mardi 28 juillet 2020

Amar Benhomhamed diffamateur, forcément diffamateur ?


Malversations policières, l’infâme affabulation !?

Ministres, hauts fonctionnaires, caciques syndicaux de la police ont été unanimes : les malversations et violences policières relèvent du mythe propagé perfidement par des réseaux sociaux et ceux que sait si bien qualifier Donald Trump. Dans ce cas, un peu de courage, et poursuivez nommément le l’OPJ Amar Benmohamed qui semble — pernicieusement, forcément — vous apporter la contradiction. C’est simple, soit il ment, soit vous avez menti et persistez dans le mensonge. Un peu d’honneur dans votre défense et illustration de la police.
Je ne vais pas vous bassiner avec une info ô combien peu exclusive. Recherchez, entre guillemets « Amar Benmohamed ». Toute la presse en fait état. Mais ô combien avec tant de circonspection et de restriction mentale ces choses là sont dites ! Le médialogue de comptoir confrontera les divers articles avec celui de Street Press signé Mathieu Modard, Christophe-Cécil Garnier et Yann Castanier. Ceux-là, s’ils se recasaient en presse locale et régionale seraient tricards à jamais de main-courante et devraient s’en remettre à la confraternité pour être avertis du moindre fait-divers. J’ai connu cela (à Belfort, du temps du commissaire Tanière ; par la suite, j’ai su faire comme les intérêts commerciaux du titre employeur me le dictaient, enfin, en louvoyant).
Comme usuel, je rajoute que je ne suis pas du tout « anti-flic » systématique, déontologie oblige comme mes propres constatations. Et il me plait de signaler qu’encore récemment, j’ai eu à faire avec trois équipes policières — en tant que témoin — d’un comportement exemplaire. Courtois et tout et tout. De ma longue expérience, plus représentatifs de l’ensemble des forces de l’ordre (police, gendarmerie) que de celles et ceux des « promos Valls » et certaines antérieures qui inspirent au brigadier-chef Benmohamed cette réflexion : « si je ne dénonce pas mes collègues policiers, je suis complice ».
C’est là l’essentiel. Qui moralement oblige les non-dénonciateurs (ministres, hauts-fonctionnaires, &c.) à laver leur honneur. Donc à poursuivre Amar Benmohamed pour calomnies, dénonciations diffamatoires, &c. Ou à revenir sur leurs impétueux propos, pour les nuancer. Pour ne pas donner l’impression d’être et se comporter comme ces épurateurs de la police peu après la Libération de Paris qui se sont débarrassés des Amar Benmohamed de l’époque (beaucoup de subalternes révoqués, voire exécutés, fort peu de responsables — je ne vais pas revenir sur Bousquet ou Papon et consorts).
Voici peu, Patrick Chaimovitch, ayant évoqué la « police de Vichy » et la présente amalgamée trop vite, s’est vu opposé les protestations indignées de Synergie-Officiers et du syndicat des commissaires, ainsi que d’Alliance qui veut se porter partie civile conjointement à la plainte introduite par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, lundi 27 juillet. Soyons logiques : les faits rapportés par Amar Benmohamed ne s’apparentent-ils pas  à ceux évoqués par le maire de Colombes ? Soit ils sont établis, et le ministre doit revoir ses prises de position, soit ils ne le sont pas, et il doit laver son honneur et ne pas passer pour complice d'un diffamateur. Mais il est fort loin d’être le seul. Il se trouve en excellente compagnie.
Je me souviens de ces communistes belfortains jugés pour avoir estimé que Mitterrand avait « pacifié l’Algerie au lance-flamme ». Très belle prestation de Robert Badinter pour le Parti socialiste. Avec l’ami Jean Gonnin (qui fut, avant Dupont-Moretti, aussi l’avocat de Patrick Brice), j’avais ensuite félicité Badinter pour la prestance de son plaidoyer. Nous n’en pensions pas moins. Mais vérité partielle ne s’exprime pas à l’emporte-pièce. Je conçois donc fort bien que le maire de Colombes ait par la suite apporté un bémol à ses propos. Mettons que certains faits aient pu le porter à s’emporter.
C’est donc aussi avec pondération qu’il faut mettre en perspective cette affaire Benmohamed. Par exemple en remémorant que le chef de la police de Hesse, Udo Münch, n’avait pas attendu une sanction pour démissionner (et se mettre en retraite anticipée) lorsqu’il fut patent qu’il couvrait les agissements de certains subordonnés.
Amar Benmohamed souligne aussi que, dans le même service, des collègues vraiment très bien, très corrects, exemplaires, doivent cohabiter avec les éléments incriminés. Dont des gradés très convenables, certains de ses supérieurs ne couvrant pas les faits allégués (mais recoupés, vérifiés, recroisés). Dont acte.
Il convenait de rapprocher cette affaire du maire de Colombes de celle-ci. Je pensais avoir eu cette originalité. Or, sur Twitter, voici que je découvre ce message d’Arié Alimi, avocat de M. Benmohamed qui relève : « je regrette profondément que la Licra décide délibérément de ne pas communiquer sur des délits racistes et antisémites au dépôt du TJ de Paris tout en devenant officiellement un organe de communication du ministère de l’intérieur » (à propos du maire de Colombes). Aurait-on, à la Licra, des contredanses à faire sauter ? Connivence ou complicité ?  Ou simple retard d'allumage ? Cependant, Mario Stasi, de la Licra avait déclaré attendre de la police, en matière de racisme, « un devoir d’exemplarité ». Mario Stasi, dans L’Obs ((29 mai dernier) relevait à juste titre que certains « s’enferrent dans une défense irraisonnée des incidents de racisme dans la police » en « accordant des brevets d’immunité corporatiste et figée ». Des noms, des noms ! Et aussi des faits… Et en sus de voir un front syndical policier conspuant le maire de Colombes, on souhaiterait une unité syndicale de soutien au brigadier-chef Benmohamed. Cela clarifierait les choses, on serait mieux à même de savoir à quoi s’en tenir sur les uns et les autres… Et de quel côté penche le ministre. Donc, par ricochet, MM. Castex et Macron.

mercredi 15 juillet 2020

Éclaboussures cacateuses entre Amber Head et Johnny Depp


Boo and Pistol diffamés ?

Une fois n’est pas coutume, mais je ne peux m’empêcher d’aborder la rubrique pipeule avant que vous appreniez par ailleurs que la disputacio entre Amber Head et Johnny Depp va se fonder sur l’origine des colombins gluants et des étrons malodorants. La question cruciale : est-ce Amber Head ou les fox terriers Boo et Pistol de l’ex-couple qui ont déféqué dans le lit de l’acteur ?
Longtemps chroniqueur judiciaire, je n’aurais jamais rêvé d’avoir à relater un tel débat. Crucial pour la Haute Cour de Justice d’Angleterre et du Pays de Gallas (est-ce la division du banc de la Reine ou celle de la Famille qui traite de ce caca ? Pardonnez mon ignorance, temporaire). Toujours est-il que Johnny Depp poursuit le Sun qui l’avait campé en tyran domestique, frappant Amber Heard. Laquelle, d’ailleurs, accuse l’acteur de l’avoir violentée dès leur lune de miel à bord de l’Oriental Express, en juillet 2015.Un an plus tard, en avril 2016, une femme de ménage, Hilda Vargas, découvre des étrons, humains selon elle, dans  ou sur le lit de l’acteur. En fait, sous le drap du dessus. Amber Head assure que c’est le fait des fox terriers, ou du moins de l’un d’entre eux, Boo ou Pistol.
Là, j’estime qu’il faut s’en remettre à des experts en fox terriers. Mon badigeon de Madagascar, Ouigo, onc ne s’enfouit sous le drap de dessus, mais avec des fox, à quoi s’attendre ? On ne peut bien sûr transposer, d’autant que je lui fournis des croquettes qui « améliorent la qualité des selles » (en anglais :  stool quality, autant dire que Royal Canin, publicité non rémunérée, vous garantit le perfect poo canin). L’Evening Standard a donc bien insisté sur la déposition d’Hilda Vargas. Elle a maintes fois éliminé les déjections anales des deux terriers (comme quoi Ouigo n’est pas le seul à se soulager au besoin, pressant, un peu n’importe où, me voilà conforté). Pour elle, aucun doute, Boo et Pistol sont diffamés.
Petite différence et grandes conséquences. Va-t-on assister à des échanges polémiques entre la SPA, Brigitte Bardot, et les associations féministes à propos de l’origine des cacas incriminés ? Des op-eds, des tribunes libres, des pétitions ?
Mais les mêmes soutiendront-elles (ou ils) que deux gentils toutous puissent être injustement accusés ? C’est le dilemme de l’ornithorynque dont je vous entretenais précédemment…  Sororité certes, mais ne sont-ils pas choupinets Boo et Pistol ? Gravissime cas de conscience. Il est à relever que The Sun s'est bien préservé d'incriminer frontalement les deux toutous. Le véritable coupable serait l'auteur(e)  Io Tillet Wright, laisse-t-on le lecteur supposer. Une allégation qui ne sera pas approfondie, ni même reprise dans l'édition du lendemain. Lequel Wright, ou laquelle, c'est selon, a pris fait et cause pour Head. Mais pas encore au point de se désigner responsable du méfait. La cour, qui siège déjà depuis plusieurs jours, voit les débats s'engluer dans des affaires de pipi-caca. Car, aux dernières nouvelles, Depp est présumé avoir uriné dans sa demeure (avec des témoins indirects l'accréditant et d'autres l'infirmant). Si l'affaire vous intéresse, le Daily Mail s'étend très longuement sur les débats. Je présume que la presse française, faute d'un témoignage « de moralité », favorable ou défavorable émanant de Vanessa Paradis, restera circonspecte. Mais Closer, Gala, et quelques autres titres en font déjà leurs choux gras. Le plus étonnant : constater que le site de Morandini ne s'attarde pas sur de tels détails. 
Je sais, je sais que je divague. Que cette vaine tentative de faire d’une affaire de crottes le sujet post/pré covid bis restera vouée à l’échec, n’atteindra pas le ventilateur (will not hit the fan). Le cocasse ne rompt pas forcément quatre palmes à un ornithorynque. Mais imaginez-vous la scène : des magisrrat·e·s de la High Court visualisant une vidéo de matières fécales, de sentinelles, et s’interrogeant : fiente humaine ou animale ? «  Foire, bren, crottes, merde, fiente, fiente, déjection, matière fécale, excrément, repaire, laisse, esmeut, fumée, étron, scybale ou spyrathe ? » (Rabelais, Quart Livre). Je ne vous la baille pas belle : vérifiez, c’est authentique. Mais souffrez qu’à présent, j’aille bailler aux ornithorynques, il  se fait très tard (ou très tôt, c’est selon).

mardi 14 juillet 2020

Un peu de pub pour tuer le temps

NordVPN ne traque pas ses clients, mais les ornithorynques

Tout ce qui suit n’étant qu’un bavardage inconséquent et ô combien dispensable (sens deux, encore en gestation). Vous m’accorderez que je ne vous prends pas en traître. Cela étant, si vous vous êtes déjà infligé la lecture d’un Jean d’Ormesson, vous êtes parés pour ingurgiter tout le salmigondis qui suit…
Prétexte : un communiqué de presse de Skylie Akers, chargée des relations publiques de l’opérateur NordVPN. Il existe aussi un SudVPN (si, si… ce serait même « le VPN qui sent bon le sud » depuis les quartiers nord de Marseille, je n’invente rien, ah l’odeur du VPN remontant le Rhône au-dessus des jonques, avec serveur nu à Babylone, parmi les bananiers, merci, René Ehni, le Sundgauvien, pour ce titre mémorable).
Or donc, lors d’une dispensable (idem supra) prise de bec avec une bignole — concierge, et non de l’angevin pour louchon — de ma rue, je la vois soudain porter ses doigts à ses oreilles et les replier pour accompagner un « il paraît que vous seriez “journaliste” ». Vu le contexte, ces guilles gestuelles ne pouvaient être que de distanciation. Mais oui, ma bonne commère, et même honoraire (retraité), on reste consigné dans des bases de données de chargé·e·s de relations de presse. C’est fou comme une gestuelle peut quitter les cercles universitaires, passer à la télévision et finir d’aventure, au coin de la rue (merci Finkielkraut et Bruckner, pour ce titre devenu cliché à l’instar du fameux tzigane heureux de Petrovic et de l’anonyme adaptant en français le titre duveteux de son film oscarisé).
Or donc, après avoir expédié l’ultime dépêche de l’Agence centrale de presse, j’en coupais (ce qui consiste à disjoncter en quelque sorte), tous les fils. Plus d’ACP, L’AFP souveraine (laquelle fut l’un de mes autres râteliers, mais en piges seulement). Or donc, le matin même, averti de l’issue fatale, je recevais un fax et un coup de fil d’une attachée de presse vantant je ne sais plus quelle société. Je rédigeais illico une dépêche (j’avais cru comprendre que l’attachée était rétribuée en fonction d’une obligation de résultat : je lui faxais donc la dépêche en retour, laquelle à ma connaissance ne fut même pas reprise en bouche-trou).
Une vaste étude sur les bouche-trous manque à l’histoire de la presse. Du temps des mettages, nous disposions de multiples vignettes aux libellés passe-partout (n. m. invar.) destinées à s’éviter des prises de tête de mises en pages. Exemple authentique : « Abonnez-vous dès aujourd’hui à Paris-Soir et Paris-Soir-Dimanche ». Ou « Pour vos offres d’emploi, utilisez nos petites annonces couplées ». De minuscules publicités qui ne seraient pas refacturées pouvaient aussi en faire office. Style : « La Jouvence de l’abbé Soury se trouve dans toutes les pharmacies ».
Et d’Ormesson dans tout cela ? Eh bien, m’ennuyant ferme en allant visiter feu ma mère en maison de retraite, je tombais sur un « Poche » de l’académicien. Rarement lu en si peu de temps autant de choses insipides. Là, je m’avale les deux tomes (1874-1914) du Churchill de Randolph Spencer Churchill, le fils de Winston. Souvent fastidieux, très rarement palpitant, mais, en regard, cela donnerait presque l’envie de s’envoyer le Twenty-One Year, du même Randolph S. Churchill. Tandis qu’un d’Ormesson peut vous dégoûter à vie de lire quoi que ce soit d’autre du même.
De même, trop d’informatique peut tuer l’appétence pour l’informatique.
J’avais débuté en 1980 avec l’un des premiers modèles «  ultra-portables » dira-t-on un temps du marché. Un Epson à 8 ko de mémoire, programmes sur eproms, affichant six lignes sur un écran repliable sur le lecteur de bandes magnétiques. Puis, réduit au chômage, conscient de mes manques, j’achetais d’occasion à un technicien de maintenance une tour dont les trois disques durs contenaient tous les logiciels de sa clientèle. Tout exploré jusqu’à point d’heure. Enfin, Pixel, Création numérique, Créanum, trois irrégulo-mensuels destinés aux graphistes. J’explorai tout, le jour, la nuit jusqu’à l’aube. À l’affût de toute nouveauté, de toute astuce contournant « l’écran bleu de la mort-qui-tue », soit l’ultra-récurrent affichage d’après réinitialisation.
Eh bien, figurez-vous qu’à présent je n’ai qu’une confuse idée de ce que peut-être un VPN (réseau privé virtuel) et que je suis fort ravi de m’en contrebalancer. Toujours est-il que NordVPN va refacturer un jour à ses clients une expertise de PwC (Price non pas water-closet) leur assurant que leurs données ne sont pas conservées, que rien n’en subsiste dans les x tuyaux reliant ses 5 100 serveurs répartis mondialement. Alors, Skylie (l’attachée de presse), heureuse ?
Sans doute peu durablement car le navigateur Opera m’incite à activer son VPN « pour une confidentialité accrue ». Ouf, je peux cliquer sur « ne plus afficher ».
L’ai-je bien « ormessonisé  » ? Ou convient-il de tirer davantage à la ligne​?
Au fait, ai-je bien désactivé Google Analytics pour m’éviter d’ingurgiter les multiples biscuits-témoins du site NordVPN ? Je n’en compte pas moins d’une soixantaine.
J’avoue rester dubitatif, si ce réseau ne conserve pas de données personnelles, pourquoi indiquer qu’il peut être demandé de supprimer ces mêmes données ? Bah, c’est sans doute une obligation légale de le faire figurer. Si je me gourais, merci de ne pas relever : j’en m’en balance sans doute tout autant que vous-mêmes.
Figurez-vous que je n’ai même plus la curiosité de savoir interpréter « VPN à double saut » ou “Onion over VPN”. L’Oignon serait un routeur. Quel drôle de nom pour un routeur, pourquoi pas Libellule ou Papillon, qui serait plus mignon ?
En tout cas, cet oignon peut disparaître ou réapparaître, mais sans vous faire du Tor. Encore heureux, non, que cela reste inoffensif. Un VPN prestidigitateur, je ne l’aurais même pas imaginé, un coup l’oignon est à Panama, à un autre ailleurs, vers Madras ou Tirana. Pour vérifier, vous pouvez même sortir des bitcoins de la doublure de votre chapeau. Si, après tout ce qui précède, vous avez encore du temps à perdre, vous aurez droit à un essai gratuit de trois jours.
Vous n’aurez pas, paraît-il, à redouter des « attaques par la force brute » (en français dans le texte) surgies « d’une méga-brèche ». La force brute descendrait-elle des Croisées par des géofenêtres ? En s’accrochant aux rideaux ?
Si on vous avait dit que la poésie régresse de nos jours, sachez bien qu’on vous aura menti.
L’informatique mène à tout à condition d’y entrer… J’imagine déjà l’attaque brutale de noctambules ornithorynques venimeux électropercepteurs (leurs dards ou éperons sont situés aux chevilles, soit au-dessus des palmes). On ne sait jamais où un ornithorynque peut vous mener : à Kant (Umberto Eco), à Platon (Thomas Cathcart et son Platon et son ornithorynque entrent dans un bar). Contrairement au cochon, tout n’est pas bon dans l’ornithorynque, mais ses usages sont multiples, en dépit d’une versatilité (ou adaptabilité) limitée pour les cruciverbistes (fréquence inversement proportionnelle à son emploi dans les dictées de Pivot). C’est d’ailleurs pourquoi je fonde de formidables espoirs sur son utilité future dans le domaine de l’informatique à faible bruit (sous-domaine promis lui aussi à un grand avenir).
« Pourquoi bavarder plus ? ». Cette citation exacte est d’Henri Van Lier et dans le texte de sa conférence sur l’Anthropologie de la Publicité (1982), elle se situe vers le premier tiers de sa — longue – intervention. Comme quoi on finit par trouver plus verbeux (mais moins cuistre, heureusement) que soi.
L’ornithoryndique conduit fort loin. Ainsi, il(s) fourni(ren)t le titre d’un tome de Didier de Robillard, auteur du fameux chapitre « Revendiquer une lexicographie francophone altéritaire constructiviste pour ne plus saler avec du sucre ». Lequel ne traite pas du fameux dilemme de l’œuf et de l’ornithorynque, lequel ou laquelle, d’ailleurs ne chante pas. Mais le suggère (enfin, je l’imagine).
Mais pour continuer à faire mon d’Ormesson (je-moi ; moi-je… mon premier nougat, pour ne pas plagier trop flagrant la madeleine de Proust), je reviens à ce communiqué (en anglais : NordVPN’s no log policy confirmed). Traducteur de manuels de jeux informatiques un temps (dont l’un sur le baseball, l’horreur), de textes sur la typographie, titulaire d’un DÉSS de traduction spécialisée, j’avoue être devenu total incapable de vous en entretenir. Obfuscated (X0R) VPN ? Koikès ? P2P servers ? Paires de mes duos et bene pendentes ? Le little digital foontprint ? L’aube d’été au pied le plus léger possible ? Le minimal log  ? La bûche de Noël étique ? Bon, Chère Skylie, je case ici le nom de Laura Tyrell, votre supérieure semble-t-il (efficace pour revendiquer une augmentation ?). Ce n’est pas tout à fait de la Newspeak (Novlangue d’Océania), ce communiqué, mais je mets les bouts. Enfin ! Vous entends-je vous exclamer. Eh oui, ma commisération finit par tempérer ma verbosité. Et puis, c’est le moment de l’apéro. Pastis Bayanis, l’un des rares produits d’excellent rapport qualité-prix chez Carrefour Bio. Enfin une info, à vérifier par vous-mêmes si l’anisé vous en dit.

dimanche 12 juillet 2020

Les nouveaux exploits postaux

Ou des colis de Bretagne à Paris (l’USPS à la Framçaise)

Pandémie de covid et troubles psychiatriques. La presse développe le thème d’une « deuxième vague psychiatrique » post-déconfinement, je ne développe pas cette généralité. Mais entrons dans les détails : cette nouvelle vague affecterait-elle plus particulièrement les postières et les postiers ? Réponse par l’exemple.
Il me semble vous avoir déjà entretenu de mes expéditions d’attestations pré-remplies (imprimées avec patronyme, &c.) de circulation lors du confinement. Rappelons les : même jour, même heure, deux enveloppes déposées dans une boîte jaune. L’une à destination d’un patelin de l’Aisne, qui parvint à peine plus de trois semaines plus tard à destination ; l’autre expédiée à un ami du même arrondissement (qui ne fut reçue, décachetée et vide, que plus d’un mois plus tard).
Depuis, le sort s’est acharné sur ce même ami, écrivain, membre de sociétés dites savantes publiant des bulletins, livres, documents. Son nom importe peu (on le retrouvera aisément dans mes précédents billets).
Voici donc que, de Morlaix (Bretagne) lui furent adressés trois exemplaires des derniers Cahiers (de la Société Octave Mirbeau pour ne pas la nommer). L’expéditeur commet une coquille par omission dans l’adresse du destinataire, (il saute l’avant-dernière lettre du nom de la voie).
Pour la démonstration, admettons que ce destinataire résiderait 51, rue de Montmorency, troisième arrondissement (adresse réelle, mais qui n’est pas celle de notre écrivain).
L’expéditeur libelle Monsieur Unte ; 51, rue de Montmoreny, 75003 Paris (manque donc une lettre cruciale, le c, mais pas la m capitale et les suivantes, sauf l’avant-dernière… glissons).
Le paquet fut donc — une première fois — retourné à l’expéditeur. Lequel, renouvelant l’expédition, prit bien soin de ne pas récidiver dans l’erreur, relut et, confiant, posta.
Je ne sais si, à Morlaix, les bureaux de poste restent accessibles chaque jour ouvrable. Mais dans l’Aisne, comme dans certains secteurs parisiens, il convient de se renseigner à l’avance. Beaucoup ont fermé définitivement, d’autres n’ouvrent que deux-trois demies-journées hebdomadaires. À Paris, la Poste réalise des opérations immobilières, dans l’Aisne, il serait vain de l’espérer.
Toujours est-il que, cette fois, le colis lui revint avec la mention « n’habite pas à l’adresse indiquée ». Ni pas, ni plus, n i moins, depuis plus d’un quart de siècle, le destinataire reste fidèle à son domicile, et hormis ce colis, d’autres plis ou lettres ou paquets (tous les auteurs savent à quel point leur courrier est abondant) sont fréquemment déposés à cette adresse correctement libellée.
Nous en serons bientôt à la troisième tentative, cette fois en colis suivi, voire sous forme de trois lettres d’une épaisseur inférieure à trois centimètres (la question étant débattue). Bien sûr, c’est plus onéreux. Mais sachant que l’investissement préalable approche à présent les 20 euros, passé un certain stade, on ne compte plus.
Je ne sais pas si vous suivez l’actualité internationale et les discussions au Congrès de Washington DC pour tenter de revitaliser ou saborder l’USPS, le Postal Service des États-Unis d’Amérique. L’USPS sera en faillite l’an prochain, et d’aucuns peuvent penser que tout fut organisé pour qu’il en soit ainsi. Le secteur privé est bien évidemment tout disposé à prendre la relève.
Arguer, pour La Poste, que la « deuxième vague psychiatrique » d’après covid ait lourdement affecté un peu tout le monde (employés de La Poste, usagers) pourrait préparer les esprits. Mais il serait encore plus convaincant de persuader les usagers qu’ils ont perdu la boule. Regardez : ils ne savent plus correctement orthographier les adresses, voyez, ils ne savent plus tout à fait où ils habitent…
L’opération a bien réussi avec l’ANTS (l’Agence national des titres sécurisés) pour les cartes grises, et la pression est soigneusement mise sur les demandeurs du document de permis de conduire. Encore quelques efforts, et La Poste parviendra à faire valoir que mieux vaut s’adresser à la concurrence (plus chère, mais plus sûre).
Tenez, quand tout le monde aura compris que pour faire aboutir une démarche, faire parvenir un document, il faudra avoir recours à un huissier certifiant que toutes les pièces sont bien réunies, que l’adresse est valide et conforme, lequel huissier se rendra au service destinataire ou à l’adresse vérifiée soigneusement, toute solution alternative moins longue et moins coûteuse semblera préférable. Cela créera des emplois dans le secteur privé, rapportera de la TVA, de l’impôt sur les sociétés.
Selon 60 millions de consommateurs, depuis janvier dernier, La Poste a déjà affaibli les modalités régissant les « lettres suivies » ; désormais, la surtaxe ne garantit plus que de connaître la date de distribution ou « le motif de non-distribution ». Motif  laissé à l’imagination de qui en décidera ?
Pour les colis, c’est désormais une filiale ViaPost, qui s’en chargera, avec des sous-traitants pour sous-traiter les colis confiés en sous-traitance par des entreprises privées ? Vous vous perdez, sur le site de l’entreprise La Poste, dans sa tarification ? Pas grave, il y a l’application (payante) Timbré pour vous simplifier la recherche. Plus de bureau près de chez vous ? Pas grave, le plus proche Auchan ou Carrefour vous dépannera pour les opérations les plus courantes. En revanche, la Caisse des Dépots favorise l’association de Ma French Bank (Banque postale) avec Orange Bank afin de proposer une offre bancaire digitale aux 7-17 ans.  Histoire de les abreuver de publicités et de les inciter à consommer ? Pour leur vendre le timbre commémoratif Luis Mariano, à 1,16 euros (sans le prochain tarif pour les timbres courants, autant habituer les esprits), il faudra savoir se montrer persuasif.
En attendant, il paraîtrait que le coup de l’ « adresse invalide », soit devenu le procédé commode pour la ou le CDD lâché sur un secteur au petit bonheur afin d’éviter les heures supplémentaires non-rétribuées pour tenter d’achever une tournée. Comme ils ou elles craquent vite, c’est « au suivant, au suivant ».
Il reste bien sûr les courriels. Désormais La Poste Mobile est devenue une sous-traitante de SFR (qui détenait déjà 49 % de cette filiale).
Quant à l’épilogue de l’anecdote du colis de livres (re)parti — ter — de Morlaix, je vous donne rendez-vous fin décembre. Cette fois affranchi avec des timbres Luis Mariano, il parviendra peut-être via la cheminée, aux bons soins d’un petit papa Noël…

mardi 7 juillet 2020

Racisme, inculture autodestructrice

Les statues de Sherlock Holmes bientôt déboulonnées?

Prétexte avancé : oui, les statues de Sherlock Holmes — Londres, Édimbourg, &c. — risquent d’être déboulonnées (et après Autant en emporte le vent, songez aux séries et films censurés). What’s next, what’s else ? Bien des choses valant qu’on s’y attarde : on sait comment cela commence, aussi la manière dont cela finit. Soit que le « racisme interne » à certains mouvements anti-racistes en aura raison.
Effectivement, rapporte The Daily Express, “will Holmes’ statue be next to be toppled?”. Ou plutôt les statues, car outre celle de Picardy Place, Sherlock a sa place en maintes autres. Au Royaume-Uni (diverses), en Suisse (Meiringien), en Pennsylvanie (Eckley Miner’s), à Moscou. Que Conan Doyle, ou son Watson, ait souvent usé de clichés propres à son époque avant que Jacques Chirac évoque, en juin 1991 « le bruit et l’odeur » (Discours d’Orléans) de certains immigrés, cela ne fait aucun doute. Bon, alors, on bannit « abracadantesque », mot qui évoquerait indirectement une page controversée de l’histoire ?
Rééllle association d'idées pour aborder la question du racisme. L’attitude ou la procédure frôlant l’ignominie de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS) pour me retoquer mon dossier de demande, non pas du permis de conduire, mais du document attestant sa validité. Cinq heures du mat’, impossible de trouver le sommeil de ce fait. Aucun rapport ?
Il suffit de s’imaginer que parce qu’on porte le même patronyme qu’un colonialiste (belge en l’occurrence), un·e employé·e guadeloupén·ne (pure supputation gratuite) ait décidé de vous infliger de lourds désagréments. J’exagère ? On a vu des excités finir en détention pour bien moins, des gens tirer dans le tas… Et c’est d’ailleurs l’un des épisodes des Scènes de la vie carcérale d’Aïssa Lacheb, livre paru chez l’éditeur Au Diable Vauvert. Un type incommodé par « le bruit » ou « l’odeur » tire sur un jeune de la cité. Condamné, le tireur risqua d’ailleurs de se faire lyncher peu après son écrou. Un (presque) rien (une lubie imbécile) peut faire de vous non un raciste, mais quelqu’un au comportement raciste. Ce qui n’épargne personne, « racisé » comme on dit, inclus. L’inculture y contribue.
Tant l’auteur que l’éditeur, Le Diable vauvert, avec lequel j’entretins des relations amicales subsistantes mais qui se sont relâchées ne me tiendront pas durablement rigueur de revenir au sujet en citant quelques paragraphes bien sentis de ce livre ô combien captivant qu’il me semble avoir déjà chroniqué (je ne sais plus où).
Page 74 de ses Chroniques, Aïssa Lacheb évoque « un schéma singulier » : les déténus s’agrégeant en fonction des motifs de leurs condamnations. Puis il aborde « la constante ethnique ». Extraits
     Les Cap-verdiens avaient allumé, ce matin, sur le terrain de sport, les Zaïrois à coups de boules de pétanque, personne ne s’en était mêlé.
     C’est étonnant comme « raciste » est l’adjectif par excellence du Blanc. Les Arabes le furent — et le sont encore souvent — bien avant. Et les Noirs entre eux, d’ancestrales tribus à ancestrales tribus, bien avant les Arabes. (…) Mais par une dialectique incompréhensible, comme si cela lui était naturellement inhérent, c’était toujours au Blanc que revenait d’être raciste.
     Les Juifs séfarades avaient leur place parmi les Arabes. Les ashkénazes étaient traités de « sales juifs ». J’ai même entendu Simon, pur Juif séfarade (…) désigner du doigt un pauvre type à la vindicte comme Juif de l’Est. Claude Lévi-Strauss lui-même n’aurait pas démêlé cet écheveau anthropologique.
Je connais l’objection, islam et christianisme facteurs de réconciliation. Pas faux, selon les textes. Mais des religions, les coreligionnaires font ce que bon leur semble, et ils ne s’empressent pas d’appliquer ce qui ne leur convient pas. D’ailleurs, l’esclavage des Blancs par les Blancs, bien auparavant et au-delà du servage (esclavage découle de Slave, mais je ne développe pas).
N’allez pas croire que je m’exprime en Indigène de la République. Breton, je ne suis que trop documenté sur la xénophobie du reste de la République, laquelle avait recours au vocabulaire reproché aujourd’hui à Conan Doyle et qualifié, à assez juste titre, de franchement raciste. Relisez Tailhade (moins Mirbeau, mais c’est limite-limite), pour ne prendre qu’un exemple flagrant. Et la bonniche devenue parisienne en coiffe bretonne, le soutier breton du chantier du métropolitain en ont entendu et subi. Comme disait Émile Géhant, feu maire de Belfort, ancien déporté : on peut tout pardonner, mais ne rien oublier.
Ce n’est pas en anthropologue que, au Maghreb ou en Afrique sub-saharienne, je n’ai pas ressenti de réel « racisme anti-Blanc ». Bon, quelques fâcheux épisodes auraient pu m’induire à en soupçonner, mais le doute reste permis. Pas de quoi alimenter la moindre rancœur, aucun remugle rance. Mais il suffit de peu (voir supra mon imbécile élucubration) pour que des gens se montent le bourrichon et finissent par se persuader du bien-fondé de leur ressentiment passant de diffus à invétéré. On se gratte où cela chatouille, on finit avec un chancre bien incrusté. Et puis, plus on s’approche de la classe dirigeante, mieux on oublie ses origines, ce indépendamment de sa « couleur ».
De toute façon, quoi qu’on dise sur un tel sujet, on aura toujours tort aux yeux de quelqu’un·e. Mais qu’on se rassure, dès que les plus radicaux, que les plus véhémentes auront réussi à faire carrière, à se faire prébender, soit elles et ils se calmeront, soit, pour défendre leurs intérêts ou postes, ou bords respectifs, finiront par se crêper le chignon ou se chercher des poux dans la tête. Y compris à propos de leurs lointaines ou proches origines. Quitte à faire valoir son vernis culturel pour faire la démonstration de son inculture. Élémentaire, mon cher Watson.
Subsisteront cependant des Aïssa Lacheb pour tenter de réconcilier ou au moins de comprendre. Son dernier livre, sorte de conte, Émilie (toujours au Diable Vauvert) fait pesamment sentir l’absurdité de la boucherie de la Grande Guerre. Un récit soigneusement documenté qui sait le faire oublier (aucune démonstration d’érudition cuistre cassant le rythme du drame). Je ne vois pas un Lacheb expurger des bibliothèques les romans de Conan Doyle. Il est patent qu’il n’a pas vraiment fait carrière, qu’il ne se rattache à aucun bord  réellement  rémunérateur. J’ai retrouvé (p. 51) son évocation des détenus qui « se mettaient un pansement pour planquer leur croix celtique tatouée sur le bras ». À l’époque, ses lectures l’avaient porté à estimer tolérant « le peuple celte ». Appréciation un peu rapide, non dénuée de véracité, mais discutable selon les domaines. Selon une thèse de Dominique Aupiais sur « la part celtique dans l’héritage culturel et politique des comptoirs français de l’océan Indien », il en subsistait quelque chose du temps de l’île Bourbon.
J’en tire cette phrase : « le celtisme, au fil des siècles, ne se conjugue quasiment jamais avec l’hégémonie culturelle ou religieuse, c’est-à-dire avec l’image d’hommes de pouvoir orgueilleux et sectaires, incapables de voir dans la différence de l’autre une valeur dont ils pourraient s’enrichir ».
Ce n’est certes pas pour cela que j’exonère l’Irlando-Écossais Conan Doyle de toutes ses formulations. Doyle n’en contribua pas moins à obtenir la réhabilitation d’un Perse (George Eladji), et d’un Juif allemand (Oscar Slater). Pas vraiment deux manifestations de xénophobie. La tombe de l’agnostique Conan Doyle fut surmontée d’une croix chrétienne. On peut présumer qu’il ne l’eut pas souhaité. Faut-il pour autant la faire tomber ? Et puis, Holmes, quand même, c’est aussi en partie le patrimoine de nombre d’auteurs Afro-Américains de romans dits noirs, ou de polars, non ? 

lundi 6 juillet 2020

Permis de conduire après avc, l’anarque ?

L’administration forcée de devenir complice ?

Déblatérons. S’est formé, à l’insu de notre plein gré, un gigantesque et scélérat complot. D’abord pour pousser les survivants d’un avc puis de la covid au suicide, non accessoirement, pour renflouer d’abord les caisses de Bercy avec de la TVA et des impôts en faisant en sorte que, pour la moindre démarche administrative, il faille  passer par un service privé, voire engraisser le barreau. J’exagère ? Que nenni…
Je sais, vous avez d’autres soucis, et la solidarité avec les retraités, tout juste au-dessus du seuil pour bénéficier de la vieillesse des vieux, ce n’est pas votre souci : vous avez vos petit·e·s chef·f·es sur le dos, il y a plus absurde au boulot. Nous sommes aussi passés par là. Mais considérez ce qui vous attend si l’administration ne vous aura pas poussé au suicide d’ici votre retraite.
Le privé, c’est la formule magique des politiciens de tout bord. Oui, mais, tenez, là je vais en terrasse près de chez moi. Je demande du cyanure : refus de vente. Recours ? Vu que tous les fonctionnaires pouvant traiter la requête n’ont pas été remplacés, autant s’adresser à un avocat (si possible candidat·e à l’Assemblée nationale). Le complot n’est plus rampant, il s’étale impunément au grand jour ! 😉
Vous avez le tort de posséder un véhicule et avez l’outrecuidance de vouloir l’utiliser ? Bientôt, une bicyclette, une trottinette, devra être immatriculée. Et un permis vous sera réclamé. Dystopie ? Allons donc…Cela nous pend au nez. Vous héritez d’une bergerie dans le Larzac, il vous faudra, pour la vendre, trouver un expert certifiant qu’elle n’est pas survolée par des avions de ligne ou de fret en direction de Vatry. Ses honoraires seront taxés, son chiffre d’affaires soumis à prélèvements, tout bénéfice (pas pour vous, évidemment).
Débuterai-je par une anecdote divertissante ? Je remplis un dossier pour une administration réclamant des tas de pièces, des photos, &c. Plus une enveloppe timbrée pour la réponse. L’enveloppe revient, non cachetée, vide de tout contenu. Contact avec le service : aucun dossier correspondant. Vous avez compris qu’il vous faut soit reconstituer un dossier pour qu’il soit de nouveau égaré, ou vous adjoindre les services d’un huissier ou d’un avocat qui certifiera que votre dossier était complet et conforme. Bof, l’administration interjettera appel : nouveaux frais, nouvelles rentrées dans les caisses de Bercy.
Or, bref, à la suite d’une apoplexie de templier, je me retrouve hospitalisé, &c. Et obligé de renouveler mon permis de conduire (12 points aux cerises, aucune séquelle). D’accord, rendez-vous pris avec un médecin agréé par la préfecture qui me fait décrypter un panneau d’ophtalmologue et contre 36 euros de consultation non prise en compte par le Conseil national de la Résistance (enfin, la SS), m’adresse à une auto-école. Bon, admettons.
Donc, je me rends à l’auto-école. Trois-quarts d’heure de conduite accompagnée, 120 euros. Vous avez suivi, nous en sommes à 156 euros. Tout va bien. Le médecin est censé transmettre son avis favorable à l’Ants. Mais vous devez passe une plombe à numériser des documents à fournir au site de l’Ants. Ce que vous faites avec une certaine dextérité (surtout si vous êtes équipé et saisissez à dix doigts, plus la pédale des majuscules, depuis quatre décennies et familiarisé avec l’Internet depuis bientôt deux).
Retour à la case départ, mais impossible de modifier une demande : seule la première page de celle-ci s’affiche. Et si on renouvelle toute la demande ?
La case réclamée « expiration » ne figure nulle part. Vous consultez la FAQ (les questions fréquemment posées : il y a une vague entrée n’expliquant pas la marche à suivre).
Supputations (en « marseillais » : sue encore et toujours, oh cong !). Vous refaites à tout hasard des Photomaton (indiquées conformes, mais avec un numéro qui ne sera pas accepté en ligne). Au passage, Bercy encaisse 20 % de TVA. Vous utilisez le formulaire en ligne de correspondance (il y a bien un numéro de téléphone indiqué : tapez 1, tapez 2, tapez étoile). Vous joignez la pièce demandée. En retour, toujours le même courriel passe-partout… Bref, c’est comme pour la carte grise. Si vous ne vous adressez pas à un organisme privé, vous ne vous en sortirez quasiment jamais.
Double avantage : ne pas remplacer des fonctionnaires subalternes partis à la retraite, faire rémunérer des intermédiaires qui reverseront à Bercy partie de la somme.
Que faire ? Saisir le Défenseur des droits (Jacques Toubon jusqu’à plu très longtemps), prendre un avocat pour plaider le harcèlement mora ? Autres conjectures tout aussi fantaisistes et  d'avance caduques ?
J’en suis là. Autre hypothèse : pousser l’usager (franchement devenu usagé) à l’infraction ? Tout bénéfice à terme. Bien sûr, vous pourrez tenter d’établir que vous aviez tout mis en œuvre. Mais vos démarches n’ont qu’une validité de six mois. Donc vous serez dans votre tort.
J’ai évoqué tout cela autour de moi. Je ne devrais pas me lamenter. J’en ai entendu toute une litanie de pire. Le Catch 22 en toutes ses splendeurs (au pluriel). Autant de vaines tentatives démultipliées, autant de bouteilles à la mer s’échouant sur le littoral d’îles désertes non répertoriées sur les cartes marines, voire ignorées des images satellitaires. Il ne vous reste plus que votre clavier pour gémir en vain.
Ah si, il y a les « points contacts » deux pour tout Paris. Sur rendez-vous, un jour. Avec des humains censés savoir mieux que vous… Ou peut-être disposer d’un contact direct (mais ce n’est pas du tout sûr)
Je me souviens d’une époque lors de laquelle, pour obtenir un petit bout de carton à un guichet de la SNCF, cela prenait entre 30 secondes et une minute. En ligne, dans certains cas, impossible d’obtenir un aller simple sans se voir imposer un retour, quelque soit la case idoine cochée. Absurt (le russe est plus sonore).
Vous vous souvenez, en informatique, de « l’écran bleu de la mort-qui-tue » ? Réinitialisation et on se retrouve en boucle. C’était sous NT ou DOS 6.x (et auparavant, et avec Apple, cela revenait au même). Bref, comme c’est devenu plus rare, l’administration s’en est chargée. Ou ses sous-traitants privés (voyez un peu les rapports de la Cour des comptes à propos de tous ces systèmes dédiés abandonnés, pour la solde des militaires et autres). Complot ou entente tacite ? Visant à favoriser les pantouflages ? À soutenir l’activité des psys, des thérapeutes divers, des pompes funèbres ?
Ou les fabricants de gilets jaunes (jaune comme c***) ? Je ne sais si ce qui précède outrage quiconque, mais je plaide par avance le dérèglement mental, l’épuisement. L’illuminatisme foudroyant.
En tout cas, comment ne pas songer à Pangloss de Voltaire, ou au fameux sketch de Fernand Raynaud, « c'est étudié pour ... »

jeudi 2 juillet 2020

Trump, le pet de Poutine


À la manière d’un Vernochet en mal de notoriété

Rassurez-vous : je vais juste tenter de vous faire sourire (voire réfléchir, entreprise vaine car vous ne m’avez — à juste titre — pas attendu). Mais quand vous vient un titre comme Donald Trump, le pet de Vladimir Poutine (tsar réélu), il faut bien trouver un prétexte.
Non, je ne cherche pas à ce que Sputnik ou RT (Russia Today) m’invitent à vous bassiner avec ma hauteur de vues. Au pluriel, car j’ai vue thèse, antithèse, et qu’importe la vue de synthèse. Déblatérer tel un Jean-Michel Vernochet suffit à vous assurer une non-enviable notoriété. J’aurais pu, comme lui, me faire un vague nom sur le compte de Carlos (pas le chanteur, l’autre) : Isabelle Coutant-Peyre, ex-dame Carlos — mes respects amicaux au passage — m’ayant vaguement à la bonne (affaire Michel Dubec).
Vous l’avez déjà compris : je vous la joue vieux snock qui pourrait en savoir long. En fait, non, je reste du niveau du sous-préfet aux champs (Daudet) par rapport à un Shakespeare, voire un Déroulède, un tourlourou. Mais, comme parfois, on peut avoir « besoin » d’un plus minable que soi… Votre géopoliticien à la manque (moi-je, je-moi) l'Achille Talon des sciences politiques assure.
Souffrez donc qu’à l’instar du Bazar de l’Hôtel de Vil (BHvL), supportez donc que je vous entretienne un peu de Trump, de Poutine, et de cette insolite histoire de forces spéciales russes soudoyant des Talibans pour ramener des scalps de militaires américains en Afghanistan. Je ne détaille pas, vous avez déjà les infos disponibles dans la presse dominante (d’ailleurs, sans elle, pas de complotisme durable, les complotistes n’ayant pas de véritables autres sources).
Je pourrais délayer en m’interrogeant sur l’intérêt, pour la Russie, de procéder de la sorte. Réponse rancunière du bouvier des steppes à la bergère du Midlle-West qui soutenait le commandant Massoud, le Jamiat-e Islami ou le Hezb-e Islami ? Allons donc, Poutine, comme Trump, se balancent autant des morts au combat que des victimes de la pandémie du covid. Fixer des troupes revanchardes américaines, histoire de contribuer à ce que l’économie soutienne l’effort de guerre et s’essoufle ? Au risque de contrecarrer la réélection de Trump qui fait tant et si bien pour donner de l’air à la diplomatie russe, soutenue par de mulltiples complotistes en Europe ? Plus que douteux pour les mêmes raisons. Trop peu pour tout cela pour cela. Ce n'est pas « la guerre des étoiles » inversée.
Reste l’hypothèse, infondée si ce n’est sue sur des élucubrations débiles, mais justement, plus c’est débile, plus les complotistes veulent y croire (ce qui n’est nullement un élément de preuve) : manipuler les services américains de manière à ce que Trump puisse hurler au complot contre lui, limoger des gens expérimentés à tout-va, une fois de plus.
On pouvait compter sur Trump, appuyer sur le moindre de ses boutons de fièvre ou de ses cors aux pieds entraîne des réactions furibardes et disproportionnées. Trump a aussitôt vociféré, invoqué une intox des démocrates et de la lame press (un hoax des élaborateurs de fake news). Et puis, surtout, les républicains se sont empressés de faire passer Pentagone, CIA, et autres agences de renseignement pour des dispensaires de bras cassés disputant entre eux des batailles de noyaux de cerises avec leurs mains valides. Que le New York Times donne les noms de ses sources et que les têtes puissent de nouveau tomber.
Supputation infondée, mais plausible, complotistes, il suffirait d’en rajouter. Oui, sauf que la Trumpland ne renchérit que d’un côté.
Médialogue de zinc du laboratoire des Hautes études du Loulou bar (sympathique adresse du haut du fg St-Denis), je n’aurais pas l’outrecuidance de suggérer aux sociologues spécialistes de la question (Crylil Lemieux, Gérald Bronner, LoPic Nicolas, Luc Boltanski & consorts, et j’ajoute Nathalie Heinch parce que j’aime bien caser son Bêtisier du sociologue, Hourvari éds, au passage) d’appuyer sur cet élément, soit l’uniformité et l’unanimité des complotistes. Les Septante, estima Pascal, tiraient tous dans le même sens, accréditaient tous les mêmes contes des Écritures saintes, ce qui établit bien leur authenticité.
Cela se vérifie ce jour avec la consultation en ligne du site du Figaro : « Êtes-vous favorable à la suppression du parquet national financier ? ». Près de 62 % de oui. Il suffirait sans doute de poser la question « êtes-vous favorables à la réhabilitation et l’indemnisation de Jérôme Cahuzac ? » pour obtenir le même pourcentage, histoire de faire en sorte que le couple Fillon puisse se consacrer pleinement à récolter des fonds de fonctionnement de sa fondation en faveur des Chrétiens d’Orient. Patricia Cahuzac condamnée à deux ans ferme, ce n’était pas assez, Penelope Fillon risquant trois ans avec sursis, c’est une peine disproportionné…
« L’homme le plus dangereux au monde », selon le sous-titre de Mary Trump, nièce du Donald, psychologue qui s’est vue interdire de voir publier son livre : pour les complotistes « trop n’est jamais assez », toujours dans le même sans (le titre du livre interdit étant Too Much and never enough :How My Family Created the World’s Most Dangerous Man).
Or donc, si Trump entretient une relation privilégiée avec Poutine, c’est pour préserver la paix mondiale. D’ailleurs, comme l’a proclamé le Donald, personne au monde n’est plus qualifié que moi pour le Prix Nobel de la Paix, « tout le monde le dit, croyez-moi, croyez-moi ». Celui de la paix en sus de celui de médecine ? Mais bon, si pour augmenter ses chances, il convenait de partager ces prix avec Poutine, pourquoi pas ?  On en est là : avancer que Trump réclame un Prix Nobel conjoint avec Poutine est tout à fait crédible à défaut d’être déjà véridique (c’est en effet quelque peu prématuré).
L’ancien ambassadeur étasunien à Moscou, Michael McFaul, a bien déclaré (en substance) que le Donald était le toutou, l’ami domestique à deux pattes de Vladimir. L'un de ses successeurs, John Huntsman, nommé par Trump, vient de préférer démissionner. Fiona Hill, la kremnilogue de la Maison Blanche, prend aussi le large, c’est la quatrième, ou cinquième tenant·e du poste à renoncer, volontairement ou non, au Conseil national de sécurité. Depuis janvier dernier, John J. Sullivan est l’ambassadeur, au moins en titre. C’est un proche de Mike Pompeo. Il ne reste plus qu’à accorder la nationalité américaine à Serguey V. Lavrov pour le remplacer.
Toujours est-il que l’édition étasunienne de Sputnik News soutient activement la thèse d’un complot visant à déstabiliser Donald Trump et en alternative, une tentative des marchands d’armes étasuniens de défendre leurs bénéfices. Ce qui, franchement, peut s’expliquer diversement, cela n’a pas de valeur probante.
Ce qui est attesté en revanche, c’est que Trump va de nouveau placer des personnages liges à la tête de diverses administrations. Dont l’Agency for Global Media (Voice of America, Radio Free Europe, Radio Fre Asia, &c.). Michael Pack, Emily Newman, Michhael Wiliams se sont installés au siège d’Independance Avenue, Voice of America. Attendez-vous à entendre Jean-Michel Vernochet citer plus fréquemment Voice of America sur TV Libertés et ailleurs pour dénoncer « la diabolisation actuelle de la Russie », son intervention au colloque présidé par S.E. Alexeï Mechnkov ? Sincèrement, je n’en sais rien. Mais une insinuation bien répétée finit vite par passer pour une vérité.
Cela, étant, le traitement récent du Russiangate par VOA (Voice of…) n’est pas plus pire qu’un autre, soit vaguement équilibré, et j’ai vu largement pire.

mercredi 1 juillet 2020

Siné mensuel été double, sans gadget


Et le presse mensuel siglé, il est où, hein ?

Faut-il rappeler qu’en vacances, poser négligemment le Siné mensuel double « spécial été » sur le sable ou l’herbe, préservé de l’envol au vent (et c’est pourquoi je regrette une fois de plus que ne soit pas joint un presse-mensuel siglé à ce numéro) par je ne sais quoi, est un gage de bon goût, d’aristocratique distinction, et d’affable disponibilité ?
C’est un marronnier, non point prématuré, mais précoce, voire prodige. Chaque printemps finissant, Siné mensuel propose un numéro double « spécial été ». Son mode d’emploi ne varie pas : feuilleter, laisser reposer bien évidence, histoire de favoriser une drague discrète laissant venir à vous une ou un partenaire sensible à ce gage d’ouverture… intellectuelle (et plus si affinités).
Bien sûr, chaque été, je suggère d’adjoindre un gadget, soit un presse-mensuel siglé, genre galet en platine. Invariablement on me répond que ce serait envisageable si ce n’était trop lourd. Bon, alors, un maillot de corps pas-chat ou coup-de-boule, une boîte de deux jeux de 54 cartes (disponibles sur la boutique du site du mensuel) ? Eh bien non, elles restent inflexibles, veuve Sinet et fifille.
Chaque année, il ne me reste plus qu’à me rabattre sur le sommaire. Soit pour ce nº 98 juillet-août, la petite rubrique de l’agony aunt sexologue (olfactive, cette fois, de l’oncle Thierry Lodé), quelques échos d’une actualité forcément réchauffée, quoique toujours prégnante, voire parturiante de prolongements. Des jeux, dont, cette fois le « Quiz hallucinant » d’Étienne Liebig, qui semble avoir fumé le drap de bain déchiné (découvert et chiné) l’an dernier à la Fête du chanvre de Montjean-sur-Loire, plein de planches et de dessins, les billets des chroniqueurs habituels (Alévêque, Delfeil de Ton montant sa mayonnaise et consorts).
Mais aussi quatre nouvelles inédites, dont l’insolite traité de gérontotaxidermophiliie, lecture naturalisante de Joffrine Donadieu. Un peu de petite histoire avec Serge Quadrupani (millésime 1969), un survol panoramique de Jean-Marie Laclavenine (dit l’Arthus-Bertrand des dessous des jupettes écossaisses et autres). Et puis, sans doute une nouvelle portant sur les fruits de mer et les encornets pulpeux de Jean-Bernard Pouy et Patrick Raynal, qui s’y sont essayés à vingt doigts après avoir fait des exercices de dactylographie. Je pourrais bien sûr tirer à  la ligne, mais digressons.
L’an dernier, il me fut reproché qu’afficher ostensiblement le spécial été antérieur ratissait trop large. Que des blaireaux et des belettes un peu trop verbeuses ou intello-prise-de-tête tentaient sans vergogne d’engager la conversation, voire enchaînaient sur des propositions de promiscuité incongrue. L’an dernier, j’étais démuni pour contrer ces objections moins honorables qu’il y paraîtrait. À seconde vue, cette fois, je suggère la parade.
Bien colorier (pour les virtuoses, avec un crayon de papier à plusieurs nuances de gris), l’album d’El Rotringo, dit Jean-Jacques Tachdjian, Cortex Æsthégico. Une production des éditions La Chienne. À peine plus cher, mais redoutablement efficace. Si l’on vous adresse la parole, répondez (en retirant d’abord le presse-mensuel modèle unique siglé que vous a livré Cartier ou Van Cleef & Arpel) que ce Siné mensuel a été laissé abandonné, qu’on peut l’emporter, et ajoutez « d’ailleurs, voyez, je ne sais ni lire, ni écrire, tout juste colorier ». Imparable. Too much kink, pourrait-il m’être rétorqué. Que nenni, le risque est minime. Mon sondage exclusif Ipsos/Yougov ayant porté sur l’intégralité des estivant·e·s du camping Les Flots bleus est sans appel. À la question « vous voyez quelqu’un ayant posé Siné mensuel en évidence, que faites-vous ? », les réponses unanimes cumulées furent « j’accours » ou « je m’empresse » (toujours proposer une réponse alternative redondante, règle d’or de la sociométrie). À marge d’erreur zéro, vu l’échantillonnage, on obtient aussi des réponses du type « je m’accorde un temps de réflexion », « j’peux pas, j’ai piscine/pétanque/apéro » si le quelqu’un colorie aussi Cortex Æesthético (on obtient 100 % de cohérence avec la question subsidiaire : « je ne sais pas, je demande d’abord à mes parents »). C’est aussi carré que cet album à colorier.
Autres techniques de filtrage : un bouquin de Jean-Louis Costes , l’autre, pas le maire de Fumel) ou Tropic of Capricorn (éd. Flamingo), d’Henry Miller (fastidieux à la relecture). L’effet est garanti, surtout si vous savez enfiler des chaussettes de tennis dans des Crocs™ (agrémentés d’un autocollant Monique Ranou, « la tradition du goût, charcuterie depuis 1905 »).
Car Siné mensuel et la distanciation, cela fait dirimant : par les temps qui courent encore, prudence, adoptez les précautions d’usage.

lundi 29 juin 2020

Instaurer le vote contre pour enrayer l’abstention


Deux pistes contre l’abstention : vote contre et tirage au sort

Bon sang, mais c’est bien sûr, l’abstention est devenue majoritaire, même lors des élections locales. Comment vaincre ce fléau qui sape les « fondements mêmes de la démocratie », selon l’expression de Blandine Kriegel. ou Hugues Renson (parmi les derniers en date), et une flopée d’autres dont je-moi-même.  Pour ne pas sombrer dans les affres de l’autogestion (conseils d’immeubles, de hameaux…), ne subsistent que deux solutions : le tirage au sort ou, surtout, le vote contre !
Ces dernières élections municipales vous barbaient avant même d’en connaître les résultats. Je ne vais donc pas vous bassiner avec le taux d’abstention (reportez-vous à la presse dominante pour cela). Il est très fort. Bizarrement, cette même presse n’a pas ressorti ses sempiternels marronniers : proportionnelle (et pour cause, lors des municipales… sauf à instaurer une proportionnelle intégrale, avec strapontins pour les plus faibles scores), meilleure reconnaissance des votes blancs, voire nuls.
Un peu d’imagination, que diable. Je fais quand même le constat. Hors exceptions, à vue de nez, le vote blanc a été à peu près égal au vote nul. Mais, par exemple, au Mans, votes blancs ou nuls ont plus que doublé d’un tour à l’autre (590 au premier, en mars, 1 560 hier, fin juin). À Saint-Héand (dans le Quatre-Deux ou Loire), ville de moins de quatre mille habitants qui, en février 2014, décida de distinguer les bulletins blancs (feuille vierge ou enveloppe vide) des nuls, j’ai bien vu que le sortant avait été reconduit dès le premier tour, d’autant mieux qu’il était seul à présenter une liste. Mais si Le Progrès donne son pourcentage des inscrits (86,64), le quotidien ne mentionne pas plus celui des blancs que des nuls. Et le site de la municipalité indique bien qu’il y eut 868 votants et 752 exprimés, et un taux de participation (30,61 %) averc  2836 inscrits,  on ne peut qu’en déduire que la décision 2014-172 proposée par l’ancien maire n’a pas eu les effets escomptés du temps du nouveau (soit le même Jean-Marc Thélisson). Voui, Satan, Belzébuth, se tapit dans les détails. Vite, un Canadair d’eau bénite larguée sur cet Héand profanant ses résolutions.
Je ne vois pas d’alternative pratique au tirage au sort ou au vote contre pour faire reculer l’abstention. Comme dit ma compagne, ce n’est pas parce qu’on est bac+5 (une fois, deux fois, voire trois, c’est du pareil au même, les cinq ne se cumulant pas) « qu’on est un imbécile ». Ou un béotien. Mais rayer les noms des candidat·e.s d’une liste  — ce qui fut ou reste pratiqué je ne sais plus trop quand ni où — présente l’inconvénient de compliquer le dépouillement, d’accroître les votes nuls (eh oui, le petit trait qui dépasse et empiète sur un autre nom peut provoquer des discussions interminables et surtout minables). Ayant été scrutateur, un reste de solidarité diffuse me détourne de cette voix démagogique et surtout chronophage risquant de susciter la zizanie et des bisbilles dans les localités. Tandis que le vote contre… Lequel, je l’admets, peut conduire à faire installer des maires « par défaut » si le pourcentage des contre atteint les 100  %. Je signale le cas du maire « par défaut » de Planques (Nord) en 2014 qui n’a pas voulu se tapir. Paul-Marie Vienne, le Planquois (non, le gentilé n’est pas planqué), aurait, si j’en crois un titre de La Voix du Nord, été reconduit par les urnes. À Guernes (près de Mantes), Bernard Bourget avait rempilé, le temps qu’un Pascal Brusseaux ‘(élu) et d’un Didier Guillerm (son opposant ayant recueilli 108 voix en mars dernier) prennent de l’âge et se décident, pour Pacal Brusseaux dès 2014, à proposer « un avenir pour Guernes », préparé à présent par « une équipe dynamique et solidaire », l’emportant sur les listes « tous ensemble, tous ensemble » de ses concurrents (« Guernes 2014 » précédemment, «  Agissons tous pour Guernes » plus récemment).
Pour Guernes, on a bien eu 2, 69 % de votes nuls pour 1,22 % de blancs, mais le taux de participation a chuté de 66,42 % à 55,80. Soit un total d’exprimés en mars de plus de 400 électeurs (guère plus). Bien, on peut ne pas être un imbécile tout en ne comprenant pas grand’chose à toute chose, ce n’est pas dirimant : en particulier, pour moi, l’arithmétique reste petite chose (eh, il reste des bouliers pour cela). Or donc, vous lasser avec d’interminables simulations, j’y renonce d’autant plus volontiers que je suis et resterai incapable de les établir.
Mais une certaine imagination que je n’ose qualifier de littéraire dystopique me porte à subodorer que la soustraction des votes pour et contre pourrait aboutir à des résultats négatifs. CQFD. Imaginez la jubilation de l’électrice ou de l’électeur renonçant à la pèche à la ligne pour partir à la chasse au résultat négatif. Machine vous insupporte ? Pan, moins x voix, dont la vôtre. Untel vous hérisse le poil ? Double coup du roi : deux prétendant·e·s à vos pieds.
Car pour faire vraiment reculer l’abstention, il faut réserver le vote blanc à l’expression d’un contre généralisé, mais permettre aussi de bourrer l’enveloppe d’autant de votes contre qu’il plaira. Le cumul blanc plus contre pourrait mettre des quartiers ou secteurs ou localités entières en liesse. Avec lynchage des abstentionnistes repéré·e·s pour trahison de la cause. Ou obligation de payer une tournée générale si un prétexte quelconque semblait plausible à l’assistance (bien plus lourd qu’une simple dérisoire amende que Bercy ne reverserait pas aux budgets communaux).
Imaginez aussi la sourde  et délectable joie de qui serait parvenu à se mettre vraiment tout le monde à dos ! Être élu, bof… Au bout de quelques mois, hors grandes villes, qui se souvient du nom du ou de la maire ? Quelques voisin·e·s, divers·e·s commerçant·e·s, éventuellement. Mais la notoriété de la ou de l’unanimement désavoué resterait plus durable (lors des prochaines élections, nécessaire rappel : Untel encore moins bien élu qu’Untelle lors du scrutin précédent, à chaque élection, un record à battre, des paris engagés).
Je prévois l’objection : la surmultiplication des listes, histoire de mesurer son impopularité. Les dépressions de celles et ceux n’ayant recueilli qu’un nombre infime de scrutins contre. Voire un piteux total proche de zéro.  Bah, dans ce cas, on pourra toujours revendiquer la majorité des bulletins blancs, voire nuls. On entend bien à présent des candidat·e·s avancer que la pandémie les a privé·e·s de la majorité attendue. J’ai même cru comprendre que Madame Agnès Buzyn avait argué que les Parisiennes et Parisiens avaient déserté la capitale avant même le premier tour (d’où les faibles résultats de ses listes). Les braves soldates et soldats du Dix-septième lui avaient pourtant accordé 22,69  % des suffrages en mars, et 13,02 % cette fois. Cela fait perd petit. Mais imaginez qu’elle ait obtenu un pourcentage écrasant de contre(s). Inv. ou non, contre ? Bah…. Elle entrait dans l’histoire électorale ! Plus célèbre que Ferdinand Lop, Marcel Barbu, ou Louis Ducatel et « Monsieur X » (Gaston Defferre), 01 et 05 respectivement face à Georges Pompidou en 1969.
À grande cause nationale désespérée, les moyens désespérés qui s’imposent : instaurer le vote contre, qui fera l’unanimité pour lui. Imaginez aussi l’ambiance des soirées électorales, avec des candidats ayant appelé à voter contre eux et recueillant un maximum de voix pour. La ou le futur maire commentant : « je suis élu triomphalement avec ce très décevant résultat qui vaut plébiscite contre moi ! ». Après le maire par défaut, le maire ou le député par dépit. Mais n’est-ce pas déjà largement le cas ? Le vote contre, ou la continuité dans le changement pour faire reculer, qu’écris-je ? éradiquer, annihiler l’abstention. Réclamons que cette proposition soit soumise à référendum avec pour/contre ou contre/pour+ slogan « voter contre, c’est l’adopter », « voter pour, c’est l’approuver », et réciproquement ou inversement, pour ou contre, c’est tout un. Si pour une fois, l’abstention tranchait en l’emportant encore plus largement qu’à présent, j’aurais l’air fin. Bah, à la longue, on s’accoutume. Et puis, en fin politicien, faire passer un échec pour un succès, c’est l’alphabet du métier.
Plus loufoquement encore. Imaginez le vote contre lors de la triangulaire Jacques Chirac-J.M. Le Pen-Lional Jospin. Jospin à quatre points de Chirac, et il faut continuer à vivre avec cela. Puis tenter d’avoir une notule dans la presse en affirmant son plein soutient à Anne Hidalgo ou au. maire sortant se La Rochelle.  Faranchement, à sa place, j’aurais préféré me retier ave 84 % de votes contre moi, et non 16 % de voix pour. Sauf que le pour n’est pas toujours, en la matière, l’antonyme du contre, et réciproquement ou inverserement (bis, placent). Et au second tour, lors du duel Chirac-Le Pen ? Avec le vote contre, les slogans creux genre « blanc bonnet, bonnet blanc » trouvent leur pendant « béret noir, noir béret », par exemple. Mais je trouve qu’on peut faire moins prendre un chapeau de paille d’Italie pour un panama de l’Équateur. Allons, parvenu jusqu’à cette ligne, vous êtes las, ce dont je me contrebalance, mais je suis soucieux d’aller promener Ouigo, mon coton (ou  velu badigeon, comme il vous plaira).
Brisons-là

dimanche 28 juin 2020

Nestor Makhno et Joseph Kessel, quiproquo ou basse calomnie ?


Quand l’ego de Kessel le poussa à diaboliser Makhno

Ce n’est  pas une microscopique affaire Dreyfus bis, mais cela pourrait l’évoquer. Joseph Kessel (combattant confirmé, exceptionnel grand reporter, écrivain fécond, académicien, &c.) ne verra sans doute pas sa postérité ternie par la vilénie patente qui le poussa à faire de l’une des plus célèbres figures de l’autogestion et des conseils ouvriers une brute épaisse se livrant personnellement à des pogromes.  Il pouvait se rétracter, son ego s’y refusa. L’histoire a depuis tranché, mais pour la chronique de la presse, il convenait d’enfoncer le clou.
Vous trouverez  sous le titre « Quand, calomniant Nestor Makhno, Jef Kessel se fourvoyait», titre minimaliste car indulgent, — et qu’on veuille bien croire qu’il m’en coûte d’égratigner la colossale figure journalistique et littéraire de Joseph Kessel — un document développant les dénonciations de maints auteurs sérieux visant l’attitude de Kessel vis-à-vis de l’hetman cosaque zaporogue libertaire Nestor Makhno. Sur ce blogue-notes, je ne revendique pas de traiter sérieusement de sujets sérieux, en documents, c’est autre chose.  Mais cette fois, je me suis autorisé un certain laisser-aller. N’ayant pas le talent d’un Kessel, je n’ai pas tenté de le parodier mais l’envie m’en prit. Physiquement, Kessel était un géant, il fit de Makhno un nain sanguinaire, au faciès repoussant.  En forçant le trait sur la physionomie de Kessel, il n’aurait pas été trop ardu d’en faire une brute épaisse. Abaissons le débat ! Ce serait plus farce en mode pâtre répondant au berger, ou plutôt au Kessel bouvier, pasteur — ou porcher —vaticinant, monstre hideux d’aigreur et bavant son fiel, éructant, le menton baigné de vômi éthylique, ses imprécations. J’admets, c’est mauvais, mais j’ai survécu de nombreuses fois au ridicule. Histoire de ne pas m’y vautrer, changement de ton.
Cette histoire revêt une certaine importance par son exemplarité. Tant du point de vue des interrogations portant sur la liberté littéraire que sur la latitude journalistique.  Qui suit ce blogue se souvient de Roger Vailland se targuant d’avoir tenté d’éliminer physiquement Céline. Avancer que Kessel tenta d’influencer un sicaire, de se faire le distant commanditaire intellectuel d’un meurtre éliminant Makhno afin d’amplifier sa gloriole et vendre du papier, placer des piges, se faire rincer par Gallimard (qui ne s’est pas non plus vraiment grandi, ses successeurs y compris), c’est pisser de la copie pour Google. Ici, j’assume. Bien évidemment, j’en rabat dans ce document aux termes plus mesurés (mais, comme on dit dans la police, certains dérapages peuvent s’expliquer), qui soulève aussi la question de la nature d’une presse certaine d’une certaine époque (des heures les plus vénales de son histoire, comme pourrait l’écrire le Boris Souvarine de service).
Résumons : jamais je n’aurais imaginé rédiger un quasi-pamphlet visant Jef Kessel. Je ne fus pas saisi d’une ardente obligation, mais d’une sorte de poussée hémorroïdaire.  Kessel accusant Makhno d’anti-judaïsme, c’est un peu Yvonne de Gaulle en Madame Claude chorégraphiant des ballets violets (roses et bleus).
On va le prendre de manière plus mesurée : vous avez commis un récit à succès, qui a été réédité, et vous espérez peut-être une troisième édition. Vous buvez sec, vous montrez généreux avec des escorts (histoire d’avoir de belles gosses à votre bras et faire baver vos potes), et vous sentez déjà indéboulonnable. Allez-vous vous couvrir la tête de cendres et vous flageller publiquement ? Ou persévérer dans vos mensonges en estimant que personne n’aura le cran de vous loger des balles dans la colonne vertébrale ? Vous ne pensez même pas qu’avec votre carrure, il vous faudra un fauteuil roulant sur mesure. Et puis, la mort, vous l’avez frôlé tant de fois, vu tant et tant de cadavres, de victimes du typhus, de sabrés, de déchiquetés, que… bof !
J’eus, très tôt, une familiarité particulière avec les décès (d’enfants, jeune adultes, vieilles personnes). Au moment d’aller cracher sur la tombe de Kessel, j’aurais sans doute le scrupule exprimé par Makhno entendant le futur exécuteur de Petlioura : s’en prendre à des personnes ne mène guère loin. C’est parfois nécessaire, nonobstant. Et c’est pourquoi je peux concevoir que Kessel, s’en prenant à tort à Makhno, s’illusionna en pensant que cela servait à contrecarrer des principes, des pratiques. Mais qu’il ait pu persévérer en parfaite mauvaise foi porta un coup durable à la crédibilité des journalistes.  Ce n’est pas en s’enferrant dans le déni (suivez mon regard vers Beauvau, lisez sur mes lèvres) qu’on se réhabilite. Faire de Kessel un baveur hypocrite du fait d’une bavure ne me grandit pas. m’abstenir serait pire. De deux maux, en conscience, le moindre… Mais formez plutôt votre opinion sur pièces,  et votre esprit critique.