lundi 9 décembre 2019

Le Temple satanique ou la Libre Pensée à l’américaine


Une église, une croyance, surtout un cache-nez laïcard

Tiens, cela m’a échappé : fiscalement, The Satanic Temple est devenu officiellement une église étasunienne en avril dernier. Pour un peu, je lèverais bien des fonds pour ouvrir un lieu du « culte » boulevard de Bonne-Nouvelle.
Je me souviens de mes séjours en Californie et de mon étonnement, voire ébahissement, de découvrir, au détour d’une rue, un, des édifices religieux dédiés à un, des cultes dont je n’avais jamais entendu parler (visiblement non chrétien et surtout pas très catholique, comme on dit). Il s’agit de cultes non-denominational, comme disent les Étasuniens.
Feu mon pote, le « révérend » Billy Hults, de Cannon Beach (Oregon), activiste culturel, joueur de planche à laver émérite, journaliste indépendant et auteur, m’avait mis au parfum plus tard. Son église, dont il modifiait la dénomination à son gré (version courte : l’église du Dernier Cowboy bouddhiste rastifarien ou Rastafied Cowboy Buddah, mais il en rajoutait avec des Yabyums tout plein dedans à l’occasion), lui permettait de se faire exempter d’imposition (et de tenter de faire vivre sa publication, The Upper Left Edge). Pas du tout prêchi-prêcha, mais il célébrait à l’occasion des mariages d’anthologie (ses sermons portant sur tout et n’importe quoi, mais pas sur son église ou des croyances surnaturelles).
Activités cultuelles à proprement parler : zéro.
Et quid du Satanic Temple ? Une pompe à dons, depuis avril dernier exempte d’imposition ? Pas seulement. Une religion ? Oui, au sens qu’en donne Yuval Noah Hariri (Sapiens, Vintage pub., 2015, ou KZD, 2011 pour la version en hébreu ; chap. The Worship of Man), lequel considère que l’humanisme, le libéralisme, le communisme, &c. Bien, J’ai déjà dû l’évoquer précédemment, de même que l’activisme du Temple satanique dans les écoles (mêlant soutien scolaire, activités d'éveil, et réflexions philosophiques lors de cours du soir ; les églises chrétiennes font de même, mais davantage orienté catéchisme). Je n’y reviens pas.
Ce qui m’a fait connaître cette reconnaissance officielle, c’est un incident à bord d’un appareil d’American Airlines. Il fut intimé à une passagère, par l’équipage de cabine, le 30 octobre dernier, de se changer ou de dissimuler son maillot frappé des mentions Hail Satan et est. 666, avec croix chrétienne inversée (comme la Marianne des timbres français, vieille coutume royaliste). La compagnie a depuis présenté ses plates excuses. On ne badine pas avec le blasphème, toujours évoqué subtilement dans les constitutions de certains États, ce en contradiction avec la plus récente version du First Amendment. Mais depuis les années 1930, il n’est plus de poursuites judiciaires (au grand dam des partisans religieux de Donald Trump) pour blasphème.
C’est aussi vaguement un culte puisque le Baphomet Monument, à la gloire d’un satan à tête de bouc, vaut « idole », style statue de la déesse de la Raison, mais qui n’a rien à voir avec la wicca, sauf le côté folklorique ironique à l’occasion (pas de rites complexes comme en franc-maçonnerie). Le « baptême » est libre et gratuit et sans rite codifié (simple déclaration d’intention, chacun faisant comme bon lui semble pour le célébrer… ou non). Pas de cérémonial, pas de réelle hiérarchie, mais Lucien Greaves, le co-fondateur, reste une référence agissant à l’occasion au nom du Temple.
Plus séculier, on ne trouve que la Libre Pensée pour équivalent. Deux champs d’action : réfutation de la pensée magique (étendue à certaines dérives de la psychanalyse, aux pseudo-sciences) et du complotisme ; civisme (défense de la liberté d’expression, tolérance, appui de mouvements pour les droits civils).
La concurrence, à ce jour, outre éventuelles sociétés secrètes ou ésotériques organisées en sectes recherchant la discrétion, c’est la Church of Satan. Qui prône l’athéisme et l’individualisme. Un certain Jean-Louis Ludwig a tenté de s’en inspirer en fondant la French Church of Lucifer, mais, depuis mars 2017, on n’en entend plus vraiment parler. Il en est d’autres, dont ne sait trop si des chrétiens-tradis ne les ont pas inventées pour clamer que telle ou tel a fini « par renoncer à Satan ou à ses œuvres » et rejoindre leur giron.
En tout cas, la Church of Satan ne vend pas des sorts, son site ne comporte pas de boutique mais renvoie sur Amazon pour commander divers livres d’auteurs divers (dont Michel Foucault, Nietzsche, Machiavel, Shaw, Jules Verne…). Plutôt moins mystico-ésotérique que les Phrères Simplistes ou Le Grand Jeu et c’est peu dire : cette église de Satan fait plutôt songer à club de réflexion permettant à sa hiérarchie de s’exprimer dans la presse à l’occasion, sur des sujets divers, peu en rapport avec les religions. Mais là, adhérer n’est pas donné. Elle est représentée en Allemagne et le site Der Rabe (le corbeau) précise que ce satan n’est qu’un symbole (ou plutôt concept, étiquette) d’une sorte d’athéisme ou d’agnosticisme prônant la pensée rationnelle. Mais des rites sont codifiés et suivis lors de cérémonies (baptême, mariage, funérailles).
Les formes d’intervention du Satanic Temple sont beaucoup plus rigolotes, parfois parodiques, festives…
Comme certaines organisations laïques françaises, le Temple satanique proteste contre les crèches de Noël (en tentant de leur adjoindre des symboles pas forcément d’inspiration satanique).
Le plus cocasse dans l’affaire est que l’exemption fiscale, accordée le 25 avril dernier, le fut à la suite d’une sorte de décret (executive order) de Donald Trump, promulgué en mai 2017. Auparavant, le Temple critiquait cette exemption et ne la sollicitait pas.
Bref, aucune contre-indication : on peut se dire libre penseur et « templier » du satanisme (et réciproquement).
J’ai bien fouillé Wikipedia (anglophone) et les divers sites du fisc des États-Unis… En vain, et même la page Wikipedia consacrée à la National Spiritualist Association of Churches (églises non-chrétiennes, admettant la communication avec les âmes des « présumés » défunts, les médiums et autres guérisseurs) ne donne pas une approximation du nombre de ses diverses « églises » (toutes exemptées d’impôt). Il semble que le l’U.S. Religion Census de 2010 recensait 236 dénominations religieuses diverses rassemblant 345 000 congrégations ou groupes, assemblées religieuses (mais il fallait adhérer et l’organisme pouvait rejeter des applications). Ce recensement se tient tous les dix ans. On peut douter que le culte de la Licorne rose invisible (ou autres cultes du Jedi, dont l’un est reconnu aux États-Unis et exempté d’impôt depuis 2015, le texan Temple of the Jedi Order) soit du nombre des admis en 2020.
On dispose bien de statistiques globales sur les organisations à but non-lucratif (églises incluses) mais savoir combien de pasteurs du genre de Billy Hults se sont proclamés papes ou mamamouchis d’une congrégation est plus qu’ardu. Ces pasteurs, dont certains filent avec la caisse de leurs ouailles, sont exposés à des enquêtes de l’Internal Revenue Service (qui ne touchent chaque année que fort peu d’églises, et pour cause, c’est décidé au plus haut niveau, et selon une estimation d’un juriste, le taux serait inférieur à 0,3 %).
Comme l’indiquait le groupe Think Progress en 2017, l’IRS invoque son code interne pour refuser de communiquer sur cette question. Les églises ou les prédicateurs sont supposés remplir un formulaire pour déclarer leurs revenus supplémentaires (à ceux leur valant non-imposition). Parfois l’IRS poursuit des prédicateurs pour non-déclaration, mais rarement. De très nombreux avocats fiscalistes se spécialisent dans la clientèle religieuse (quand ils n’ont pas eux-mêmes aussi une casquette de prédicateur). À moins de prêcher la pédophilie ou l’assassinat des renégats et hérétiques (et encore… mais faire état d’exécutions serait contre-indiqué), l’exonération fiscale est assez libéralement accordée. Et des associations du type Reclaiming Oklahoma For Christ peuvent bénéficier aussi des dispositions fiscales.
Le Temple satanique, assez proche de ce que serait censée promouvoir l’association Americans United for Separation of Church and State (elle aussi exemptée de taxes, et employant un avocat qui est aussi prêtre ordonné), mène campagne pour que les églises ne se prononcent pas pour un parti politique ou l’un de ses candidats. Mais tant que Trump restera président, il aura fort à faire…
Onward Satanic Soldiers, Satan Bless America!

Brexit : Vers une réunification irlandaise ?


Les unionistes nord-irlandais en mauvaise passe

En cas de rupture du Royaume-Uni d’avec l’Union européenne, la perspective d’une réunification irlandaise ne peut être exclue. La démographie, et surtout l’évolution de l’opinion, en particulier celle des jeunes, rendent cette perspective beaucoup plus probable.
Dès le Brexit accompli, ce sera, au Royaume-Uni, embrassons-nous Folleville. C’est en tout cas l’opinion de Boris Johnson, interrogé sur sa relation avec sa compagne, Carrie Symonds.
Que va-t-il lui offrir pour Noël ? “I’m going to get Brexit done”. Et la liesse s’ensuivra, avec pour conséquence une hausse de la natalité. Cupidon fera flèche de tout bois, les amours fleuriront à travers la nation. Tel que…
Il a de même affirmé qu’après les Jeux olympiques de 2013, il avait été constaté un baby boom. En tout cas, ni en Angleterre, ni au Pays de Galles, pour lesquels une nette chute fut constatée.
De son côté, la ministre de l’Intérieur, Priti Patel, a prédit que le taux de criminalité bondirait si le Labour emportait les élections, à raison de 52 décès criminels de plus annuellement. Le choix est clair : des bébés ou des cadavres, choisissez. Boris Johnson n’a pas daigné commenter cette prédiction.
Mais le Bojo peut (ou ne pas) dire tout ou n’importe quoi, ses partisans lui conservent une confiance illimitée. En témoigne le résultat du sondage du Daily Express auprès de son lectorat qui conclut que les documents produits par Jeremy Corbyn sur la frontière avec l’Irlande du Nord étaient des faux (de plus, fournis par la Russie, laisse entendre le quotidien). Seulement 15 % des répondants (1 167 sur 8 182) les considèrent authentiques, avec uniquement 2 % d’indécis. Cela alors même que Boris Johnson n’a jamais mis en doute leur authenticité, se bornant à indiquer qu’il y aurait bien des contrôles (et des droits de douane) entre les deux Irlande, mais aucun — contrairement aux documents produits — entre la Grande-Bretagne et les six comtés nord-irlandais.
Consciente du ridicule, la rédaction de l’Express a retiré l’article de la page d’accueil de son site dès ce lundi.
Car si son lectorat n’est pas convaincu par ces documents, les unionistes nord-irlandais le sont absolument. Arlene Foster et le DUP clament qu’il s’agit d’une trahison et que plus jamais ils n’accorderont leur confiance à ce Premier ministre qui a « renié sa parole ». Arlene Foster a obtenu des services douaniers la confirmation du contenu des documents : soit deux frontières, l’une entre les deux Irlande, l’autre entre les comtés et le reste du Royaume-Uni.
Ce qui place son parti, naguère fort des dix sièges ayant suffi un temps à ce que le DUP et les Tories soient majoritaires au Parlement, en délicate position.
Traditionnellement, le vote en Irlande du Nord oppose « catholiques » (Sinn Féin, et SDLP, pour la réunification ou verts) et « protestants » (DUP et autres oranges). Jusqu’en 2011, la démographie avantageait les protestants (et assimilés) à 48 contre 45 % (avec 7 % d’Irlandais du sud et autres, dont des citoyens des 27 pays du continent). Mais en 2021, en se fondant sur des estimations de 2016, les proportions se seront inversées en ce qui se rapporte aux adultes.
Ajoutez à cela qu’en cas de gouvernement Labour-SNP, sans doute appuyés par les libéraux-démocrates en ce qui concerne ces mesures, l’âge du vote sera abaissé à 16 ans et que les résidents européens deviendront électeurs. À moyen terme, cela laisse présager, en cas de nouveau référendum tranchant entre le projet d’accord des travaillistes et le retrait de l’article 50 (soit le maintien dans l’Union européenne), une majorité, tant en Irlande du Nord qu’en Écosse ou au Pays de Galles, pour ne pas rompre avec le continent.
À plus long terme, cela signifie-t-il que la réunification irlandaise se produise ? Si ce n’est pas exclu, ce n’est guère évident.
Il faut prendre en compte l’évolution de l’opinion constatée chez les jeunes, en particulier les trentenaires. Nombre d’entre eux se déclarent indifférents. Et plus généralement, « l’identité » britannique, régresse, y compris au sein (même si cela reste difficile à évaluer exactement) de l’électorat unioniste. Soit que « l'identité » nord-irlandaise, indifférente aux anciens clivages, progresse. Ou que l'attachement à l'Union européenne se renforce, y compris dans les rangs unionistes.
Cela peut aboutir soit à la réunification, soit déboucher sur la revendication d’une encore plus forte dévolution (sur le modèle écossais). Dans cette seconde hypothèse, cela signifierait deux parlements, deux exécutifs. Pour le politologue Paul Nolan, spécialiste de l’Irlande, il restera difficile de prévoir laquelle des deux options prévaudra. Pour Mary Lou McDonald, du Sinn Féin, « rien n’est tabou », y compris d’en discuter dès à présent avec Arlene Foster et le DUP.
Il est plus que prématuré d’avancer un pronostic. Cela dépendra de l’issue du Brexit.
Un indicateur le laisse percevoir. Nicola Sturgeon, du SNP écossais, pourrait estimer qu’un second référendum sur l’indépendance écossaise risquerait de confirmer le résultat du précédent si (et seulement si) la révocation de l’article 50 était actée ou si l’accord travailliste satisfaisait la majorité des Écossais. En fonction du résultat de l'éventuel référendum sur le Brexit, le SNP accentuera ou non la pression pour organiser un référendum sur l’indépendance. Bien sûr, Nicola Sturgeon ne dit pas déjà que la date du référendum qu’elle souhaite (vers fin 2020) pourrait être repoussée.
Selon leur position Leave ou Remain, les quotidiens interprètent les sondages et les projections des bookmakers différemment. The Daily Express considère que les conservateurs ont creusé l’écart, en seraient à 45 % des intentions de vote. The Standard, plus mesuré, considère que l’écart reste stable, à dix points (43 % pour les conservateurs). The Mirror laisse la parole au professeur John Curtice qui estime que si l’écart tombe à six points, ce qui pourrait se produire, la perspective d’un parlement « suspendu » (hung), bloqué, l’opposition aux conservateurs se coalisant, reste possible. Selon la moyenne des sondages, les conservateurs se situeraient à 43,5 %, ce qui reconduirait une majorité conservatrice à l’issue de ce vote à un seul tour.
Mais les indécis pourraient s’abstenir ou voter « utile » (pour un·e candidat·e pro-Leave ou Remain, selon les circonscriptions, mieux placé·e) au tout dernier moment.
Ce qui semble se profiler, c’est que le DUP pourrait perdre un siège. Voire deux (bénéficiant au Sin Féin et au SDLP, l’autre parti « catholique », ou green irlandais par opposition à l’orange des unionistes). Cela ne changera pas la donne globale.
En revanche, même si le sentiment unioniste semble avoir régressé en Grande-Bretagne (en Angleterre principalement), les déclarations, post-derniers sondages, d’Arlene Foster peuvent influencer des électeurs conservateurs (qui s’abstiendraient, voteraient pour un conservateur dissident s’il en était sur leur circonscription, ou un indépendant). Sans doute pas de manière à contribuer à faire élire des candidat·e·s travaillistes, mais à barrer la route à quelques (rares) conservateurs.
Mais pour la suite, The Irish Times (Dublin) prévoit que Sinn Féin et DUP seront forcés de négocier (sur le fonctionnement d’une assemblée nord-irlandaise, et pour éviter le retour à des affrontements marginaux violents).
Et puis, pour The Guardian, si le SNP obtenait la tenue d’un second référendum sur l’indépendance, et surtout l’emportait, les répercussions sur l’Irlande du nord seraient considérables : les relations entre l'Écosse et les deux Irlande sont fortes (sentiment d'appartenance commune, volume des échanges relationnels divers, culturels et autres, et économiques).
Selon Matthew O’Toole, un ancien haut-fonctionnaire, le devenir de l’Écosse ne pourra qu’influencer celui de l’Irlande du nord.

dimanche 8 décembre 2019

Historiographie : le mythe de la Reconquista

Après Poitiers, Covandonga, autre « escarmouche »

Je ne vais pas vous remémorer à quel point les historiens français ont remis en question la bataille (?) de Poitiers. Nouveau, la remise en cause, par les historiens espagnols, de celle de Covadonga, et plus largement, de la Reconquista.
J’ai déjà évoqué (ailleurs que sur ce blogue), le palais maure du haut du faubourg Poissonnière, cette île sur la Loire, près de Saumur, présumée peuplée de présumés gitans qui conversaient dans un dialecte berbère (comme l’ont déterminé des linguistes vers la fin des années 1950, ou plus tard, peu importe). Comme je n’ai jamais évoqué ce confrère niortais qui n’excluait pas des ascendances diverses (dont maures ou berbères, ou allez savoir…), je vous le place en préambule.
Très édifiant article de La Vanguardia, “La Reconquista que no existió”. Théoriquement, la période circa 711-1492. Environ sept siècles durant lesquels Juifs, Chrétiens, Musulmans (ou autres, de diverses lignées et croyances) ont contracté de multiples mariages et croisements. Et au cours de laquelle (il faudrait que je me replonge dans mon bouquin, Femmes et métiers du Livre, épuisé), les femmes, au moins dans la partie andalouse, tenaient des places prééminentes. Mais je ne vais pas vous ressasser mes diverses sauvages recherches ethno-anthropologiques sur l’ethnicité des unes, des autres, dont les Bretons et les Écossais (nombre d’analyses DNA établissant des ascendances africaines). Parlons plutôt d’identité espagnole.
C’est un peu comme la Jeanne en France, cela fluctue. En Espagne, au dix-neuvième, tout le monde, à peu de choses près, se gargarise des rois catholiques. Et de don Pelayo qui, à Cadavonga, vers 800, aurait livré bataille. Bataille ? Elle n’est qualifiée telle qu’à partir de 883. Totalement ignorée des chroniques musulmanes. Admettons qu’une retentissante défaite ait été mise sous le boisseau. Sauf que, dans les chroniques chrétiennes, est décelé le calque d’une bataille entre un Pelayo et des Chaldéens (occupant alors l’Irak). Bref, L’Exode aurait été pompée
On ne sait pas trop qui était ce Pelayo ibère. Un Wisigoth ? Un hobereau local ? Un soldat de fortune venu du Cantabrico ? Soit de Biscaye.
Or il n’est même pas sûr que les divers Goths aient vraiment dominé l’ensemble de la péninsule ibérique.
Mussolini fit révérer Romulus et Rémus jusqu’en Roumanie, les Anglais revendiquent l’héritage du kuningan Arthur, et les Allemands (entre autres), celui des Nibelungen. Tout comme les Ukrainiens mettent en avant des Vikings (sans parler des Normands issus des Norsemen). Et qui étaient donc les aïeux de nos ancêtres les Gaulois ?
Identitaires de tous les pays… Vox, en Espagne, remet au goût du jour l’épisode fumeux de Covadonga. Et en fait, pendant huit siècles, dans l’Espagne actuelle, on adopta la religion dominante du cru dans lequel on vivait. Telle localité vaut bien une messe ou une circoncision (souvent facultative).
Et « notre » Cid ? Un mercenaire, qui combattait, selon le gré du plus offrant, sous une bannière mahométane ou chrétienne. Un condottiere, en quelque sorte.
J’ai constaté l’essor d’une langue croate distincte arbitrairement de l’ex-serbo-croate, le flop du dictionnaire modalvo-roumain, et je prédis, en vérité, en vérité, que des régionalistes, un peu partout, se forgeront des identités pour obtenir davantage d’autonomie.
La réunification irlandaise n’est plus utopique : d’une part, les « catholiques » (ou se définissant tels) sont désormais majoritaires, et les jeunes unionistes ne se sentent plus vraiment britanniques (ou se déclarent indifférents, davantage soucieux des avantages de rester dans l’Union européenne). En contrepartie, les Écossais seraient favorables à l’indépendance en cas de Brexit, mais partisans du statut quo si le Royaume-Uni restait dans l’Union européenne. Cela reste flou, je peux me fourvoyer, tentez de vérifier par vous-mêmes.
À quoi tient notre sentiment d’appartenance ? À nos sentiments du moment et du rapport de forces ? Et comment auto-justifier nos reniements, ou nos enracinements dans nos convictions antérieures ?
La présomptueuse « identité » fondée sur l’antériorité de mythiques racines communes est caduque, pratiquement partout, en particulier en Europe. La volonté du « vivre ensemble » est beaucoup plus primordiale et gagne à s’affirmer indépendamment de toute considération ethnico-farfelue ou liée à la religiosité. Ce qui semble plaider pour un « entre-nous ». Mais ouvert à toutes et tous. Et non hostile aux « autres », l’hostilité étant un faible facteur de cohésion durable (au fil des siècles). Comment l’articuler ? Déjà en ne s’enferrant pas. La remise en cause du concept de reconquête en Espagne me semble un pas en avant salutaire. C’est pourquoi j’en fais état.

De la duplicité des Juifs… selon Donald Trump

Le Donald : le Juif qui n’est pas pour moi est un mauvais Juif

Pro-Israël, certes. Donald Trump l’a réaffirmé en Floride devant l’Israel American Council. Et même judéophile… Mais sa vision des Juifs laisse pantois.
Je ne sais trop comment Donald Trump définit les Juifs (lesquels, qui ne forment pas une ethnie, se définissent diversement) mais s’adressant à des membres de l’Israeli American Council, en Floride, hier, il pouvait être sûr que son auditoire se définissait tel.
Imaginez maintenant Emmanuel Macron s’adressant aux convives du dîner du Crif pour les interpeller : je vous connais, nous venons des mêmes moules, des milieux d’affaires, vous placerez votre pognon au-dessus de vos convictions. Et que je vous apprécie ou non est subsidiaire. Mais il y a des brebis galeuses parmi vous qui n’aiment pas suffisamment Israël. Votez tous pour moi et faites pression sur vos dissidents.
Bien sûr, Donald Trump ne l’a pas énoncé ainsi (c’est trop élaboré pour lui), mais qu’on en juge…
« Même si vous ne m’aimez pas – comme certains d’entre vous que je n’aime pas davantage en fait — vous allez être mes plus fervents partisans ». Parce que si les démocrates m’évincent, « vous serez en faillite en un quart d’heure ». J’adapte, car parfois, on a du mal à suivre le Donald, et que son anglais doit parfois être adapté en anglais.
Donald Trump connaît fort bien son auditoire : il est,  à ses yeux, composé de promoteurs et d’hommes d’affaires du secteur de l’immobilier, comme lui-même. Des « tueurs » (killers), des loups en affaires. « Vous n’êtes pas du tout des agneaux [nice people, vu que « gentils », ici, serait inapproprié] mais vous n’avez pas le choix. ».
Les démocrates, comme « Pocahontas » — la sénatrice Elizabeth Warren, qui avait fait valoir des ascendances amérindiennes, et ainsi surnommée par Trump —vont vous saigner à blanc, « vous prendre 100 % de vos fortunes ». En fait, entre deux et six pour cent d’imposition, selon la proposition d’Elizabeth Warren.
En plus, parmi les Juifs étasuniens, estime-t-il, certains ne sont pas assez loyaux : ils n’aiment pas assez Israël. On aurait tort d’y voir la dénonciation d’une double appartenance. Donald Trump et tous ses partisans All American (dont des évangélistes) seraient encore plus pro-Israël que des Israéliens. Ne pas être pro-Israël, c’est ne pas être pro-Américain.
Disserter sur la judéophobie ou judéophilie de Donald Trump n’a guère de sens. Trump est trumpophile, point. Intensément. Totalement égocentré. Il s’est vanté pendant trois-quarts d’heure, interrompu seulement par des slogans (Four more years! Twelve more years! ou second, quadruple mandat).
En fait, moins de 30 % de celles et ceux se disant Juifs aux États-Unis sont favorables à Donald Trump. Autant de renégats, selon lui. Ou d’inconscients car, parmi eux, il y a « des gens bien » (great people).
Une menorah (chandelier) lui fut remise par Miriam et Sheldon Adelson, des propriétaires de casinos de Las Vegas, sous les applaudissements. Dans le public, environ 4 000 personnes, des casquettes rouges (Maga hats, Make America great again), étaient brandies et agitées.
Si Trump n’a pas évoqué Netanyahu (ou Gideon Sa’ar), rapporte The Times of Isarel, il s’est prononcé sur le protocole israélo-palestinien. Autant laisser tomber : si son gendre renonce, c’est que c’est plié : « Si Jared Kushner n’y parvient pas, c’est que c’est impossible » (de poursuivre ou tenter d'aboutir). En d’autres termes, la paix entre Palestiniens et Israéliens est une chimère.
Il a bien sûr condamné le mouvement BDS (boycott, divestment & sanction). Et s’est prononcé pour l’extension des colonies. Annoncé que le Taylor Force Act (prévoyant la fin de l'aide financière accordée à l'Autorité palestinienne) sera ratifié par une loi. Bref, ce n’est pas tout à fait un éloge de la pureté de la race, mais de l’opinion : le vrai Juif de la Judéité vraie est pro-Trump… Pour lui, un seul suprématisme (blanc, noir, autre...), un seul peuple élu : le peuple de Trump, son messie, son madhi. Et d'autres... Accessoires, d'autres pays, dont il répond aux dirigeants (à propos de la reconnaissance de Jérusalem pour capitale d'Israël et l'ambassade américaine) : je vous rappelle (cause toujours...). 
J’imagine quelques Dieudonné se frottant les mains. Les Juifs, c’est le pognon d’abord, et on ne pourrait le dire ? Regardez : les Juifs ovationnent ces propos.

Brexit : l’irrationnel peut l’emporter


Jusqu’au mépris de l’évidence…

Selon une consultation en ligne du Daily Express, seulement 13 % des visiteurs de son site considèrent que les documents, issus de sources gouvernementales, dévoilés par Jeremy Corbyn, sont authentiques. Stupéfiant.
Je ne vais pas vous remémorer de quels documents Jeremy Corbyn a fait état, c’est sur ce blogue-notes, et largement exposé par ailleurs. Ils concernent des tractations préliminaires relatives à l’accord recherché par les conservateurs avec les États-Unis, abordant la question du marché médical, et des modalités d’échanges commerciaux entre la partie du Royaume-Uni située en Grande-Bretagne et l’Irlande du nord (et entre l’Irlande du nord et la République d’Irlande).
Même Boris Johson n’a pas contesté leur authenticité, ni fait valoir que les services russes seraient à l’origine de la fuite. Il s’est borné à déclarer que leur teneur était soit obsolète, soit irréaliste, spéculative.
Ce qui n’a pas empêché le Daily Express de soumettre la question à son lectorat : croyez-vous que ces documents soient réels (et non des faux, sous-entendu) ?
Le fait même de poser cette question interroge.
Ce qui est plus grave, c’est que ce 8 décembre aux petites heures, seulement 13 % des répondants considèrent ces documents authentiques (avec seulement 2 % d’indécis).
L’accusation induite est grave : avoir falsifié des documents ou faire état de documents falsifiés.
En fait, cela révèle surtout que, quels que soient les arguments avancés, une large partie de l’électorat campe sur ses positions et préfère user d’invectives, se réfugier dans le déni.
Je n’insiste pas sur le fait que le Royaume-Uni est le pays ayant initié une forme de démocratie parlementaire avant tout autre de toute l’époque « contemporaine ».
Que nous partageons, depuis des siècles, une culture commune avec les Britanniques. On me rétorquera que le lectorat du Daily Express n’est pas représentatif de l’ensemble, à fort juste titre.
Il n’en est pas moins proche de la majorité du lectorat de la presse dite populaire (The Sun, The Telegraph, &c.), très majoritairement favorable au Brexit.
Forte population qui ne se distingue guère sensiblement d’une partie importante de celle du continent européen (ce qu’il me resterait, d’évidence, à démontrer, mais partons de ce présupposé que j’estime viable, notamment pour l'Europe centrale et de l’est, et du sud, ce qui inclut la France ; je suis moins au fait du Bénélux, de la Scandinavie, des pays baltes, &c.).
Je suis inquiet. Plus que cela, alarmé, sidéré. Il faut reconsidérer la notion de manipulation des masses, lesquelles dictent à qui les confortent dans leurs convictions ce qui doit leur complaire.
En l’occurrence, c’est ce que je crois (à tort ?), le Daily Express ne manipule pas ainsi son lectorat mais répond à ses attentes. C’est du moins le postulat que je propose aux sociologues de la mobilisation de prendre en considération.
Qui fait, à présent, l’œuf, et qui la poule ?
Je n’établis pas un parallèle avec les documents relatifs aux financements libyens ayant pu bénéficier à tel ou tel. Je remarque simplement qu’en France ont été émis les opinions que certains étaient forcément authentiques ou falsifiés. Ce avant même qu’il soit possible de le déterminer.
Mais cela n’importe peu : plus rien ne semble pouvoir modifier l’opinion préconçue d’une majorité de gens se prononçant pour ou contre quoi que ce soit. Ce n’est pas tout à fait nouveau, et je ne remonterai pas à l’affaire Dreyfus. L’affaire Grégory (pour/contre la mère ou les Laroche), n’est pas si loin de nous (en tout cas de moi qui eut à la vivre). Mais il n’y eut pas de consultation : croyez-vous ou non que…
Je parle, j’écris peut-être à tort et à travers. On ne m’ôtera pas de l’idée que la consultation du Daily Express est un fait significatif méritant de s’interroger plus amplement. Et je ne vous incite pas à répondre par oui ou non. Mais à considérer l’option peut-être. Ou peut-être pas dans telle ou telle mesure. Ce qui reste la seule manière de réfléchir avant de réagir. Et de fonder ses convictions.

samedi 7 décembre 2019

Donald Tusk, un néo-nazi ?

Donald Tusk veut-il éliminer les débiles mentaux ?

Euh, pardon, les mentally impaired, comme Donald Trump. Si l’on comprend bien, Donald Tusk serait un adepte d’Alexis Carrel, de Gobineau, et de leurs émules nazis ? Dans la foulée des divagations de ce pauvre Donald Trump sur les ampoules électriques et les chasses d’eau, on peut (faire semblant de…) se le demander.
Voici quelques temps que j’enjoins Donald Tusk, devenu président d’un groupe parlementaire européen, de cesser d’interférer dans la campagne des élections britanniques. C’est contre-productif. Mes avertissements, injonctions, sont restées lettre morte. Cette fois, il est temps que je mette en ligne une pétition : taisez-vous, Donald Tusk. Autant ne pas tenter de se faire mousser en pissant dans un violon. Ce qui devient trop fréquent. 
Certes, son geste malencontreux est intervenu après que Donald Trump ait une nouvelle fois divagué, cette fois à propos des ampoules et des chasses d’eau. Mais, déjà, au cours de la campagne électorale du candidat républicain, et depuis lors, maintes et maintes fois depuis son accession à la Maison Blanche, les interrogations sur sa santé mentale se sont multipliées.
Et voici que Donald Tusk inciterait à l’éliminer. Son geste, aussi inadmissible que sournois, consistant à pointer trois doigts dans le dos du Donald, évoque surtout les heures les plus sombres et tragiques de l’histoire européenne : l’élimination des aliénés par les nazis. Un holocauste indifférencié, sans trop de justes honorés pour avoir contribué à épargner des victimes.
Plus sérieusement… On avait eu Giscard jouant de l’accordéon. Nous avons Donald Tusk se faisant de l’auto-promotion pour le moins maladroitement.
En poussant l’électorat brexiteer britannique à se rebiffer, en incitant The Trumpland à conspuer l’Union européenne. J’exagère ? Bien sûr. Quoique…
C’est mon opinion, et je m’en félicite, un lambda de mon acabit peut se permettre (dans le respect des lois en vigueur) diverses interprétations parodiques.
Mais quand on voit un Brésilien se gausser d’une Première dame française, un Turc mettre en cause les facultés mentales de son homologue français, un peu de retenue de « notre » part (Tusk et moi-même ; discutons-en, Cher Donald) semble s’imposer. Nous ne jouons pas dans la même cour de récréation, je n’engage que moi, pas l’ensemble des Bretons.
Donald Tusk, vis-à-vis de l’opinion internationale, engage, qu’il en soit ou non conscient (et à mon humble avis, il l’est), l’Union européenne. De plus, ce qu’il s’autorise pousse des dirigeants européens (suivez mon regard vers Budapest, un temps Rome, bientôt Madrid ?) à parodier Jean-Marie Le Pen. Ce n’est pas « un détail ».
Je monte cela en épingle ? Soit. Mais Trump a déjà fait des émules. Toute surenchère inverse serait néfaste. Il y a des mots pour le dire, comme Alexandra Hall Hall en a fait la démonstration (dans sa lettre de démission du Foreign Office).
Que j’estime que Donald Trump ne fut jamais trop fut-fut, et qu’il se crétinise chaque jour davantage, que je prenne Boris Johnson pour un égotiste aventureux prêt à contourner le réel pour favoriser sa carrière est une chose.
Et j’vous dis pas c’que j’pense des Windsor. Non pour m’éviter des poursuites pour outrage à chef d’État étranger (cela demanderait un trop long développement qui vous barberait). Mais Donald Tusk et moi ne disposons pas du même bouchon à pousser un peu loin.
N’empêche, je n’ai pu m’empêcher de sourire de cette facétie incongrue. Et ne peux non plus regretter que Donald Tusk ne puisse faire obtenir un coupe-fil à Noël Gaudin, l’entarteur. Je verrais très bien Emmanuel Macron épingler un poisson d’avril purulant, en décomposition, étouffé, les ouïes obturées par du plastique, dans le dos de Donald Trump. Mais en imagination seulement. Peut-on souhaiter que ces adultes s’imposent la retenue qu’observe Greta Thunberg dans ses propos ?
On a parfois besoin de l’exemple d’une plus petite que soi, n’est-il point, Donald Tusk ?
Elle n'a pas besoin de relever la toute, toute dernière (en date) du Donald (Trump). Selon lui, il est le plus beau, le plus fort de tous les présidents (quand même pas plus gros que Mao). Donald Trump The Greatest. Oubliez Alexandre, César, le Moro Naba de la Haute-Volta puis du Burkina, Attila, Genghis Khan, Calvin, la reine Victoria, Mohamed, Suleman, divers tsars, kaizers, car lancé à toute vapeur sur les rails du capitalisme, ô Potus Trump, t'es le meilleur. Inutile de mentionner Washington, Roosevelt, Lincoln ou Jefferson. Ils n'étaient pas de la même envergure. Cela se discute : Néron, Caligula n'avaient pas démérité, mais font en regard pale figure. Donald Tusk, comment as-tu osé suggérer un déicide ?
L'avant-dernière, c'était que 95 % de... la population mondiale ? des Étasuniens ? approuvaient, soutenaient, portaient aux nues les républicains, le GOP. Donc Donald Trump soi-même.
Et puis, Donald Tusk, un peu d'humilité. Tékitoué ? Quand le vrai Donald (tweet du 21 nov., parmi 19 en salve) indique « je suis encore plus riche que les gens l'imaginent », qu'as-tu à rétorquer ?  Tu peux t'aligner ? 

Donald Trump obligé de tirer la chasse 15 fois

Est-ce sa digestion qui le fait paraître orange ?

Graves questions… Soulevée par Donald Trump se plaignant des chasses d’eau et des ampoules électriques récentes. Ce qui démontre son attention aux moindres détails le détournant d'accorder l'attention nécessaire à l'accomplissement des tâches de sa fonction.
It’s not the amount of water, stupid! C’est ce qu’on pourrait rétorquer à Donald Trump au sujet de ses remarques sur le contenu des chasses d’eau. Ce qui compte, c’est la nature et la fabrication des cuvettes. Hugh, ai-je décrété.
Que mon opinion prévale ou non, alors que des millions de gens de par le monde n’ont pas accès à de l’eau (potable ou non), ni à des lieux d’aisances appropriés, on peut s’interroger sur les priorités du Potus, le président des États-Unis d’Amérique.
Ses préoccupations, d’intérêt planétaire, et qui feront couler plus d’encre (et donc, d’eau) que de larmes (et c’est pourtant à en pleurer), me sidèrent.
D’abord les ampoules électriques : non, il ne se plaint pas que la production d’ampoules classiques ait cessé car les précédentes étaient trop durables. L’une, mise en service en 1901, dans une caserne de pompiers de Livermore (Californie) est toujours capable de produire de la lumière (et c’est un modèle conçu, cocorico, par Adolphe Alexandre Chaillet).
« Ils ont mis au rencart l’ampoule à laquelle nous étions habitués. La nouvelle est beaucoup plus chère et, cela me défrise, elle ne vous met pas en valeur », a déclaré le Donald en substance, devant un auditoire médusé.
C’était hier vendredi et le Donald a proclamé des mesures d’urgence, s’appliquant en premier lieu à la Maison Blanche. Le très pommadé Donald Trump considère que des ampoules récentes lui donnent une complexion orangée, comme s’il avait abusé d’onguents à base de carotène. Chochotte, va.
Pour le moment, le corps médical, qui avait incriminé son shampoing et ses lotions capillaires, susceptibles d’influer sur son état mental de plus en plus… stupéfiant, ne s’est pas penché sur la question. Cela ne saurait tarder.
Le sot regarde le doigt, et non la lune ; mais le Donald se préoccupe aussi de son postérieur.
En effet, poursuivant sur sa lancée du plafond au sol et même sous-sol, il a fait état de l’attention toute particulière qu’il accordait aux lavabos, bidets, douches, &c. Il n’a pas mentionné les éviers : ses personnels de maisons (Blanches, tours, clubs de golf) ne lui ayant pas encore fait remonter leurs doléances.
Avant, c’était mieux. À présent, les honnêtes citoyens américains doivent tirer jusqu’à « dix, 15 fois la chasse ». Comme le régime alimentaire du président et celui d’une majorité de citoyens sont proches, on mesure l’ampleur de la catastrophe. Prendre une douche ? Tout juste obtiendrait-on un maigre filet d’eau. En raison de mesures environnementales ? Non, pour une fois, si ce n’est insidieusement, laissant entendre la source de la cause, le Donald ne les a pas invoquées. Mais l’eau ne manque pas : la pluviosité de certains États est plus qu’abondante, et leurs gouverneurs (démocrates ?) ne savent pas en tirer parti.
Il n’a pas désigné ces États, dont les offices touristiques respectifs, mouillés, pourraient protester.
On attend avec impatience, sur Twitter, la démonstration du Donald : histoire de contempler ses somptueuses selles, et de vérifier le nombre de fois qu’il lui convient d’actionner la chasse. Et pour établir une moyenne, il faudra qu’une séquence quotidienne permette d’établir des graphiques fiables.
Il a ensuite passé la parole au vice-président, Mike Pence, qui n’a pas estimé judicieux d’annoncer que ces récriminations du président méritaient des commentaires. Pourtant, combien de fois le Donald va-t-il chaque jour à la selle ? Cela l’empêche-t-il de se livrer à ses occupations favorites, twitter et regarder la télévision (surtout des séries et des émissions de jeux) pour prendre le pouls de l’état du monde ? Quel est le temps moyen de remplissage des réservoirs des cuvettes (à multiplier par dix-douze ou davantage) ?
Au lieu de perdre leur temps à débattre d’une mise en examen, la majorité démocrate chez les représentants n’aurait-elle pas des sujets plus importants à soumettre à l’intention du Congrès ?
Les implications sont multiples. Sur le budget de la Maison Blanche, sur la capacité du président à se consacrer à d’autres tâches… Une suggestion : la purge biquotidienne, et par souci écologique, jeter sur les pelouses depuis les fenêtres.
Pour les ampoules, pourquoi ne pas revenir aux bougies ? Buckingham Palace emploie un valet à plein temps pour remonter les horloges. Le prestige de la Maison Blanche souffre de la comparaison.
Il est aussi fait état, par ailleurs, de ce que, après avoir critiqué Hillary Clinton qui ne surveillait pas d’où et comment elle émettait des courriels, par inadvertance, Donald Trump passe des coups de fils non suffisamment sécurisés (donc écoutables).
Subsiste-t-il encore un pigeonnier à la Maison-Blanche ? Dont les ramiers seraient escortés par l’Air Force ? Qu’en pense l’Otan ?
Un infâme détracteur du président invoquer Roosevelt et Kennedy (visuel). Lesquels n'avaient pas ces problèmes d'éclairage et de chasses d'eau. Nul et non avenu.
L'enfer se niche dans les détails, dans le fondement du président étasunien, dans l'interaction entre lumière artificielle et sa complexion.
Cessons de monter en épingle des sujets subsidiaires (réchauffement climatique, bisbilles commerciales et échanges internationaux, immigration, Brexit, explorations spatiales, j’en passe). L’essentiel doit primer. Il en va du devenir du monde libre !

vendredi 6 décembre 2019

Brexit : Sécu et Irlande infléchiront la courbe des élections ?


Boris Johnson pourrait perdre son siège (et Downing Street)

Dès l’annonce des élections britanniques, le 12 prochain, et jusqu’à ce jour, il restait considéré que c’était quasiment plié : les conservateurs retrouvant une majorité au Parlement. La question irlandaise va-t-elle renverser la tendance ?
Déjà, évoquons le cas personnel de Boris Johnson qui se présente dans une circonscription fortement Remainer, a priori favorable à la candidate libérale-démocrate. Sauf que, si Boris Johnson resterait en tête des intentions de vote, le candidat du Labour lui grignote des points et passe devant la Lib-Dem. Et à l’approche du scrutin, les appels au vote « utile » (tactical) s’exacerbent. Par exemple, John Major, ancien Premier ministre conservateur, enjoint à faire barrage à Boris Johnson et au Brexit. Tony Blair de même, mais là, ce n’est guère nouveau.
Ce qui fait que la Lib-Dem Jo Swinson est fortement incitée à retirer sa candidate (sans contrepartie, mais allez savoir si le Labour ne retirera un·e candidat·e dans une circonscription favorable aux Lib-Dem).
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux dernières élections, sur la très petite circonscription de l’ouest de Londres proche d’Heathrow, Uxbridge, Boris Johnson n’a obtenu que 5 000 voix d’avance. Il faut aussi prendre en compte, pour ce vote à un seul tour, qu’Uxbridge inclut une université et que la majorité de ses étudiants ont choisi de voter non pas dans leur circonscription d’origine, mais dans celle-ci (les étudiants ont le choix). Que parmi les 11 candidat·e·s se trouvent aussi des farfelus ne l’étant pas tout à fait (genre, à Paris, Gaspard Delanoe, « le vrai », candidat indépendant dans son arrondissement mais proche de Julien Bayou). Il s’agit de Lord Buckethead (tronche de seau), de Count Binface (gueule de poubelle ; ex-Lord Buckethead en 2017), soit deux activistes expérimentés, écologistes, qui se partagent la tâche de faire barrage à Johnson davantage qu’à recueillir des voix. Lord Toby Jug et Howling Laud Hope, candidats lors de l’élection de 2015, ont jeté l’éponge (à moins qu’il s’agisse encore des mêmes…).
Et puis, la population est quasiment scindée et sa partie « populaire » s’est enrichie d’électeurs issus de l’immigration. Et Ali Milani, du Labour, monte dans les sondages… Ajoutez que l’UKIP, du fait du retrait du Brexit Party, pourrait remonter vers les 5 % des suffrages.
Mais l’événement du jour, c’est qu’une fois de plus le Bojo fait encore plus figure de hâbleur promettant tout et prêt à réaliser le contraire, cette fois à propos de l’Irlande du Nord.
Jeremy Corbin avait dévoilé des documents confidentiels portant sur la Sécurité sociale (le NHS) du temps de Theresa May. Ils laissaient entendre que l’accord commercial avec les États-Unis n’irait pas de soi. Tant Boris Johnson que Donald Trump ont clairement déclaré qu’un accord incluant les médicaments, le domaine médical, &c., n’était plus à l’ordre du jour. Mais partie de l’opinion peut considérer que cela reviendra par la fenêtre, post-rupture entre le royaume et l’UE.
Cette fois, Jeremy Corbyn a brandi une quinzaine de pages traitant des relations entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, et entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. En substance : Boris Johnson est un menteur, ses proclamations ne valent rien car il y aura de la paperasse et des taxes pour les transactions entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, et entre cette partie du Royaume-Uni et la République d’Irlande. Boris Johnson a aussitôt démenti : ces documents gouvernementaux sont obsolètes (air connu).
Quant à la presse pro-Leave, elle a mis d’abord en doute leur authenticité avant de pacer surtout en avant la réplique de Boris Johnson. Les pro-Leave les plus virulents ont argué que Corbyn, l’ami des Soviets devenu copain de Poutine, avait obtenu ces documents des services secrets russes. Ambiance.
Ce nouvel élément ne sera pas unanimement pris en compte. Pour des pro-Leave anglais, cette question de l’Irlande du Nord est secondaire (même une possible réunification les laisse tièdes). Pour les unionistes, y compris anglais, gallois et écossais, et le Brexit Party, difficile de prévoir leurs réactions. Mais pour les indécis, cela sent mauvais pour les conservateurs. Car ils ont dû clairement se ranger derrière le Premier ministre, en faire le Superman qu’il veut paraître, &c.
Serait-ce si déterminant ? Allez savoir…
Le Bojo soutient maintenant qu’il n’a jamais vu ce document, que ce qu’il contient est délirant, mais les experts en commerce international risquent de le contredire rapidement. Même le Daily Express n’en nie plus l’authenticité. The Telegraph préfère ressasser que le Labour et Corbyn sont judéophobes. Ou tape sur le SNP écossais. Ou encore, au cas ou Corbyn l’emporterait, indique — paradoxe total pour un titre Leaver — que la Grèce accueillerait ses lecteurs à bras ouverts.
Cela peut favoriser une défection conservatrice (des électeurs votant pour des conservateurs dissidents, ou pour des indépendants, s’abstenant), peut être égale à celle des travaillistes Leavers. Mais beaucoup de jeunes se sont pour la première fois inscrits sur les listes électorales, ce qui devrait favoriser le Labour ou le vote utile.
Ce soir, sur la BBC, Johnson et Corbyn s’affronteront lors d’un face à face. Ce sera leur ultime duel télévisé. Cela risque peu de faire bouger les lignes, mais qui sait ?
Je ne sais si toutes les questions ont été à l'avance débattues ou évoquées entre le journaliste jouant le rôle d'arbitre à l'avance, mais le public pourra poser des questions. Et l'actualité chaude risque de leur inspirer des questions gênantes pour Boris Johnson, du genre :
— Et pourquoi venez-vous de renoncer à faire campagne dans votre circonscription (il était attendu par ses soutiens conservateurs locaux, il a décliné l'invitation, vient-on d'apprendre) ?
— Alexandra Hall Hall, la diplomate britannique en charge du Brexit à Washington vient tout juste de démissionner en vous traitant de menteur... Que répondez-vous ?
Bon, Alexandra Hall Hall, ex-ambassadrice en Géorgie, 33 ans sous le harnois du Foreign Office, n'a pas mis nommément en cause le Bojo... Mais chargée d'exposer le Brexit à Washington, elle n'en peu plus des demi-mensonges, dictés par des politiciens en lesquels elle ne peut plus accorder sa confiance. Comme le rapporte CNN, la situation lui était devenue « intolérable personnellement » et « intenable professionnellement ». Or, elle agissait en bonne petite soldate (soit qu'elle défendait la position britannique et qu'elle se préservait d'exprimer son opinion personnelle sur le Brexit, qu'elle tait encore après sa tonitruante démission).
Elle met en cause la fausseté des éléments de langage lui ayant été transmis. Le Foreign Office s'est refusé bien sûr à tout commentaire, normal, mais Downing Street, après cela, a enjoint la presse à s'adresser au Foreign Office. Gros embarras.
J'ai souvent répété ici que les officiels européens devaient se préserver d'évoquer leurs opinions (suivez mon regard : Tusk et autres) au cours de cette campagne électorale. Les Britanniques s'en chargent beaucoup mieux qu'eux.
Il se trouve que la lettre de démission d'Alexandra Hall Hall, datée du 3 dernier, est détaillée, circonstanciée, &c. Rendue publique à moins de deux heures du début du face à face, il y a fort à parier qu'elle sera exploitée par Corbyn.
Lequel pourra dire qu'il reste neutre sur le Brexit, reste à l'écoute, ne fera ni campagne avant ou après l'élection sur le sujet. Mais qu'il continuera à dénoncer les mensonges des conservateurs pro-Johnson. Comme Alexandra Hall Hall, en quelque sorte. Et le politologue le plus en vue considère que sa neutralité peut payer. Sir John Curtice considère que les Remainers voteront Labour aux dépens des Lib-Dem. Or, n'oublions pas que le scrutin est uninominal à un seul tour...
En sus, Lord Heseltine, un grandee (grand nom) des Tories, vient d'en rajouter une couche. Il évoque les désastres à venir en cas de Brexit, et le démantèlement du Royaume-Uni (Écosse et Irlande du Nord prenant la tangente). C'est chaud pour le Bojo.
En sous-main, Bojo se la joue à la Trump : que Corbyn divulgue comment il a obtenu des documents officiels (que le lanceur d'alerte l'ayant conduit à une éventuelle mise en accusation se dévoile, exige Trump).
Bien, admettons que Johnson perde sa circonscription... Il se trouvera bien un conservateur d'une autre, très correctement élu, pour céder la place, démissionner, et laisser le Bojo lui succéder (et envoyer ce député complaisant chez les Lords)... Sauf si, le clan No-Deal autour de Johnson se débande.
Bref, attendez-vous à savoir que jusqu'au soir du 12 décembre, il sera plus qu'ardu de savoir ce qu'il en sera.
Et ce débat ? Bof. Inconclusive. Avec un léger avantage pour Johnson. Normal. L'opinion restant majoritairement pour les conservateurs, sauf surprise, il devait en être ainsi. Cependant, l'écart se resserre.
Cependant, avantage au Bojo qui veut rétablir totalement le système duodécimal : les ounces, et pourquoi pas les guineas, les half-crowns ? Les farthings ? Soit un quart de penny ? Moi aussi, je voudrais bien que le carambar ou le malabar reviennent à cinq ronds (cinq centimes de nouveau franc). Mais aussi que mon dentier reste remboursé par la Sécu. Et là...
  

jeudi 5 décembre 2019

Fait vs opinion : les ados si dans le flou ?

Comment (moi-je pas seul) sauverai-je l’Éduc’ Nat’

Selon le classement mondial Pisa de l’OCDE, 9 % des adolescents (de 79 pays) seulement feraient la différence entre une opinion et un fait… C’est une moyenne, et les ados français se situent très près de ce taux, assez (litote) loin derrière ceux de Singapour, de la Chine, et de l’Amérique du Nord.
C’est un article de Slate, traduit, adapté — et augmenté — de celui du site Quartz, qui m’a intrigué. J’ai d’abord comparé les deux versions. Et je n’en ai retenu que ce qui fournit les deux titres, à peu près identiques. Mais le reste n’est pas anodin, donc, allez voir
Cela étant, je me suis aussi demandé sur quoi se fondaient et ces articles et leur source. Les deux articles reflètent correctement les documents de l’OCDE.
Mais je n’ai pas été en mesure vraiment de dire si, oui ou non, ce pourcentage, seulement 9  % des ados de 15 ans capables de discerner ce qui est un fait ou une opinion, était une opinion ou un fait, ou du n'importenawak.
D’accord, c’est une manie hexagonale de mettre en doute la validité des classements, de remettre en cause leurs bases et fondements (ex. le classement mondial des universités).
Et peut-être que ma « démonstration » est faussée. Je n’ai trouvé, en versions anglaise et française, sur le site Pisa, qu’un seul test (portant sur un texte traduit) ne comportant qu’une seule fiche évaluant ce départage entre opinions et faits.
En plus, j’ai eu une réponse fausse sur cinq. J’ai estimé que, oui, l’un des exemples les plus troublant du livre en question « est celui de l’île de Pâques ». Peut-être ai-je répondu à la va-vite, ou estimé que l’auteur du livre (chroniqué) avait clairement indiqué que cette île était le plus troublant des exemples d’impact civilisationnel sur un environnement. Ou parce que, ayant lu d’autres livres sur le sujet, dont Sapiens (Harari), je considère, effectivement, que cette île constitue l’exemple par excellence de l’influence des hommes sur le milieu naturel. Parce que plus documenté que d’autres, plus débattu, &c.
Si en réalité, toute une série de tests visant à déterminer ce départage fait/opinion a été soumise aux élèves, mon exemple, trop partiel, est donc partial.
Mais, m’enfin, aurait dit Gaston Lagaffe, qui ne manquait pas plus de jugeotte que son créateur, Franklin, ce programme international pour évaluer les élèves (student assesment) est-il aussi fiable qu’on pourrait le penser ?
Parce que le fameux « c’est toi qu’il dit qui l’est » pourrait être soit un fait, soit une opinion. Dans un cas, c’est une réplique facile, dans un autre, il est avéré que l’accusateur mérite en retour l’accusation.
Je sais, vous allez penser : il s’est gouré, il est vexé, il nous baratine. Vous n’avez pas « tout faux ». En sus, Breton, tête de… et contaminé par l’école française (Descartes, tout cela). Et il se prétend journaliste, pftt.
D’accord, mais j’ai au moins consulté le document préfacé par Angel Gurria, secgen de l’OCDE. Et que les faits sont les faits.
Le score moyen de la France est de 493 (contre 555 pour la Chine, talonnée par Macao, Singapour, Hong-Kong), ce qui la situe au 23e rang, juste derrière la Belgique, dix places derrière… le Royaume-Uni (certainement sauvé par l’Écosse et le Pays de Galles, voire l’Irlande du Nord et Cornwall, ce qui, là, même un ado comprend qu’il s’agit d’une opinion… quoique… plutôt une présomption non-vérifiée que, peut-être, des faits établiraient valide).
Ce qui serait une opinion : c’est la faute du temps passé devant les écrans, le temps consacré par les ados aux réseaux sociaux. Ce qui pourrait être un fait : s’il fut titré ainsi, par Slate et Quarx, c’est avec cette opinion en arrière-pensée.
Plus généralement, les sciences humaines, même bardées de statistiques, ne sont pas devenues des sciences exactes. C’était présenté tel un fait en fac, département de socio, circa 1980, troisième année, et j’en suis resté là (enfin, pas tout à fait, aurait nuancé Raymond Devos pour ma défense).
Je ne remets pas en cause ce classement, je l’estime alarmiste, peut-être à visées incitatives (peut mieux faire, signale-t-on à la France et pays suivants).
Il reste que la France, pour la lecture, était au 22e rang en 2009, au 21e en 2012, au 19e en 2015, et qu’il est constaté une régression. Ne me faites pas gloser sur l’immigration : des pays mieux classés ont accueilli proportionnellement davantage d’élèves immigrés.
En revanche, c’est mon opinion et je m’en félicite, la France ne compte pas 91 % d’ados de 15 ans limite débiles ou abrutis, pas plus futés que des crétins des alpages. Sinon, il serait plus qu’urgent de procréer avec des Asiatiques aux méthodes parentales et éducatives (mode scolaire) supérieures — au passage, le gamin de ma voisine chinoise est un petit génie en maths et autres matières.
Autre constat, sempiternel, les ados issus des CSP+ s’en tirent mieux un peu partout, mais encore bien mieux en France.
Je vais aussi digresser… Et déraper (péché mignon). Je compte trois profs de français dans mes proches (très, très proches, fifille, mon excellente bru, et une copine). Dont l’une se plaint de sa rémunération (râleuse comme son papounet, celle-là…). Elle n’a pas total tort, d’ailleurs. Mais, il faudra qu’elle m’explique. Le Royaume-Uni est mieux classé alors que des profs d’anglais (et autres matières) y dorment dans leurs véhicules, voire provisoirement chez de multiples connaissances, parfois dans des abris de jardin. Je n’invente rien, ce ne sont pas des cas si marginaux (voir la presse britannique).
Le Royaume-Uni se contente d’un secrétaire d’État à l’éducation (the Rt Hon Gavin Williamson). Digressons encore plus fort et abusivement. On parle des plantes vertes et planqué·e·s dans la police, et peu dans l’Éduc’ Nat’. D’accord, c’est bien français, cela, botter en touche, pointer les autres du doigt et fort peu soi. Si j’étais ministre… (mes infimes états de service dans le supérieur ne me permettent pas de prétendre aux palmes académiques ; mais ministre, pourquoi pas : au tirage au sort). Eh bien, peut-être serai-je plus à l’écoute des enseignants et moins à celui de mon aréopage. Parce que cela reste trop petit doigt sur la couture du pantalon en appliquant les recommandations de l’inspection (donc, du ministère). Il ne manque que peu de boutons de guêtre au corps enseignant. L’avancement en dépend.
Et puis, les meilleurs profs selon le ministère ne sont pas forcément les meilleurs pédagogues. Mais les plus capés (subtil jeu de mots sur les agrégés enrobés de parchemins, comme les Michoko de La Pie qui chante).
J’avais, en terminale, en maths, un prof de fac. Qui avait compris que j’étais une cause perdue. Merci de m’avoir foutu une royale paix. J’étais de toute façon ir-ré-cu-pé-ra-ble. Même mon meilleur pote (taupin, puis fac de maths, car devenir archicube ou Xpont le bassinait) baissait les bras, alors qu’il avait la vocation (devenu prof). Et ce ne sont pas les ex-IUFM (passé par là, beaucoup de blabla de planqué·e·s ; en faiseur, j’aurais pu y enseigner) qui auraient pu changer quoi que ce soit (pour cause, anachronisme).
Vous me rétorquerez, quand il s’agit des chères petites têtes blondes de nos écoles, tout un chacun, professe (impropre, puisque, en général, il n’a rien découvert par lui-même) son opinion — je me raccroche au sujet —, ce qui en fait un potentiel ministre (à ses propres yeux, du moins).
Vrai. J’ai des idées sur tout, y compris sur la réintroduction du boulier en petites classes (forcément, la panacée, puisque je l’énonce). Mais, et c’est mon humble opinion — là, c’est pour le rating Google — me nommer ministre serait bien, non pas en raison de fulgurantes audaces pédagogiques, mais du fait — récidive — que je tenterai d’analyser la cacophonie enseignante (pour la synthèse, j’aurais des chef·fe·s de cabinet, ou conseillers, genre mon pote le gitan pour ce qu’aborda Étienne Liebig dans l’un de ces bouquins sur la scolarisation des enfants de la gent du voyage). Bof, tout cela fut dit et redit avant moi. Ce qui ne change pas, c’est cette fascination des élites pour l’élite du cran au-dessus qu’elles veulent rejoindre.
Un mal français, je vous l’accorde (international aussi). Ce qui est peut-être salutaire, et non point désolant, c’est que nous sommes mille et cent à préférer rester au milieu du gué, dégoûtés par la grégarité de ces élites, et trop fainéants pour briser ce plafond de verre. Nous aurions risqué de leur ressembler, d’adopter leurs us, de se la jouer Bourdieu pour les médias, et obséquieux, courtisans (ce qui est parfaitement compatible). On voudrait surtout que l’autre balaye devant sa porte (procrastinant quant au cra-cra de la sienne). Et on s’enlise, enferrés pieds plombés, dans ses opinons à l’emporte-pièce.
Nonobstant, quand on n’a que quatre sur cinq au test Pisa, on la ferme. J’obtempère.

mercredi 4 décembre 2019

Siné Mensuel 93 compromis ?

Ils ont les ronds (euzôtres), on a les boules (Siné Mensuel)

Finalement, SinéMadame ne reparaîtra pas (sauf à la Choron, genre numéro spécial post-Hara-Kiri ?), et je me demande si, après routage et mise en points de vente de ce Siné Mensuel nº 92, le suivant paraîtra ou pas.
Message subliminal, ce titre de la couv’ de Pinel pour Siné Mensuel 92 ? « Ils ont les ronds, on a les boules ! ». Le sommaire est assorti d’un appel aux dons.
Quelques extraits du communiqué de presse :
« Vous le savez, notre petit esquif mal élevé, satirique et qui aime à chier dans les bégonias n’a pas d’actionnaire friqué, pas de pub non plus et pas les moyens d’en faire. (…) La diffusion de Siné Mensuel a baissé aussi, certes moins que d’autres, avec ­2 %, mais assez pour commencer à avoir chaud aux fesses. (…) Votre aide financière commence à arriver. Merci du fond du cœur à ceux qui ont envoyé des sous à Presse et Pluralisme, l’organisme seul habilité à collecter des dons et à vous faire profiter de la défiscalisation… ».
Inutile de vous signaler l’adresse réticulaire de Presse & Pluralisme, vous la connaissez déjà. Ah non ? Bon, c’est là. Siné Mensuel y côtoie Charlie et Témoignage chrétien (gag…) ou Présent (bis). Mediapart, lui, puts a spell on you ailleurs (le Spel, tiens, serais-je éligible ?).
Sinon, au sommaire, un entretien avec Geoffroy de Lagasnerie, qui cause de violences policières, entre autres, de nous les canuts avec nos pantalons à sept ou douze euros des friperies ou des étals des marchés exposés aux vents mauvais de l’hiver. Tout le monde ne peut vivre cul nul au soleil, là où la misère (air connu).
Pierre Concialdi détaille la massacreuse réforme de l’assurance chômage. Interprétée par Macron (soliste) au pipeau et sa formation de flûtiaux. Bref, il va y avoir des musiciennes et musiciens de rue modulant les pavanes de leurs allocations perdues au mirliton (kazoo, pour qui n’entrave plus le français). Le même se penche aussi sur les allocations logement… Ce qu’il y a de bien, avec le mirliton, et cela nous avait séduit, à Belfort, quand nous voulions monter un Grand Orchestre du mirliton, c’est que, c’est léger, pas encombrant, et qu’on peut dormir dans la rue sans crainte de se faire piquer l’instrument. Anne de Haro, sur les Lebard, cause des émules de Bernard Tapie (achat et reventes de sociétés).
Patrick Pellaoux et consorts font pleurer sur les personnels médicaux (Camille Van Belle pose la question « qui soigne les toubibs ? » confraternellement ou non). Olivier Favier évoque le troisième sexe (des Hermaphrodites Children, engeances de Demis Roussos et autres ; souvent à l’insu de leur plein gré, comme je viens de l’inventer).
Urbanisme et équipements publics de Valence et Besançon figurent aussi au sommaire… Ainsi que les citoyennes et citoyens qui ramassent bénévolement des mégots sur les voies publiques au prétexte de les nettoyer (et en fait pour s’en rouler, vu le prix atteint par les cousues).
Benjamin Bardache a rencontré un Mexicain qui aurait pu finir plus balafré que basané du temps des exécutions en série d’étudiants remuants. Netanyahou est encore dans le viseur du piolet-sarbacane de Michel Warschawski.
Enfin (mais j’en ai oublié ou omis), ce gros faignant (pas trop en surpoids nonobstant) d’Étienne Liebig (amitiés au passage) disserte en style condensé sur son « mot à la con » du mois.
Purée, ce numéro distillerait la sinistrose à pleins baquets ? Mais non, il y a moult crobars marrants et une bonne rubrique littéraire avec des phylactères, tout-tout plein de phylactères dedans.
Bref, elles et ils ont les boules et les gonades encore sévèrement burnées. Pourvu que cela dure, disait Lætitia (celle de Leni, et non de Johnny). L’un dans l’autre, et inversement, pour que le Siné Mensuel continue à récurer, ami·e·s, donnez !
Cela étant, comme on le disait au Bab’Ilo (rue du Baigneur, près de Montmartre), la maison accepte l’échec, mais aussi les chèques… Et pour ce numéro 93, les assignats de Gauvain et Cimourdain aussi (non, ce ne sont pas des localités, mais des personnages hugoliens).