mardi 29 octobre 2019

Brexit : les Britanniques votent le 12 décembre


Donald Tusk : ce pourrait être l’ultime prolongation

Histoire de meubler dans l’attente du résultat (infra : positif) du vote des Commons sur les élections anticipées, un mot de la déclaration ahurissante de Donald Tusk…

S’adressant « à ses amis britanniques », Donald Tusk, déclare que la flextension serait peut-être l’ultime report : “It maybe the last one”. Nan ! Si ?.. Un conditionnel ? C’est de l’eurospeak (it’s maybe / it might be) bruxellois. Espérons que Charles Michel (ex-Premier ministre belge, bientôt président du Conseil européen), proche des positions françaises et néerlandaises sur le Brexit, emploiera l’indicatif présent.
Or donc, l’opposition majoritaire, mais divisée, amputée de dix députés conservateurs (sur 21) dissidents ayant rejoint le bercail, n’a pu faire passer divers amendements (droit de vote pour les ressortissants européens, des plus de 16 ans…) et celui visant à faire avancer le retour aux urnes au 9 décembre.
Résultat : 438 voix contre 20 (la majorité simple étant obtenue, avec 192 abstentions) et donc vote le 12 décembre…
Fin du suspense, fin de l'espoir de faire passer la résolution de tenir un second référendum le 26 mars (donc, après le 31 janvier 2020). Les indépendantistes écossais se réjouissent, les libéraux démocrates aussi : par ici les sièges supplémentaires.
Les travaillistes tirent une tronche et les bookmakers voient Boris Johnson rester Premier ministre pour cinq ans. Ce dernier exulte. Troisièmes législatives en quatre ans (ah-ah, ces Britanniques qui se gaussaient de nos républiques antérieures...). Et de bonnes chances pour les conservateurs de l'emporter grâce aux voix des transfuges du Brexit Party revenant dans leur giron. Les éditorialistes du Telegraph et du Daily Express vont pouvoir se réjouir, The Sun estime que le Brexit passera l'hiver et même se produira avant le Nouvel An.
D'accord, il faudra attendre six semaines pour savoir qui l'aura finalement emporté et de combien. Enfin, sauf coup de... (non pas Trafalgar). Si les Lords rejetaient cette proposition de loi, qui ne pourrait de sitôt devenir un Act... Et si la reine... Déjà, des élections aux frimas, c'est du jamais vu depuis un siècle (enfin, depuis 1923). Mais on rarement vu des rois ou des reines pousser des Premiers ministres dans les orties.
Nigel Farage prétend être circonspect. Les conservateurs ont rejeté la proposition du Brexit Party de conclure un accord électoral, mais il est beau joueur : le Brexit a désormais sa chance. Avec accord ? Pas si vite.
Le Parlement cessera de siéger le 6 novembre prochain. D'ici là, et postérieurement, les diverses oppositions (dont, à présent, les unionistes irlandais) martèleront ô combien le protocole de Boris Johnson est désastreux. Il laisse d'ailleurs la latitude technique à ce dernier de rétablir le plan no deal. Mais il se fait fort d'obtenir un incertain ralliement à ses vues.
Et puis, si jamais les postiers se mettaient en grève (ou plutôt en droit de retrait : refusant de distribuer les votes par correspondance) ? Hé ? Dave Ward, du syndicat confédéral, ne l'a pas exclu. Si les Brexpats saisissaient les tribunaux en arguant de dispositions discriminatoires ? Eh ?
On me dit : d'ici le 12 décembre au soir, tu auras plus de temps pour t'occuper du chien-chien (l'adorable coton). Sans doute, mais s'il m'accompagnera au nid-de-pie, en gabier auxiliaire, et il devra descendre à l'occasion du grand mât (avec filet, et bouchées de contre-filet).
Tout peut encore se produire...
On pourrait voir des députés se retirer et céder la place à des candidates ou candidats clivants.
Boris Johnson a admis que le combat sera rude.
Oracles et augures fouillent les entrailles des sondages. Pour le moment, les Verts restent stables, les libéraux-démocrates pourraient reprendre l'ascendante, les travaillistes se redressent d'un poil, et les gains conservateurs se font aux dépends du Brexit Party. À la louche...
Le code électoral britannique est assez insolite. Si j'ai bien compris, les résidents irlandais et provenant d'un pays du Commonwealth de plus de 18 ans peuvent être électeurs, et jusqu'à 17 heures, le jour du vote, en certaines circonstances, on peut voter par procuration.
J'admets, je tire à la ligne : c'est du remplissage.
Allez, le nom du futur Premier ministre britannique sera révélé le vendredi 13 décembre.
Je ne suis pas paraskevidédkatriaphobe, je n'ai jamais joué à l'Euromillions, mais je laisserai le coton de Tuléar choisir les numéros (selon une méthode que je vous révélerai le moment venu).
Ah, au fait : au-revoir, hors de Westminster, Nicholas Soames, député réintégré conservateur, petit-fils de Winston Churchill, qui avait annoncé qu'il ne se représenterait plus... Mais sait-on jamais. Tout le monde peut se raviser.
En tout cas, la campagne s'annonce chaude. Le chef de cabinet de la ministre de l'Intérieur, Priti Patel, a été escorté par la police après expulsion d'un des bars du Parlement (le Strangers'). « L'individu a été prié de sortir », a fait savoir le porte-parole du Parlement. Cela promet.
Ah et puis, n'oublions pas... Si la circonscription de Stirling (Écosse) basculait en faveur du SNP, le parti nationaliste écossais fera tout son possible pour réclamer un second référendum sur l'indépendance.
En tout cas, Boris Johnson, sur Tory Brexit II, toque jaune, casaque bleue, et cravate rouge à pois blancs (ici à l'entraînement), est donné favori. 






1 commentaire:

  1. Postérieurement à ce qui figure ci-dessus, Le Monde (avec l'AFP) et Le Figaro (Arnaud de la Grange, cor. à Londres), ont commenté l'info. Il appartiendrait, ai-je lu quelque part, aux médias (donc aux journaleux) d'expliciter les rouages du métier. Brièvement, Le Monde (à deux-trois détails subsidiaires près que j'ai consignés) n'a pas démérité. Mais l'analyse d'Arnaud de la Grange va au-delà de ce que j'ai pu écrire. Comme quoi, rien ne vaut un·e correspondant·e en poste sur place (les envoyé·e·s spéciales faisant parfois du Roger Vailland, genre aussi médiocre, pas toujours : Vailland fut — parfois — un excellent envoyé spécial). Le confrère du Fig' expose les motivations des lib-dem(s) d'une manière que je n'ai su exposer (négligence peu coupable). Sa chute : « la saga du Brexit a appris de se défier de la rationalité » me laisse admiratif. Très bien envoyé.

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