Lâché par les milices, Trump reste nuisible
Un vrai Donald Trump est mort, un faux Trump Donald est
appelé à régner. Quel vilain nom pour un Trump… Même s’il reste mignon pour les
illuminés trumpistes, ce qui devient moins vrai pour les milices. Mardi, les
démocrates pousseront Trump dans le mur tandis que lui ira à son mur près d’Alamo,
proche du frontalier Rio Grande.
L’ultra-droite étasunienne semble avoir enfin réalisé la vraie nature de la famille Trump et de ses toujours nombreux affidés républicains. Sauf à vouloir s’entourer de trumpistes béats pour faire tampon entre eux et la police, les prochains émeutiers devraient privilégier leurs propres emblèmes ou les références Maga sans trop se revendiquer de Trump. Ils ont déjà pris à partie Mitch McConnell, le duplice futur ex-président du Sénat (la majorité ayant basculé après les victoires démocrates de Géorgie), et le désaveu téléguidé que leur a infligé Trump leur reste en travers de la gorge .
Mais la cote de Trump reste forte parmi les hallucinés du
bonhomme. Comme cette mère de famille qui s’est vue éclater le nez par des
policiers devant le Capitole. Sa fille l’a froidement dénoncée (elle avait
participé à une manif BLM, sa mère l’avait flanquée dehors, lui disant d’aller
se faire mettre ailleurs).
Or donc, Twitter et d’autres ont banni Trump et fermé les
comptes d’une multitude d’ultra-droitiers. Qu’à cela ne tienne CaligulaTrump
Imperator veut lancer un autre réseau, et son aîné, Donald Jr, incite à
s’inscrire sur un site dédié pour recevoir des nouvelles de lui-même et de son
paternel.
Tout cela serait inquiétant si la famille Trump ne
s’enfonçait pas dans une dèche (toute relative, mais ses priorités ont évolué; moins d'America first, plus de bizness d'abord, avant le chobizness),
et si ses soutiens se voyaient privés de mannes financières, son avenir politique paraîtra incertain.
Certes, la cote de Tump a encore grimpé dans les sondages.
Il en serait de même pour toute chanteuse, tout amuseur ayant fait fortement
parler d’eux. Restent les fascinés par le Donald, vaste population sans doute
bientôt sur le déclin ou s’enfonçant dans la nostalgie.
Parmi eux, deux policiers de Seattle (côte ouest) qui
avaient envahi le Capitole (outre leurs frais, les voilà mis à pied, merci la
famille Trump).
L’avenir de la famille Trump, tant au sein du parti
républicain que plus largement, tiendra aux sous. Des élus républicains ont
reçu des messages peu ambigus de leurs financeurs (entreprises ou fortunés).
L’histoire retiendra que Trump laissa derrière lui
57 000 messages sur Twitter. On n’imagine pas trop Joe Biden tenter de lui
ravir ce record.
YouTube a aussi mis fin au compte de Steve Bannon. L’un de
ses derniers invités avait été le (futur-ex) avocat Rudy Giuliani dénonçant « les
fascistes qui gouvernent à présent le parti démocrate. ». Divers élus républicains
ont repris ce type de rhétorique, mais la plupart blâment Trump pour la perte
de la majorité sénatoriale. La chaîne Oann appelle donc son auditorat à faire
des dons « aux législateurs restés fidèles au président Trump »
et à rejoindre le réseau Parler tant qu’il reste accessible. Les trumpistes
n’ayant pas déjà vu leur compte résilié fuient Twitter pour Parler ou Gab.
Au Texas, le Houston Chronicle invite le sénateur Ted
Cruz à démissionner.
En France, Roert Ménard et les tenants de la « réinformation »
fulminent. Tandis que les actionnaires de Twitter se lamentent. Même Jean-Luc
Mélenchon s’est inquiété des décisions des Gafas. Pour faire parler de lui, il ne
reste à Trump que d’user des prérogatives présidentielles subsistantes.
Attendez-vous à savoir qu’il risque de ne pas s’en priver.
Que l’on se rassure, il n’incendiera pas le Trump International Hotel pour
mettre le feu à Washington. Il a beau détester Joe Biden et bouder son
inauguration, il espère bien que La Trump Organization en tirera quelques
profits ce jour-là. Il veut finir en Caligula (qui songeait à se déifier), non en Néron
(sauf à devoir feindre la folie pour échapper à des poursuites judiciaires). Il
finira sans doute aussi immortel qu’Elvis Presley (né en 1935), dont tant
d’Étasuniens croient toujours à la survie.
Lundi, la chambre basse démocrate pourrait demander la révocation
du président encore en exercice, mais le Sénat devrait voter à l’unanimité de
ses cent membres pour se réunir avant le 19 janvier. Mardi, Trump ira inspecter
son mur près d’Alamo (sud de San Antonio où se situe le mémorable Fort Alamo).
Parler devenant moins accessible, les trumpistes se déportent
sur Gab.com. Où se retrouve aussi la nébuleuse QAnon. Sur Twitter, l’étiquette HangMikePence
(pendez Mike Pence) prospère.
Il faudra sans doute attendre février pour constater si un
parti de Trump (avec ou sans lui en principale figure de proue) émergera ou
non. Ou si le combat en vue des primaires républicaines s’engagera sans que le
GOP se scinde.
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