dimanche 27 octobre 2019

Les Rencontres Roger Vailland (15 & 16 nov.)

Le théâtre de Roger Vailland, thème des 25e Rencontres

L'association Les Amis de Roger Vailland organise ses vingt-cinquièmes rencontres les 15 et 16 novembre prochain à Bourg-en-Bresse sur le thème du théâtre de l'auteur (et des rapports l'écrivain avec la dramaturgie et les femmes et hommes de théâtre).
Si Roger Vailland, encore jeune journaliste de Paris-Midi et Paris-Soir (et occasionnellement pigiste pour Cinémonde) fréquentait surtout les cinémas et laissa à d'autres la chronique théâtrale, il était déjà proche d'Arthur Adamov, fréquentait Antonin Artaud et sans doute les Pitoëff et Tristian Tzara. Il suivit notamment une tournée théâtrale de l'imprésario Fernand Lumbroso, ami de longue date, au Proche-Orient en 1947. Mais il attendra 1946-1947 pour écrire sa première pièce, Héloïse et Abélard, qui obtiendra le Prix Ibsen, deux ans après les représentations au théâtre de Mathurins, lesquelles avaient suscité des polémiques... Cette première pièce fut maintes fois reprises, du vivant de Vailland,  en France et à l'étranger, et depuis son décès (notamment par Daniel Benoin, en 1997, à la Comédie de Saint-Étienne).
C'est d'ailleurs à partir de cette année 1947 qu'il aborde moins occasionnellement la critique théâtrale. Ainsi, dans Action, il est estime, à propos de la pièce de Salacrou : « Il y a dix ou quinze ans, au temps où Berl enquêtait sur "la fin de la morale bourgeoise", L'Archipel Lenoir eût fait un beau scandale. Les Ligues eussent dépêché quelques chatueurs pour siffler, chaque soir. Et il se fut bien trouvé quelque cydard pour provoquer Salacrou en duel. Aujourd'hui, même le cydard applaudit gentiment pour montrer qu'il a du goût. La bourgeoisie a lâché du lest. ». Toujours dans Action, il critiquera vertement Les Justes, de Camus. « Le public populaire (...) ne comprendrait rien à l'idéologie de Camus. (...) Ceci dit et clairement entendu, l'effort de Barraud et de Camus pour construire un spectacle complet autour de quelques thèmes d'actualité est intéressant. (...) Quels textes à faire sur le thème "C.R.S.+S.S." » (16 novembre 1948). 
Roger Vailland aura par la suite de nombreux échanges avec Louis Daquin et Jean Mailland, Bertold Brecht, Roger Planchon et sans doute Jean-Marie Boëglin, et nombre de dramaturges et metteurs en scène proches du Parti communiste.
Sa seconde pièce ayant défrayé la chronique fut Le Colonel Foster plaidra coupable, dont l'écriture débuta en Italie dans la maison de Malaparte, qui fut interdite rapidement en France, mais lui valut de l'accompagner en maints pays de l'ex-bloc communiste. 
Batailles pour L'Humanité resta quelques années cependant son texte théâtral le plus connu du grand public : un tirage spécial fut largement distribué par le Parti communiste au lendemain de la représentation au Vélodrome d'Hiver.
Sa pièce radiophonique, Appel à Jenny Merveille (1948), doit être aussi mentionnée.
Enfin, Monsieur Jean (1957, mais qui attendra 1976 pour être mise en scène), clôt l'œuvre théâtrale (« Finie la comédie (...) moi, je vous tire ma révérence », en est l'avant-dernière réplique).
Cependant, en 1954, il avait conçu La Bataille de Denain, pièce inachevée.
L'influence de ses pièces sur les dramaturges et metteurs en scène est peut-être moindre que celle de ses écrits sur le théâtre, dont Expérience du drame (1953). 
Ces rencontres se tiendront à l'hôtel Marron de Meillonnas (qui doit son nom au baron Gaspard Marron), à Bourg-en-Bresse, ville dont la Médiathèque possède et enrichi l'essentiel du fonds Roger Vailland.
Michèle Gally, professeure, ouvrira ces Rencontres le 15 novembre au soir. Spécialiste de littérature médiévale, elle reviendra sur les personnages d'Héloise et d'Abélard.
Samedi matin, Gérard Vantaggioli, du théâtre du Chien qui fume d'Avignon, exposera ses points de vue de praticien (dramaturge, metteur en scène) et Sabine Gamba, chercheuse universitaire, apportera son éclairage d'historienne du théâtre.
L'après-midi, Michel Bataillon, ancien du TNP de Villeurbanne, de la Commune d'Aubervilliers, spécialiste de la décentralisation théâtrale, reviendra sur les approches théoriques de Vailland. Il interviendra aux côtés de Michel Bertrand, président de l'association des Amis. 
De nombreuses et nombreux spécialistes de Vailland participeront aux débats en présence du public (entrée libre).
L'influence de Vailland sur le théâtre a été auparavant développée, notamment par Marie-Noëlle Rio (Cahiers Roger Vailland) et Patricia Devant (« Le théâtre communiste durant la Guerre froide, Revue d'Histoire moderne et contemporaine). Un entretien dans la revue Théâtre populaire (mai 1957) vaut aussi d'être cité ici. Tout comme les écrits de feu Christian Petr, ancien président de l'association, auteur de divers ouvrages sur le théâtre.
Mais le thème méritait encore d'être approfondi alors même que des troupes théâtrales, après le décès du dramaturge, ont porté sur scène divers de ses romans (dont 325 000 Francs, par le TEP, mise en scène de Guy Rétoré, en 1984).  Jean-Jacques Coltice créa Ébauche d'un bonheur prolongé au Grenier de l'Histoire de Bourg-en-Bresse en 1996. Gatherine Gandois a présenté Trois Soirées avec Roger Vailland (Maison des Métallos, 2007) et Roger Vailland : Esquisse (à la Cité des Récollets). J'en oublie sans doute (Assommons les pauvres, du théâtre du Triton, aux Lilas, associa des textes de Vailland, Bloy, Hugo, Baudelaire...) et d'autres viendront... Il y eut aussi, pour France Culture, l'émission « Pages arrachées à... » (Roger Vailland), d'Étienne Vallès.
Il resterait sans doute à recenser le plus exhaustivement possible les citations, articles, références au théâtre par (et de) Roger Vailland. Aussi à surveiller l'actualité théâtrale pour constater qu'il inspire encore des créations ou que des actrices et acteurs, des protagonistes du monde théâtral, se déclarent marqués par son œuvre, au sens le plus large. Ne serait-ce que pour vérifier si la prochaine ou le prochain metteur en scène d'un Don Juan le mentionnera (ce qui serait fort probable). Car c'est tout le personnage, et non seulement ses divers écrits ou dits, ses personnages (Marat, Milan, Lamballe, Duc... et ses héroïnes), qui peut inspirer la création théâtrale. Peu de pièces, certes, mais Vailland a beaucoup légué au théâtre et il l'inspirera encore...
P.-S. — En bonus (et PDF), deux articles parus en 1949 dans Paris-Presse et La Croix, sur la pièce Héloïse et Abélard... C'est là...





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