mercredi 18 décembre 2019

Donald Trump peut écrire jusqu’à six pages !

Le Donald bêle son innocence et démonise Pelosi

Stupéfiant ! Serait-ce l’effet de sa lotion capillaire ou de son fond de teint ? Donald Trump, apparemment sous influence, a pu écrire six (6) pages (simple interligne) à la démocrate Nancy Pelosi pour l’agonir. L’équivalent de plus d’un millier de tweets.
On reste sans voix. Dans une lettre du 17 décembre 2019, adressée à Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la chambre basse des États-Unis d’Amérique, le président Donald Trump s’explique sur ses relations avec le président ukrainien Zelensky.
Il explique lui avoir dit : fais-nous plaisir, parce que notre pays en a vu des vertes et des pas mûres et l’Ukraine en sait long… « J’ai dit fais-nous plaisir, pas à moi, et notre pays. ». Nan. Si ? Quand il ne tweete pas, le Donald sait utiliser le souligné. Ctrl+U (underline). Ou  le mulot ?
On le disait dérangé du cerveau. Que nenni !
Inculte. Jamais de la vie !
Le voici évoquant les Pères Fondateurs dont il se réclame. Les Americans of faith. Ceux qui mettent leur foi dans le Seigneur qui bénit l’Amérique (In God we trust, God bless America). Six pages de cette eau, l’eussiez-vous cru (des Sonoma ou Napa, car cela pétille, plus qu'un sparkler d'une maison champenoise) ?
Tout membre du Congrès qui voterait pour sa mise en examen serait démoniaque, foulerait aux pieds la volonté du peuple souverain, et la Constitution. Et quand vous dites, Nancy Pelosi, que « vous priez pour le Président », ce sont des incantations sataniques que vous proférez (il faut savoir que Pelosi est une catholique, et si ce n’est pas suggéré, il faut comprendre que les messes noires… suivez son regard).
D’accord, je ne traduis pas, j’adapte. Mais ne m’éloigne guère de la version originale.
Le mettre en accusation, cela reviendrait à porter sa croix — celle de Pelosi bourrelée de remords — jusqu’au sommet du Golgotha et son trépas. Mais tout le monde a reconnu, qui est qui, l’agneau et la louve. « Pas une seule personne intelligente n’accorde foi à ce que vous dites », car, cela tombe sous le sens, clair comme l’eau de roche, tout ce qu’elle raconte, la Pelosi, c’est que des menteries.
Ensuite, viennent les anathèmes, contre James Comey, Adam Schiff, Rashida Tlaib, et consorts, dont Joe Biden, qui se sont conduits comme n’ont pas osé le faire les procureurs des sorcières de Salem.
En plus, on s’en est pris à la famille du président des États-Unis. Aux êtres chers, « merveilleux et affectueux ». Comment fut-ce donc possible ? Cela dépasse l’imagination !
Mais tout cela se paiera lors des prochaines élections !
Ah-ha, vous avez cru pouvoir manipuler les médias avec le Trump Derangement Syndrome ? La preuve que je ne suis pas un foldingue, un cinglé, un zinzin : lisez attentivement ces six pages.
Allez, il faut que cela s’arrête : retournez bosser, les démocrates, pour le peuple américain. Mais je pisse dans un violon, j’en suis pleinement conscient, vous ne le ferez jamais, c’est pour la postérité que je vous écris. « Dans cent ans, quand les gens se remémoreront cette affaire, je veux qu’ils la comprennent, et en tirent des leçons, pour que cela ne puisse plus jamais arriver à un autre Président ».
C’est grand, c’est généreux, cette conclusion.
Et puis, quand même, le Donald Trump accorde des circonstances atténuantes : le parti démocrate et Pelosi sont les otages des allumés ultragauchistes. Aveuglés qu’ils furent par le complot fomenté contre le Président par le FBI dont la tête était pourrie, corrompue, et qui a tout truqué. Mensonge abject. « J’ai été bien plus dur avec la Russie que le Président Obama n’aurait jamais imaginé qu’il puisse l’être. ». Il y a aussi une référence à Hillary Clinton ayant rétribué « un espion de l’étranger » pour salir la blanche colombe qu’est le Donald.
En d’autres termes : tout ce montage abracadabrantesque a fait Pschitt ! Tel que.
Et 45 millions de dollars ont été dilapidés pour le faire injustement accuser. Remboursez, remboursez !
Comment peut-on s’en prendre ainsi à celui qui a réalisé des miracles, qui a fait tuer al-Baghdadi, dénoncé le coûteux et inéquitable accord de Paris, transféré l’ambassade des États-Unis à Jérusalem, fait ériger le mur de la frontière sud (j’en passe, cela couvre vingt lignes).
On pourrait croire qu’il s’agit d’un faux document, d’un pastiche… Mais les rares coquilles (genre motherl***r et non mother*****r) laissent penser que soit le Donald a saisi lui-même, soit a su dicter le texte (et dire qu’on ne l’en pensait plus capable… cinglant démenti).
Donald Trump, Mississipi de la Pensée, Phare lumineux des États-Unis, Guide Suprême et Grandissime Timonier, Génie des Appalaches, Étoile polaire dont les branches scintillent dans la nuit, Firmament des lendemains radieux, est là à son meilleur.
Jupiter a brandi ses foudres.
Comment voulez-vous qu’après cela, le Sénat ne balaye pas toutes ces accusations fallacieuses d’un prompt revers de main…
En fait, il suffirait que quatre sénateurs républicains (n'envisageant pas de se représenter ou ayant une dent contre le Donald) fassent défaut, et Trump pourrait se retrouver nixoniqué (s'il choisissait de démissionner plutôt que de se voir révoqué). Tocqueville, reviens, ils sont devenus zinzins !
Mais, selon le Washington Post, cela a fort peu de chances d'advenir. Commentant la lettre (« un président à ce point dérangé qu'il peut envoyer une telle harangue ; une Maison-Blanche totalement incapable de l'arrêter ; un parti à ce point servile que cela n'entraîne même pas la recherche d'un nouveau candidat... »), le quotidien constate l'apathie du GOP (Grand Old Party, les républicains).
En fait, Trump bénéficie d'un regain de popularité.
43 % d'opinions favorables (contre 52 de négatives). Contre 38 % fin octobre (soit +5 points). Et 92 % de l'électorat républicain l'approuve. De quoi effectivement renoncer à l'affronter lors de primaires (quelques candidats républicains se sont déclarés, mais il leur sera dénié l'organisation de ces primaires). Trump fut minoritaire en voix contre Hillary Clinton... Mais il pourrait être encore plus triomphalement reconduit. Tout comme les conservateurs britanniques, dont l'écart en nombre de voix face à leurs adversaires fut faible, ont obtenu une très confortable majorité. Celui ou celle arrivant en tête dans un État ou une circonscription emporte tout.
En novembre prochain, il pourrait être réélu si, d'ici là, sa santé mentale ne se détériore pas. Mais pour le moment, il pourrait trépigner ou s'arracher ses vêtements publiquement, sans que cela lui nuise, car ses partisans l'applaudiraient.

mardi 17 décembre 2019

Nouvelles cuvettes de toilettes : constipé·e·s pénalisé·e·s

La pause petit coin réduite à cinq minutes par des crampes ?

J’y avais pensé, Mahabir Gill, de Standard Toilet l’a fait : des cuvettes inconfortables pour réduire le temps de pause aux ouécés. À cinq petites minutes en moyenne. !No pasaran¡
Mon problème n’est pas seulement d’être defæcation impaired, soit souvent constipé, mais d’avoir toujours un livre ou un document à terminer de lire (là, Aires, de Marcus Malte, éds Zulma, 2019, dont il sera ici question... quelques volumes de matières fécales plus tard).
Ce qui peut me valoir des remarques de proches (« t’as fini ? » ; « ça vient, ou je dois descendre au café du coin ? » ; j’en passe et de moins amènes…). C'est de famille et cela ne toucherait que les mâles, paraîtrait-il.
Pas plus tard qu’avant-hier, je confiais à qui attendait derrière la porte que qui créerait des cuvettes inconfortables s’ouvrirait sans doute un assez vaste marché. Je songeais surtout aux particuliers.
Et surprise, surprise, voici que je découvre dans le Daily Mail qu’un entrepreneur britannique, Mahabir Gill, de la firme Standard Toilet, y avait auparavant songé et qu’il enregistre déjà des commandes… Les grandes découvertes (l'aviation, par exemple : Trian Viua, autres...), c'est un peu comme l'aile du papillon. Mentalement, comme dirait Uri Geller (qui a refilé une ch'tite cuillère à Boris Johnson : je ne vous en reparlerai pas, donc, cherchez...)
Commandes d’employeurs, de gérants de stations-service d’autoroutes, de municipalités, et voici que la British Toilet Association (BTA, dont le siège est Balloo Avenue, Bangor ; btaloos.co.uk), qui œuvre pour le respect de normes, a donné son aval aux modèles WM (cuvettes suspendues, murales, wall mounted) et FM (à socle ou à poser, floor mounted). Non, Delevoye n'était pas rétribué pour siéger au conseil d'administration.
Standard Toilet — (Sitting) Station Way, Crawley; standardtoilet.net) — a pour slogan : Save Time-Save Money. Et promet aussi de réduire le volume des hémorroïdes et l’affaiblissement des muscles pelviens. Le truc, c’est d’incliner le siège vers l’avant. Dans un premier temps, selon les modèles, de 11 à 13°, la lunette se trouvant entre 350 et 450 mm du sol.
Attention, selon l’inclinaison, les entreprises britanniques, sur la base d’un taux horaire de 12 livres, qui consacrent plus de 16 milliards de salaires et rémunérations annuellement, pourraient économiser de 1,6 à huit milliards. Implicitement, ce sont les fessiers et surtout les jambes et genoux des salariés du bas de l’échelle qui sont visés (les cadres emportant tablettes et dossiers aux toilettes pour continuer à travailler).
Au bout d’environ cinq minutes, la position reste tenable, mais les rectus femorus, vestus lateralis & medialus, et les muscles gastrocnemius & soleus sont renforcés, mais commencent sérieusement à fatiguer.
Solutions : se relever, faire quelques pas ou… je songe sérieusement à commercialiser un discret rehausseur gonflable se rangeant dans une pochette de bon goût (se glissant dans un slip ou boxer de bain afin de se rendre au petit coin de la piscine).
Bien sûr, réduire la durée et la longueur des files d’attente devant les lieux d’aisance du domaine public ou privé collectif (centres commerciaux, gares, aéroports, stades, salles de spectacle…) est un objectif louable.
Mais ce qui est surtout mis en avant, c’est que, sur les lieux de travail, le temps d’occupation, de dix minutes/jour en moyenne, peut s’étirer jusqu’à 28 min (enquête protecting.co.uk de juillet 2019). Et celles et ceux dépassant la moyenne coûtent aux employeurs jusqu’à quatre milliards de livres par an. Protecting a déterminé qu’à Londres, le temps passé à siéger dans l’intimité dépassait même de 35 secondes ce seuil (soit 28’25’’).
Un temps qui pourrait être consacré à une petite sieste réparatrice ?
Mais dans ce cas, pourquoi ne pas concevoir des cuvettes favorisant l’endormissement ?
Le Daily Mail s’étend sur le sujet, complémenté par un encadré de six paragraphes de conseils pratiques : « Comment faciliter vos fonctions intestinales ». Genre ne pas retenir son souffle, relaxer l’anus, boire davantage d’eau, manger des fibres, et marcher pendant la pause-déjeuner, &c.
On attend, après celui de la BTA, les avis du British Institute of Cleaning Science, du British Cleaning Council, et de la World Toilet Organization (qui coordonne le World Toilet Day les 19 novembre). Quangos, comités Théodule...
La question d’obtenir des rabais des tarifs des toilettes publiques ainsi équipées se posera-t-elle ?
Et si c’était le cas, cela suffira-t-il a compenser l’inconvénient pour les usagers ? Conserverons-nous le choix (pourquoi donc n’avoir pas songé à des cuvettes à bascule, à plusieurs positions : grand-confort lecture, méditation, traditionnelle horizontale, musculation du pelvis et membres inférieurs) ?
Ces toilettes vont-elles subir le sort de divers radars autoroutiers en cas de résurgence du mouvement des Yellow Vests (Gilets jaunes) ?
What is the positive attitude que recommanda Jean-Pierre Raffarin qui énonçait fort justement que la route était droite, mais la pente forte, alors que la voilà devenue glissante ?
Tout cela demande réflexion : j’en appelle à BHL, à Onfray, à Emmanuel Macron (formé par Paul Ricœur), à Houellebecq. Va-t-on infliger à Alain Badiou (né en 1937), à Régis Debray (1940), l’usage de telles cuvettes. Pour André Comte-Sponville (1952), passerait encore.
Qu’attend Ruth Elkrief pour organiser un grand débat ? Car, attention, malgré le Brexit, le Royaume-Uni reste à nos portes… Et Michel Barnier ? Va-t-il prendre l’affaire au sérieux et préconiser des droits de douane dérogatoires sur ces toilettes qui me, nous menacent ?
Je note l'extension de la lutte des classes, des pointes de cheveux au bout des ongles des orteils, en passant par ce nodal, l'anus. 37,2° le matin (Philippe Djian) ; 13 de gîte (Mahabir Gill). Food for thought
Les expertes de référence restent Giulia Enders et Isabelle Liber (Le Charme discret de l’intestin, Actes Sud, 2017), Francisca Joly Gomez (L’Intestin, notre deuxième cerveau, Marabout, 2016). Deuxième cerveau ? Quelles conséquences sur la santé mentale ?
Autant de questionnements… Mahabir Gill a-t-il consulté suffisamment ? Ou s’est-il contenté de se planter un doigt dans la rondelle pour voir d’où viennent le vent (sans jeu de mots sur pet) et les investisseurs ? Tiens, tu sais ce qu'elle te dit, Zazie ? Jeanne d'Arc, revient parmi les tiens. La cuvette est pleine, et là, elle déborde.
Nous n’avons pas fini de cerner toutes les implications… Il est grand temps de se bouger les fesses. 

lundi 16 décembre 2019

Le barreau et l’ordre orthotypographique en bisbille ?

Affaire dame Sihem Souid contre sieur Nader Allouche

Vais-je entrer dans les détails de cette affaire de la plaignante Sihem Souid contre Allouche, Nader ? Foin, ou alors, si peu. Si ce n’est pour offrir mes services à l’un·e (peut-être un·e trans, allez savoir…) des conseils de Sihem Souid qui massacre l’orthotypographie…
Surprise. Sur Facebook, un certain Rémi Richelet, du groupe Esprit laïque, relaie un appel d’un dénommé Nader Allouche. Et je ne sais pourquoi, Rémi Richelet mentionne Céline Pina et Marie Ibn Arabi (trois ami·e·s communes entre nous chaque, dont Charly Chapeau et Lo Schuh, que je ne présente plus ici). Allons bon.
Et que lis-je sur le courriel d’un·e membre du barreau (de Paris, j’imagine), conseil (n. m. dans ce cas jusqu’à nouvel ordre ?) de dame Sihem Souid ?
« Je dispose au Cabinet d’éléments tangibles, factuelles (…) » et plus loin « vos actions constituent (…) du Harcèlement et de la Diffamation ». Mince. Le dieu Harcèlement et la déesse Diffamation siégeraient au temple du Cabinet. Nous ne le savons pas (de toilette, Boby Lapointe). Je ne dispose d’aucun élément factuel pour le déduire.
Cela me remémore une anec’ peu docte. Trois heures du mat’, dring-dring. L’avocate d’un honorable correspondant du Daily Mail traitant de l’affaire dite de La Cavalerie (rien à voir avec le sieur Ponzi, un fait-divers sanglant) me menaçant des pires poursuites. Je tais le nom du confrère, mais l’argumentation était pissotante. Je n’étais qu’un plumitif (carte de presse 47 640) ne comprenant pas l’anglais (deux masters deuxième année, plus… traducteur expérimenté). Bref, une intimidation éhontée, oserais-je friponne sans que la basoche, par confraternité, y prenne ombrage ? Pour le moment, comparaison n’est pas raison.
J’avais salué en son temps Sihem Souid et son livre Omerta dans la police. Elle serait allée loin, cette petite (référence à Siné). Ex-porte-parole d’Arnaud Montebourg. Et depuis, selon Nader Allouche, à la tête d’Édile Consulting, chargée des relations publiques du Qatar. À vérifier. Ah si, elle « gère son image en France » après un passage auprès de Christiane Taubira.
Nader Allouche soutient que le Qatar aurait organisé le soutien aux listes communautaristes en France avec celui, si j’ai bien tout compris (je n’affirme rien : dix poursuites en diffamation avortées avant même de franchir le seuil d’un greffe car des avocat·e·s honnêtes, des magistrat·e·s proches des notables voulant me poursuivre avaient tempéré leurs ardeurs) d’une certaine Naïma Moutchou. Sympathique et photogénique députée LREM de la quatrième du Val d’Oise depuis 2017 et conseil de la Licra, rapporteure (une rapporteuse kildi y est) de la loi sur les fausses informations. Juge de la Cour de justice de la République.
Cette magistrate, donc, avocate d’affaires (cumulant ces fonctions ?), aurait été gracieusement invitée par l’émir du Qatar, toujours selon Nader Allouche. Cachetonnant tel un Delevoye ? Supputation purement gratuite (« Prends ce bijou », nan, « s’il te plait » : Bedos, Guy ; juste une réminiscence purement fortuite).
N’exagérons rien. Si cela se trouve, l’émir Al Thani, joueur fair play, ne l’a invitée que pour apporter la contradiction aux projets que Nader Allouche lui impute (de luxe : c’est un peu comme savon de toilette, anodine association d’idées).
Toujours est-il que Me Benjamin Abraham Fellous, du cabinet homonyme, lui aussi conseil de dame Souid, en termes plus conformes à la syntaxe, adresse une mise en demeure à Nader Allouche. Lequel collabore à l’hebdomadaire Marianne.
J’aurais tendance à penser, confraternité et expérience obligent, qu’il sait où il a mis les pieds. Il se définit « homosexuel de culture musulmane » (voir Causeur). Mon adelphisme est sur ce point d’un Ph neutre. Serait-ce ce qui renforce la détermination de dame Souid ? Absurde. Elle s’occupait, place Vendôme, de l’aide aux victimes, dont celles de faits factuels d’homophobie.
J’attends donc sereinement que Naïma Moutchou se prononce. Avait-elle réglé son plateau-repas au self qatari proche du lieu de l’événement ? Évoqué ou non le communautarisme des soubrettes philippines ou ceylanaises au Quatar ? Rencontré le rabbin du cru ? Et le représentant local du Satanic Temple ?
Au final, encombrer son attaché.e parlementaire d’un questionnaire qui la ou le détournerait de tâches plus urgentes me semble incongru. D’autant qu’il faudrait le relire soigneusement (ce qui est toujours longuet quand les questions couvrent plusieurs pages).
Résumons-nous. Élément (n. m.) doit régir l’accord de factuel (adj.), et toute capitalisation superflue doit être « décapit(alis)ée » en bas de casse. Et à l’intention de Nader Allouche, jusqu’à 9 inclus, on compose les chiffres au long. Nader Allouche, « invité à Nantes pour une conférence organisée par l’église catholique ». Tous frais payés ? Comparaison n’est pas raison (bis).
Je ne sais pas si vous êtes comme ci ou ça (Dutronc), mais j’ai parfois l’impression que tout le monde ou presque se hausse le col pour faire parler de lui aux dépens du, de la voisin·e de future gamelle. Et si vous partagez ce sentiment diffus, brisons là-dessus. Avec une légère insistance sur le grave du a de .
Au-delà : à suivre… ou pas.

Le noël favori des Britanniques ? Les c… gouvernent toujours


La “carol” de Jarvis Cocker caracole en tête

Franchement, cela m’étonnerait que la BBC, après les 12 coups de minuit (d’archives sonores, Big Ben refonctionnera en 2021), le 24 prochain, lève le rideau sur un chœur de petites têtes blondes entonnant la chanson de Jarvis Cocker…

Mais, révèle The Independent, un groupe Facebook, rejoint par bientôt 10 000 abonnés, veut faire de Running the World, chanson de 2006, le UK Xmas nº 1.
Quant on sait qu’en 2009, le tenant du titre fut Killing in the Name du groupe Rage Against the Machine (un titre de 1991), faisant régresser Jingle Bells et O Holy Night, ou la version anglaise des Anges dans nos campagnes, ou encore Tàladh ar Slànaigher (la berceuse du Sauveur) dans le classement.
Vous trouverez les paroles de Running the World (dont le refrain, répété 12 fois, est : C… are still running the world, que je ne traduis pas mais évoque, nuance).
Chant d’espoir avec « gouvernent encore le monde » ou de résignation avec « régissent toujours » ? Soit encore une fois, ou pour toujours ? Et par la grâce de qui ?
Plutôt pour toujours, car les paroles sont sans ambiguïté, puisque c’est dans l’ordre naturel des choses, aux meilleurs les mains pleines, la crème remonte toujours au sommet… Tout comme la merde surnage (shit floats).
Le second couplet pourrait être ainsi résumé : vous avez cru que le changement c’était maintenant, mais que les lendemains déchantent.
Le troisième constate que les classes laborieuses sont devenues des bouches inutiles, sauf au loin où elles se contentent de moins, comme disent ceux qui mènent la danse.
L’avant-dernier vante les écoles privées, les goûters des enfants garnis de queues d’écrevisses ou de homards, que c’est certes injuste anthropologiquement (duraille à chanter, anthropologically unjust, soit dit au passage), mais que, vu le retour sur investissement, on se contente de le déplorer poliment, hypocritement.
Enfin, si vous n’aimez pas l’autorégulation du marché, soit tu l’aimes, soit tu la quittes, ou tu peux toujours déambuler dans des manifs, c’est causes toujours, leurs têtes sont malades, et… refrain.
C’est du Brassens en prose : « tout le monde le suit docile », chantait-il. Et « il y a peu de chances qu’on... » détrône ce roi ou ce souverain républicain, celui de nos parents, de nous-mêmes puis de nos enfants et petits-enfants. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Cocker, qui vécut en France de 2003 à 2009, connaisse le répertoire de Brassens.
Plus récemment, Brian Eno avait sorti, peu avant les élections, un fort caustique Everything’s on the Up with the Tories.
Voici quelques heures, la BBC n’excluait pas que Running the World puisse surclasser I Love Sausage Rolls (reprise de I Love Rock & Roll), de LadBaby. Mais Stormzy, qui avait affirmé son soutien aux travaillistes, ou plutôt son opposition au Bojo, tient encore la route avec Own It.
En fait, la tête de liste pour Noël est déterminée par les ventes, et non en fonction du type de musique ou de paroles plus ou moins bien adaptées pour célébrer la fête chrétienne. Certes, All I want for Christmas is You, de Mariah Carey, se vend toujours mieux en novembre-décembre depuis un quart de siècle, et c’est davantage qu’une coïncidence. Mais les Beatles et les Spice Girls avaient remporté le titre deux années de suite (avec je ne sais plus quoi) sans trop se référer aux sapins ou au barbu de rouge vêtu.
En France, en 2011-2013, Tino Rossi et son Petit Papa de 1946 gardaient le cap (épaulé par Kendji Girac l’an dernier). Mais c’est quoi déjà le titre fétiche de Reine des neiges II ? Dans un autre monde ?
Avec Jarvis Cocker, on sait dans lequel on est et reste. Quant à s’en évader pour les fêtes, ce n’est pas tout à fait déjà sur les rails. Il n’est pas sûr que les c… faiseurs facilitent la trêve. Ne suivez pas mon regard, il se disperse…
Mais pour en revenir à la chanson de Jarvis Cocker, on remarquera que c’est une mélodie mélancolique. Or les titres quelque peu tristes se vendent mieux vers Noël que les plus allègres. Et déjà, il y a huit ans, des internautes incitaient à en faire le Christmas number one. Ils en pensent quoi, Ladbrokes et les autres bookmakers ?
Résultat « à l’heure solennelle ».

Brexit : Westminster contre Holyrood… et Stormont ?

Brouillard en mer d’Irlande, l’Angleterre isolée

Retour en zone de couverture, and back to Brexit. D’accord, c’est du réchauffé…
Alors que l’Australie va sans doute battre ses records de chaleur avec une température grimpant à 50° pour une semaine ou plus, le Brexit, les grèves en France, &c., c’est quelque peu dérisoire.
Le rythme de la déforestation a doublé en un an au Brésil, et ce n’est pas parce que le bush en flammes et la forêt amazonienne mitée, c’est loin, que les (lourdes) conséquences ne vont pas se rapprocher.
Mais revenons au Royaume-Uni resté sous de fortes pluies.
Depuis mercredi dernier, j’étais hors de portée d’un point d’accès Internet (enfin, si, le McDo distant de six kilomètres en est doté). Quant à trouver un Monde de l’avant-veille, ce n’était pas mission impossible, mais tendre le pouce sous l'averse adverse…
Bref, je ne vais pas vous apprendre grand’chose et mettons que ce qui suit soit une sorte de pense-bête à usage interne. Quoique…
Victoire de Boris Johnson ou défaite de Corbyn ? Plutôt net succès des conservateurs et Bérézina de Jeremy Corbin. Les sondages post-électoraux sont souvent plus fiables et celui d’Opinium le paraît. Les électeurs travaillistes ont déserté le Labour surtout en raison de la personnalité de Jeremy Corbin et de sa camarilla à la tête du Labour. Ils furent 37 % à préférer voter conservateurs ou libéraux-démocrates pour cette raison tandis que le programme économique a fort peu influé (6 % des défections). Le Brexit en a fait fuir 15 % vers le Lib-Dem et 31 % chez les Tories. Corbyn passera donc la main. Et il n’est pas garanti que les travaillistes écossais se rallient à qui lui succédera.
À Holyrood, le parlement écossais, ils semblent plutôt se déclarer favorables à un second référendum que réclame le SNP (48 sièges à Westminster, 13 de mieux) et partant à la perspective de rejoindre l’Union européenne.
Pour mémoire, le Lib-Dem a perdu un siège, celui de sa présidente, Jo Swinson, qui se présentait en Écosse, et le Labour, 60 (avec près de 8 % de voix en moins). C’est cela, le système à un seul tour : avec 1,2 % du total des voix en plus, les conservateurs gagnent 48 sièges d’un coup.
Débrayage avant transition et point mort : le nouvel-ancien Speaker (Lindsay Hoyle, remplaçant pour un jour de John Bercow), ne pouvant de présenter que sous sa seule bannière emménagera bien à Westminster (il dispose d'une suite de fonction).
Où on ne sait combien de députés nord-irlandais siégeront. Si 22 ont été élus, soit huit pour le DUP (-2), sept pour le Sinn Féin et deux pour le SDLP (soit neuf pour la réunification et le maintien dans l’UE), on ne sait trop qui va ou non bouder Westminster. La priorité est de siéger à Stormont (le parlement de la fantomatique assemblée locale, dans les limbes depuis trois ans) où cinq partis devraient être représentés. L’un est « neutre », l’Alliance, l’autre, l’UUP est unioniste. Vers la fin de la semaine, on saura si l’assemblée sera ou non revitalisée mais il semble qu’elle soit en passe de l’être.
Et ce qui se profile, si un référendum en Écosse conduisait à l’indépendance, c’est qu’un autre sera réclamé en Irlande du Nord. Avec peut-être trois questions (statut quo, réunification, autonomie).
En fait, la moitié des Britanniques considèrent que l’actuel Royaume-Uni ne le sera plus à l'identitque dans un avenir incertain. Et selon les modalités du Brexit à la fin de la période de transition (fin 2020 selon Boris Johnson, bien plus tard selon Bruxelles), l’échéance pourrait se rapprocher. Plus dur sera ressenti le Brexit, plus forte sera la tentation de prendre le large. À l’inverse, les questions de politique(s) intérieure(s) joueront davantage. Au pluriel car la politique plutôt sociale de l'Écosse est perçue tel un boulet coûteux au sud, surtout côté conservateurs anglais de Chez Albion.
En revanche, le Plaid Cymru a conservé ses quatre sièges du Pays de Galles (avec seulement 10 % de l’électorat). Ses députés voteraient bien sûr pour l’IndyRef2 écossais (le second référendum) que les conservateurs repoussent formellement.
Mais l’opinion évoluera et les conservateurs comptent maintenant 109 nouveaux députés inexpérimentés. Un peu moins d’un tiers (sur 365). Pouvant hésiter si le Brexit tourne vinaigre, mais pas au point de faire défection car provenant en majorité des secteurs (nord et centre) pro-Leave de l’Angleterre. La situation semble donc bloquée. Durablement figée ?
Pas si sûr. Pour Gina Davidson, du Scotsman (unioniste en 2014), Boris Johnson « n’est pas réputé pour sa subtilité » et pourrait agiter des chiffons rouges face au taureau écossais. Si Nicola Sturgeon et le SNP se sont refusés à organiser un référendum autonome jusqu’à présent, cela pourrait évoluer.
Tout comme d’ailleurs en Irlande du Nord.
Cependant, pour Andy Maciver, du Herald (idem en 2014), même si le SNP n’est pas aussi chaud qu’il le proclame et ne veut pas risquer un IndyRef2 en 2020 (les sondages restant indécis, donnant une très faible majorité pour l’indépendance), les résultats du vote national de 2021 pourraient changer la donne si le SNP se renforçait encore. Du fait, aussi, de la perception des conséquences du Brexit.
Et dans ce cas, « les Tories ne pourront pas continuer de dire non à l’Écosse », considère Maciver. De même, son confrère Mark Smith remarque que, pour beaucoup d’unionistes, il a été préféré de choisir entre deux maux (Brexit ou SNP) le moindre, et ce fut un vote SNP en traînant les pieds mais…
Cela s’est moins produit en Irlande du Nord, mais le DUP n’étant plus indispensable aux conservateurs à Westminster, et devenant moins écouté, moins influent, une partie de sa base pourrait faire défection lors du renouvellement de Stormont (aussi en 2021). Dans les six comtés, on se considère moins protestant-unioniste et catholique-réunificateur qu'auparavant, et sensiblement davantage européen, comme les voisins du sud. À cela s'ajoute la progression démographique « catholique » qui commencera à se faire (faiblement) sentir lors des élections de 2021.
Au nord les Gilets bleus, à l’ouest les Gilets verts… Mais beaucoup plus déterminés et soudés que les Gilets jaunes français. Ce n’est pas durablement tenable.
Et puis, et puis, si le Royaume-Uni se réduisait à l’Angleterre et au Pays de Galles, les conservateurs seraient quasiment assurés de conserver très longtemps une majorité et Boris Johnson pourrait envisager peut-être trois-quatre mandats de suite. Tentant… Et après tout, le Bojo, qui a tourné sa veste Remain pour endosser une Leave afin de piquer sa place à Theresa May, pourrait retourner son trench pour montrer une doublure en tissu écossais (en tartan du clan Maguire, du comté nord-irlandais de Fermanagh, par exemple).

mardi 10 décembre 2019

Amendement X: plus de photos de maires et de préfets


Consoeurs, confrères, ne publions plus les tronches des officiers de police

Bien Chère Consoeurs, Bien Chers Confrères, ne publions plus les tronches des officiers de police (bis, et reprenez avec moi en chœur). Non, non, non aux deux poids, deux mesures. Les maires et leurs adjoints sont officiers de police, les préfets ont policiers et gendarmes sous leurs ordres. Si, comme le propose le sénateur de l’Hérault, nous devons risquer un an de prison et 45 000 € d’amende, ne prenons aucun risque.
Le sénateur (ex-UMP-LR) de l’Hérault n’est plus maire de Castelnau-le-Lez. Dommage. Cela donnait l’occasion de ne pas le photographier en compagnie de Mohed Altrad, candidat à la mairie de Montpellier. Or donc, X veut réprimer toute diffusion de photo ou vidéo des forces de l’ordre ou de sécurité (genre Alexandre Benalla ?).
Pourquoi pas ? Nous savons faire, et nous saurions, par exemple après avoir pris la photo ou la vidéo de CRS ou autres policiers frappant à terre un·e manifestant·e (après avoir, à l’occasion, renversé son fauteuil roulant), remplacer leurs silhouettes par celles de soldats de plomb. Je n’ai pas écrit de… ou de… (où … pourrait être des gremlins, des paillasses ou clowns blancs, ou ce qu’il vous plait d’imaginer, ecclésiastiques goupillonnant, personnages de BD)
Les amendements, qui devraient être examinés le 17 décembre (voir, le lendemain, sur le site du Sénat, le compte-rendu des débats, certainement instructifs : retenons ces dates), prévoient de lourdes peines. Dont la plus faible, en cas de diffusion d’images de fonctionnaires de la police, des armées (gendarmerie, donc), ou d’agents des douanes, serait une amende de 15 000 euros. Cela vise tout un·e chacun·e, pas uniquement des directrices ou directeurs de publication.
Cela viserait à protéger, et cela, on le conçoit fort bien, des fonctionnaires qui pourraient subir des conséquences. Mais la raison invoquée, c’est qu’il n’est pas possible d’obtenir le floutage des éléments permettant de les identifier. Donc, interdiction totale et non obligation de floutage (laquelle permettrait pourtant, en cas d’enquête administrative ou judiciaire, de produire l’original). Là, en fait, c’est entraver le travail des magistrats et des autorités de contrôle. Bravo, X. Interdisez aussi les écoutes téléphoniques. Et comme au volant, nous ne donnons pas notre consentement pour être flashés par un radar, soyez logiques.
Les deux poids, deux mesures, c’est aussi la fin des régimes spéciaux, sauf pour les membres des forces de l’ordre, mais, là, d’ac’, je digresse. M'enfin, quid de la réciprocité ?
Ce qui est beaucoup, beaucoup plus inquiétant, c’est que s’il est interdit de diffuser, pourquoi ne serait-il pas interdit de prendre des photos ou tourner des vidéos ? On s’approche d’un fonctionnaire muni d’un appareil, hop, confisqué, voire détruit. Allez ensuite contester.
Ce dépôt d’amendements fait suite à un communiqué du syndicat des commissaires de police citant nommément des journalistes qui ne lui convient pas. Incitation à se rendre à leur domicile, à inspecter leurs véhicules ?
Le second amendement est analogue au premier mais durcit la sanction à un an d’emprisonnement et 45 000 € d’amende. Pas de quoi couler un titre pipeule, mais toute petite publication, tout site d’information pas trop solide financièrement. De mieux en mieux.
Quant au troisième, il est farce. Interdiction à tous les corps de révéler l’identité de fonctionnaires. Donc, ces fonctionnaires ne devront plus révéler leur propre identité ? Le ou la préfète de police de Paris ? Ms X. La ou le porte-parole des douanes sera anonymisé·e ? En voilà, une idée qu’elle serait bonne…
Mais pourquoi ne pas l’étendre aux parlementaires. Plus de photos, de vidéo, de passage à la télévision, de noms donnés aux radios, &c. Cela nous fera des vacances.
Ah oui, j’avais mal lu : si telle ou tel voulait librement se laisser taper le portrait, il lui serait possible de l’autoriser ; mais non de révéler son identité : l’interdiction doit s’appliquer à tout le monde, non ? Aux syndicalistes des douanes, de la police, &c., et à leurs supérieur·e·s qui ne vont quand même pas enfreindre les consignes pour se faire de la publicité, quand même !
Il se trouve qu’après tout, s’ils ne peuvent s’exprimer, sauf sous couvert d’anonymat, pourquoi les solliciterions-nous ? Quand on mentionne « une source autorisée », c’est parce que nous connaissons son identité. Là, on ne pourra plus. Alors, pourquoi perdre du temps ?
Des cabinets d’avocats ont évoqué l’état de droit. Le SNJ-CGT a été l’un des premiers syndicats de la profession à réagir. « Amendement (…) indigne d’une République démocratique » allant « à l’encontre des standards mondiaux et européens », « alarmant et honteux pour la France ».
J’en viens à me demander si, en fait, le sénateur X n’aurait pas eu une grosse contredanse à se faire sauter : à moins que Castaner (zut, Y, cela m'a échappé) l’ait sollicité en sous-main pour introduire ces amendements et que la discipline de votre du groupe LERM soit invoquée, je n’imagine même pas qu’ils soient longuement discutés et encore moins adoptés. La meilleure attitude serait de refuser de commenter et passer directement au vote, histoire de ne pas donner plus de publicité à cet individu.
Soit, bien intentionné, il est inapte à siéger au Sénat, soit il cherche juste à se faire mousser.
Que des dispositions soient prise pour protéger des fonctionnaires, non pas de la vindicte du peuple courroucé unanime, mais de personnes en ayant gros sur le cœur ou animées d’autres intentions, cela peut se justifier.
Mais légiférer de la sorte ?
Quand je vois la presse étaler largement le portrait de ce sénateur, je me pose des questions ; c’était un panorama de multiples vues de fonctionnaires en action susceptible de leur valoir des poursuites auquel il aura fallu avoir recours.
Enfin, vous l’aurez sans doute remarqué, j’écris sous le coup d’un énervement confinant à l’indignation. Bientôt, aussi, des jugements systématiquement à huis-clos de fonctionnaires ? De tout fonctionnaire désigné par ces amendements ? Donc du sieur Balkany (mince, Y, mais où ai-je la tête ?), officier de police judiciaire.
Je m’emporte, je m’emporte, sans oublier que j’ai même rencontré des policiers (CRS inclus), des gendarmes affables, compétents, &c.
Il ne s’agit nullement ici de laisser entendre que les abus de certains soient généralisés (bon, quelques commissaires syndicalistes pourraient le laisser abusivement penser).
Et je ne doute pas que, dans les couloirs du Sénat, nombre de ses collègues sauront lui expliquer les choses qu’il serait bon ne pas exprimer lors de son monologue en séance. Sa proposition est tellement excessive qu’elle en devient insignifiante.
Conclusion : passer vite à autre chose.

Présidentielles algériennes : le boycott des Algériens de France


Les hirakistes bloquent les points de vote en IdF

« Vendus ! » ; « Pas de vote » : le consulat de Créteil et d’autres points de vote des Algérien·ne·s d’Île-de-France ont été bloqués par des groupes tentant de dissuader de se rendre aux urnes. D'autres blocages, en France et à l'étranger, devraient être constatés demain et jeudi. 
L’élection d’un candidat à la présidence de la république algérienne sera très vraisemblablement marquée par un taux record d’abstention. Et c’est sans doute déjà le cas à travers la diaspora algérienne, appelée à se prononcer depuis hier.
Le mouvement populaire algérien, le hirak, réclamait l’annulation des élections présidentielles qui tournent effectivement à la mascarade : les candidats, considérés par le hirak être des faux nez du pouvoir militaire, font mollement campagne, évitant de paraître dans les grandes villes. Et, sauf erreur, n’ont pas trop tenté de s’aventurer hors des frontières pour aller à la rencontre de l’électorat de la diaspora, particulièrement important en France et au Bénélux.
Pour cause. Samir Ghelaoui, de El Watan, a constaté qu’une « caravane de sensibilisation contre l’élection » avait parcouru l’Île-de-France. Un canvassing particulièrement efficace car de rares personnes se sont rendues « au compte-gouttes » dans les points de vote.
Elles ont cependant, si elles n’avaient pas rebroussé chemin, pu voter. Mais au risque non seulement de voir conspuées mais aussi photographiées et filmées en vue d’une diffusion de leurs visages sur des réseaux sociaux. Outre brandir des pancartes, les hirakistes ont crié des slogans tels que « Vendus, honte à vous ! » ou, ce qui peut sembler insolite à l’observateur peu au fait de l’opinion algérienne, « harkis, enfants de harkis ». On entendit même des « pouvoir assassin, Macron complice ».
On ne voit pas trop des filles ou fils de harkis voudraient conforter les actuels dirigeants algériens, mais… le hirak se revendique des fondamentaux de la guerre pour l’indépendance que le clanisme des Bouteflika et des hauts gradés aurait trahis. Le surnom de chiyatine (favorable à ces élections) est devenu synonyme de traître. Cela va loin. Déjà, dans El Manchar, en mars, on pouvait lire que même si Abdelaaziz était mort, les chiyatines « seraient prêts à voter pour lui ». Et qu’ils doivent se cacher pour effectuer achats dans des établissements ou commerces considérés dirigés ou tenus par d’autres chiyatines. Ce site, qui peut évoquer celui du Gorafi, n’en reflète pas moins la sensibilité hirakienne.
Quant à la référence à Emmanuel Macron, elle s’explique par le fait que, même si le pouvoir se sert de l’ingérence étrangère (entendez, française) — une manifestation pro-élection à Alger l’invoquait encore lundi — pour dénoncer un hirak noyauté par une puissance (devinez laquelle), une grande partie de la rue algérienne est persuadée que « la France » soutient les généraux. La preuve ? Elle se tait. Et si « la France » disait quoi que ce soit qui n’équivaudrait pas à une nette prise de position pour le hirak, voire tant bien même, la suspicion persisterait.
La presse française s’est peu penchée sur le hirak en France et c’est un ami algérien qui m'a appris que, chaque semaine, place de la République à Paris, des manifestations étaient organisées (et que les lieux étaient ensuite nettoyés par les manifestant·e·s).
Je ne sais si, devant les consulats, le cachir (saucisson rouge d’apparence proche d’un cervelas rectiligne), devenu symbole de la chitta (soumission à tout pouvoir), était brandis ou projetés. C’est devenu, depuis 2014 (année du quatrième mandat de Bouteflika), une sorte d’emblème de l’achat des voix. Exemple d’emploi dans le langage courant des hirakistes : « mangeurs de cachir, sachez que nous sommes l’avenir ».
Toujours El Manchar : « Azzedine Mihoubi a été désigné le pion favori du système ». Mais Abdelkader Bengrina (islamiste devenu ministre du Tourisme après la décennie 1990), qui, selon El Watan, « lorgne l’électorat confrérique » (musulman malekite), conserverait ses chances. Tout candidat (ils sont cinq, et d’autres sources donnaient Ali Benflis ou Abdemadjid Tebboune favoris) sera considéré être un fantoche du général Gaïd Salah dont le retrait de la vie publique est exigé. Il semble qu’un procès pour « intelligence avec un État étranger » visant un collaborateur d’Ali Benflis, et impliquant le candidat pour la détention d’un compte bancaire en France, ait été instrumentalisé pour décourager son électorat.
Lequel Ahmed Gaïd Salah s’est félicité du patriotisme « de notre communauté à l’étranger » qui se serait acquittée de son devoir électoral. Ce qui, pour les hirakistes est soit un ahurissant déni de réalité, soit le présage que les chiffres seront massivement truqués. Pour Hacène Hirèche, correspondant du Matin, il s’agit de mensonges éhontés qui « confirment la vraie et sombre face du régime ».
Hacène Hirèche, devant le consulat du boulevard de Charonne, a vu conspuer « les rares brebis galeuses arrivées têtes baissées et accompagnées de CRS pour voter comme au temps de la colonisation. ». On ne se souvient pas vraiment que la colonisation ait contribué à faire élire, en juin 1946, Ferhat Abbas, député de Sétif (il devint par la suite le premier président de l’Algérie), mais glissons…
Ouverts depuis le 7 dernier, les bureaux de vote à l’étranger ne fermeront que dimanche prochain. Difficile donc de se prononcer sur la participation finale. Mais on relève qu’à Toulouse, une manifestante ayant prétendu vouloir voter afin de filmer à l’intérieur du consulat, s’est vue arracher son téléphone qui fut brisé : on se doute qu’en cas d’affluence, la réaction consulaire aurait pu être différente. Par ailleurs, Dzair Daily fait état d’un blocage total du consulat de Lausanne et évoque une participation globale de la diaspora de l’ordre de… 1 %.
En fait, le pouvoir algérien, faute de museler toute la presse, veut contrôler des médias aux ordres. Le très populaire journaliste Mahrez Rabia vient d’être remercié de la chaîne Canal Algérie en raison de son surpoids. Divers de ses confrères de la Radio nationale ont été limogés, ont démissionné, ou dénoncent encore les pressions qu’ils subissent.
Pour le hirak, la France serait redevenue le pays de la wilaya 7. C’est du moins le sens d’un éditorial du Matin « L’honneur rapatrié, le déshonneur exporté ». Les Algériens de France sont les dignes héritiers de leurs aînés et « rapatrient leur honneur (…) savourent la fierté d’être algériens ». Soit. Cet éditorial est illustré d’un visuel insolite : un drapeau algérien, une pancarte brandie « vote de la trahison, 57 ans, basta ». 57 ans… Allusion au MNA de Messali Hadj ? Qui dut, en janvier 1961, laisser la primauté des opérations au FLN ? Ou coquille (Ben Bella fut renversé en juin 1965) ?
On ne doute pas que la société civile algérienne compte nombre d’intellectuel·le·s, de syndicalistes, de diplômé·e·s compétent·e·s. Mais il est difficile de distinguer un fédérateur entouré d’une équipe pouvant assurer la relève.
De plus, même s’il pouvait sembler plus soucieux de publicité personnelle que d’obtenir un mandat électif, Rachid Nekkaz, homme d’affaires et activiste ayant dénoncé la loi sur les hydrocarbures en appelant le peuple en armes à exécuter des députés, ou s’étant proposé de porter plainte contre Gaïd Salah, vient d’être accusé « d’atteinte à l’unité nationale » et placé en détention. D’autres figures populaires sont aussi empêchées de s’exprimer par le pouvoir.
Si une pétition adressée au gouvernement afin d’éviter « tout dérapage » a été signée par 19 personnalités nationales considérant qu’il ne faut pas que le hirak se focalise sur ces élections et qu’il sera capable d’outrepasser leur suite « grâce à sa conscience et son civisme », on ne distingue pas vraiment quoi d’autre les rassemblera.
Pour calmer l’opinion, des anciens ministres et des oligarques, ou encore le directeur de la Banque nationale viennent d’être condamnés à des peines allant de trois à 15 ans. Le seul acquitté restera en prison (A. Zaalane, ex-ministre des TP et Transports), en l’attente d’un autre jugement.
Madani Mezrag, ex-dirigeant de l’Armée islamique du salut, a incité à la participation ou à voter blanc. Le Mouvement de la société pour la paix, présidé par Abderrazak Makri ne soutiendra aucun candidat et doute de la transparence des opérations de vote. Mais les religieux s’inquiètent des protestations étudiantes, de la progression des mariages civils (ou du concubinage), et du sentiment séculariste. La « révolution du sourire » les fait grimacer. Ils pourraient être tentés de se rallier, sans trop l’afficher, au vainqueur de l’élection, mieux susceptible d’être garant de leur emprise. L’écrivain Adda Fellahi, ex-conseiller auprès des Affaires religieuses, appelle à la participation et s’inquiète d’une radicalisation croissante du hirak. L’influence des évangélistes en Kabylie suscite aussi des interrogations. L'alliance du sabre et du goupillon semble en passe d'être reconduite.
Reste à savoir si les méthodes employées par les Algériens de l’étranger seront reprises en Algérie ce 12 décembre… Et si des barrages pacifiques, néanmoins dissuasifs, ne seront pas dispersés de manière musclée. Enfin, en cas de participation ridiculement basse (ou paraissant outrageusement gonflée), il semble difficile de présager des lendemains.
Qui seront de toute façon difficile alors que le dinar est en passe de passer au-dessus de la barre des 200 contre un euro…

Johnson et Trump ont tout bon pour le grand rabbin britannique


Ephraïm Mivris : un silence qui en dit long


Le grand rabbin britannique avait solennellement appelé à ne pas voter Labour le 12 prochain. On attend toujours ses déclarations sur Boris Johnson (ou Donald Trump). Son silence en dit long…
Long, mais sur quoi ? Sur sa confusion, son embarras ? Rappelons que vendredi dernier, Donald Trump a proféré que les juifs sont principalement motivés par l’argent. « Passe encore », puisque le grand rabbin du Royaume-Uni n’a pas vraiment d’obligation de se prononcer sur les déclarations d’un chef d’État étranger.
Mais on se souvient surtout qu’Eprhaïm Mivris avait déclaré que les Juifs britanniques étaient « noués d’angoisse » par la perspective de voir Jeremy Corbyn accéder à Downing Street. Et pour diverses organisations juives, en dépit de ce peuvent dire les Juifs restant fidèles au Labour, Corbyn reste la tête à claques qu’il faut abattre.
Et voici que resurgissent des passages de Seventy Two Virgins (les 72 vierges), livre écrit par Boris Johnson. Tout ce qui n’est pas Bristish de souche dont l’ascendance remonte aux Saxons et aux Normands en prend plein sa musette. Les tziganes et autres gypsies, tous les basanés, les noirs, et seuls les homosexuel·le·s et les débiles mentaux sont épargnés (un oubli ?).
Sémites de toutes origines sont décrits ayant des nez crochus. Hop, prix de gros : Arabes, ou Juifs présentent des tronches bien typiques.
Mais il s’attarde sur les Juifs. Qui contrôlent les médias. Et trafiquent les élections. Sont en fait, comme au Kosovo, des basses castes, des interlopes métissés, &c. Glissons sur la dénonciation du politiquement correct qui paralyse celles et ceux craignant d’être qualifiés de racistes.
Bien évidemment, c’est de l’histoire ancienne. Cela remonte à mai 2005. Et puis, ce n’est qu’un roman (genre OSS 117, avec le Bojo dans le rôle d’Hubert Bonisseur de la Bath, mais se prenant au sérieux).
Mais pourquoi donc Ephraïm Mivris a-t-il donc lancé une telle consigne unilatérale de vote (tout sauf Corbyn, même s’il n’a pas laissé entendre que l’Ukip, l’ex-formation de Nigel Farage, du Brexit Party, valait mieux que le Labour) ? Sans nuance ; frontalement.
Et pourquoi se tait-il ?
Lui seul pourrait répondre, au risque, s’il s’abstenait, de laisser une partie de l’opinion entendre que seule la politique expansionniste de Netanyahou trouve grâce à ses yeux, et qu’importent les considérations raciales et judéophobes proférées par des soutiens du sionisme revisité par l’extrême-droite et la droite israéliennes.
Voici fort peu, le député israélien Yair Lapid (du Kakhol Iavan, et pressenti pour les Affaires étrangères) a su reconnaître un judéophobe en la personne de Jeremy Corbyn. Israel Katz, a souhaité, à titre personnel, que Corbyn ne soit pas élu. Gilles William Goldnadel a écrit dans le Figaro, que Corbyn reprend « les scories de la haine antijuive prolétarienne détestant le riche ». Meuh non, Trump est adulé par ses partisans prolétariens, et alors ? Il peut sans problème reprendre la même antienne avec l’approbation tacite de Me Goldnadel. Hormis The Jewish Chronicle, et quelques autres publications, qui a tenté de départager le pour du contre Jeremy Corbyn ? Le Centre Simon Wiesenthal, rapporte Haaretz, s’est aussi prononcé contre le Labour ce 9 décembre. Le Jerusalem Post rapporte les propos de Simon Cobbs, des Sussex Friends of Israel. Qui décrit un gouvernement travailliste judéophobe (forcément) et déplore que si les conservateurs l’emportent, on le mettra sur le dos des Juifs. Bref, gagnant-gagnant, on pourra continuer à dénoncer la judéophobie de… Pas des conservateurs et de leur sémillant chef de file, quand même ? Si, un peu ? Nan !
David Isaacson, toujours dans le Jerusalem Post, assure que tous les Juifs britanniques sont contre Corbyn, des laïcs aux ultra-orthodoxes. Ce n’est évidemment pas le sentiment du groupe Jewish Voice for Labour.
En fait, à ce train, il ne suffira plus d’avoir une mère ou grand-mère s’étant déclarée juive pour être reconnu Juif. Faudra-il jurer sur une bible allégeance à Israel (sauf si la gauche israélienne relançant le processus de paix venait à l’emporter) ?
Il ne faut rien exagérer. Ni minorer le fait que divers travaillistes ont exprimé davantage qu’un sentiment antisioniste. Environ 70 cas plutôt flagrants (sur, soutiennent le Mail et le Times, 130) ont été recensés. Indéniable, sauf si, évidemment, certains cas seraient dus à des activistes Juifs ayant infiltré le Labour pour créer des incidents. Ce qui n’est pas du tout, du tout évident. Jeremy Corbyn a lui-même exprimé sa proximité avec les thèses pro-palestiniennes de manière parfois limite.
Le grand rabbin britannique avait quelques raisons de faire part de son inquiétude.
Mais l’impression d’un deux poids, deux mesures, peut finir par l’emporter.
Dans le Guardian, Slavoj Zizek, évoque une manipulation de l’Holocauste. Et en appelle à un retour à la tradition éthique juive.
L’ironie de la situation est forte : les conservateurs examineraient les cas de trois de leurs candidats ayant exprimé des opinions judéophobes. Enquête supervisée par Boris Johnson ? Qui n’a pas trop tempéré le soutien conservateur à la Hongrie de Orban dont la tête de turc est George Soros ; mais, puisque qu’Ephraïm Mivris considère que c’est véniel, alors… Et lorsque Boris Johnson inaugura, avec Theresa May, une statue de Nancy Astor, première députée britannique (en 1919, parmi 700 députés), qui préférait le nazisme au communiste, la Campaign Against Anti-Semitism a certes dénoncé cet hommage… sans trop s’inquiéter de qui participait à l’inauguration.
L’histoire se répéterait-elle, avec de « négligeables » nuances ?
Bah, quelque soit l’issue du scrutin, la chasse aux subventions reprendra. Une généralité qui s’applique à toutes et tous. La religiophobie n’est pas que synonyme de la méfiance éprouvée envers une seule composante. Et s’accompagne généralement d’un fort sentiment opposé à toute forme de xénophobie.

lundi 9 décembre 2019

Le Temple satanique ou la Libre Pensée à l’américaine


Une église, une croyance, surtout un cache-nez laïcard

Tiens, cela m’a échappé : fiscalement, The Satanic Temple est devenu officiellement une église étasunienne en avril dernier. Pour un peu, je lèverais bien des fonds pour ouvrir un lieu du « culte » boulevard de Bonne-Nouvelle.
Je me souviens de mes séjours en Californie et de mon étonnement, voire ébahissement, de découvrir, au détour d’une rue, un, des édifices religieux dédiés à un, des cultes dont je n’avais jamais entendu parler (visiblement non chrétien et surtout pas très catholique, comme on dit). Il s’agit de cultes non-denominational, comme disent les Étasuniens.
Feu mon pote, le « révérend » Billy Hults, de Cannon Beach (Oregon), activiste culturel, joueur de planche à laver émérite, journaliste indépendant et auteur, m’avait mis au parfum plus tard. Son église, dont il modifiait la dénomination à son gré (version courte : l’église du Dernier Cowboy bouddhiste rastifarien ou Rastafied Cowboy Buddah, mais il en rajoutait avec des Yabyums tout plein dedans à l’occasion), lui permettait de se faire exempter d’imposition (et de tenter de faire vivre sa publication, The Upper Left Edge). Pas du tout prêchi-prêcha, mais il célébrait à l’occasion des mariages d’anthologie (ses sermons portant sur tout et n’importe quoi, mais pas sur son église ou des croyances surnaturelles).
Activités cultuelles à proprement parler : zéro.
Et quid du Satanic Temple ? Une pompe à dons, depuis avril dernier exempte d’imposition ? Pas seulement. Une religion ? Oui, au sens qu’en donne Yuval Noah Hariri (Sapiens, Vintage pub., 2015, ou KZD, 2011 pour la version en hébreu ; chap. The Worship of Man), lequel considère que l’humanisme, le libéralisme, le communisme, &c. Bien, J’ai déjà dû l’évoquer précédemment, de même que l’activisme du Temple satanique dans les écoles (mêlant soutien scolaire, activités d'éveil, et réflexions philosophiques lors de cours du soir ; les églises chrétiennes font de même, mais davantage orienté catéchisme). Je n’y reviens pas.
Ce qui m’a fait connaître cette reconnaissance officielle, c’est un incident à bord d’un appareil d’American Airlines. Il fut intimé à une passagère, par l’équipage de cabine, le 30 octobre dernier, de se changer ou de dissimuler son maillot frappé des mentions Hail Satan et est. 666, avec croix chrétienne inversée (comme la Marianne des timbres français, vieille coutume royaliste). La compagnie a depuis présenté ses plates excuses. On ne badine pas avec le blasphème, toujours évoqué subtilement dans les constitutions de certains États, ce en contradiction avec la plus récente version du First Amendment. Mais depuis les années 1930, il n’est plus de poursuites judiciaires (au grand dam des partisans religieux de Donald Trump) pour blasphème.
C’est aussi vaguement un culte puisque le Baphomet Monument, à la gloire d’un satan à tête de bouc, vaut « idole », style statue de la déesse de la Raison, mais qui n’a rien à voir avec la wicca, sauf le côté folklorique ironique à l’occasion (pas de rites complexes comme en franc-maçonnerie). Le « baptême » est libre et gratuit et sans rite codifié (simple déclaration d’intention, chacun faisant comme bon lui semble pour le célébrer… ou non). Pas de cérémonial, pas de réelle hiérarchie, mais Lucien Greaves, le co-fondateur, reste une référence agissant à l’occasion au nom du Temple.
Plus séculier, on ne trouve que la Libre Pensée pour équivalent. Deux champs d’action : réfutation de la pensée magique (étendue à certaines dérives de la psychanalyse, aux pseudo-sciences) et du complotisme ; civisme (défense de la liberté d’expression, tolérance, appui de mouvements pour les droits civils).
La concurrence, à ce jour, outre éventuelles sociétés secrètes ou ésotériques organisées en sectes recherchant la discrétion, c’est la Church of Satan. Qui prône l’athéisme et l’individualisme. Un certain Jean-Louis Ludwig a tenté de s’en inspirer en fondant la French Church of Lucifer, mais, depuis mars 2017, on n’en entend plus vraiment parler. Il en est d’autres, dont ne sait trop si des chrétiens-tradis ne les ont pas inventées pour clamer que telle ou tel a fini « par renoncer à Satan ou à ses œuvres » et rejoindre leur giron.
En tout cas, la Church of Satan ne vend pas des sorts, son site ne comporte pas de boutique mais renvoie sur Amazon pour commander divers livres d’auteurs divers (dont Michel Foucault, Nietzsche, Machiavel, Shaw, Jules Verne…). Plutôt moins mystico-ésotérique que les Phrères Simplistes ou Le Grand Jeu et c’est peu dire : cette église de Satan fait plutôt songer à club de réflexion permettant à sa hiérarchie de s’exprimer dans la presse à l’occasion, sur des sujets divers, peu en rapport avec les religions. Mais là, adhérer n’est pas donné. Elle est représentée en Allemagne et le site Der Rabe (le corbeau) précise que ce satan n’est qu’un symbole (ou plutôt concept, étiquette) d’une sorte d’athéisme ou d’agnosticisme prônant la pensée rationnelle. Mais des rites sont codifiés et suivis lors de cérémonies (baptême, mariage, funérailles).
Les formes d’intervention du Satanic Temple sont beaucoup plus rigolotes, parfois parodiques, festives…
Comme certaines organisations laïques françaises, le Temple satanique proteste contre les crèches de Noël (en tentant de leur adjoindre des symboles pas forcément d’inspiration satanique).
Le plus cocasse dans l’affaire est que l’exemption fiscale, accordée le 25 avril dernier, le fut à la suite d’une sorte de décret (executive order) de Donald Trump, promulgué en mai 2017. Auparavant, le Temple critiquait cette exemption et ne la sollicitait pas.
Bref, aucune contre-indication : on peut se dire libre penseur et « templier » du satanisme (et réciproquement).
J’ai bien fouillé Wikipedia (anglophone) et les divers sites du fisc des États-Unis… En vain, et même la page Wikipedia consacrée à la National Spiritualist Association of Churches (églises non-chrétiennes, admettant la communication avec les âmes des « présumés » défunts, les médiums et autres guérisseurs) ne donne pas une approximation du nombre de ses diverses « églises » (toutes exemptées d’impôt). Il semble que le l’U.S. Religion Census de 2010 recensait 236 dénominations religieuses diverses rassemblant 345 000 congrégations ou groupes, assemblées religieuses (mais il fallait adhérer et l’organisme pouvait rejeter des applications). Ce recensement se tient tous les dix ans. On peut douter que le culte de la Licorne rose invisible (ou autres cultes du Jedi, dont l’un est reconnu aux États-Unis et exempté d’impôt depuis 2015, le texan Temple of the Jedi Order) soit du nombre des admis en 2020.
On dispose bien de statistiques globales sur les organisations à but non-lucratif (églises incluses) mais savoir combien de pasteurs du genre de Billy Hults se sont proclamés papes ou mamamouchis d’une congrégation est plus qu’ardu. Ces pasteurs, dont certains filent avec la caisse de leurs ouailles, sont exposés à des enquêtes de l’Internal Revenue Service (qui ne touchent chaque année que fort peu d’églises, et pour cause, c’est décidé au plus haut niveau, et selon une estimation d’un juriste, le taux serait inférieur à 0,3 %).
Comme l’indiquait le groupe Think Progress en 2017, l’IRS invoque son code interne pour refuser de communiquer sur cette question. Les églises ou les prédicateurs sont supposés remplir un formulaire pour déclarer leurs revenus supplémentaires (à ceux leur valant non-imposition). Parfois l’IRS poursuit des prédicateurs pour non-déclaration, mais rarement. De très nombreux avocats fiscalistes se spécialisent dans la clientèle religieuse (quand ils n’ont pas eux-mêmes aussi une casquette de prédicateur). À moins de prêcher la pédophilie ou l’assassinat des renégats et hérétiques (et encore… mais faire état d’exécutions serait contre-indiqué), l’exonération fiscale est assez libéralement accordée. Et des associations du type Reclaiming Oklahoma For Christ peuvent bénéficier aussi des dispositions fiscales.
Le Temple satanique, assez proche de ce que serait censée promouvoir l’association Americans United for Separation of Church and State (elle aussi exemptée de taxes, et employant un avocat qui est aussi prêtre ordonné), mène campagne pour que les églises ne se prononcent pas pour un parti politique ou l’un de ses candidats. Mais tant que Trump restera président, il aura fort à faire…
Onward Satanic Soldiers, Satan Bless America!

Brexit : Vers une réunification irlandaise ?


Les unionistes nord-irlandais en mauvaise passe

En cas de rupture du Royaume-Uni d’avec l’Union européenne, la perspective d’une réunification irlandaise ne peut être exclue. La démographie, et surtout l’évolution de l’opinion, en particulier celle des jeunes, rendent cette perspective beaucoup plus probable.
Dès le Brexit accompli, ce sera, au Royaume-Uni, embrassons-nous Folleville. C’est en tout cas l’opinion de Boris Johnson, interrogé sur sa relation avec sa compagne, Carrie Symonds.
Que va-t-il lui offrir pour Noël ? “I’m going to get Brexit done”. Et la liesse s’ensuivra, avec pour conséquence une hausse de la natalité. Cupidon fera flèche de tout bois, les amours fleuriront à travers la nation. Tel que…
Il a de même affirmé qu’après les Jeux olympiques de 2013, il avait été constaté un baby boom. En tout cas, ni en Angleterre, ni au Pays de Galles, pour lesquels une nette chute fut constatée.
De son côté, la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, a prédit que le taux de criminalité bondirait si le Labour emportait les élections, à raison de 52 décès criminels de plus annuellement. Le choix est clair : des bébés ou des cadavres, choisissez. Boris Johnson n’a pas daigné commenter cette prédiction.
Mais le Bojo peut (ou ne pas) dire tout ou n’importe quoi, ses partisans lui conservent une confiance illimitée. En témoigne le résultat du sondage du Daily Express auprès de son lectorat qui conclut que les documents produits par Jeremy Corbyn sur la frontière avec l’Irlande du Nord étaient des faux (de plus, fournis par la Russie, laisse entendre le quotidien). Seulement 15 % des répondants (1 167 sur 8 182) les considèrent authentiques, avec uniquement 2 % d’indécis. Cela alors même que Boris Johnson n’a jamais mis en doute leur authenticité, se bornant à indiquer qu’il y aurait bien des contrôles (et des droits de douane) entre les deux Irlande, mais aucun — contrairement aux documents produits — entre la Grande-Bretagne et les six comtés nord-irlandais.
Consciente du ridicule, la rédaction de l’Express a retiré l’article de la page d’accueil de son site dès ce lundi.
Car si son lectorat n’est pas convaincu par ces documents, les unionistes nord-irlandais le sont absolument. Arlene Foster et le DUP clament qu’il s’agit d’une trahison et que plus jamais ils n’accorderont leur confiance à ce Premier ministre qui a « renié sa parole ». Arlene Foster a obtenu des services douaniers la confirmation du contenu des documents : soit deux frontières, l’une entre les deux Irlande, l’autre entre les comtés et le reste du Royaume-Uni.
Ce qui place son parti, naguère fort des dix sièges ayant suffi un temps à ce que le DUP et les Tories soient majoritaires au Parlement, en délicate position.
Traditionnellement, le vote en Irlande du Nord oppose « catholiques » (Sinn Féin, et SDLP, pour la réunification ou verts) et « protestants » (DUP et autres oranges). Jusqu’en 2011, la démographie avantageait les protestants (et assimilés) à 48 contre 45 % (avec 7 % d’Irlandais du sud et autres, dont des citoyens des 27 pays du continent). Mais en 2021, en se fondant sur des estimations de 2016, les proportions se seront inversées en ce qui se rapporte aux adultes.
Ajoutez à cela qu’en cas de gouvernement Labour-SNP, sans doute appuyés par les libéraux-démocrates en ce qui concerne ces mesures, l’âge du vote sera abaissé à 16 ans et que les résidents européens deviendront électeurs. À moyen terme, cela laisse présager, en cas de nouveau référendum tranchant entre le projet d’accord des travaillistes et le retrait de l’article 50 (soit le maintien dans l’Union européenne), une majorité, tant en Irlande du Nord qu’en Écosse ou au Pays de Galles, pour ne pas rompre avec le continent.
À plus long terme, cela signifie-t-il que la réunification irlandaise se produise ? Si ce n’est pas exclu, ce n’est guère évident.
Il faut prendre en compte l’évolution de l’opinion constatée chez les jeunes, en particulier les trentenaires. Nombre d’entre eux se déclarent indifférents. Et plus généralement, « l’identité » britannique, régresse, y compris au sein (même si cela reste difficile à évaluer exactement) de l’électorat unioniste. Soit que « l'identité » nord-irlandaise, indifférente aux anciens clivages, progresse. Ou que l'attachement à l'Union européenne se renforce, y compris dans les rangs unionistes.
Cela peut aboutir soit à la réunification, soit déboucher sur la revendication d’une encore plus forte dévolution (sur le modèle écossais). Dans cette seconde hypothèse, cela signifierait deux parlements, deux exécutifs. Pour le politologue Paul Nolan, spécialiste de l’Irlande, il restera difficile de prévoir laquelle des deux options prévaudra. Pour Mary Lou McDonald, du Sinn Féin, « rien n’est tabou », y compris d’en discuter dès à présent avec Arlene Foster et le DUP.
Il est plus que prématuré d’avancer un pronostic. Cela dépendra de l’issue du Brexit.
Un indicateur le laisse percevoir. Nicola Sturgeon, du SNP écossais, pourrait estimer qu’un second référendum sur l’indépendance écossaise risquerait de confirmer le résultat du précédent si (et seulement si) la révocation de l’article 50 était actée ou si l’accord travailliste satisfaisait la majorité des Écossais. En fonction du résultat de l'éventuel référendum sur le Brexit, le SNP accentuera ou non la pression pour organiser un référendum sur l’indépendance. Bien sûr, Nicola Sturgeon ne dit pas déjà que la date du référendum qu’elle souhaite (vers fin 2020) pourrait être repoussée.
Selon leur position Leave ou Remain, les quotidiens interprètent les sondages et les projections des bookmakers différemment. The Daily Express considère que les conservateurs ont creusé l’écart, en seraient à 45 % des intentions de vote. The Standard, plus mesuré, considère que l’écart reste stable, à dix points (43 % pour les conservateurs). The Mirror laisse la parole au professeur John Curtice qui estime que si l’écart tombe à six points, ce qui pourrait se produire, la perspective d’un parlement « suspendu » (hung), bloqué, l’opposition aux conservateurs se coalisant, reste possible. Selon la moyenne des sondages, les conservateurs se situeraient à 43,5 %, ce qui reconduirait une majorité conservatrice à l’issue de ce vote à un seul tour.
Mais les indécis pourraient s’abstenir ou voter « utile » (pour un·e candidat·e pro-Leave ou Remain, selon les circonscriptions, mieux placé·e) au tout dernier moment.
Ce qui semble se profiler, c’est que le DUP pourrait perdre un siège. Voire deux (bénéficiant au Sin Féin et au SDLP, l’autre parti « catholique », ou green irlandais par opposition à l’orange des unionistes). Cela ne changera pas la donne globale.
En revanche, même si le sentiment unioniste semble avoir régressé en Grande-Bretagne (en Angleterre principalement), les déclarations, post-derniers sondages, d’Arlene Foster peuvent influencer des électeurs conservateurs (qui s’abstiendraient, voteraient pour un conservateur dissident s’il en était sur leur circonscription, ou un indépendant). Sans doute pas de manière à contribuer à faire élire des candidat·e·s travaillistes, mais à barrer la route à quelques (rares) conservateurs.
Mais pour la suite, The Irish Times (Dublin) prévoit que Sinn Féin et DUP seront forcés de négocier (sur le fonctionnement d’une assemblée nord-irlandaise, et pour éviter le retour à des affrontements marginaux violents).
Et puis, pour The Guardian, si le SNP obtenait la tenue d’un second référendum sur l’indépendance, et surtout l’emportait, les répercussions sur l’Irlande du nord seraient considérables : les relations entre l'Écosse et les deux Irlande sont fortes (sentiment d'appartenance commune, volume des échanges relationnels divers, culturels et autres, et économiques).
Selon Matthew O’Toole, un ancien haut-fonctionnaire, le devenir de l’Écosse ne pourra qu’influencer celui de l’Irlande du nord.