vendredi 8 janvier 2021

Maison-Blanche : tous les rats ne quittent pas le navire

 L’émeute du Capitole, c’était les antifas.

Je ne répète pas mon précédent billet, j’amplifie, nuance. Pour les trumpistes, c’est sûr, ce sont les antifas qui ont fomenté l’émeute du capitole. Passe encore pour les lamentables de base, mais des élus républicains sont montés au créneau.


Matt Getz, Mo Brooks, et bien sûr l’inévitable Sarah Palin (Tea Party), sans compter le pasteur Mark Burns et l’avocat dérangé Lin Wood, sont parmi les notables républicains vociférant pour conforter les trumpistes de base que l’émeute du Capitole est le fait des antifas. Si la base l’affirme, il faut en rajouter.

Veut-on faire croire qu’Aaron Mostofsky, fils de Shlomo, proche des Juifs pour Trump, est un antifa ? Non, il a été entraîné à l’insu de son plein gré. Tout comme les deux hommes et deux femmes qui ont succombé, faut-il croire.

Au moins, ces élus républicains se détachent du bal des hypocrites républicains qui ont rallié Trump, l’ont soutenu tout du long de son mandat, et feignent à présent de s’en distancer. La liste serait trop longue… En fait, il n’y a qu’une dérisoire poignée d’élus républicains à s’être nettement distancés de Trump, tous les autres ont prétexté soit tenter de le ramener à la raison, soit l’ont conforté activement dans ses délires.

Quand Trump limogeait les tièdes, aucun n’a protesté. En fait, après ou simultanément avec l’émeute du Capitole, des élus républicains ont encouragé des manifestations en Californie, dans l’État de Washington, dans l’Oregon et l’Utah ou le Michigan. Mais aussi la Géorgie et le Colorado ou le Minnesota. Et encore l’Arizona. Des journalistes ont subi des violences, mais cette fois, elles n’ont pas été attribuées aux antifas.

USA Today a examiné les messages des réseaux sociaux, dont Parler, où s’expriment les Proud Boys et le Nationalist Social Club. Il semble que ce soit eux qui furent à l’origine de la prétendue collusion entre la police et les antifas. Ce que les trumpistes, et certains de leurs élus, se sont empressés de reprendre à leur propre compte.

C’en est à se demander si certains élus républicains et des activistes trumpistes n’ont pas par avance, prévoyant que la Marche pour Trump pourrait tourner violente, répandu de tels bruits sciemment. Un peu comme Trump annonçant que son élection serait truquée au vu de sondages défavorables. Sur Oann, Mo Brooks laisse entendre que la police avait averti à l’avance que des antifas allaient infiltrer le rassemblement. « Avec le temps, la vérité émergera », indique-t-il.

Le parti républicain n’est pas, ne sera pas fracturé. Selon le vent des occasions, l’impression du moment, certains se distanceront de Trump, d’autres pas, mais sans doute sans s’opposer frontalement les uns les autres.

Le legs de Trump à tous, c’est que les mensonges payent, au moins le temps d’un mandat. Et qu’il restera toujours assez de refuges ultra-conservateurs pour se recaser (au moins pour celles et ceux n’ayant pas réussi à faire fortune dans le privé). Trump a modelé le parti républicain qui l’a porté au pouvoir, en toute conscience du fait qu’il incarnait une base travaillée dans son sens de très longue date.

C’est sans doute la leçon qu’en tire une droite française, qui fut longtemps gangrénée par l’extrême-droite (voire la liste des anciens ministres ayant milité dans des milices, Gérard Longuet, pour n’en mentionner qu’un, proche d’Alain Madelin). Certes, les individus peuvent évoluer, comme l’a montré feu Patrick Devedjian (ex-membre d’Occident qui deviendra Ordre Nouveau), qui regrettera « une erreur de jeunesse », devint à peu près fréquentable jusqu’à son soutien de François Fillon avant de virer pro-Juppé.

Pratiquement tous ces élus républicains savaient que des trumpistes voulaient faire la peau du vice-président Mike Pence, désigné traître à la cause de Trump. Aucun (à l’exception du dissident Mitt Romney peut-être) n’a tenté de dissuader les trumpistes de converger de partout vers Washington. Si vous m’en trouvez un, je rectifierai. Certes il en fut (rares) pour reconnaître la légitimité de Joe Biden, comme à présent — mais in extremis, après coup — Kelly Loeffler, la sénatrice battue de Géorgie. Tant que les trumpistes ne saisiront pas que toutes et tous ne sont motivés que par des intérêts personnels, la famille Trump peut escompter de beaux jours devant elle.
Au fait, Twitter a rétabli le compte perso du Donald qui a regagné de nombreux abonnés (pas question de se priver d'un individu qui fait de l'audience : dans une vidéo, Trump se targue d'avoir appelé la garde nationale, ce qui est faux, mais qu'importe).

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