samedi 7 septembre 2019

Brexit : À quoi joue-t-on ? Veto français envisageable ?


La France opposera-t-elle son veto à une demande de prolongation ?

Pierre Sellal, ancien ambassadeur, a-t-il reçu l’aval de l’Élysée pour déclarer à la presse britannique que la France opposerait son veto à une demande britannique de prolongation de la date de sortie du Royaume-Uni de l’UE ? En tout cas, Jean-Yves Le Drian lui a fait écho, peut-être après avoir pris connaissance de la décision de Boris Johnson de saisir la Cour suprême britannique afin de ne pas aller à Canossa-sur-Senne (Bruxelles) en pénitent.
The Daily Express, The Independent, et d’autres titres britanniques répercutent une surprenante déclaration de Pierre Sella la BBC. Sur le mode d’un « à quoi bon ? », la France opposerait son veto à la demande du Royaume-Uni d’obtenir un report de la date d’application du Brexit.
Pierre Sellal, actuel président de la Fondation de France, ex-plénipotentiaire à Bruxelles de 2002 à 2017 (après avoir occupé précédemment de moindres postes à Bruxelles et quelques autres de premier plan au Quai d’Orsay au cours de cette période), a-t-il pu évoquer cette éventualité à la légère ?..
La France, quelle que soit l’issue des démêlés ou conciliations entre les conservateurs et le Brexit Party ou les différentes formations pouvant ou non former un futur gouvernement, n’aurait, à l’issue des élections qui se profilent outre-Manche, pas la certitude que reculer ne reviendrait pas à finir par mieux sauter.
Cette intransigeance française incommoderait certes l’Allemagne et d’autres pays mais surtout risquerait de mettre à mal le fragile processus de paix entre les factions nord-irlandaises entré en vigueur en 1998. Le directeur de la police d’Irlande-du-Nord a déjà promis des représailles : tout terroriste se verra privé et de liberté et de ses droits parentaux…
Soit l’ancien diplomate ne parle que pour lui-même, soit il s’agit d’un bluff répondant à celui de Boris Johnson (lequel laisse entendre qu’il pourrait refuser de se plier à la volonté majoritaire du Parlement et ne pas solliciter de prolongation), ou encore d’une volonté arrêtée dont l’annonce ne saurait trop tarder (les 17 et 18 octobre se tient le Conseil européen).
Lundi prochain, les conservateurs et le DUP nord-irlandais proposeront la tenue d’élections anticipées le 15 octobre… Il semble qu’en dépit de divergences, la nouvelle opposition, devenue majoritaire, déclinera l’offre, car désireuse d’un retour aux urnes en novembre.
Nouvelle défaite en perspective pour Boris Johnson qui n’a plus le choix… Soit, lui-même ou un représentant de son gouvernement demande un report de la sortie de l’Union (en proposant la date du 31 janvier ou toute autre ultérieure que le Conseil européen pourrait ou non avancée), soit non.
Dans la première hypothèse, les conservateurs s’aliènent le Brexit Party. Dans la seconde ils voient de nouveaux dissidents jeter l’éponge, se présenter en tant qu’indépendants, rejoindre les libéraux-démocrates, et Boris Johnson risque d’être traîné devant les tribunaux. Faire fi la volonté parlementaire, même en invoquant celle de la population (découlant du referendum), expose à une peine de prison.
Plutôt « crever », a fait savoir le Bojo, que de céder à la volonté de l’opposition ou, se démettre, déclencher un vote de confiance, provoquer coûte que coûte des élections (mais de toute façon après le 31 octobre).
Opposer un veto conduirait à provoquer un gâchis économique et jouer un incertain coup de dé. L’issue n’est pas sûre : la composition du futur gouvernement britannique est plus qu’incertaine, et si l’opposition l’emportait et proposait un nouveau referendum (celui du « Final Say »), la partie de l’opinion déboussolée pourrait tout aussi bien — sauf sans doute en Écosse – confirmer le vote antérieur, avec une marge imprévisible.
Autre coup dur pour Boris Johnson. Il a multiplié les embrassades avec Donald Trump lors du G7, mais les Républicains commencent à de se demander si leur président n’est pas réellement atteint de sénilité ou d’autres troubles mentaux. Le Donald, qui n’est pas avare d’invectives semblables à l’encontre de ses opposants démocrates (dont Joe Biden, plus âgé que lui, Nancy Pelosi, bientôt 80 ans), passe de plus en plus pour irresponsable à la Maison Blanche. Certes Mike Pence, le vice-président étasunien, rencontrant récemment Boris Johnson, n’a pas infirmé les propos du Donald sur un accord commercial « fantastique », mais Larry Kudlow, de la Maison Blanche, s’en est chargé : la priorité, pour les États-Unis, c’est d’aboutir lors des discussions avec le Canada et le Mexique. L’USMCA est notre “top legislative priority”, a déclaré Larry Kudlow au Daily Mail.
Cela devrait faire réfléchir les Britanniques… Oui, mais, soit l’opinion est dépassée, ne sait plus à qui trop se vouer, se bouche les oreilles, soit n’écoute plus que ce qu’elle veut entendre.
Si un tel accord était ardemment désiré, il serait déjà plus ou moins sur les rails. En fait, les États-Unis non seulement attendront que le Brexit s’accomplisse, mais ils ne s’empresseront pas de faire avancer les discussions : ils ne savent trop qui (un gouvernement conservateur ou un autre) ils devront laisser mûrir, et enchaîner les concessions. D’ailleurs Mike Spence s’est bien gardé de qualifier le Brexit à venir (négocié ou non). Il a certes dit, en substance, say Goodbye, I say Hello, nous serons in quand vous serez out. Hela, helloa, heba, chantaient longuement les Beatles. It’s the lousy tricky not so magical mistery tour. Tour de table ou de cochon ?
J’ai été agréablement surpris de lire John Rentoul (The Independent) évoquer le « compromis Garamond ». Je m’attendais plutôt à ce qu’il devrait recouvrir, soit une recomposition superficielle du compromis de Theresa May par Boris Johnson, serait désigné par le nom de Baskerville ou celui de Caslon. Le Garamond servit à imprimer l’édit de Nantes, mais les liens des deux autres avec les graveurs de poinçons français, et Nantes et le continent, plaidaient à mon sens davantage pour adopter ces noms. Mais bon, nombre de polices de caractères dérivées du Garamond (Sabon, les Garamond de Stempel, de Slimbach, d’autres…) peuvent être qualifiés de « compromis ». Je ne saurais dire si l’Adobe Garamond utilisé pour les livres de la saga Harry Potter a influé sur ce choix.
Or, le Withdrawal Agreement de Theresa May (l’accord de retrait), réimprimé en Garamond, ou tout autre police, peut-il vraiment être remis sur la table, et quand ? Plutôt que de rester dans l’expectative, sans trop savoir où elle mènerait, faut-il miser sur un improbable moyen terme, refuser les prolongations, attendre de voir si oui ou non, comme l’annonce un sondage, les 13 députés conservateurs écossais céderaient leurs sièges au SNP. Lequel proclame qu’il veut l’indépendance et rejoindre l’Union européenne ensuite…
On en était là hier, samedi... Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a attendu ce dimanche pour déclarer que la date de sortie (Halloween, donc, 31 octobre) ne sera pas repoussée « en l'état actuel des choses ». Ce qui revient à dire que si le Bojo, ou un autre mandaté par son gouvernement, ne vient pas jouer le bourgeois de Londres, la corde au cou et un accord au bout, à Bruxelles, ce sera niet.  Bojo, souviens-toi du vase de... Calais (août 1347). C'était sur Europe 1 lors de l'émission Le Grand Rendez-Vous. Nenni ma foi, répondra Boris Johnson ? Pour le moment, il a fait savoir, via Dominic Raab, et le Foreign Office, qu'il allait saisir la justice pour contourner la loi exigeant de lui de solliciter un report. Ce qui implique que la Supreme Court se prononce. Quand ?
Bon, tout ça, en regard du fait que la SNCF mène des travaux entre Paris et Saint-Quentin, et que, de ce fait, je n’ai pas commencé à lire le dernier Philippe Lacoche, Mise au vert (éd. du Rocher), est dérisoire. Je ne lis plus livres ou presse écrite que dans les transports (collectifs ; pour les intimes, j’ai fait l’essai, abandonné). Et aller à Creil en train pour se taper ensuite des heures d’autocar, j’ai renoncé.
Rigolo. RCF, radio chrétienne, considère que Philippe Lacoche est « un écrivain revigorant ». Pas faux. Roboratif itou. « C’est écrit avec brio  », qu’ils disent (Michel Bouvier et Bernard Leconte, de RCF). Moins brouillon que le Brexit, serais-je tenté d’estimer, d'emblée. Lisez Mise au vert, laissez tomber la mise à la diète du Brexit.
Conseil que je devrais m'appliquer... Mais quand Amber Rudd, Pensions Secretary (secrétaire d'État chargée des retraites, pour simplifier) quitte le gouvernement conservateur alors que John Mann (Labour) quitte son parti pour prendre un poste semi-ministériel (chargé de la lutte contre les discriminations) histoire de faire valoir que Jeremy Corbyn est un anti-sémite (souvenez-vous du report de la date initiale prévue pour des élections anticipées en raison d'une fête israélite), difficile de décrocher. Rudd, c'est du rude... 

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