Asselineau et Philippot sèment le doute
Je ne vais
pas vous bassiner avec les manigances du Donald Trump, c’est du réchauffé. Mais
quand on voit Asselineau (dans une moindre mesure Florian Phillippot) embrayer
derrière Trump, il faut peut-être remettre certaines choses en perspective. Déjà, en relevant que si Asselineau et Philippot doutent de la victoire de Trump, ils ont pris les pouls de leurs bases et ne vont surtout pas la contrarier.
Rien de vraiment nouveau du côté de Donald Trump qui veut faire exécuter (gazer ou fusiller) autant de condamnés à mort que possible avant de déserter la Maison-Blanche (mais ce n’est qu’une confirmation). En revanche, sans qu’il faille se l’exagérer, les trumpistes s’en prennent aux biens et aux personnes, et vice-versa car un pro-Trump a vu sa maison incendiée par des explosifs. Ce n’est toutefois pas généralisé.
Voici un
moment que je m’inquiète, sans trop la monter en épingle, la contagion de la
pandémie trumpiste en France. Ce qui semble certain, c’est que si Florian
Philippot reste prudent sur les fraudes électorales aux États-Unis, François Asselineau
se montre un peu plus incisif. Sans trop assumer nettement qu’il gobe tout ce
que Trump peut dire. Mais leurs partisans s’en chargent.
La nuit
dernière, je tombe sur un long plaidoyer pro-Trump d’un soutien de l’UPR (la
formation d’Asselineau) sur Agoravox. Dérisoire, étayé surtout par des
supputations, mais quand vous consultez les commentaires, vous constatez que le
Comité Trump France, sur FB, n’est pas qu’un épiphénomène.
Alors,
sans rentrer dans les détails, une mise en perspective des allégations de Trump
sur l’élection mérite peut-être d’être remémorée.
Déjà, Trump
n’en est pas à son coup d’essai. Avant même d’être le président, dès qu’un
titre ou un avantage qu’il convoitait, en tant que bateleur télévisuel ou
affairiste, il hurlait à la fraude, au préjudice (c’est parfaitement retraçable).
Cela remonte à loin.
Ensuite,
dès que les sondages lui ont semblé défavorable, il a prédit que sa réélection
lui serait volée.
Il a mis
systématiquement en cause les votes par correspondance mais a lui-même voté depuis
la Floride.
Il savait
parfaitement à l’avance que « le mirage rouge », son avance dans les
urnes au soir du 3 novembre était prévisible.
Il a été
battu essentiellement par une désaffection (fort marginale, mais significative,
en dépit de l’accroissement global de ses suffrages) de trumpistes, femmes ou chrétiens pas trop pratiquants, notamment
dans les banlieues les plus peuplées.
Mais surtout
c’est le bond considérable de la participation globale (en présentiel ou par
correspondance, des trumpistes ont aussi, comme lui, voté à distance) qui lui
vaut sa défaite.
En fait,
son seul argument, c’est qu’il drainait des foules denses de partisans ne portant
pas de masques tandis que les apparitions publiques de Biden étaient beaucoup
moins suivies, et que, effectivement, comme il avait appelé aussi à voter en
personne, ses électeurs ont été beaucoup plus nombreux à se rendre aux urnes le 3 novembre.
Et que les électeurs de Biden n’ont pas trop voulu, masqués, et sans casquette
rouge Maga sur la tête, prendre place dans les files d’attente.
En France,
il reste plausible d’aller seul dans un bureau de vote d’un secteur de droite
en arborant une faucille et un marteau (ou je ne sais quoi), sans être pris à
partie par la bonne bourgeoisie (mais des identitaires ne rateraient pas l’intrus).
Aux États-Unis, les trumpistes (dont des miliciens, des fanatiques pro-life ou
pro-armes) avaient été chauffés à blanc. Pour les démocrates, mieux valait prévenir que guérir à l'hôpital (crainte infondée, les incidents furent rares).
Le vote
démocrate aurait été peut-être supérieur si des autorités républicaines ou le
Postal Service n’avaient pas compliqué le vote par anticipation (avec des
boîtes de dépôt des bulletins supprimées), des retards d’acheminement.
Je ne prends
même pas en compte l’échec des poursuites judiciaires intentées par les
trumpistes, rejetées pour des erreurs de débutants ou des incompétences, ou à
base de on-dit et de témoignages parfois douteux, jamais sérieusement étayés.
Les trumpistes pourront toujours dire que les magistrats sont des vendus à l’État
profond, que les élus républicains qui ne hurlent pas de concert avec eux sont
des corrompus (y compris ceux que Trump soutenait avec enthousiasme antérieurement).
L’alignement
sur les méthodes et allégations de Trump de la part, en particulier, des opposants
à l’Union européenne, n’est qu’un aspect des choses. Ce sont ses thèmes et méthodes
qui inspirent beaucoup plus largement. En particulier la mise en cause des
médias présumés d’emblée totalement alignés sur les thèses d’une oligarchie
censée être incarnée, sans recul, par l’Élysée.
Et puis,
il faut aller « à la halle », écouter des gens sympathiques, que vous
estimez toujours sensés la plupart du temps, et qui, petit à petit, voient l’expression
de leurs opinions emprunter à des arguments farfelus, à des théories sans
nuances.
Prenez le
site d’une revue d’assez bonne tenue, Front Populaire (Michel Onfray
& co). Même si on n’est pas d’accord avec les articles — enfin, avec tous —
les quelques dérapages ne sont pas trop
outranciers, même s’il en est de discutables (je lis, de la part d’un abonné
qui n’a peut-être jamais mis les pieds dans un tribunal « une justice
sensible à la fragilité si humaine des malfrats », ce qui est contesté
et contestable, mais passe encore… on ne va pas s’alarmer de toute opinion mal
étayée). Soit. En revanche, consultez donc les commentaires. Comme « les
black blocs orchestrés par la gauche républicaine », « une violence
orchestrée par une gauche incapable d’accepter le résultat des urnes ». J’ai
lu à peu près la même chose côté trumpistes « les démocrates radicaux n’acceptant
pas la défaite, et orchestrant les antifas ». Bien sûr, s’expriment encore
des réactions divergentes. Mais vient un moment où il devient inutile de
débattre, ce qui s'est produit aux États-unis, côté républicains. Quand des
publications étasuniennes, conservatrices certes, mais restant sensibles aux
réalités contradictoires, se sont vue submergées par un lectorat devenu
homogène et encore plus conservateur, que croyez-vous qu’il se soit, ne
serait-ce que pour des raisons financières, produit ?
À part
cela, Trump a profité d’une seconde remise de décoration à un sportif pour
redire qu’il avait gagné l’élection, et la vente des lainages bariolés de Noël
avec pour thèmes Maga ou Trumpmas se porte fort bien. Mes préférés ont pour
légendes « les médias disent que le Père Noël n’existe pas, fausses
nouvelles » ou « Croyez-moi, c’est formidable, si vous dites quoi que
ce soit d’autre, ce sont de fausses nouvelles ». Faut il y voir un
présage, des vêtements labellisés Trump 2024 ou des boules de Noël font leur
apparition sur le marché…
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