mercredi 20 janvier 2021

Panique au Royaume : Guernesey rejoint la France

Le traité de la Baie de Grandville revisité

Titre parodique de ceux du Daily Express : Guernesey et Jersey redeviennent plus normandes qu’insulaires. Vont-elles rejoindre Chausey dans le giron français ?


Chaque jour, le Daily Express nous promet que l’Union européenne se délite, que Boris Johnson va faire plier le continent et que de ce côté, la rage et la fureur alternent avec la panique. Michel Barnier reste à Bruxelles en tant que conseiller spécial : même pas peur. Quant à Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, elle essuie revers sur revers et se ridiculise quasiment à toute heure.

Restons sérieux, hormis l’Express, la presse britannique ne s’est guère alarmée du fait qu’un accord franco-dépendances anglo-normandes de la Couronne devrait succéder au traité de la Baie de Grandville, devenu caduc du fait du Brexit. Les nouvelles dispositions prévoient que les rares patrons de pêche des îles (enfin, de Guernesey dans un premier temps) pourront décharger leurs prises dans des ports français et que leurs concurrents français pourront, poisson d’avril (dès le premier avril) croiser et pêcher dans les eaux domaniales. Cela sans quotas imposés.

L’Express ne va pas jusqu’à soutenir que l’occupation allemande des îles pendant la dernière guerre a laissé des traces. Ou que Island FM (Guernsey) ment et est allemande. Et hors de question d’admettre qu’après Meghan et Harry Windsor (ex-Sussex) partis aux É.-U., les îles pourraient se faire la malle vers le rivage continental.

Bon, pour Jersey, je me suis avancé quelque peu. Pour le moment, le Jersey Evening Post n’annonce pas que l’île rejoindra Guernesey dans la poursuite d’un accord séparé. Mais cela ne saurait tarder. Stay tuna (fish).

La Couronne n’ayant pas ménagé ses efforts pour que le bean crock, un plat aux haricots puisse encore être confectionné, Jersey lui reste fidèle. C’est une sorte de cassoulet aux haricots blancs, rouges et divers. Mmais les Normands en ont une variété de frichti dénommé Pais au fou, plus liquide. Comptez au moins cinq heures dans un pot en céramique ou une mijoteuse.

Bref, tant que l’approvisionnement en haricots restera assuré, Jersey restera fidèle à la Couronne.

En revanche, rien ne va plus avec l’Irlande du Nord. Stormont (qui est à Belfast ce qu’Holyrood est à Edimbourg) et the Anglo-North Irish Fish Producers Organisation, se sentent spoliés par la répartition des nouveaux quotas de pêche.

Beh, à part cela, le Brexit, pour l’Express, c’est tout bénéfice. Cela progresse partout, pour le whisky comme pour les écharpes en cachemire (qui ne seront plus frappés de taxes aux É.-U. depuis que le R.-U. a renoncé à taxer les avions Boeing).

De toute façon, la Guernseyfication du Royaume (terme prêté à Emmanuel Macron) n’est pas proche. Macron cédera l’Élysée à Marine Le Pen qui lancera un référendum sur le Frexit dont l’issue est certaine. Et puis, le Reform Party (ou Reform UK, nouvelle appellation du Brexit Party de Nigel Farage) l’emportera sans aucun doute au Pays de Galles et en Écosse.

Et mieux encore, la Reine va bannir Harry, ex duc du Sussex (en sixième position) de sa ligne de succession (c’est du moins ce que souhaite le lectorat de l’Express).

Enfin, grande victoire : Bruxelles recule et envisage de mettre fin à son mesquin blocus des sandwiches au jambon-fromage (qui étaient jusqu’à présent saisis à l’arrivée sur le continent) ; les produits carnés ou lactés des voyageurs et camionneurs britanniques ne seront plus confisqués. C’est sûr l’Union européenne (ou ce qu’il en restera) finira repentante et à genoux, suppliant le Royaume. Ce n’est qu’une question de temps, Ursula von der Leyen, Barnier et les autres se présenteront la corde au cou et en chemise de nuit à Calais. 

lundi 18 janvier 2021

Donald Trump monnaye ses grâces présidentielles

Le president-eject broie du noir

Histoire de se la jouer présidentiel jusqu’au bout, Donald Trump embarquera-t-il à bord de l’hélicoptère Marine One au matin du 20 pour un trajet d’à peine 15 km jusqu’à la base aérienne d’Andrews ? Il aura jusqu’à midi pour gracier une centaine de condamnés et faire ainsi parler de lui.


Il y aura une centaine de grâces annoncées demain mardi ou, mieux, mercredi matin. Rudy Giuliani, l’avocat dont Trump à mis au panier la lourde note d’honoraires, avait tenté d’obtenir deux millions de dollars d’un grâcié potentiel qui a décliné l’offre. Giuliani, qui sera sans doute cité en tant que témoin lors de la procédure de destitution différée devant le Sénat, risque une radiation du barreau et tentera de se rattraper avec d’autres possibles pardonnés. Certains, des fidèles du Donald, n’auront pas à cracher au bassinet, la piétaille est priée de régler des honoraires (voire des rétro-honoraires inclus).

Comme on pouvait s’en douter, hormis quelques trublions Boogaloo Bois (un ramassis composite d’excités armés, pro-Trump et autres), les manifestations projetées devant les parlements des divers États fédéraux n’ont pas rassemblé grand’ monde. Policiers et contre-manifestants ont surpassé en nombre de petits attroupements.

Certes un tiers de l’électorat trumpiste considère toujours Biden illégitime, mais la Trumpland vocifère dans le vide, sauf sur des réseaux sociaux comme gab.com. Les médias trumpistes s’en prennent toujours au « fascisme » radical ultra-gauchiste censé vouloir « persécuter les chrétiens » (un dénommé David Horowitz sur Newsmax), mais le ton est davantage à la nostalgie. Trump a eu le temps d’instaurer une nouvelle journée nationale, le National Sanctity of Human Life Day, les 22 janvier. Mais les commerçants n’ont pas déjà trouvé ce qu’il conviendra d’offrir aux fœtus. En fait, ce jour béni avait été instauré par Reagan en 1984, mais supprimé par Clinton en 1993. Coucou, le revoilou, merci le Donald. Il a aussi décidé de la création d’un Jardin des héros étasuniens (quelques écrivains, des actrices et des acteurs, Elvis Presley, et quand même un général, Douglas MacArthur, qui finit sa carrière avec la guerre de Corée : rien ne va plus entre le Donald et le Kim Jong-un).

Pendant ce temps, les démocrates tentent de trouver d’éventuels complices de l’assaut du Capitole, en particulier des élus républicains ayant pu faciliter l’intrusion des émeutiers.

Une qui ne désarme pas, c’est Marjorie Taylor Greene, représentante républicaine de la Géorgie, qui avait annoncé son intention d’introduire une motion visant à la révocation de Joe Biden. Cette ancienne de QAnon a vu son compte Twitter résilié.

La petite histoire retiendra que l’ex-Première dame, Melania Trump, n’envisage pas d’accueillir la nouvelle Flotus, Jill Biden (mais l’ex-seconde dame connaît déjà la Maison-Blanche comme le fond de ses poches). Pour sa part, Ivanka Trump a démenti qu’elle refusait l’accès de ses petits coins à ses gardes du corps (non, ils ne tentaient pas de chiper le sent-bon de Jared Kushner).

À défaut de Trump lui-même, son effigie entrera au musée de Londres. Le Museum of London a en effet acquis le Baby Trump Blimp, soit un gigantesque ballon représentant un moutard criard, genre sale gosse, qui fit sa première sortie lors d’une manifestation à l’occasion de la venue de son modèle (aussi caricatural que sa représentation) dans la capitale, en juillet 2018. De nombreuses imitations furent déployées en divers pays. Ce ballon lui avait valu les surnoms de DiaperDon ou DiaperDonnie ou Donniediapers (et DirtyDideeDonnie, soit couche souillée) et de multiples représentations en bébé braillard en couche-culotte. En revanche, alors que le Donald avait souhaité qu’un aéroport porte son nom, il semble que ni même un banc public, un reverbère, ou des toilettes, ni même une décharge ou déchetterie soient envisagés pour l’honorer.

Il se console en conviant une fanfare militaire sur la base d’Andrews et souhaite une salve d’honneur et que des chasseurs escortent Air Force One au décollage, selon ABC News.

Dans une sobre allocution télévisée, Melania Trump a exprimé sa fierté d’avoir été au service des familles et des enfants. Beaucoup de poncifs, mais sa sortie fut digne, même si elle n’a pas eu un mot pour Jill Biden, et relativement discrète.

Le 20, la presse dénombrera les élus républicains venus assister à l’inauguration de Biden et ceux qui se rendront à la base d’Andrews. Trump pourra mesurer l’ampleur de sa claque. Selon les premières informations, elle risque d’être retentissante, et même décoiffante. 

jeudi 14 janvier 2021

Capitole : de la démonisation de la police et d’autres

La police du Capitole est restée du côté du manche

Il me semble idoine de faire état ici de l’entretien entre ma consœur Masada Siegel et un policier chargé de protéger le Capitole pour The Independent. Histoire d’apporter un éclairage sur l’historiographie à venir. Et prendre date de l'évolution de la Trumpland.

Très sérieusement, je mets un poil en doute la conclusion du témoignage de Ben, policier de la Capitol Police, selon laquelle ses collègues n’ont pas du tout été complices de l’invasion du Capitole. Aucun, pas le moindre, vraiment ?


Cela ne met pas en doute la sincérité du témoignage. Un peu comme en France, nombre de policiers se sentent, à juste titre, dénués de préjugés xénophobes et totalement au service de la population. C’était aussi sans doute vrai du temps des années 1940 en Europe. Avec des interprétations diverses.

J’avais précédemment ici indiqué que parmi les black blocks (et sans doute les identitaires) se trouvent des allumés s’imaginant qu’ils jouent en temps réel des scénarios de jeux vidéo. Ce fut aussi le cas le cas au Capitole où des trumpistes buvant des cannettes voulaient surtout se prendre en photo sur leurs portables.

Mais d’abord, le lien vers The Independent (pour qui lit l’anglais).

Ce que je retire de ce témoignage, c’est que les choses ne sont jamais simples, univoques. J’ai beau (ou laid) considérer toute la Trumpland telle une large bande d’écervelé·e·s, de sectateurs manipulés par des religieux avides de pognon, force m’est de reconnaître qu’il ne faut pas mélanger torchons et serviettes. Comme chez le BLM ou les “woke” (il se trouve bien des gens sincères et pas totalement dupes).

Ou chez la, les polices. Ce n’est pas « embrassons-nous, Folleville », mais il est sans doute temps de ne plus considérer tout métis-blanc ou tout quarteron-noir (ou vice-versa, c’est la langue française, non des considérations ethnicistes).

Il ne s’agit pas de laxisme, mais de prendre en compte la complexité. Je me souviens aussi de Roger Vailland minimisant la haine des jeunes chemises brunes à l’encontre des populations hébraïques (ou assimilées). Il ne voyait que des adolescents fiers-à-bras se haussant du col et finalement piteux. Formidable erreur de perspicacité, la suite finit par lui ouvrir les yeux.

Ce qui est certain, c’est que parmi les marcheurs pour Trump (en général, et non en particulier les émeutiers), se trouvaient divers policiers : deux de Seattle, sept de Philadelphie aux dernières nouvelles. Les divers états-majors cherchent aussi à évaluer le nombre des militaires qui ont participé à la marche. Sont-ils venus en trumpistes convaincus ou, comme divers marcheurs, en s’imaginant se mêler à un spectacle festif ? Parce que les gesticulations de Trump présentaient aussi un côté ludique. Sans suggérer le moindre parallèle : Georges Marchais ne faisait pas sourire que des militants communistes.

L’imbécile légèreté des trumpistes de base et de leurs suiveurs refusant de porter un masque dans des rassemblements, mettant en danger leur vie et celles d’autres et la stupide crédulité de celles et ceux écoutant des pasteurs leur garantissant que la prière et le denier du culte sont supérieurs à la distanciation, sont davantage criminelles de par leurs conséquences que leurs intentions.

Il restera sans doute des trumpistes pour faire de Trump ce que les mormons font de l’ange Moroni. Il faudra faire avec. Comme aurait pu le dire de Gaulle, le programme serait trop vaste. On peut se dire que, pour le moment, elles et ils ne persécutent pas les athées, se contentant de les dénoncer dans leurs propos divers (haineux ou simplement réprobateurs).

Cela étant, voyant la presse dite dominante reprendre un report du FBI prévoyant des assauts contre les parlements des 50 États par des groupes armés, j’avoue m’être un peu rapidement alarmé. Bien que Parler et les groupes extrémistes de Twitter soient inaccessibles, on ne trouve pas d’appel à envahir des parlements fédéraux sur gab.com ou Revolver News.

Il semble que le seul appel à cette fin ait émané des Boogaloos Boys, une milice quelque peu fourre-tout fédérant vaguement diverses tendances anarchistes de droite aux opinions diverses voire parfois antagonistes. Cette milice n’a pas de chapitres dans chaque État, c’est plutôt une mouvance de style spontex aux actions éparses et mal coordonnées. Une large majorité des trumpistes est plutôt à l’image de dames sexagénaires brandissant l’attirail pro-Trump en se souvenant de leurs jeunesses de cheerleaders ou de pratiquantes du twirling baton.

Des conservatrices, assurément. S’excitant telles des fanas de ballon rond reprenant les clameurs des ultras du PSG ou d'autres équipes.

Si un mouvement trumpiste insurrectionnel voulait s’en prendre aux parlements des États, plus d’une semaine après l’assaut du Capitole à Washington, les craintes exprimées par le FBI se seraient déjà concrétisées.

Le fait est que tous les boutefeux trumpistes du parti républicain, sans renier Trump, ont dénoncé les actions violentes, se reniant eux-mêmes et perdant leur crédibilité aux yeux des plus déterminés. Et leur base, privée de chefs de monomes, est désormais désemparée. Faute de personnages emblématiques pour les galvaniser, les trumpistes (dont certains ont compris qu’ils se sont fait rouler dans la farine, ont dépensé de lourdes sommes pour se rendre à des rassemblements pour finir s’entendre dire qu’il n’y plus qu’à circuler et plus rien à voir) se résignent. Ceux qui pensaient profiter du trumpisme financièrement vont commencer à brader les attirails qu’ils commercialisaient.

Sur leur site, les meneuses des Women for Trump larmoient : elles reçoivent des menaces de mort. Mais leurs demeures et véhicules n’ont pas été encore vandalisées et c’est tout juste si certains restaurants refusent de les servir. Elles n’ont plus du tout l’intention d’affréter des bus pour le 20 prochain. Sans possibilité de se fondre dans les foules trumpistes de base, et attendus par vingt milliers de gardes nationaux lourdement équipés, et armés, les candidats émeutiers risquent fort de traquer au malheur la malchance de présumés antifas dans les rues de Washington. Et puis, risquer vingt ans de prison pour un type qui vous a lâché, cela peut faire réfléchir, même les plus coléreux. Cela n’a certes pas empêché un milicien des Proud Boys de New York d’appeler à remonter à l’assaut du Capitole, mais il a été promptement arrêté. Alors que la famille Trump se replie sur la Floride (après Ivanka, Donald Jr et sa compagne), la Trumpland commence à se sentir blousée par des gens ayant promis de les mener au combat puis qui se sont réfugiés dans un bunker.

L’un des organisateurs des manifestations Stop the Steal, Ali Alexander, a diffusé une vidéo affirmant qu’il avait reçu le soutien de trois élus républicains, Andy Biggs, Mo Brooks et Paul Gosar. Les trois se sont bien gardés de confirmer. Un manque de cran qui les déconsidère aux yeux des plus virulents.

C’est au pieds des murs du Capitole que les Sauveurs de l’Amérique étaient attendus mais aucun — en fait, un seul — des élus les plus vociférateurs ne s’y trouva aux côtés de la piétaille. À présent ils se contentent de déclarer que les émeutiers patriotes sont plus mal traités que ceux de BLM. Un service trop minimal pour les plus résolus. Lesquels finiront par en convaincre les plus mous.

Sur Gab, on saluait encore hier l’avènement d’un Trump Party, il est question ce soir d’un illusoire Patriot Party. Subsistent bien sûr la nébuleuse QAnon et Steve Bannon (qui émet toujours avec ses mini-chaînes War Room et Real America) pour sauver la mise des Trump. Et faire de la révocation une seconde Affaire Dreyfus (pas moins, et manigancée par George Soros). Des sites comme The National Pulse restent alignés sur Trump. Mais si la famille Trump, qui assurait leur publicité, s’abstenait (ce que semble faire Jared Kushner), ils finiront par se rallier à un nouveau héraut. Si, du moins, il est capable de réunir des fonds.

Le mouvement Maga ne profitait pas qu’aux hôtels et golfs des Trump et s’il devient moins juteux, il s’étiolera lentement. Se faire suer pour du pognon, d’accord, mais pour des idées qui rapportent moins, cela n’a qu’un temps.

Après le vote de la chambre basse, Trump a de nouveau dénoncé la violence dans une vidéo du compte Twitter de la Maison Blanche. L’ancien animateur télévisuel devrait se souvenir que les films d’action font de meilleures recettes que la guimauve. Il a revendiqué d’avoir fait appel à la garde nationale pour le jour de l’inauguration de Joe Biden, lequel aurait pu prononcer la même allocution. L’amuseur se retire piteusement. De moins en moins jubilatoire. Ce Trump-là, même Hanouna sur C8 ne voudrait plus l’inviter et Zemmour n’en ferait plus qu’un falot faire-valoir. La sortie du sinistre pitre fut trop fade.

mardi 12 janvier 2021

Trump le golfeur frappé au portefeuille

Les conservateurs réhabilitent les émeutiers

Peut-être plus important que les bisbilles entre démocrates et républicains sur l’amendement ou la procédure de révocation, Trump se voit banni de compétitions internationales sur ses les golfes de la Trump Organization. Et la finance lâche sa firme familiale.


S’associer avec des législateurs trumpistes fait tache, et les gros donateurs (privés ou corporatifs) les boudent. Mais, pire, les fédérations de golf ont exclu que deux parcours de Trump, ceux du New-Jersey et d’Écosse, puissent accueillir des compétitions internationales. La Trump Organization, qui avait investi des millions de dollars en espérant des retombées financières, se lamente.

Cela étant, les conservateurs (et Melania Trump de manière plus ambiguë) s’emploient à réhabiliter émeutiers et participants à la M   arche pour Trump.

Il n’y avait pas que des lamentables de base à cette marche. Se sont vantés d’y avoir participé un lieutenant-colonel de l’armée de l’air et une capitaine en poste à Fort Bragg. Mieux, selon le New York Post, le policier Brian Sicknick, mort sous les coups des émeutiers, aurait été un trumpiste convaincu. C’était un ancien militaire ayant servi en Arabie et au Kirghizstan. Soit un patriote grand teint, écœuré par les politiciens.

Les trumpistes alignés, qui se retrouvent sur gab.com faute d’avoir accès à Twitter, tentent de préserver le culte du Donald. Au service de la nation chrétienne, comme le soutient le fondateur du site, Andrew Torba, qui se dépeint en croisé, bible dans une main et claymore (glaive) dans l’autre. Melania Trump condamne les violences, mais salue toutes les victimes et prie pour leurs familles. Que de braves gens.

Lesquels restent persuadés de leur bon droit et se félicitent d’avoir convergé sur Washington. L’ennui pour eux, c’est que beaucoup sont fauchés, ou ne savent plus trop comment régler leurs crédits.

Et l’État profond ne leur pardonne rien. Ainsi, le barreau de New York envisage de radier Rudy Giuliani. Sidney Powell, l’autre fêlée de We the People, se voit réclamer plus d’un milliard de dollars par Dominion Voting Systems.

Mais ne croyez pas que le mythe d’une élection frauduleuse fléchit en crédibilité. Je ne sais plus sur quel site j’ai pu lire que tout fut manigancé depuis l’Italie, avec la présidence italienne dans le complot, avec la CIA et des diplomates en renfort. C’est l’Italygate, dénoncée par Maria Strollo Zack, qui met en cause un certain Stefano Serafini et le général Claudio Graziano. Tout se serait joué au deuxième étage d’un immeuble de la via Veneto. Les commanditaires seraient Barack Obama et Matteo Renzi. Usa Today tente de contrecarrer cette théorie. Qu’à cela ne tienne, une autre aussi fumeuse prendra le relais.

Selon le FBI, des rassemblements de trumpistes ou conspirationnistes armés voudraient se manifester dans les États fédéraux (devant les sièges des parlements locaux) ou de nouveau à Washington, entre le 16 et le 20 prochains.

Trump n’a pas distribué de nouvelles grâces présidentielles, mais décore à tout-va un peu n’importe qui (surtout des sportifs, et quelques républicains l’ayant fortement soutenu).L’entraîneur des Patriots, sans doute honoré en raison de la dénomination de son équipe, adécliné la médaille de la Liberté, mais Jim Jordan, législateur trumpiste et ex entraîneur de catch s’est fait décorer.

Qu’on me pardonne cette allusion. Je lis Typos, ouvrage collectif de typographes du pénultième siècle) qui feuilletonnaient à la manière de Dac-Blanche, recueil composé et commenté par Christian Laucou-Soulignac (Fornax éd.), et le parallèle entre le mandat du Donald et ces parodies de feuilletons populaires s’impose. Le Donal a débuté et achevé sa présidence à la manière d’un personnage parodique (de lui-même en majeure partie).

Trump va sans doute renoncer à se gracier. Il ne s’épargnerait que les poursuites pénales pour des crimes ou délits fédéraux, mais non celles engagées en divers États et resterait civilement condamnable. Il risque donc de passer la décennie qui vient à faire la tournée des tribunaux et chambres civiles.

Les élus républicains restés trumpistes entretiennent le thème de la fraude électorale, mais se tournent désormais vers des thèmes comme la contestation des confinements. Deux élus de l’Oregon ont formé trouvé un nouveau slogan de mobilisation : les citoyens contre la tyrannie.

L’initiative d’Ivanka Trump, qui n’a jamais critiqué son père, « son guerrier », risque de leur rester en travers de la gorge. Elle vient de faire savoir qu’elle assisterait, le 20, à l’inauguration de Joe Biden. Leur maîtresse de cœur, leur traîtresse, surprise au bras de l’État profond, pactisant avec les Rinos (républicains félons).

Trump et Pence (le couard vice-président selon le Donald) se seraient rabibochés.

L’émeute du Capitole aurait fait une ou deux victimes supplémentaires (un policier gradé se serait suicidé, un Géorgien de 53 ans a succombé à son domicile avant que la police vienne l’y appréhender).

Des trumpistes mis en garde à vue se plaignent du peu d’égards de la police. On nous a traités « comme des animaux », rapporte le New York Post. Ce qui semble pour le moins outrancier, aux moins aux yeux des gardés à vue de BLM. Mais l’idée que la police ait facilité l’accès au Capitole pour piéger les trumpistes fait son chemin (sur Revolver News et gab.com ou rumble.com en particulier et la alt-tech en général).

La nécrologie de la présidence Trump pourrait se résumer ainsi : la finance dégonflant la Trump Organization, le Donald Trump s’est dégonflé.

Orpheline, la Trumpland se cherche une famille d’accueil. Michael Pompeo, encore actuel ministre des Affaires étrangères, semble vouloir se mettre sur les rangs. Si ce n’est lui, la Trumpland s’en trouvera d’autres.

dimanche 10 janvier 2021

R.I.P RealDonaldTrump, Ave TrumpImperator

 Lâché par les milices, Trump reste nuisible

Un vrai Donald Trump est mort, un faux Trump Donald est appelé à régner. Quel vilain nom pour un Trump… Même s’il reste mignon pour les illuminés trumpistes, ce qui devient moins vrai pour les milices. Mardi, les démocrates pousseront Trump dans le mur tandis que lui ira à son mur près d’Alamo, proche du frontalier Rio Grande.


L’ultra-droite étasunienne semble avoir enfin réalisé la vraie nature de la famille Trump et de ses toujours nombreux affidés républicains. Sauf à vouloir s’entourer de trumpistes béats pour faire tampon entre eux et la police, les prochains émeutiers devraient privilégier leurs propres emblèmes ou les références Maga sans trop se revendiquer de Trump. Ils ont déjà pris à partie Mitch McConnell, le duplice futur ex-président du Sénat (la majorité ayant basculé après les victoires démocrates de Géorgie), et le désaveu téléguidé que leur a infligé Trump leur reste en travers de la gorge .

Mais la cote de Trump reste forte parmi les hallucinés du bonhomme. Comme cette mère de famille qui s’est vue éclater le nez par des policiers devant le Capitole. Sa fille l’a froidement dénoncée (elle avait participé à une manif BLM, sa mère l’avait flanquée dehors, lui disant d’aller se faire mettre ailleurs).

Or donc, Twitter et d’autres ont banni Trump et fermé les comptes d’une multitude d’ultra-droitiers. Qu’à cela ne tienne CaligulaTrump Imperator veut lancer un autre réseau, et son aîné, Donald Jr, incite à s’inscrire sur un site dédié pour recevoir des nouvelles de lui-même et de son paternel.

Tout cela serait inquiétant si la famille Trump ne s’enfonçait pas dans une dèche (toute relative, mais ses priorités ont évolué; moins d'America first, plus de bizness d'abord, avant le chobizness), et si ses soutiens se voyaient privés de mannes financières, son avenir politique paraîtra incertain.

Certes, la cote de Tump a encore grimpé dans les sondages. Il en serait de même pour toute chanteuse, tout amuseur ayant fait fortement parler d’eux. Restent les fascinés par le Donald, vaste population sans doute bientôt sur le déclin ou s’enfonçant dans la nostalgie.

Parmi eux, deux policiers de Seattle (côte ouest) qui avaient envahi le Capitole (outre leurs frais, les voilà mis à pied, merci la famille Trump).

L’avenir de la famille Trump, tant au sein du parti républicain que plus largement, tiendra aux sous. Des élus républicains ont reçu des messages peu ambigus de leurs financeurs (entreprises ou fortunés).

L’histoire retiendra que Trump laissa derrière lui 57 000 messages sur Twitter. On n’imagine pas trop Joe Biden tenter de lui ravir ce record.

YouTube a aussi mis fin au compte de Steve Bannon. L’un de ses derniers invités avait été le (futur-ex) avocat Rudy Giuliani dénonçant « les fascistes qui gouvernent à présent le parti démocrate. ». Divers élus républicains ont repris ce type de rhétorique, mais la plupart blâment Trump pour la perte de la majorité sénatoriale. La chaîne Oann appelle donc son auditorat à faire des dons « aux législateurs restés fidèles au président Trump » et à rejoindre le réseau Parler tant qu’il reste accessible. Les trumpistes n’ayant pas déjà vu leur compte résilié fuient Twitter pour Parler ou Gab.

Au Texas, le Houston Chronicle invite le sénateur Ted Cruz à démissionner.

En France, Roert Ménard et les tenants de la « réinformation » fulminent. Tandis que les actionnaires de Twitter se lamentent. Même Jean-Luc Mélenchon s’est inquiété des décisions des Gafas. Pour faire parler de lui, il ne reste à Trump que d’user des prérogatives présidentielles subsistantes.

Attendez-vous à savoir qu’il risque de ne pas s’en priver. Que l’on se rassure, il n’incendiera pas le Trump International Hotel pour mettre le feu à Washington. Il a beau détester Joe Biden et bouder son inauguration, il espère bien que La Trump Organization en tirera quelques profits ce jour-là. Il veut finir en Caligula (qui songeait à se déifier), non en Néron (sauf à devoir feindre la folie pour échapper à des poursuites judiciaires). Il finira sans doute aussi immortel qu’Elvis Presley (né en 1935), dont tant d’Étasuniens croient toujours à la survie.

Lundi, la chambre basse démocrate pourrait demander la révocation du président encore en exercice, mais le Sénat devrait voter à l’unanimité de ses cent membres pour se réunir avant le 19 janvier. Mardi, Trump ira inspecter son mur près d’Alamo (sud de San Antonio où se situe le mémorable Fort Alamo).

Parler devenant moins accessible, les trumpistes se déportent sur Gab.com. Où se retrouve aussi la nébuleuse QAnon. Sur Twitter, l’étiquette HangMikePence (pendez Mike Pence) prospère.

Il faudra sans doute attendre février pour constater si un parti de Trump (avec ou sans lui en principale figure de proue) émergera ou non. Ou si le combat en vue des primaires républicaines s’engagera sans que le GOP se scinde.

Quoi qu’il en soit, Trump trouvera bien les moyens de flatter son ego.

vendredi 8 janvier 2021

Capitole : Trump a voué des patriotes à 10 ans de prison

Le décret de juillet visant BLM appliqué aux trumpistes

Alors qu’un policier a succombé à ses blessures et que des émeutiers trumpistes se félicitent de leur participation à l’intrusion dans le Capitole, le décret présidentiel visant les émeutiers du mouvement BLM leur vaudra 10 ans de prison.


Toute la famille Trump se tait après que le patriarche a fait savoir qu’il quittera la Maison-Blanche. Cinq morts (quatre civils, un policier) cela fait tache. D’autant qu’il apparaît que certains émeutiers paraissent avoir voulu prendre des élus en otages ou tout au moins s’assurer de leurs personnes en les menottant.

Les lamentables le sont jusqu’au bout, comme une certaine Texane, Jenny Louise Cudd, qui se vante sur YouTube d’avoir envahi le Capitole. Elle est membre du mouvement We the People, et ses revendications n’ont pas échappé au FBI. Ce d’autant que, dans une vidéo précédente, elle se félicitait d’acheter des munitions en prévision de la Marche pour Trump.

Cette ancienne candidate à la mairie de Midland (Tx) s’était précédemment confiée au Reporter-Telegram, communiquant au quotidien une photo d’elle-même au Capitole, indiquant aussi le nom d’une comparse et concitoyenne, mais soutenant qu’elle n’avait commis aucun acte violent et attribuant le vandalisme à des antifas infiltrés. Mais elle n’a pu s’empêcher d’en rajouter pour les copains-copines. « Nous avons forcé la porte du bureau de Nancy Pelosi » (la présidente de la chambre basse). Ce quart d’heure de célébrité ne lui vaudra peut-être pas le maximum de la peine encourue, soit dix ans d’emprisonnement.

Divers employeurs ont viré des salariés apparaissant sur des vidéos de l’émeute. Il fallait y penser avant.

En juillet dernier, Donald Trump avait signé un décret présidentiel visant les participants à des émeutes découlant des manifestations du mouvement Black Lives Matter. Il porte à dix ans la peine maximale des faits de destruction de propriété fédérale.

D’autres émeutiers s’en sont pris à des journalistes, les accusant ou non d’être en fait des antifas venus les espionner. Des scènes de lynchage ont été filmées et du matériel télévisuel (des cordons de caméras) a été saisi pour confectionner des nœuds coulants.

Après des manifestations du mouvement BLM, la police avait procédé à plus de 300 arrestations début juin dernier, rappelle l’agence Reuters.

La fiction de l’infiltration antifa n’est plus répercutée par aucun média un tant soit peu sérieux. Le New York Post fait largement état d’une directrice de groupe immobilier texan ayant affrété un jet privé pour venir à Washington et ne cachant pas ses intentions de vandaliser, notamment des studios de télévision. Jenna Ryan, comme d’autres, n’a pu s’empêcher de céder à l’autopromotion.

La mort du policier serait due à des coups d’’extincteur répétés, indique une source policière au New York Times.

La National Association of Police Organizations, qui a constamment soutenu Donald Trump, a diffusé un communiqué réclamant de meilleurs équipements, restant en retrait du président du chapitre de Chicago du Fraternal Order of Police qui avait exprimé toute sa sympathie et compréhension pour la Marche pour Trump. La braderie des maillots Cops for Trump n’est pas encore décidée. À défaut d’antifas, Politico relate que des policiers hors-service s’étaient joints aux émeutiers envahissant le Capitole et avaient produit leurs cartes professionnelles pour franchir le faible cordon.

Selon CBS, divers groupes liés aux milices suprémacistes blanches envisageraient de de remobiliser le 20 janvier prochain à Washington.

Breitbart News a rapporté qu’en 2020, les ventes d’armes a feu ont crû de 60 % avec un total de 23 millions (dont plus de 8,4 acquis par des primo-accédants à des armes).

Le républicain californien Mike Madrid (anti-trumpiste ayant rejoint le Lincoln Project) a confié au Sacramento Bee que le trumpisme radical représentera un courant durable de la vie politique étasunienne. Mike Madrid, visé par plusieurs menaces de mort et des actes d’intimidation, considère que le trumpisme continuera à inciter à la violence.

Toutefois, le pire n’est jamais sûr. Sur Reddit, après la volte-face de Trump, divers trumpistes très vocaux commencent à s’estimer trahis par leur mentor. Et si certains concèdent que la dernière allocution de Trump semble « lui avoir été dictée », ils ne lui en tiennent pas moins rigueur, ainsi qu’à sa famille et à l’avocat Rudy Giuliani qui avaient échauffé les esprits avant de se défiler piteusement. Certains lamentables commencent à réfléchir un peu plus sainement. Se retrouver traités tels des émeutiers de BLM, il fallait y songer avant.

Maison-Blanche : tous les rats ne quittent pas le navire

 L’émeute du Capitole, c’était les antifas.

Je ne répète pas mon précédent billet, j’amplifie, nuance. Pour les trumpistes, c’est sûr, ce sont les antifas qui ont fomenté l’émeute du capitole. Passe encore pour les lamentables de base, mais des élus républicains sont montés au créneau.


Matt Getz, Mo Brooks, et bien sûr l’inévitable Sarah Palin (Tea Party), sans compter le pasteur Mark Burns et l’avocat dérangé Lin Wood, sont parmi les notables républicains vociférant pour conforter les trumpistes de base que l’émeute du Capitole est le fait des antifas. Si la base l’affirme, il faut en rajouter.

Veut-on faire croire qu’Aaron Mostofsky, fils de Shlomo, proche des Juifs pour Trump, est un antifa ? Non, il a été entraîné à l’insu de son plein gré. Tout comme les deux hommes et deux femmes qui ont succombé, faut-il croire.

Au moins, ces élus républicains se détachent du bal des hypocrites républicains qui ont rallié Trump, l’ont soutenu tout du long de son mandat, et feignent à présent de s’en distancer. La liste serait trop longue… En fait, il n’y a qu’une dérisoire poignée d’élus républicains à s’être nettement distancés de Trump, tous les autres ont prétexté soit tenter de le ramener à la raison, soit l’ont conforté activement dans ses délires.

Quand Trump limogeait les tièdes, aucun n’a protesté. En fait, après ou simultanément avec l’émeute du Capitole, des élus républicains ont encouragé des manifestations en Californie, dans l’État de Washington, dans l’Oregon et l’Utah ou le Michigan. Mais aussi la Géorgie et le Colorado ou le Minnesota. Et encore l’Arizona. Des journalistes ont subi des violences, mais cette fois, elles n’ont pas été attribuées aux antifas.

USA Today a examiné les messages des réseaux sociaux, dont Parler, où s’expriment les Proud Boys et le Nationalist Social Club. Il semble que ce soit eux qui furent à l’origine de la prétendue collusion entre la police et les antifas. Ce que les trumpistes, et certains de leurs élus, se sont empressés de reprendre à leur propre compte.

C’en est à se demander si certains élus républicains et des activistes trumpistes n’ont pas par avance, prévoyant que la Marche pour Trump pourrait tourner violente, répandu de tels bruits sciemment. Un peu comme Trump annonçant que son élection serait truquée au vu de sondages défavorables. Sur Oann, Mo Brooks laisse entendre que la police avait averti à l’avance que des antifas allaient infiltrer le rassemblement. « Avec le temps, la vérité émergera », indique-t-il.

Le parti républicain n’est pas, ne sera pas fracturé. Selon le vent des occasions, l’impression du moment, certains se distanceront de Trump, d’autres pas, mais sans doute sans s’opposer frontalement les uns les autres.

Le legs de Trump à tous, c’est que les mensonges payent, au moins le temps d’un mandat. Et qu’il restera toujours assez de refuges ultra-conservateurs pour se recaser (au moins pour celles et ceux n’ayant pas réussi à faire fortune dans le privé). Trump a modelé le parti républicain qui l’a porté au pouvoir, en toute conscience du fait qu’il incarnait une base travaillée dans son sens de très longue date.

C’est sans doute la leçon qu’en tire une droite française, qui fut longtemps gangrénée par l’extrême-droite (voire la liste des anciens ministres ayant milité dans des milices, Gérard Longuet, pour n’en mentionner qu’un, proche d’Alain Madelin). Certes, les individus peuvent évoluer, comme l’a montré feu Patrick Devedjian (ex-membre d’Occident qui deviendra Ordre Nouveau), qui regrettera « une erreur de jeunesse », devint à peu près fréquentable jusqu’à son soutien de François Fillon avant de virer pro-Juppé.

Pratiquement tous ces élus républicains savaient que des trumpistes voulaient faire la peau du vice-président Mike Pence, désigné traître à la cause de Trump. Aucun (à l’exception du dissident Mitt Romney peut-être) n’a tenté de dissuader les trumpistes de converger de partout vers Washington. Si vous m’en trouvez un, je rectifierai. Certes il en fut (rares) pour reconnaître la légitimité de Joe Biden, comme à présent — mais in extremis, après coup — Kelly Loeffler, la sénatrice battue de Géorgie. Tant que les trumpistes ne saisiront pas que toutes et tous ne sont motivés que par des intérêts personnels, la famille Trump peut escompter de beaux jours devant elle.
Au fait, Twitter a rétabli le compte perso du Donald qui a regagné de nombreux abonnés (pas question de se priver d'un individu qui fait de l'audience : dans une vidéo, Trump se targue d'avoir appelé la garde nationale, ce qui est faux, mais qu'importe).

jeudi 7 janvier 2021

Capitole : Ashley Babbit tuée par un antifa infiltré ?

Trump va-t-il gracier les policiers ?

Pendant que Donald Trump et ses enfants et son état-major restaient planqués, quatre trumpistes restaient sur le carreau au Capitole. Sans faire ciller Trump et sa famille… Mais les trumpistes ne leur en tiennent aucune rigueur.


Les morts du Capitole, c’est un peu comme les décès du covid : très fortement exagéré, aurait pu commenter Donald Trump. En fait, il y a bien une morte, Ashley Babbit,35 ans. Mais les trois autres décès, c’est simple, ils avaient certainement des pré-conditions, ce n’est la faute de personne et surtout pas des policiers avec lesquels les trumpistes émeutiers posaient pour s’auto-congratuler en famille.

En fait, tout cela, côté trumpistes, c’est la faute aux médias. Murder the medias, pouvait-on lire ça et là. Donc, Ashley Babbit, une ancienne de l’armée de l’air, semble avoir été tuée avec les félicitations de Donald Trump, Eric Trump, Donald Jr et Ivanka. Eux sont restés au chaud, envoyant leur piétaille au casse-pipe. Croyez-vous que cela émeuve les trumpistes ? Allez donc voir sur des forums comme Riverdavesplace.com. Riverroyal veut bien croire à un tir accidentel. Mais T&y a une meilleure explication : « ce que la presse ne dira pas, c’est que des antifas ont infiltré en se prétendant des partisans de Trump. ».

Ashley Babbit avait traversé tout le continent depuis San Diego (Cal. du Sud) après avoir diffusé un message sur Twitter « Rien ne pourra nous arrêter, la tempête se lève ».

Sur Twitter, le Comité Trump France maintient son cap. Trois législateurs trumpistes (le sénateur Tom Cotton, les représentants Chip Roy et Michael McCaul) ont donné leurs onctions aux policiers. Lesquels ont procédé, un peu au petit bonheur  la chance, à 52 arrestations (70 selon Fox News) pour violation du couvre-feu. Pas vraiment les plus déterminés des émeutiers. Mais les vrais traîtres, pour les trumpistes, restent les élus républicains prêts à composer avec l’administration Biden.

Twitter a donc censuré totalement deux messages de Donald Trump. Facebook et Instagram l’ont banni. Je ne tente pas de le retrouver sur Parler.

La victime la plus médiatisée, selon le New York Post, était une adepte de QAnon.

Certes divers élus républicains ont condamné nettement les faits, quant à en attribuer une part de responsabilité à Trump, pour la plupart, c’est autre chose. Le représentant Cliff Bentz (Oregon) a été longuement interrogé par The Oregonian. Il conclut que « oui, il voulait une manifestation, mais je ne peux imaginer qu’il voulait qu’elle devienne violente ». Mais il n’a pas eu un mot pour désavouer les trumpistes ayant mené ou participé à l’émeute. Bien sûr, il condamne la violence, mais comprend et partage les inquiétudes et « ils doivent être entendus ».

Il faut aussi relever que divers élus républicains fédéraux ont organisé des délégations de la Marche pour Trump et qu’au moins un, casqué, Derrick Evans (West Virginia) a participé à l’émeute, se contentant d’appeler à ne pas vandaliser. Selon The Hill (Washington D.C.), au moins six législateurs (de divers États) ont participé au rassemblement mais seul Evans a revendiqué avoir suivi les émeutiers (en tant que journaliste, a-t-il allégué par la suite, en faux-cul éhonté). Certains ont repris à leur compte la thèse de l’infiltration par d’autres groupes violents.

Trump reste le commandant-en-chef jusqu’au 20 janvier. Il a qualifié les émeutiers de « grands patriotes » dans l’un des messages censurés par Twitter postérieurement. Selon une source anonyme l’ayant approché, il remâcherait sans cesse sa rancœur visant Mike Pence, le vice-président qui a fini par faire appel à la Garde nationale.

Les trumpistes persistent avec des messages accusant les médias de déformer les faits et de répercuter « la propagande communiste chinoise ». Selon un sondage YouGov rapporté par le Daily Caller, 45 % des républicains ont approuvé les émeutiers (43 les condamnant, 12 ne se prononçant pas). 56 % de ceux considérant que Trump a raison d’estimer que l’élection lui a été volée ont justifié les actes des émeutiers. Seulement 27 % des républicains voient dans l’émeute une menace pour la démocratie.

Ce n’est qu’un sondage, mais il semble indiquer qu’il est trop tôt de prendre Trump pour une ambulance sur laquelle on ne doit pas tirer (titre de Françoise Giroud à propos de Chaban-Delmas). Mick Mulvaney, qui était l’envoyé spécial pour l’Irlande du Nord a démissionné et indiqué que ceux ne l’ayant pas fait restent de peur que Trump nomme des gens encore plus trumpistes qu’ils l’étaient ou le restent.

Les autres décédés sont deux hommes (âgés de 50 et 55 ans), et une femme, Rosanne Boylan (34 ans). Peut-être pensaient-ils (et elle) marcher paisiblement derrière Trump jusqu’au Capitole. Lequel n’a pas eu envie de s’encombrer de ses partisans.

Lesquels ne lui en tiennent pas rigueur et s’en prennent à Mark Zuckerberg, de Twitter, qui les prive de leur grand-prêtre. « Construis ton parti, nous serons nombreux », lui adresse Inquisiteur8888. CNN a donné la parole aux trumpistes approuvant l’émeute et c’est très édifiant.

mercredi 6 janvier 2021

Fascinant : Trump casse les assiettes à Washington

Rentrez le sortant, Trump galvanise ses partisans

J’ai écouté l’allocution de Trump devant ses partisans de la Marche pour Trump à Washington. Un très, très grand moment qui m’évoque quelques souvenirs.


Après tout, ceci est un blogue-notes perso, alors, je peux évoquer quelques souvenirs. Ceux de la Foire à Neuneu d’Angers avec le crieur des effeuilleuses annonçant : « Et vous verrez Ulla, notre ravissante suédoise, dans le déshabillé de la Parisienne ». Ou celui du chapiteau des catcheurs interpellant « le jeune militaire du bataillon de Joinville qui veut affronter le Bucheron des Ardennes ». Le militaire était un comparse. Mais j’ai aussi le souvenir des bateleurs des marchés vendant des taies d’oreillers ou des assiettes. « Je ne vous demande pas dix francs, ni même cinq francs, tout le lot pour deux francs ! ». Et si personne ne tendait de la monnaie, il cassait les piles d’assiettes. Franchement, écoutant Donald Trump, je me suis cru revenu au temps des rémouleurs et vitriers clamaient leurs services dans les rues et que retentissait un « Peaux de lapins, Peaux ! » (dans les années 1950, on achetait encore les lapin dominical dont on revendait la peau au colporteur).

C’est quand même étonnant d’entendre un homme d’État évoquer « des explosions, des torrents de merde » en référence aux votes pour Joe Biden.

Ah, si seulement un François Fillon avait eu ce franc-parler, nous n’en serions pas là en France, ma brave dame. Qu’à cela ne tienne, son successeur saura en prendre du grain de la graine. Car même si Trump, Donald Sr, devait finir aux poubelles de l’histoire, son patrimoine langagier en inspirera d’autres.

Voyez donc cette foule enthousiaste acclamant le Donald ! Et avant lui son fils aîné, Donald Jr, annonçant aux traitres républicains, un peu comme Vladimir Poutine (parlant un temps des Tchétchènes), que les trumpistes les poursuivront jusque dans les cabinets d’aisance : “we are coming for you…”. Ce n’est plus le parti républicain, c’est « le parti républicain de Donald Trump ».

Voilà qui devrait inspirer Marine Le Pen. Honneur, patrie, et surtout famille. La terre, celle d’une réserve naturelle de l’Alaska ne ment pas, elle veut des oléoducs. Donald Trump, lui, a fait passer les frileux patriotes avant les phoques et les ours. Il ne faut pas prendre les Étasuniens pour des pingouins sauvages.

Ce n’est surtout pas du second ou nième degré, c’est ce qui marche et marchera encore un temps prolongé aux États-Unis. Et ailleurs.

Une presse stipendiée par le parti communiste chinois (sérieusement, c’est la thèse des trumpistes) peut bien mentir, effrontément, forcément effrontément (rappelez-vous le « sublime, forcément sublime » de Marguerite Duras à propos de Christine V. ».

Un copain (ou plutôt co-baron de bière), Alain (Georges) Leduc, m’incite à ne plus tirer sur l’ambulance Trump. Qu’on me pardonne, le Sarko-bashing avait un côté divertissant, et en ces temps de pandémie, on fait comme on peut avec ce que l’on a. Trump s’en prenant à Mike Pence (qui lui a léché les bottes pendant quatre ans) et à curer le marais républicain, cela vous revigore.

Je fus Éclaireur de France (mouvement de jeunesse laïque), puis assistant chef de troupe scout (encore vaguement catholique, sans plus), parce que de jeunes scouts angevins m’y ont incité et que je ne me sentais pas en mesure de les décevoir. Il s’agissait d’une petite troupe de la Doutre (outre-Maine angevine), à l’époque, pas des gosses de riches. Je mélange tout, admis.

Tump vaticine, moi aussi. Le grand âge est un naufrage (selon un autre, un militaire). Souffrez que je m’intéresse encore à diverses choses. Dont la réaction de Mike Spence trahissant les espoirs que Trump mettait nébuleusement, forcément nébulusement en lui. Bon, par ces temps de pandémie, au moins, le Trump reste divertissant. Enjoy ! Je sais, c’est lamentable de se moquer d’un autre sénile. Trump s’est retiré, piteux, sans s’empoisonner ou se tirer une balle dans la tête. C’est ce qui s’appelle rater sa sortie. 

La Géorgie désavoue Donald Trump

Trump s’enfonce dans son délire

Avant même que le résultat des sénatoriales en Géorgie soit connu, Donald Trump dénonçait une nouvelle élection truquée. À portée des voix de ses partisans manifestant aux abords de la Maison Blanche, Trump ne peut que feindre d’entretenir leurs illusions (qu’il semble partager encore).


Le révérend démocrate Raphael Warnock aurait battu la républicaine Kelly Loeffler, semblent vouloir admettre des médias pro-Trump. Et selon les projections, le démocrate Jon Ossoff pourrait l’emporter sur l’ancien sénateur David Perdue. Les deux candidats républicains avaient proclamé qu’ils soutenaient la tentative de Donald Trump de faire rebasculer les résultats de la présidentielle.

C’est donc un désaveu pour Trump. CNN donne, comté par comté, la progression des dépouillements. Comme pour la présidentielle, les comtés urbanisés ont voté démocrate, les ruraux républicain. Mais ce qui étonne, c’est que les scores, certes minables des démocrates dans ces comtés ruraux sont moins ridicules qu’en novembre.

Des analystes républicains avaient prévenu que l’obstination de Trump à contester le résultat des présidentielles pourrait être dommageable au parti. Avec ces résultats, les actuels élus non inconditionnellement trumpistes ou trumpistes proclamés par calcul uniquement, commencent à se poser des questions.

Apparemment, Trump reste confiant. Une résolution de ses partisans de Pennsylvanie qui demandent au Congrès de repousser la désignation des grands électeurs de cet État semble le réconforter. Elle n’a que peu de valeur, sera sans doute évoquée dans les deux chambres, mais ne constitue en aucun cas une garantie.

Mais, depuis l’aile gauche de la Maison Blanche, Trump perçoit les clameurs de la Marche pour Trump. Des centaines, voire des milliers d’autres manifestants sont attendus dans la journée, la nuit et la matinée de demain. La plupart ne portent pas de masque et l’un des orateurs les a incités à se congratuler en s’étreignant multuellement. Car, c’est sûr, la pandémie, c’est une pernicieuse illusion créée par une presse pourrie au service de l’État profond. Trump passerait pour un minable s’il concédait sa défaite : cela reviendrait à leur dire de rentrer chez eux, et qu’il n’y a plus rien à voir ou espérer. En gros, que ses partisans sont bien des lamentables, comme les qualifiait Hillary Clinton.

On a beau ne pas pouvoir se mettre dans la peau de Trump, il est possible de comprendre qu’il ne peut déjà se dédire.

Donc, il continue de Twitter que le vice-président Mike Pence peut lui sauver la mise. Ce dernier se tait mais laisse fuiter qu’il ne se voit pas aller au-delà de quelques bonnes paroles visant à ne pas froisser Trump au point de provoquer un malaise du septuagénaire président éjecté.

Certes, il reste une douzaine de sénateurs, une centaine de représentants républicains se disant disposés à un baroud (de quoi exactement ? leur avenir le dira, ils restent en tout cas persuadés de la capacité de nuisance de la famille Trump qui prédit aux autres de cinglantes déroutes lors des prochaines primaires républicaines). Donald Trump Jr laisse entendre qu’il ne faut pas accorder foi à la presse donnant les démocrates de Géorgie vainqueurs (ou en passe de l’être pour Ossoff). Eric Trump promet qu’il s’engagera personnellement lors des prochaines primaires pour faire élire des patriotes et battre les traîtres du parti républicain. Quant aux avocats Lin Wood et Sidney Powell, du groupe de pression trumpiste We the People, ils continuent de proclamer leur foi en la victoire de Trump. Rudy Giuliani continue à faire semblant d’y croire et en appelle lui aussi à Mike Pence.

Fox News concède la victoire de Warnock mais entretient l’espoir que le républicain Perdue pourrait l’emporter de justesse. Oann fait mieux en continuant à projeter les victoires des deux républicains (je me frotte les yeux, non, aucune mise à jour).

Ossof a peut-être un peu prématurément déclaré sa victoire car Perdue semble déterminé à la contester

À part cela, le policier qui avait tiré sept balles dans le dos d’un Afro-américain à Kenosha (Wiscontin) le 23 août, a été déclaré en état de légitime défense. L’affaire avait suscité des manifestations et dans la nuit du 25 un contre-manifestant de 17 ans (Kyle Rittenhouse, un milicien pro-police et pro-Trump) avait tué deux personnes. Début septembre avait estimé que son jeune partisan s’était senti menacé et il accusait Joe Biden d’encourager la violence des antifas et de la gauche extrême.

Après de courtes heures de repos, ce mercredi, Trump s’en est retourné sur Twitter afin de s’en prendre au journaliste de CBS, Chuck Todd, qui démentait la fraude électorale, puis il a considéré que les États-Unis avaient plus que jamais besoin de lui et de son pouvoir d’opposer son veto au Congrès. Ce qui laisse penser qu’il considère que les républicains ont perdu la majorité sénatoriale et qu'il lui faut rester en poste jusqu'au 20 janvier.

En coulisses, la Maison-Blanche et le ministère de la Justice semblent décidés à revoir le Civil Rights Act de 1964 statuant sur les discriminations raciales ou en raison des origines des personnes. L’objectif ne serait pas de décriminaliser mais de ne plus subventionner des groupes ou associations s’opposant aux discriminations.

Que Jon Ossoff l’emporte au final reste incertain, mais il a engrangé 5 000 voix de mieux que Joe Biden face à Trump. Il devance son adversaire de 16 000 voix (avec 50,2 % des suffrages contre 49,8, mais Oann donne toujours ce dernier vainqueur avec 51,5, Breibart News les laissant à 50 chacun). Les démocrates n’avaient pas obtenu de majorité sénatoriale depuis 2010. Merci Donald Trump. Le flamboyant et incendiaire président impute à présent aux démocrates d’avoir bourré les urnes avec 50 000 bulletins et il se lamente :« même le Mexique impose aux électeurs de présenter une pièce d’identité ». De quoi inciter ses donateurs à couvrir de futurs frais procéduraux.

Dans Washington, les heurts entre les marcheurs pour Trump et la police, qui fait usage d’aérosols au poivre, restent limités pour le moment. Une demi-douzaine de manifestants en possession d’armes ont cependant été arrêtés