On en verra de toutes les couleurs au Royaume-Uni
La campagne électorale est lancée
au Royaume-Uni en vue des élections le 12 décembre… Si les conservateurs sont
donnés gagnants, rien n’est assuré ; et donc ce qu’il adviendra du Brexit
reste incertain.
Franchement, je n’ai pas trop
compris le graphique du Figaro accompagnant l’article d’Alexis Feertchak
« Brexit : en un graphique, découvrez ce qui pourrait se passer ».
Oui, le « scénario principal » est bien « Johnson vainqueur des élections ». Non, s’il n’obtient pas une majorité de sièges, un « nouveau blocage politique » (un Hung Parliament, certes) n’en découlera pas forcément…
Oui, le « scénario principal » est bien « Johnson vainqueur des élections ». Non, s’il n’obtient pas une majorité de sièges, un « nouveau blocage politique » (un Hung Parliament, certes) n’en découlera pas forcément…
Mais oui, au 31 janvier, un énième
report n’est pas exclu et les « autres scénarios minoritaires »
ne peuvent être d’emblée exclus (accord avec Bruxelles, second référendum,
révocation de l’article 50…).
Il n’y a guère que les
libéraux-démocrates et des conservateurs dissidents (non tous) et quelques
futurs indépendants à souhaiter la révocation de l’article 50 et le
maintien du royaume dans l’Union. Théoriquement, le SNP écossais pourrait se
rallier à cette option mais cela rendrait plus aléatoire la tenue d’un second
référendum sur l’indépendance…
Si Bruxelles clame que le
protocole Johnson n’est plus négociable, en fait, quelques accommodements
marginaux pourraient sans doute être envisagés.
Ce qui est certain, c’est que la
campagne électorale verra des échanges de jets de vertes et de pas mûres…
Ce matin, le travailliste Jeremy
Corbin s’est pointé à Westminster en arborant une cravate verte. Ébaudissements
et quolibets des conservateurs. Mais grincements de dents de Theresa May qui
leur lance, maussade : « c’est pour Grenfell ».
Grenfell : le rapport judiciaire
a été rendu public. 72 morts dans la tour de logements sociaux du quartier
londonien de North Kensington… En cause, principalement, l’isolement thermique (le
cladding) derrière le bardage.
Les syndicats des pompiers
contestent que leurs officiers n’ayant pas ordonné assez rapidement l’évacuation
aient pu avoir une part de responsabilité. Ils diffusent des placards et vidéos
avec, sur fond vert, ce message : “governement ignored”. Les mises
en garde, le danger découlant des réductions d’effectifs (10 000), les mesures préconisées
depuis l’incendie de Garnock Court (juin 1999, Irvine, Écosse, un mort, neuf
étages sur 14 totalement détruits).
Il n’y aura pas que les
travaillistes à dénoncer les conséquences économiques et sociales du protocole
Johnson. Le DUP (unionistes nord-irlandais) fera aussi campagne contre les
conservateurs.
Et puis, alors que des membres des
familles des victimes de Grenfell étaient dans les travées du public lors de l’arrivée
de Jeremy Corbin aux Commons, cette entrée en matière de la campagne électorale
donne le ton.
Il sera aussi question des écoles
primaires privées dont des salles de classe peuvent rassembler jusqu’à plus de
60 élèves, et bien évidemment du NHS (les hôpitaux, la sécurité sociale). Cela
pourrait modifier l’opinion du Workington Man (l’électeur du nord de l’Angleterre).
Mais le Grand Londres compte aussi
près de vingt circonscriptions, celle du « couloir » de Southwark à
Richmond, et selon The Standard, elles seraient toutes possiblement acquises
aux Lib-Dem.
Boris Johnson compte encore dans
les rangs conservateurs des adversaires plus ou moins déclarés, et s’est privé
de 11 député·e·s sortant·e·s (qui jettent cette fois l’éponge, comme Amber
Rudd, ou se représenteront, dont Dominic Grieve).
Selon une projection de l’institution
Focaldata, les conservateurs pourraient obtenir une majorité de 44 sièges si
les électeurs Remainers conservateurs ne désertaient pas et si d’autres, pour s’opposer
au Brexit, ne votaient pas « tactiquement ». Car si cela se
produisait, l’opposition pourrait l’emporter (avec une majorité Remainer
composite de 36 sièges). Cela reste donc assez ouvert… Même si le Brexit Party,
faute d’accord passé avec les conservateurs, en appliquait un, tacite, en ne
présentant pas de candidat dans les bastions des Tories. Le Brexit Party sera
absent en Irlande du Nord et concentrera ses efforts sur une vingtaine de circonscriptions
travaillistes gagnables (car fortement peuplées de Leavers).
Cela étant, si les Tories
conservent, non une majorité, mais la part la plus importante des sièges, la
possibilité de voir adopter le protocole Johnson reste envisageable. Car en
fait, il ne règle, ne fixe pas tout… Des négociations sur un accord de
libre-échange se poursuivront jusqu’à… théoriquement fin 2020. Peut-être
au-delà.
Bref, le « bref » semble
exclu, sauf no deal « accidentel ». Et encore…
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