vendredi 26 juillet 2019

Roger Vailland au service des étrangers de la préfecture de police

Plus cela va, plus... : Roger Vailland fait la queue à la Préfecture de Police

Bon, je ne vais pas, pour chaque article de Roger Vailland, mettre en ligne un PDF. N'en cherchez donc pas infra. Mais cet article sur le service des étrangers de la préfecture de police, dans Paris-Midi daté du 19 novembre 1928, vaut bien d'être reproduit.
Voici peu, effectuant une recherche sur les « bals nègres », je tombe sur une caricature de la fin des années 1910. Il semble qu'avant le Bal Blomet (le Bal Nègre de Desnos), il en existait d'autres, des antérieurs peut-être plus informels, confidentiels, mais n'ayant pas échappé à la sagacité de la presse. Sur la même planche, la case finale montrait un Noir père de famille accompagnant son épouse française précédé d'une ribambelle de petits métis. La légende : dans 20 ans, tous les petits Français seront café au lait. Comme quoi, le « grand remplacement », cela ne date d'hier, ni, au siècle dernier, seulement d'avant-hier...
La queue pour obtenir une carte de séjour ou la renouveler en préfecture, ce n'est pas non plus très nouveau.
Voici donc le texte de cet article de Roger « Vaillant » (un de plus). C'est l'un des tout premiers de Roger Vailland puisque, grâce à Desnos, il intégra Paris-Midi en 1928. Ne manque, à la Prévert, qu'un Ratonné-Lessivé (citoyen de la balkanique Raton-Lessyvie, à la Hergé, comme la Transsubie de La Visirova).
* * * *
Au carrefour du monde
La Préfecture de Police est le rendez-vous des étrangers de Paris
La fille du pasteur, le nouveau-né polonais et le révolutionnaire indou
J'accompagnais ce matin-là mon amie Nancy Coogan, qui accompagnait son élève Mohamed Dahidulad à la Préfecture de police pour qu'il fasse viser sa carte d'étranger.
Nancy est Anglaise. Son père est pasteur. Voici sept ans qu'elle a quitté le cottage familial. Elle vit au Quartier Latin, en donnant des leçons d'anglais à des Français et des leçons de français à des Indous et à des Allemands.
Il y a une centaine de filles de pasteurs anglais au Quartier Latin.
Nous arrivâmes à la Préfecture de police. On faisait la queue le long des barrières de bois.
Tous les étrangers sont égaux devant la loi française. Le parfum à 200 francs le flacon de la divorcée américaine venue en manteau de ragondin, se mêle aux diverses odeurs qui se dégagent des couches du dernier-né de la femme d'un manœuvre polonais, pour constituer l'atmosphère unique au monde de la salle des étrangers de la Préfecture de police.
Un étudiant serbe, qui croit avoir perdu, grâce à son costume d'étoffe et de coupe anglaise, toute trace de sa provenance balkanique, sourit à l'Américaine au manteau de fourrure.
Mahumed (sic) Dahidulad attend sans dire une parole. Petit, barbiche noire, figure maigre, yeux brillants, c'est assez bien l'Indou des images d'Épinal.
Depuis deux ans, il prépare une thèse sur des textes sanskrits, et se perfectionne en français auprès de Nancy.
— Je suis parvenue à capter sa confiance, m'a-t-elle dit un jour. Il a fallu un an pour qu'il m'avoue qu'il déteste l'Angleterre et qu'il juge bon de venir en Europe « afin de s'éduquer et mieux pouvoir lutter contre elle. ».
» Moi, je lui ait dit que j'étais bolchevik.
» Alors le lendemain il m'a remis un devoir qui débutait ainsi : « Oui, je suis un révolté. Ô rois qui êtes assis sur vos trônes, tremblez ! Je porterais à travers les campagnes le flambeau de la destruction !... ».
— J'en fais ce que je veux, a conclu Nancy.
La divorcée américaine s'en va. Le petit Polonais pleure. Dahidulad attend patiemment son tour et la fin de la domination anglaise sur les Indes.
Roger Vaillant.
* * * * 
Bon, j'ai corrigé quelques coquilles, en ai peut-être commis d'autres, et je ne me relis pas... J'ai interraclé (zut, voici donc que Donald Trump déteint déjà sur moi) un (sic), omis de transcrire Hindou(s). Pas voulu accorder « étoffe », « coupe » et « anglaise(s) ».
Au passage, si mon ex-girlfriend étasunienne, fille de de pasteur, qui prodiguait des massages du côté de Saint-Germain sur un tabouret pliant, qui me rejoint à Reims et me plaqua à Grenoble, passe par ici : many kisses.
Mais on ménage comme on peut une transition, le temps de vérifier si le nom de Nancy Coogan apparut ailleurs dans la presse de l'époque. Eh bien non...
C'est effectivement un article de jeunesse : le seul personnage décrit physiquement étant le jeune Hindou alors qu'il y a au moins deux femmes dans la salle. Vailland se rattrapera amplement, détaillant à l'envie l'aspect vestimentaire et physique des femmes qu'il peut rencontrer par la suite...
Or donc les « barrières de bois » sont à présent en ferraille, les Hindous et autres citoyens de l'Inde sont moins nombreux que d'autres ressortissants d'autres pays, et on lit moins de nos jours Passage to India (d'E.M. Forster). Dahidulad aurait pu en être issu si Forster l'avait retrouvé de retour en Inde (nan, anachronisme, le livre sortit en 1924).
Cette Nancy (pseudonyme ?), bolchevique, puisque nous en sommes aux anachronismes, m'en évoque singulièrement une autre, Américaine de même, que Tania Visirova retrouva du côté de Saint-Tropez (ce n'est pas dans le feuilleton de Vailland, mais dans les mémoires de La Visirova recueillies par Maria Craipeau). Emma Goldman (anarchiste proche de Makhno et non de Lénine). Et puis aussi « la riche anglaise » cumulant les amants (autre article de Vailland, ultérieur). Nancy, des années plus tard, fournit-elle partie du portrait de cette Anglaise ?
Journalisme... La place est comptée à Vailland (p. 5, rubrique des spectacles, pour combler le pied de page sous le bloc publicitaire). Je me serai certainement (hum... pas à mes débuts) enquis de la marque du parfum de la dame en ragondin. Je serais allé voir le petit dernier de la Polonaise pour savoir combien il compte d'aînés. J'aurais embrayé sur un reportage sur les Hindous de Paris. &c. En fait, pas du tout. Tu ramènes de quoi fournir la copie au nombre de signes assignés et tu passes à autre chose. Un sujet chasse l'autre... Tu te dis : « tiens, c'est un sujet ». Puis l'agenda prend le dessus (les trucs à couvrir, assignés à l'un ou à l'autre).
Et très sérieusement, le « Dahidulad attend patiemment son tour et la fin de la domination anglaise » ne me serait pas venu. Or, cela, c'est aussi Vailland. Qui a certes commis des chutes passe-partout, convenues, mais là, chapeau l'artiste.
Dois-je vous remémorer que La Visirova et d'autres textes sont disponibles en libre-accès via ce blogue-notes ? Lesquels peuvent établir que si je joue le pion des retenues en salle d'études, je n'en reconnais pas moins le talent du confrère qui ne nous régalera plus aujourd'hui (tiens, on entonne encore un ala... lors des enterrements ; il m'étonnerait que cela dure encore dix ans — à moins que le mien soit ultérieur et la partition sera jointe au testament).
Journalisme... Bientôt, les patrons de presse exigeront que ne soit plus employé que l'étendue du vocabulaire d'un Donald Trump, histoire que le lectorat saisisse encore ce dont il sera question. Journalisme ? Ah non, élucubration d'éditorialiste : voyez supra la mention du « grand remplacement ». Le journalisme, ce n'est pas déblatérer sur des présupposés. Mais bon, ce n'est qu'un blogue-notes. Non tenu à la même tenue.
  





La famille Trump a la langue fourchue…


The Donald félicite un « enfant soldat »

Les dernières gaffes langagières de Donald Trump laissent entrevoir qu’il léguera un florilège de néologismes.

Avant-dernier exemple en date de l’inventivité sémantique de la famille Trump : Ivanka Trump saluant Bojo devenu Premier ministre de “The United Kingston” (dont le dauphin, selon son père est « le prince des Baleines », “of Whales”.
Mais on avait eu droit aussi aux « bourreaux légistes » (“lawmurkers” au lieu de “lawmakers”, soit législateurs). La dernière gaffe en date, c’est le tout aussi insolite “infantroopen”.
Le Donald saluait les mérites militaires de Mark Esper, son ministre de la Défense. Médaille de bronze et citation pour ses services dans le corps des enfants soldats à pied.
Le petit-fils d’Elisabeth Christ et Frederick Trump, tous deux natifs de Kallstadt en Bavière, semble avoir préservé des connaissances approximatives de la langue de Goethe. Laquelle emploie Infanterie pour désigner l’infanterie, mais aussi, plus rarement, dans des livres d’histoire, Fußtruppen. Ce qui reste usité en français dans le cadre d’un défilé (des troupes à pied et motorisées ; avec en tête, le 14 juillet, les polytechnicien·ne·s).
Voici donc Mark Esper ancien « bébé soldat » (et non cadet ou puîné d’un royaume ibère, à moins que le Donald se soit mis au castillan mexicanisé).
C’est quand même gênant, notamment pour discuter avec The Queen ou des chefs d’États anglophones sans avoir à recourir à une traductrice (même la traduction automatique resterait inopérante).
Ou c’est pire : qu’Ivanka Trump ait pu commettre un lapsus de saisie en tweetant, passe encore.
Mais là, Donald Trump s’exprimait oralement. Que les mots lui manquent, c’est patent. Son vocabulaire courant, hors domaine économique, est celui d’un gamin consanguin des sommets des Appalaches, un Hillbilly (vague « équivalent » : crétin des Alpes). Mais le fait qu’il ne domine pas le corpus restreint d’un Hillbilly laisse présumer qu’il n’ait plus toute sa tête. Ce n’est pas sa langue qui fourche, c’est son cerveau qui disjoncte.
Son niveau de langage a été estimé statistiquement par des linguistes : c’est celui d’un écolier de huit ans redoublant son Fourth-Grade et privilégiant les mots les plus courts (hell, ass, crap, win, sad…, et au-delà de quatre lettres, on peut s’attendre à tout).
C’est tout un champ d’investigation qui s’ouvre à la suite de l’ouvrage de Jennifer Sclafani, Talking Donald Trump: A Sociolinguistic Study of Style, Metadiscourse, and Political Identity.
Il semble qu’il n’y ait que l’intéressé à ne pas trop s’en rendre compte. Lors d’une allocution en Caroline du Sud, en 2015, il s’était auto-congratulé : « je connais les mots, j’ai les meilleurs mots ». À l’écrit, quand un mot dépasse quatre lettres, il en rajoute, comme avec ce fameux forrest (forest, forêt) ou en élide et brasse (peach pour speech). Ou il s’embrouille (agreemnet pour agreement).
Et selon les observateurs qualifiés, cela empire avec le temps. Les origines deviennent des oranges (si, il l'a fait). Il y a la sémantique, mais aussi la syntaxe. Elle était à peu près correcte jusqu’à la fin des années 1990. Depuis shlong (yiddish pour chibre) est devenu un verbe. J'te shlong, abruti.
Ses exploits recouvrent press covfefe (coverage, couverture de la presse). Il y a eu aussi my military (mon armée, mais sur le mode du « mon légionnaire » d’Édith Piaf). Quant aux toponymes ou noms de pays, on eut droit à la Nambie (Namibie) et à quelques autres.
Mais il dispose d’un truc qui lui permet de penser à la suite des propos qu’il improvise… Il prolonge la prononciation de la première voyelle d’un mot (looooser, moooron, Chiiiina). En revanche, son mot favori étant Trump après « je », il l’avale pour le placer le plus souvent possible.
L’ennui, c’est qu’à la longue, le cancre fait école… Et qu’une large partie de l’électorat étasunien votera pour celle ou celui « ki coz com nouzôt’ ». Du coup, l’opposition risque de se mettre à l’imiter… Et que cela s’étendra peut-être au monde entier. J’explique.
Lorsque les premiers films parlants américains furent diffusés au Royaume-Uni, les Britanniques ne comprenaient que peu (voire rien) des dialogues du fait du fort accent des acteurs ou doubleuses. Puis ils ont fini par adopter nombre d’américanismes. Imaginez l’effet boule de neige…
Bon, Bojo, issu d’Oxbridge, n’est pas déjà trop contaminé et son anglais reste compris à Bruxelles (la réciprocité n’est pas garantie : Boris Johnson comprend surtout ce qui lui convient). Mais imaginez la suite…
Bah, de toute façon, avec le réchauffement climatique, nous deviendrons toutes et tous avares de mots. Trop fatigant de s’étendre sur un sujet sauf dans un environnement climatisé… lequel contribue à l’effet, euh, non, pas boule de neige, mais bouffée étouffante.
Même « parler avec les mains » exigera des efforts. Bon, le vocabulaire s’appauvrissant, cela pourra durer un certain temps. Merci la famille Trump…



Roger Vailland et les « bals nègres »

Roger Vailland pas si disert que prévu sur les « bals nègres »

Je savais que Vailland avait fréquenté le Bal Blomet (de la rue où logeait Desnos), pensait qu'il l'avait évoqué dans « des » articles... et aussi les « bals nègres » en général. Bon, la chasse fut maigre : un billet davantage qu'un article... Je repartirai à l'affût. Mais j'ai quand même ramené dans ma besace un reportage de l'un de ses confrères (de L'Intransigeant) en trois volets.

L'ex-Bal Colonial (devenu « Bal nègre ») de la rue Blomet, et d'autres du même genre, recevaient certes la clientèle de Vailland. Mais à consulter des ouvrages et des sites, je m'étais formé l'impression qu'il en dissertait abondamment. Notamment, un extrait de l'un de ses articles est souvent repris par divers sites traitant du sujet : le jazz, les musiques afro-américaines, des Caraïbes, des Antilles... ; ainsi que de troupes de danseurs et danseuses. Le Swinging Paris des années 1920-1930.
J'ai bien retrouvé l'extrait en question « dans son jus » (un billet de Georges Omer, alias Vailland, signé des initiales G. O.) mais pas de quoi le poser en gentil organisateur des virées nocturnes qu'il semblait avoir été censé copieusement décrire.
La visite (la lecture du dit papier) vaut quand même de s'y attarder un peu. 
Mais j'avoue que restant sur ma faim, j'ai voulu en savoir davantage, et que ma curiosité a été surtout satisfaite par un reportage de Raymond Thoumazeau, de L'Intransigeant. Une fois n'est pas coutume, vous le trouverez à la suite de ce « Deux nouveaux bals nègres se sont installés à Paris ».
On ne peut juger de la prose journalistique de Roger Vailland avant-guerre (1928-1944) sans voir ce que publiaient Paris-Midi et Paris-Soir et les titres de la concurrence. Comparaison n'est toutefois pas raison (en gros, en qualité stylistique, Vailland l'emporte peut-être d'une courte tête sur Thoumazeau ; sinon, on reste sur sa faim, c'est mignardise contre plat de résistance).
Le sujet reste sensible : un bar lyonnais qui voulait ouvrir à l'enseigne de La Plantation coloniale s'est vu récemment contraint de renoncer. Vais-je devoir surveiller si mes thés de La Compagnie coloniale (une adresse pour en trouver en vrac du côté du bout de la rue de Rennes, vers Montparnasse ; sinon, il faut commander en ligne) changeront d'appellation après 170 ans de loyaux services ?
Je fus « nègre », me voici désormais « prête-plume » (retraité, mais actif bénévole). Si, c'est officiel... On retouche déjà les films et les photos pour que n'apparaissent plus de pipe, cigare ou cigarette (va-t-on faire numériquement mâchouiller des Malabars au commissaire Maigret ?), devra-t-on retoucher des textes pour faire apparaître « n...* » (l'astérisque renvoyant à « prête-plume », ce qui aura l'avantage de plaire peut-être à nos consœurs hésitant à employer « négresse » comme Senghor). Pour l'infanterie et l'artillerie coloniales, j'ai admis (cela devenait tartignole), pour le reste, eh bien, j'aviserai. Au fur ou à mesure. Dommage, avec des « Afro » de rencontre, je pouvais lancer un « mais j'en suis un autre. ».  
Je ne sais quand on a cessé d'employer « bal nègre ». Pas déjà en 1940 en tout cas (voir la lettre de Sartre à Wanda Kosakiewicz : « samedi soir, jour de bal nègre (...) je pensais que tu étais en train de danser la rumba avec les nègres, que tu étais dans ton monde nègre, ce monde rougeoyant et sensuel... »). Il doit certes en subsister sous d'autres appellations actuelles mais je me demande quand, a l'occasion de la fermeture (ou de l'ouverture pour un dernier en date) d'un établissement, on employa pour la dernière fois « bal nègre ». Vers les années 1950 ?
J'imagine (ce n'est plus tout à fait de mon âge de faire le tour des boîtes, ou plutôt, cela ne m'amuserait plus guère) que les « boîtes de nuit afro » (ou afro-antillaises) peuvent s'apparenter à ces établissements (sauf que, souvent, il s'agissait de bars-restaurants où l'on dansait). Et puis, la « musique du monde » a un peu tout envahi. Les temps ont sérieusement varié.
En témoigne aussi ce petit écho, non signé, de Paris-Soir, sur la rue de Lappe, où, en avril 1931, la java et la biguine, adoptées par « les gens du monde » ont aussi obtenu « la faveur des gens du milieu ». Entendez, des apaches et leurs compagnes du moment. À présent, je nourris la confuse impression, pas vraiment fondée sur une mise à jour récente, que ce serait plutôt ambiance « branchouille ». Le temps est révolu où, en arrière-cour de la rue de Lappe, on pouvait manger pas cher du tô et du mafé en s'asseyant sur des bancs. Sans avoir l'air de débarquer de la planète Mars... Je ne sais si c'est encore possible du côté de Château-Rouge sans avoir montré « patte blanche » (avoir fréquenté un temps le quartier, être un visage pâle vaguement déjà repéré).
For the times, they are a-changin', qu'il chantait Bob Dylan.
Cela étant, comme je ne me suis pas rendu sur place pour vérifier, ne prenez pas ces propos pour argent comptant. 


mardi 23 juillet 2019

My Goodness! Les Trump tweetent plus vite que leur sombre

Donald & Ivanka Trump : le Prince of Whales succède à la couronne de l'United Kingston

Lucky Luke tirait plus vite que son ombre. The Donald et fifille tweetent plus vif que leur sombre maîtrise de l'orthographe...


Jusqu'à présent, ce blogue-notes ne « pipeulisait » pas. Là, ce fut plus fort que moi. Désolé...
Or donc, après le prince des baleines (pas les stretchers, les cows — fig. — et je n'ai pas retrouvé la traduction de ces autres, de parapluie, de corsets, de cols de chemise), voici le Kingston uni (pas écossais, jacquard, prince de Galles).
Mais jusqu'où iront-ils ? 
Les Trump père et fille.
Je ne veux accréditer la présomption qu'ils manient mal l'orthographe (quoique... The Donald, voyez un peu ses crédits académiques : plus doué pour les sports que pour les humanités).
Or donc, Bojo, le Boris-bis (aussi tonitruant qu'un Eltsine, vain et vaseux imbibé de vodka), le Trump-like, se voit « felliciter » (félicité) par Ivanka Trump pour avoir pris les reines, euh, les rênes, du Royaume-Uni. De mettre le mors aux rennes pour que l'Auld Alliance ne réunisse pas le chardon écossais au continent.
Ce qui succède au tweet de Dad, se disant à tu à toi avec Charly (pas le toutou de Steinbeck, Charley), mais le Tywysog Cymru.
Voici donc un coup de baleine porté à l'unité de la pierre angulaire de... Que l'on se rassure, Her Majesty n'a pas de prostate, et les reins solides. N'y voyez donc pas le moindre calcul de la part de ces descendants de Germains comme elle-même.
Nous en sommes-là. Un ado attardé, Donald Trump, sa fifille qu'il pousse sur les devants et dessous de la senne internationale (grouillante de requins, d'espadons...), à chaque sommet (sous-marin), postant à la va-vite. Sans prendre la peine de cacheter. Impulsifs. Expédiant leurs poulets au monde entier, à des millions de suiveuses et suiveurs. Caquetant à l'envie.
Ô sombres héros de l'amer... Partant joyeux pour des courses lointaines répercutant au ixième de seconde leurs insanités aux antipodes.
Les bras m'en tombent (et partant, mes doigts du clavier). Sans autre commentaire...


Roger Vailland avait « pigé » (et sur...) la cloche

Roger Vailland avec les clodos d'août 1928

Certains ne passent pas l'hiver, pour d'autres, c'est l'été...  Les pères Corps et Bard, deux clochards, n'ont peut-être pas vécu l'automne. Ne subsistent sans doute de leurs mémoires que ces deux articles de Roger Vailland parus dans Paris-Midi. Articles de prime jeunesse, moins mineurs qu'il y paraît...
Dans un premier temps j'avais considéré que je ne consacrerai pas un document (voir le lien vers le PDF, infra) à ce « mini-reportage » de Roger Vailland (encore une fois signé Vaillant par les compositeurs). Dans un second mouvement...
De même, mouvant mon curseur vers l'icône du logiciel de mise en pages, m'étais-je promis de rester factuel, de ne pas faire état de mes souvenirs. Puis, comme l'apôtre Pierre, par trois fois...
Et ci-dessous, de quatre. Est-ce par pudeur que je n'ai jamais commis un seul reportage sur les biffins, les clopinards ? Ou du fait d'une inavouée angoisse (celle que sut vaincre le roi Salomon d'Émile Ajar, signant l'ultime roman de Gary) ? Que l'on fut ou non chemineau, on n'écrit pas sur la cloche de même manière.
Vendant à la criée l'International Times et le Black Dwarf, j'ai survécu à Londres dans les années 1967-1968... Ramenant à l'occasion un plein sac de grains de maïs n'ayant pu ou trop mal éclater aux autres beatniks se massant autour de la statue de Piccadilly Circus. Je n'ai mendié qu'une seule fois, à Milan, de retour du Moyen-Orient, et pas longtemps, juste le temps d'avoir de quoi manger sans entamer la seule livre sterling nous restant, à Curcuru et moi. Finalement, j'ai pu atteindre Paris avec, au fond d'une poche, une pièce de cinq ronds (une Lavriller, en alu, valeur de l'époque : un roudoudou ou un carambar).
Puis ce fut Strasbourg, et la criée du Monde devant le F.E.C. (le  restaurant universitaire). Et un autre père Corps, moins érudit, certes, mais aussi moins démuni, ex-gradé retraité, qui avait choisi cette vie, et en mourut sous les coups de poivrots en voulant à son kil de rouquin (Goulou, Kiravi ? j'ai oublié). Nous conversions parfois longuement, de l'actualité du jour ou de tout autre chose.
J'ai aussi traîné aux États-Unis avec quelques anciens du Nam à la dérive.
Puis Paris... Les copines russes en galère, parfois sans toit jusqu'à ce qu'une compatriote libère un lit juste en-dessous. Moussa le Stanbouliote, décédé depuis peu (pratiquement aucun échange hormis des signes de tête), du Sentier Turc (ou de la Petite Turquie, comme on voudra). Le Serbe... Lui reste propre, on peut échanger une poignée de mains. Il est remonté rue de Paradis.
La rue. Mais aussi les combles. Ces enfilées de lots de greniers séparés par des cloisons de planches à claire-voie tapissées d'affiches, de journaux superposés, à l'étanchéité sonore nulle, ce qui fait qu'on perçoit l'eau tirée au broc, celle de la chasse, les pleurs des mioches, les claques balancées aux plus grands ou entre adultes. Ou le matelas dans le couloir, à un étage inférieur, parce que les tiques de lit sont devenues trop nombreuses dans le galetas. J'en étais déjà préservé de longue date.
Non, on n'écrit pas la mouise de la même manière, et partant, on ne lit pas Down and out (Dans la dèche... d'Eric Blair-Orwell), on ne commente pas ces deux évocations de clochards par Roger Vailland, selon que l'on fut ou non misérable.
De Pierre Minet (ci-dessus, Des Âges téméraires) percevant la montée coassante de la voix avinée d'un clochard de la porte Saint-Ouen...
« Je sentis que magiquement, incompréhensiblement, j'aillais devenir un être nouveau, pétri d'angoisse, le cœur blême, prêt à s'engager dans ce quartier misérable dont il serait le dieu, l'incarnation errante. » (La Défaite : confessions, paru en 1947).
L'autre jour, devant la gare Montparnasse, un vendeur ambulant proposait des livres « gratuits » de jeunes ou moins jeunes auteurs peu connus. Alentours, vers 1927-1928, Minet déclamait des poèmes aux terrasses puis exigeait dix francs pour faire bombance.
Et Adamov, donc. C'est pour l'extraire au moins un temps de la précarité que Jean-Marie Boëglin le convia à Reims sous un prétexte quelconque, lui offrant gîte et couvert, et parvenant à s'en faire accompagner jusqu'au festival de la Loreley, en 1951. Minet et Adamov tapaient les potes, dont Lumbroso et sans doute Roger Vailland. Fils de riches, Arthur. Mais souvent très désargenté, créchant chez l'un, chez l'autre, ou en des hôtels sans étoile (jusqu'en 1967, il resta, connaissant des hauts et des bas, sans véritable domicile fixe). Et puis, Henry Miller débarqua à Paris en 1928. Edmond Buchet qui fut l'éditeur de Vailland (et l'un des ses voisins au Vésinet), évoquera Miller se remémorant « ses expériences de clochard et de mendiant ». 
Je ne saurais dire (ou même penser) si Vailland voyait en eux de futurs pères Corps (et s'il rencontra ou non Miller à cette époque, mais ce n'est pas impossible).
À trop vouloir lire entre les lignes, on finit par écrire des âneries. En voici un copieux échantillon dans ce « Quand Roger Vailland emménageait à la cloche de bois... ». J'ose même laisser présager que Vailland, qui vécut un temps très chichement avec Lisina Naldi (il se rattrapa copieusement après La Loi), aurait confusément pressenti qu'il se sustenterait d'escargots et de champignons. Certains osent tout, j'en suis. Bah, si la littérature se permet n'importe quoi, pourquoi la sous-littérature ne se l'autoriserait pas ?
Et parfois, subrepticement, à la lecture d'autres articles de Vailland, je m'interroge. Il lui fallut longtemps pour se réconcilier avec le journalisme, et se muer en un autre journaliste, en 1944. Auparavant, il s'autorisa beaucoup.
Ici, il ne triche pas. Sauf peut-être avec lui-même. Il n'allait quand même pas conclure, dans Paris-Midi, avec un « partagez la chopine avec les damnés de la Terre ». Peut-être s'en était-il muni et bût-il au goulot pour favoriser les confidences. Au moins, je le crédite d'avoir risqué de choper des totos dans ces cafés où l'on pouvait s'assoupir sur une table (à cette époque, « pucier » et « clochard » restaient synonymes) jusqu'au petit matin et l'heure du coup de balai et torchon.
Boulevard Bonne-Nouvelle, de temps à autres, un clochard hébété de sommeil et de libations offre la vue de son postérieur dénudé. Allongé au travers du trottoir, il a « fait sous lui ». Dans un coin proche, un plus jeune et plus malin était parvenu à ériger une sorte de duplex de toiles, cartons, palettes, chariots Caddie®™. Insolite édifice. Si Christo l'emballeur concédait quelques bâches aux sans-logis, l'art s'éparpillera vite dans Paris.
Vailland s'intéressa peu aux galériens du pavé par la suite... Il mentionna toutefois « les clochards de la place des Patriarches », ceux du temps où il habitait rue Mouffetard, en voisin de palier de Charles Péguy. Mais il prêta sans doute main secourable à divers « clochards célestes » (dont Joyce Blau, amie d'Henri Curiel). Il laissa aussi de quoi fournir de la matière au spectacle Assommons les pauvres (de la troupe Rise People, textes adaptés par Évelyne Pieiller).
Peu à voir avec le schlimblick : en janvier 2013, le corps d'un homme de 57 ans fut découvert dans un box à l'abandon de la rue Roger-Vailland à Sainte-Geneviève-des-Bois. Il aurait pu trépasser en un meilleur hospice, sa vie lui échappa sous de posthumes auspices. 

lundi 22 juillet 2019

Bojo (Boris Johnson) Premier ministre d’un jour ?

Boris Johnson, un premier ministre intérimaire...

« Reine d’un jour », c’était l’émission de Jean Nohain sur RTL en 1951, puis le film homonyme de Marion Vernoux en 2001. Quant à Bojo, Boris Johnson, ses quarts d’heure de célébrité cumulés, depuis 1987, lui vaudront sans doute, demain, une entrée au 10 Downing Street. Mais son bail pourrait expirer le lendemain…
Plus personne ne conteste que le corps électoral conservateur (0,3 % de l’ensemble national) se prononcera majoritairement demain pour investir Bojo afin de remplacer Theresa May…
Mais il lui faudra trouver un autre voisin pour le 11 (résidence du Chancelier, ministre des Finances et du Budget, numéro deux du gouvernement).
Et des remplaçants peu expérimentés pour de‌ multiples postes ministériels. Dont, depuis aujourd’hui, celui du Foreign Office. L’actuel titulaire, sir Alan Duncan, vient d’annoncer qu’il rendra ses clefs si Bojo devient Premier ministre…
Ce n’est ni le premier, ni, allez savoir, le dernier avant ce soir…
Mais, en sus, même si des députés conservateurs ne passaient pas dans le camp des LibDem (les libéraux-démocrates), il risque de se retrouver aux Commons avec une majorité d’une voix seulement… Celle de Theresa May était de quatre, mais Charlie Elphicke (Dover) pourrait jeter l’éponge, renonçant à se représenter la semaine prochaine lors d’une élection partielle.
Bref, le risque est grand (immense serait approximatif, mais dans quelle mesure ?) que Boris Johnson soit le Premier ministre « d’un seul jour » ou, tout du moins, le plus éphémère de toute l’histoire du royaume. Soit depuis 1700 (le titre n’existant pas auparavant). Le précédent record était détenu par George Canning (119 jours, en avril-août 1827). Pour des raisons similaires : ni le duc de Wellington, ni sir Robert Peel ne voulurent entrer dans son gouvernement et le casse-tête conduisit à sa mort subite le 8 août…
Qu’on se rassure, Bojo survivra, peut-être chenu en ses pantoufles.
Mais s’il survit au 10, ce sera entouré de ministres sans grande expérience et Alan Duncan ne se cache pas de vouloir l’en sortir. Dès demain, il présentera une motion devant les Commons en procédure d’urgence.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une motion de censure French style, puisque la décision finale reviendra à Sa Majesté la Reine. Si le speaker (John Bercow) acceptait qu’elle soit mise aux voix (c’est exclu, semble-t-il), si elle aboutissait à un vote de défiance contre l’impétrant, il appartient à Theresa May de recommander ou non Bojo à Elisabeth, de lui suggérer un autre nom. La souveraine décidera… souverainement. En fait, la situation serait inédite et on ignore même si Her Majesty devrait se prononcer sur le champ ou prendre tout le temps de réflexion lui semblant nécessaire. Cette option semble exclue, mais elle donne l'ambiance.
Cela aurait pu offrir le temps à Bojo de réfléchir à l’opportunité de mettre en vente sa résidence privée (pour un peu moins de quatre millions d’euros).
Prime naked
Selon le Daily Mail, six autres députés conservateurs envisageraient de passer aux LibDem, Quant aux ministres, après celui des Affaires étrangères, des Finances, et de moindres détenteurs de portefeuilles, comme celle de la Culture (ou équivalent), ceux de la Défense, de la Santé, et quelques autres, dont celui délégué à l’Énergie ou au Commerce extérieur, se tâteraient.
Bref, c’est un lit « en portefeuille » (comme ceux des bleus du temps de la conscription) qui attend Bojo au  10. Aura-t-il le temps de s’en apercevoir ?
Même s’il se maintenait un temps, il lui faudrait, soit se renier (et demander à ce que la date butoir du 31 octobre soit repoussée), soit obtenir des chefs d’État de l’Union européenne un petit quelque chose n’ayant pas été arraché par Theresa May pour ne pas perdre tout à fait la face.
Or pour négocier, il faut être deux, et à peu près de force égale. Un Boris Johnson trop peu assuré de ses arrières pourrait être accueilli par une indifférence polie à Bruxelles : cause toujours… ta tête est malade, ton postérieur breneux, et on bâton mouscaille...
S’il peut se maintenir, il viendra sans doute faire de la figuration à Biarritz, le 24 août, lors du sommet du G7… Les 17-18 octobre se tiendra celui du sommet européen. Avec lui en coulisse, sans même un strapontin.
Et son maintien dépend essentiellement de la position du parti loyaliste d’Irlande du Nord, le DUP (le Parti unioniste démocrate). Mais le DUP ne veut pas du rétablissement de mesures douanières strictes de la part de la République d’Irlande.
Ce même jour, la chambre haute, les Lords, a appuyé l’amendement des Commons stipulant qu’un Brexit dur (Hard Brexit) ne pourra entrer en vigueur sans leur accord.
Duncan considère que Bojo “flies by the seat of his pants” (improvise, ne réagit qu’en fonction de son inspiration de l’instant, voire fonce tête baissée sans trop savoir s’il risque des bosses ou pire). Boris Johnson est effectivement imprévisible, un Trump-bis, mais Duncan lui souhaite cependant bonne chance…
L’ennui, c’est que les gouvernements de l’Union européenne et le britannique sont en train de dépenser des sommes considérables à tenter de se préparer à un Brexit qui, de toute façon, coûtera tant au « Continent » qu’aux Îles (qui pourraient se fracturer si l’Écosse, le Pays de Galles, voire… prenaient le large). Le Continent reste isolé par le brouillard, mais n'en a cure.
Dès l'annonce de la nomination de Bo Swinson, la nouvelle cheffe de file des LibDem, le SNP (Scottish National Party) l'a enjointe de ne plus se compromettre avec les conservateurs. La question est de savoir si de nouvelles élections générales se profilent... Dans ce cas, la date butoir du 31 octobre serait sans doute repoussée. Jusqu'à quand ? Lassant et frustrant...  Fare away, Britannia.

dimanche 21 juillet 2019

Roger Vailland et les femmes : Alexandra Kollontaï

Roger Vaillant (Vailland) admiratif devant la soviétique Shura Kollontaï

Ce n'est certes pas pour relever une fois de plus que des articles d'envergure de Roger Vailland furent signés « Vaillant » que je reproduis celui de Paris-Soir consacré à Alexandra Kollontaï (Kolontaï dans le titre). Mais ce portrait de femme d'exception, qui manquait à ma recension, vaut d'être examiné de plus près.
Il a été diverses fois considéré que Roger Vailland se montra sensible aux thèses et aspirations du Front Populaire. Mais considérer que cet article sur la diplomate soviétique Alexandra Kollontaï marque une esquisse de son orientation vers le Parti communiste et le « camarade Staline » serait aller vite en besogne. Le site du Maitron ne va pas jusque là, mais peut laisser penser qu'effectivement, Vailland se distingua de ses confrères de la presse non-communiste.
Est-ce si patent ? Pas vraiment. Le destin d'Alexandra Kollontaï lui valut d'autres articles parfois élogieux dans des titres peu susceptibles d'épouser les thèses soviétiques. Mais il est vrai que le personnage fut parfois brandi tel un épouvantail ignominieux en d'autres. Cela étant, je gage que si Vailland s'était intéressé à une fasciste d'une telle trempe, Italienne ou Allemande, il aurait pu se trouver des commentateurs pour lui attribuer des penchants favorables aux composantes de l'Axe.
« La Vie prodigieuse d'Alexandra Kolontaï » parut dans une édition dominicale (diffusée dès le vendredi 28 janvier 1938), et il s'agit d'un sujet « magazine ». Annoncé en page une entre d'autres (Marie-Antoinette, le général Gamelin promu Grand Connétable de France...). Ce qui implique un certain style, d'ailleurs conforme à celui de confrères d'autres titres chargés de tels sujets. Le trait est toujours quelque peu forcé, qu'il s'agisse de grandes criminelles, d'actrices ou artistes, ou de femmes en vue pour d'autres raisons.
Cette fois, je me suis préservé de ratiociner, de traquer l'anachronisme, l'omission, l'exagération, l'approximation. Aussi parce que la vie d'Alexandra Kollontaï fut amplement documentée par des historiens scrupuleux et que le lecteur curieux pourra rectifier de lui-même si l'envie lui en prend. Inutile de faire minutieusement la part des choses... Toutefois, par acquis de conscience, je me rapporterai à des sources russes et autres (mais vous épargnerai les résultats de ces recherches).
Ce qui est frappant, c'est le peu de fiabilité de la presse de ces années-là. À deux ans de distance, Philippe Harencourt, du Petit Parisien, reprend (édition du 7 avril 1940) des éléments douteux visiblement pompés dans l'article de Vailland. Il invente sans doute d'autres dialogues vraisemblables, cohérents avec les propos que Vailland prête à son héroïne, laisse presque entendre qu'il l'aurait rencontrée à Genève (à la SDN), et ne semble pas davantage que son prédécesseur avoir pris le soin de consulter les mémoires d'Alexandra Kollontaï (traduites vers le français d'assez longue date).
Au moins ne reprit-il pas à son compte qu'il avait été envisagé de nommer l'ambassadrice à Pékin (prétexte peut-être imaginaire pour raccrocher l'article de Vailland et Henri de Val à l'actualité ; on l'avait aussi donnée, à tort, pressentie pour représenter l'Urss à Paris).
Afin de vous laisser poursuivre, qu'il me soit pardonné une nouvelle d'entre mes habituelles digressions. M'étant penché sur le théâtre de la décentralisation (les premiers centres dramatiques nationaux, &c.) et les maisons de la Culture françaises, je m'étais étonné du peu de cas fait des « Palais de la culture » soviétiques (ou des théâtres ambulants de la République espagnole sur lesquels Vailland avait pourtant attiré l'attention). Alexandra Kollontaï fut pourtant une figure féministe de tout premier plan dont diverses composantes se souvinrent dans les années 1970 à 2010. Puis vint la mobilisation pour obtenir que la pénalisation des clients (je n'ai jamais vu employer « client·e·s ») de la prostitution — à laquelle elle s'était déclarée opposée – et là, soudain, plus question de se référer à Shura Kollontaï. L'historiographie et ses méandres...
J'ai négligé, dans le document signalé supra, de préciser que la nouvelle dont fait état Vailland, mettant en scène Olga et sa fille Genia était issue de L'Amour des trois générations, publié en 1923 en compagnie de deux autres récits : Les Sœurs et Vasilisa Maygina. Elles avaient été traduites vers l'allemand sous le titre général Wege der Liebe (Chemins de l'amour) et des extraits étaient parvenus à la presse française puisque Serge de Ghessin, dans Les Nouvelles littéraires du 22 novembre 1924, dans son article « Les Garçonnes rouges » détaille le récit d'Olga, du camarade Riabkof, de sa « grande jeune fille de dix-sept ans ». Genia déclare à sa mère : « Nous ne t'enlevons rien : Riabkof t'adore toujours. Veux-tu vraiment lui interdire d'avoir un peu de plaisir en dehors de toi ? ». Vailland a donc condensé le dialogue que de Ghessin développa. Mais il s'abstient de reprendre à son compte la conclusion de son confrère : « Mme Kollontaï a beau être une grande amoureuse : elle n'éprouve que du mépris pour le sexe fort, dispensateur d'émotions passagères et agréables » ; et les hommes sont le maillon faible du bolchévisme, s'enbourgeoisent, « sombrent dans le vice, la concussion, l'opportunisme » en « révolutionnaires nantis et repus » entretenant des « donzelles bourgeoises ». 
Sur Alexandra Kollontaï et la Russie des années 1920, on lira avec intérêt les « Cinq semaines à Moscou » de Louis Weiss, la rédactrice en chef de L'Europe nouvelle (n⁰ 51, 17 décembre 1921), en accès libre sur Gallica, en particulier le chapitre 7, « Les idées d'Alexandra Kollontaï ». Il ne serait pas improbable que Vailland l'ait lu (soit adolescent, soit par après). Il est certain qu'il en savait davantage sur Kollontaï qu'il le laisse entendre, ne serait-ce que parce qu'il fut aussi (sous pseudonyme) chargé de la politique étrangère, qu'il avait postulé pour devenir correspondant à Moscou.
Mais en Vailland coexistent deux journalistes. Celui qui traite soigneusement des dépêches, s'informe de l'actualité internationale. Et celui qui doit retenir l'attention du lectorat avec du pittoresque. Et avec Alexandra Kollontaï, il ne s'attache qu'à cela : une femme de cran, de panache, haute en couleur. Dans ce cas, l'exactitude dans les détails lui importe moins que le portrait général qu'il brosse à sa guise et saura captiver lectrices et lecteurs. 



  


vendredi 19 juillet 2019

Bojo & The Donald sentent le hareng...

Plus Boris Johnson et Donald Trump parlent, plus ils sentent le hareng

Hareng, ou proxénète... En français dans quelques textes. Et la caque du Brexit sent toujours le hareng... Bojo (Boris Johnson) futur Prime Minister du bientôt défunt Royaume-Uni, s'ingénie à se calquer de plus en plus sur The Donald (Trump). Avec son histoire de kipper, Bojo démontre une fois de plus qu'il n'est qu'un goals exiter. 
Je ne reviendrai pas sur les mensonges de The Donald. Donald Trump n'est qu'un bonimenteur, un carpetbagger, et la cause est entendue (sauf pour ses partisans, prêts à gober tout et n'importe quoi...). Bojo, le pitre, a sans doute pris des leçons de son mentor... Le voici brandissant un hareng conditionné sous vide devant un aréopage de conservateurs acquis à sa cause... Pour dénoncer, une fois de plus et pire la bureaucratie « bruxelloise » et ses effets néfastes. Hors de l'Union européenne, le hareng saur « britannique » pourra pourrir de la tête, fièrement, à l'air libre.
Son argument... Les pêcheurs de harengs de l'Île de Man (située entre Angleterre et Irlande du Nord), soumis, rendus serfs de l'Union européenne, sont contraints de commercialiser les harengs qu'ils expédient au loin sous plastique, sous vide, et entassés ainsi sous des blocs de glace. Intolérable.
Sauf que... Et d'un, les directives européennes ne s'appliquent pas à l'Ellan Vannin (Isle of Man). Car elle reste un fief de Sa Majesté Elisabeth et de la Couronne. Certes, ce bailliage garantit à ses sujets la citoyenneté de la souveraine, mais non l'européenne. Le gouvernement autonome de l'île ne rend compte qu'à la reine (en fait, qu'à lui-même).
Ensuite, n'ayant aucun pouvoir pour imposer quoi que soit à ce gouvernement, l'Union européenne a eu d'autres sujets de préoccupation que le conditionnement de ses harengs. C'est en fait le gouvernement de Sa Majesté qui, unilatéralement, a songé à protéger l'ensemble de ses sujets en imposant aux pêcheurs et pêcheries mannois (manx) d'ainsi enrober les harengs. Hareng soit qui mal y pense.
Il est déplorable que Bojo n'ait brandi qu'un hareng ainsi enrobé ; il aurait fallu comparer et hisser au-dessus de sa tignasse un hareng saur « libéré » du joug imposé (du présumé carcan continental, en fait de la paperasserie britannique) de l'autre main. L'un, sous vide, conservant son poids initial, l'autre, à l'air libre, allégé par la dessiccation. Après comparaison des tailles respectives, constat que l'un ou l'autre n'aurait pas été lestés de plombs.
La libération du hareng entraînera l'émancipation de l'économie britannique, a osé Bojo...
Sauf que... Verra-t-on l'Écosse, le Pays de Galles, voire les Cornouailles, ou les fiefs de Her Majesty faire sécession ? 
The Great Kipper Divide? Bojo n'a qu'un but. Soit accéder au 10. En oubliant les vingt et quelques autres motifs de division, d'éclatement du royaume.
En réalité, alors qu'il avait l'intention de « proroger » (non prolonger la session parlementaire, mais la suspendre indéfiniment, ce qui est courant au Canada, mais ne s'appliqua que sous Charles Ier outre-Manche), il risque de perdre la majorité, donc de provoquer des élections générales. Qui verront des conservateurs rejoindre le Brexit Party, d'autres les libéraux (LibDem), et les Travaillistes peut-être se retrouver à la tête d'un pays ingouvernable.     
Bien avant ce hareng, Bojo avait déjà vendu à des gogos que l'Europe allait interdire la vente de bananes courbées, que Bruxelles allait aligner le commerce des escargots sur celui des poissons, &c. Sean O'Grady, de l'Independent, s'attend à ce que Bojo clame que les chats de l'Île de Man se verront imposer par l'UE d'être dotés de queues postiches pour devenir conformes à une norme européenne sur les félins domestiques (par extension de la directive MO-66Y, modifiant les directives 2002/19-20-21/CE relatives aux réseaux de communications électroniques, à la faveur d'un codicille).  Le manx est effectivement dépourvue d'appendice caudal (standard Loof, Manx & Cymric, mais le longy agite une queue tandis que le rumpy et le stumpy en restent dépourvus).
Bref, ces deux teigneux à tignasses (Trump, Johnson) sont du même acabit. Bonnet blond et blond bonnet. And it's not a red herring.
  

jeudi 18 juillet 2019

Roger Vaillant (Vailland) critique de la critique

Un article de Roger Vailland peu accessible car signé « Vaillant ».

Voici peu, après tant d'autres, je signalais que les recherches portant sur Roger Vailland, en bibliothèques ou en ligne, se heurtaient au fait que, très souvent, son patronyme était transcrit « Vaillant ». Exemple : cet article des Cahiers du Sud de mars 1930 signé Roger Vaillant.
Du temps du Grand Jeu, à Paris
Last and least, car tant d'autres m'ont précédé (et d'autres plus qualifiés encore suivront), j'ai remarqué que je me suis heurté à la coquille trop fréquente : (Roger) Vailland devenant Vaillant. C'est assez logique, et il m'est arrivé de la commettre. Prince Vaillant, Vaillant-Couturier, Michel Vaillant,  chaudières Vaillant, divers autres Vaillant (dont un Roger, syndicaliste) et bien sûr Édouard ou Auguste, Cœurs Vaillant (« rien d'impossible... » — aux Âmes vaillantes), Luc Le Vaillant (journaliste), &c. En revanche, hormis Guy, sommelier d'Anne de Bretagne, fort peu d'homonymes de Roger Vailland ont marqué l'Histoire, celle de nos provinces ou des arts et des sciences...
S'il fallait recenser les « Vaillant » désignant Roger Vailland, y compris dans les écrits des spécialistes de l'écrivain, on couvrirait des pages et des pages...
D'où l'intérêt de rechercher ces Vaillant-là... Tâche ardue... Qui permet de retrouver par exemple cet article des Cahiers du Sud de mars 1930.
Or, s'il ne couvre que trois pages d'un modeste format, il est loin d'être anodin. D'abord parce que ces Cahiers tiennent une place éminente dans l'histoire littéraire française du siècle dernier (de 1925 à 1966), aussi en raison de la manière dont Roger Vailland allude à divers courants de la critique littéraire et artistique des années 1920, traite des créateurs et du Créateur (son athéisme remonte à la fin de son adolescence), ensuite (car il conclut là-dessus, mais c'est peut-être l'élément primordial) car il marque son rejet des Phrères simplistes, du Grand Jeu. Dont il reste assurément nostalgique, tout en professant le contraire.
J'essaye tout d'abord d'établir (et à mon sens, j'y parviens) que ce Vaillant est bien Roger Vailland, en dépit d'un indice — apparemment — contraire. Mais je ne suis guère arrivé à déceler ce que les deux premières parties pourraient laisser supposer de l'état de la création littéraire et de sa réception à la fin des années 1920. C'est un article très travaillé, œuvré, mais assez peu chantourné (les contours de ce qui est exprimé ne sont pas si saillants)... Peut-être, justement, parce que Vailland s'est englué dans le journalisme grand public (Paris-Midi, Paris-Soir), qu'il a peut-être « perdu la main », et chercha trop à marquer la distance avec ce style d'immédiateté, qui vise à rendre accessible au plus grand nombre ce qui doit être aisément compris.
Cahiers du Sud, mars 1930,
chronique de Roger Vailland
Je me fourvoie peut-être totalement. L'expérience étant lanterne dans le dos n'éclairant que le chemin parcouru, lisant et relisant les deux premières parties de cet article, je me suis remémoré (vaguement) divers de mes – rares – écrits sortant du lot de ma prose journalistique quotidienne. Sollicité pour des critiques littéraires ou artistiques, dans des revues spécialisées, pour des catalogues d'exposition, je me suis parfois laissé contaminer par la prose de ces milieux gentdelettres. Entre divers « Auto contre vélo », « M. Untel, président de l'Amicale des boulistes », «  Les mariés du samedi » (meilleurs titres de mon cru : « Maintenant, on peut ! » et « Je l'ai voulu, je l'ai eu », en corps 72, c'était une pleine page), et quand même des reportages d'une autre tenue, j'ai dû suer pour m'en abstraire. Et là, Vailland, après la rupture d'avec les surréalistes, d'avec Le Grand Jeu, doit sans doute, surtout à ses propres yeux, démontrer qu'il a mûri. Je sais... Je (me) projette. Et je saurai faire amende honorable, et me mettre « au temps » (au temps pour moi).
En revanche, il me semble que la troisième partie, fin de non-recevoir adressée à ses ex-Phrères, à Reims, aux illusions perdues, est beaucoup plus essentielle et limpide. Elle tient du déni. Car elle laisse présager que Vailland indique qu'il n'était pas tout à fait comme ces autres « jeunes gens » (Daumal, Lecomte, Minet, Meyrat, et alii par la suite), qu'il faisait semblant d'adhérer à leurs postures, ici copieusement ridiculisées. Et qu'il n'en est définitivement plus, qu'il les voue à s'enliser dans un « gâtisme » prématuré, dans un ésotérisme de pacotille. Divers autres écrits (correspondances, journal...) corroborent ce qui précède, du moins en partie (Vailland ne renia pas tout... mais lorsque, sur le tard, il revient à Reims, l'indifférence l'emporte). 
Les rapports de Reims aux Phrères et des Phrères à Reims... Cela impliquerait d'autres développements. Ville plate, mais non pas de platitudes, y compris lorsque les Phrères s'en extrayaient. Mais ce sera... (À suivre).

mardi 16 juillet 2019

De Rugy, le Fillon-bis de la République

François de Rugy, un « Fillon » stoppé à temps ?

Rien ne les atteint, peu les freine jusqu'au coup d'arrêt final... Voyez Éric Woerth, traînant de multiples gamelles, et paradant toujours dans les médias. C'est certes voir les choses par le gros bout de la lorgnette, mais l'histoire de François de Rugy attendu à Nantes par une voiture ministérielle remémore très fort les avions de François Fillon revenant de Sablé...
Le fait (du prince) : quand François de Rugy et madame se rendaient à Nantes en fin de semaine, une voiture ministérielle venue de Paris à vide les attendaient en gare. Bagatelle ? Oui, mais qui rappelle l'usage immodéré des avions de l'ex-Glam (liaisons aériennes ministérielles) des consorts Fillon entre Sablé et Paris. Un François Fillon qui ne « prenait » le TGV qu'à l'arrêt, à la fenêtre de la motrice, le temps des photos (d'une, de photo ops, comme disent les spin doctors) alors qu'il avait fait des pieds et des mains pour que les TGV desservent la gare ad hoc de Sablé. Obligeant certains trains de faire un détour pour desservir Angers puis Nantes.
Mediapart et Ouest-France ont souligné cette anomalie : généralement, pour des raisons de sécurité, une voiture préfectorale,  accompagnée de voitures de police, accueillent un ministre en déplacements privés. On peut d'ailleurs se demander si cela doit valoir pour tout ministre ou secrétaire d'État.
La démission de François de Rugy doit peut-être à la pression de l'Élysée ou de Matignon, au très faible soutien de majorité présidentielle, mais surtout à l'impératif de tenter de couper court à des nouvelles révélations incriminantes. Le terme est certes fort : voici longtemps que le meurtre de la confiance à l'égard de divers élus et de membres de gouvernements est acté, mais ce n'est pas tout à fait déjà la République qui est assassinée. Il subsisterait des ministres intègres, paraît-il, des représentants du Peuple aux mains à peu près propres...
Mais j'aimerais aussi remémorer ce récent billet portant sur Éric Woerth ( « Woerth-Tapie : vrais-faux ou faux-vrais amis »). Naïvement, je croyais que Woerth ferait profil bas. Que nenni... Le voilà donnant encore des leçons à tout le monde, choisissant le jour de la Fête nationale pour estimer que la suppression de la taxe d'habitation « reste l'erreur fondamentale du quinquennat ». En effet, elle ne profite pas à tout le monde, et celles et ceux qu'il représente (les plus aisés resteront assujettis jusqu'en 2023, ou au-delà) apprécient ses propos.
Pas vu-pas pris, et si repéré, tenir la dragée haute jusqu'au moment où cela devient impossible... Et puis, on a tout son temps ensuite : sieur et dame Fillon pourront attendre le printemps 2020 pour, peut-être, comparaître. Ensuite, appel, cassation : rien ne presse. La comparution immédiate, c'est toujours pour le menu fretin. Pénélopegate ? Il faut accorder du temps au temps, pour recaser tout le monde (à la Fédération internationale automobile, comme une certaine Woerth ?).
François de Rugy a fait allusion à Pierre Bérégovoy... Allusion. D'une part je ne réclamerai pas des actes aussi définitifs, et ce n'est pas parce que cela serait me placer dans l'illégalité. Assurément, aussi (quoique je puisse, a posteriori, douter de sa sincérité, et voir dans ses propos de l'opportunisme) parce que j'eus l'occasion fortuite de rencontrer François de Rugy et d'échanger quelques propos de bon sens. Mais je me souviens aussi d'avoir été reçu, et impressionné par... Jérôme Cahuzac. En lequel il était placé le vain espoir d'établir la clarté et de faire le ménage dans certaines affaires financières bizarres relatives au ministère de l'Intérieur. Il était alors le prédécesseur d'Éric Woerth à la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée.
Je me fais peu de souci pour un François de Rugy. Peut-être le retrouverons-nous associé à un Alexandre Benalla et réalisant de florissantes affaires : les postes s'envolent, les carnets d'adresses restent. Les circuits d'influence évoluent, mais on s'adapte. Des obligés subsistent. 
Ce titre « Un ''Fillon" stoppé à temps » n'est d'ailleurs pas crédible. Ils marquent une pause, rebondiront, trouveront d'autres moyens de vivre aux dépens de qui les écoutera. À moins que de futurs Fouquier-Tinville n'obtiennent leur tête avant de voir tomber la leur en s'exclamant : « Je n'ay rien à me reprocher : je me suis toujours conformé aux lois (...) plus tard, on reconnoîtra mon innocence. ». Le Pourvoyeur de la guillotine, tout comme Jérôme Cahuzac, ou un Éric Woerth (plus mollement), dénonçait les exactions, mais au moins ne s'était-il pas enrichi. On l'en accusera pourtant, mais, finalement, n'eût-il pas survécu s'il avait été financièrement puissant ? 
La démission de François de Rugy lui a été sans doute (comment en être assuré ?) imposée à temps. Non pas que dans la perspective d'autres révélations, mais en raison de la crainte d'une résurgence incontrôlable du mouvement des Gilets jaunes (ou d'éléments encore plus radicaux que les plus radicaux de leurs cheffes et chefs de file). D'une jonction entre eux et des contingents des classes moyennes et de certaines « élites » (Bourdieu : les dominées de la classe dominante). Ce que Fabrice Grimal, auteur de Vers la Révolution (éds J.-C. Godefroy) laisse présager. J'y crois peu, pour les moments venant... Après ? Comment savoir ? Fabrice Grimal, que j'ai connu « élément conforme », bon produit des écoles de commerce (prépas, Essec), est-il un « marginal » (fort peu socialement) se haussant du col ou un symptôme avant-coureur ?  François de Rugy a oublié de le convier à déguster caviar, homard et champagne. Grossière erreur, manque de discernement. Certes, il n'avait rien à en attendre pour son épouse, ni rien à moyen terme, mais peut-être, à échéance plus lointaine, de lui ou d'une ou d'un autre, un degré d'indulgence.