samedi 21 novembre 2020

É.-U. : George Soros et les Clinton auraient bidouillé l’élection

 Giuliani réélit Trump mieux qu’en Corée du Nord

Pour Rudyd Giuliani et Sindey Powell, les avocats de Trump, 80 millions de voix pour Trump ont été transformés en voix pour Biden, grâce à un logiciel (peut-être piloté depuis un vaisseau spatial d’extra-terrestres) concocté par George Soros et la Fondation Clinton. Bref, à les en croire, Trump a été réélu triomphalement, quasiment à l’unanimité.


Forts de multiples dépositions sous serments certaines nominatives d’autres anonymes et devant le rester pour éviter que des antifas meurtriers (comprenez : des démocrates) s’en prennent à leurs personnes, et de la certitude qu’un logiciel mis au point pour assurer la victoire de Chàvez au Venezuela a transformé des millions de votes Trump en votes Biden, les avocats de Trump lui prédisent un second mandat.

Via Breitbartnews (l'ex chaîne de Bannon), j’ai pu consulter l’une de ces dépositions. Une dépouilleuse républicaine a de fait recensé des faits troublants, dénoncé des irrégularités et même affirmé que certains de ses collègues étaient parvenus à convaincre des électeurs de voter Biden. Un autre avocat de Trump, Lin Wood a toutefois concédé que Trump n’aurait remporté que 400 grands électeurs, ce qui en laisserait donc 138 pour Biden (et non pas 306, comme une presse mensongère n’en accordant que 232 à Trump a voulu le faire croire au peuple étasunien). Quand j’ai lu cela sur Oann (une chaîne pro-Trump), et que Lin Wood donnait à Trump une victoire à 70 %, je me suis dit que le compte n’y était pas. Mais ouf, tous les bulletins de vote frauduleux n’ont pas été totalement découverts, donc, que Trump n’ait pas été déjà été annoncé réélu à l’unanimité n’est qu’une question de patience…

Ce serait comique si la Trumpland ne considérait pas que c’est réel. Les élus républicains admettant la victoire de Biden ne se comptent que sur les doigts d’une seule main. Tous les autres tergiversent au mieux ou relayent la voix du maître de leurs électorats. Pour Lin Wood, c’est sûr les démocrates sont aux mains de la Chine, soit corrompus, soit contraints par des chantages, ou totalement complices des communistes. Inutile d’aller chercher plus loin. Lin Wood a déclaré cela sans rire lors du Mark Levin Show et Mark Levin d’opiner. Car pour ce dernier, Biden va brader les États-Unis et « éviscérer les libertés civiles ». Les récalcitrants seront placés en camps de rééducation, affirme-t-il.

Mais tout cela n’arrivera pas car Trump restera à la Maison Blanche.

Trump continue à donner le ton. Sa porte-parole, Kayleigh McEnany, qualifie les journalistes lui posant des questions gênantes d’« activistes ». On pourrait en penser autant de Giuliani et consorts. Oui, mais, le plus étonnant c’est que Giuliani, lors de sa dernière conférence de presse faisant état d’une vaste conspiration à tenants internationaux pour voler l’élection à Trump, s’exprimait depuis les locaux du siège du parti républicain. Ce qui confirme que tout le parti républicain, à l’exception d’une poignée d’élus ultra-minoritaires, donne son aval à Trump et à son équipe rapprochée.

Tump devrait de nouveau s’exprimer, cette fois en mettant en avant un projet destiné à réduire les prix des médicaments.

Son objectif semble, selon un professeur en droit, Alan Dershowitz, de jouer la montre afin qu’un nombre inférieur de grands électeurs pro-Biden puissent se déclarer, puis de porter l’affaire devant la Cour suprême.

On pourrait rire des déclarations de Giuliani et Sidney Powell qui affirment que la compagnie chargée de compter de nombreux votes (cela dépend des États fédéraux) « est la propriété de deux Vénézuéliens qui furent des alliés de Châvez et restent ceux de Maduro, et qu’elle est dirigée par un président qui est très proche de George Soros. ». Il s’agit de la compagnie commercialisant le logiciel Smartmatic. La compagnie Smarmatic emploie effectivement à sa direction deux Vénézuéliens, mais le groupe SGO est aussi dirigé par un lord,  Mark Maloch-Brown, et sir Nigel Knwoles, deux Britanniques. Ce groupe a son siège à Londres. Si on comprend bien, ce serait la City qui aurait bidouillé l’élection. Smartmatic a dû se fendre d’un communiqué affirmant qu’elle est une concurrente de Dominion Voting Systems et que la compagnie n’avait jamais reçu de fonds d’aucun gouvernement. Et même que George Soros n’a pas investi dans le groupe ou la compagnie. Mais il est vrai que Mark Malloch-Brown siège au conseil de l’Open Society Foundations (une ONG fondée par Soros).

On pourrait certes hausser les épaules d’autant que les avocats de Trump visaient autrefois davantage le système Dominion que le logiciel Smarmatic.

On rira moins si Viktor Orbân, Janez Jansa et Jaroslaw Kaczyndsi (soit les dirigeants hongrois, slovène et polonais) perdaient de prochaines élections et mettaient en cause les Illuminatis ou l’État profond démocrate étasunien. On rit déjà moins en voyant le Comité Trump France relayer tous les arguments de la Trumpland. Pour ce comité, actif sur Twitter, Biden est « un vieux pervers sénile ». On rit moins en lisant que Malloch-Brown « a aujourd’hui une cible sur le front ».

L’ »État de Géorgie avait à pein  établi que Biden emportait l’État de 12 670 voix que Trump écrivait que cet écart défavorable était dû à « des centaines de milliers de bulletins frauduleux ». La Trumpland applaudit et l’équipe juridique de Trump déclare que dans deux semaines, elle apportera toutes les preuves. Autre accusation de Trump : les firmes pharmaceutiques ont reculé l’annonce de la découverte d’un vaccin pour qu’il perde l’élection et ainsi ne puisse faire baisser les prix des médicaments. Dirait-il que l’industrie pharmaceutique s’est liguée avec les communistes que la Trumpland serait prête à dénoncer les faux vaccins qui inoculent le communisme. Il suffirait que la Trumpland répande cette fable pour que Trump la reprenne à son compte et l’amplifie, c’est du moins l’impression qu’il donne.

Ce qui n’est pas une fable, c’est que l’actuel vice-président Mike Pence, lors d’une allocution en Géorgie, a promis de poursuivre des actions judiciaires partout jusqu’à ce que tout vote frauduleux ait été débusqué. Il s’est juste gardé de solliciter des dons pour couvrir les multiples frais judiciaires que cela pourra impliquer. Les États-Unis ont passé le cap des 253 000 décès du fait de la pandémie, mais Trump a sauvé la vie de tous les survivants, soutient-il. Que répondre à cela ?

mercredi 18 novembre 2020

Tump a moins perdu que projeté, donc il a « gagné »

Assourdissant silence du parti croupion républicain

Quel mic-mac ! Je vous ai épargné les dérisoires épisodes d’hier puisqu’ils ne changent rien au fond : le Donald fait c’k’il lui plait-plait-plait, pinaille et dit ou fait dire qu’au final il sera prouvé qu’il a remporté sa réélection. Le problème est qu’il ne se borne pas à cela, il décuple aussi son pouvoir de nuisance.


En vrac : Trump s’est appuyé sur l’exemple du Nevada pour prédire qu’il gagnera. En fait, la Trumpland multiplie les déclarations de fraude. C’est parfois une courageuse anonyme qui témoigne sous serment (mais l’anonymat rend la déclaration irrecevable) qu’elle en a vu des verts et des pas mûrs, des choses hautement suspectes à ses seuls yeux. Comme le veut l’adage cujus ou testis unus, ergo nullus. On a aussi vu le gouverneur républicain de Géorgie déclarer que le sénateur républicain Lindsay Graham (un Carolinien méridional) l’avait incité à commettre une fraude électorale de masse ; l’intéressé à rétorqué qu’on avait dû mal interpréter ses propos. Tout cela semble dérisoire au regard des actes de Trump et des réactions qu’elles suscitent dans le clan républicain bientôt réduit au trumpisme rigoureusement aligné.

Trump a donc laissé le champ libre à des compagnies pétrolières et gazières pour exploiter une réserve naturelle de l’Arctique. Aucune réaction du parti croupion.

Il retire des troupes de divers pays. Là, à propos de l’Afghanistan, le président républicain du Sénat, réélu récemment, Kevin McCarty, a soulevé une objection respectueuse. Trump, sachant qu’il pourra toujours compter sur lui s’est préservé de l’insulter frontalement.

En revanche, il purge son administration et renvoie Christopher Krebs, le responsable de la cybersécurité. C'était attendu. Ce qui l'est moins, c'est qu'il ne s'est trouvé qu'un seul sénateur républicain, Ben Sasse, celui du Nebraska, pour protester. On s’attend donc à ce que, comme partout ailleurs, Trump lui oppose un affidé pour empêcher qu’il puisse être un jour réélu.

Même la presse pro-Trump s’est (un peu) lassée des histoires de fraude électorale. Le nouvel angle, c’est de faire emprisonner les Biden (Joe, le père, Hunter, le fils) pour corruption et collusion avec des puissances étrangères : lock’em up ! Newsmax  met cependant en avant que 5 % de l’électorat considère que Trump a remporté l’élection mais que la proportion monte à 52 % parmi l’électorat de Trump. Il ne lui reste plus qu’à convaincre les 48 % restant, et il continue à s’y employer tout en assurant avoir vaincu la pandémie (donc nul besoin de mesures coercitives car liberticides). Un autre sondage plus récent, celui du site Politico/Morning consult laisse penser que 67 % de l’électorat républicain considère ces élections entachées de fraudes ou irrégularités.

Trump limoge, mais il fait aussi embaucher. Ainsi Brian Brook à la tête de l’équivalent de l’autorité des marchés financiers, le gendarme des banques. Il n’a pas réussi à placer Judy Shelton immédiatement à la Fed (la Federal Reserve), mais il ne désespère pas que le Sénat finisse par approuver sa nomination.

Le Michigan disposant d’un délai jusqu’au 13 décembre pour certifier le résultat de l’élection, Trump continuera certainement au-delà (et jusqu’au 20 janvier) de chauffer sa base. Mais il ne fera pas que cela.
Il pourra aussi mettre fin à un moratoire (jusqu’au 31 décembre) des dettes des étudiants emprunteurs, certains très lourdement endettés. Après tout, ils sont minoritaires dans l’électorat trumpiste.

Dans les coulisses, il fait accuser les démocrates de se livrer à du frauduleux tourisme électoral en Géorgie afin de bloquer l’élection de deux sénateurs trumpistes de cet État (il est interdit de voter en Géorgie si on n’a pas résidé un temps suffisant sur place ou si on ne peut prouver qu’on s’y installe durablement). Si les républicains perdaient de ce fait leur majorité au Sénat, Trump pourra hurler à la fraude organisée (il suffira de trouver un cas frauduleux pour assener que ce n’est que l’arbre qui cache la forêt de la corruption démocrate et peut-être obtenir un recomptage des voix le plus lent possible).

Mais en politique étrangère, il peut aussi accélérer la vente de matériels militaires aux Émirats (dont des chasseurs F-35 et des drones). Il peut de même renforcer les sanctions commerciales visant la Chine. Ou donner le feu vert à Israël pour étendre ses annexions. Ou encore décréter que les Houthis du Yémen, combattus par l’Arabie, sont une organisation terroriste (ce qui bloquerait des tentatives de solution négociée par l’administration Biden).

Et puis, il pourra aussi continuer à solliciter des dons pour couvrir des frais légaux (s’il exigeait un recomptage dans le Wisconsin, il lui faudrait trouver près de huit millions de dollars).

Donald Trump et ses fils, Eric et Donald Jr, multiplient les accusations de fraude, laissent entendre que la Cour suprême (à majorité trumpiste) pourrait être saisie, mais ce n’est pas tout à fait l’essentiel. Lequel, outre des décisions économiques ou autre, consiste à élargir encore la base électorale et faire élire davantage d’élu·e·s trumpistes à la Chambre des représentants en 2022. Donald Ttrump, côté cour, joue au golf ou regarde la télévision, mais côté jardin, il lui reste deux mois pour saboter la future présidence Biden, et il saura les employer au mieux de ses intérêts familiaux. Il pourra aussi gracier ses amis en délicatesse avec la justice, comme Steve Bannon que l’on retrouve régulièrement sur des chaînes et réseaux alt-right. Trump a perdu les élections, le trumpisme n'a perdu qu'un épisode transitoire.

lundi 16 novembre 2020

Islam : Mila l’imprécatrice, harcelée mais déterminée

 La liberté de blâmer appartient à tout le monde

Richard Malka, avocat de Charlie Hebdo et de la jeune dessinatrice Mila, fait état des menaces incessantes dont est victime sa cliente. Puissent ces menaces au moins servir à localiser des islamistes meurtriers mais son affaire incite aussi à la circonspection.


Richard Malka, qui fut l’adversaire de Denis Robert et le copain d’un certain Philippe Val, ne m’est pas trop fortement sympathique. Mais je ne saurai lui reprocher de réclamer que sa cliente fasse l’objet de protections particulières.

Si Mila n’existait pas, une cellule anti-terroriste aurait gagné à l’inventer pour débusquer des candidats à la perpétuation d’attentats au nom de l’islam. Parce que dans l’invective, elle a fait fort et persiste. Après tout, c’est une attitude qui n’est pas condamnée par la loi. Mais cela étant, il y a quand même une différence entre l’invective frontale et l’expression argumentée d’un désaccord.

Je suis tenté de mettre toutes les religions dans le même sac, en tout cas celles se réclamant d’un dieu unique (contrairement à quelques croyances animistes dont les tenants sont au moins sensibles à l’environnement) peuvent donner lieu à toutes sortes d’interprétations fanatiques et coercitives, liberticides. On le conçoit en constatant ô combien l’évangélisme charismatique et le droit à n’importe qui d’être armé sont liés. Il n’y a pas un christianisme, mais des christianismes et les islams sont multiples, variés et même parfois antagonistes (histoire de soutenir qu’on est plus croyant que d’autres, qu’on soutient des fondamentaux qui vous arrangent, ce qui se vérifie en Tunisie avec les dispositions sur les héritages).

Bien, si c’est la volonté de la famille d’une ou d’un défunt de m’associer, en invité, à un service religieux, je ne me défile pas (après tout, si un rite les conforte et ma présence leur agrée, qui suis-je pour leur opposer ce qu’ils pourraient prendre pour un camouflet) ?

La différence entre les caricatures de Mahomet de Charlie et tout autre acte ou prise de position pouvant défroisser des musulmans, c’est qu’ils s’accompagnent d’une argumentation ouvrant à un éventuel (même si impossible) dialogue, et réflexion commune, à un partage de points de vues plurielles.

Mila, dont je viens de voir l’un des derniers dessins sur Twitter (d’ailleurs censuré car scatologique) est suivi d’un communiqué dans lequel elle affirme avoir « parlé de manière constructive et posée sans pourtant renoncer d’évoquer, y compris avec excès, les symboles d’une religion ». Sa mise au point ajoute qu’elle s’attaque « à cette conception extrémiste d’une religion et non pas à tous les croyants. ».

Elle relève, avec quelque raison, que la violence de ses représentions (pouvant être ressenties telles) n’est pas de même nature que des appels à la violence visant des personnes. Effectivement, un commentateur rétorque que des textes religieux « offensent l’intelligence des athées », ce qui ne les porte pas à se livrer à des assassinats, qu’ils soient ciblés soigneusement ou comme on disait, spontex et pouvant attenter à la vie de coreligionnaires (je n’évoque pas d’autres agnostiques ou athées, mais aussi d’autres musulmans, des gens indifférenciés, comme lors de l’attentat au camion, à Nice).

En fait, il s’agit d’une jeune femme de 16-17 ans, une jeune adulte (j’aime à rappeler que les jeunes tambours de la République, âgés de 13-14 ans, avaient alors un peu plus de ce qu’on appelait « du plomb dans la tête »). Peut-être conviendrait-t-il de rappeler à celles et ceux s’en prenant à elle que, peut-être, ayant vieilli, elles ou ils considéreront qu’ils en ont fait d’autres, peut-être des pires, au même âge.

Ce qui vaut d’ailleurs pour quelques estropié·e·s à vie ayant rejoint l’Irak ou la Syrie. Peut-on leur signifier que leur dieu ne leur rendra pas l’usage de leurs membres (ni de leur vivant, ni dans une non-vie ultérieure : je ne suis pas expert en théologie, mais je ne me souviens pas que la résurrection des corps garantit une intégrité physique sur terre ou dans un quelconque paradis). Et puis, faut-il remémorer à celles et ceux lui reprochant de rechercher du brouhaha autour de sa personne que le meilleur moyen d’y contribuer est de cesser de lui répondre, de la prendre à partie ? Ou de la menacer ?

Ok, boomer, dit-on à présent. Selon des sources disputées, Mahomet serait présumé mort à l’âge de soixante-trois ans. L’équivalent d’un Ok, boomer, il l’a dû l’entendre. Peut-être de la bouche d’Aisha, sa plus jeune épouse, allez savoir. Les hadiths largement postérieurs ne le mentionnent pas mais comment pouvoir formellement l’exclure ? Ni vous, ni moi, n’y étions. Ni d’ailleurs aucun de ceux qui lui ont prêté des déclarations. L’énoncer ainsi n’a rien de blasphématoire, sauf si, bien entendu, on se met à entendre des voix divines.

Bien, on va dire que ce qui précède m’a été inspiré par le réchauffement climatique qui risque de clore le débat prématurément. Et rendre dérisoire tout ce fatras sur les blasphèmes et la laïcité.

La Maison Blanche appelle à la désobéisssance civile

 Rebellez-vous clame « l’expert » de Trump, Scott Atlas

Deux États démocrates, Michigan et Washington, ont instauré le confinement. Aussitôt, le conseiller spécial de Trump, le Dr. Scott Atlas, en a appelé à la désobéissance civile : « soulevez-vous ».


Certes, Twitter a censuré les messages du neuroradiologue Scott Atlas, qui appelait à se passer de masques et à désobéir, au Michigan, aux consignes de confinement. Mais pas la presse pro-Tump.  Cette fois, pas de “stand back and stand by”, comme Trump le recommandait aux miliciens des Proud Boys, c’est carrément “people rise up. You get what you accept.”. Absolument pas qualifié en épidémiologie, mais persuadé que l’immunité collective finit par éradiquer les pandémies, ce curieux médecins s’en prend surtout à la gouverneure démocrate du Michigan, Geretchen Whitmer. Celle qu’une autre milice pro-Trump voulait enlever, juger et condamner. Et que Trump, un temps, incendiait jusqu’à plusieurs fois par jour. On peut penser que Scott Atlas, c’est surtout la voix de son maître, le Donald.

Ce dernier n’a toutefois pas repris à son compte le message de son porte-voix, lequel s’est repris en indiquant qu'il ne prônait pas la violence mais incitait à) « manifester pacifiquement » (puis à voter, donc pour changer de gouverneur).

Certes, la conseillère médicale et sanitaire de Joe Biden, la Dr. Vivek Murthy, a considéré que le confinement ne devait être envisagé « en dernier recours ». Ce qui, d’une part, ne l’exclut pas totalement, et d’autre part, ne plaide pas moins pour des mesures moins radicales, parcellaires, mais contraignantes. Ces mesures sont d’ailleurs largement appliquées dans de nombreux États dirigés par des républicains (dont ceux de l’Ohio et du Nord Dakota). Et Scott Atlas se garde bien de les pointer du doigt.

Trump, en revanche, rappelle que les deux vaccins en passe d’être validés l’ont été sous sa présidence. Et aussi du temps du pape ou du Dalaï lama, qui se retiennent de dire qu’un fléau divin peut être repoussé par des prières ou des incantations. Ni, comme Trump se retient de l’affirmer, que le soleil se lève chaque jour grâce à leurs intercessions.

Le Donald continue d’assener que la fraude électorale lui a ravi son second mandat, en Géorgie aussi où pourtant les bulletins sont recomptés manuellement. Les chaînes pro-Trump, Oann et Newsmax continuent à répandre et amplifier ces accusations, mais force est de constater que dans un pays où près de 300 millions d’armes sont détenues par des particuliers, Biden n’a pas encore subi le sort de Kennedy.

Joe Biden, dont la fondation contre le cancer a surtout rétribué grassement d’ex-collaborateurs sans distribuer des fonds à des équipes de chercheurs, ne se voit pas trop violemment pris à partie de ce fait. Les fondations Trump le rétribuaient ou défrayaient ses dépenses, mais il ne peut déjà être avancé que Joe Biden ou son épouse ait profité personnellement de la Biden Cancer Initiative.

Pour le moment, Trump ou ses conseillers s’accrochent à des détails qui ne changeront pas l’issue, notamment en Pennsylvanie où tout en minorant leurs prétentions, ils cherchent un résultat symbolique (faire éliminer des votes irréguliers formellement mais validés après coup par les divers électeurs). Au départ, ils réclamaient que plus de 682 000 votes soient invalidés.

En fait, on en viendrait à se demander si Trump ne s’accroche pas (ou plus) aussi longtemps que possible à la Maison Blanche pour seulement des questions d’ego. Son pouvoir de nuisance pourrait être encore employé à tenter de discréditer des élus républicains lui étant moins favorables que d’autres, et à pouvoir mettre en avant ses partisans les plus fidèles. Dans un récent message, il a fait allusion au gouverneur républicain de l’Ohio, Mark DeWine, qui avait eu le tort de considérer que Joe Biden était le « président élu ». Dans divers États, Trump veut que ses partisans séparent son bon grain trumpiste de l’ivraie tentée de passer des compromis avec les démocrates. Tant que Trump reste le président en exercice, il peut plus facilement chauffer sa base, et même si la « presse éclopée » dénonce ses mensonges, elle les répercute. De nombreux élus républicains sont dans sa ligne de mire et beaucoup d’autres se gardent bien de le fâcher de peur qu’ils s’en prenne à eux. Trump profite aussi du sursis pour recommander des médias lui étant favorables ou inciter à quitter Twitter pour Parler, un autre réseau moins pointilleux sur la nature des contenus.

Cela lui donne aussi le temps de soutenir que, si la pandémie s’étiole ou s’éteint, c’est bien sûr grâce à lui, comme vient de le rappeler sa fille Ivanka qui félicite son père à l’occasion de l’annonce d’un second candidat vaccin. En 1024, elle, l’un de ses frères ou le Donald lui-même sauront claironner que s’il était resté au pouvoir, la pandémie aurait été plus vite vaincue (et bien sûr, sans reconfiner en attendant de vacciner). Bien joué, le bateleur de foire.

dimanche 15 novembre 2020

Séparatisme : QAnon France peut prospérer

 La Chine, bénéficiaire du mouvement QAnonymous ?

Allez, mieux vaut tenter d’en rire. Et si la Chine était la grande bénéficiaire du mythhe QAnon et de ce fait roulerait pour la réélection de Donald Trump ? Tiens, j’ai encore raté une occasion de me faire du flouze…


Un qui finira contrit d’être resté anonyme, c’est le dénommé Q.  Il a laissé d’autres que lui tenter de s’approprier la marque QAnon™. Pour le moment, seuls un Australien et un Allemand sont parvenus à déposer la marque. Mais d’autres sont sur les rangs. Mais les grands bénéficiaires de ce mouvement conspirationnistes sont les fabricants de maillots et d’objets divers chinois. Tout comme ils ont pu engranger des fortunes en fabricant les supports de base de la paraphernalia, l’attirail MAGA.

La plupart des partisans de Trump se sont rués sur des objets, des vêtements, Tous ou presque fabriqués en Chine, voire « customisés » sur place.

Les trumpistes ont fait tout un foin des liens présumés d’Hunter Biden ou du candidat sénateur démocrate de Géorgie avec la Chine (sans d’ailleurs pouvoir prouver de quoi alimenter des scandales), mais se préoccupent fort peu de cet état de fait.

Il m’est venue l’idée de lancer une recherche sur les maillots Q-Anon. Par désœuvrement durant le confinement. On trouve de tout siglé Q, y compris, paradoxalement, des masques faciaux en tissu. Alors même que Marjorie Taylor Greene, la nouvelle représentante trumpiste de Géorgie au Congrès, adepte du mouvement QAnon, dénonce le port « oppressif » du masque. Ce qui est commode avec ce type de complotisme, c’est qu’on en fait ce que l’on veut, en pouvant s’en réclamer pour déclarer tout et son contraire.

Mais QAnon France a choisi un angle particulier : retrouver la grandeur de la France en rompant avec l’Union européenne. Et pourquoi pas avec la République française en réclamant le retour d’un roi ? Bruxelles et Strasbourg ne seraient-ils pas les sièges de pervers dévoyés sexuels se livrant au cannibalisme d’enfants en bas âge pour complaire à Satan ? Mais quelque part en France (où, on ne sait trop, dans le réduit breton irréductible ou dans les cuisines du Sénat ?), quelqu’un veille pour faire déjouer ces menées criminelles. C’est sûr. Ne serait-ce pas une forme de séparatisme dont l’expression peut prospérer, sur Amazon, EBay, et divers autres sites de vente en ligne ?

Tout cela serait dérisoire tant que des dirigeants politiques européens, bénéficiant de l’ampleur de ce mouvement, n’en venaient pas à imiter Trump qui le soutient indirectement. Au Royaume-Uni, il est soutenu que des centaines de milliers d’enfants sont détenus dans des caves avant d’être sacrifiés au Malin, mais que Boris Johnson aurait été désigné pour siéger au 10, Downing Street, afin de combattre l’État profond (forcement pro-travailliste ou SNP). En Allemagne, Michael Ballweg, adpte des vérités alternatives, se définit « penseur latéral ». D’autres lui disputent son statut de chef de file du mouvement QAnon allemand. C’est ce qu’il ressort d’une enquête de France Culture.

Aux États-Unis non plus, en 2016, peu avaient venu voir Trump venir, et ne songeaient pas qu’il pourrait se maintenir quatre ans à la Maison Blanche. Le trumpisme se décline en France et en Europe de manière polymorphe. Doan Bui, en reportage aux États-Unis pour Le Nouvel Observateur, s’entendit dire : « Cette pseudo-pandémie, c’est un écran de fumée. Pour cacher que Bill Gates tu des enfants en Afrique avec ses vaccins. ». Un argument similaire peut être mis à la sauce du moment. Ainsi avec le pseudo-documentaire Hold up : vous pouvez remplacer Bill Gates par n’importe qui déplaisant sur le moment.

En fait, le thème du complot universel, qu’il soit bolchévique ou autre, part toujours d’un seul postulat, que les conflits d’intérêts entre complotistes n’existent pas, qu’ils sont tous unanimes, coalisés contre le reste du monde. Pas la peine de pointer les divergences d’approche entre, par exemple, stalinisime et maoisme. Là, c’est sûr Big Pharma a réussi à persuader les dirigeants de Total, Exxon, Shell et autres qu’il faut éliminer tous les consommateurs de produits pétroliers ou gaziers, enfin la grande masse de qui fournit de quoi verser des dividendes aux actionnaires. Qui sont tous unanimement d’accord pour se faire tondre revendre leurs actions pour acquérir des titres Big Pharma (avec la complicité des banques qui prennent leurs commissions au passage). Conflits d’intérêts entre puissants prédateurs ? Mais non, c’est inenvisageable. Les perdants font aussi partie du complot. Eux, tous ligués, contre nous toutes et tous. Comme c’est plus simple. Mais, heureusement, il y a Trump (ou tout autre) pour déjouer leurs menées sataniques. En fait, Napoléon, ou Elvis Presley, ou Michael Jackson ne sont pas morts, ils veillent sur nous.

Pour Trump et QAnon, les choses sont claires. Quiconque a voté pour Biden est « anti-américain et l’antécrhist ». Inutile donc d’aller chercher plus loin. Dieu a voulu Trump et il ne faut pas confondre le torchon Biden (président-élu) et la serpillière Trump (élu de Dieu) qui va exterminer les créatures démoniaques du marécage de l’État profond. Que voulez-vous répondre à cela ? Cela arrive en France. Courage, fuyons, loin... À moins que, bon sang, mais c’est bien sûr, le Donald va demander à se faire crucifier pour effacer les péchés du monde.

samedi 14 novembre 2020

É. U. : la fraude électorale, coup monté depuis 2016

 Nier la victoire de Trump revient à nier l’Holocauste

Un reportage de CNN démontre que l’opération Stop the Steal (ne volez pas nos votes pour Trump) est due à Roger Stone et remonte à 2016. Ce mouvement, qui a pris une nette ampleur depuis la défaite de Trump n’a donc rien de spontané. Mais Trump sait s’en servir.


Roger Stone, consultant républicain spécialiste des « coups fourrés » de longue date était déjà à l’origine de l’affaire des courriels privés d’Hillary Clinton qui avait endommagé sa campagne en 2016. Pour avoir menti sous serments et d’autres chefs d’accusation, sept au total, il avait été condamné à 40 mois d’emprisonnement. Mais il fut grâcié par Trump et libéré après six mois de détention. C’est pour recueillir des fonds et des dons qu'il avait monté le premier site Stop the Steal dès 2016, en prévision des élections remportées par Donald Trump. Selon CNN, le slogan fut réchauffé récemment par nul autre que Steve Bannon et divers associés d’extrême-droite. Entretemps, des sites bidonnés avaient aussi été montés, comme celui des Communistes gays pour le socialisme. Histoire d’effrayer et mobiliser l’électorat trumpiste. Roger Stone et Bannon, dès les premiers jours des votes, se sont répandus dans la presse alt-right et sur les réseaux sociaux, fédérant 2,5 millions de suiveurs. Le but étant de créer une sorte de confédération de complotistes, de milices, de suprémacistes et de lui rallier l’électorat de base trumpiste. Avec des slogans quelque peu radicaux comme « fourbissez vos armes », et des arguments choc, comme « nier l’évidence de la fraude, c’est comme nier l’Holocauste », comme Stone l’a déclaré à CNN. Sur son propre site, mettant en avant ses livres récents ou antérieurs (comme L’Homme qui tua Kennedy, accusant Lindon Johnson), Stone martèle ses accusions de fraude électorale. Stone ne se distancia de Bannon qu’après que ce dernier ait été condamné pour escroqueries, détournements de fonds présumés destinés à la construction du mur frontalier de Trump.

Depuis lors, d’autres sites ont crû, si ce n’est embelli, dont le plus connu est stopthesteal.us. Trump sait fort bien ce q dont il en retourne mais a vite compris le profit qu’il en tirerait. Cette base exaltée et confortée par des sentiments d’appartenance, peut lui servir à se débarrasser de contradicteurs (les Rinos, républicains de nom uniquement) qui pourraient lui planter quelques couteaux dans le dos s’ils venaient à parler inconsidérément.

À ces divers mouvements comme la MillionMAGaMarch, la marche pour Trump, se sont ajoutés les appels des évangélistes charismatiques à combattre la fraude, et des initiatives comme WalkAway (que les démocrates quittent Washington DC) et de multiples autres. Si la marche sur la capitale fédérale n’a surtout rassemblées, au centre-ville, que les Women for Trump, seules autorisées à rejoindre la place de ralliement, des convois automobiles pro-Trump ont convergé vers la ville. Si ces manifestations ne rencontrent pas le succès espéré et prédit initialement, elles sont restées de nature à conforter les ambitions de Trump.

Ce qui peut inquiéter, c’est que Trump soit devenu une « marque » internationale. En témoigne par exemple le Comité Trump France. Lequel reprend toute la vulgate trumpiste (genre, la presse est pourrie, la vérité est toute autre que ce qu’elle en dit). La page FB de ce comité est éloquente. On y trouve des interventions du genre : « Ce qui est incroyable, c’est que la liberté est devenue un concept  d’extrême-droite » ou « le Covid-19 tue : l’avortement aussi », « journalistes ennemis du peuple ».

Mike Pompeo, le ministre des Affaires étrangères de Trump, sera reçu lundi à l’Élysée et au quai d’Orsay. On pourrait se demander pourquoi. La réponse est relativement simple, la France n’a pas les moyens de s’aliéner totalement les trumpistes s’ils conservent la majorité sénatoriale et encore moins si Trump (ou un membre de sa famille) était élu en 2024. Il va falloir faire avec et la droite française y est ardemment disposée. On ne désavoue pas des méthodes qui peuvent vous faire gagner. 

Trump se replie mais ne cède rien

 Trump s’approprie « son » vaccin de son « second mandat »

Donald Trump s’est adressé à la presse pour vanter son Operation Warp Speed de vaccination de masse. Il a refusé toute question, n’a pas abordé celle de la passation de pouvoir à Biden-Harris, mais s’est au moins préservé de proférer des insultes visant les démocrates.


Donald Trump est tel un gamin nécrophage. Il profère des insanités et s’en délecte. Mais il faut remonter à la veille du 3 novembre pour retrouver des invectives visant Sleepy Joe (Joe le somnolant) ou la monstrueuse Kamala Harris, qu’il considère « plus à gauche que Bernie [Sanders] le fou ». Biden a remporté de très loin le vote populaire (en fait, depuis 1992, les démocrates ont toujours remporté plus de voix que les républicains, sauf en 2000, sans pourtant toujours obtenir le nombre voulu de grands électeurs). Mais de toute façon, grâce au tripatouillage des circonscriptions savamment découpées, les républicains (à présent les trumpistes) parviennent toujours à mieux se placer aux commandes, hormis dans les États à écrasante majorité « bleue » (démocrate).

Si Biden-Harris ont remporté 306 grands électeurs, c’est grâce à une participation record et notamment en Géorgie où 800 000 nouveaux inscrits (les républicains faisant tout leur possible pour tenter de bloquer les inscriptions sur les listes électorales de fort longue date) ont voté démocrate. Mais on peut toutefois douter que la Géorgie puisse envoyer deux démocrates au Sénat. Or, le Sénat peut bloquer les nominations des ministres, des ambassadeurs, &c. Et aussi priver la présidence des fonds nécessaires pour mener ses réformes.

La tactique à long terme de Trump est de marteler qu’on lui a volé l’élection. Qu’importe que les recours légaux de l’équipe de Rudy Giuliani puissent ou non aboutir. Certains cabinets d’avocats se retirent comme en Pennsylvanie, d’autres réfutent qu’il y ait pu se produire des fraudes manifestes et se bornent à maintenir que des erreurs involontaires ou de fumeuses irrégularités justifient leurs plaintes. Seize procureurs fédéraux exerçant dans une douzaine d’États ont formellement réfuté les suspicions de fraudes avancées par le ministre de la Justice, William Barr. Mais pour Trump, c’est secondaire. Seule la « presse boîteuse ou éclopée », soit la fausse presse forcément libérale, mensongère, celle des élites, s’acharne en vain à le contredire (ce qui, pour lui, ne saurait tromper les vrais patriotes).

Une autre bataille légale, déjà entamée en coulisses, vise Trump, pour fraude fiscale et aux assurances et faux en écritures notamment. Qu’à cela ne tienne, c’est un peu comme l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection précédente, de basses manœuvres des élites contre lui. Ces poursuites n’ont aucun autre fondement que politique, afin de le discréditer faussement, soutient-il.

Il n’en a cure et s’il reste à la Maison Blanche, c’est pour  préparer des vaccinations de masse, dès que « son » vaccin pourra être validé. Ayant déjà sauvé l’Amérique de la décrépitude et du déclin, il va sauver physiquement les Américains en proie à la pandémie sans, bien sûr, qu’il soit nécessaire de les confiner.

En sept jours, les États-Unis ont compté 7  000 morts de plus, et le vaccin « contre le virus chinois » (expression de Trump)  ne pourra pas être distribué avant le début de l’année prochaine, au mieux. Qu’à cela ne tienne, Trump doit rester à la Maison Blanche pour tout agencer. S’il y a des cafouillages après son départ, ce sera la faute de Biden et des « communistes » démocrates.

Trump a mis à présent la pression sur les législateurs républicains de quatre États remportés par Biden (Arizona, Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin) pour qu’ils désignent des grands électeurs votant pour lui. Les quatre ont formellement refusé de se mettre dans l’illégalité : ils nommeront des grands électeurs qui voteront pour Biden.

Ce qui en fait déjà des républicains seulement de nom (ou Rino, in name only), comme tout autre élu républicain ne se pliant pas au bon vouloir de Trump.

C’en est au point que la perspective de voir la présidence passer à la démocrate Nancy Pelosi, qui préside la Chambre des représentants (c’est le dernier recours si les nominations de grands électeurs étaient contestées), n’est pas ce que recherche Trump. Dans ce cas, on lui aurait volé deux fois son second mandat. Le jour même de l’élection, puis de nouveau celui de l’investiture.

Histoire de chauffer les participants de la Marche Maga sur Washington ce samedi, Donald Trump Jr, le fils de l’autre, a dénoncé le candidat démocrate de Géorgie pour ses liens financiers avec la Chine (ils sont en fait indirects, liés à des droits d’auteurs pour un documentaire d’une société basée à Londres).

La marche sur Washington de ce samedi est loin d’être la seule. Le site stopthesteal.us en recense dans pratiquement tous les États.

De ce fait, même si Trump commence à réaliser qu’il a perdu, afin de préparer la suite (dont les élections de 2024), il lui semble adéquat de continuer à ressasser son antienne le plus longtemps possible. Il peut certes changer le ton de sa teinture capillaire, mais pour générer des fonds, engranger des dons, il ne peut se dédire en admettant sa défaite. Il lui suffira d’affirmer que les machines et logiciels électoraux ont été piratés par les services chinois pour que ses partisans en soient convaincus. Ou il peut arguer que les électeurs issus de l’immigration l’ont emporté sur les « vrais Américains » (c’est déjà ce qu’avance breitbart.com, le site proche de Steve Bannon). Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas pendant la Marche pour Trump que l’intéressé va décevoir ses partisans et admettre son indéniable défaite

jeudi 12 novembre 2020

Biden pourrait-il rester président de nom seulement ?

 Après Trump, le Sénat peut jouer la montre

Bizarrement, Tump ne semble pas devoir demander un nouveau compte des mois en Alaska, où il est vainqueur en dépit d’un noimbre important de bulletins par correspondance. En revanche, même si la Géorgie donne deux sièges de sénateurs (ceux de Géorgie) aux démocrates, Biden peut se retrouver dans le rôle de potiche à la Maison Blanche.


Or donc, Trump est largement vainqueur en Alaska qui a aussi élu un sénateur trumpiste. Ne dites plus « républicain », c’est devenu vide de sens. Plus un·e seul·e candidate ne peut se présenter sous une étiquette autre que trumpiste, tant bien même investi·e par un parti autrefois dénommé républicain que la famille Trump va transformer en parti clanique (ce, en vue d’investir, soit le Donald soit l’un des leurs en 2024). Mais, après tout, histoire de squatter la Maison Blanche, Trump peut fort bien aussi réclamer, et obtenir un nouveau compte, manuel cette fois, des votes en Alaska. C’est déjà le cas en Géorgie mais cet État se fait fort d’y parvenir à temps pour le 20 novembre, et la désignation des grands électeurs. Mais Trump peut toujours tenter d’obtenir des recomptages partout et prolonger son bail. S’il parvient à faire converger des milliers de trumpistes le week-end prochain sur Washington (le District qui l’a le plus désavoué, avec seulement 5, 27 § des votes pour lui et 92,41 % pour Biden), il ne se sentira plus tenu de quitter le bureau ovale. Surtout si des heurts violents lui donnent l’occasion de se poser en garant de la loi et de l’ordre.

Mais même s’il doit concéder au final sa défaite, rien n’est joué vraiment pour Biden. Tout dépendra du Sénat où, même si la vice-présidente Harris obtient une voix prépondérante (elle compte double si le Sénat compte cinquante sénateurs de chaque bord), Biden peut se retrouver incapable de former un gouvernement. Le Sénat doit approuver les nominations (comme il l’a fait pour la juge Barrett). D’où le pronostic du site Politico. Ni Bernie Sanders, ni Elizabeth Warren, ne rejoindront l’administration Biden, car ils représentent l’aile gauche du parti démocrate et que Biden ne veut pas prendre le risque de les voir blackbouler par un Sénat trumpiste et des démocrates centristes.

Les démocrates pensent aussi à leurs réélections et il ne leur pas échapper que Biden doit aussi sa victoire à un électorat chrétien ultra-conservateur que Trump croyait acquis mais qui a fait en partie défection.

Trump et les élus trumpistes (faute de pouvoir s’appuyer sur un parti républicain révolu), peuvent donc continuer de tout tenter pour discréditer Biden et les démocrates, jouer la montre au-delà du décent, faire chauffer la base de la Trumpland (visitez vraiment le site OAN, One America News Network pour comprendre ce qui est à l’œuvre).

Biden a certes emporté beaucoup plus de voix que Trump, ce que, faute de pouvoir contrôler le Sénat, ne lui confère que le pouvoir d’inaugurer les chrysanthèmes (selon le mot de de Gaulle). Toute la campagne trumpiste en Géorgie consiste à faire barrage au « communisme » et à l’ultragauche incendiaire, fomenteuse d’émeutes et de pillages.

Le britannique The Independent a passé en revue ce que l’administration Trump (entendez non pas le gouvernement mais les seuls cabinets et agences ou groupes de réflexion) pouvait tenter de faire avec ou sans l’accord du Sénat. Simple, sans accord sénatorial, Biden peut, sans majorité sénatoriale, parler aux journalistes, lancer des campagnes de presse sur la nécessité de porter des masques et de se distancier, ou mettre fin au chantier du mur frontalier, rejoindre l’accord de Paris sur le climat sans les moyens de prendre les mesures préconisées, bref, il peut créer ses machins-bidules, des commissions, mais ne peut rien financer.

Cde qu’il subsiste du GOP révolu (l’ex-parti républicain) peut bien s’égosiller et dire que l’électorat a voté pour lui et non pour Trump, cela reste une prière inexaucée. Restent la formation Save America de Trump et des trumpistes ayant été élus (dont deux femmes proches de la secte QAnon) et qui financera les devenus indépendants de fait alors que Trump pompe les dons via un appel à le financer, lui, au prétexte de couvrir ses frais d’avocats.

On pense ce qu’on veut des sondages, mais celui de YouGov semble significatif, il n’y a que 65% des Étasuniens (dont 92% de démocrates et 62 % d’indépendants) à penser que Biden pourra prêter serment et devenir président. Chez celles et ceux se déclarant républicains, 46 % pensent que Trump prêtera serment et seulement 27 % croient que Biden sera président. Plus étonnant, 13 % du total estime que « quelque chose d’autre » se produira (quoi ? Pas de serment, un coup d’État ? une nouvelle élection ?), et le nombre restant dans l’expectative, ne se prononçant pas est de 15 % (dont 23 % de « républicains » déclarés tels). En déduire qu’il ne reste que 27 % de républicains ancienne manière serait aller vite en besogne, mais non que près de la moitié de cet électorat a viré trumpiste d’abord. Right or wrong, My Trumpland.

L’actuelle Maison-Blanche bloque tout contact avec l’équipe Biden, et le ministère des Affaires étrangères conserve sous le coude des courriers lui étant destinée. Mais l’important, pour Trump, c’est de se réjouir que l’audimat de FoxNews ait chuté depuis que la chaîne eut annoncé la victoire de Biden. Depuis, la Trumpland se reporte sur les chaînes Newsmax et Oann qui répercutent mieux ses « bonnes paroles ». Un aperçu de ce que soutient à présent Oann : les démocrates ont truqué l’élection, la question est de savoir s’ils l’ont fait seuls « ou avec l’aide de puissances étrangères ? ». Tel que.

Comme nombre de sondés de l’institut YouGov, on en viendrait à se demander ce qui pourrait se produire aux États-Unis ces prochaines semaines et même lors du jour prévu pour la passation de serment.

mardi 10 novembre 2020

Trump a dix semaines pour finir son mur

 Dix semaines de travail de sape pour Trump

Théoriquement, début janvier, Trump doit s’expulser de la Maison Blanche. En fait, il tente tout pour repousser l’échéance et entre temps, il exerce à plein son pouvoir de nuisance. Faute de pouvoir finir son mur frontalier, Trump se battra jusqu’au bout sur tous les fronts et sa famille vise déjà 2024, persuadée de sa légitimité.


Sans majorité au Sénat, la présidence Biden-Harris est d’ores et déjà paralysée.  Or il n’est pas du tout sûr que les deux siège en lice en Géorgie soient remportés par les démocrates Jon Ossoff et Raphael Warnock. En revanche, pendant encore dix semaines, voire davantage, Trump n’est pas du tout paralysé. Outre ses prérogatives, il peut compter sur l’ex-parti républicain et ses élus. Et sur une cour suprême à sa dévotion. Car la fiction du parti républicain a vécu, se distancier de Trump, c’est s’aliéner trop d’électeurs, manquer de fonds. Biden est présumé favoriser le consensus, soit obtenir des concessions d’élus républicains. À moins de se voir assurer une prébende ou un pantouflage juteux, plus aucun·e élu·e républicain·e ne peut se le permettre. Il ou elle serait catatalogué·e État profond, Rino (Republican in name only).

Pour le moment l’administration Trump bloque à l’équipe Biden-Harris tout accès à quoi que ce soit. Trump fait aussi le ménage en virant les tièdes, comme le ministre de la Défense. Quant au ministre de la Justice (le procureur général), il a carte blanche pour fonder toutes les accusations de fraudes électorales visant les démocrates, y compris les plus vénielles ou carrément ridicules, insignifiantes. D’ici à janvier, une cour suprême à la dévotion (ou menacée par Trump, ou indirectement rétribuée) peut détricoter l’Obamacare, la couverture sanitaire minimale.

Si Trump veut virer les directions de la CIA ou du FBI, il le peut, des ex-républicains protesteront faiblement ou plus véhémentement, peu importe, la Trumpland applaudira. Le mieux, comme le fait l’ex-vice-président Mike Pence, est de se taire, de se confiner loin de Washington, et attendre des propositions d’embauche. Ou hurler avec Trump en vue d’une réélection par la Trumpland.

D’ici début janvier, Biden peut toujours recommander aux gens de porter des masques, réunir une équipe de scientifiques, Trump n’a aucune raison d’en tenir compte.

En fait, le réel dilemme de Trump, c’est de décider s’il se représentera en 2024 ou s’il fera plébisciter sa fille par la Trumpland. Et dans cette perspective, plus il se montrera vindicatif au cours des dernières semaines de son bail, mieux il enflammera la Trumpland, minera la crédibilité de la presse et des médias ne lui étant pas favorables inconditionnellement.

Si Trump décidait de transformer les jardins de la Maison Blanche en bassins d’épuration d’eaux usées avant de rendre les clefs, la Trumpland applaudirait ou s’agenouillerait pour louer son prophète, l’élu du Très Haut, le Donald.

Comme l’a estimé l’ancien directeur de la CIA, John Brennan « vous pouvez faire une masse de dégâts en 70 jours (…) et malheureusement, les républicains siégeant au Congrès laisseront faire Trump. ».

L’une des toutes dernières de Trump est d’assurer que l’État profond (démocrates, institutions médicales, &c.) ont différé l’annonce de la découverte d’un vaccin (présumément, le vaccin occidental, non le russe ou le chinois) afin de lui faire perdre l’élection. Croyez-vous que la Trumpland en déduit qu’il concède avoir perdu l’élection ? Pas du tout. Breitbart News met en avant un sondage selon lequel 70% de l’électorat de Trump reste persuadé que l’élection a été trafiquée, faussée (voire que la volonté divine rétablira la vérité).

On a pu, provisoirement, se rassurer du fait que les milices armées pro-Trump n’ont pas déferlé partout. En fait, leurs membres rejoignent à présent le mouvement Loud Majority (censé transformer la majorité silencieuse pro-Trump en majorité tonitruante).

Dans un premier temps, on s’est conforté de l’idée que même la presse pro-Trump (Fox News, le New York Post) admettait la victoire du tandem Biden-Harris. À présent, c’est le retour à la propagande selon laquelle le président élu est l’otage des « communistes » et de l’ultra-gauche. OAN (One America News) met en doute les résultats en Pennsylvanie.

Trump continue à convaincre la Trumpland que l’élection a été truquée par l’État profond. Ainsi, il dénonce de nouveau Andew McCabe, l’ancien directeur adjoint du FBI, qu’il avait limogé deux jours avant qu’il puisse prétendre à une retraite complète.  Ses deux fils, Eric et Donald Junior, en rajoutent aussi sur le thème qu’une machination a confisqué la réélection de leur père. Et le compte Twitter @TrumpWarRoom et d’autres leur servent d’orchestre symphonique. Quoi qu’il advienne, le trumpisme se survivra. Aux États-Unis, mais aussi en France (écoutez donc Zemmour...) et ailleurs, hélas.

dimanche 8 novembre 2020

É.-U. : Trump propage encore sa pensée universelle

 Le trumpisme et la cocoricologie mineront  encore longtemps les É.U.

C’est relativement simple, lorsque, Breton de Paris, petit Blanc pauvre, je deviendrai l’un des dispensables « indigènes » de ce que deviendra la France (ou je ne sais trop quoi), eh bien, je m’y ferai. Car trop vieux pour aller me réfugier dans un réduit breton, en Guyane ou ailleurs, j’aurai fait mon temps. Mais je peux comprendre, et non approuver, que cet état d’esprit ne soit pas partagé par la Tumpland. Tentons donc, faute de mieux, d’en sourire. Mode Pensée universelle.


Je ne vais pas vous rabâcher que l’Associated Press (AP) ayant donné Joe Biden président des États-Unis d’Amérique, selon les usages de cet étrange État fédéral, c’est plié pour le Donald. Mais j’attire l’attention sur deux autres titres de cette même agence. « Les partisans de Trump refusent d’accepter la défaite » et « Trump a perdu, mais pas le trumpisme ». Trump, c’est Obélix sans Astérix. Et l’irréductible Donald va sans doute se voir un jour convaincu par une Falbala-Ivanka qu’il peut encore assommer des taupes avec des balles de golf bien ajustées. Certes, le Donald, sachant qu’il en est bien incapable, va plutôt tenter de persuader l’univers qu’il va avoir des milliers de taupes à son futur tableau de chasse (car Trump ne cherche pas à améliorer son par, mais à occire des taupes sur le parcours). La Trumpland fera sans doute quelques temps semblant de le croire. Puis une ou un autre viendra, plus persuasif. Une ou un plus convaincant, plus hargneux, encore plus pugnace.

L’ernnui, tel que je le pressens, et qui n’est pas un minime inconvénient, est que Trump va s’accrocher, si ce n’est à la Maison Blanche, à l’idée qu’il dispose d’une base suffisante pour reconquérir le pouvoir. Et il se trouvera bien quelqu’un·e pour faire semblant de le conforter dans cette certitude avant de le coiffer sur le poteau et convaincre la Trumpland qu’il a fait son temps, mais qu’elle ou lui réussira mieux que lui à l'incarner, cette envahissante et exportable Trumpland.

Biden et Harris savent qu’ils vont se retrouve héritiers d’une Trumpland pour laquelle c’est elle face au reste du monde. Et que pour que se la concilier, ce qui est d’autant plus nécessaire que même dans leur électoratdes fondamentaux de la Trumpland restent partagés, il leur faudra maintenir que le principe de l’Amérique d’abord (America first) les guide.

Trump va s’accrocher, s’enraciner autant qu’il le pourra dans sa « société du spectacle ». Il ne jettera pas le gant, quelqu’un·e le lui ravira. Biden-Harris devront faire avec, et ce, aux dépens, ce me semble, du réduit (ou rebut) européen, avec sans doute un peu plus de doigté que leurs prédécesseurs.

Ne vous déplaise, je suis fort conscient de divaguer, de vaticiner, sur le mode the end is near. Mais d’un, ce qui semble plausible, c’est que des gens qui vraiment cru qu’ils descendaient des Gaulois (en fait d’un peu tout le reste du monde) ont fini par se persuader qu’un Pétain, avec l’aide de Dieu, rétablirait l’ascendant des Gaulois. Il suffit de voir les réactions de la Trumpland aux tweets du Donald pour se rendre compte qu’après Trump, elle en adulera un autre.

Et de deux, je n’écris pas pour que vous vous lamentiez avec moi, mais pour tenter de nous faire rigoler.

C’est pourquoi je cesse de me prétendre expert en géopolitique pour céder la parole à un véritable expert. J’ai nommé, sous vos applaudissements, Mohammed Madjour. Comme il se définit sur son profil Facebook, c’est un « homme de science et Expert au service de la vérité et de la Justice » (sic, je préserve les capitales qu’il emploie). Il reste peu sceptique à propos de la fraude électorale imputée aux démocrates car il attribue la défaite de Trump à… l’Élysée. Tout s’éclaire.

En réponse à Donald Trump, il compatit avec lui, victime d’un complot international fomenté rue du faubourg-Saint-Honoré. C’est là qu’a été conçu le programme « Rendre l’Amérique misérable ». À un moment, je me suis dit, ce gars est comme moi, il écrit un peu tout et n’importe quoi, mais ne le pense pas vraiment. Ou, tel un Trump, s’auto-persuade qu’il peut penser, réfléchir sainement (prétention que je partage avant de me pincer pour revenir à une raison raisonnante). Eh bien non. Il est fort sérieux.

Son compte Twitter aligne des interventions du même tonneau. C’est « la désinformation et la manipulation française depuis 2016 » qui étaient à l’œuvre pour détruire Trump. La « Sorcellerie de l’Élysée » fut la plus puissante, en déployant les maléfices de la « cocoricologie ». Je n’invente rien. Car Trump n’a aucune chance : “Biden, will apply to him the program of the Elysee which wants to lock up the whole world in his comedy of cocorioco-logy of 2015!”. « Drôle d’époque», s’exclame Madjour. Eh oui, “les médias de l’Elysée avaient investi tout leur énergie négative. L’Amérique a succombé sous la puissance de la propagande et de la désinformation. ». Tout s’explique, tout devient clair.

Ce qui semble surtout limpide, c’est que ce monsieur a sans doute cherché en vain à se faire publier en France et que faute de trouver un éditeur, il lui faut une explication plausible, laquelle c’est évident provient de « la clandestine tribu de l’Élysée qui vit de la sorcellerie ».

Avant l’an 1996, une maison d’édition publiait à compte d’auteur, tous les délires qu’on lui adressait. La Pensée universelle a déposé le bilan. Je me souviens avoir reçu l’un de ses auteurs (une blague des confrères sans doute ou du chargé de l’accueil au siège du journal) qui me soutenait qu’il recevait des émissions de télévisions du monde entier derrière ses rétines. Une révélation qu’il avait tenu à partager grâce à La Pensée universelle. De 1970 à mars 1996, cette maison publiait environ 400 ouvrages chaque année. Les seuls manuscrits refusés (à peu près 4 %) l’étaient pour des raisons légales (écrits susceptibles de faire condamner l’éditeur). La plupart des livres publiés étaient des témoignages, des autobiographies, qui ne manquaient pas d’intérêt. C’est d’ailleurs pourquoi certains figurent encore aux catalogues de diverses bibliothèques publiques.

Madjour, comme Trump, n’est pas tout à fait ce qu’on appelait « un simple d’esprit ». Croyez-le ou non, voici seulement une heure, Trump s’est de nouveau exprimé pour redire que l’élection lui a été volée (on peut le croire sincère, il s’en est vraiment persuadé). Malheureusement, il attribue sa défaite aux traficotages des “big city machines” démocrates, et non pas à la sorcellerie élyséenne (qui peut contrôler à distance les machines à décompter les bulletins de vote, chacun sait bien cela).

Ce qui est gênant dans cette histoire, c’est que, voici encore quelques jours, nombre de démocrates ou indépendants voulaient émigrer à l’étranger (principalement au Canada). Depuis l’élection de Biden, nombre de trumpistes veulent se relocaliser en Alaska (État républicain). Pour tenter d’avancer une idée un peu sérieuse, espérons que l’administration Biden pourra faire en sorte que la pollution de l’Alaska n’aura pas de répercussions lamentables jusqu’au faubourg Saint-Honoré avant le plus longtemps possible.

Ce qui me semble raisonnable (cela m’advient parfois), c’est que la tâche de Biden-Harris devra consister à faire en sorte que la Trumpland, qui se sent annointée par un dieu à son image, puisse être convaincue que ce dieu n’a pas pour dessein de voir la planète qu’il est supposé avoir créé finir submergée, anéantie par la pollution. Ce n’est pas gagné d’avance.

Histoire de quitter l’avant-scène en beauté, Trump a réussi à faire passer un sondeur étasunien pour un britannique. En fait, le britannique Sunday Express avait confié une tribune à Patrick Basham, résident de Washington. Lequel soutient que les Afro-Américains et les femmes caucasiennes des banlieues sont restés jusqu’au bout des électeurs silencieux de Trump, faussant les sondages. Et que dans ce cas, seule la fraude électorale explique la victoire de Biden. Cet Étasunien pro-Trump devient, sous la plume de l’ex-président le “best pollster in Britain”. Pour tous les trumpistes ayant réagi à ce mensonge, c’est parole d’évangile. Jusqu’au bout, Trump ne croira que ce qui l’arrange, ne dira que ce qui l’avantage et quelle que soit l’évidence contraire, la Trumpland l’ovationnera. Et accordera une confiance absolue à qui lui succédera en utilisant les mêmes méthodes. Pour mémoire, c’est exactement ce qui se produit au Royaume-Uni avec le Brexit. Tous ses partisans restent persuadés qu’il instaurera leur paradis sur terre. Et si cela tournait mal, ne cherchez pas plus loin : les satanistes de l’Élysée peuvent toujours tout tenter, au final, le Mal sera terrassé. Mohammed Madjour, en ce dimanche de confinement, you made my day. J’ai bien ri. Demain ou après-demain, il sera toujours temps de pleurer si, en France, les complotistes de cet acabit deviendront majoritaires. Rappelez-vous le film Dead Poets Society (Cercle des poètes disparus). Carpe diem. Cueille le jour présent sans te soucier du lendemain (quam minimum credula postero diei).