mercredi 30 octobre 2019

Brexit : les Tories se rient du vert, puis jaune…

On en verra de toutes les couleurs au Royaume-Uni

La campagne électorale est lancée au Royaume-Uni en vue des élections le 12 décembre… Si les conservateurs sont donnés gagnants, rien n’est assuré ; et donc ce qu’il adviendra du Brexit reste incertain.
Franchement, je n’ai pas trop compris le graphique du Figaro accompagnant l’article d’Alexis Feertchak « Brexit : en un graphique, découvrez ce qui pourrait se passer ».
Oui, le « scénario principal » est bien « Johnson vainqueur des élections ». Non, s’il n’obtient pas une majorité de sièges, un « nouveau blocage politique » (un Hung Parliament, certes) n’en découlera pas forcément…
Mais oui, au 31 janvier, un énième report n’est pas exclu et les « autres scénarios minoritaires » ne peuvent être d’emblée exclus (accord avec Bruxelles, second référendum, révocation de l’article 50…).
Il n’y a guère que les libéraux-démocrates et des conservateurs dissidents (non tous) et quelques futurs indépendants à souhaiter la révocation de l’article 50 et le maintien du royaume dans l’Union. Théoriquement, le SNP écossais pourrait se rallier à cette option mais cela rendrait plus aléatoire la tenue d’un second référendum sur l’indépendance…
Si Bruxelles clame que le protocole Johnson n’est plus négociable, en fait, quelques accommodements marginaux pourraient sans doute être envisagés.
Ce qui est certain, c’est que la campagne électorale verra des échanges de jets de vertes et de pas mûres…
Ce matin, le travailliste Jeremy Corbin s’est pointé à Westminster en arborant une cravate verte. Ébaudissements et quolibets des conservateurs. Mais grincements de dents de Theresa May qui leur lance, maussade : « c’est pour Grenfell ».
Grenfell : le rapport judiciaire a été rendu public. 72 morts dans la tour de logements sociaux du quartier londonien de North Kensington… En cause, principalement, l’isolement thermique (le cladding) derrière le bardage.
Les syndicats des pompiers contestent que leurs officiers n’ayant pas ordonné assez rapidement l’évacuation aient pu avoir une part de responsabilité. Ils diffusent des placards et vidéos avec, sur fond vert, ce message : “governement ignored”. Les mises en garde, le danger découlant des réductions d’effectifs (10 000), les mesures préconisées depuis l’incendie de Garnock Court (juin 1999, Irvine, Écosse, un mort, neuf étages sur 14 totalement détruits).
Il n’y aura pas que les travaillistes à dénoncer les conséquences économiques et sociales du protocole Johnson. Le DUP (unionistes nord-irlandais) fera aussi campagne contre les conservateurs.
Et puis, alors que des membres des familles des victimes de Grenfell étaient dans les travées du public lors de l’arrivée de Jeremy Corbin aux Commons, cette entrée en matière de la campagne électorale donne le ton.
Il sera aussi question des écoles primaires privées dont des salles de classe peuvent rassembler jusqu’à plus de 60 élèves, et bien évidemment du NHS (les hôpitaux, la sécurité sociale). Cela pourrait modifier l’opinion du Workington Man (l’électeur du nord de l’Angleterre).
Mais le Grand Londres compte aussi près de vingt circonscriptions, celle du « couloir » de Southwark à Richmond, et selon The Standard, elles seraient toutes possiblement acquises aux Lib-Dem.
Boris Johnson compte encore dans les rangs conservateurs des adversaires plus ou moins déclarés, et s’est privé de 11 député·e·s sortant·e·s (qui jettent cette fois l’éponge, comme Amber Rudd, ou se représenteront, dont Dominic Grieve).
Selon une projection de l’institution Focaldata, les conservateurs pourraient obtenir une majorité de 44 sièges si les électeurs Remainers conservateurs ne désertaient pas et si d’autres, pour s’opposer au Brexit, ne votaient pas « tactiquement ». Car si cela se produisait, l’opposition pourrait l’emporter (avec une majorité Remainer composite de 36 sièges). Cela reste donc assez ouvert… Même si le Brexit Party, faute d’accord passé avec les conservateurs, en appliquait un, tacite, en ne présentant pas de candidat dans les bastions des Tories. Le Brexit Party sera absent en Irlande du Nord et concentrera ses efforts sur une vingtaine de circonscriptions travaillistes gagnables (car fortement peuplées de Leavers).
Cela étant, si les Tories conservent, non une majorité, mais la part la plus importante des sièges, la possibilité de voir adopter le protocole Johnson reste envisageable. Car en fait, il ne règle, ne fixe pas tout… Des négociations sur un accord de libre-échange se poursuivront jusqu’à… théoriquement fin 2020. Peut-être au-delà.
Bref, le « bref » semble exclu, sauf no deal « accidentel ». Et encore…

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