Assourdissant silence du parti croupion républicain
Quel
mic-mac ! Je vous ai épargné les dérisoires épisodes d’hier puisqu’ils ne
changent rien au fond : le Donald fait c’k’il lui plait-plait-plait, pinaille
et dit ou fait dire qu’au final il sera prouvé qu’il a remporté sa réélection.
Le problème est qu’il ne se borne pas à cela, il décuple aussi son pouvoir de
nuisance.
En vrac : Trump s’est appuyé sur l’exemple du Nevada pour prédire qu’il gagnera. En fait, la Trumpland multiplie les déclarations de fraude. C’est parfois une courageuse anonyme qui témoigne sous serment (mais l’anonymat rend la déclaration irrecevable) qu’elle en a vu des verts et des pas mûrs, des choses hautement suspectes à ses seuls yeux. Comme le veut l’adage cujus ou testis unus, ergo nullus. On a aussi vu le gouverneur républicain de Géorgie déclarer que le sénateur républicain Lindsay Graham (un Carolinien méridional) l’avait incité à commettre une fraude électorale de masse ; l’intéressé à rétorqué qu’on avait dû mal interpréter ses propos. Tout cela semble dérisoire au regard des actes de Trump et des réactions qu’elles suscitent dans le clan républicain bientôt réduit au trumpisme rigoureusement aligné.
Trump a
donc laissé le champ libre à des compagnies pétrolières et gazières pour
exploiter une réserve naturelle de l’Arctique. Aucune réaction du parti
croupion.
Il retire
des troupes de divers pays. Là, à propos de l’Afghanistan, le président républicain
du Sénat, réélu récemment, Kevin McCarty, a soulevé une objection respectueuse.
Trump, sachant qu’il pourra toujours compter sur lui s’est préservé de l’insulter
frontalement.
En
revanche, il purge son administration et renvoie Christopher Krebs, le
responsable de la cybersécurité. C'était attendu. Ce qui l'est moins, c'est
qu'il ne s'est trouvé qu'un seul sénateur républicain, Ben Sasse, celui du
Nebraska, pour protester. On s’attend donc à ce que, comme partout ailleurs,
Trump lui oppose un affidé pour empêcher qu’il puisse être un jour réélu.
Même la
presse pro-Trump s’est (un peu) lassée des histoires de fraude électorale. Le
nouvel angle, c’est de faire emprisonner les Biden (Joe, le père, Hunter, le
fils) pour corruption et collusion avec des puissances étrangères : lock’em
up ! Newsmax met cependant en
avant que 5 % de l’électorat considère que Trump a remporté l’élection
mais que la proportion monte à 52 % parmi l’électorat de Trump. Il ne lui
reste plus qu’à convaincre les 48 % restant, et il continue à s’y employer tout
en assurant avoir vaincu la pandémie (donc nul besoin de mesures coercitives
car liberticides). Un autre sondage plus récent, celui du site Politico/Morning
consult laisse penser que 67 % de l’électorat républicain considère ces
élections entachées de fraudes ou irrégularités.
Trump
limoge, mais il fait aussi embaucher. Ainsi Brian Brook à la tête de l’équivalent
de l’autorité des marchés financiers, le gendarme des banques. Il n’a pas
réussi à placer Judy Shelton immédiatement à la Fed (la Federal Reserve), mais
il ne désespère pas que le Sénat finisse par approuver sa nomination.
Dans les
coulisses, il fait accuser les démocrates de se livrer à du frauduleux tourisme
électoral en Géorgie afin de bloquer l’élection de deux sénateurs trumpistes de
cet État (il est interdit de voter en Géorgie si on n’a pas résidé un temps
suffisant sur place ou si on ne peut prouver qu’on s’y installe durablement).
Si les républicains perdaient de ce fait leur majorité au Sénat, Trump pourra
hurler à la fraude organisée (il suffira de trouver un cas frauduleux pour
assener que ce n’est que l’arbre qui cache la forêt de la corruption démocrate
et peut-être obtenir un recomptage des voix le plus lent possible).
Mais en
politique étrangère, il peut aussi accélérer la vente de matériels militaires
aux Émirats (dont des chasseurs F-35 et des drones). Il peut de même renforcer
les sanctions commerciales visant la Chine. Ou donner le feu vert à Israël pour
étendre ses annexions. Ou encore décréter que les Houthis du Yémen, combattus
par l’Arabie, sont une organisation terroriste (ce qui bloquerait des tentatives
de solution négociée par l’administration Biden).
Et puis,
il pourra aussi continuer à solliciter des dons pour couvrir des frais légaux
(s’il exigeait un recomptage dans le Wisconsin, il lui faudrait trouver près de
huit millions de dollars).
Donald Trump et ses fils, Eric et Donald Jr, multiplient les accusations de fraude, laissent entendre que la Cour suprême (à majorité trumpiste) pourrait être saisie, mais ce n’est pas tout à fait l’essentiel. Lequel, outre des décisions économiques ou autre, consiste à élargir encore la base électorale et faire élire davantage d’élu·e·s trumpistes à la Chambre des représentants en 2022. Donald Ttrump, côté cour, joue au golf ou regarde la télévision, mais côté jardin, il lui reste deux mois pour saboter la future présidence Biden, et il saura les employer au mieux de ses intérêts familiaux. Il pourra aussi gracier ses amis en délicatesse avec la justice, comme Steve Bannon que l’on retrouve régulièrement sur des chaînes et réseaux alt-right. Trump a perdu les élections, le trumpisme n'a perdu qu'un épisode transitoire.
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