jeudi 31 décembre 2020

Le Brexit, du pire (Independent) au meilleur (The Sun)

Le Rocher et Stanley Johnson restent avec nouzôtres

Franchement, comme je suis nul en arithmétique (en maths, n’en parlons plus), je ne sais trop quand souhaiter aux Écossais, Gallois, Cornouaillais et Irlandais du Nord un pas trop triste Brexit. Heure de Paris ou heure de Greenwich ?


Je passerai sans doute à la postérité (pour une douzaine de personnes au plus) pour un grand conquérant de l’inutile et de l’autodérision. Voire en champion de la confusion mentale. Mais je n’en pose pas moins la question cruciale : à quelle heure le Brexit ? 23 heures (heure de Greenwich) ou minuit (heure continentale la plus proche) ? Cela me dépasse, mais guère question de prétendre en être l’instigateur (Talleyrand, un prédécesseur de Michel Barnier, tout autre rapprochement étant abusif). Je lis dans la presse britannique que le Brexit devient effectif à 23 :00 locales. Mais comment le continent a-t-il pu laisser faire ? Il doit y avoir une explication logique, mais ce décalage d’heure solennelle me plonge dans la perplexité.

En tout cas, c’était prévisible, la presse britannique pro-Bojo (The Sun, Daily Express, Telegraph) pavoise, et celle plus critique (The Independent, en particulier), se désole. Pour les uns, TVB, pour l’autre, c’est le pire accord depuis 40 ans.

Sachez en tout cas que le Rocher, Gibraltar, restera dans l’espace Shengen et que nous pourrons y déguster des bangers non surgelées au breakfast. Et que le papa du Bojo, Stanley Johnson, a demandé la nationalité française. Il aurait pu opter pour la monégasque, celle de Saint-Marin, ou du Lichtenstein ou d’Andorre. Mais non, il préfère les cuisses de grenouilles et les escargots (sans parler sans doute du gros plant du Pays nantais et de l’arbois de Pupillin). En voilà un qui sait reconnaître les vraies valeurs (je lui concède son attachement au dandelion wine de Thruro en Cornouailles, au vieux pays breton, car je l’apprécie tout autant).

Outre le Rocher (Gib’, ses singes, ses soldats écossais en kilt dont un coup de vent révèle le postérieur dénudé), je m’accroche à la reconduction du traité de la baie de Granville (qui régissait les droits de pêche au large des anglo-normandes, Jersey et Guernesey, Chausey restant normande et dans notre manche).

Toujours est-il que près e 360 000 (chiffre du Guardian) Britanniques ont demandé la nationalité d’un pays de l’U.E. Bienvenue aussi à Rachel Johnson, dont la grand-mère était une Versaillaise.

Cette nuit à je ne sais trop quelle heure, en Breton pas trop chauvin (un peu quand même), je lèverai un verre de clairet (en réalité de gros plant du Pays nantais) à nos compatriotes écossais de l’Auld Alliance (pensée particulière pour Donnie & Irene Spence et leurs clans, à présent Européens près d’Alicante).

Bah, Le Monde m’indique que « les gongs de Big Ben résonneront à 23 heures à Londres, minuit à Paris ». Nous resterions donc en phase, à peu près. Soulagement. Vous imaginez-vous un réveillon miné par des problèmes de décalage horaire, de robinets, de trains se croisant dans le Chunnel (se croisent-ils d’ailleurs ?), en total béotien angoissé ? Dormez bonnes gens, demain sera un autre jour !

L’allumeur de Nashville était un allumé

Reptiliens, extra-terrestres et n'importenawak

Antony Quinn Warner, qui s’est fait exploser dans son camping-car à Nashville, sans faire d’autres mortelles victimes, aurait été un complotiste crédule. Lequel a surtout réussi à conforter les convictions de multiples conspirationnistes.


Selon la chaîne ABC et d’autres médias depuis, sur la foi de sources policières, Anthony Quinn Warner, n’aurait pas été seulement un opposant au déploiement de la 5G, mais un illuminé se livrant à la chasse aux extra-terrestres et aux reptiliens (des bestioles venus de l’espace, prenant des formes humaines, en particulier celles de dirigeants politiques et de célébrités diverses). Ce qui semble sûr, c’est que l’artificier avait préparé son projet de longue date. Puis, à l’approche de Noël, il aurait légué la plupart de ses possessions (dont à la fille, perdue de vue d’un ami défunt) avant de se faire sauter devant un immeuble de communications de la compagnie AT&T.

Ses motivations profondes n’en restent pas moins mystérieuses. S’étant dit atteint d’un cancer, il a peut-être simplement voulu passer (au moins pour quelques semaines) à la postérité.

Le magazine Esquire rappelle qu’il fut précédé par un fermier du Michigan s’étant donné la mort dans l’explosion d’une école (44 morts, lui inclus), qu’un contribuable s’était suicidé dans un local du fisc, tuant aussi un fonctionnaire.

Ce n’est pas une spécialité nord-américaine. J’ai couvert les deux procès en assises du « Rambo de Reims », un type en treillis gesticulant devant le commissariat rémois pour se faire descendre (il en réchappa), fut lourdement condamné une première fois puis en appel (ce fut l’un des premiers procès d’appel d’assises). Luc G. avait alors 22 ans, en octobre 1986, lorsqu’il blessa un policier. Il avait des visions ou des hallucinations. Les cours ont fini par conclure à une volonté suicidaire spectaculaire. Il fallait bien trouver une explication plausible.

Mais Warner, 63 ans, n’a pas laissé de message expliquant ses motivations. D’autres lui ont prêté des intentions dont la moindre fut d’avoir voulu détruire une preuve que l’élection de Joe Biden avait été frauduleuse (mais l’immeuble d’AT&T, contrairement à ce qui fut allégué, ne contenait pas de machines électorales de Dominion Voting Systems). Il est probable que, durant un certain temps, de multiples et diverses théories fumeuses imputant des visées au suicidé se multiplieront, notamment sur les réseaux sociaux. Il est aussi prévisible qu’un jour ou l’autre, il fera des émules. Le complotisme se nourrit de rancœurs et surtout de l’appétence de se doter d’une notoriété, de retenir l’attention, permettant d’engranger des gains, des dons, des droits d’auteur·e·s, &c. D’un fait divers énigmatique, il se trouve toujours des opportunistes pour véhiculer des certitudes que des gogos prennent pour argent comptant (le leur).

Je ne crois pas m’avancer outre mesure, ni vous induire en erreur, en supputant que les principaux bénéficiaires sont les YouTube, FaceBook, et autres plates-formes. Lesquelles commencent timidement à faire le ménage dans les rangs de leurs abonnés. Mais la sacro-sainte liberté d’expression aux États-Unis est tellement liée à la pratique religieuse que la restreindre semble impensable. Le fameux melting pot fut à l’origine la coexistence pacifique de communautés professant des croyances diverses, au gré de l’imagination et la liberté d’interprétation des prédicateurs. On peut, aux É.U. fonder une église sur la base de n’importe quelle doctrine et bénéficier d'avantages divers, fiscaux notamment. Et lever des fonds. Alors pourquoi pas un culte des lézards hominoïdes ?

Bizarrement, en raison du nombre des présumés reptiliens (un peu n’importe qui sur la base de caractéristiques physiques comme la forme des yeux, d’un profil), on se demande pourquoi il n’y a pas davantage d’assassinats de ces célébrités, pas toutes fortement protégées.

En fait, Warner comme tant d’autres peuvent alimenter leur imagination bizarre sans tenter de s’en prendre à celles et ceux qu’ils redoutent le plus, de loin. De près, c’est autre chose. Il semble que Warner fréquentait amicalement ou autrement une femme d’un an son aînée qu’il perturbait gravement (elle dut faire un séjour en établissement après avoir averti la police qu’il fabriquait des explosifs, s’introduisait nuitamment chez elle à son insu, &c.).

La caractéristique de tels événements dépassant la compréhension commune est qu’ils peuvent servir à imaginer n’importe quoi et renforcer des croyances (ainsi que l’explosion serait en fait une machination du FBI, on ne sait trop dans quel but, mais il fut allégué à tort qu’il s’agissait de détruire des preuves de la fraude électorale).

Un exemple relativement anodin nous en est offert par l’éditorialiste du Tennessean, Steve Morris, qui au prétexte de louer l’héroïsme de ceux ayant alerté les policiers et les pompiers, s’en prend à qui voudrait réduire les budgets de la police. Si cela avait été le cas, les appelants du numéro d’urgence auraient entendu un message préenregistré leur indiquant de « rappeler aux heures ouvrables ». « Nous aimons nos policiers et nos pompiers, nos sauveteurs ». Félicitons-nous qu’il n’est pas été fait appel à « des travailleurs sociaux » à leur place. Comme c'est simple, limpide, argumenté.

On pourrait tout autant plaider un meilleur contrôle de la vente des armes et des explosifs. Selon l’universitaire Geoff Dancy, s’exprimant aussi dans le Tennessean, « l’incertitude est intolérable pour les conspirationnistes ». Tout fait troublant et dépassant l’entendement usuel est interprété, contorsionné, pour renforcer ses convictions, y compris les plus délirantes.

Personne n’y échappe totalement. Ainsi, le système de son du véhicule de Warner diffusa la chanson de Petula Clark, Downtown. Peu importe qu’il se soit agi de son air favori ou que Warner en ait interprété le titre (put the town down, et non cœur de centre-ville).

Allez, reprenons une activité aussi normale que ce que nous autorise le couvre-feu. Meilleurs vœux (de santé mentale aussi) à toutes et tous. Et à la prochaine. 

lundi 28 décembre 2020

Eh Patate(s) ! Qui ça ? Anna ou Lorette ?

 Pom-pom-pom-pom, tagada

On se croit mollement érudit (enfin, cuistre documenté), et voilà qu’un Rosbif vous rabat votre caquet. J’ai nommé le Britannique John Reader, auteur de Potato : A History of the Propitious Esculent. qui m’en bouche un coin avec une recension des plats à base de pommes de terre (reprise par CNN).


Comment traduire ? Le comestible propitiatoire ? Pompeux. C’est la trêve des confiseurs, et pour remplir les pages (des publications, dont les sites), la presse ressort des rogatons, réchauffe du recuit. Moi de même. Et la gente journaleuse tire à la ligne. Ou fait semblant de découvrir ce que tout le monde sait déjà. Pardonnez que je me vautre dans la facilité (devant laquelle je ne saurais résolument reculer, même pas peur), en faisant l’étalage de mon ignorance, et de souvenirs.

Comme cette réunion des confréries gastronomiques et vineuses qui me fit découvrir, ébahi, les Compagnons de la Dive Tubercule, à la seyante robe de bure (enfin, de sacs à patates). Ébloui, je postulais auprès de ces trop sélectifs Lyonnais. Recalé d’emblée. Qu’à cela ne tienne, je me rattrapais en me faisant introniser chevalier du Boudin Blanc de Rethel. Voici peu, j’en faisais encore part aux bistrotiers ardennais de Saint-Brévin-les-Pins. Il est fort possible que je m’en infatuerai derechef en compagnie de Charly Châpo (Charles Duchêne) en y retournant de conserve.

Histoire d’embrayer sur les spécialités culinaires ardennaises à base de patates. Les pommes de terre à l’ardennaise (belge, française ?) sortes de baeckeoffe au lard et à la salade et au vinaigre, semblent avoir échappé à la sagacité de John Reader (ou avoir été négligées par la conseur Rebecca Wallwork de CNN listant The world’s best postato dishes, et pompant allégremment John Reader).

Honte, honte ! Je n’ignorais rien du Sheperdherd’s pie, des cazzilli, des patatas bravas, des latkes, du rösti, du caldo verde, des poutines (restaurant spécialisé, rue d’Enghien à Paris, pour ne pas aller se geler à Montréal), voire de la blitva (commandée à l’aveugle en Croatie), des blintzes (idem à Tel Aviv), des gnocchi (on en trouve un peu partout). Et bien sûr des pommes sarladaises (je recommande celles de Lidl, surgelées, abordables).

Mas des pommes Lorette (non celles de Michel Delpech, Laurette, dont j’ai longtemps cru que c’était la tenancière du bar à billard électrique d’en face de la caserne des pompiers d’Angers), inconnues au menu des colonies de vacances, j’ignorais tout. Idem pour les pommes Anna, attribué à l’Adolphe Dugléré, nommées en l’honneur d’Anna Deslions ( la Lionne des boulevards qui fréquentait le Café Anglais). L’impasse. Le cul de sac dont je me recouvre la tête de honte.

Confus (non de canard, mais cancanant toujours comme celui de Robert Lamoureux), les Lorette et les Anna m’en ont bouché un coin-coin. Anna était une cocotte, d’où sans doute l’appellation. Quant à Lorette, c’est aussi le surnom d’une grisette (« jeune femme élégante et facile » me dit mon Grand Bob).

Lorette, « mot décent inventé pour exprimer (…) la fille d’un état difficile à nommer », écrivait Honoré (de Balzac). Des pommes à frous-frous, quoi. Padamalgam’, il ne s’agit pas des mêmes pommes, plutôt, cette fois, des pommes d’amour caramélisées.

Berthe Silva n’a point chanté la pomme de terre, contrairement à tant d’autres.

À entonner en buvant la vodka des Patates Dolbec (distillerie Ubald du Québec). L’Écossaise Ogilvy en produit aussi. Tout comme la distillerie Arbikie (Angus). À déguster sur du haggis (panse de mouton farcie) et de la purée.

Vous ai-je assez soulé ? Sans doute, mais pour me rattraper, attendez-vous à lire, avec l’aide d’Alain (George) Leduc, une passionnante incursion dans le domaine de la patate dans l’art contemporain (ici, en illustration, pour vous allécher, l’œuvre mortelle, car dépérissante, de Giuseppe Penone, du courant Arte povera). J’ai lu quelque part que chez Subodh Gupta, « les pommes de terre sont devenues un motif récurrent, au même titre que l’était la couleur bleue pour Yves Klein ». Ne me remercie pas, Alain, paye ta tournée de vodka écossaise. Santé, bonheur, pipe à toute heure et meilleurs vœux à toutes et tous.

NYPost : Trump, the King Lear of Mar-a-Lago

Le Donald a débusqué ses Rinos.

Tump a finalement signé le programme de secours, plongeant cependant des millions d’Étasuniens dans la mouise (en raison des retards de paiements d’alloctions).Mais il s’accroche à tout le reste, soit ses manifs en Géorgie (le 4) et à Washington (le 6).


Ce que l’on traduit par « plan de relance » (stimulus) est en fait un programme de secours d’urgence. Les démocrates avaient obtenu des républicains qu’il soit chiffré à 600 USD/personne (soit une mensualité d’assurance sanitaire privée), Trump déclara vouloir 2 000. Alors qu’il s’en contrefout. Mais il a surtout donné l’occasion aux démocrates (approuvant cette augmentation) de débusquer pour lui les républicains non-alignés sur lui qu’il fera battre aux prochaines primaires.

Celles et ceux qui l’ont prudemment fermé, comme la candidate et le candidat républicains de Géorgie (élection le 5 janvier), continuent à bénéficier de son indulgence. Il ira donc, le 4 au soir dans un comté rural de Géorgie, sous prétexte de les soutenir, et surtout convier ses partisans à converger sur Washington le 6, et réclamer sa réélection.

Mais l’opinion conservatrice commence à se lasser. L’éditorial du New York Post (presse Murdoch, pro-Trump) l’enjoint à revenir à la raison (ou plutôt arrêter ses sonneries) et surtout à cesser de prétendre avoir remporté l’élection.

En lui rappelant qu’au Wisconsin ses efforts de débusquer la fraude électorale lui ont coûté trois millions et 87 voix en moins, et que les recomptes en Géorgie, effectués à la main, ridiculisent les allégations de l’équipe judiciaire de Trump (Rudy Giuliani, Lin Wood, Sidney Powell, « une cinglée », et consorts, dont une large partie du lectorat du NYPost qui veut toujours croire que les élections furent truquées).

Bref, si Trump ne veut pas rester pour la postérité le roi Lear de Mar-a-Lago (le golfe Trump), il serait grand temps qu’il reprenne ses esprits.

Le reste de la presse pro-Trump est comme gênée aux entournures. Oann a préféré reléguer le sujet en rubrique économique en relevant que les répercussions sur la cote du dollar ont été faibles (histoire de ne pas se prononcer). Newsmax se défile en reproduisant la dépêche AP moins son titre original, trop critique, donc remanié. The Epoch Times laisse entendre que Trump obtiendra du Sénat des aides supplémentaires, ce qui est fort improbable. Le site russe RT (version anglophone) insiste de même sur la possibilité d’une revalorisation mais ne hasarde pas un pronostic sur la suite.

Trump a certes regagné quelque trois centaines d’abonnés sur Twitter, mais il s’agit surtout d’opposants s’acharnant à la ridiculiser, à en juger par les réactions à son dernier message. Les invectives l’emportent.

Deuxième camouflet pour Trump. Il avait opposé son veto au budget de la Défense (pour obtenir un amendement à propos des réseaux sociaux) mais il sera sans doute désavoué par divers élus républicains (et cette fois, non pas par les seuls élus républicains n’envisageant pas de se représenter).

Foxnews (chaîne Murdoch) n’a pas embrayé derrière le NYPost, ni même fait état de son éditorial ravageur. Qui n’a pas encore fait réagir le Donald. Pour contrebalancer son principal éditorial, la rédaction l’a assorti d’un autre vantant sa présidence et l’enjoignant à se tourner vers l’avenir (les élections de 2024 ?). Si son insistance à contester l’élection est un boulet, lui-même n’est pas totalement remis en cause par les médias conservateurs, « le parti serait bien avisé de poursuivre son populisme », relève la rédaction. C’est l’inciter à se représenter ou à soutenir un concurrent (l’actuel vice-président Mike Pence ? mieux policé en ses propos) qui pourrait se réclamer de lui et assurer qu’il assurera la continuité sans trop de changements et fera le ménage dans le parti républicain resté majoritairement aligné sur Trump.

dimanche 27 décembre 2020

Explosion de Nashville : QAnon théorise

Suicide ou complot du FBI ou attentat anti-5G ?

À cette heure, la presse étasunienne sérieuse traite encore de l’explosion de Nashville avec des pincettes. Une circonspection dont le mouvement QAnon n’a cure. Soit ce serait un complot du FBI soit une attaque par drone.


La version officielle et partielle serait qu’un certain Anthony Quinn Warner aurait garé son camping-car dans le centre historique de Nashville et se serait possiblement fait exploser dedans après avoir diffusé des messages d’avertissement. Point.

Mais puisque le véhicule était garé à proximité d’un centre de télécommunications, de AT&T,  en partie détruit, il serait possible, sous toute réserve, que la perspective de voir la 5G utilisée pour espionner les gens soit entrée en ligne de compte dans sa décision. C’est du moins l’hypothèse hasardeuse avancée par les correspondants et envoyé spécial du Daily Mail. Lesquels révèlent aussi que l’intéressé, 63 ans, aurait donné deux maisons à une certaine Michelle L. Swing, 29 ans, ex résidente du Tennessee, relocalisée depuis 2012 à Los Angeles. La bénéficiaire semble n’avoir été au courant de rien, ces dons étant trop récents pour qu’elle en ait été informée.

Autant dire que tout cela reste mystérieux et le lien avec la 5G sujet à caution (la source serait la radio locale WSMV). Autant dire aussi qu’avant quelques jours, on n’en saura pas davantage.

Ce qui est en revanche remarquable, c’est que des gens se réclamant de QAnon se sont empressés, sur Parler (concurrent de Twitter, moins sourcilleux de ce que ses utilisateurs véhiculent), de mettre en cause soit le FBI, soit une frappe provenant d’un ou de drones.

Ou cela va plus loin, c’est que l’immeuble d’AT&T est présumé avoir hébergé des serveurs de Dominion Voting Systems, et que le but aurait été de détruire toute preuve que leurs machines électorales aient pu être trafiquées. Ce seraient donc Biden et consorts qui seraient derrière cette destruction (cela coule de source, n’est-il pas ?). Trump n’a pas encore repris à son compte ces allégations. Wait & see...

Les extra-terrestres restent aussi pour le moment hors de cause. Cela ne saurait durer trop longtemps.

Pour le moment, le New York Post reprend la piste de la “5G paranoia” qui ne tient pour l’instant qu’à un seul témoignage, celui d’un agent immobilier qui employait Warner occasionnellement, lequel ne se prononce pas nettement, voire aurait, au contraire, affirmé au FBI que Warner n’abordait pas ce sujet. On ne sait donc pas trop de quel chapeau aurait été tiré ce lapin.

Warner résidant à Antioch (ancienne municipalité absorbée par Nashville), l’un des avocats de Trump, Lin Wood (Lucian Wood), en a profité pour évoquer saint Lucien d’Antioche « accusé faussement d’hérésie » (puis réhabilité), et fait le lien entre Antioch (Illinois), ville dont Kyle Rittenhouse (meurtrier de divers manifestants BLM) et Antioch (Tennessee). Faites le lien, indique Lin Wood qui laisse aussi entendre que le FBI se dédouanerait en faisant de Warner l’auteur de l’attentat. Ben voyons, cela coule de source.

Pour sa part, Sidney Powell, l’autre avocate pro-Trump, a fait savoir qu’elle avait autant confiance dans le FBI pour dire la vérité sur Nashville que pour le massacre de Las Vegas (ou la fusillade de Las Vegas d’octobre 2017, dont les motivations sont restées mystérieuses).

Pour l’heure, personne n’a encore fait passer Warner pour un antifa. Ah si, quand même, un certain Mark Slapinski (45 abonnés sur YouTube). Bien, il s’en trouvera sans doute pour en faire un Proud Boy ou un milicien dormant. Avec des arguments aussi farfelus que ceux de Lin Wood. Ne jamais désespérer de l’imagination des allumés.

samedi 26 décembre 2020

Houria Bouteldjà ou l’ehtnicisme gloubi-glouba

Ce serait reine de Saba contre miss Provence ? Pas sûr...

Valeurs actuelles n’en ratant pas une pour mettre en valeur Houria Bouteldja et contribuer à sa notoriété a pu récupérer un texte de la dite, censuré par Mediapart. On comprend surtout que miss Provence April Benayoum aurait gagné à se déclarer d’ascendence tatare et non partiellement israélienne. Bof, puisque l’actualité est faible, autant en bavarder.


Tristane Banon, qui doit bientôt avoir un livre ou autre chose à vendre, aurait fait « un geste fort » (selon Gala) au profit médiatique d’April Benayoun en se posant en « anti-antisémite ». De son côté, la sémite Houria Bouldja a sans doute cru devoir elle aussi un geste, ou plutôt une gesticulation, pou imputer à miss Provence une provocation en faisant état de la nationalité coupable (si je tente de comprendre) italo-israélienne de son père. Pire, elle aurait pactisé avec « les pouvoirs d’État démocratiquement élus » qui lui valent la hargne d’antisémites de banlieues. Houria Bouldja qui se verrait sans doute fort bien élue pour jouir des prébendes de ces mêmes États, devrait se poser la question : est-elle suffisamment sémite elle-même pour ne pas se voir un jour à son tour la cible d’une autre forme d’ethnicisme ?

Son billet s’intitule « l’anti-tatarisme palestinien (et des banlieues) n’existe pas » (si j’ai retrouvé, vous pourrez).

Cela débute par une longue démonstration selon laquelle les Tatars se seraient conciliés les Palestiniens. Ah bon ? Pas de tous temps, c’est le moins qu’on puisse dire. Les Tatars, certains israélites, d’autres musulmans, furent tour à tour alliés et concurrents des Croisés en Palestine et la prose historiographique musulmane en dit pis que pendre (voir des textes du Hamas et tant d’autres).

Mais en fait, je me demande si elle ne confond pas les Tatars en général avec les Khazars. Dont une partie, par opportunité politique et territoriale, se convertit au judaïsme. Un peu comme le tsar bulgare avait commandité le cyrillique pour étendre son influence impérialiste. Et pour un Clovis avant lui, l’avantage de se faire oindre et de fonder une dynastie a sans doute été plus déterminante que d’autres considérations, conjugales ou autres. Je sais, je tombe dans l’historiographie à la Cavanna, et j’escompte bien ne pas tenter de remonter vers d’incertains sommets.

Diverses théories, plus ou moins franchement complotistes, assimilent Khazars et Ashkénazes. Sans doute en partie fondées car les mélanges, mariages et filiations furent, comme partout ailleurs, peu exceptionnelles. Et puis, en raison des opportunités, des vents des occasions, on passe d’un rite à l’autre, selon ce que cela peut représenter pour améliorer sa situation.

Mais un mythe veut que les Ashkénazes, ayant un temps mieux réussi en Europe et ailleurs que les Séfarades, soient la source de tous les maux. Tandis qu’un autre veut qu’entre Séfarades, Arabes ou Berbères, ce fut toujours l’entente cordiale (en dépit de pogroms au Maroc ou ailleurs). Comme c’est idyllique. Je résume bien sûr en caricaturant. Mais cela peut permettre, comme Houria Bouteldja, de se poser en sachant (d’une complexité inextricable réduite à quelque idées simples) abuser les gogos voulant entendre ce qui les flatte. La Bruyère (vieux souvenirs).

Au passage, et c’est toute la tac-tac-tique du genre, cela permet de glisser une phrase sur le racisme français injuriant « Boches », « Chleuhs » et Frisés. Et Alsacos, têtes de veaux, Bretons, têtes de c***. C’est de l’internationalisme prolétarien ?

Au Burkina, on se désigne couramment encore, le Blanc (nasara), le Noir, sans faire commerce de négrophobie ou de négrophilie ou d’autre chose. Houria Boulteldjan’a évidemment pas totalement tort en tout point de son argumentation. Mais soutenir qu’un « enjeu néo-nazi » (franchouillard ?) vise à « livrer les Juifs à la vindicte indigène » pour mieux favoriser la négrophobie semble un peu tiré par les cheveux. Cela ressort surtout du clientélisme des Alain Soral et consorts. D’un battage médiatique à la fois victimaire et agressif.

Houria Bouteldja invite April Benayoun à rejoindre le « mouvement décolonial » (italo-austro-hongrois  chez le Négus ou l'inverse ?). Nous devrions les inviter à venir les deux (comme on dit en Franche-Comté : « on y va les deux ») en Bretagne, on leur prêterait coiffes et sabots pour danser la dañs plinn, plutôt soutenue. On pourrait aussi passer au zydeco (musique cajun-créole du bayou), et penser à autre chose. Bretonnes et Bretons sont tellement brassés (moi et mes enfants, un peu-beaucoup moins, mais mes petits-enfants le sont vraiment davantage) que nous avons d’autres choses pour alimenter les conversations. Sans mercantilisme. Je reproduis ici, très volontairement, une capture d’écran de Valeurs actuelles, pour dire très clairement que le titre est mensonger : non, Houria Boutelja ne vomit pas sa haine contre Miss Provence, elle se fait mousser, instrumentalise un fait de société, de manière aussi foutraque que ce qui, ici, précède. À chacun son fonds de commerce, mais je n’ai rien à vous vendre.

vendredi 25 décembre 2020

Brexit : le compte n’y est pas

 Grand flou sur l’épaisseur de l’accord

Les jours de Noël, je m’ennuie, et d’accord, ce n’est pas une excuse pour vous em…. Mais quand même, je me dois de vous alerter. Une lame press est incapable de s’uniformiser sur le nombre de pages de l’accord sur le Brexit. À peine signé, c'est déjà la zizanie.


Je croyais pouvoir vous répercuter des informations fiables prises à des sources fiables, la presse britannique « de qualité », Le Monde, Le Figaro, &c. Alors, je veux bien que The Sun soit assimilé à la « presse de caniveau » mais quand même. Hier, j’en étais resté à un accord de près de 2 000 pages, puis d’autres sources crédibles, ramènent ce nombre à 1 500, et voici que The Sun réduit le document à 1 246 pages.

Reuters, l’AFP, Bloomberg, AP, j’en passe, nous auraient-elles (ce sont des agences dites naguère télégraphiques) balancé des craques ou pire, Michel Barnier ou Boris Johnson auraient-ils poubellisé des centimètres ou inches d’épaisseur de l’accord ?

À vue de nez, les documents brandis par le Bojo ou Barnier ont-ils la même épaisseur ? Sur les photos, difficile de se faire une idée.

Je ne suis pas complotiste, mais je subodore confusément le loup (de mer). Les citoyens de l’Union, les sujets de Sa Majesté sont en droit de savoir. Des versions différentes vont-elles être soumises aux parlementaires ?

Quelques pages en plus ou en moins, ce sont des milliards de livres et d’euros qui s’accumulent ou s’évaporent. Que nous cache-t-on alors que les théâtres et les salles de spectacle restent fermées  et les figurants et silhouettes restent au chômedu ?

Devons-nous être eurosceptiques ou perfide Albion désabusés ? J’émets une hypothèse hardie : c’est la résultante du foisonnement et d’une opération Fight the Fog. Le foisonnement, c’est ce qui fait que pour traduire de l’anglais vers le français, notamment, vous devez employer davantage de signes. La lutte contre le brouillard, c’était une directive du bureau de la traduction de la Commission européenne. Cesser d’employer des tournures contournées, tarabiscotées, et énoncer les choses le plus simplement possible pour que le commun (nouzôtres) puissent mieux piger.

Déjà, on peut déplorer que le texte n’ait pas été rédigé dans la langue de la diplomatie, le français. Que la Commission commente sur le sujet en anglais, au moins initialement.

M’enfin, il ne faudrait pas nous faire prendre des pintades pour des dindes de Noël (beaucoup de pourries au Royaume-Uni, en dépit d’une date de péremption conforme, sur les rayons des supers et hypermarchés).

J’avais toute confiance en la Bib (la BBC) et que lis-je à présent sur son site ? Que l’accord ne serait guère plus lourd que de 1 200 pages. Une détestable approximation.

Je me souviens du concours d’entrée au Cuej (Centre universitaire d’enseignement du journalisme de Strasbourg). Des tonnes de dépêches relatives à un carambolage monstre au Pays-Bas. Il fallait synthétiser. Là, je fais quoi ? Je sors ma calculette et je fais une moyenne du nombre de pages ? Je fus classé quatorzième (sur 80 impétrants), de nos jours, je serais sans doute recalé.

Je n’invente rien, citation exacte du Guardian de voici pas longtemps : “the trade agreement — running to 2,000 pages”. The New York Times : « despite running to thousands of pages” (si c’est moins de deux milliers, quelle exagération). France Info (le service public) : « c’est un texte de 2 000 pages » (texte mis à jour ce 25 déc. à 10 :44).

Alors, combien de pages, nombre de virgules, de ponctuations diverses ? Cet accord de retrait entretint déjà les suspicions, mais la défiance est à son comble.

Et notre confrère le Bruxellois Le Soir : « c’est un traité, une “brique” de 585 pages » (je vous cite le chapo, le titre est conforme « les points à retenir des 585 pages »).

Bien, l’article du Soir date, de mi-novembre 2018. Depuis, cela a pu gonfler, puis dégonfler. C’est l’accord-l’accor-l’accordéon, quoi. La boîte à frissons. La presse au bal musette. Ce fut déjà Theresa May en Yvette Horner, Michel Barnier en André Verchuren. et depuis, cela ne s’est guère arrangé.

J’ai une proposition pour la Commission et le 10, Downing Street, me confier une mission d’investigateur spécial (à l’étasunienne) pour compter et recompter les pages. Ou alors, indiquer clairement le foliotage au quart de page près.

Trump resté plus de 13 heures hors Twitter

Cela ne pouvait durer : Joyeuses fêtes

Avant-dernier message de Trump, voici 14 heures, mais voici 18 minutes (là, en début d’après-midi à Paris), enfin un message passe-partout : Joyeux Noël. Ouf.


Trump est sur son golf de Floride, et après un message déplorant la trahison des sénateurs républicains, il est revenu se manifester sur Twitter pour souhaiter un Joyeux Noël. Service minimum mais cela détourne l’attention du Brexit.

Lequel Brexit a suscité de la part de la Commission européenne un comparatif en deux pages détaillant les avantages que les Britanniques auront perdu. En fait, cela vaut dans les deux sens parfois. J’ai bien compris que les Britanniques, s’ils utilisent un téléphone portable dans l’Union européenne, se verront facturer des frais que l’Union épargne à ses ressortissants, mais à mon sens, si nous nous rendons dans l’île, nous nous verrons facturer des frais tout autant. Les étudiants britanniques sont présumés bénéficier de nouvelles aides ad hoc (le programme Turing) pour aller étudier à l’étranger mais ne bénéficieront plus du programme Érasme. Réciproquement, je ne sais. On verra si les universités écossaises réduiront leurs frais d’inscription ou non. Tout le reste est un peu trop compliqué pour que j’entre dans le détail.

Bref, The Guardian est circonspect, The Independent, toujours pro-Européen, dénonce les conséquences néfastes de l’accord et la presse pro-Bojo se félicite que l’issue sera plus dure pour les pêcheurs français que pour leurs hoùplogues britanniques. Ce qui restera à vérifier (les pêcheurs britanniques exportant massivement et les goûts culinaires peuvent évoluer).

Mais je ne vais pas plus avant noyer le Trump dans la nasse des autres poissons. Newsweek a réuni un quarteron élargi de généraux à la retraite se prononçant sur l’éventualité d’une instauration de la loi martiale (Trump a démenti y avoir recours) ou la perspective d’émeutes de milices pro-Trump. Leurs successeurs devraient rester dans les casernes, semble-t-il.

Les Proud Boys et les Boogaloos semblent avoir respecté la trêve des confiseurs. Trump n’a pas déjà gracié Ghislaine Maxwell, ni Snowden, ni Assange. Il a bien reçu à Mar-a-Lago le texte du plan de relance (la Stimulus Bill) mais semble hésiter à lui opposer son veto. De toute façon, les lendemains de Noël ne seront pas jours de liesse pour les chômeurs, les locataires ou propriétaires en retard de loyers ou de remboursements de crédits, les États éprouvent des difficultés à faire administrer des vaccins. Et en dépit de ses incitations, les trumpistes ne se sont pas précipités à prendre les armes pour lutter pour lui, or donc, Trump s’ennuie.

La presse s’ennuie aussi. Par exemple, CNN ressort un reportage de l’année dernière sur les coffrets de Noël de KFC (les fingers licking good morceaux de poulets panés du Colonel) au Japon : seules les images ont été actualisées (curtesy of KFC). On se rabat sur des nécrologies et quelques faits-divers et les habituelles rétrospectives. Le pape François remplit son office annuel pour meubler les pages tout comme HM The Queen.

Ah si, quand même, les États-Unis vont ouvrir un consulat au Sahara occidental pour complaire au roi du Maroc (on plaint déjà la ou le futur consul qui risque de se barber entre des tentatives d’attentats avortées).

Souvent covid varie et mute en Tanzanie (la rime est faible, mais on fait avec ce qu’on a…). Et cela fait maintenant deux heures que le compte Twitter de Trump reste statique. Il en reste à 88 593 137 abonnés, en légère baisse. Allez Donald, Joe Biden n’en a que 21 817 515. Sur Twitter, tu restes en tête (mais de quoi ? De dynamomètre de foire, me renseigne le dictionnaire). 

jeudi 24 décembre 2020

Brexit : allons à London pêcher le petit poisson

Boris Johnson rend hommage à Petula Clark

Depuis que le Gwenn ha du flotte au-dessus de la mairie de Nantes, les motifs de la cravate de Boris Johnson (noire à motifs blancs) n’avaient pas retenu mon attention. Il s’agit de blancs petits poissons. Aucun doute, il s’agit d’un discret hommage à la chanteuse Petula Clark.


Boris Johnson, s’adressant à la presse britannique pour se féliciter d’avoir abouti à un accord sur le Brexit arborait une singulière cravate. Le Daily Mail a été pratiquement le seul à relever que ses motifs en étaient de petits poissons blancs. Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! Ce n’était pas tant pour se féliciter d’avoir transigé sur les droits de pêche, mais pour témoigner de son affection pour la chanteuse franco-britannique Petula Clark (née en 1932) dont les sexagénaires se souviennent de nombreux titres dont Downtown, La Gadoue, et À London (allons donc), prononcé à la française pour la rime en « on ».

Ce soir, quand la Pontaveniste Yvonne près près de l’âtre viendra s’asseoir (chanson Kénavo de Bothrel, interprétée par Jean-Pierre Marielle dans le film Les Galettes de Pont-Aven), nous aurons une pensée pour le Bojo qui s’est souvenu de Petula et de son petit chapeau rond.

La chanson de Petula Clark remonte à 1962, quand on ne savait trop si les côtes d’Opale et celles du Kent seraient reliées seraient reliées par un pont ou un tunnel. Il fallut attendre près d’un quart de siècle pour opter pour le Chunnel, comme on disait encore au début des années 1990.

J


e ne sais quand les pages de l’accord seront sautées et les bisbilles effacées « comme s’il y avait un peu de craie dans l’encrier » (chanson de Catherine Lara) mais il semble que le plus dur, soit passé. Jusqu’à prochaine brouille. Je me promets en tout cas de suivre l’affaire en portant davantage d’attention aux cravates de Boris Johnson.

Churchill et son cigare, le Bojo et sa fishy tie (après la casquette du père Bugeaud) auront marqué l’histoire. Et au fait, le nœud, Trinity knot ou Full Windsor knot ? Je laisse nos spécialistes du Quai d’Orsay se pencher sur la question.

Un Brexit chaud patate en refile de chaudes

 L’arrêt sur arêtes s’est un peu prolongé


Selon le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, Boris Johnson aurait dû annoncer l’accord sur un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne dès 08 :30 ce matin. Mais si le blocus des patates écossaises avait abouti, il resterait à faire avaler quelques arêtes de poissons avant de proclamer l’amitié préservée entre l’île, sa voisine irlandaise, et le continent.

Selon Boris Johnson, l’UE aurait reculé sur les droits de pêche et sans doute Michel Barnier pourra-t-il assurer l’inverse. Selon la presse britannique, le Royaume-Uni aurait concédé de ne se voir rétrocéder que 25 % du montant des produits de la pêche dans ses aux territoriales pour une période de transition s’étalant sur cinq ans et demi. Voici peu, on n’en était qu’à 20 % au mieux. Avant d’aller à la criée pour proclamer l’accord, chaque partie cherchait encore, ce matin, à obtenir un peu mieux en matière de quotas.

En revanche, le projet d’accord désole l’Écosse, pays exportateur de semences de pommes de terre. Il paraît que ces semences peuvent se couper en deux dans le sens de la longueur et non de la largeur. Nicolas Sturgeon, la Première ministre écossaise, n’en a pas moins estimé que l’Écosse s’est vue larguée dans les grandes largeurs. Pour Ian Blackford (SNP), son porte-parole à Westminister, c’est la semence de la discorde et l’heure de l’indépendance écossaise est venune (It’s time for Indy). En revanche, les agriculteurs gallois se disent satisfaits en dépit de taxes frappant leurs exportations vers le continent.

Selon le Daily Mail, Angela Merkel serait intervenue pour que l’UE lâche un peu de lest en dernières minutes.

Les eurosceptiques britanniques veulent maintenant se pencher d’urgence sur les quelque deux milliers de pages du projet d’accord. Ils redoutent qu’il y ait des loups (de mer).

Pour mémoire, le référendum sur le Brexit s’était tenu en juin 2016 et Boris Johnson est devenu Premier ministre en juillet 2019 et il avait présenté ses premières propositions à Bruxelles début octobre suivant. Les négociations sur ces bases avaient débuté début mars 2020.

La matinée s’est écoulée tandis qu’à Bruxelles on discutait encore à propos des maquereaux, des turbots et des crustacés.  Ou comment ajuster les quotas espèces par espèces. Comme l’a relevé le Mail, les montants globaux (60 millions de livres) sont inférieurs à la somme payée par Manchester United à la Juventus pour signer le transfert de Paul Pogba (89 millions).

Nigel Farage (ex-Brexit Party), a certes critiqué cet accord mais aussi considéré qu’il représentait un moindre mal puisque l’essentiel, la rupture avec l’UE était actée.

Selon le correspondant de la BBC à Bruxelles, s’exprimant à près de 14 :00, il faudrait s’attendre à la proclamation d’un accord plutôt dans la soirée qu’auparavant, mais on ne peut plus estimer que le suspense reste insoutenable.

On ne sait certes pas si négociateurs et journalistes vont se faire livrer des pizzas aux fruits de mer ou des sandwiches, mais l’attention se porte déjà sur d’autres sujets