L’émeute du Capitole, c’était les antifas.
Je ne répète pas mon
précédent billet, j’amplifie, nuance. Pour les trumpistes, c’est sûr, ce
sont les antifas qui ont fomenté l’émeute du capitole. Passe encore pour les
lamentables de base, mais des élus républicains sont montés au créneau.
Matt Getz, Mo Brooks, et bien sûr l’inévitable Sarah Palin (Tea Party), sans compter le pasteur Mark Burns et l’avocat dérangé Lin Wood, sont parmi les notables républicains vociférant pour conforter les trumpistes de base que l’émeute du Capitole est le fait des antifas. Si la base l’affirme, il faut en rajouter.
Veut-on faire croire qu’Aaron Mostofsky, fils de Shlomo,
proche des Juifs pour Trump, est un antifa ? Non, il a été entraîné à l’insu
de son plein gré. Tout comme les deux hommes et deux femmes qui ont succombé,
faut-il croire.
Au moins, ces élus républicains se détachent du bal des
hypocrites républicains qui ont rallié Trump, l’ont soutenu tout du long de son
mandat, et feignent à présent de s’en distancer. La liste serait trop longue…
En fait, il n’y a qu’une dérisoire poignée d’élus républicains à s’être
nettement distancés de Trump, tous les autres ont prétexté soit tenter de le ramener
à la raison, soit l’ont conforté activement dans ses délires.
Quand Trump limogeait les tièdes, aucun n’a protesté. En
fait, après ou simultanément avec l’émeute du Capitole, des élus républicains
ont encouragé des manifestations en Californie, dans l’État de Washington, dans
l’Oregon et l’Utah ou le Michigan. Mais aussi la Géorgie et le Colorado ou le
Minnesota. Et encore l’Arizona. Des journalistes ont subi des violences, mais
cette fois, elles n’ont pas été attribuées aux antifas.
USA Today a examiné les messages des réseaux sociaux,
dont Parler, où s’expriment les Proud Boys et le Nationalist Social Club. Il semble
que ce soit eux qui furent à l’origine de la prétendue collusion entre la
police et les antifas. Ce que les trumpistes, et certains de leurs élus, se
sont empressés de reprendre à leur propre compte.
C’en est à se demander si certains élus républicains et des
activistes trumpistes n’ont pas par avance, prévoyant que la Marche pour Trump
pourrait tourner violente, répandu de tels bruits sciemment. Un peu comme
Trump annonçant que son élection serait truquée au vu de sondages défavorables.
Sur Oann, Mo Brooks laisse entendre que la police avait averti à l’avance que
des antifas allaient infiltrer le rassemblement. « Avec le temps, la
vérité émergera », indique-t-il.
Le parti républicain n’est pas, ne sera pas fracturé. Selon
le vent des occasions, l’impression du moment, certains se distanceront de
Trump, d’autres pas, mais sans doute sans s’opposer frontalement les uns les
autres.
Le legs de Trump à tous, c’est que les mensonges payent, au
moins le temps d’un mandat. Et qu’il restera toujours assez de refuges
ultra-conservateurs pour se recaser (au moins pour celles et ceux n’ayant pas
réussi à faire fortune dans le privé). Trump a modelé le parti républicain qui
l’a porté au pouvoir, en toute conscience du fait qu’il incarnait une base
travaillée dans son sens de très longue date.
C’est sans doute la leçon qu’en tire une droite française,
qui fut longtemps gangrénée par l’extrême-droite (voire la liste des anciens
ministres ayant milité dans des milices, Gérard Longuet, pour n’en mentionner
qu’un, proche d’Alain Madelin). Certes, les individus peuvent évoluer, comme l’a
montré feu Patrick Devedjian (ex-membre d’Occident qui deviendra Ordre Nouveau),
qui regrettera « une erreur de jeunesse », devint à peu près
fréquentable jusqu’à son soutien de François Fillon avant de virer pro-Juppé.
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