dimanche 8 décembre 2019

De la duplicité des Juifs… selon Donald Trump

Le Donald : le Juif qui n’est pas pour moi est un mauvais Juif

Pro-Israël, certes. Donald Trump l’a réaffirmé en Floride devant l’Israel American Council. Et même judéophile… Mais sa vision des Juifs laisse pantois.
Je ne sais trop comment Donald Trump définit les Juifs (lesquels, qui ne forment pas une ethnie, se définissent diversement) mais s’adressant à des membres de l’Israeli American Council, en Floride, hier, il pouvait être sûr que son auditoire se définissait tel.
Imaginez maintenant Emmanuel Macron s’adressant aux convives du dîner du Crif pour les interpeller : je vous connais, nous venons des mêmes moules, des milieux d’affaires, vous placerez votre pognon au-dessus de vos convictions. Et que je vous apprécie ou non est subsidiaire. Mais il y a des brebis galeuses parmi vous qui n’aiment pas suffisamment Israël. Votez tous pour moi et faites pression sur vos dissidents.
Bien sûr, Donald Trump ne l’a pas énoncé ainsi (c’est trop élaboré pour lui), mais qu’on en juge…
« Même si vous ne m’aimez pas – comme certains d’entre vous que je n’aime pas davantage en fait — vous allez être mes plus fervents partisans ». Parce que si les démocrates m’évincent, « vous serez en faillite en un quart d’heure ». J’adapte, car parfois, on a du mal à suivre le Donald, et que son anglais doit parfois être adapté en anglais.
Donald Trump connaît fort bien son auditoire : il est,  à ses yeux, composé de promoteurs et d’hommes d’affaires du secteur de l’immobilier, comme lui-même. Des « tueurs » (killers), des loups en affaires. « Vous n’êtes pas du tout des agneaux [nice people, vu que « gentils », ici, serait inapproprié] mais vous n’avez pas le choix. ».
Les démocrates, comme « Pocahontas » — la sénatrice Elizabeth Warren, qui avait fait valoir des ascendances amérindiennes, et ainsi surnommée par Trump —vont vous saigner à blanc, « vous prendre 100 % de vos fortunes ». En fait, entre deux et six pour cent d’imposition, selon la proposition d’Elizabeth Warren.
En plus, parmi les Juifs étasuniens, estime-t-il, certains ne sont pas assez loyaux : ils n’aiment pas assez Israël. On aurait tort d’y voir la dénonciation d’une double appartenance. Donald Trump et tous ses partisans All American (dont des évangélistes) seraient encore plus pro-Israël que des Israéliens. Ne pas être pro-Israël, c’est ne pas être pro-Américain.
Disserter sur la judéophobie ou judéophilie de Donald Trump n’a guère de sens. Trump est trumpophile, point. Intensément. Totalement égocentré. Il s’est vanté pendant trois-quarts d’heure, interrompu seulement par des slogans (Four more years! Twelve more years! ou second, quadruple mandat).
En fait, moins de 30 % de celles et ceux se disant Juifs aux États-Unis sont favorables à Donald Trump. Autant de renégats, selon lui. Ou d’inconscients car, parmi eux, il y a « des gens bien » (great people).
Une menorah (chandelier) lui fut remise par Miriam et Sheldon Adelson, des propriétaires de casinos de Las Vegas, sous les applaudissements. Dans le public, environ 4 000 personnes, des casquettes rouges (Maga hats, Make America great again), étaient brandies et agitées.
Si Trump n’a pas évoqué Netanyahu (ou Gideon Sa’ar), rapporte The Times of Isarel, il s’est prononcé sur le protocole israélo-palestinien. Autant laisser tomber : si son gendre renonce, c’est que c’est plié : « Si Jared Kushner n’y parvient pas, c’est que c’est impossible » (de poursuivre ou tenter d'aboutir). En d’autres termes, la paix entre Palestiniens et Israéliens est une chimère.
Il a bien sûr condamné le mouvement BDS (boycott, divestment & sanction). Et s’est prononcé pour l’extension des colonies. Annoncé que le Taylor Force Act (prévoyant la fin de l'aide financière accordée à l'Autorité palestinienne) sera ratifié par une loi. Bref, ce n’est pas tout à fait un éloge de la pureté de la race, mais de l’opinion : le vrai Juif de la Judéité vraie est pro-Trump… Pour lui, un seul suprématisme (blanc, noir, autre...), un seul peuple élu : le peuple de Trump, son messie, son madhi. Et d'autres... Accessoires, d'autres pays, dont il répond aux dirigeants (à propos de la reconnaissance de Jérusalem pour capitale d'Israël et l'ambassade américaine) : je vous rappelle (cause toujours...). 
J’imagine quelques Dieudonné se frottant les mains. Les Juifs, c’est le pognon d’abord, et on ne pourrait le dire ? Regardez : les Juifs ovationnent ces propos.

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