Vers d’interminables transactions ?
Comme on
imagine mal Ursula von der Leyen et Boris Johnson se congratuler cette nuit ou
demain sur un balcon, ce sera sans doute Noël aux tisons, et Pâques au
confinement…
Cette nuit, les dés seront-ils jetés au-dessus du fil du rasoir ? Sans doute pas. Avant de prendre l’avion pour rejoindre Bruxelles et Ursul von der Leyen, Boris Johnson a déclaré qu’aucun Premier ministre britannique ne saurait fléchir et se plier aux exigences de l’Union européenne. La presse britannique ou républicaine irlandaise n’a eu de cesse d’employer des expressions imagées. Les dés en seraient jetés et les négociations seraient sur le fil du rasoir. J’ai failli commettre un abominable faux sens quand j’ai lu dans le Daily Express que Lord Ashcroft avait exhorté Boris Johnson de saisir “his marbles tight” et de ne pas flageoler. J’avais failli traduire par « gare à tes gonades ». En fait, cela veut dire garder la tête froide et ne pas fléchir. En fait, quand les anglais perdent leurs billes (et non leurs balles), ils débloquent.
Mais depuis
que j’ai entendu un ministre de l’Intérieur français employer le verbe « déconner »
publiquement, à la télévision, j’ai l’esprit quelque peu mal placé.
EN fait, l’Express,
le Mirror et d’autres titres plus austères laissent plutôt entendre qu’une
sorte d’accord pourrait être encore discuté au-delà de Noël et que le Parlement
britannique pourrait se réunir pe ndant
la trêve des confiseurs d’avant le réveillon du Jour de l’an.
En gros,
la fin est proche, mais pas tant que cela. Un porte-parole de Downing Street a
en effet déclaré qu’un accord restait possible, à l’arrache, et ratifié côté
britannique à quelques jours de l’échéance. Côté français, la menace d’un veto
avait été brandie, puis rétractée. Bref, contrairement à ce qu’écrivait Lénine
à Rosa Luxembourg, ce serait encore cette fois, deux pas en arrière mais quand
même un pas en avant. Je ne sais si, comme moi, Lénine était fâché avec l’arithmétique,
mais peut-être faut-il considérer que les pas en arrière sont plus petits que
celui en avant.
À force,
le suspense devient de plus en plus soutenable (on finit par s’en battre l’une
sans que l’autre bouge). Bien le plus important est révélé par The Evening
Standard, le menu : pétoncles et soupe de citrouille et turbot au
wasabi. Puis un sorbet à la noix de coco. Bref, sur les droits de pêche, l’Union
européenne laisse entendre que le Royaume-Uni pourrait, au final, se casser les
dents. En réalité, avec le réchauffement climatique, le Royaume-Uni pourrait devenir
le plus grand pays exportateur de noix de coco, et rira bien qui rira (jaune)
le dernier.
À part cela, comme le chantait Gilles Servat, je dormirai en Bretagne demain soir, et le Brexit pourra attendre.
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