Boo and Pistol diffamés ?
Une fois n’est
pas coutume, mais je ne peux m’empêcher d’aborder la rubrique pipeule avant que
vous appreniez par ailleurs que la disputacio entre Amber Head et Johnny Depp
va se fonder sur l’origine des colombins gluants et des étrons malodorants. La
question cruciale : est-ce Amber Head ou les fox terriers Boo et Pistol de
l’ex-couple qui ont déféqué dans le lit de l’acteur ?
Longtemps
chroniqueur judiciaire, je n’aurais jamais rêvé d’avoir à relater un tel débat.
Crucial pour la Haute Cour de Justice d’Angleterre et du Pays de Gallas (est-ce la division du banc
de la Reine ou celle de la Famille qui traite de ce caca ? Pardonnez mon
ignorance, temporaire). Toujours est-il que Johnny Depp poursuit le Sun
qui l’avait campé en tyran domestique, frappant Amber Heard. Laquelle, d’ailleurs,
accuse l’acteur de l’avoir violentée dès leur lune de miel à bord de l’Oriental
Express, en juillet 2015.Un an plus tard, en avril 2016, une femme de ménage,
Hilda Vargas, découvre des étrons, humains selon elle, dans ou sur le lit de l’acteur. En fait, sous le
drap du dessus. Amber Head assure que c’est le fait des fox terriers, ou du
moins de l’un d’entre eux, Boo ou Pistol.
Là, j’estime
qu’il faut s’en remettre à des experts en fox terriers. Mon badigeon de
Madagascar, Ouigo, onc ne s’enfouit sous le drap de dessus, mais avec des fox,
à quoi s’attendre ? On ne peut bien sûr transposer, d’autant que je lui
fournis des croquettes qui « améliorent la qualité des selles » (en
anglais : stool quality, autant
dire que Royal Canin, publicité non rémunérée, vous garantit le perfect poo
canin). L’Evening Standard a donc bien insisté sur la déposition d’Hilda
Vargas. Elle a maintes fois éliminé les déjections anales des deux terriers
(comme quoi Ouigo n’est pas le seul à se soulager au besoin, pressant, un peu n’importe
où, me voilà conforté). Pour elle, aucun doute, Boo et Pistol sont diffamés.
Petite
différence et grandes conséquences. Va-t-on assister à des échanges polémiques
entre la SPA, Brigitte Bardot, et les associations féministes à propos de l’origine
des cacas incriminés ? Des op-eds, des tribunes libres, des pétitions ?
Mais les
mêmes soutiendront-elles (ou ils) que deux gentils toutous puissent être injustement
accusés ? C’est le dilemme de l’ornithorynque dont je vous entretenais
précédemment… Sororité certes, mais ne
sont-ils pas choupinets Boo et Pistol ? Gravissime cas de conscience. Il est à relever que The Sun s'est bien préservé d'incriminer frontalement les deux toutous. Le véritable coupable serait l'auteur(e) Io Tillet Wright, laisse-t-on le lecteur supposer. Une allégation qui ne sera pas approfondie, ni même reprise dans l'édition du lendemain. Lequel Wright, ou laquelle, c'est selon, a pris fait et cause pour Head. Mais pas encore au point de se désigner responsable du méfait. La cour, qui siège déjà depuis plusieurs jours, voit les débats s'engluer dans des affaires de pipi-caca. Car, aux dernières nouvelles, Depp est présumé avoir uriné dans sa demeure (avec des témoins indirects l'accréditant et d'autres l'infirmant). Si l'affaire vous intéresse, le Daily Mail s'étend très longuement sur les débats. Je présume que la presse française, faute d'un témoignage « de moralité », favorable ou défavorable émanant de Vanessa Paradis, restera circonspecte. Mais Closer, Gala, et quelques autres titres en font déjà leurs choux gras. Le plus étonnant : constater que le site de Morandini ne s'attarde pas sur de tels détails.
Je sais,
je sais que je divague. Que cette vaine tentative de faire d’une affaire de crottes
le sujet post/pré covid bis restera vouée à l’échec, n’atteindra pas le
ventilateur (will not hit the fan). Le cocasse ne rompt pas forcément
quatre palmes à un ornithorynque. Mais imaginez-vous la scène : des magisrrat·e·s
de la High Court visualisant une vidéo de matières fécales, de sentinelles, et
s’interrogeant : fiente humaine ou animale ? « Foire, bren,
crottes, merde, fiente, fiente, déjection, matière fécale, excrément, repaire, laisse,
esmeut, fumée, étron, scybale ou spyrathe ? » (Rabelais, Quart
Livre). Je ne vous la baille pas belle : vérifiez, c’est authentique.
Mais souffrez qu’à présent, j’aille bailler aux ornithorynques, il se fait très tard (ou très tôt, c’est selon).
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