lundi 16 novembre 2020

La Maison Blanche appelle à la désobéisssance civile

 Rebellez-vous clame « l’expert » de Trump, Scott Atlas

Deux États démocrates, Michigan et Washington, ont instauré le confinement. Aussitôt, le conseiller spécial de Trump, le Dr. Scott Atlas, en a appelé à la désobéissance civile : « soulevez-vous ».


Certes, Twitter a censuré les messages du neuroradiologue Scott Atlas, qui appelait à se passer de masques et à désobéir, au Michigan, aux consignes de confinement. Mais pas la presse pro-Tump.  Cette fois, pas de “stand back and stand by”, comme Trump le recommandait aux miliciens des Proud Boys, c’est carrément “people rise up. You get what you accept.”. Absolument pas qualifié en épidémiologie, mais persuadé que l’immunité collective finit par éradiquer les pandémies, ce curieux médecins s’en prend surtout à la gouverneure démocrate du Michigan, Geretchen Whitmer. Celle qu’une autre milice pro-Trump voulait enlever, juger et condamner. Et que Trump, un temps, incendiait jusqu’à plusieurs fois par jour. On peut penser que Scott Atlas, c’est surtout la voix de son maître, le Donald.

Ce dernier n’a toutefois pas repris à son compte le message de son porte-voix, lequel s’est repris en indiquant qu'il ne prônait pas la violence mais incitait à) « manifester pacifiquement » (puis à voter, donc pour changer de gouverneur).

Certes, la conseillère médicale et sanitaire de Joe Biden, la Dr. Vivek Murthy, a considéré que le confinement ne devait être envisagé « en dernier recours ». Ce qui, d’une part, ne l’exclut pas totalement, et d’autre part, ne plaide pas moins pour des mesures moins radicales, parcellaires, mais contraignantes. Ces mesures sont d’ailleurs largement appliquées dans de nombreux États dirigés par des républicains (dont ceux de l’Ohio et du Nord Dakota). Et Scott Atlas se garde bien de les pointer du doigt.

Trump, en revanche, rappelle que les deux vaccins en passe d’être validés l’ont été sous sa présidence. Et aussi du temps du pape ou du Dalaï lama, qui se retiennent de dire qu’un fléau divin peut être repoussé par des prières ou des incantations. Ni, comme Trump se retient de l’affirmer, que le soleil se lève chaque jour grâce à leurs intercessions.

Le Donald continue d’assener que la fraude électorale lui a ravi son second mandat, en Géorgie aussi où pourtant les bulletins sont recomptés manuellement. Les chaînes pro-Trump, Oann et Newsmax continuent à répandre et amplifier ces accusations, mais force est de constater que dans un pays où près de 300 millions d’armes sont détenues par des particuliers, Biden n’a pas encore subi le sort de Kennedy.

Joe Biden, dont la fondation contre le cancer a surtout rétribué grassement d’ex-collaborateurs sans distribuer des fonds à des équipes de chercheurs, ne se voit pas trop violemment pris à partie de ce fait. Les fondations Trump le rétribuaient ou défrayaient ses dépenses, mais il ne peut déjà être avancé que Joe Biden ou son épouse ait profité personnellement de la Biden Cancer Initiative.

Pour le moment, Trump ou ses conseillers s’accrochent à des détails qui ne changeront pas l’issue, notamment en Pennsylvanie où tout en minorant leurs prétentions, ils cherchent un résultat symbolique (faire éliminer des votes irréguliers formellement mais validés après coup par les divers électeurs). Au départ, ils réclamaient que plus de 682 000 votes soient invalidés.

En fait, on en viendrait à se demander si Trump ne s’accroche pas (ou plus) aussi longtemps que possible à la Maison Blanche pour seulement des questions d’ego. Son pouvoir de nuisance pourrait être encore employé à tenter de discréditer des élus républicains lui étant moins favorables que d’autres, et à pouvoir mettre en avant ses partisans les plus fidèles. Dans un récent message, il a fait allusion au gouverneur républicain de l’Ohio, Mark DeWine, qui avait eu le tort de considérer que Joe Biden était le « président élu ». Dans divers États, Trump veut que ses partisans séparent son bon grain trumpiste de l’ivraie tentée de passer des compromis avec les démocrates. Tant que Trump reste le président en exercice, il peut plus facilement chauffer sa base, et même si la « presse éclopée » dénonce ses mensonges, elle les répercute. De nombreux élus républicains sont dans sa ligne de mire et beaucoup d’autres se gardent bien de le fâcher de peur qu’ils s’en prenne à eux. Trump profite aussi du sursis pour recommander des médias lui étant favorables ou inciter à quitter Twitter pour Parler, un autre réseau moins pointilleux sur la nature des contenus.

Cela lui donne aussi le temps de soutenir que, si la pandémie s’étiole ou s’éteint, c’est bien sûr grâce à lui, comme vient de le rappeler sa fille Ivanka qui félicite son père à l’occasion de l’annonce d’un second candidat vaccin. En 1024, elle, l’un de ses frères ou le Donald lui-même sauront claironner que s’il était resté au pouvoir, la pandémie aurait été plus vite vaincue (et bien sûr, sans reconfiner en attendant de vacciner). Bien joué, le bateleur de foire.

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