dimanche 6 décembre 2020

Laïcité et sens du divin, avec Denis Guénoun

 Spécial copinage (bis) et copié-collé

Les éditions genevoises Metispresse viennent de faire paraître un Avec Denis Guénoun (hypothèses sur la politique, le théâtre, l’Europe, la philosophie). Juste à temps pour l’épilogue du Brexit. Mais parlons d’autres choses… Le Brexit attendra.


Ce livre, Avec Denis Guénoun rassemble des textes de Robert Abirached, Romain Bionda, Bernard Bloch, Jean-Baptiste Brenet, Judith Butler, Christophe Chalamet, Danielle Chaperon, Michel Deguy, Thomas Dommange, Olivier Dubouclez, Éric Eigenmann, Marc Escola, Denis Guénoun, Émeline Jouve, Esa Kirkkopelto, Nathalie Kremer, Jean-Louis Jeannelle, Alexis Leprince, Hervé Loichemol, Bénédicte Louvat, Lise Michel, Jean-Luc Nancy, Maria J. Ortega Máñez, Martin Rueff, Stanislas Roquette, Ivan Segré, Patrick Suter et Jérôme Thélot. Il s’agit en fait des actes d’un colloque. Ce, sous la direction d’Éric Eigenmann, Marc Escola et Martin Rueff. J’ai dû lire Rueff à l’occasion, de larges extraits des ouvrages de Robert Abirached, mais pour être franc, le théâtre et moi, cela fait deux (béotien je reste, et spectateur occasionnel, sans plus). Mais en ces temps d’interlude du confinement, d’autres pourraient être tentés de se rendre au studio Hébertot (ex Théâtre des Batignolles) pour une nouvelle interprétation de Stanislas Roquette de la pièce de Denis Guénoun Qu’est-ce que le temps ? Le Livre XI des Confessions d’Augustin. Histoire de vous épargner davantage de copié-collé, mieux vaut ici consigner le lien vers le site du studio Hébertot. Quant au livre, il est paru aux éditions Metispresses de Genève, mais il peut être commandé dans toute bonne (voire mauvaise) librairie métropolitaine ou ultramarine.

Comme je n’ai pas lu ce livre (qui me sera volontiers prêté par une amie commune, et dont je tenterai de comprendre au moins l’essentiel), parlons de tout autre chose. Le titre me rappelle le fameux Pour en finir… avec Guy Debord d’un célèbre confidentiel, Toulouse-la-Rose (aussi auteur d’un Debord contre Debord, et de quelques autres ouvrages, plaisants petits cailloux d’une vie à multiples rebondissements). Pour en finir est assurément épuisé (notre commun éditeur, Talus d’approche, tout autant). Mais pour continuer avec Denis Guénoun, j’enjoins mes amis laïcs, libres penseurs et penseuses, à consulter le Journal public de Denis Guénoun.

Comme chantait sœur Dominique-nique-nique, il ne parle que du Bon Dieu (j’exagère grave). Ce n’est pas un dieu des bondieuseries, mais une réflexion sur le divin, pas trop ardue, même si érudite, et ne manquant pas d’humour à l’occasion. Deux petits extraits :

« Le concept des fesses de Dieu a été rarement problématisé ». Michel Ange, précurseur de Charlie Hebdo ?

« Dire divin est une tentative de qualifier le sens inconnu qui parcourt l’univers ». Et aussi une synthèse « des dieux qui (…) sont des fabrications humaines. ». Au passage, je regrette que la démonstration ne repose que sur la mythologie gréco-romaine, laissant de côté les animismes (amérindiens, autres).

À l’intention des élèves de terminales et des descendants des rapatriés du Maghreb, je signale le fragment consacré à Camus. Lecture très prenante évoquant longuement l’Oran d’alors. Beaucoup de food ou things for thought. Digression, Camus, « Philosophe anarchiste et libertaire » et « James Dean de la philosophie » selon Michel Onfray, est statufié à Paris, Dinan, Nice (peut-être ailleurs, je n’ai pas trouvé de recension, mais pas à Angers jusqu’à nouvel ordre, un oubli sans doute, mais la ville compte un boulevard et un lycée de ce nom).

Pour les nostalgiques des années 1950, lire aussi le fragment sur la colonie de vacances de La Peyrouse (Drôme). On peut piocher une peu de tout dans les huit pages de ce Journal, dont des choses vues, des anecdotes parfois cocasses. Il faut baguenauder.

Il faut cheminer jusqu’à, pour qui lit l’anglais, un fac simili d’un article du Times Literary Supplement sur le livre About Europe, de Guénoun. Son titre « Exit strategy ». Au jour, voire à l’heure, du Brexit tactique, cela donne aussi matière à penser.


Je vous entretenais hier de l’emprise bureaucratique qui semble submerger les éditions du Temps des cerises. J’imagine que, pour marxiste qu’il demeure, Denis Guénoun n’aurait plus sa place dans cette maison ? Pourquoi ce rappel accessoire, superflu ? Comme cela, pour gamberger. Parce qu’il m’est venu d’aller consulter le catalogue des éditions Metispresses, et qu’il me revient que le précédent livre de Guénoun, Trois soulèvements, judaïsme, marxisme et la table mystique est aussi paru en Suisse. Je n’en tire aucune conclusion sur l’édition française sur laquelle j’ai lu quelque part (un journal) qu’après les pertes découlant des deux confinements, elle se repliera sur des valeurs commercialement sûres ou des thèmes vendeurs (ouvrages historiques, sur l’écologie, le féminisme, par exemple, chez Belin). Je le glisse à Denis Guénoun, au cas où il se sentirait en panne d’inspiration pour son journal, il pourrait aborder le thème de l’édition et des éditeurs. Fin de la digression.

Je n’ai pas vu la pièce Qu’est-ce que le temps ? Mais j’en ai entendu causer. Il s’agit d’un spectacle plutôt physique, Stanislas Roquette étant un acteur très énergique, et bizarrement, ce qui frapperait la salle, c’est qu’elle confie « on se sent penser avec lui » (Roquette, pas l’Augustin carthaginois ou de Thagaste, Souk Ahras, dont j’ignore les gentilés). Pour les curieux, sachez qu’une traduction vers le français du livre XI des Confessions, qui s’intitule Méditation sur l’écriture, est consultable en ligne.

Vous trouverez sur le site de l’auteur (Guénoun, pas Augustin), une bande-annonce du spectacle.

Pour ne pas tomber trop bas dans le bavardage, je me dispense de chute pour cette contribution (sous vos remerciements de soulagement)

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