mercredi 9 décembre 2020

Brexit : ce sera Noël aux tisons

Vers d’interminables transactions ?

Comme on imagine mal Ursula von der Leyen et Boris Johnson se congratuler cette nuit ou demain sur un balcon, ce sera sans doute Noël aux tisons, et Pâques au confinement…


Cette nuit, les dés seront-ils jetés au-dessus du fil du rasoir ? Sans doute pas. Avant de prendre l’avion pour rejoindre Bruxelles et Ursul von der Leyen, Boris Johnson a déclaré qu’aucun Premier ministre britannique ne saurait fléchir et se plier aux exigences de l’Union européenne. La presse britannique ou républicaine irlandaise n’a eu de cesse d’employer des expressions imagées. Les dés en seraient jetés et les négociations seraient sur le fil du rasoir. J’ai failli commettre un abominable faux sens quand j’ai lu dans le Daily Express que Lord Ashcroft avait exhorté Boris Johnson de saisir “his marbles tight” et de ne pas flageoler. J’avais failli traduire par « gare à tes gonades ». En fait, cela veut dire garder la tête froide et ne pas fléchir. En fait, quand les anglais perdent leurs billes (et non leurs balles), ils débloquent.

Mais depuis que j’ai entendu un ministre de l’Intérieur français employer le verbe « déconner » publiquement, à la télévision, j’ai l’esprit quelque peu mal placé.

EN fait, l’Express, le Mirror et d’autres titres plus austères laissent plutôt entendre qu’une sorte d’accord pourrait être encore discuté au-delà de Noël et que le Parlement britannique pourrait se réunir pe       ndant la trêve des confiseurs d’avant le réveillon du Jour de l’an.

En gros, la fin est proche, mais pas tant que cela. Un porte-parole de Downing Street a en effet déclaré qu’un accord restait possible, à l’arrache, et ratifié côté britannique à quelques jours de l’échéance. Côté français, la menace d’un veto avait été brandie, puis rétractée. Bref, contrairement à ce qu’écrivait Lénine à Rosa Luxembourg, ce serait encore cette fois, deux pas en arrière mais quand même un pas en avant. Je ne sais si, comme moi, Lénine était fâché avec l’arithmétique, mais peut-être faut-il considérer que les pas en arrière sont plus petits que celui en avant.

À force, le suspense devient de plus en plus soutenable (on finit par s’en battre l’une sans que l’autre bouge). Bien le plus important est révélé par The Evening Standard, le menu : pétoncles et soupe de citrouille et turbot au wasabi. Puis un sorbet à la noix de coco. Bref, sur les droits de pêche, l’Union européenne laisse entendre que le Royaume-Uni pourrait, au final, se casser les dents. En réalité, avec le réchauffement climatique, le Royaume-Uni pourrait devenir le plus grand pays exportateur de noix de coco, et rira bien qui rira (jaune) le dernier.

À part cela, comme le chantait Gilles Servat, je dormirai en Bretagne demain soir, et le Brexit pourra attendre. 

La Fédération galactique n’a pas confiance en l’humanité

Le général Haim Eshed entend des voix extra-terrestres

Tout d’abord, je me suis pincé. La nouvelle m’ayant été révélée par Breitbart, j’ai d’abord cru à une blague. Mais non, le très sérieux Jerusalem Post reprend les propos du général Haim Eshed selon lequel une Fédération galactique a installé une base aux tréfonds de la planète Mars.


Mars présentant des cratères de volcans, les extra-terrestres et leurs invités étasuniens, logés profondémment sous la surface de la planète Mars doivent disposer de super réfrigérateurs. Ou alors, les humains qu’ils ont invité ont muté.

Le général et universitaire Haim Eshed, 87 ans, n’est pas n’importe qui. Il ne serait pas a priori du genre à tenter de promouvoir les ventes de son livre L’Univers au-delà de l’horizon (The Universe Beyond the Horizon, conversations avec le professeur Haim Eshed) en balançant des craques. Cela fait au moins cinq ans qu’il est persuadé de l’existence d’extra-terrestres réunis dans une Fédération galactique. Mais à l’époque, il s’est tu pour ne pas passer pour un illuminé voué à l’internement. Mais comme le chantait Bob Dylan, les temps sont en train de changer, et en dépit des injonctions des petits ou grands être verts ou bariolés, qu’en sais-je, il peut à présent cracher le morceau.

Tant Israël que les États-Unis sont entrés en contact avec la Fédération galactique. Mais elle ne veut pas qu’on le révèle, car l’humanité n’est pas prête à l’entendre. Mais Haim Eshed ne peut plus se taire.

Trump, lui, est dans la confidence, mais pour une fois, il respecte les consignes de l’au-delà. Le général s’est confié à Yediot Ahronot, mais j’ai trouvé la traduction de ses dires dans le Jerusalem Post (en accès libre et en ang.).

Je vous passe les détails car ils sont rares. Les contacts proviendraient d’une base souterraine non pas sur mais sous Mars. Laquelle hébergerait aussi des Étasuniens. Combien ? Comme on ne voit pas trop Trump ne pas se vanter d’avoir atteint Mars en vaisseau spatial terrestre, j’en déduis qu’un Ovni est venu convoyer ces invités de la Fédération galactique.

La Nasa a diffusé une mise au point selon laquelle, même en cherchant bien, elle n’a pas encore décelé de signes de vies extra-terrestres. Ce qui ne prouve rien, car puisque les dites créatures estiment que le moment n’est pas venu d’établir leur existence, ils ont peut-être choisi d’inviter Elvis Presley ou Mikael Jackson plutôt que des scientifiques de la Nasa.

J’ai voulu consulter le communiqué de l’éditeur du bouquin du général. Il s’agit de conversations entre le général et une prête-plume, Hagar Yani (ou Yanai). Il est bien indiqué que le général croit que l’humanité n’est pas seule dans l’univers et qu’elle « doit s’intégrer dans l’harmonie du grand plan ». Quel est ce grand plan ? Le livre étant rédigé en hébreu, le suspense est insoutenable.

Croyez-vous que cela puisse semer le doute chez les croyants de diverses religions ? Pas du tout. Même, au contraire. Le présumé créateur de l’univers infini est encore plus balèze qu’on ne l’imaginait, un Adam, une Eve ne lui suffisaient pas, il lui fallait aussi une, voire des fédérations galactiques.


Bon sang, mais c’est bien sûr, beaucoup de choses s’expliquent. Un ami de culture musulmane mais mécréant n’en considère pas moins que diverses choses consignées dans le Coran peuvent avoir quelques fondements. Par exemple, quand le prophète Mahomet fait un aller-retour éclair de l’Arabie à Jérusalem, c’est peut-être parce qu’il a pris un ovni pour un archange. Mais le pilote lui aurait dicté la consigne de trouver une explication convenable pour l’humanité de son temps.

En quelques siècles, la Fédération galactique n’a pas changé d’opinion sur l’humanité, toujours assez peu évoluée pour recevoir sa révélation. Franchement, je la comprends. Le professeur Eshed avait autrefois publié, avec Doron Shterman un livre Les satellites et l’aube du nouvel espace.

Hagar Yanai, qui cosigne le livre, est une auteure de science-fiction. D’où le soupçon d’une mystification à laquelle le facétieux général aurait donné son aval.

Peut-être afin de pouvoir mieux poursuivre un programme ambitieux de connexion entre des mini-satellites (pour faire plus genre, on les qualifie de nano-satellites, en fait leur poids varie entre un et une dizaine de kilos). Israël en a déjà mis 70 en orbites, le général en voudrait 2 000. L’ensemble fonctionnerait aussi comme un immense télescope. The Deccan Herald relate qu’une trentaine d’instituts indiens sont sur les rangs, en coopération avec Israël et la compagnie néerlandaise Hyperion. L’autre objectif serait de renforcer la coopération éducative.

L’éventualité que le général soit un sérieux farceur (ou inversement) qui s’offre une publicité pour une bonne cause ne peut totalement être écartée. L’humanité a maintes fois prouvé qu’elle peut gober pratiquement n’importe quoi. Cela étant aucun scientifique ne nie la possibilité d’une possible (et pas encore probable) vie extra-terrestre. Pour le moment, le général n’est revenu sur ces déclarations, mais il avait aussi indiqué qu’il n’avait « plus rien à perdre » et que ce qu’il déclarait n’invaliderait pas la crédibilité de ses travaux antérieurs, ni sa réputation internationale.

Dani Di Placido, journaliste pour Forbes, semble accréditer cette hypothèse. Car Eshed déclare que Donald Trump est au parfum, or la possibilité que Trump le taise, et n’y ait jamais fait au moins allusion lors de l’un des rassemblements pro-Trump « est simplement au-delà du possible ». Et puis, il ne faut pas s’exagérer les pouvoirs de ces extra-terrestres même pas capables de faire réélire Trump.

Le résultat immédiat est que le mouvement français raëlien de Claude Vorilhon, dit Raël, qui veut ériger une ambassade pour les extra-terrestres, s’est déjà trouvé une demi-douzaine de concurrents, et autant de comptes Twitter se présentant tels des représentants de la Fédération galactique.

Pour le moment, Donald Trump se refuse toujours à confier à Joe Biden la teneur de ses conversations avec la Fédération galactique 

lundi 7 décembre 2020

François Asselineau, le Donald Trump français ?

 Asselineau et Philippot sèment le doute

Je ne vais pas vous bassiner avec les manigances du Donald Trump, c’est du réchauffé. Mais quand on voit Asselineau (dans une moindre mesure Florian Phillippot) embrayer derrière Trump, il faut peut-être remettre certaines choses en perspective. Déjà, en relevant que si Asselineau et Philippot doutent de la victoire de Trump, ils ont pris les pouls de leurs bases et ne vont surtout pas la contrarier.


Rien de vraiment nouveau du côté de Donald Trump qui veut faire exécuter (gazer ou fusiller) autant de condamnés à mort que possible avant de déserter la Maison-Blanche (mais ce n’est qu’une confirmation). En revanche, sans qu’il faille se l’exagérer, les trumpistes s’en prennent aux biens et aux personnes, et vice-versa car un pro-Trump a vu sa maison incendiée par des explosifs. Ce n’est toutefois pas généralisé.

Voici un moment que je m’inquiète, sans trop la monter en épingle, la contagion de la pandémie trumpiste en France. Ce qui semble certain, c’est que si Florian Philippot reste prudent sur les fraudes électorales aux États-Unis, François Asselineau se montre un peu plus incisif. Sans trop assumer nettement qu’il gobe tout ce que Trump peut dire. Mais leurs partisans s’en chargent.

La nuit dernière, je tombe sur un long plaidoyer pro-Trump d’un soutien de l’UPR (la formation d’Asselineau) sur Agoravox. Dérisoire, étayé surtout par des supputations, mais quand vous consultez les commentaires, vous constatez que le Comité Trump France, sur FB, n’est pas qu’un épiphénomène.

Alors, sans rentrer dans les détails, une mise en perspective des allégations de Trump sur l’élection mérite peut-être d’être remémorée.

Déjà, Trump n’en est pas à son coup d’essai. Avant même d’être le président, dès qu’un titre ou un avantage qu’il convoitait, en tant que bateleur télévisuel ou affairiste, il hurlait à la fraude, au préjudice (c’est parfaitement retraçable). Cela remonte à loin.

Ensuite, dès que les sondages lui ont semblé défavorable, il a prédit que sa réélection lui serait volée.

Il a mis systématiquement en cause les votes par correspondance mais a lui-même voté depuis la Floride.

Il savait parfaitement à l’avance que « le mirage rouge », son avance dans les urnes au soir du 3 novembre était prévisible.

Il a été battu essentiellement par une désaffection (fort marginale, mais significative, en dépit de l’accroissement global de ses suffrages) de trumpistes, femmes ou chrétiens pas trop pratiquants, notamment dans les banlieues les plus peuplées.

Mais surtout c’est le bond considérable de la participation globale (en présentiel ou par correspondance, des trumpistes ont aussi, comme lui, voté à distance) qui lui vaut sa défaite.

En fait, son seul argument, c’est qu’il drainait des foules denses de partisans ne portant pas de masques tandis que les apparitions publiques de Biden étaient beaucoup moins suivies, et que, effectivement, comme il avait appelé aussi à voter en personne, ses électeurs ont été beaucoup plus nombreux à se rendre aux urnes le 3 novembre. Et que les électeurs de Biden n’ont pas trop voulu, masqués, et sans casquette rouge Maga sur la tête, prendre place dans les files d’attente.

En France, il reste plausible d’aller seul dans un bureau de vote d’un secteur de droite en arborant une faucille et un marteau (ou je ne sais quoi), sans être pris à partie par la bonne bourgeoisie (mais des identitaires ne rateraient pas l’intrus). Aux États-Unis, les trumpistes (dont des miliciens, des fanatiques pro-life ou pro-armes) avaient été chauffés à blanc. Pour les démocrates, mieux valait prévenir que guérir à l'hôpital (crainte infondée, les incidents furent rares).

Le vote démocrate aurait été peut-être supérieur si des autorités républicaines ou le Postal Service n’avaient pas compliqué le vote par anticipation (avec des boîtes de dépôt des bulletins supprimées), des retards d’acheminement.

Je ne prends même pas en compte l’échec des poursuites judiciaires intentées par les trumpistes, rejetées pour des erreurs de débutants ou des incompétences, ou à base de on-dit et de témoignages parfois douteux, jamais sérieusement étayés. Les trumpistes pourront toujours dire que les magistrats sont des vendus à l’État profond, que les élus républicains qui ne hurlent pas de concert avec eux sont des corrompus (y compris ceux que Trump soutenait avec enthousiasme antérieurement).

L’alignement sur les méthodes et allégations de Trump de la part, en particulier, des opposants à l’Union européenne, n’est qu’un aspect des choses. Ce sont ses thèmes et méthodes qui inspirent beaucoup plus largement. En particulier la mise en cause des médias présumés d’emblée totalement alignés sur les thèses d’une oligarchie censée être incarnée, sans recul, par l’Élysée.

Et puis, il faut aller « à la halle », écouter des gens sympathiques, que vous estimez toujours sensés la plupart du temps, et qui, petit à petit, voient l’expression de leurs opinions emprunter à des arguments farfelus, à des théories sans nuances.

Prenez le site d’une revue d’assez bonne tenue, Front Populaire (Michel Onfray & co). Même si on n’est pas d’accord avec les articles — enfin, avec tous — les quelques dérapages  ne sont pas trop outranciers, même s’il en est de discutables (je lis, de la part d’un abonné qui n’a peut-être jamais mis les pieds dans un tribunal « une justice sensible à la fragilité si humaine des malfrats », ce qui est contesté et contestable, mais passe encore… on ne va pas s’alarmer de toute opinion mal étayée). Soit. En revanche, consultez donc les commentaires. Comme « les black blocs orchestrés par la gauche républicaine », « une violence orchestrée par une gauche incapable d’accepter le résultat des urnes ». J’ai lu à peu près la même chose côté trumpistes « les démocrates radicaux n’acceptant pas la défaite, et orchestrant les antifas ». Bien sûr, s’expriment encore des réactions divergentes. Mais vient un moment où il devient inutile de débattre, ce qui s'est produit aux États-unis, côté républicains. Quand des publications étasuniennes, conservatrices certes, mais restant sensibles aux réalités contradictoires, se sont vue submergées par un lectorat devenu homogène et encore plus conservateur, que croyez-vous qu’il se soit, ne serait-ce que pour des raisons financières, produit ?

À part cela, Trump a profité d’une seconde remise de décoration à un sportif pour redire qu’il avait gagné l’élection, et la vente des lainages bariolés de Noël avec pour thèmes Maga ou Trumpmas se porte fort bien. Mes préférés ont pour légendes « les médias disent que le Père Noël n’existe pas, fausses nouvelles » ou « Croyez-moi, c’est formidable, si vous dites quoi que ce soit d’autre, ce sont de fausses nouvelles ». Faut il y voir un présage, des vêtements labellisés Trump 2024 ou des boules de Noël font leur apparition sur le marché…

Trump prie Twitter de ne pas le contredire

Bah, faut-il en rire ou en pleurer ?

Je sais, le feuilleton Trump peut lasser. Mais il me permet au moins d’entretenir mon anglais, et puis, par moment, voilà un truc cocasse de… généralement pire. Le dernier message de Trump, vantant les allégations de Benny Johnson, est trop trumpissime pour ne pas être relevé.


Or donc sur Twitter, voilà Trump relayant une intervention de Benny Johnson sur NewsMax. Rien que de l’habituel. Sauf que le Donald enjoint ses avocats de prendre des notes et prie Twitter de ne pas assortir son message d’une mise en garde. Et c’est doublement cocasse, puisque, d’une part, la mention d’usage accompagne le message qu’il répercute. Et puis surtout, que d’autre part, les arguments juridiques du faiseur sont totalement inexistants. Eh oui, j’ai pris la peine d’écouter Benny Johnson, qui ne débite que la propagande usuelle sur la fraude électorale sans apporter le moindre élément nouveau ou surtout probant.

Mais qui est donc ce Benny Johnson, recasé in extremis sur NewsMax ? Sa page Wikipedia est édifiante. Il a été viré de partout pour multiples plagiats. Viré de BuzzFeed, puis de la National Review, puis de Business Insider, et sur le carreau depuis 2007 avant d’être repêché par NewsMax. Pour toute la profession, c’est un bouffon. La plupart du temps, il débite des platitudes patriotiques ou loue la piété des Étasuniens. Bref, un baratineur propre sur lui, bien peigné, bien cravaté, remerciant Dieu d’avoir donné de si beaux paysages aux États-Unis et un génie tel Trump à ce pays. Il fait dans le genre tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil à droite et ouh, ouh, ouh, méfions-nous des si vilains, si vils, méchants-méchants ennemis des libertés garanties par la Constitution. En cas de coup de mou, il vante l'élégance de Melania Trump car il faut bien remplir.

Ce qui ne manque pas non plus de sel, ce sont les efforts de Fox News pour se réconcilier l’auditorat trumpiste. Donc, la chaîne reprend au sérieux les accusations de fraude et relaie une information d’Axios. Selon laquelle, le jour de l’inauguration de Biden, Trump embarquerait à bord de Marine One, puis Air Force One (deux avions présidentiels) pour rejoindre la Floride et un rassemblement de ses partisans. Une manière de signifier qu’il se considère toujours le président légitime. NBC  et le Daily Beast semblent aussi avoir recueilli des informations en ce sens.

Ce qui ferait que, le 20 janvier, Biden assisterait à une cérémonie intimiste (pandémie oblige) tandis que Trump s’offrirait un bain de foule devant les objectifs de multiples caméras de télévision.

Franchement, cela tranche très fort avec le fameux « au revoir » de feu Giscard d’Estaing à la fin de son allocution télévisée à la suite de la passation de pouvoir à François Mitterrand. Trump, lui continuera à regarder la Trumpland aux fond des yeux.

D’ici là, attendez-vous à savoir que Trump multipliera les messages sur Twitter, environ toutes les demi-heures quand il ne jouera pas au golf, pour réaffirmer qu’il a gagné, qu’il est le seul et unique président oint par l’Esprit saint. Avec peut-être des interludes pour réclamer ses deniers du culte.

dimanche 6 décembre 2020

Trump aime les concombres, sans os dedans ?

 Les cucurbitacées pour mieux aller voter

La Floride et la Géorgie sont les deux États fédéraux se disputant la première place pour la production de concombres. En Géorgie, Trump en a donc fait un argument électoral.


Deux sièges de sénateurs sont à pourvoir en Géorgie et Trump est allé soutenir les candidats républicains. Lesquels auraient œuvré en faveur des fermiers de Géorgie. C’est d’ailleurs pourquoi, tout soudain le Donald a fait une déclaration d’amour improvisée aux concombres.

« J’aime les concombres, je suis le seul », a réellement déclaré Trump près d’Atlanta (Géorgie). Tout d’abord, j’ai eu du mal à y croire, mais comme j’ai trouvé deux sources concordantes, je peux l’avaler. Eh bien, ce ne serait pas plus mal si les opposants à Trump se contentaient de lancer des concombres à ses partisans. Car, pour le moment, en diverses localités où se tiennent des rassemblements pro-Trump, c’est plutôt aux vitres et aux pneus des véhicules qu’il s’en prennent.

Venu soutenir, en compagnie de son épouse, les candidats, Kelly Loeffler et David Perdue, Trump les a tout juste laissés intervenir, et s’en est pris surtout à leurs adversaires ainsi qu’à deux élus républicains locaux qu’il accuse d’avoir contribué à lui voler sa réélection.

Mais son obstination n’est pas sans avantages pour lui. Il continue à engranger des dons et bloque les candidats à sa succession, en 2024, à se déclarer. L’autre fait du jour, c’est que, selon les résultats d’un questionnaire du Washington Post, sur 249 parlementaires républicains des deux chambres, seuls 27 veulent bien clairement concéder que Biden l’a emporté. Il s’en trouve même au moins deux pour déclarer que Trump a gagné et huit pour justifier l’obstination du president-eject. Il ne s’en trouve que huit à critiquer ses manœuvres judiciaires. Mais 32 veulent bien reconnaître Biden pour président si et seulement si les grands électeurs finissent par tous se prononcer de la sorte.

Mais il s’agit surtout de parlementaires qui ne se représenteront pas ou provenant de districts dans lesquels Biden l’a emporté très largement.

Cela se conçoit, Trump, clamant qu’il lisait le Washington Post « aussi peu que possible », a minoré le nombre des Républicains de nom seulement à 25 (contre 27) et demandé dans un message Twitter, qu’on lui communique les noms des renégats, les Rinos (Reps in name only). Il s’en est déjà pris vivement à deux gouverneurs, et à de nombreux autres élus régionaux.

Croyez-le ou non, mais il se trouve des trumpistes qui croient que le Donald est mort de la covid, mais qu’il ressuscita ensuite, tel un Jésus septuagénaire.

Le dernier sondage sur la question indique que les électeurs de Trump ne sont que 3 % à penser que Biden est un président légitime, rapporte le quotidien The Hill (D. of C.).

À tort ou à raison, Je Concah, de The Hill, prédit que Trump n’assistera pas à l’inauguration de Biden et attirera les caméras à lui en se déclarant candidat à l’élection de 2024. Le suspense est intolérable : les autres amateurs de concombres vont-ils voter pour ou contre lui ? Les concombres constipent-ils ou font-ils mieux aller à l'urne ? 

Laïcité et sens du divin, avec Denis Guénoun

 Spécial copinage (bis) et copié-collé

Les éditions genevoises Metispresse viennent de faire paraître un Avec Denis Guénoun (hypothèses sur la politique, le théâtre, l’Europe, la philosophie). Juste à temps pour l’épilogue du Brexit. Mais parlons d’autres choses… Le Brexit attendra.


Ce livre, Avec Denis Guénoun rassemble des textes de Robert Abirached, Romain Bionda, Bernard Bloch, Jean-Baptiste Brenet, Judith Butler, Christophe Chalamet, Danielle Chaperon, Michel Deguy, Thomas Dommange, Olivier Dubouclez, Éric Eigenmann, Marc Escola, Denis Guénoun, Émeline Jouve, Esa Kirkkopelto, Nathalie Kremer, Jean-Louis Jeannelle, Alexis Leprince, Hervé Loichemol, Bénédicte Louvat, Lise Michel, Jean-Luc Nancy, Maria J. Ortega Máñez, Martin Rueff, Stanislas Roquette, Ivan Segré, Patrick Suter et Jérôme Thélot. Il s’agit en fait des actes d’un colloque. Ce, sous la direction d’Éric Eigenmann, Marc Escola et Martin Rueff. J’ai dû lire Rueff à l’occasion, de larges extraits des ouvrages de Robert Abirached, mais pour être franc, le théâtre et moi, cela fait deux (béotien je reste, et spectateur occasionnel, sans plus). Mais en ces temps d’interlude du confinement, d’autres pourraient être tentés de se rendre au studio Hébertot (ex Théâtre des Batignolles) pour une nouvelle interprétation de Stanislas Roquette de la pièce de Denis Guénoun Qu’est-ce que le temps ? Le Livre XI des Confessions d’Augustin. Histoire de vous épargner davantage de copié-collé, mieux vaut ici consigner le lien vers le site du studio Hébertot. Quant au livre, il est paru aux éditions Metispresses de Genève, mais il peut être commandé dans toute bonne (voire mauvaise) librairie métropolitaine ou ultramarine.

Comme je n’ai pas lu ce livre (qui me sera volontiers prêté par une amie commune, et dont je tenterai de comprendre au moins l’essentiel), parlons de tout autre chose. Le titre me rappelle le fameux Pour en finir… avec Guy Debord d’un célèbre confidentiel, Toulouse-la-Rose (aussi auteur d’un Debord contre Debord, et de quelques autres ouvrages, plaisants petits cailloux d’une vie à multiples rebondissements). Pour en finir est assurément épuisé (notre commun éditeur, Talus d’approche, tout autant). Mais pour continuer avec Denis Guénoun, j’enjoins mes amis laïcs, libres penseurs et penseuses, à consulter le Journal public de Denis Guénoun.

Comme chantait sœur Dominique-nique-nique, il ne parle que du Bon Dieu (j’exagère grave). Ce n’est pas un dieu des bondieuseries, mais une réflexion sur le divin, pas trop ardue, même si érudite, et ne manquant pas d’humour à l’occasion. Deux petits extraits :

« Le concept des fesses de Dieu a été rarement problématisé ». Michel Ange, précurseur de Charlie Hebdo ?

« Dire divin est une tentative de qualifier le sens inconnu qui parcourt l’univers ». Et aussi une synthèse « des dieux qui (…) sont des fabrications humaines. ». Au passage, je regrette que la démonstration ne repose que sur la mythologie gréco-romaine, laissant de côté les animismes (amérindiens, autres).

À l’intention des élèves de terminales et des descendants des rapatriés du Maghreb, je signale le fragment consacré à Camus. Lecture très prenante évoquant longuement l’Oran d’alors. Beaucoup de food ou things for thought. Digression, Camus, « Philosophe anarchiste et libertaire » et « James Dean de la philosophie » selon Michel Onfray, est statufié à Paris, Dinan, Nice (peut-être ailleurs, je n’ai pas trouvé de recension, mais pas à Angers jusqu’à nouvel ordre, un oubli sans doute, mais la ville compte un boulevard et un lycée de ce nom).

Pour les nostalgiques des années 1950, lire aussi le fragment sur la colonie de vacances de La Peyrouse (Drôme). On peut piocher une peu de tout dans les huit pages de ce Journal, dont des choses vues, des anecdotes parfois cocasses. Il faut baguenauder.

Il faut cheminer jusqu’à, pour qui lit l’anglais, un fac simili d’un article du Times Literary Supplement sur le livre About Europe, de Guénoun. Son titre « Exit strategy ». Au jour, voire à l’heure, du Brexit tactique, cela donne aussi matière à penser.


Je vous entretenais hier de l’emprise bureaucratique qui semble submerger les éditions du Temps des cerises. J’imagine que, pour marxiste qu’il demeure, Denis Guénoun n’aurait plus sa place dans cette maison ? Pourquoi ce rappel accessoire, superflu ? Comme cela, pour gamberger. Parce qu’il m’est venu d’aller consulter le catalogue des éditions Metispresses, et qu’il me revient que le précédent livre de Guénoun, Trois soulèvements, judaïsme, marxisme et la table mystique est aussi paru en Suisse. Je n’en tire aucune conclusion sur l’édition française sur laquelle j’ai lu quelque part (un journal) qu’après les pertes découlant des deux confinements, elle se repliera sur des valeurs commercialement sûres ou des thèmes vendeurs (ouvrages historiques, sur l’écologie, le féminisme, par exemple, chez Belin). Je le glisse à Denis Guénoun, au cas où il se sentirait en panne d’inspiration pour son journal, il pourrait aborder le thème de l’édition et des éditeurs. Fin de la digression.

Je n’ai pas vu la pièce Qu’est-ce que le temps ? Mais j’en ai entendu causer. Il s’agit d’un spectacle plutôt physique, Stanislas Roquette étant un acteur très énergique, et bizarrement, ce qui frapperait la salle, c’est qu’elle confie « on se sent penser avec lui » (Roquette, pas l’Augustin carthaginois ou de Thagaste, Souk Ahras, dont j’ignore les gentilés). Pour les curieux, sachez qu’une traduction vers le français du livre XI des Confessions, qui s’intitule Méditation sur l’écriture, est consultable en ligne.

Vous trouverez sur le site de l’auteur (Guénoun, pas Augustin), une bande-annonce du spectacle.

Pour ne pas tomber trop bas dans le bavardage, je me dispense de chute pour cette contribution (sous vos remerciements de soulagement)

samedi 5 décembre 2020

L’éditeur Le Temps des cerises liquidé par le PCF ?

Encore un spécial copinage

J’avoue, je n’ai aucune opinion fondée (à la suite d’une investigation) sur la vraisemblable prise de contrôle de la maison d’édition Le Temps des cerises par le PCF. Je relaye juste l’appel d’un copain (enfin, plutôt cobibine), l’écrivain Alain (Georges) Leduc, ancien auteur de la maison. Signataire d’une tribune parue dans Marianne.


Or donc, Marianne a publié (en accès libre), une tribune libre intitulée «  Le Temps des cerises est en danger ». Moi et les pétitions, cela fait deux. D’accord, j’avais rencontré Cesare Battisti, connu des Italiens réfugiés en France, et sous l’amicale recommandation d’amis de l’association 813, rédigé un court texte , non pour exonérer Battisti de ses actes antérieurs, mais pour considérer que la parole donnée valant quelque chose, je ne voyais pas l’urgence de l’extrader vers l’Italie.

Je viens cependant d’estimer que puisque l’ami (au fil du temps, c’est davantage qu’un copain) Alain (Georges) Leduc m’incite à le rejoindre dans la défense et illustration de la maison d’édition Le Temps des Cerises (au fait qu’en pense Éric Poindron ?), eh bon, allez donc…

J’étais auparavant au fait des démélés de Marc Lacroix avec la direction de cette maison pour laquelle, par idéalisme (on va dire ainsi), il s’est privé, lui, sa famille. C’est un peu de ma part, du dropping names. Mais Marc Lacroix a consacré beaucoup d'argent à tenir cet éditeur la tête hors de l'eau. Et l'actuelle direction semble vouloir l'oublier, lui, et sa créance minime (par rapport à ses dons).

Je ne connais pas davantage Lacroix  que Freddy Huck, le nouveau dirigeant du Temps des cerises.

Et pour tout vous dire, hors du microcosme de l’édition, je sais, j’aurais dû tenter de rester dedans, préserver mes relations avec Grasset, par exemple, franchement, je ne saurais me prononcer. Toujours est-il que, comme le relevait Woody Allen, le journalisme, c’est parfois « ils disent, ils disent ».J’ai souvent répercuté son « un quart d’heure d’antenne pour Hitler, un autre pour les déportés » (en substance, donc pas d’italisation entre les guillemets). Il m'aurait fallu donc au moins un peu enquêter. Il se trouve que, peut-être, Freddy Huck gênait ailleurs et que, pour qu'il puisse cotiser jusqu'à la retraite, on l'ait recasé ainsi. Supposition purement gratuite. Cela s'est vu dans le journalisme, avec un redchef devenu tellement insupportable pour une rédaction qu'on l'a envoyer sévir ailleurs (dans un autre titre, où il fit les même dégâts) avant de l'aider à se recaser loin du ce groupe de presse. Pas de nom ici, l'infâme et infime D.R. se reconnaîtra.

Le journalisme, ce n’est pas assener du jus de tête en le faisant passer pour des réalités. Je ne sais pas du tout si, comme Alain (Georgess) Leduc, il faut dire : « Halte-là ! à ces gens-là, comme l’avait jadis Louis Aragon aux tenants du réalisme socialiste. la grisaille brjenévienne serait-elle de retour place du colonel Fabien ? ». La référence à Aragon, venant d'Alain, de la société des amis de Roger Vailland, ne manque pas de sel. En épurateur purgatif, Aragon excella aussi.

Déjà, cette référence à Brejniev heurte mon corporatisme journalistique. Le confrère Brejnev ne fut-il pas estimé « premier journaliste de l’Union soviétique » ? Il faut arrêter de taper sur les journalopes. Alain en étant aussi un autre, je l’enjoins à un peu de retenue.

Vous aurez compris, je l’espère du moins, que là, j’exprime des opinions et ne prétend nullement énoncer autre chose. J’avance une hypothèse. Le Temps des cerises avait publié un Isabelle Repiton et Pierre Cassen intitulé Touche pas à mon plomb. Pierre Cassen, depuis chantre de Riposte laïque. Un site plutôt xénophobe, très proche du Rassemblement national. Et je ne vois pas pourquoi la maison ne publierait pas de nouveau un Pierre Cassen sur des sujets non polémiques. Christian Lacroux, de Fornax, n’y verrait sans doute rien à redire, alors qu’il se défini anar. Là, c’est juste pour caser un autre ami (dont j’ai déjà évoqué les démêlés avec la Ville de Paris).

Ma conviction est que la maison Le Temps des cerises est essentielle car autrefois susceptible de perdre de l’argent en publiant des choses non accessoires mais peu rentables. Il en était de même aussi des éditions Messidor (Miroir du cyclisme, Pif le chien). Son siège était sis fg du Faubourg-Poissonnière. Nous étions voisins. Ce que je vois, c’est que le site de la maison Le Temps des cerises fait la part belle à des ouvrages relatifs à l’histoire du PCF. Pas trop des trucs qu’on a envie d’emblée d’ajouter au panier. Et que des Leduc, ne subsiste que Le Grand Diable Mammom d’argent, livre épuisé. Il en fut d’autres.

Et je ne trouve plus l’auteur Cassen. Mais je retrouve Au Temps du plomb avec la recherche « plomb », assorti de la remarque « cet auteur n’a pas de description pour le moment ».

Je n’en tire aucune conclusion abusive. Je pose simplement la question : le PCF veut-il se délester d’un poids mort ? Si le parti des fusillés et des épurateurs quelque peu parfois partisans autrement souhaite un droit de réponse, bien évidemment, il ne sera pas ici caviardé. Le journalisme ne consiste pas qu’à renvoyer l’ascenseur et faire la promotion de ses informateurs et amis. 

Inimitiés policières : contagion ou pandémie ?

Il y a de tout dans la police et la population

Hier, faute de temps ou de forte envie, je me suis retenu de faire la pub (disons la promotion) du livre d’un commissaire de police. Il n’est jamais trop tard pour bien faire et remettre en perspective aussi.


Or donc, hier, sur le site du Figaro, s’exprimait le commissaire Patrick Visser-Bourdon, auteur principal, ave Jean-Marie Godard, d’
Une vie de flic, chez Fayard. Au nombre de ses propos un « qu’ils se débrouillent ! » émanant de subalternes écœurés et réticents à répondre aux demandes d’interventions dans des zones, mettons, peu sûres. La couverture du livre montre un migrant mineur que le commissaire aida dans le cadre d’un regroupement familial au Royaume-Uni. Résumons, oui, dans la réalité, il y a aussi des policiers tels qu’ils sont dépeints dans les séries policières télévisées (lesquelles, à quelques nuances près, rares, mettent bien en scène des individus douteux mais font globalement l’éloge de la police et de la gendarmerie). Mais il y a bien sûr quelques revers à la médaille et le commissaire n’est pas dans leur déni systématique, il les remet simplement dans sa perspective découlant de sa pratique professionnelle. C’est très recevable et mesuré. Peu déontologiquement reprochable si, par ailleurs, Patrick Visser-Bourdon faisait des piges pour la presse.

L’actualité du jour, c’est qu’après que Macron ait considéré pour le média Brut que les contrôles au faciès sont un peu plus fréquents que souhaitable (le verbatim emploie « insoutenable »), des syndicats de policiers appelleraient à l’arrêt des contrôles d’identité. J’emploie le conditionnel parce que je ne sais s’il s’agit d’un arrêt généralisé ou non, soit arrêt dans les quartiers difficiles et routine là où cela ne pose pas problème.

L’autre actu, c’est que la syndicaliste policière Linda Kebbab annonce « le lancement d’une plate-forme pour dénoncer les discriminations », en soulignant qu’il en préexiste une autre, officielle, au moins pour l’Outre-Mer. Bien, il y a aussi une Défenseure des droits.

Cela pourrait paraître une bonne initiative, sauf que je crains que celle ou celui dénonçant un contrôle au faciès, même avec la plus parfaite bonne foi, même es qualité de fonctionnaire de la plus haute catégorie ou de décoré d’un ordre ou d’un autre, rechigne à communiquer ses données. Juste au cas où, de nouveau contrôlé, cette fois en infraction, en contrevenant mineur, admettant bien volontiers être en stationnement irrégulier ou avoir omis d’actionner un clignotant, on puisse aussi lui reprocher son signalement antérieur. J’dis cela, j’dis rien, c’est une insinuation gratuite, que je conviens exagérée. En tout cas, si j’estimais, à tort, voir mon identité contrôlée parce que je serais muni d’un appareil photo, je préférerai l’écraser, soit m’abstenir de signaler. J’ai appris à ne pas redouter la facilité, à éviter de me retrouver banni de main courante (la consultation des mains courantes permettant de remplir la chronique des petits-faits divers dans la presse régionale). Mais, sachons raison garder et ne pas monter en épingle une ou deux anecdotes isolées.

Et puis, sur une grosse affaire, mettant en valeur des enquêteurs et leur hiérarchie, je ne vois pas la police, ni même les policiers intéressés, reprocher à un journaliste de Marianne, même s’il s’agissait d’Étienne Girard, d’avoir commis cet article sur « l’univers impitoyable des PV covid ». Il est en accès libre, plutôt édifiant. Il pêche cependant par refus de ne pas affronter résolument la facilité d’ajouter que, par ailleurs, lors des contrôles d’attestation de déplacement, de nombreux policiers peuvent se montrer compréhensifs, voire tolérants. Oui, des SDF se sont vus contrôlés, sanctionnés, mais force m’est de constater que, là où ils sont nombreux, les policiers s’abstiennent de faire du chiffre.

Cela étant, les exemples relevés dans Marianne sont édifiants. Le cas d’un éducateur senior ayant eu l’outrecuidance de demander la raison de son contrôle et se retrouvant verbaliser pour absence de masque mais aussi usage irrégulier d’un moyen de transport et tapage « pour un total de 338 euros », alors qu’il assure avoir porté son masque et être resté calme, laisse imaginer qu’il n’aurait pas eu recours à la plate-forme de Linda Kebbab, fusse-t-il aussi basané. Cet éducateur se prénomme Omer. Étienne Girard prend au moins la précaution de noter « des affirmations qu’il lui faut maintenant prouver ».

En effet, en matière de contravention, la décharge de la preuve incombe au contrevenant.

Je ne sais si cet Omer a fait ou non posément remarquer qu’il collaborait régulièrement avec la police et si les policiers ont estimé que cette remarque équivalait à une manifestation « d’arrogance ». J’ai eu à connaître d’un cas semblable (non pas celui d’un indicateur mais d’un ex-collaborateur d’un ancien ministre de l’Intérieur, il n’a cependant pas été poursuivi pour outrage).

En gros, cela n’arrive pas qu’aux autres. Le syndicat Alliance PN remarque que « la police n’est pas raciste, elle ne choisit pas sa délinquance ». Effectivement, être propre sur soi et de type nordique mais délinquant ne garantit pas la mansuétude, et cela se conçoit fort bien.

La police, comme la presse d’ailleurs, se voit fréquemment reprocher d’en faire soit trop, soit pas assez. La presse pourrait aussi se mettre en retrait, sur une ligne éditoriale « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. ». Passer sous silence tout ce qui pourrait fâcher. Bref, on ne retient que ce qui nous arrangerait. Or, dans les propos de Macron sur la police, il y en avait bien qui plaidaient pour une certaine indulgence à l’endroit de policiers exerçant des violences illégitimes, découlant de violences inverses.

Le problème de cet article 24 est parfaitement similaire à celui des « pv caniveau » (voir l’article de Marianne), rien n’empêche un, des policiers étant filmés d’interpréter cela comme une intention de nuire et de prendre des mesures, parfois musclées, de prévenir une intention toujours interprétée malveillante. Qui s’oppose à cet article ne cherche pas du tout à protéger des casseurs ou à légitimer les actes à l’encontre des policiers. des syndicats de police en sont conscients mais laissent l’impression qu’ils ne veulent pas l’entendre. Voire qu’en représailles, ces syndicats chauffent l’opinion contre la presse. On voit cela cela donne aux États-Unis. Permettez qu’on puisse s’en inquiéter. 

vendredi 4 décembre 2020

Le Wall Street Journal lâche Trump

Net démenti et condamnation provisoire de NewsCorp

Cela vaut vraiment d'être relevé : dans un éditorial, le Wall Street Journal (NewsCorp, WSJ, Fox News et New York Post) indique clairement que Donald Trump a perdu sa réélection. Qu'importe, ce qui prédomine, c'est la crainte qu'il affaiblisse les chances de voir deux sénateurs (dont une sénatrice) de Géorgie, laissant le Sénat aux mains des démocrates.


Cela pourrait être un coup très dur pour Trump, mais il en a vu d'autres, et le désaveu du WSJ n'est peut-être que provisoire. Ce quotidien, comme le Post, NYP, fait partie de la presse Murdoch. Fox News aussi, qui a vu son audience chuter, et tente de se refaire une santé en se mettant moins la Trumpland à dos. Pour le Post, c'est à peu près la même chose : surtout ne pas s'aliéner la Trumpland.
Mais le WSJ, c'est les gros sous d'abord. Donc un Sénat républicain. Et la majorité sénatoriale républicaine dépend d'une sorte de second tour en Géorgie, le 5 janvier.

Or, un sondage donne déjà le candidat sénateur démocrate Warnock devant son adversaire. Pour le second siège, c'est presque moitié-moitié. Il faudrait que les deux démocrates soient élus pour que la présidence Biden ne soit pas paralysée (on serait à 50-50, mais la voix de la vice-présidente Harris compterait double). Mais il faut aussi considérer qu'un sénateur républicain tiède, pas trop trumpiste, fasse défection sur des dossiers financiers.

Trump va se rendre en Géorgie pour soutenir Kelly Loeffler et David Perdue, les deux républicains. Mais alors qu'il a profité d'une remise de médaille (à un entraîneur de foot américain), il en a profité pour seriner tout le monde avec les fraudes électorales. Au point que CNN a préféré ne pas relayer ses dires. Il est donc redouté qu'en Géorgie, il recommence son cirque et critique les autres républicains du cru qui lui auraient failli en ne prenant pas assez les supputations de fraude au sérieux et en concédant que la victoire revint à Biden. De quoi diviser l'électorat, et de mobiliser celui des démocrates. Warnock, proche de Bernie Sanders, est un épouvantail pour la Trumpland et même l'électorat républicain modéré (enfin, ce qu'il peut en subsister). Trump a fait perdre des voix, notamment à Atlanta et, horreur, dans ses banlieues, et même d'autres. Pour la direction éditoriale du WSJ, en cas de perte de ces deux sièges, ce serait la faute de Trump. Il faut donc qu'il change de ton, du moins, provisoirement. L'édito critique aussi Trump qui pompe des donations pour préparer sa réélection en 2024.

Cela étant, on peut se demander s'il ne s'agit pas aussi pour la presse Murdoch d'une manière d'indiquer à Trump qu'il faut qu'il cesse de faire de la publicité pour les concurrents de Fox News (Oann et NewsMax, qui continuent à conforter les supputations de fraude et s'en prennent à présent à Barr, le ministre de la Justice, pourtant ardent trumpiste et exécuteur de basses œuvres, mais qui n'aurait pas assez, jusqu'à présent du moins, trouvé autant de cas de fraudes qu'il conviendrait). Barr a certes dit que la pêche n'était pas encore bonne, mais qu'elle se poursuivait.

Pour le moment, Trump n'a pas répliqué par un fake news. Il a accordé un sursis à Barr, qui pourrait garder sa confiance s'il changeait son fusil d'épaule, mais rien encore sur l'édito du Wall Street Journal. Le titre, après le dépouillement de l'élection du 5 janvier, si satisfaisante pour les républicains, pourrait d'ailleurs aussi faire machine arrière. Sans doute pas en disant que finalement, l'élection de Trump fut truquée, mais en ne contrariant pas ses ambitions. Donc en le citant, en publiant des photos, en remémorant les hauts faits de sa présidence.

Trump étant immensément revanchard (il adore virer les mous, les contradicteurs, même timides), s'il continuait à poursuivre de sa vindicte trop d'élus républicains, à pousser des candidatures d'ardents trumpistes lors de primaires dans les États fédéraux, le risque d'une scission au sein du parti républicain semble plausible. Ou qu'une partie de l'électorat centre-droit républicain fasse défection, s'abstienne. La direction du WSJ a sans doute pris le pouls de son lectorat avant de se montrer si critique. Ce n'est certes pas celui de la majorité de la Trumpland qui préfère les pages sportives d'autres quotidiens plus accessibles. La même édition se montre critique à l'égard de la juriste Jenna Ellis (embauchée pour rejoindre l'équipe juridique de Trump), qui n'a pas fait ses études dans une université de l'Ivy League, fut auparavant une piètre avocate (ne traitant que de petits dossiers, genre infractions routières et affaires familiales). Un autre article s'en prend à une autre juriste trumpiste, Sidney Powell, une quasi-illuminée ayant vu partout la main de l'étranger. Dans un autre article sur la démission d'une communicante de la Maison Blanche (Alyssa Farah), il est aussi rappelé qu'aucune preuve de fraude électorale massive n'a pu être produite. Pour le Journal, une page semble tournée.

mercredi 2 décembre 2020

Black blocs, du grand n’importe quoi

 Amateurs d’émotions fortes ou réels protestataires ?

Présenter les membres de la nébuleuse black blocs tels des voyous n’est pas trop loin de réalité. Ils cassent, nous payons (contribuables, assurés, consommateurs). Quant à savoir qui les instrumentalise le mieux, c’est une autre histoire.


Voici peu, réagissant à des propos la policière syndicaliste Linda Kebbab, je n’excluais pas que des pendants des Boogaloo Boys étasuniens aient infiltré les black blocks. Il se trouve que les membres de Strasbourg Offender, labellisés néo-nazis par Mediapart, s’étaient infiltrés dans les rangs des manifestant contre la loi de sécurité globale. En fait, ils n’étaient que 14 à vouloir « cherché en vain des antifacistes ». Faut-il rappeler que les antifas se manifestent davantage sur les réseaux sociaux, pour dénoncer tel ou telle tenant des propos douteux ou aux comportements discutables, que lors des manifestations ? On peut d’ailleurs se demander si antifas se mêlant aux black blocs et néo-nazis ne sont pas fondamentalement les deux faces d’une même réalité.

Soit, selon Causeur, des gens majoritairement jeunes, las de ne s’exciter que devant des écrans affichant des jeux violents ou de jouer au paint-ball (je n’ai pas trouvé de traduction, de même pour airsoft), jeu un cran au-dessus d’une bataille avec des pistolets à eau. Cela étant, je n’irai pas extrapoler à partir d’un seul exemple ma comparaison entre ces Offenseurs strasbourgeois et les Boogaloo Boys... Cela reste une hypothèse quelque peu hasardeuse.

Toutefois, les jugements de trois casseurs de Toulouse révèlent un insolite échantillon. Soit un intérimaire alcoolisé, deux ados, dont l’un de 15 ans, fils de diplomate. Cela me semble assez loin de jeunes fanatisés par l’ultra-gauche que dénonçait Linda Kebbab. Laquelle, tout comme le courageux syndicaliste policier Alexandre Langlois (ex-Vigi Police) qui vient de demander une rupture conventionnelle, se pose des questions à propos de la façon policière (soit, ici, de la hiérarchie) de traiter ces casseurs.

Faut-il d’ailleurs les cataloguer tous extrême ou ultra-gauche ? Ou, comme Linda Kebbab les cataloguer « manifestants dangereux ». Dangereux, certes, manifestants, peut-être, car des manifestants ne se contrôlant plus car colériques ou outrés par des violences illégitimes de policiers, ce ne peut être exclu.

Mais comme la droite la plus dure et la droite extrême ne cessent, comme Trump, de se définir en partisans de la loi et de l’ordre, et de réclamer davantage de moyens pour les policiers, et de dénoncer les casseurs d’ultra-gauche, des syndicats de policiers se gardent bien de les contredire.

Linda Kebbab estime que « la police est instrumentalisée par le politique ». L’inverse serait-il tant sans fondement ?

En fait, il est difficile de cerner ce qui compose le « bloc noir ». Pour apporter une nuance à ce que relate (ou invente) Causeur, il convient de remarquer qu’on trouve aussi des jeunes et moins jeunes femmes dans la galaxie des cagoulé·e·s de noir.

Ce n’est pas pour critiquer Marine Le Pen parce qu’elle est Marine Le Pen que je relève qu’on ne peut dissoudre une mouvance floue. Mais que, même si elle était mieux identifiée, elle se reformerait (comme les groupuscules d’extrême-droite) sous une autre appellation. Et puis, l’arsenal juridique existant suffit en général largement (ce qui vaut aussi pour l’article 24 de la loi sur la sécurité, qui ne vise en fait qu’à pomper des voix d’électeurs policiers, gendarmes, voire militaires, cette appréciation étant discutable, j’admets).

Enfin, il est faux d’avancer que les « journalopes » ou la gauche exonère systématiquement le bloc noir de ses responsabilités. Certes, Yannick Jadot et d’autres ne sont pas à la gauche de la gauche du mouvement écologiste, tout comme Xavier Bertrand ne se situe pas à la droite de la droite. Et le préfet Didier Lallement n’est pas tout à fait le préfet Chiappe (soutien des ligueurs des années 1930).

Ce qui semble sûr, c’est que la police n’est pas formée, comme l’étaient des forces spéciales australiennes en Aghanistan, à former les récentes recrues à tuer, égorger des civils, tout comme les militaires français au Tchad, encadrés par de jeunes officiers formés à Saint-Cyr, pendaient des paysans par les pieds pour leur enflammer un brasier sous la tête (fameux article du Spiegel de l’époque).

Il n’existe pas de défiance généralisée de la police de la part des justiciables lambda, juste une méfiance qui devient plus générale. Cela tient aussi à de petites choses, comme cette policière, alors je tentais d’argumenter que la situation n’était pas tout à fait comme elle l’interprétait et montre son badge du doigt en me disant « il ya marqué police, là ». Ce qui venait à signifier « tais-toi, je n’ai rien à entendre d’un justiciable ». Ou ce petit gradé auquel je disais que l’on allait raccompagner un jeune homme un peu éméché et seulement bruyant qui me rétorquait : « on peut aussi vous embarquer », voussoyement sans doute dû à mes cheveux blancs ?.  Je me plais à souligner le comportement irréprochable et courtois d’autres policiers (ce n’est pas la première fois). L’entretien entre Charlotte Herzog, du Monde et le sociologue Mathieur Zdagtrodzki, me semble assez significatif de l’attitude de syndicats policiers clientélistes. C’est en accès libre.

Si, non pas la police, mais des policiers, croient que l’opinion de droite leur sera toujours favorable, qu’ils se dessillent. Une culture de l’impunité leur fera tôt ou tard se la mettre à dos, comme par le passé. Pour le moment, la droite ne s’en prend qu’à l’institution judiciaire (estimée outrancière dans des affaires de fraude fiscale, d’abus de pouvoir, notamment). L’institution policière, laissée à elle-même, suivra.

Je me souviens de cet ancien directeur de maison d’arrêt de Belfort, ancien militaire, me disant que « les réformes pénitentiaires ont toujours suivi l’incarcération de gens n’ayant, a priori, rien à faire en prison. ». Il faudrait peut-être que certains syndicats de policiers viennent à y réfléchir. Alexandre Langlois estrime qu’’il n’ y a plus de moyen de se faire entendre à l’intérieur de la police et considère que les policiers ont peur, non pas de la population, de la hiérarchie. Je ne cautionne pas tous ses propos, faute d’avoir enquêté. Les policiers devrait se souvenir de l’épuration à la Libération, parfois abusive et biaisée, et se dire que sous l’uniforme, ils restent des travailleurs, dispensables donc limogeables au gré des intérêts du moment. Dont ceux d’autres policirers. Au fait, Linda Kebbab, pourquoi, sur la couverture de vore livre, vote visage n’est-il pas flouté ?