Trump s’approprie « son » vaccin de son « second mandat »
Donald
Trump s’est adressé à la presse pour vanter son Operation Warp Speed de
vaccination de masse. Il a refusé toute question, n’a pas abordé celle de la
passation de pouvoir à Biden-Harris, mais s’est au moins préservé de proférer
des insultes visant les démocrates.
Donald Trump est tel un gamin nécrophage. Il profère des insanités et s’en délecte. Mais il faut remonter à la veille du 3 novembre pour retrouver des invectives visant Sleepy Joe (Joe le somnolant) ou la monstrueuse Kamala Harris, qu’il considère « plus à gauche que Bernie [Sanders] le fou ». Biden a remporté de très loin le vote populaire (en fait, depuis 1992, les démocrates ont toujours remporté plus de voix que les républicains, sauf en 2000, sans pourtant toujours obtenir le nombre voulu de grands électeurs). Mais de toute façon, grâce au tripatouillage des circonscriptions savamment découpées, les républicains (à présent les trumpistes) parviennent toujours à mieux se placer aux commandes, hormis dans les États à écrasante majorité « bleue » (démocrate).
Si Biden-Harris
ont remporté 306 grands électeurs, c’est grâce à une participation record et notamment
en Géorgie où 800 000 nouveaux inscrits (les républicains faisant tout leur
possible pour tenter de bloquer les inscriptions sur les listes électorales de
fort longue date) ont voté démocrate. Mais on peut toutefois douter que la Géorgie puisse envoyer
deux démocrates au Sénat. Or, le Sénat peut bloquer les nominations des
ministres, des ambassadeurs, &c. Et aussi priver la présidence des fonds
nécessaires pour mener ses réformes.
La
tactique à long terme de Trump est de marteler qu’on lui a volé l’élection. Qu’importe
que les recours légaux de l’équipe de Rudy Giuliani puissent ou non aboutir.
Certains cabinets d’avocats se retirent comme en Pennsylvanie, d’autres réfutent
qu’il y ait pu se produire des fraudes manifestes et se bornent à maintenir que
des erreurs involontaires ou de fumeuses irrégularités justifient leurs
plaintes. Seize procureurs fédéraux exerçant dans une douzaine d’États ont
formellement réfuté les suspicions de fraudes avancées par le ministre de la
Justice, William Barr. Mais pour Trump, c’est secondaire. Seule la « presse
boîteuse ou éclopée », soit la fausse presse forcément libérale,
mensongère, celle des élites, s’acharne en vain à le contredire (ce qui, pour
lui, ne saurait tromper les vrais patriotes).
Une autre
bataille légale, déjà entamée en coulisses, vise Trump, pour fraude fiscale et
aux assurances et faux en écritures notamment. Qu’à cela ne tienne, c’est un
peu comme l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection précédente, de basses manœuvres
des élites contre lui. Ces poursuites n’ont aucun autre fondement que
politique, afin de le discréditer faussement, soutient-il.
Il n’en a
cure et s’il reste à la Maison Blanche, c’est pour préparer des vaccinations de masse,
dès que « son » vaccin pourra être validé. Ayant déjà sauvé l’Amérique
de la décrépitude et du déclin, il va sauver physiquement les Américains en
proie à la pandémie sans, bien sûr, qu’il soit nécessaire de les confiner.
En sept
jours, les États-Unis ont compté 7 000 morts de plus, et le vaccin « contre
le virus chinois » (expression de Trump) ne pourra pas être distribué avant le début de
l’année prochaine, au mieux. Qu’à cela ne tienne, Trump doit rester à la Maison
Blanche pour tout agencer. S’il y a des cafouillages après son départ, ce sera
la faute de Biden et des « communistes » démocrates.
Trump a
mis à présent la pression sur les législateurs républicains de quatre États
remportés par Biden (Arizona, Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin) pour qu’ils
désignent des grands électeurs votant pour lui. Les quatre ont formellement refusé
de se mettre dans l’illégalité : ils nommeront des grands électeurs qui
voteront pour Biden.
Ce qui en
fait déjà des républicains seulement de nom (ou Rino, in name only),
comme tout autre élu républicain ne se pliant pas au bon vouloir de Trump.
C’en est
au point que la perspective de voir la présidence passer à la démocrate Nancy
Pelosi, qui préside la Chambre des représentants (c’est le dernier recours si
les nominations de grands électeurs étaient contestées), n’est pas ce que
recherche Trump. Dans ce cas, on lui aurait volé deux fois son second mandat.
Le jour même de l’élection, puis de nouveau celui de l’investiture.
Histoire
de chauffer les participants de la Marche Maga sur Washington ce samedi, Donald
Trump Jr, le fils de l’autre, a dénoncé le candidat démocrate de Géorgie pour
ses liens financiers avec la Chine (ils sont en fait indirects, liés à des
droits d’auteurs pour un documentaire d’une société basée à Londres).
La marche
sur Washington de ce samedi est loin d’être la seule. Le site stopthesteal.us
en recense dans pratiquement tous les États.
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