jeudi 29 août 2019

Brexit : les Brexpats de France en butte aux vexations administratives

Des préfectures bloquent les demandes des Brexpats

Dear Friends and would-be French citizens or residents, please receive my apologies… But there’s hope, the French bureaucratic hassle (and blunders) will not last (so) long…
Mélange des genres… J’apporte mon aide à une amie ayant une maison à céder du côté de Tergnier, de préférence à une famille de Brexpats avec un chien… La maison de Fargniers (je vous en avais précédemment entretenus) a déjà été visitée par un couple de Britanniques avec deux enfants qui aurait finalement, semble-t-il, opté pour la Belgique en raison deslourdeurs administratives françaises dont ont fait état d’autres Brexpats dans « leur » presse locale (en France) ou « ex- » nationale. Mais que fait donc l'Élysée ?
So Dear Friends from Northern Ireland, Scotland, Wales, Cornwall and England, there is a house to be sold in Picardy. Have a look at the PDF file
Cheer up, let's flee
La plupart des opposants au Brexit ou à un Brexit dur ou sans accord sont vent debout contre la suspension du Parlement par le Bojo. Lequel resserre les rangs dans son bunker conservateur, en raison de défections (Ruth Davidson, Lord Young), d’opposants internes (Ken Clarke et alii), et se verrait désavoué par l’opinion (dont un quart de l’électorat favorable au Brexit selon un sondage YouGov). Mais le seul espoir restant aux Europhiles serait que Boris Johnson arrache quelques concessions à l’Union européenne… Il serait vraisemblablement reconduit, avec l’appui du Brexit Party, si, comme cela se profile, il organise de nouvelles élections générales.
Donc, pour beaucoup, désireux de conserver un passeport européen, la meilleure option reste la fuite. Soit en restant en Grande-Bretagne ou Irlande du Nord tout en ayant acquis une nationalité européenne (irlandaise pour nombre d’entre eux), soit en rejoignant le Continent si ce n’est déjà fait.
Beaucoup de Brexpats (et autres Britishers, dont des favorables au Brexit mais voulant et l’ale ou leur stout et le beurre breton ou d’ailleurs en Europe) ont depuis longtemps pris leurs précautions. Mais en France, ceux ayant opté pour le wait and see prennent peur et affluent dans les préfectures pour déposer une demande de carte de séjour, voire de naturalisation.
Et que fait notre « excellente » administration ? Le gros dos (arch its back = digging its heels). Elle raconte n’importe quoi, tout comme celle du Home Office (No sir, Next!), arguant soit qu’elle manque de temps et doit allonger les délais, soit que « ce n’est pas possible ». Mauvais Français ! Impossible n’est pas français.
Ce qui contraint des candidats Brexpats à la résidence sur le continent à filer ailleurs.
Sur ce traitement « par-dessus la jambe » que réservent des (et non toutes les) préfectures aux Brexpats, je n’ai que des informations parcellaires. Des commentaires sur le site The Local (de Stockholm, mais version .fr), divers articles du genre “Readers report rights refusal in France” (The Connexion), ou pestant contre les admin hassles, le groupe Remain in France, &c. Le site Renstance indique clairement qu’obtenir un rendez-vous en ligne est devenu « un défi » (“quite a challenge already”). C’est d’autant plus vrai que les préfectures de certaines régions (Dordogne par exemple, ou ex-Paca) sont assaillies de demandes.
Certaines préfectures iraient, semble-t-il (je n’ai pu vérifier) jusqu’à refuser de remettre un « récépissé de demande de titre de séjour ».
Ce qui m’a le plus chagriné, c’est des commentaires de lecteurs (Oldnuff, devenu compatriote Breton, en attente depuis… 20 mois ; Bakebeen, qui quitte la France en raison de la culture paperassière ; d’autres) réagissant à la tribune de Lee Williscroft-Ferris dans The Independent (j’y avais effectué des stages à la rédaction avant de rédiger mon mémoire de maîtrise d’anglais). Lee réside à présent dans le Limousin. Heureusement, il y a Tiffany la Vannetaise qui se félicite de l’accueil reçu à la préfecture du Morbihan. Oui, mais cela… c’était avant…
Rater le coche
Les Néerlandais et d’autres se souviennent à quel point la révocation de l’édit de Nantes (édits d’Alès, 1629 ; de Fontainebleau, 1685) fut bénéfique pour leur(s) pays. Et comme par hasard, l’administration allemande est beaucoup plus accommodante que la française… L’Office belge des étrangers a facilité les choses (renouvellement d’un titre de séjour dans les mairies par exemple).
D’ici à ce que le Riviera Reporter (le porte-voix de la communauté anglophone de la Riviera) en vienne à déconseiller de s’installer en France, il n’y a pas loin…
À propos des Gilets Jaunes, Christophe Castaner a fini par admettre que l’administration centrale, soit le ministère de l’Intérieur, était resté trop longtemps sourd aux remontées préfectorales. En serait-il de même à propos des Brexpats ? Ne serait-il pas plus que temps de réserver une journée hebdomadaire à leur accueil jusqu’à nouvel ordre ?
Un nouvel ordre qui peut tarder : le Bojo ou son opposition risquent d’obtenir un report de la date d’application de l’article 50. Ce qui risque (risque bénéfique) d’amplifier le mouvement des candidats à la Brexpatriation (voir #Remainervermin, #stopthecoup, #RevokeA50).
L’administration française a une fois de plus cédé à ses travers : favoriser le traitement « de masse ». Soit celui réservé aux entreprises britanniques désireuses de transférer leur siège en France. Mais pour le pékin moyen, le self-employed, l’artisan, balpeau… La nasse. Fais la queue comme les autres, attends-toi à être le chien venant troubler le jeu de quilles (celui des impavides fonctionnaires).
Je fus longtemps assidu outre-Manche (plus d’une centaine de courts et moyens séjours). Mais après le traitement reçu au Home Office à Londres (le fameux No sir, Next… alors que j’avais en main un contrat de travail d’étudiant), c’est simple, l’Écosse et les Cornouailles devinrent mes destinations favorites.
Emmanuel Macron, souviens-toi de l’Auld Alliance !
Lourdeurs, lourdeurs
Franchement, je ne saurai vanter Fargniers (localité du triangle des Bermudes désindustrialisées axonaises : Chauny-Tergnier-La Fère) outre-mesure. Mais la préfecture de l’Aisne à Laon n’est pas déjà submergée de demandes. Elle vous accueille, British Friends, des lundis aux vendredis (jusqu’à 16:15 sauf les après-midi du mardi et jeudi).
Et pourtant… La prise de rendez-vous se fait en ligne, il faut prendre un rendez-vous par personne (« pour un couple, prendre deux rendez-vous »), et un par démarche (un pour obtenir un titre de résident, un autre pour un titre de voyage). Mais heureusement un numéro téléphonique et une adresse de courriel sont indiquées sur la page idoine.
Le hic : en cas d’annulation d’un rendez-vous, c’est notifié par courriel uniquement. Or, la couverture Internet de certains coins de l’Aisne laisse encore à désirer. Et puis, franchement, cette fameuse page, en français uniquement… Est-ce bien raisonnable ? And do not forget: check the box before clicking on the « Effectuer une demande… » button.
Mais dites-vous bien, amis britanniques, que cette épreuve est nécessaire à votre intégration. À l’heure de l’apéro, évoquer ces tracasseries vous vaudra oreilles attentives, manifestations de sympathie, demi ou pastaga offert, et entrée dans les chœurs et cœurs des râleuses et râleurs. Vous serez plus vite des nôtres, vous tremperez vite la tartine de maroilles dans le café au lait comme nouzôôôtres (en public dans l’Aisne, mais préférez la madeleine ou le Petit Lu dans le thé en privé).
Les ficelles (de l’administration) picardes vous seront démêlées au Passage au verre ou à La Pierre à clous (les rades les plus proches de la Pref’). Les usagers vétérans britanniques vous conseilleront au Before Café (rue Saint-Jean) ou au Trappist (idem). Autre tuyau : en griller une près du porche de la préfecture. Mais ne dites pas « passe-droit », obtenez-le. C’est ça la France !
Durs changements
Cela étant, oui, la France vous décevra… L’objectivité m’oblige à signaler par exemple que, pour obtenir un referendum, it’s not a piece of cake… Les Français râlent fort, puis ils rentrent à la niche. Voyez où en est la pétition pour que le sort des Aéroports de Paris (destinés à devenir aussi merdiques que Gatwick ou Heathrow) soit débattu. Tandis que vous êtes déjà près d’un million et demi à signer pour que votre Parliament ne soit pas ajourné, étiez plus de six millions à signer pour rester dans l’UE. Nos High Streets se dépeuplent aussi de commerces de proximité (moins que les vôtres, mais c’est inquiétant). Le communautarisme reste ici (un peu) moins accentué, mais c’est précaire. La tournée des poubelles se raréfie en zones rurales. La baguette n’est plus ce qu’elle était, les espadrilles moins résistantes, le vrai béret français de France est devenu hors de prix, la presse quotidienne trop chère. Heinz means rarely beans in the shops.
En revanche, la débrouillardise (le démerdenzizich en franteuton) fait que, même avec la chute de la livre, le coût de la vie est moindre qu’au Royaume-Uni. Hors de Paris, les serveuses restent accortes. Sauf à Bordeaux, on ne vous serinera pas « et merde pour le roi d’Angleterre ». Le fish and chips commence à concurrencer l’envahissant sushi. Marks and Spencer s’est réimplanté (pour l’alimentation). Le beagle est en vogue. Donald Trump n’a pas la cote. Andorre est moins loin pour s’approvisionner en tabac. L’accès à la base nautique de la Frette reste gratuit pour les locaux. Les sacs pour déjections canines (ecofriendly poop bags) restent gratuits dans les mairies (ou en libre accès). Weigh the pros and cons.

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