Dix semaines de travail de sape pour Trump
Théoriquement,
début janvier, Trump doit s’expulser de la Maison Blanche. En fait, il tente
tout pour repousser l’échéance et entre temps, il exerce à plein son pouvoir de
nuisance. Faute de pouvoir finir son mur frontalier, Trump se battra jusqu’au
bout sur tous les fronts et sa famille vise déjà 2024, persuadée de sa
légitimité.
Sans majorité au Sénat, la présidence Biden-Harris est d’ores et déjà paralysée. Or il n’est pas du tout sûr que les deux siège en lice en Géorgie soient remportés par les démocrates Jon Ossoff et Raphael Warnock. En revanche, pendant encore dix semaines, voire davantage, Trump n’est pas du tout paralysé. Outre ses prérogatives, il peut compter sur l’ex-parti républicain et ses élus. Et sur une cour suprême à sa dévotion. Car la fiction du parti républicain a vécu, se distancier de Trump, c’est s’aliéner trop d’électeurs, manquer de fonds. Biden est présumé favoriser le consensus, soit obtenir des concessions d’élus républicains. À moins de se voir assurer une prébende ou un pantouflage juteux, plus aucun·e élu·e républicain·e ne peut se le permettre. Il ou elle serait catatalogué·e État profond, Rino (Republican in name only).
Pour le
moment l’administration Trump bloque à l’équipe Biden-Harris tout accès à quoi
que ce soit. Trump fait aussi le ménage en virant les tièdes, comme le ministre
de la Défense. Quant au ministre de la Justice (le procureur général), il a
carte blanche pour fonder toutes les accusations de fraudes électorales visant
les démocrates, y compris les plus vénielles ou carrément ridicules, insignifiantes.
D’ici à janvier, une cour suprême à la dévotion (ou menacée par Trump, ou
indirectement rétribuée) peut détricoter l’Obamacare, la couverture sanitaire
minimale.
Si Trump
veut virer les directions de la CIA ou du FBI, il le peut, des ex-républicains protesteront
faiblement ou plus véhémentement, peu importe, la Trumpland applaudira. Le
mieux, comme le fait l’ex-vice-président Mike Pence, est de se taire, de se confiner
loin de Washington, et attendre des propositions d’embauche. Ou hurler avec
Trump en vue d’une réélection par la Trumpland.
D’ici
début janvier, Biden peut toujours recommander aux gens de porter des masques,
réunir une équipe de scientifiques, Trump n’a aucune raison d’en tenir compte.
En fait, le
réel dilemme de Trump, c’est de décider s’il se représentera en 2024 ou s’il
fera plébisciter sa fille par la Trumpland. Et dans cette perspective, plus il
se montrera vindicatif au cours des dernières semaines de son bail, mieux il
enflammera la Trumpland, minera la crédibilité de la presse et des médias ne
lui étant pas favorables inconditionnellement.
Si Trump
décidait de transformer les jardins de la Maison Blanche en bassins d’épuration
d’eaux usées avant de rendre les clefs, la Trumpland applaudirait ou s’agenouillerait
pour louer son prophète, l’élu du Très Haut, le Donald.
Comme l’a
estimé l’ancien directeur de la CIA, John Brennan « vous pouvez faire
une masse de dégâts en 70 jours (…) et malheureusement, les républicains
siégeant au Congrès laisseront faire Trump. ».
L’une des
toutes dernières de Trump est d’assurer que l’État profond (démocrates,
institutions médicales, &c.) ont différé l’annonce de la découverte d’un
vaccin (présumément, le vaccin occidental, non le russe ou le chinois) afin de
lui faire perdre l’élection. Croyez-vous que la Trumpland en déduit qu’il concède
avoir perdu l’élection ? Pas du tout. Breitbart News met en avant un
sondage selon lequel 70% de l’électorat de Trump reste persuadé que l’élection
a été trafiquée, faussée (voire que la volonté divine rétablira la vérité).
On a pu,
provisoirement, se rassurer du fait que les milices armées pro-Trump n’ont pas
déferlé partout. En fait, leurs membres rejoignent à présent le mouvement Loud
Majority (censé transformer la majorité silencieuse pro-Trump en majorité tonitruante).
Dans un
premier temps, on s’est conforté de l’idée que même la presse pro-Trump (Fox
News, le New York Post) admettait la victoire du tandem Biden-Harris. À
présent, c’est le retour à la propagande selon laquelle le président élu est l’otage
des « communistes » et de l’ultra-gauche. OAN (One America News) met
en doute les résultats en Pennsylvanie.
Trump continue
à convaincre la Trumpland que l’élection a été truquée par l’État profond. Ainsi,
il dénonce de nouveau Andew McCabe, l’ancien directeur adjoint du FBI, qu’il
avait limogé deux jours avant qu’il puisse prétendre à une retraite complète. Ses deux fils, Eric et Donald Junior, en rajoutent
aussi sur le thème qu’une machination a confisqué la réélection de leur père. Et
le compte Twitter @TrumpWarRoom et d’autres leur servent d’orchestre
symphonique. Quoi qu’il advienne, le trumpisme se survivra. Aux États-Unis, mais aussi en France (écoutez donc Zemmour...) et ailleurs, hélas.
Bonne analyse des faits
RépondreSupprimerToujours aussi pertinent !
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