c’est causes toujours, leurs têtes sont malades, et… refrain.
C’est du Brassens en prose : « tout le monde le suit docile », chantait-il. Et « il y a peu de chances qu’on... » détrône ce roi ou ce souverain républicain, celui de nos parents, de nous-mêmes puis de nos enfants et petits-enfants. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Cocker, qui vécut en France de 2003 à 2009, connaisse le répertoire de Brassens.
Plus récemment, Brian Eno avait sorti, peu avant les élections, un fort caustique Everything’s on the Up with the Tories.
Voici quelques heures, la BBC n’excluait pas que Running the World puisse surclasser I Love Sausage Rolls (reprise de I Love Rock & Roll), de LadBaby. Mais Stormzy, qui avait affirmé son soutien aux travaillistes, ou plutôt son opposition au Bojo, tient encore la route avec Own It.
En fait, la tête de liste pour Noël est déterminée par les ventes, et non en fonction du type de musique ou de paroles plus ou moins bien adaptées pour célébrer la fête chrétienne. Certes, All I want for Christmas is You, de Mariah Carey, se vend toujours mieux en novembre-décembre depuis un quart de siècle, et c’est davantage qu’une coïncidence. Mais les Beatles et les Spice Girls avaient remporté le titre deux années de suite (avec je ne sais plus quoi) sans trop se référer aux sapins ou au barbu de rouge vêtu.
En France, en 2011-2013, Tino Rossi et son Petit Papa de 1946 gardaient le cap (épaulé par Kendji Girac l’an dernier). Mais c’est quoi déjà le titre fétiche de Reine des neiges II ? Dans un autre monde ?
Avec Jarvis Cocker, on sait dans lequel on est et reste. Quant à s’en évader pour les fêtes, ce n’est pas tout à fait déjà sur les rails. Il n’est pas sûr que les c… faiseurs facilitent la trêve. Ne suivez pas mon regard, il se disperse…
Mais pour en revenir à la chanson de Jarvis Cocker, on remarquera que c’est une mélodie mélancolique. Or les titres quelque peu tristes se vendent mieux vers Noël que les plus allègres. Et déjà, il y a huit ans, des internautes incitaient à en faire le Christmas number one. Ils en pensent quoi, Ladbrokes et les autres bookmakers ?
Résultat « à l’heure solennelle ».

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