jeudi 5 décembre 2019

Fait vs opinion : les ados si dans le flou ?

Comment (moi-je pas seul) sauverai-je l’Éduc’ Nat’

Selon le classement mondial Pisa de l’OCDE, 9 % des adolescents (de 79 pays) seulement feraient la différence entre une opinion et un fait… C’est une moyenne, et les ados français se situent très près de ce taux, assez (litote) loin derrière ceux de Singapour, de la Chine, et de l’Amérique du Nord.
C’est un article de Slate, traduit, adapté — et augmenté — de celui du site Quartz, qui m’a intrigué. J’ai d’abord comparé les deux versions. Et je n’en ai retenu que ce qui fournit les deux titres, à peu près identiques. Mais le reste n’est pas anodin, donc, allez voir
Cela étant, je me suis aussi demandé sur quoi se fondaient et ces articles et leur source. Les deux articles reflètent correctement les documents de l’OCDE.
Mais je n’ai pas été en mesure vraiment de dire si, oui ou non, ce pourcentage, seulement 9  % des ados de 15 ans capables de discerner ce qui est un fait ou une opinion, était une opinion ou un fait, ou du n'importenawak.
D’accord, c’est une manie hexagonale de mettre en doute la validité des classements, de remettre en cause leurs bases et fondements (ex. le classement mondial des universités).
Et peut-être que ma « démonstration » est faussée. Je n’ai trouvé, en versions anglaise et française, sur le site Pisa, qu’un seul test (portant sur un texte traduit) ne comportant qu’une seule fiche évaluant ce départage entre opinions et faits.
En plus, j’ai eu une réponse fausse sur cinq. J’ai estimé que, oui, l’un des exemples les plus troublant du livre en question « est celui de l’île de Pâques ». Peut-être ai-je répondu à la va-vite, ou estimé que l’auteur du livre (chroniqué) avait clairement indiqué que cette île était le plus troublant des exemples d’impact civilisationnel sur un environnement. Ou parce que, ayant lu d’autres livres sur le sujet, dont Sapiens (Harari), je considère, effectivement, que cette île constitue l’exemple par excellence de l’influence des hommes sur le milieu naturel. Parce que plus documenté que d’autres, plus débattu, &c.
Si en réalité, toute une série de tests visant à déterminer ce départage fait/opinion a été soumise aux élèves, mon exemple, trop partiel, est donc partial.
Mais, m’enfin, aurait dit Gaston Lagaffe, qui ne manquait pas plus de jugeotte que son créateur, Franklin, ce programme international pour évaluer les élèves (student assesment) est-il aussi fiable qu’on pourrait le penser ?
Parce que le fameux « c’est toi qu’il dit qui l’est » pourrait être soit un fait, soit une opinion. Dans un cas, c’est une réplique facile, dans un autre, il est avéré que l’accusateur mérite en retour l’accusation.
Je sais, vous allez penser : il s’est gouré, il est vexé, il nous baratine. Vous n’avez pas « tout faux ». En sus, Breton, tête de… et contaminé par l’école française (Descartes, tout cela). Et il se prétend journaliste, pftt.
D’accord, mais j’ai au moins consulté le document préfacé par Angel Gurria, secgen de l’OCDE. Et que les faits sont les faits.
Le score moyen de la France est de 493 (contre 555 pour la Chine, talonnée par Macao, Singapour, Hong-Kong), ce qui la situe au 23e rang, juste derrière la Belgique, dix places derrière… le Royaume-Uni (certainement sauvé par l’Écosse et le Pays de Galles, voire l’Irlande du Nord et Cornwall, ce qui, là, même un ado comprend qu’il s’agit d’une opinion… quoique… plutôt une présomption non-vérifiée que, peut-être, des faits établiraient valide).
Ce qui serait une opinion : c’est la faute du temps passé devant les écrans, le temps consacré par les ados aux réseaux sociaux. Ce qui pourrait être un fait : s’il fut titré ainsi, par Slate et Quarx, c’est avec cette opinion en arrière-pensée.
Plus généralement, les sciences humaines, même bardées de statistiques, ne sont pas devenues des sciences exactes. C’était présenté tel un fait en fac, département de socio, circa 1980, troisième année, et j’en suis resté là (enfin, pas tout à fait, aurait nuancé Raymond Devos pour ma défense).
Je ne remets pas en cause ce classement, je l’estime alarmiste, peut-être à visées incitatives (peut mieux faire, signale-t-on à la France et pays suivants).
Il reste que la France, pour la lecture, était au 22e rang en 2009, au 21e en 2012, au 19e en 2015, et qu’il est constaté une régression. Ne me faites pas gloser sur l’immigration : des pays mieux classés ont accueilli proportionnellement davantage d’élèves immigrés.
En revanche, c’est mon opinion et je m’en félicite, la France ne compte pas 91 % d’ados de 15 ans limite débiles ou abrutis, pas plus futés que des crétins des alpages. Sinon, il serait plus qu’urgent de procréer avec des Asiatiques aux méthodes parentales et éducatives (mode scolaire) supérieures — au passage, le gamin de ma voisine chinoise est un petit génie en maths et autres matières.
Autre constat, sempiternel, les ados issus des CSP+ s’en tirent mieux un peu partout, mais encore bien mieux en France.
Je vais aussi digresser… Et déraper (péché mignon). Je compte trois profs de français dans mes proches (très, très proches, fifille, mon excellente bru, et une copine). Dont l’une se plaint de sa rémunération (râleuse comme son papounet, celle-là…). Elle n’a pas total tort, d’ailleurs. Mais, il faudra qu’elle m’explique. Le Royaume-Uni est mieux classé alors que des profs d’anglais (et autres matières) y dorment dans leurs véhicules, voire provisoirement chez de multiples connaissances, parfois dans des abris de jardin. Je n’invente rien, ce ne sont pas des cas si marginaux (voir la presse britannique).
Le Royaume-Uni se contente d’un secrétaire d’État à l’éducation (the Rt Hon Gavin Williamson). Digressons encore plus fort et abusivement. On parle des plantes vertes et planqué·e·s dans la police, et peu dans l’Éduc’ Nat’. D’accord, c’est bien français, cela, botter en touche, pointer les autres du doigt et fort peu soi. Si j’étais ministre… (mes infimes états de service dans le supérieur ne me permettent pas de prétendre aux palmes académiques ; mais ministre, pourquoi pas : au tirage au sort). Eh bien, peut-être serai-je plus à l’écoute des enseignants et moins à celui de mon aréopage. Parce que cela reste trop petit doigt sur la couture du pantalon en appliquant les recommandations de l’inspection (donc, du ministère). Il ne manque que peu de boutons de guêtre au corps enseignant. L’avancement en dépend.
Et puis, les meilleurs profs selon le ministère ne sont pas forcément les meilleurs pédagogues. Mais les plus capés (subtil jeu de mots sur les agrégés enrobés de parchemins, comme les Michoko de La Pie qui chante).
J’avais, en terminale, en maths, un prof de fac. Qui avait compris que j’étais une cause perdue. Merci de m’avoir foutu une royale paix. J’étais de toute façon ir-ré-cu-pé-ra-ble. Même mon meilleur pote (taupin, puis fac de maths, car devenir archicube ou Xpont le bassinait) baissait les bras, alors qu’il avait la vocation (devenu prof). Et ce ne sont pas les ex-IUFM (passé par là, beaucoup de blabla de planqué·e·s ; en faiseur, j’aurais pu y enseigner) qui auraient pu changer quoi que ce soit (pour cause, anachronisme).
Vous me rétorquerez, quand il s’agit des chères petites têtes blondes de nos écoles, tout un chacun, professe (impropre, puisque, en général, il n’a rien découvert par lui-même) son opinion — je me raccroche au sujet —, ce qui en fait un potentiel ministre (à ses propres yeux, du moins).
Vrai. J’ai des idées sur tout, y compris sur la réintroduction du boulier en petites classes (forcément, la panacée, puisque je l’énonce). Mais, et c’est mon humble opinion — là, c’est pour le rating Google — me nommer ministre serait bien, non pas en raison de fulgurantes audaces pédagogiques, mais du fait — récidive — que je tenterai d’analyser la cacophonie enseignante (pour la synthèse, j’aurais des chef·fe·s de cabinet, ou conseillers, genre mon pote le gitan pour ce qu’aborda Étienne Liebig dans l’un de ces bouquins sur la scolarisation des enfants de la gent du voyage). Bof, tout cela fut dit et redit avant moi. Ce qui ne change pas, c’est cette fascination des élites pour l’élite du cran au-dessus qu’elles veulent rejoindre.
Un mal français, je vous l’accorde (international aussi). Ce qui est peut-être salutaire, et non point désolant, c’est que nous sommes mille et cent à préférer rester au milieu du gué, dégoûtés par la grégarité de ces élites, et trop fainéants pour briser ce plafond de verre. Nous aurions risqué de leur ressembler, d’adopter leurs us, de se la jouer Bourdieu pour les médias, et obséquieux, courtisans (ce qui est parfaitement compatible). On voudrait surtout que l’autre balaye devant sa porte (procrastinant quant au cra-cra de la sienne). Et on s’enlise, enferrés pieds plombés, dans ses opinons à l’emporte-pièce.
Nonobstant, quand on n’a que quatre sur cinq au test Pisa, on la ferme. J’obtempère.

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