dimanche 25 août 2019

DAB : les distributeurs de billets se font plus rares

Moins d'agences bancaires, moins de distributeurs : les zones rurales affectées

Ce n’est pas tant pour faire payer sans contact de petites sommes (avec une carte bancaire ou une application de téléphone portable) qu’en raison de leurs coûts de fonctionnement que les banques retirent des distributeurs de billets.
Après les cabines téléphoniques (rarissimes depuis début 2018 en France, vouées cette année à la disparition en Espagne), les distributeurs de billets ?
Un exemple : Montjean (Maine-&-Loire). La Poste n’est plus, la petite agence d’une banque « mutualiste » aussi, et le distributeur de billets proche du pont sur la Loire, du tabac-journaux et du seul « rade » de la ville a disparu. C’est au supermarché « central » (pas trop éloigné du cœur géographique de la cité) que se traitent des opérations postales courantes et la possibilité de se munir de billets.
Montjean, devenue l’une des communes de l’agglomération Mauges-sur-Loire, n’est pourtant pas en perte de vitesse ou d’attractivité (touristique et commerciale). Au contraire, un lotissement mixte (habitats, commerces, bureaux) sort de terre face à l’esplanade du marché…
Mais le coût moyen annuel du maintien d’un DAB est d’environ 14 000 euros par automate. Il faut l’alimenter en billets, le réviser à l’occasion, &c.
Les moins rentables, surtout situés dans des communes de moins de 2 000 habitants, dans des départements moins peuplés (Creuse, Haute-Saône, Lot, Meuse…), sont plus particulièrement affectés. Près de 3 000 communes dotées de DAB en ont perdu depuis 2015, dont 198 ayant vu disparaître l’unique appareil.
Le classement par densité géographique place désormais la France tout juste au-dessus de la Slovaquie. Elle reste pourtant, au nombre d’appareils, au troisième rang, derrière le Royaume-Uni et l’Allemagne, et devant l’Espagne et l’Italie par rapport à la densité de population.
Mais la tendance européenne est presque partout à la baisse. Au Royaume-Uni, elle s’accélère (plus de 300 suppressions mensuelles, plus de 5 000 ATM retirés au cours des 18 derniers mois).
C’en est au point que les législateurs s’inquiètent. En France, courant septembre ou octobre, le sujet devrait être débattu d’abord en commission parlementaire. Un député britannique veut déposer une proposition de loi…
En revanche, le nombre d’appareils permettant de recharger une carte bancaire (ou l’application téléphonique) de débit immédiat (dans des commerces la plupart du temps) est à la hausse.
Bien évidemment, ce sont les personnes âgées, celles ne pouvant disposer d’un véhicule ou s’en servir, les moins fortunés, qui pâtissent davantage de cette situation. C’est le cas par exemple de vieilles dames ou d’handicapés, de convalescents, rémunérant des voisins en liquide pour obtenir de menus services car ne bénéficiant pas (par ignorance ou choix) d’aides à domicile.
La fermeture d’agences en zones rurales affecte aussi les petits commerçants qui doivent changer des billets contre de la monnaie en effectuant de plus longs trajets. Et ceux rechignant à répercuter sur leurs prix le montant de la commission interbancaire (dans l’Union européenne, 0,2 % pour les cartes de crédit, 0,3 pour celles à débit immédiat).
Le système de cash-back (en France, acheter chez un commerçant le pratiquant un objet d’un prix minimal d’un euro, régler 61 euros par carte bancaire pour en recevoir 60… si toutefois le commerçant ne facture pas ce service) est présumé devoir se généraliser. Mais on ne voit pas trop le commerçant ambulant en zone rurale se précipiter pour le proposer.
Cette raréfaction des DAB et des agences peut aussi faire fuir les touristes : au passage, après le Brexit, évitez le Royaume-Uni car les frais de communications téléphoniques et les commissions (change, &c.) de paiement par carte vont grimper et il n’est pas du tout sûr que le fléchissement de la livre compensera. Quant aux Britanniques, ils se feront plus rares sur le continent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire