lundi 22 juillet 2019

Bojo (Boris Johnson) Premier ministre d’un jour ?

Boris Johnson, un premier ministre intérimaire...

« Reine d’un jour », c’était l’émission de Jean Nohain sur RTL en 1951, puis le film homonyme de Marion Vernoux en 2001. Quant à Bojo, Boris Johnson, ses quarts d’heure de célébrité cumulés, depuis 1987, lui vaudront sans doute, demain, une entrée au 10 Downing Street. Mais son bail pourrait expirer le lendemain…
Plus personne ne conteste que le corps électoral conservateur (0,3 % de l’ensemble national) se prononcera majoritairement demain pour investir Bojo afin de remplacer Theresa May…
Mais il lui faudra trouver un autre voisin pour le 11 (résidence du Chancelier, ministre des Finances et du Budget, numéro deux du gouvernement).
Et des remplaçants peu expérimentés pour de‌ multiples postes ministériels. Dont, depuis aujourd’hui, celui du Foreign Office. L’actuel titulaire, sir Alan Duncan, vient d’annoncer qu’il rendra ses clefs si Bojo devient Premier ministre…
Ce n’est ni le premier, ni, allez savoir, le dernier avant ce soir…
Mais, en sus, même si des députés conservateurs ne passaient pas dans le camp des LibDem (les libéraux-démocrates), il risque de se retrouver aux Commons avec une majorité d’une voix seulement… Celle de Theresa May était de quatre, mais Charlie Elphicke (Dover) pourrait jeter l’éponge, renonçant à se représenter la semaine prochaine lors d’une élection partielle.
Bref, le risque est grand (immense serait approximatif, mais dans quelle mesure ?) que Boris Johnson soit le Premier ministre « d’un seul jour » ou, tout du moins, le plus éphémère de toute l’histoire du royaume. Soit depuis 1700 (le titre n’existant pas auparavant). Le précédent record était détenu par George Canning (119 jours, en avril-août 1827). Pour des raisons similaires : ni le duc de Wellington, ni sir Robert Peel ne voulurent entrer dans son gouvernement et le casse-tête conduisit à sa mort subite le 8 août…
Qu’on se rassure, Bojo survivra, peut-être chenu en ses pantoufles.
Mais s’il survit au 10, ce sera entouré de ministres sans grande expérience et Alan Duncan ne se cache pas de vouloir l’en sortir. Dès demain, il présentera une motion devant les Commons en procédure d’urgence.
Il ne s’agit pas à proprement parler d’une motion de censure French style, puisque la décision finale reviendra à Sa Majesté la Reine. Si le speaker (John Bercow) acceptait qu’elle soit mise aux voix (c’est exclu, semble-t-il), si elle aboutissait à un vote de défiance contre l’impétrant, il appartient à Theresa May de recommander ou non Bojo à Elisabeth, de lui suggérer un autre nom. La souveraine décidera… souverainement. En fait, la situation serait inédite et on ignore même si Her Majesty devrait se prononcer sur le champ ou prendre tout le temps de réflexion lui semblant nécessaire. Cette option semble exclue, mais elle donne l'ambiance.
Cela aurait pu offrir le temps à Bojo de réfléchir à l’opportunité de mettre en vente sa résidence privée (pour un peu moins de quatre millions d’euros).
Prime naked
Selon le Daily Mail, six autres députés conservateurs envisageraient de passer aux LibDem, Quant aux ministres, après celui des Affaires étrangères, des Finances, et de moindres détenteurs de portefeuilles, comme celle de la Culture (ou équivalent), ceux de la Défense, de la Santé, et quelques autres, dont celui délégué à l’Énergie ou au Commerce extérieur, se tâteraient.
Bref, c’est un lit « en portefeuille » (comme ceux des bleus du temps de la conscription) qui attend Bojo au  10. Aura-t-il le temps de s’en apercevoir ?
Même s’il se maintenait un temps, il lui faudrait, soit se renier (et demander à ce que la date butoir du 31 octobre soit repoussée), soit obtenir des chefs d’État de l’Union européenne un petit quelque chose n’ayant pas été arraché par Theresa May pour ne pas perdre tout à fait la face.
Or pour négocier, il faut être deux, et à peu près de force égale. Un Boris Johnson trop peu assuré de ses arrières pourrait être accueilli par une indifférence polie à Bruxelles : cause toujours… ta tête est malade, ton postérieur breneux, et on bâton mouscaille...
S’il peut se maintenir, il viendra sans doute faire de la figuration à Biarritz, le 24 août, lors du sommet du G7… Les 17-18 octobre se tiendra celui du sommet européen. Avec lui en coulisse, sans même un strapontin.
Et son maintien dépend essentiellement de la position du parti loyaliste d’Irlande du Nord, le DUP (le Parti unioniste démocrate). Mais le DUP ne veut pas du rétablissement de mesures douanières strictes de la part de la République d’Irlande.
Ce même jour, la chambre haute, les Lords, a appuyé l’amendement des Commons stipulant qu’un Brexit dur (Hard Brexit) ne pourra entrer en vigueur sans leur accord.
Duncan considère que Bojo “flies by the seat of his pants” (improvise, ne réagit qu’en fonction de son inspiration de l’instant, voire fonce tête baissée sans trop savoir s’il risque des bosses ou pire). Boris Johnson est effectivement imprévisible, un Trump-bis, mais Duncan lui souhaite cependant bonne chance…
L’ennui, c’est que les gouvernements de l’Union européenne et le britannique sont en train de dépenser des sommes considérables à tenter de se préparer à un Brexit qui, de toute façon, coûtera tant au « Continent » qu’aux Îles (qui pourraient se fracturer si l’Écosse, le Pays de Galles, voire… prenaient le large). Le Continent reste isolé par le brouillard, mais n'en a cure.
Dès l'annonce de la nomination de Bo Swinson, la nouvelle cheffe de file des LibDem, le SNP (Scottish National Party) l'a enjointe de ne plus se compromettre avec les conservateurs. La question est de savoir si de nouvelles élections générales se profilent... Dans ce cas, la date butoir du 31 octobre serait sans doute repoussée. Jusqu'à quand ? Lassant et frustrant...  Fare away, Britannia.

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