mardi 15 octobre 2019

Brexit : de quel jour, la 25e heure ?

Minuit, Européens, serait l'heure solennelle du Brexit...

Allons bon, voilà que site du Figaro de ce jour titre « Brexit : Paris espère l'annonce d'un accord "ce soir" ». Faite à Mary et ses petits moutons ? À Boris ? Sauf most amazing, et autres superlatifs relatifs ou sorprendentissimo, strangest, surprise, ce n'est pas vraiment dans la pochette.
La Vingt-cinquième Heure, c'est du prélat orthodoxe Virgil Gheorghiu, et ce fut employé à toutes les sauces (tout comme, plus tard, le « J'ai même rencontré des ... heureux » décliné à l'envie par des journaleux ; je me suis abstenu).
Bah, quand un titre idoine ne vous vient pas à l'esprit...
Or donc, version Figaro, titre choc. Version Guardian, Barnier aurait intimé jusqu'à minuit,  soit à quinze jours d'une autre échéance, un ultimatum. Le Daily Mail évoque plutôt une tombée de copie à 00:00. L'Express semble redouter que le Bojo fléchisse, se montre mou des genoux, avant l'heure fatidique. Mais n'en exclut pas moins que l'Union européenne organise un sommet extraordinaire le... 28 octobre. Le Standard estime que Barnier bluffe : Barnier met Johnson en garde, courbe la tête avant minuit, ou attends-toi à un report au-delà du 31 prochain. En adaptation très (trop) libre, j'ajouterais : Bojo, piètre Sicambre.
En fait, le Telegraph (et d'autres, se fiant à leurs correspondants à Bruxelles) estime que si le Bojo ne s'est pas agenouillé avant minuit, les docteurs Schweitzer européens (ou Folamour vus d'ailleurs) se réuniront le 28 pour annoncer ou non que la messe est dite.
Plus que six heures à courir ? 
J'en doute...
Je doute aussi que, pour éviter une frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, il conviendrait d'en ériger deux... Et que cela soit acté de sitôt. Soit selon les flux et les produits services, deux virtuelles : l'une entre l'Europe, République d'Irlande incluse, et l'Irlande du Nord, l'autre entre les deux Irlande et le reste du Royaume-Uni. Je reste un Bordersceptic.
Demain, mercredi, le Cabinet (le gouvernement) britannique et les ambassadeurs européens réunis par Michel Barnier à 16 heures (chacun les leurs, d'heures, à quelques minutes près) feront le point. 
Leo Varadkar, le Taoiseach irlandais, vient (17:30) de faire un point d'étape. Le fossé reste très large, et il ne sait pas trop si un accord sera... conclu, annoncé ? cette nuit ou avant samedi prochain.
Ne jouons pas sur les mots. Il ne s'agira pas d'un accord mais d'un protocole d'accord. Nuance.
Qui devrait être admis, approuvé, tant par le Parlement britannique, réuni ou non samedi prochain, que par les 27. Pas de protocole, pas de séance exceptionnelle du Parlement britannique. Protocole, et surprise, surprises : les députés britanniques pourraient le valider ou le rejeter.
La météorologie est une discipline, non une science exacte... Là, d'heure en heure, de minute en minute ou presque, les bulletins se succèdent.
Selon les uns, même en cas de protocole acceptable, les députés conservateurs dissidents obligeraient le Bojo à reporter la date du Brexit. Les libéraux-démocrates aussi, et on ne sait trop comment se prononceront (pour ou contre les consignes de vote du Labour) les travaillistes. C'est ce que déclare Varadkar : le Bojo se dit confiant qu'il obtiendra (ou sera forcé d'obtenir) un protocole qui sera approuvé par le Parlement britannique, mais lui doute encore. D'une part, entre des déclarations d'intentions communes et un traité en bonne et due forme, il y a comme des petites différences fort peu inconséquentes, d'autre part, comme le pointe Varadkar, les unionistes nord-irlandais ne voudront pas se contenter d'assurances sans garanties d'effets.
Ce qui semble en jeu, c'est notamment la remise en cause du protocole par l'Assemblée d'Irlande du Nord à telle ou telle échéance (quatre ans après le Brexit) : Boris Johnson aurait reculé sur ce point qui n'est pas de détail.
Et en fait, les « Anglais » sont en train de travailler au corps « leurs » Nord-Irlandais dans les prochaines heures, jusqu'à point d'heure. D'où la déclaration, à l'instant, de Downing Street selon laquelle les discussions sont constructives à Bruxelles mais que le chantier est loin d'être achevé.
Ce qui est aussi marginalement en question, c'est la position des autres parlementaires brexiters et conservateurs. Non, ce ne serait pas par sexisme qu'ils ont renvoyé Theresa May dans son foyer, et ils ne donneront pas carte blanche au macho Bojo. Ils passeraient cependant d'un protocole acceptable à un « tolérable » (dixit le député Steve Baker).
Mais pas tous.
Et il suffira qu'un seul chef d'État d'entre les 27 considère que trop, c'est trop, que, comme le pensent les Britanniques, mieux vaut rompre que de prolonger indéfiniment les discussions, pour que le château de cartes s'effondre. Ce qui serait aussi bien exploité par Boris Johnson qu'une approbation du protocole par le Parlement.
De toute façon, quoi qu'il advienne, il faudra de la paperasse pour commercer avec l'Irlande du Nord et le Royaume-Uni. Ce qui pourrait favoriser des embauches (ou aussi provoquer des faillites, donc du chômage), réduire les marges et contribuer à une hausse des prix et tarifs.
Pas de quoi sauter comme des cabris, avec ou sans accord. Bah, quelque soit l'issue, ce seront sans doute les mêmes moutons qui finiront tondus. C'est « dans l'ordre des choses ». 
Tiens, aucun rapport ?
Autre événement du jour : le président de l'association footbalistique bulgare a rendu son tablier. Les missiles bulgares et les saluts néo-nazis ont marqué la rencontre Angleterre (6), Bulgarie (0) de Sofia. Allez, épiphénomène. Mentionné histoire de vous inciter à lire, ici-même, sur ce blogue, mon « À l'est du nouveau ». Sauf que... J'ai mal vers l'Aisne en déshérence, et ma rate européenne se rétracte. Car quel que soit le dénouement, l'amputation de l'Angleterre (et peut-être la greffe de l'Écosse, plus tardive) ne me dilatent pas les zygomatiques.
Bon, je vais cultiver mon jardin et promener le chien... 



   

Europe, Brexit... à l'est, du nouveau

Angleterre, Roumanie, Hongrie, Pologne : des identités contrariées

Le changement dans la discontinuité ? De ces jours, date une ère nouvelle... Mais bien malin qui saurait prédire laquelle, si l'histoire se répète ou non. Ne prenons pas prétexte de ce qui se trame en Angleterre, Roumanie, Hongrie, et Pologne pour tenter de discerner ce que sera cette nouvelle ère. Mais se dispenser de l'exercice périlleux de s'interroger à voix haute sur le destin européen reviendrait à se boucher les yeux ou les oreilles.
Souvenez-vous. Giscard d'Estaing : « De ce jour, date une ère nouvelle (...). J'entends encore l'immense rumeur du peuple (...) qui nous a demandé le changement... ». Souvenons-nous aussi que l'idéal européen fut fortement exprimé bien avant le second conflit mondial (et en fait dès la Révolution française, si ce n'est auparavant). Ce qui permet de mesurer le chemin parcouru, non vraiment d'apercevoir le bout du tunnel.
Tunnel de négociations entre Boris Johnson et les 27 dans lequel, selon les mots d'une observatrice qualifiée, parfois les lumières des fanaux portent loin, ou n'éclairent plus que faiblement.
Des « experts » (auto-proclamés ou fumeux trop souvent, guère moins fumeux que moi-même), des analystes (certains au petit pied, à mon image) tentent de synthétiser vers où va l'Europe (de John O'Groats à Brest, ex-Litovsk ou sur-le-Boug, pour simplifier, soit d'au-delà de l'Atlantique à l'Oural par extension). On ne les entend plus guère ces derniers temps, et c'est dommage. Pourtant, divers signaux mériteraient d'être évoqués. Gageure... Pas vraiment.
N'exagérons rien. Boris Johnson n'en est pas à réclamer que l'électorat présente ses «cartes de messes » anglicanes pour approcher les urnes. Il préconise seulement que, comme en France, un document d'identité comportant une photo, celle d'un passeport ou d'un permis de conduire, soit présenté. Ce qui, comme aux États-Unis, comme des simulations lors d'élections locales anglaises l'ont montré, conduira à augmenter l'abstention et à refouler nombre d'électrices et électeurs. Il n'exacerbe que fort peu les sentiments xénophobes d'une partie des Anglais et des Irlandais du Nord. L'Angleterre n'est pas la Pologne, les unionistes d'Ulster ne sont pas comme certains Hongrois de la Transylvanie et de l'ex-Province autonome magyare ou du Banat. Mais les Remainers, majoritairement citadins, résidents des métropoles, le comparent à Viktor Orban...
Lequel, tout comme Erdogan, notamment en Europe (géographique), vient de subir un revers. Le nouveau maire de Budapest, Gergely Karacsony, tout comme celui d'Istanbul, Ekrem Imamoglu, est un opposant (ce qu'est aussi le maire de Varsovie, Rafal Trzaskowski) au parti majoritaire de son pays.
En revanche, en Pologne, le PiS, le Parti Droit et Justice, a remporté les dernières élections. En s'appuyant sur l'église catholique tout comme le PSD (Parti social-démocrate roumain) s'est appuyé sur le patriarcat orthodoxe autonome. Le PiS et le PSD ont mené ou mènent encore une politique que certains qualifieraient de populiste (mesures sociales au bénéfice des populations rurales appauvries, par exemple) et même, fut-il ou reste reproché, d'achat de suffrages.
Oui, mais en Roumanie, la prédominance du PSD n'a eue qu'un (trop long) temps. Le gouvernement-potiche de Viorica Dancila (séide docile de Liviu Dragnea, le sulfureux conducator du PSD) a été renversé par une motion de censure le 10 octobre dernier. Et le parti du président Klaus Iohannis, un Saxon, ex-maire de Sibiu, le PNL (Parti national-libéral), est donné favori lors des prochaines législatives (dont la date pourrait être avancée).
Le PNL est partisan du mariage pour tous, contrairement au PiS, mais reste flou sur la question de l'immigration et des quotas préconisés par la Commission européenne.
Bref, le « populisme » et « l'autoritarisme » se renforcent (Pologne ; Angleterre ?) ou se délitent (Roumanie), et la situation est contrastée. En témoignent les élections municipales de capitales (Varsovie, Budapest) ou de villes « métropolitaines » (ce que je n'ai pas cherché à soigneusement vérifier des Pays-Bas aux Pays baltes).
Il n'est pas non plus tout à fait négligeable de relever que l'USR, allié parfois du PNL, se compare avec La République en marche. L'Union Sauvez la Roumanie (USR) est un curieux amalgame de pro-Européens issus de divers courants (libéraux de centre-droit, centre-gauche, sociaux-démocrates,  démo-chrétiens pas très orthodoxes, écologistes, associatifs). Son chef de file, Dan Barna, vient de se faire épingler par le quotidien Adevarul car, lui aussi à pompé des fonds européens sous des prétextes fumeux (tout comme tant de dirigeants moldaves, roumains et ukrainiens), des projets sociaux ou écologiques qui ont surtout été des montages ayant profité à ses sociétés ou à des proches (dont sa sœur). Et quand on tente de comprendre ô combien les fonds européens sont détournés un peu partout à l'Est, on peut commencer à comprendre pourquoi les Brexiters anglais (qui dénoncent aussi les détournements de fonds destinés à des pays du Tiers-monde) se montrent si résolus... Pourtant, Barna, quel candidat « propre sur lui ». Si proche des faibles, des écolos, des défenseurs des droits de l'homme et de la citoyenne, &c. L'Orient est compliqué, l'Europe centrale et de l'Est tout autant. 
Et il s'en passe de belles, dans certaines capitales européennes de la Culture (surtout de la prévarication et des prébendes diverses).
Que déduire de tout cela ? Pas grand' chose, et surtout, à mon humble avis, rien de définitif. D'autant qu'il faudrait élargir ce panorama réduit : à l'Allemagne, à l'Autriche, l'Italie et même la Russie, qui n'est plus si hors-sujet depuis que l'opposition à Poutine se renforce. Montée de partis très conservateurs (Allemagne), revers des « mêmes » (ou plutôt assimilés, parfois abusivement) en Autriche et Italie.
Je suis persuadé que des experts qualifiés et des analystes sérieux pourraient, prudemment, se prononcer. Mais c'est de fait trop complexe pour que la presse relaye ; trop pour intéresser une large fraction de, des opinions. Pourtant...
Je vous entretenais voici peu de l'architecte Roland Castro et de l'opposition entre grandes et moyennes villes et autres territoires. J'avais omis de relever ce passage de sa tribune dans Le Parisien : « On pourrait dire, comme Jean Cocteau, "puisque ces événements nous dépassent, feignons de les organiser''. ». « Populiste », va... Amalgame. Mystères chez Cocteau, événements chez Machiavel, Talleyrand, d'autres encore. Mais comme le nom de Cocteau doit dire encore quelque chose au lectorat, que Machiavel, pour qui s'en souvient, évoque l'adjectif dérivé, et que celui de l'urbaniste François Ascher (La Société hypermoderne ; ces événements nous dépassent, feignons d'en être les organisateurs, éds de l'Aube, 2001-2005) ne dit pas grand'chose au public (mais beaucoup à Roland Castro), va pour Cocteau. 
Et à la date commémorative de l'ère nouvelle, on pourrait dire comme Philippe Bouvard : « puisque ces anniversaires nous dépassent... ». Passez muscade, disent les prestidigitateurs. Ceux qui vous clament qu'un populisme conservateur a le vent en poupe, ou vous assurent du contraire.
Je ne vais pas vous chanter, comme Jean Gabin, « je sais qu'on ne sait jamais. ».
Parce que je crois savoir que cette ère, comme maintes l'ayant précédée, est aussi celle de la versatilité. Des accélérations des retournements d'opinions. Car les vents tournent fort (comme aurait pu le dire Edgar Faure). Voyez les derniers sondages portant, au Royaume-Uni, sur le Brexit.
Parfois aussi, ils tardent à se lever. L'Utopie ou la mort (1973), livre du premier candidat écologiste à l'élection présidentielle française (1974), René Dumont, a plutôt tardé à fonder le discours d'une Greta Thunberg. Mais les bourrasques tournent aussi parfois court. Gilets jaunes, Extinction Rebellion, connaîtront peut-être le sort de Nuit debout...
Pour en revenir au Brexit, tunnel labyrinthique, dans lequel évoluent des somnambules se hâtant trop ou pas assez, prenant près de cinq millions d'expatriés (citoyens européens au Royaume-Uni, Brexpats) en otages, là, oui « je sais qu'on ne sait jamais ». Qu'en sera-t-il à la fin du mois, ou l'année prochaine, quand les blousés réversibles voteront lors d'un éventuel, voire de deux (Article 50, indépendance écossaise), référendum(s) ?
Ce que je sais en revanche, c'est qu'il y a, du point de vue de la sociologie des mobilisations, du grain roumain à moudre. Des journées entières, de longues nuits de manifestations, à multiples répétitions, qui ont arraché quelques avancées, mais finalement, ce n'est pas la rue, mais une quatrième motion de censure qui finit — provisoirement ? — par changer la donne. Une « élite » chasse l'autre, pour, contre « le peuple » ?
Ce thème (élites/peuple) est aussi repris en Angleterre. Le Labour attirerait à présent davantage les classes moyennes (au sens français, un peu trop flou), les « populaires » ralliant le Brexit Party et les conservateurs. Chaque camp se revendique de la volonté populaire. Cela devrait mériter une mise en regard de ce qui s'observe en Europe de l'Est. Non pour en tirer des conclusions hasardeuses, mais au moins esquisser quelques pistes. Que l'historiographie finira par faire converger et dotera d'une signalétique ou d'une autre (Renaissance, Siècle des Lumières... diverses appellations approximatives).
Je ne schématise pas, j'ébauche, nuance. Un peu en tout sens, dont acte. Sans autre prétention que celle d'attirer l'attention sur des éléments épars dont je ne sais s'ils ont vraiment ou non des atomes crochus, s'attirent ou se repoussent (voyez ce qu'il fut de Nigel Farage et de Marine Le Pen, de Mélenchon et du PCF, &c.). Ce n'était que la minute nécessaire géopolito(il)logique d'un descendant de Pécuchet à consigner au Catalogue des opinions chiches. 




  


  

lundi 14 octobre 2019

Brexit : la reine l'a dit... Allo, m'enfin non, quoi !

Pour son 65e discours, la reine Elizabeth constipée...

Elle est arrivée en carrosse, la verge noire (the sergeant at arms) l'a précédée dans la chambre des Pairs, tous en toges rouges, et coiffée d'un diadème, sa couronne posée sur un coussin, elle a lu l'essentiel des 130 pages du discours que lui avait préparé Boris Johson... Avec une petite variante de son cru, semblerait-il.
C'est vrai qu'elle tirait une tronche, HM The Queen. D'ailleurs, le Daily Express a titré : "Queen looked 'bloody furious' (...) 'The Queen is raging'''. En 65 ans et autant de discours d'ouverture du Parlement (d'abord chez les Lords, elle et les députés se retirent ensuite, chacun chez soi), elle s'est montrée beaucoup plus coincée que jamais auparavant... L'héritier, le prince Charles, en grand costume d'apparat, semblait, lui, s'ennuyer ferme, restant impassible.
Leurs gestuelles, haussements de sourcils, paupières tombantes ou pupilles écartées ont été « expertisés ». 
Mais en fait, à qui jetait-elle des regards noirs ? À Boris Johnson, ou à John Bercow, le président démissionnaire (au 31 prochain) des Commons suspecté d'avoir favorisé et les conservateurs dissidents et l'opposition ? Spéculations hasardeuses.
Le discours de la reine aborde tous les points que le gouvernement veut soumettre au parlement (et à la reine, qui promulgue les lois) lors de la législature suivante. Comme l'a remarqué un député Gallois autonomiste, tout cela, c'est du pipeau puisque tout le monde finira par se mettre d'accord sur des élections générales anticipées (mais à quelle date ? that's the question).
La petite différence vaguement intéressante et sans grande conséquence, c'est qu'un journaliste de la BBC a scruté les 130 pages, l'introduction préliminaire de Boris Johnson, et a vraiment tardé à trouver une référence à une application de l'article 50 dès le 31 prochain. « La liberté de circulation telle qu'actuelle prendra fin au 31 octobre », lit-on (à propos des ressortissants de l'UE et d'autres). Pas du tout, on rétorqué d'autres commentateurs qui ont remarqué, eux, que la version écrite faisait précédemment référence à cette date mais qu'à l'oral, la reine s'était bornée à déclarer : « La priorité de mon gouvernement a toujours été de s'assurer que le Royaume-Uni quittera l'Union européenne le 31 octobre. ».
Qu'en déduire ? Qu'elle se distance de cette perspective, parce qu'elle la désapprouve, ou simplement parce qu'elle doute que la rupture soit effective à la fin du mois ? 
Eh bien, tout comme les interprétations de la mimique énigmatique de la ministre de l'Intérieur, Mrs Patel (mon précédent laïus sur le Brexit, ont fait couler de l'encre d'Internet et en déverser d'autres sur les plaques des rotatives, hier, on n'en parlera plus demain soir... 
En revanche, Boris Johnson concéderait-il qu'un report « technique » soit envisageable ? Soit une mesure lui permettant d'annoncer triomphalement que la messe est dit (Brexit done) en temps par lui voulu, mais que la valse (limitée à 12% des produits côté britannique, histoire de ne pas freiner les importations vitales, sans doute beaucoup plus étendue pour les exportations) des tarifs douaniers pourrait attendre. Histoire de « techniquement » rôder les choses, mais sans retour en arrière possible.
Oui, non... Ce serait non, a fait savoir un porte-parole du gouvernement peu après la fin du discours.
Mais n'oublions pas que l'Angleterre fut un royaume normand. Yes maybe, maybe not
Apparentement pas si « terrible » mais significatif, à la une de l'Evening Standard, qui porte sur cette incertitude. Boris squizé de tous côtés (à quelques jours de l'échéance, deux semaines). Juste en-dessous, une publicité : venez tester votre vue. Et tant qu'à faire, vos oreilles aussi ? Examens oculaires et auriculaires (des conduits auditifs) gratuits. Au petit doigt sec ou mouillé ? Le, les messages, visuels, auditifs, sont tellement brouillés qu'on ne sait plus à quel saint, Georges, Andrew,  Patrick, David (ce dernier pour les Gallois) ou autre se vouer.
Or donc, oyez, oyez, les députés se seront retirés pour débattre de leur côté de Westminster.
Ils ne se sont pas déjà écharpés sur une future loi obligeant l'électorat à présenter une pièce d'identité comportant une photo, ni sur les modalités du vote des expatriés (désormais composés d'une forte proportion de Brexpats). Un test avait été fait : près de 800 personnes n'avaient pu se rendre aux urnes virtuelles. Or donc, l'opposition s'est égosillée devant caméras, micros et claviers pour dénoncer une outrancière manœuvre électorale.
Aux Commons, Boris Johnson a pris la parole derrière Jeremy Corbin (Labour). Lequel avait conclu que tout le discours de la reine, soit le programme législatif, fut « un exercice de propagande ». Ce discours, c'est de la fausse monnaie (fool's gold). De la pyrite, de la poudre aux yeux, un miroir aux alouettes, comme il vous plaira. Le Bojo a répondu que le meilleur des mondes débutera avec l'aube nouvelle de la Toussaint, que les tricks d'Halloween étaient déjoués par avance. 
Mais quelques personnalités sont entrées dans les détails. Évoquant par exemple les programmes spatiaux européens, Galilée et Copernic, et les discussions sur l'avenir d'un partenariat dans les divers domaines scientifiques. Le commandant Peake, un astronaute, a confié au Daily Express qu'il restait relativement, prudemment, confiant. Tout comme Michel Barnier, le président irlandais, Downing Street...
En fait, lors des échanges entre les députés et Boris Johnson ou Jeremy Corbin, l'autre question cruciale, celle des élections législatives anticipées, n'a pas été abordée.
Et lorsque le porte-parole du SNP écossais est intervenu, la salle s'est vidée de la plupart des conservateurs et d'une forte partie des travaillistes.
La plupart des titres de presse ajustent chaque jour ou presque des graphiques très complexes afin d'exposer les diverses étapes pouvant aboutir à telle ou telle issue. Cette fois, les bibliothécaires des Commons ont divulgué un tel document, lequel envisage deux cas de figure (scénarios un et deux).
Cela semblait trop beau pour être vraiment clair car une variante dans le premier scénario renvoie à une étape du second. C'est là.
Pour qui aurait la flemme d'aller consulter ce schéma (en ang., évidemment), je me borne à départager les occurrences finales : une pour la sortie sans accord au 31, une pour la sortie avec à même date, et ex-æquo pour, deux partout, une sortie avec ou sans accord à une date ultérieure. 4-2 ? Nan, ce serait trop simple. 
L'éventualité d'une session extraordinaire du Conseil européen n'est pas incluse, outre celle, ordinaire, des 18-19 prochains.
C'est bête, les soldes d'hiver à Londres et dans le Royaume-Uni débutent dès le Boxing Day, le lendemain de Xmas, soit le 26 décembre. La livre venant de perdre un point face à l'euro, on pourrait être tenté d'anticiper. En France, il faudra attendre le 8 janvier (le 2 dans une partie du Grand-Est). Les beaux arrondissements de Paris restent plongés dans la perplexité.  Quand y aller, ou faut-il rester ? J'ai mon idée. Je vient de créer une auto-entreprise de conseil (Éclipse). Dotée d'un équipement high-tech state of the art : boule de cristal avec correction AI, pendule connecté serveurs du MIT... Une équipe en phase avec des experts internationaux du Nasdaq, Dow Jones, FTSE, Dax, et des chef·e·s de rayons du Grand Bon Marché et d'Harrod's. Tarifs en fonction de vos budgets soldes... de tout décompte avant la date réelle du Brexit.

  






dimanche 13 octobre 2019

Brexit : place à l'infotainment

Avec Priti Patel, le Royaume-Uni a sa Mona Lisa

Oh-la-la (in Eng.; as they say), Andrew Marr a vraiment pris un coup de vieux. Faux pas (id.), mais de qui ? Non, Priti Patel n'a pas souri quand Andrew Marr lui a listé les inconvénients du Brexit pour le Royaume-Uni. Si, elle prend tout cela à la légère... Jeux d'ombres.
Ce n'est pas la girouette qui tourne, c'est le vent, disait Edgar Faure. Hier (ou avant-hier ?), je me, nous promettais de ne pas vous bassiner avec le Brexit avant quelques jours. C'est plus fort que moi, mais je vais tenter de vous entretenir — aussi — d'autre chose.
Attendez-vous à ne pas savoir réellement quelle sera l'issue avant... Même pas après qu'Angela Merkel ait fini de dîner avec Emmanuel Macron, ce soir, même pas demain, après que Donald Tusk ait estimé que Boris Johnson ne sollicitera « probablement pas » une extension de la date de sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Report que, selon son entretien avec Kurier (Autriche), il, nous ne forcera, forcerons pas, pour répondre à la volonté de la majorité de Westminster (le Parlement), vu que, comme le pense, voire l'exprima en d'autres termes Emmanuel Macron, « comparé au parlement britannique, un sphinx égyptien est comme un livre ouvert. Donc, on doit attendre, et en raison de l'Angleterre, boire du thé. ». Tusk et le Sphinx. Priti et Mona Lisa. Keep calm and carry on. L'Angleterre... Non le Royaume-Uni. Ou désuni. Tusk a dit : « l'Angleterre ». Lapsus ? Je devrais aller vérifier si l'Angleterre est plus peuplée que l'Écosse et le Pays de Galles réunis...
Il fallait aussi consulter, ce dimanche, La Repubblica (It.), pour comprendre que le DUP (le parti unioniste nord-irlandais), n'allait approuver aucun compromis avancé par Boris Johnson... Quant à Nigel Farage (Brexit Party), il a exclu que Bruxelles concède l'essentiel à Boris Johnson, lequel ne parviendra pas à un Brexit done le 31 octobre prochain. Spéculations.
Ce qui est plus amusant, c'est de voir une partie de la presse britannique monter en épingle la question de savoir si Andrew Marr, interrogeant la ministre de l'Intérieur Priti Patel, a eu raison ou non d'estimer qu'elle souriait en non-réponse à ses questions sur les conséquences du Brexit pour l'industrie britannique.
J'ai maintes fois croisé Andrew Marr dans les locaux de la rédaction de l'Independent que j'étais, par deux fois, en stage d'observation afin de préparer mon mémoire de maîtrise (The Independent. Is it?). Nous avions échangé quelques mots. Je n'imaginais alors pas qu'il deviendrait le plus important chroniqueur de la BBC. Boudiou... Les ans l'ont marqué.
Je n'ai jamais été tenté par la presse audiovisuelle. Pas du tout, du tout, envie de me demander si je posais bien la voix, présentais le plus possible mon meilleur profil. Ce doit être usant. Mais se retrouver dans la presse écrite, obligé de tirer à la ligne pour éclaircir la question de savoir si Priti Patel a souri, ou non, si sa mimique était du genre "tongue in cheek" ou non, ou si c'est l'une de ses expressions faciales habituelles (Coco, tu me sors les photos de Priti depuis, allez, 2005, ça urge...), My goodness! Et on embraye sur ses origines (parents venus du Gujarat puis d'Ouganda, comment ils  ou elles sourient au Gujarat et en Ouganda ?), sur je ne sais quoi... En fait, elle serre les dents, ou quoi ?
Tout cela pour générer, sur les divers sites, des réactions enflammées de lecteurs, pour l'une, ou l'autre. Marr, démission. Rien que cela... Ouf, pas de Priti, rentre chez toi...
Les hommes et femmes politiques issus de ce que l'on nomme ici « la diversité » sont beaucoup plus nombreux à des postes de premier plan au Royaume-Uni (j'avais antérieurement abordé cette question sur ce blogue) et un Zemmour ricanant sur la distinction, douteuse à ses yeux, de telle ou telle se verrait relégué à faire des piges pour d'obscures web-tv à peu près confidentielles.
On a eu certes un "Old Red Andy" (Marr), sur le mode Dany-le-rouge (Cohn Bendit), car à Cambridge, étudiant, il s'était vu attribuer ce sobriquet. Mais depuis 1981 (journaliste pour le Scotsman, puis l'Independent, puis l'Economist), il a notablement évolué. Bref, des chamailleries.
Et ouf, en une demi-heure, cet épisode mineur n'a suscité que quatre commentaires sur le site de l'Independent... Much ado about nothing, a considéré une large majorité de lecteurs tandis que des parlementaires twittaient encore sur ce non-sujet. 
Plus important : le SNP (nationalistes écossais) veut un second référendum sur l'indépendance de l'Écosse. On s'en doutait, rien de nouveau. Sauf que... Cela aurait pu attendre un peu. Or, le SNP veut hâter les choses. Soit qu'il est estimé qu'un accord sur le Brexit ne pourra aboutir, soit qu'il est parié qu'il sera si bancal que les conséquences pèseront sur les choix électoraux des Écossais. Nicola Sturgeon, la Première ministre écossaise, n'a pas exclu, en fonction des futures relations entre l'UE et le Royaume-Uni, qu'une frontière entre l'Écosse et l'Angleterre soit instaurée. Bien évidemment, elle désirerait l'éviter. Mais cela revient à laisser entendre que, si Boris Johnson se montrait trop gourmand, n'obtenait pas un accord satisfaisant avec Bruxelles, il devra en porter la responsabilité.
Pour le Sunday Times, le Bojo adressera rapidement un ultimatum à l'UE : "Sign this deal or let us go now, Boris tells EU". Oui, bon, demain (après le discours de la reine devant le Parlement) ou mardi, il pourrait (ou non) se montrer plus conciliant.
Mais samedi prochain, réunis un tel jour depuis 1956 (Suez) et 1982 (Malouines), les députés devront se prononcer sur le projet d'accord que Boris Johnson se fait toujours fort d'obtenir. Et là, avancer un pronostic semble fort présomptueux. 
De ce côté, celui des 27, finalement, le dilemme est le suivant : claquer la porte au nez du Bojo ou lui sauver la mise... En ne sachant pas trop ce que cela impliquerait à court (élections britanniques anticipées), moyen (éventuel référendum écossais) ou long terme (tout ce qui semble imaginable ou inimaginable, genre la Californie faisant sécession, l'Angleterre rejoignant les États-Unis d'Amérique). Je plaisante ? À peine. C'est aussi simple que de décrypter le (non-) sourire de Priti Patel, la Mona Lisa britannique.
P.-S. — le saviez-vous ?
« En français dans le texte » n'est pas traduisible en anglais. Enfin, si, mais pratiquement jamais employé. En fait, c'est le plus souvent inutile (les titres de la gutter press ou de la presse populaire s'abstiennent d'employer des vocables ou expressions étrangères, hormis peut-être « Mademoiselle d'Armentières », le lectorat de la quality press est censé reconnaître ce qui est en latin, français, italien, espagnol, allemand... et en comprendre le sens).







Démétropoliser ou oasifier les métropoles ?

L'architecte Roland Castro veut 3 000 villages en Île-de-France

Un peu par désœuvrement, j'ai consulté la tribune libre de Roland Castro dans Le Parisien-Aujourd'hui en France... Allons bon, voilà, qu'il souhaiterait déporter Marine Le Pen à Montretout. D'autres voulaient rapatrier les cendres de Pétain à Douaumont... Quel rapport ? Aucun. Si ce n'est que les débats genre chacun met en avant ses idées (ou ambitions) peuvent lasser.
Je me souviens de Roland Castro débarquant en cowboy à Belfort, vers la fin des années 1970. Bénéficiant d'un contrat de Ville moyenne, Belfort ambitionnait de remodeler son centre, revitaliser ses cités HLM, et tout et tout... Dégaine surprenante, faconde, verbe haut, sens de la formule. Sympathique. Rentre-dedans. Je ne sais plus trop si ses propositions furent toutes retoquées ou non... Il s'est rattrapé plus tard avec des bâtiments de l'université de technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM). Pas mal, le campus de Sévenans. Je ne sais comment il a vieilli depuis 1985, et cela serait hors-sujet.
Or donc, Roland Castro attaque, aborde sa tribune (« Roland Castro et le Grand Paris : "Madame Le Pen veut démétropoliser" ») façon chattemite. On ne peut « moralement balayer » le concept de « démétropolisation » qu'aurait avancé Marine Le Pen. Diantre !
Ah bon, elle veut démétropoliser ? Quoi au juste ? En fait, annonçant qu'elle briguerait un siège au conseil régional des Hauts-de-France, elle s'est préservée de s'aliéner les Lillois ou les Amiénois. Elle se garde de dire qu'il faut déshabiller Pierre pour habiller Paul, faire de Lille ou d'Amiens le siège du conseil régional. Mais elle ne veut pas de « métropolisation » (entendez : excessive, sous-entendu), et « refuse que la métropole aspire tous les centres de décision, tous les centres économiques et tous les services publics ». Cela vaut autant pour la petite ville ou le bourg devenant le siège d'une communauté de communes, pour un chœur de cité et ses périphéries, pas de quoi en débattre longtemps : tout le monde ou presque est d'accord, il ne faut point trop éparpiller, disséminer, tout en ne trop point concentrer.
Conclusion de Roland Castro : « Si la métropole des 3 000 villages enracine les nomades modernes (...) alors, Madame Le Pen ira se réfugier à Montretout (...) La beauté vaincra le populisme. ». Nan ! Si !
Entre les deux, et moi, et moi, et moi... Soit moi, Castro, Roland, et mon projet champêtre qui prévoit aussi de renforcer l'attractivité « de grandes centralités » (Champs-Élysées, Le Bourget, parc Georges-Valbon, Rungis « ouvert », lac de Vaires). J'ignore tout de ce parc, de ce lac, mais pourquoi pas... La liste est sans doute non-exhaustive, et d'accord, réveillons la Bièvre (de Guyancourt aux égouts de Paris ou jusqu'à Gentilly ? peu importe).
Mais je ne vois pas trop, voire pas du tout le rapport entre la prétendue « démétropolisation » abusivement ainsi imputée, le populisme, et ce qui touche à tout le reste du territoire.
Je m'étais penché un temps, lors de mes études, sur l'urbanisme en Grande-Bretagne (notamment sur les villes nouvelles, celles d'Écosse en particulier) et aux États-Unis. Plus tard sur Belfort-Montbéliard-Héricourt, davantage aux pieds des murs. Depuis... Je suis largué.
Largué à La Fère en totale dévitalisation. Nombre de maisons à vendre, de commerces fermés, et quelques efforts pour rendre le centre-ville, autrefois prospère, que ceux de Chauny et Tergnier lui enviaient, un poil plus élégant. Mais avant que La Fère devienne capitale européenne de la Culture, bénéficie de subventions à foison pour se refaire une beauté, soit transformée en Bologne picarde (comme la plupart des commerces sont abandonnés, créer des arcades serait envisageable pour border la rue principale), de l'eau aura coulé dans le canal comme dans la Bièvre.
Y avoir relocalisé l'artilleur du pont de l'Alma n'a pas changé grand'chose au destin de La Fère, désertée par ses régiments, par un centre EDF important, un autre de la SNCF.
Et oui, les listes européennes soutenues par Marine Le Pen y ont progressé de 43 à 46 % de 2014 à 2019). Progression due aussi aux « nomades modernes » de Roland Castro, les plus fortunés et les plus aptes à se réimplanter ailleurs ayant pris le large. Quant à certains autres, ils se sont contentés de se rapprocher des gares de Tergnier ou Chauny... Il y passe encore fréquemment des trains, notamment vers Creil et Paris.
On pourra toujours embellir La Fère, les retraités d'Île-de-France ne seront guère tentés d'y passer l'hiver. Électoralement, Europe Écologie et le Parti animaliste y ont fait à peu près jeu égal à un peu moins de 4 %. La pollution n'est guère décelable, chiens et chats y tiennent compagnie à qui n'est pas déjà dans un EPHAD. Je caricature, dont acte. Car cela reste pourtant une jolie petite ville, La Fère. Mais plutôt mal desservie. Quoique, pas si pire par rapport à des localités des Vosges ou de Haute-Saône, voire de Corrèze (depuis que Jacques Chirac n'était plus aux affaires, que Hollande est en retraite, ce n'est plus comme avant... la manne s'est étiolée).
Si je comprends bien Roland Castro, il faudrait transformer « environ 450 » Vaucresson ou Villemomble en « 3 000 villages » formant « une oasis métropolitaine exemplaire ». Big bisous. Pour y parvenir, tous ensemble, tous ensemble... Et quoi ? Comme naguère à Niort, on tuera le cochon dans la baignoire du HLM en vue d'agapes entre voisins, on s'échangera les œufs pondus sur les balcons contre des herbes aromatiques poussant sur les terrasses ? Grâce à des jardins associatifs (dits autrefois « ouvriers ») entre les entrepôts des zones industrielles, rendues ainsi « poreuses », la Grande Aube poindra ?
Admettons.
Hors le fait de taper à côté de la plaque en prenant prétexte de propos somme toute anodins de Marine Le Pen pour se hausser du col (« élevons le débat », disait-on autrefois...), Roland Castro n'a pas tout faux.Y compris sur le mode qu'il affectionne, le Yaka-Fokon (me donner, qu'on me donne raison). 
Le fait est que, dans des sphères rurbaines et semi-rurales, des petits-enfants de Résistants en viennent à cultiver comme une vague nostalgie des slogans maréchalistes (genre, « la terre, elle, ne ment pas ») que Marine Le Pen exprime autrement.
Mais il faudrait aussi que Roland Castro admette que ce sont justement des gens de La Fère — qui ont des poules dans leur jardin et cultivent des potagers — qui ne votent pas écolo, mais Front ou Rassemblement national.
Je fus un jour en Thiérache. Dans un mille-club. Laurent Fabius était venu, vêtu genre pantalon en velours côtelé, pull en v pas cher, sans cravate. Il tenait un discours à la Mauroy. Je fus épaté. Il but d'ailleurs son coup comme nouzôtres. Levant le coude après avoir levé le poing (si, si, de mes yeux vus). Il allait entamer la lutte finale contre la dévitalisation des campagnes (c'était vers le début des années 1980 ; auparavant on avait « la Corrèze avant le Zambèze» du Raymond Cartier de la fin des années 1950). 
En 2020 bientôt, Roland Castro. Le populaire du centre (droit-gauche, gauche-droit ?), pas le limougeaud (le quotidien régional couvrant aussi Tulle et Brive-la-Gaillarde). Ni de Saint-Palais, Tranzault, Nassigny (qui peuvent revendiquer se situer au centre de la France). Ce qui ne le discrédite nullement. Mais qu'il me soit permis de douter que « la beauté » fera reculer « les héritiers de Déat et de Doriot » (ie, des ténors des « heures les plus sombres de notre histoire »).
C'est beau, la saline d'Arc-et-Senans, avec beaucoup de verdure tout autour, mais il faudrait lire aussi les pages de petite locale de l'Est Républicain. Marine Le Pen est arrivée en tête, en mai dernier, à Arc-et-Senans (28 %, huit points de plus que la liste suivante, Modem-LREM). 
Et puisqu'on cause « métropoles », Arc-et-Senans n'a toujours pas rejoint la communauté des 24 communes du Val d'Amour (elle veut quitter celle de Loue Lison, dont le siège est situé à 50 km, contre 8 pour celle du Val d'Amour). Bucolique, non ?
« Si l'on s'y met tous, chacun à sa place... », souhaite Roland Castro. Bien vu, mais un peu court. 

    

samedi 12 octobre 2019

Braadpan, potjie... &c.

De la cocotte, affriolante ou non...

Si j'étais chroniqueur-blogueur gastronomique, je me ferais des rogatons (petits opus facétieux selon Voltaire) nanan. Et peut-être des pépettes. De la tune et des cousettes. Bon, d'une plume sergent-major trempée dans l'encre d'Internet, parlons ustensiles et récipients.
L'ami Ali, ex-rôtisseur de La Gitane (devenu le Floyd's,  et en train de changer d'enseigne de nouveau), est cuisinier depuis des lustres. Et un fameux cuistot. Hormis les pâtes qu'il se prépare pour lui-même (trop cuites, mais il n'en dégoûte pas les autres), question cuisine kabyle ou « framçaise » (ou mondiale, genre couscous à l'andouille bretonne, non, là, j'exagère, trop cher, la Guémené), il est sans pareil. Mais, alors que je récurais une cocotte genre Le Creusot (zut, Le Creuset) ou Mimile Henry, je lui ai appris que le couvercle creux sur l'avers et les picots ou relief de l'envers du couvercle servaient à verser du liquide sur le dessus et faire retomber le jus de cuisson par en-dessous. Pas de l'éthanol, de l'éther, l'eau municipale suffira.
On en apprend tous les jours. Moi aussi (voir l'entrée sur le colophon, sur ce même blogue-notes). Or, figurez-vous que j'ignorais tout du (de la ?) braadpan, ou cocotte batave. Couvercle creux aussi. Pour déposer des braises. Sioux.
En fait, la braadpan est une cocotte ou casserole comme une autre; Sauf que...
« Une fleur au chapeau, à la bouche une chanson... ». Il existe des modèles à trois ou quatre pieds, que l'on pose ou suspend sous un trépied. Chapeau à quatre bosses de Baden-Powell et des Éclaireurs de France. Sauf que... Quatre à six kilos dans le sac à dos... N'empêche, une d'occasion, pour y faire pousser des herbes aromatiques, je serais assez partant.
Le, la braadpan (flemme d'interroger les amis flamands), c'est la, le Dutch oven. Alors qu'elle serait due à Ambraham Darby, de Bristol (Angleterre). Très différente à l'époque (vers 1700). Mélange de cocotte et de poterie pour baekeoffe, si j'ai bien compris (Wikipedia anglophone). Elle, il a donc évolué. La conquête de l'Ouest sans Dutch oven, aurait-elle été possible, ou ce qu'elle fut sans ? Het is het officiële kookinstrument van de Amerikaanse staat Texas. Davy, Davy Crockett... Remember the Alamo et ses ovens. Néerlandais, hollandais, dirait-on à présent.
Amusez-vous à rechercher l'olla de acampada, le ou là bedourie, et surprenez-vous à consulter la page Wikipedia de la, du Чугун.
C'est mis à toutes les sauces... Le, la chugunok, c'est encore une variante.
L'histoire de la cocotte, c'est un peu comme celle de l'aviation : tout le monde fut précurseur.
En revanche je ne sais qui eut l'idée de superposer de telles cocottes. Une pour la viande à faire mijoter longtemps, une autre pour la sauce, une troisième pour les légumes, jusqu'à cinq ou six, veut-on me faire croire.
Impossible à imaginer entre la plaque à induction et la hotte. Mais en plein air...
Parfois, je me demande si la pointe Bic n'est pas dérivée de la cocotte d'argile utilisée pour préparer le méchoui dans une tranchée. Tout est dans tout (et inversement). En touillant, de drôles d'idées vous viennent à l'esprit (enfin, au comprenoir embrumé).
Cuisiner (jardiner aussi... mais le mal de dos...) porte à gamberger. Sur Godin et les Belges de Fresnoy-le-Grand, les bons vers l'Aisne. Phalanstère et popote. Coquelles et Pol-Pot. Cocotte cambodgienne.
Il serait d'ailleurs grand temps que la Chine nous fournisse des théières qui ne rouillent pas.
Bon, ce qui précède est rédigé à la fortune du pot (pourri).
Récemment, j'ai vu une cocotte évasée vers le haut, genre wok, pour faire genre. Possiblement intéressant (pas testé) : le plus dur à cuire en dessous, le moins au-dessus, comme la barbe du capitaine Haddock. C'est une image. Les édifices pileux (moustache, barbe, poils de pubis) pour préparer un élixir d'amour, c'est une légende rurale. Chaudronnée du diable, aurait dit mère-grand.
Bon, la question qui me turlupine : concave ou convexe, le couvercle ? Ébullition dans ma marmite. Évidé ou non ? Staub, Invicta, autre ? Là, c'est pour qui lira : je n'ai guère besoin d'une quatrième cocotte.  Et puis, pour le café soluble et le lait en poudre, édulcorants, au micro-ondes, hé... Ah, zut, j'essayais d'être crédible. Raté.
Je signale cependant que des cocottes d'occasion, au tiers du prix du neuf (voire moins), conviennent parfaitement. J'en possède une remontant aux années 1920. Que mes petits-fils ou mes petites-filles emploieront. On casse sa pipe, sa cocotte, rarement.









  

Brexit : still in the blue devils

Un accord sur le Brexit toujours envisageable ?

Michel Barnier et son équipe, Stephen Barkley & co, vont confronter les positions respectives de l'Union européenne et de Boris Johnson et de son gouvernement. Lequel Boris Johnson pourrait ou non, samedi prochain, soumettre un protocole d'accord au Parlement britannique. En fait, il est douteux qu'on sache vraiment d'ici là ce qui se trame au juste...
Où localiser la blue tape que les rubans bleus de Bruxelles et Londres vont concocter ? De toute façon, de la paperasserie, il s'en trouvera bien quelque part. Mais où au juste ?
Ce qui coince, ce sont les rubans rouges, soit les impératifs non-négociables de l'Union européenne, et très clairement la personnalité de Boris Johnson.
Pour Matthew d'Ancona, qui a succédé au Bojo à la rédaction en chef du Spectator, qui reste l'une des têtes pensantes du parti Tory, et s'exprime dans l'Evening Standard, quotidien plutôt pro-Brexit, mais modéré (car moins farouchement partisan de la sortie de l'UE comme le Daily Express ou d'autres titres), c'est assez simple. « L'engagement de Boris Johnson d'assurer un accord sur le Brexit (...) a toujours été, au mieux, secondaire par rapport à sa détermination de remporte une élection générale. ».
On en reste sans doute persuadé à Bruxelles. Mais Matthew d'Ancona s'exprimait la veille de la rencontre entre le Taoiseach irlandais Leo Varadkar et Boris Johnson. Depuis, il n'est plus tout à fait certain que le Bojo pourra proclamer qu'il a vraiment tout tenté pour obtenir un accord mais que l'obtuse obstination des 27 l'oblige à faire en sorte que le Royaume-Uni prenne le large. 
Donc, de  part et d'autre de la Manche et de la mer du Nord, on laisse entendre que l'espoir de parvenir à un compromis pourrait subsister. De part et d'autre de la mer d'Irlande, c'est une autre paire de... bras de fer qui se profile.
Bojo jouerait les prolongations
Selon un sondage du Daily Express, les trois-quarts des consultés considèrent que les négociations tomberont à l'eau. Contre un cinquième, plus les indécis. En conclure qu'une majorité de Brexiters conservent en fait leur confiance dans le Bojo, car il manœuvrerait pour faire semblant de tenter d'arracher un impossible accord, serait hasardeux.
Sa fumeuse proposition initiale était d'instaurer une sorte de frontière virtuelle entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord (avec des trucs techniques pas vraiment au point, soit des contrôles en amont dans les entreprises, des douanes volantes discrètes, du traçage GPS, et on ne sait trop précisément quoi). Il aurait fait machine arrière et admis que l'Irlande du Nord reste sous régime européen tandis que l'Angleterre, l'Écosse et le Pays de Galles et voisins Grands-Bretons (Cornouailles, autres enclaves s'étant prononcées contre le Brexit) pourraient faire comme il leur plaira. Ce qui n'est pas (litote) tout à fait exact, le SNP se chargera de le remémorer.
Cela pourrait achopper sur diverses difficultés, dont celle relative à la North Ireland Assembly qui pourrait, à la majorité simple ou aménagée, mettre un terme à ce traité d'entente vaguement cordiale.
En attendant samedi prochain, le Bojo enchaîne des déclarations obscures plus ou moins contradictoires. Des deux côtés, voire des trois (UK, UE, NI), on dose le chaud et le froid, et l'espoir reste tiède d'aboutir. Comment ajuster les blueprints ?
Tout le monde restant dans l'expectative, d'autres sujets font les têtes des unes, le retour aux urnes n'est plus évoqué pour l'instant qu'à la marge.
Donc plus de contrôles douaniers en Irlande du Nord mais ce serait l'administration britannique qui se chargerait de garantir que l'union douanière européenne sera respectée. C'est grosso mode le plan Theresa May aménagé. Resterait à s'assurer que Londres ne jouerait pas double jeu, et pour Boris Johnson, à obtenir l'assentiment des unionistes nord-irlandais (le DUP, qui conserve dix sièges à Westminster). Cela avec la célérité d'un Mister Minit. 
En attendant, on amuse la galerie. Nicky Morgan, qui cumule les portefeuilles du numérique, de la culture et des médias, des sports, déclare à la BBC que non, le Bojo est sincère et ne s'apprête pas à conduire une campagne électorale sur la base d'une sortie sans accord ou d'un Brexit ultra-dur. Il y a de fortes chances qu'elle ignore les intentions réelles, peut-être changeantes au gré des circonstances, du Bojo. « La balle est dans le camp de l'Union européenne, qu'elle dévoile ses intentions lundi », dit-elle en substance. Lundi, on peut prévoir que Bruxelles dira l'inverse à peu de choses près (soit qu'il est attendu des précisions beaucoup plus concrètes de Londres). Je prends les paris.
Selon les bookmakers, qui donnaient le Bremain majoritaire et se sont plantés en juin 2016, et voyaient plutôt Greta Thunberg primée par le Nobel (ce fut Abiy Ahmed), les tendances reflétées par les cotes sont volatiles.
Pas si fou...
Ce qui reste incertain aussi, c'est l'extension du dumping fiscal que pourrait instaurer le Royaume-Uni. Il n'est pas le seul pays à pratiquer ce genre de surenchère... Attendez-vous à savoir que le siège de la future Française des Jeux privatisée sera Dublin (infotox de mon cru). Toujours est-il que les entreprises de paris de la République d'Irlande ne seront taxées l'an prochain qu'à 2 % des montants supérieurs à 50 000 euros (soit une franchise d'autant). C'est à ce genre de détail qu'on soupèse la complexité des négociations. Quelles répercussions sur la cavalerie (pas celle d'un Bernard Madoff), celle du PMU et du Horse Racing Ireland, pour approximer ?
Pas si allumé qu'on pourrait le croire, Bojo. Il prévoit de supprimer, quoi qu'il arrive, 88 % des taxes douanières sur les importations provenant du ce continent et d'autres. Par rapport à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), c'est de la surenchère. En revanche, il protégerait le steak, le haggis (la panse de mouton farcie), les pork pies, les chicken' waffles, le lait (qui se vend de nouveau en bouteilles à Londres, mauvaise nouvelles pour les emballeurs, pas trop pour Saint-Gobain). Comprenez qu'il protégerait ses producteurs de viandes diverses et de produits laitiers. Ainsi que ses producteurs de bioéthanol, entre autres. La réciproque sera-t-elle actée ? Les tarifs du M&S de Bonne-Nouvelle (ma superette pour les cidres britanniques) vont-ils grimper ? Comment survivre à une pénurie de vin de pissenlit ? Le continent panique, désespère, va plier, c'est sûr... 
Côté bookies britanniques, j'en reste à la cote du Bojo de fin septembre dernier. Il était auparavant à 10 contre 11, il serait à 6/4 estimé restant Premier ministre jusqu'à décembre 2019. Ou quelque chose dans ces eaux-là (en fait, je n'y comprends rien, c'est peut-être l'inverse). Ah, Ladbrokes, hier, vendredi, laissait entendre que le Boris tenait le bon bout. Son optimiste quant à l'éventualité d'un accord était jugé fallacieux à 10/1, ce serait à présent 5/2. Je présume confusément que deux parieurs contre cinq croient qu'il aboutira à un accord.
Mais comme l'a estimé Donald Tusk, un coup fourré (political trick) n'est pas non plus à exclure. Nigel Farage (Brexit Party) espère que le Bojo ne va pas sortir le drapeau blanc, restera ferme derrière ses batteries, ne concédera pas une défaite équivalant à une reddition sans conditions. Manière de laisser entendre qu'il ne l'exclut pas totalement.
Le second mot du jour (le premier ce matin sur ce blogue-notes ayant été colophon, évoquant le quatre de chiffre) est le nombre 19. Samedi 19 et 19 jours à courir avant la fin du mois. 
Côté électorat, la cote de Boris Johnson remonterait. Le tiers des électeurs se prononceraient pour les conservateurs selon un sondage ComRes (contre 27 % pour les travaillistes, le reste se répartissant entre les Lib-Dem — 18 % — et le Brexit Party à 12 ; ce qui est bien sûr illusoire puisqu'il n'est pas tenu compte des Verts, du SNP (et d'autres formations). Si cela se vérifiait, Boris Johnson, selon les projections, obtiendrait une majorité plus stable (332 sièges, soit 14 de plus que la majorité récemment perdue).
Ce qui interloque davantage encore, vu d'ici, des bords de la Seine, c'est qu'une forte minorité des sondés imputerait à l'Union européenne le blâme d'avoir conservé le Royaume-Uni « prisonnier » après l'échéance d'Halloween (soit au-delà de la Toussaint). Bon, les torts seraient partagés entre l'UE et l'actuelle majorité composite à Westminster. Bon sang, qui, à part Marine Le Pen, François Asselineau, Dupont-Aignan et quelques autres continentaux, a demandé aux Britanniques de rompre ?
Personne ne leur a intimé de conserver la livre sterling, de nous faire poireauter avant d'embarquer à bord de l'Eurostar, ni d'ailleurs de venir acheter des Stella Artois à Calais (et des cigarettes anglaises du côté de Zeebruges, sur la Engelandstraat). Nous laissons volontiers débarquer les Anglaises, quand même... Bienvenue aux Brexpats.
Lesquel·le·s veulent espérer qu'un second référendum inversera le résultat du premier (Sue Wilson, de Bremain in Spain, se déclare confiante). Une perspective qui semble s'éloigner. Celles et ceux des localités andalouses de la province d'Almeria (qui forment parfois la majorité de la population locale à Partaloa et Arboleas) sont moins rassurés. D'ailleurs, environ 200, à Partaloa, ont vendu, plutôt à des Français et des Belges, pour se ré-expatrier (source : Diario de Sevilla). Parfois plutôt vers l'Australie ou le Canada.
C'est aussi à ce genre de détail qu'on mesure les dégâts. Mais à Stormont (siège de l'Assemblée d'Irlande du Nord), c'est accessoire. 
Demain, dimanche, Angela Merkel et Emmanuel Macron casseront la croûte (déjeuneront ensemble) sans briser l'expectative. Lundi, ce sera le discours de la Reine (de Boris Johnson lu par...) à Westminster.
Mais, a priori, je vous donne plutôt rendez-vous le 19. 
Prochaine échéance britannique, selon le Daily Mail, le 28 novembre (élections anticipées ce jour ou peu après, quelle que soit l'issue du Brexit). D'ici là... Incertain Thursdays (on vote les jeudis, pour s’entre-déchirer en Irlande du Nord, c'est plutôt les dimanches...).
P.-S. — les blue devils ne sont pas ici orléanais... Mais de Stevenson Robert, Louis. Sorte de gremlins qui vous collent le blues ? Ou divers personnages se rendant à Montfaucon ? Les interprétations divergent.  

     


Le mot du jour est : colophon

Incipit, excipit, colophon...

Je n'apprendrai rien à quiconque est féru de typographie et d'histoire du Livre, mais on peut encore en apprendre chaque jour sur ces domaines.
Tenez, j'ai fait longtemps mon malin en traitant de typographie et orthotypographie mais ce n'est que récemment que j'employais excipit au lieu d'explicit. L'incipit est une sorte d'oyez-oyez, voici ce dont il sera question par la suite. L'explicit est un genre de fermez le ban. La chute, dit-on en terme de presse. Les deux peuvent être fort brefs, laconiques (« Fin est un explicit en trois lettres »), ou couvrir quelques pages, mettons explicatives.
Mais en jargon typographique, la polysémie « régit ». Enfin, non, mais les synonymes et quasi-synonymes abondent. Ainsi, excipit, formé je ne sais trop quand sur incipit et exit (peut-être...), supplante très fréquemment explicit.
Et le colophon, où se loge-t-il ?
Un mot rapide sur le titre « le mot du jour ». Je ne sais à qui Jean-François Lecompte, auteur prolixe, aurait pu l'emprunter si ce fut le cas. L'expression « le mot hodierne » a sans doute eu des équivalentes dès l'aube du... crépuscule du parler inarticulé. Toujours est-il que je l'emprunte à Jean-François Lecompte qui, quotidiennement ou  presque, nous entretient d'architectures (médiévales, de la Renaissance, antérieures et ultérieures), entre autres sujets, parfois, d'émerveillements.
Ce n'est certes pas à lui que j'apprendrai ce qu'est un colophon, ou un quatre de chiffre (fréquente marque de diverses corporations, dont celle des imprimeurs-éditeurs-libraires... pour résumer), lequel fut sans doute précédemment manu scriptus. Chirographaire, serais-je tenté d'ajouter (pas au sens juridique, mais les lettres grecques khi et rhô, le chrisme, &c., m'inspirent cette hasardeuse association d'idées confuses).
Confusément, il me semble avoir antan traité des créations graphiques et typographiques d'Alessandro Segalini dans le défunt mensuel Création numérique (prédécesseur de Créanum dont le bandeau fut de Jean-Jacques Tachdjian). Et c'est à lui, Alessandro, que je dois de me pencher de nouveau sur le colophon.
Un colophon, cékoidon ? Un peu l'équivalent d'un quatre de chiffres à l'occasion, autre chose qui voisine avec l'explicit, soit sur la même page, soit sur la suivante. Celui conçu, rédigé et réalisé par Alain Hurtig pour mon Femmes & Métiers du Livre (épuisé) se trouve à l'avant-dernière page (299), la page 300 étant réservé aux mentions légales. 
Celui d'Alessandro Segalini est en quelque sorte scindé... Car en général, le colophon renseigne, donne quelques indications... Notamment signale quelle(s) police(s) de caractères ont été utilisées. Pour cet Aline & Valcour, du divin marquis, il s'agit principalement de l'Adobe Warnock Pro (32 graisses ou styles) qui doit son nom à John Warnock, d'Adobe, et à Robert Slimbach (idem, mais pas que...) son dessinateur. L'IM Fell Pica a été réservée aux légendes des illustrations. Il doit s'agir en fait de l'IM Fell DW Pica Pro d'Igino Marini et même de l'Adobe IM Fell, &c. ou d'une autre (Great Primer, French Canon, Double Pica, English... lesquelles sont apparemment similaires mais évidemment non identiques).
Autant vous dire aussi que sans doute, ça et là dans ces ouvrages (trois volumes), traduits du français vers l'anglais (ou un anglais, mais je serai surpris que les traducteurs, Jocelyne Geneviève Barque et John Galbraith Simmons en aient employé un divergeant de celui contemporain du marquis), se sont peut-être glissées subrepticement d'autres polices, mais ne valant guère d'être mentionnées (peut-être la police « maison » de Contra Mundum Press, s'il en est). Au passage, j'insère ici que la traduction a pris deux lustres. Il fut fait plus longuet avec des livres de James Joyce (par ex., Ulysses fut traduit par Jacques Aubert, Bernard Hoepffner, avec Danièle Vors, Pascale Bataillard, Michel Cusin, Sylvie Doizelet, Tiphaine Samoyault et Patrick Dervet en renfort, Auguste Morel, Stuart Gilbert, avec Valery Larbaurd et Joyce himself les ayant précédés). Chapeau les « confrères » (j'ai eu aussi cette casquette, parfois de plomb quand il fallut traduire les allitérations de Truman Capote).
Autant préciser que, dans le genre, Alain Hurtig fut « petit joueur » : des tas de précisions peuvent être incluses dans un colophon et celui d'Alain est relativement, mettons, concis.
Cela énoncé, je signale que j'aurais pu m'épargner de faire figurer ci-contre la mention copyrighted material. J'ai pu aussi trouver cette page sur le site contramundum.net des éditions et je doute fort que la maison me reproche durablement de l'avoir ici reproduite (d'autant qu'elle autorise le droit de citation).
Adobe ne me cherchera sans doute pas non plus des poux dans la tête. J'avais ardemment soutenu l'introduction d'InDesign en France, ne serait-ce que pour avoir su gérer les OpenType avant Quark XPress...
Bref, pour « monter » des esperluettes alternatives, avant InDesign, c'était un peu galère... Idem pour les ligatures.
Lire Aline & Valcour dans cette édition, c'est du bonheur...
Bien évidemment, tout l'appareillage de notes, est remarquable (je regretterais peut-être l'absence d'un index si je commande et la découvre).
La traduction, fondée sur la publication Pléiade de 1990, méritait un Alessandro Segalini. Elle doit aussi diverses choses aux prédécesseurs (édition Pauvert du Cercle du livre précieux, à Michel Delon, Jean-Marie Goulemont). 
Un truc que j'apprécie aussi chez cet éditeur anglophone et d'autres, c'est l'emploi de vocables étrangers divers comme « à rebours » (en fr. in...), Weltkultur, et je vous en passe. Rien ne me ravit davantage que de découvrir ces encomiums (pluriel ang. issu du français encomium que je ne retrouve pas dans mon Grand Bob qui se contente de l'adjectif encomiastique, ce qui me permet de découvrir que panégyrique est aussi un adjectif).
Alessandro me communiquera peut-être ses options d'empagement (j'imagine qu'il a dû se calquer sur celui de l'éditeur, mais ce n'est pas garanti). 
Alain Hurtig consacre une longue page aux tracés régulateurs (dont le canon des ateliers et celui d'Olivier Randier, que je salue aussi amicalement). Allez voir sur alain.les-hurtig.org. Ou « L'Outil typographique ». Une somme qui vous tient éveillé.
Produire, ou plutôt trop souvent commettre, un livre, semble évident à tout un chacun à présent. Oui, mais il y a livre et livre.
J'ai cru comprendre que Denis Guénoun sera invité prochainement (quand ? lors des journées portes ouvertes, vendredi 31 janvier et samedi 1er ? lors d'un prochain Printemps de la typo ?) par l'École Estienne. J'ai raté l'expo Multyp de Christian Paput (à La Grange, Gap). Aussi le Forcalquier des Livres (Fête du livre d'artiste), 18-20 octobre prochains (car retenu à Paris). Je tenterai de fêter la prochaine saint-Jean (l'évangéliste, patron des imprimeurs et typographes, aussi, avec Barthélémy, et Célestin, des relieurs, le 6 mai). 
Bref, avant de vous lancer dans la réalisation d'un livre, voyez ceux des autres, des prédécesseurs, et ce Alice & Valcour, par exemple... Il est en précommande et sortira en décembre.
  
  

jeudi 10 octobre 2019

Se passer des voitures ? Oui, reste le triporteur

Péniche, télétravail, et triporteur... Impossible pour tous.

L'ami Olivier Chaumelle, de France Culture, prépare une série que quatre émissions sur les bagnoles... Petite contribution à partir d'exemples récents.
Et ça, c'est de la bagnole...
Débats récurrents... Pour LSD, « La Série documentaire », de France Culture, Olivier Chaumelle a recherché des témoignages sur le rapport des gens avec les bagnoles. Le premier volet portera sur l'apprentissage de la conduite (bon, pourquoi pas ?), le second sur l'opposition liberté ou conditionnement (pour résumer), suivi d'un autre « cylindrée-virilité », et le quatrième, que je vais aborder : « et si on s'en passait ? ».
Bon, il est sûr qu'il est plus facile de réparer des patins à roulettes ou un vélo qu'une automobile, mais après tout, les, des fadas de patins ou de bicyclettes peuvent fort bien — même si je n'ai pas d'exemple précis —  se retrouver dépendants et frustrés de ne pouvoir enrichir leur collection ou de ne pas acquérir le nec plus ultra en la matière. Aliénés, quoi, mais cela leur reviendra moins cher qu'aux frères Schlumpf  (la collection Schlumpf forme l'essentiel du fonds du musée de l'automobile de Mulhouse).
Perso, j'ai du poil aux pattes, mais je me sentirai aussi macho au volant d'une Messerschmitt tricycle biplace, d'une Panhard Dyna, d'une Traband que derrière celui d'une Ferrari. Pour le moment, je me contente à l'occasion d'une Peugeot 309 Chorus, une mémère conduite pépère. De toute façon, en « avoir sous le capot » pour rouler à 30 dans le moindre bled dont le conseil municipal à investi dans des gendarmes assis, ralentisseurs et passages rétrécis à une seule voie presque tous les 70-100 mètres, puis se traîner à 80 jusqu'au prochain rond-point, fort peu distant du suivant... La France n'est pas l'Allemagne (160 de nuit en 3,5 t, c'est assez jouissif, j'admets... sur un long parcours Autriche-Belgique, par exemple). Une bonne moto 450 ㎤ suffit largement pour d'assez longs trajets. 
Mais c'est sûr qu'à Paris, par exemple, surtout alors que la location d'un emplacement de stationnement revient à présent à 180 euros mensuels (par 13 ? ou est-ce que la taxe annuelle a été supprimée ?), en louant à l'occasion un véhicule à des particuliers, on se passe très bien de voiture...
Sinon, être retraité, télétravailleur, loger sur une péniche, et pouvoir embarquer (et débarquer presque partout) un triporteur, comme celui de Darry Cowl (dans le film de Jacques Pinoteau en 1957), c'est envisageable... À condition que tout le monde n'ait pas la même idée : l'anneau se ferait rare et cher.
Galère(s)
Je fréquente relativement souvent Fargniers (Aisne). Certes, subsistent une épicerie et un Franprix à Tergnier, tout proche... Mais pour tout le reste, il faut pousser jusqu'à l'un ou l'autre des centres commerciaux ou à Chauny. Sept-huit kilomètres, que l'on peut faire en bus... Lequel suit un parcours quelque peu plus long (comptez une demi-heure entre les deux localités, et selon les heures, parfois une d'attente).
De là, je devais me rendre à Reims... Et loger à Tinqueux (l'une des banlieues rémoises). Consultation du site SNCF. Un ami motorisé me dépose à Laon. Où je constate que le train que je comptais emprunter était remplacé par un bus. Longuet, le trajet.
Pour le retour, j'avais deux options...
Rentrer à Paris, revenir à Fargniers.
Nouvelle consultation du site SNCF... Chance un Reims-Paris pas cher... Sauf que je n'ai pas vu à temps qu'il partait non de Reims-gare mais de Bezannes-gare-TGV. Conduit à la gare de Reims par une amie motorisée, je n'arrive pas suffisamment à temps pour rejoindre Bezannes (à une minute près). Retour à Reims-gare où... miracle, un TER pour Laon s'affiche...
Reims-Tergnier avait été l'option abandonnée d'emblée. Des tarifs supérieurs à 50 euros, deux-trois correspondances, des parcours intermédiaires en autocar... Là, avec ma carte de réduction, j'ai réglé à peine plus de cinq euros pour rejoindre Laon.
De là à Tergnier-Fargniers, l'auto-stop s'imposait... L'ami du trajet aller m'a finalement récupéré...
J'ai quelques loisirs, et pour rejoindre Tergnier depuis Paris, voici quelques semaines que je m'y rends les jeudis ou vendredis pour revenir les lundis. 
Car, en raison de travaux de réfection de voies, le trafic ferroviaire vers Saint-Quentin se terminait à Creil en fins de semaines... Ensuite, des heures d'autocar. Galère, et impossible d'envisager un aller-retour les samedis ou les dimanches. Là, les travaux sont terminés, semble-t-il, finies ces galères.
Cela étant, pour un voyage occasionnel, mettons, en famille ou avec des amis, ce n'est pas tout à fait donné, de prendre le train... Autant emprunter, louer à un particulier (car, pour le co-voiturage... ce n'est pas tout à fait évident).
Ailleurs, idem...
Je n'ai pas cherché à creuser les possibilité de me rendre à Montjean (Maine-&-Loire) depuis Paris en combinant train (arrêt à Angers, correspondance pour Champtocé, puis...). Bref, des amis Montjeannais de Mauges-sur-Loire viennent me chercher, en voiture, à Angers, ou Champtocé, et me reconduisent à l'une de ces gares...
Mais en tout cas, le site Destinéo (autocars d'Anjou-Vendée-Mayenne) me signale à l'instant (peu avant 19 heures) que le moyen de locomotion idoine pour relier les deux communes est le vélo... Sauf que : « aucune station de vélo en libre-service à proximité ». Et il n'y a pas de voie cyclable aménagée. Et pas d'offre de co-voiturage non plus...
Bref, on peut se passer de voiture... à condition de pouvoir utiliser celle(s) de, des autre(s). 
J'étais, jusqu'au siècle dernier, un auto-stoppeur très aguerri (voire émérite : Europe, Amérique-du-Nord, Moyen-Orient, Afrique-du-Nord, un peu d'Afrique...), puis de moins en moins pratiquant... Encore que... Les Moutiers-en-Retz—Pornic et retour via La Bernerie, fastoche. Amplement vérifié voici peu.
Mais l'extension urbaine, le rabattage systématique du trafic vers les autoroutes, partout en Europe, rendent ce moyen de transport de moins en moins envisageable, même en maîtrisant toutes les astuces (ex. voyager de nuit, étudier le trajet à l'avance, avec Google Maps, mode Street View inclus).
Oubliez... Et munissez-vous d'un parapluie de golf : l'automobiliste prêt à embarquer un passager trempé s'est fait·e plus rare...
Cependant, cependant, oui, on peut se passer d'une automobile, mais pas partout...
Tout dépend...
Tout dépend de la localité, de sa taille, de sa proximité avec des villes quelque peu plus importantes. Rétrospectivement, je peux imaginer que j'aurais pu me passer de voiture à Belfort, et qu'aujourd'hui encore... Il reste nombre de commerces de proximité à Belfort, c'est l'une des composantes d'une aire urbaine, les transports en commun sont développés.
Autre exemple, Vitré. À mi-chemin entre deux préfectures (Laval, Rennes), dotée d'une gare où s'arrêtent quelques TGV, nombre de TER, et pas du tout dévitalisée.  Petites villes ou villes moyennes peuvent permettre de se passer de véhicule à quatre roues. Enfin, si vous êtes valide, encore en âge de grimper sur un vélo, un scooter deux-trois roues. 
La taille critique ne suffit pas, il faut aussi que d'autres conditions soient réunies. Individuelles (un relationnel suffisant) et collectives (associatives, collectivités territoriales dynamiques et dotées de ressources idoines).
Cela étant, une voiture « de collection » (assurance à tarif réduit), tant qu'elle ne se verra pas interdite de circulation car trop polluante, genre Renault 4L (nostalgie de ma trois vitesses du début des années 1960), plus un vélo, et mieux, un triporteur, c'est quand même mieux. Si vous pouvez garer gratis les rares fois où vous prenez le volant.
Ou alors, redevenir anachorète en autarcie. Totalement auto-suffisant. Genre père de Foucault en désert forestier (défrichage pour le potager, champignons, braconnage... ru pas trop loin).
Je ne sais si Chaumelle (dit autrefois « Chauvier ») lira cela... S'il arrivera à joindre un ermite de notre temps, si Anouar (un voisin parisien qui vit surtout de récup', muni d'un vélocipède triporteur) passera à l'antenne de France Culture.
Ce que je sais, c'est que si j'élisais domicile à Fargniers (à je-ne-sais-qui ne plaise), j'endosserai un gilet jaune et que j'occuperai un rond-point (ayant engraissé le DDE et tant d'autres). Cela étant, j'irai à pied au giratoire le plus proche à être occupé... Je tenterai d'expliquer que ce n'était pas besoin de s'endetter pour acheter un SUV et venir occuper un rond-point à 500 m de chez soi... Mais cela, c'est peut-être un cliché. De bohème fort peu bourgeois débarqué de Paris (et d'ailleurs, d'autres capitales, d'autres villes, pour résumer). Avant de pérorer sur la nécessité de se passer de voitures, j'écouterai. Les intervenants des émissions d'Olivier Chaumelle et les autres.   






     

mercredi 9 octobre 2019

Amis Ardennais : Revin est « dans » le New Yorker

Revin et Ardenne-Rives-de-Meuse « sur » le New Yorker

Dans ou sur le New Yorker, Revin ? Sur le site du New Yorker, c'est sûr... Dans les numéros datés des 7 et 14 octobre 2019, moins sûr. Mais deux-trois images un peu « cartes postales » de Matthew Avignone dans cette prestigieuse revue, eh, Revin peut s'en enorgueillir.
Attention, Matthew Avignone ne fait pas que des photos genre carte postale. Il fait aussi de très beaux portraits d'Aurore Raguet, postière revinoise, et de Monique Jaspart, retraitée de Revin (Ardennes). Si je lui ai piqué (recadrée, avec montage) celle de l'agence postale de Revin, c'est parce qu'ainsi, lui présenter mes plates excuses devrait suffire (d'accord, j'aurais pu piller plutôt Google Maps, mais j'ai eu la flemme).
Revin, environ 6 500 habitants, n'est pas le trou-du-cul du monde. Loin de là. Jean-Claude Drouot, du Centre dramatique national de Reims, signale Annette Gardet dans sa thèse sur le dit CDN, s'y est produit en 1985 et années suivantes. Et bien d'autres et non des moindres.
Mais de là à ce que Zoey Poll lui consacre tant de feuillets dans The New Yorker, c'est surprenant. Son titre : In France, elder care comes with the mail. Comme le cartoon du jour est daté d'October 9th, j'imagine que c'est aussi la date de mise en ligne de l'article...
Revin (Ardennes, donc) a plus de chance que Fargniers (Aisne) dont l'agence postale n'est plus ouverte que deux demi-journées par semaine (info non vérifiée provenant d'une Farnoise de confiance). Mais la postière revinoise, Aurore Raguet, comme d'autres ailleurs, y distribue moins de courrier que par le passé. Celui lui laisse le temps de converser divers moments avec Jeannine Titeux, Monique Jaspart et d'autres adhérent·e·s au programme Veiller sur mes parents (VSMP).
L'angle principal de l'article porte bien évidemment sur ce programme, mais, de ci, de là, on en apprend pas mal sur Revin (qui, comme du côté des Mauges, en Anjou donc, compte des unités de production de la maison Hermès).
Allez, on reprend Gotainer en chœur : Emmevé, m, m, m comme maroquinier, vévévé comme voyage, emmevé, emvé... Hermès n'a évidemment pas repris tous les employés ou ouvrières d'Électrolux encore valides et employables, mais les ex-locaux de l'usine servent à fabriquer des rouleaux électriques (de magasins, d'appartements ? Zoey Poll ne précise pas). Ces emplois semblent suffire à conserver la clientèle de deux boucheries, d'une horlogerie-bijouterie, et d'une dizaine d'autres commerces de proximité.
Revin, c'est aussi la petite ville où vous pouvez voir des porte-manteaux accrochés aux boutons des portes donnant sur les rues ou aux fentes des boîtes à lettres. Une initiative d'Aurore Raguet qui peut ainsi collecter des lettres à transmettre, vendre des timbres postaux aux seniors plus trop capables de se rendre à l'agence postale, ou d'aller se renseigner auprès du receveur (dit-on encore receveur, à La Poste, depuis 1973 ?).
L'Ardennais, le quotidien de Charleville (en fait, de Reims aussi depuis que L'Union... mais c'est une autre histoire) est même mentionné. Je pourrais peut-être retrouver quand Zoey Poll s'est rendue à Revin (elle signale que L'Ardennais annonce que l'agence bancaire de Monique va bientôt fermer).
Je digresse : je vous avais entretenu des disparitions de distributeurs de billets, notamment à Montjean (Anjou) où la poste a fermé, tout comme la seule agence bancaire qui subsistait. C'est a ces « détails » qu'on mesure le quotidien de la ruralité.
Autre détail, revinois : Monique a fait fixer de nouveau la poignée de son réfrigérateur Électrolux. Elle avait pourtant cédé, et heureusement, Monique ne s'était pas cassé le col du fémur en chutant. Ce fut pour plus tard... On trouve encore des Arthur-Martin (d'avant Électrolux) dans les cuisines de Revin. Pourquoi les remplacer s'ils fonctionnent encore ?
Je ne sais si Les Amis de l'Ardenne (l'association, la revue) feront une brève au sujet de l'article de Zoey Poll ou si cela donnera l'idée d'aller conserver avec Aurore Raguet, pour parler de La Poste à Revin depuis 1998. Jeannine Titeux, veuve d'un ancien maire de Revin, ne serait pas non plus à négliger. 18 arrière-petits-enfants au compteur. Des aïeules de la sorte se font rares.
Il semble qu'il resterait deux hôtels, voire trois (François Ier, Point du Jour, Wigwam) à Revin même. Et quelques bonnes tables (plus des friteries, la Belgique est proche). Évidemment aussi des gîtes. Et merveille, une gare SNCF encore desservie et mieux encore, par des TER et non des bus (je me suis récemment retrouvé dans un autocar entre Laon et Reims ; je vous en reparlerai bientôt). Certains  TER viennent même de Soissons...
Revin, c'était et reste la clef de la Pointe de Givet. D'où le blason, une porte flanquée de deux tours.
J'allais oublier : quand j'étais en remplacement dans les rédactions des Ardennes (Charleville, Sedan...), je fréquentais les restaurants des lycées hôteliers. Fameux. Très, très abordable... Celui du lycée Jean-Moulin de Revin jouit d'une très bonne réputation extra-régionale (on y vient parfois depuis la Belgique).
Et puis, n'est-il pas, combien de localités françaises de cette taille ont-elles eu droit aux honneurs du New Yorker ? C'est quand même autre chose qu'un « vu à la télé ». Même des capitales (Rethel, berceau du boudin blanc, Sainte-Menehould, capitale du pied de cochon... je vous en passe, des Cholet et ses mouchoirs, des Romans et ses godasses, des Montélimar et ses nougats...) en sont baba (ce serait Napoli, la capitale du baba, ou peut-être Wissembourg, mais elles ne jouent pas dans la même cour). Bref, allez visiter Revin.
Et dites : « j'y étais ».