mardi 15 octobre 2019

Brexit : de quel jour, la 25e heure ?

Minuit, Européens, serait l'heure solennelle du Brexit...

Allons bon, voilà que site du Figaro de ce jour titre « Brexit : Paris espère l'annonce d'un accord "ce soir" ». Faite à Mary et ses petits moutons ? À Boris ? Sauf most amazing, et autres superlatifs relatifs ou sorprendentissimo, strangest, surprise, ce n'est pas vraiment dans la pochette.
La Vingt-cinquième Heure, c'est du prélat orthodoxe Virgil Gheorghiu, et ce fut employé à toutes les sauces (tout comme, plus tard, le « J'ai même rencontré des ... heureux » décliné à l'envie par des journaleux ; je me suis abstenu).
Bah, quand un titre idoine ne vous vient pas à l'esprit...
Or donc, version Figaro, titre choc. Version Guardian, Barnier aurait intimé jusqu'à minuit,  soit à quinze jours d'une autre échéance, un ultimatum. Le Daily Mail évoque plutôt une tombée de copie à 00:00. L'Express semble redouter que le Bojo fléchisse, se montre mou des genoux, avant l'heure fatidique. Mais n'en exclut pas moins que l'Union européenne organise un sommet extraordinaire le... 28 octobre. Le Standard estime que Barnier bluffe : Barnier met Johnson en garde, courbe la tête avant minuit, ou attends-toi à un report au-delà du 31 prochain. En adaptation très (trop) libre, j'ajouterais : Bojo, piètre Sicambre.
En fait, le Telegraph (et d'autres, se fiant à leurs correspondants à Bruxelles) estime que si le Bojo ne s'est pas agenouillé avant minuit, les docteurs Schweitzer européens (ou Folamour vus d'ailleurs) se réuniront le 28 pour annoncer ou non que la messe est dite.
Plus que six heures à courir ? 
J'en doute...
Je doute aussi que, pour éviter une frontière entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord, il conviendrait d'en ériger deux... Et que cela soit acté de sitôt. Soit selon les flux et les produits services, deux virtuelles : l'une entre l'Europe, République d'Irlande incluse, et l'Irlande du Nord, l'autre entre les deux Irlande et le reste du Royaume-Uni. Je reste un Bordersceptic.
Demain, mercredi, le Cabinet (le gouvernement) britannique et les ambassadeurs européens réunis par Michel Barnier à 16 heures (chacun les leurs, d'heures, à quelques minutes près) feront le point. 
Leo Varadkar, le Taoiseach irlandais, vient (17:30) de faire un point d'étape. Le fossé reste très large, et il ne sait pas trop si un accord sera... conclu, annoncé ? cette nuit ou avant samedi prochain.
Ne jouons pas sur les mots. Il ne s'agira pas d'un accord mais d'un protocole d'accord. Nuance.
Qui devrait être admis, approuvé, tant par le Parlement britannique, réuni ou non samedi prochain, que par les 27. Pas de protocole, pas de séance exceptionnelle du Parlement britannique. Protocole, et surprise, surprises : les députés britanniques pourraient le valider ou le rejeter.
La météorologie est une discipline, non une science exacte... Là, d'heure en heure, de minute en minute ou presque, les bulletins se succèdent.
Selon les uns, même en cas de protocole acceptable, les députés conservateurs dissidents obligeraient le Bojo à reporter la date du Brexit. Les libéraux-démocrates aussi, et on ne sait trop comment se prononceront (pour ou contre les consignes de vote du Labour) les travaillistes. C'est ce que déclare Varadkar : le Bojo se dit confiant qu'il obtiendra (ou sera forcé d'obtenir) un protocole qui sera approuvé par le Parlement britannique, mais lui doute encore. D'une part, entre des déclarations d'intentions communes et un traité en bonne et due forme, il y a comme des petites différences fort peu inconséquentes, d'autre part, comme le pointe Varadkar, les unionistes nord-irlandais ne voudront pas se contenter d'assurances sans garanties d'effets.
Ce qui semble en jeu, c'est notamment la remise en cause du protocole par l'Assemblée d'Irlande du Nord à telle ou telle échéance (quatre ans après le Brexit) : Boris Johnson aurait reculé sur ce point qui n'est pas de détail.
Et en fait, les « Anglais » sont en train de travailler au corps « leurs » Nord-Irlandais dans les prochaines heures, jusqu'à point d'heure. D'où la déclaration, à l'instant, de Downing Street selon laquelle les discussions sont constructives à Bruxelles mais que le chantier est loin d'être achevé.
Ce qui est aussi marginalement en question, c'est la position des autres parlementaires brexiters et conservateurs. Non, ce ne serait pas par sexisme qu'ils ont renvoyé Theresa May dans son foyer, et ils ne donneront pas carte blanche au macho Bojo. Ils passeraient cependant d'un protocole acceptable à un « tolérable » (dixit le député Steve Baker).
Mais pas tous.
Et il suffira qu'un seul chef d'État d'entre les 27 considère que trop, c'est trop, que, comme le pensent les Britanniques, mieux vaut rompre que de prolonger indéfiniment les discussions, pour que le château de cartes s'effondre. Ce qui serait aussi bien exploité par Boris Johnson qu'une approbation du protocole par le Parlement.
De toute façon, quoi qu'il advienne, il faudra de la paperasse pour commercer avec l'Irlande du Nord et le Royaume-Uni. Ce qui pourrait favoriser des embauches (ou aussi provoquer des faillites, donc du chômage), réduire les marges et contribuer à une hausse des prix et tarifs.
Pas de quoi sauter comme des cabris, avec ou sans accord. Bah, quelque soit l'issue, ce seront sans doute les mêmes moutons qui finiront tondus. C'est « dans l'ordre des choses ». 
Tiens, aucun rapport ?
Autre événement du jour : le président de l'association footbalistique bulgare a rendu son tablier. Les missiles bulgares et les saluts néo-nazis ont marqué la rencontre Angleterre (6), Bulgarie (0) de Sofia. Allez, épiphénomène. Mentionné histoire de vous inciter à lire, ici-même, sur ce blogue, mon « À l'est du nouveau ». Sauf que... J'ai mal vers l'Aisne en déshérence, et ma rate européenne se rétracte. Car quel que soit le dénouement, l'amputation de l'Angleterre (et peut-être la greffe de l'Écosse, plus tardive) ne me dilatent pas les zygomatiques.
Bon, je vais cultiver mon jardin et promener le chien... 



   

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