mardi 16 juillet 2019

De Rugy, le Fillon-bis de la République

François de Rugy, un « Fillon » stoppé à temps ?

Rien ne les atteint, peu les freine jusqu'au coup d'arrêt final... Voyez Éric Woerth, traînant de multiples gamelles, et paradant toujours dans les médias. C'est certes voir les choses par le gros bout de la lorgnette, mais l'histoire de François de Rugy attendu à Nantes par une voiture ministérielle remémore très fort les avions de François Fillon revenant de Sablé...
Le fait (du prince) : quand François de Rugy et madame se rendaient à Nantes en fin de semaine, une voiture ministérielle venue de Paris à vide les attendaient en gare. Bagatelle ? Oui, mais qui rappelle l'usage immodéré des avions de l'ex-Glam (liaisons aériennes ministérielles) des consorts Fillon entre Sablé et Paris. Un François Fillon qui ne « prenait » le TGV qu'à l'arrêt, à la fenêtre de la motrice, le temps des photos (d'une, de photo ops, comme disent les spin doctors) alors qu'il avait fait des pieds et des mains pour que les TGV desservent la gare ad hoc de Sablé. Obligeant certains trains de faire un détour pour desservir Angers puis Nantes.
Mediapart et Ouest-France ont souligné cette anomalie : généralement, pour des raisons de sécurité, une voiture préfectorale,  accompagnée de voitures de police, accueillent un ministre en déplacements privés. On peut d'ailleurs se demander si cela doit valoir pour tout ministre ou secrétaire d'État.
La démission de François de Rugy doit peut-être à la pression de l'Élysée ou de Matignon, au très faible soutien de majorité présidentielle, mais surtout à l'impératif de tenter de couper court à des nouvelles révélations incriminantes. Le terme est certes fort : voici longtemps que le meurtre de la confiance à l'égard de divers élus et de membres de gouvernements est acté, mais ce n'est pas tout à fait déjà la République qui est assassinée. Il subsisterait des ministres intègres, paraît-il, des représentants du Peuple aux mains à peu près propres...
Mais j'aimerais aussi remémorer ce récent billet portant sur Éric Woerth ( « Woerth-Tapie : vrais-faux ou faux-vrais amis »). Naïvement, je croyais que Woerth ferait profil bas. Que nenni... Le voilà donnant encore des leçons à tout le monde, choisissant le jour de la Fête nationale pour estimer que la suppression de la taxe d'habitation « reste l'erreur fondamentale du quinquennat ». En effet, elle ne profite pas à tout le monde, et celles et ceux qu'il représente (les plus aisés resteront assujettis jusqu'en 2023, ou au-delà) apprécient ses propos.
Pas vu-pas pris, et si repéré, tenir la dragée haute jusqu'au moment où cela devient impossible... Et puis, on a tout son temps ensuite : sieur et dame Fillon pourront attendre le printemps 2020 pour, peut-être, comparaître. Ensuite, appel, cassation : rien ne presse. La comparution immédiate, c'est toujours pour le menu fretin. Pénélopegate ? Il faut accorder du temps au temps, pour recaser tout le monde (à la Fédération internationale automobile, comme une certaine Woerth ?).
François de Rugy a fait allusion à Pierre Bérégovoy... Allusion. D'une part je ne réclamerai pas des actes aussi définitifs, et ce n'est pas parce que cela serait me placer dans l'illégalité. Assurément, aussi (quoique je puisse, a posteriori, douter de sa sincérité, et voir dans ses propos de l'opportunisme) parce que j'eus l'occasion fortuite de rencontrer François de Rugy et d'échanger quelques propos de bon sens. Mais je me souviens aussi d'avoir été reçu, et impressionné par... Jérôme Cahuzac. En lequel il était placé le vain espoir d'établir la clarté et de faire le ménage dans certaines affaires financières bizarres relatives au ministère de l'Intérieur. Il était alors le prédécesseur d'Éric Woerth à la présidence de la commission des Finances de l'Assemblée.
Je me fais peu de souci pour un François de Rugy. Peut-être le retrouverons-nous associé à un Alexandre Benalla et réalisant de florissantes affaires : les postes s'envolent, les carnets d'adresses restent. Les circuits d'influence évoluent, mais on s'adapte. Des obligés subsistent. 
Ce titre « Un ''Fillon" stoppé à temps » n'est d'ailleurs pas crédible. Ils marquent une pause, rebondiront, trouveront d'autres moyens de vivre aux dépens de qui les écoutera. À moins que de futurs Fouquier-Tinville n'obtiennent leur tête avant de voir tomber la leur en s'exclamant : « Je n'ay rien à me reprocher : je me suis toujours conformé aux lois (...) plus tard, on reconnoîtra mon innocence. ». Le Pourvoyeur de la guillotine, tout comme Jérôme Cahuzac, ou un Éric Woerth (plus mollement), dénonçait les exactions, mais au moins ne s'était-il pas enrichi. On l'en accusera pourtant, mais, finalement, n'eût-il pas survécu s'il avait été financièrement puissant ? 
La démission de François de Rugy lui a été sans doute (comment en être assuré ?) imposée à temps. Non pas que dans la perspective d'autres révélations, mais en raison de la crainte d'une résurgence incontrôlable du mouvement des Gilets jaunes (ou d'éléments encore plus radicaux que les plus radicaux de leurs cheffes et chefs de file). D'une jonction entre eux et des contingents des classes moyennes et de certaines « élites » (Bourdieu : les dominées de la classe dominante). Ce que Fabrice Grimal, auteur de Vers la Révolution (éds J.-C. Godefroy) laisse présager. J'y crois peu, pour les moments venant... Après ? Comment savoir ? Fabrice Grimal, que j'ai connu « élément conforme », bon produit des écoles de commerce (prépas, Essec), est-il un « marginal » (fort peu socialement) se haussant du col ou un symptôme avant-coureur ?  François de Rugy a oublié de le convier à déguster caviar, homard et champagne. Grossière erreur, manque de discernement. Certes, il n'avait rien à en attendre pour son épouse, ni rien à moyen terme, mais peut-être, à échéance plus lointaine, de lui ou d'une ou d'un autre, un degré d'indulgence. 

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