mardi 12 janvier 2021

Trump le golfeur frappé au portefeuille

Les conservateurs réhabilitent les émeutiers

Peut-être plus important que les bisbilles entre démocrates et républicains sur l’amendement ou la procédure de révocation, Trump se voit banni de compétitions internationales sur ses les golfes de la Trump Organization. Et la finance lâche sa firme familiale.


S’associer avec des législateurs trumpistes fait tache, et les gros donateurs (privés ou corporatifs) les boudent. Mais, pire, les fédérations de golf ont exclu que deux parcours de Trump, ceux du New-Jersey et d’Écosse, puissent accueillir des compétitions internationales. La Trump Organization, qui avait investi des millions de dollars en espérant des retombées financières, se lamente.

Cela étant, les conservateurs (et Melania Trump de manière plus ambiguë) s’emploient à réhabiliter émeutiers et participants à la M   arche pour Trump.

Il n’y avait pas que des lamentables de base à cette marche. Se sont vantés d’y avoir participé un lieutenant-colonel de l’armée de l’air et une capitaine en poste à Fort Bragg. Mieux, selon le New York Post, le policier Brian Sicknick, mort sous les coups des émeutiers, aurait été un trumpiste convaincu. C’était un ancien militaire ayant servi en Arabie et au Kirghizstan. Soit un patriote grand teint, écœuré par les politiciens.

Les trumpistes alignés, qui se retrouvent sur gab.com faute d’avoir accès à Twitter, tentent de préserver le culte du Donald. Au service de la nation chrétienne, comme le soutient le fondateur du site, Andrew Torba, qui se dépeint en croisé, bible dans une main et claymore (glaive) dans l’autre. Melania Trump condamne les violences, mais salue toutes les victimes et prie pour leurs familles. Que de braves gens.

Lesquels restent persuadés de leur bon droit et se félicitent d’avoir convergé sur Washington. L’ennui pour eux, c’est que beaucoup sont fauchés, ou ne savent plus trop comment régler leurs crédits.

Et l’État profond ne leur pardonne rien. Ainsi, le barreau de New York envisage de radier Rudy Giuliani. Sidney Powell, l’autre fêlée de We the People, se voit réclamer plus d’un milliard de dollars par Dominion Voting Systems.

Mais ne croyez pas que le mythe d’une élection frauduleuse fléchit en crédibilité. Je ne sais plus sur quel site j’ai pu lire que tout fut manigancé depuis l’Italie, avec la présidence italienne dans le complot, avec la CIA et des diplomates en renfort. C’est l’Italygate, dénoncée par Maria Strollo Zack, qui met en cause un certain Stefano Serafini et le général Claudio Graziano. Tout se serait joué au deuxième étage d’un immeuble de la via Veneto. Les commanditaires seraient Barack Obama et Matteo Renzi. Usa Today tente de contrecarrer cette théorie. Qu’à cela ne tienne, une autre aussi fumeuse prendra le relais.

Selon le FBI, des rassemblements de trumpistes ou conspirationnistes armés voudraient se manifester dans les États fédéraux (devant les sièges des parlements locaux) ou de nouveau à Washington, entre le 16 et le 20 prochains.

Trump n’a pas distribué de nouvelles grâces présidentielles, mais décore à tout-va un peu n’importe qui (surtout des sportifs, et quelques républicains l’ayant fortement soutenu).L’entraîneur des Patriots, sans doute honoré en raison de la dénomination de son équipe, adécliné la médaille de la Liberté, mais Jim Jordan, législateur trumpiste et ex entraîneur de catch s’est fait décorer.

Qu’on me pardonne cette allusion. Je lis Typos, ouvrage collectif de typographes du pénultième siècle) qui feuilletonnaient à la manière de Dac-Blanche, recueil composé et commenté par Christian Laucou-Soulignac (Fornax éd.), et le parallèle entre le mandat du Donald et ces parodies de feuilletons populaires s’impose. Le Donal a débuté et achevé sa présidence à la manière d’un personnage parodique (de lui-même en majeure partie).

Trump va sans doute renoncer à se gracier. Il ne s’épargnerait que les poursuites pénales pour des crimes ou délits fédéraux, mais non celles engagées en divers États et resterait civilement condamnable. Il risque donc de passer la décennie qui vient à faire la tournée des tribunaux et chambres civiles.

Les élus républicains restés trumpistes entretiennent le thème de la fraude électorale, mais se tournent désormais vers des thèmes comme la contestation des confinements. Deux élus de l’Oregon ont formé trouvé un nouveau slogan de mobilisation : les citoyens contre la tyrannie.

L’initiative d’Ivanka Trump, qui n’a jamais critiqué son père, « son guerrier », risque de leur rester en travers de la gorge. Elle vient de faire savoir qu’elle assisterait, le 20, à l’inauguration de Joe Biden. Leur maîtresse de cœur, leur traîtresse, surprise au bras de l’État profond, pactisant avec les Rinos (républicains félons).

Trump et Pence (le couard vice-président selon le Donald) se seraient rabibochés.

L’émeute du Capitole aurait fait une ou deux victimes supplémentaires (un policier gradé se serait suicidé, un Géorgien de 53 ans a succombé à son domicile avant que la police vienne l’y appréhender).

Des trumpistes mis en garde à vue se plaignent du peu d’égards de la police. On nous a traités « comme des animaux », rapporte le New York Post. Ce qui semble pour le moins outrancier, aux moins aux yeux des gardés à vue de BLM. Mais l’idée que la police ait facilité l’accès au Capitole pour piéger les trumpistes fait son chemin (sur Revolver News et gab.com ou rumble.com en particulier et la alt-tech en général).

La nécrologie de la présidence Trump pourrait se résumer ainsi : la finance dégonflant la Trump Organization, le Donald Trump s’est dégonflé.

Orpheline, la Trumpland se cherche une famille d’accueil. Michael Pompeo, encore actuel ministre des Affaires étrangères, semble vouloir se mettre sur les rangs. Si ce n’est lui, la Trumpland s’en trouvera d’autres.

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