dimanche 28 juillet 2019

Roger Vailland à la colle avec Philippe Lacoche


Lachoche-Vailland, cela vaudrait un toponyme…

Et quel serait donc le gentilé des habitant·e·s de Lacoche-Vailland ? J’ai rarement commis un titre aussi à la… quoi ? Inqualifiable. Infra, il sera question du livre de Philippe Lacoche (journaliste-écrivain) sur Roger Vailland (idem). Cela sera foutraque…
Bon, il paraît qu’il ne faut pas… Tu commences quoi que ce soit par “well” et pour l’électorat de Donald Trump, tu passes pour un indécis, un carpetbagger. Purée, déjà la digression dès la première phrase. Rassurez-vous, n’est pas Kerouac qui veut : je ne vais pas vous en faire tout un rouleau. Logiquement, au moins dans le chapeau (châpo, chapô), tu cases certes le nom de l’auteur, mais aussi le titre, la mention de l’éditeur. Cela viendra… Lecture au « fil de l’eau ». Non, de l’encre d’Internet (le même bouquin, paru aux éditions La Thébaïde, sous le titre Roger Vailland, drôle de vie, drôle de jeu, reste dispo ; mais là, je relis la version électronique des éditions Duo). Je n’aurais pas dû. Commettre ce titre. Ni ménager un suspense imbécile. Il s’agit donc de Roger Vailland, de Philippe Lacoche, dans la collection Duetto, des éditions NOL (Nouvelles lectures, nouvelleslectures.fr), et non Duo, diffusé en version électronique par divers sites de vente en ligne (Decitre, Fnac…) pour la modique somme d’un cent ôté de deux euros.
Tu lis la première phrase, et tu sens que tu vas t’ennuyer. Il est question de bouquins comme 325 000 francs. Le truc vaguement érudit, donc assommant : un écrivain évoquant un autre écrivain, vite, je fais une partie de Candycrush ? Non, j’ai raison, j’ai pas tort (comptine franco-souabe), poursuivons. Tu passes au triangle des Bermudes axonaises (Chauny-Tergnier-La Fère). Tu t’attends à du Victor Hugo glorifiant les betteraves, non. Ouf, c’est plus rigolo. Lacoche, Philippe, fait ses débuts dans la revue musicale roqueuse Best, avant de rejoindre L’Aisne nouvelle où je le concourus (?) à Saint-Quentin (pour L’Union). Plus loin, tu lis : « (la Gauche ?) »). Oh zut, un ex-soixante-huitard de rance province qui va nous gonfler. Eh bien, pas du tout.
Il y a un procédé journalistique dont j’ai beaucoup usé : pour être mieux laudateur — et non cire-pompes, nuance — tu fais semblant de prendre de la distance, et tu crédibilises ton appréciation primordiale : cette fille, dont tu viens d’écrire qu’elle a un air godiche, est superbe ; ce mec, auquel tu as reproché un détail minime, fis semblant de brocarder, c’est de la balle… Autant dévoiler la ficelle : je n’en suis plus. Libre de ne plus me plier aux prescrits et nœuds scouts du métier.
Qu’évoque, outre Vailland, Lacoche ? Paulpaul, le ch’ti Polack (non, pas Michel Polac) noyé dans la mare glacée. Bon, ça, coco, du tout bon : social, vivant, humain. Les Résistants. Pas Roger Choin (le dérailleur de Fargnier, le releveur de Rosbifs abattus), d’autres ; mais pas mauvais, les passages sur les Partisans. Toujours, abordant Vailland, glisser un truc sur la Résistance. Courrier Picard, d’avant Didier Louis. Jacques-Francis Rolland (toujours, rédigeant pour Google, abonder en patronymes). Jean-Jacques Brochier (connais pas, mais il y aura bien des nostalgiques du Magazine littéraire pour faire remonter cette page). Écrire — aussi — pour Google suppose de se livrer à du dropnaming (ou namedropping ?).
Autre digression : l’ami Gibeau, Gérard Rondeau (ami aussi) et les Boches à l’assaut. Ajoutons Bichancout, Montescourt-Lizerolles, Gauchy (ne peut nuire), Sept-Saulx (comme le lion qui, du fait que le chapiteau est trop bas, ne peut faire que trois sauts de trois mètres — sauf que Saulx et sauts, rien à voir…). Jean Cambrelin, Marc Lambla. Chez Lucille qui me remémore le Lorette (une chanson, un bar angevin près la caserne des pompiers d’Angers, et les parties de billard électronique à vingt ronds). Ah non, chez Michel Delpech, c’est Chez Laurette
« Des phrases courtes, sans graisse, peu d’adjectifs, juste le strict nécessaire ; la métaphore est rare, mais toujours juste et précise, comme un coup de surin ; l’utilisation, de temps à autre, d’une ponctuation singulière, chère à Paul Morand et à Stendhal, du point/point-virgule. » Je n’ose (car ne puis) même plus écrire de la sorte, et je me retiens de relever que Lacoche oublie les deux-points consécutifs dans la même phrase (Vailland en surabonde).
Deux fois : « (la Gauche ? ») ». C’tain tic ? Ah ben non. C’est juste que le curseur de l’édition électronique est revenu en arrière.
Je n’ai pas encore lu Le Pêcheur des nuages, ni les autres livres de Philippe Lacoche. Cela viendra, en son, en leurs temps. Allez voir.
Je ne suis pas du tout vaillandophile (kesselophilique, si) émerveillé. Mais embrayer derrière un Lacoche, si. On peut lui coller à la roue.
Il paraît que Lacoche se commet dans Causeur, avec l’ami Luc Rosenzweig, un gars qu’aurait p’têt mal tourné (Couté). Sauf que… Décédé (Luc). Le gars, y vient à Belfort fringué comme un clodo (sur ce blogue-notes, voyez ce qu’écrivit Vailland sur les clochards). C’est tout juste si Fred, du Pays de Franche-Comté, lui concède l’accès aux locaux de la rédaction. J’interviens. C’est l’envoyé spécial du Monde. On cause de la Simone. Luc était à tu et à toi avec Simone (la seconde en date des Weil). Vailland, lui, avec des tas, des tonnes de célébrités. Fait assez unique : très rarement vachard. Fort peu de sucre cassé sur leur dos dans ses lettres à  maman-sœurette ou ses Écrits intimes. Il y allait franco publiquement (Brasillach ne lui en voulut pas).
Lacoche et moi, on doit beaucoup à Roger Vailland (chez lui, cela se voit, chez moi..). Aussi à Luc. Ou d’autres (pour moi, Ohayon, de l’AFP, père de la fondatrice de La Maison des journalistes). Tu cherches Oyahon & « Premier Choc », et tu peux oublier. Bientôt tu chercheras Vailland & Résistance, et cela sera prolongé jusqu’à la xième page (avant disparition, car une page pipeule récente chasse l’autre, qui finit par disparaître).
Vous l’avez compris, comme supra, Philippe Lacoche mêle beaucoup de souvenirs personnels à son éloge illustratif de Roger Vailland.
L’ai-je bien descendu foutraque ? Propre à ne pas vous le servir tout cru mais à vous interroger sur Roger Vailland et Philippe Lacoche ? À vous interpeller à propos de ce qu’ils ont publié ? Bah, peu importe la réponse : j’aurais au moins tenté.
Abscons ? Voui. L’immédiateté du sujet-verbe-complément est ce que vous êtes uniquement capables d’appréhender ? Ne lisez ni Vailland, ni Lacoche. Trumpisez, vous l’aurez cherché.
Ouf, canicule puis orages désirés. Nous allons enfin renâcler à propos des précipitations. C’est de saison. Lacoche se lit mieux sous les entomophiles (ou je ne sais quoi de voisin, mais l’ai-je bien casé ?). Vous n’y comprenez goutte ? Cherchez, cherchez… Non, il ne s’agit pas des bananiers de Babylone (parmi lesquels René-Nicolas Ehni logeait une nudiste).
Ah oui, je suis censé parler de son livre. J’ai aimé, beaucoup. Vous aussi, vous aimerez, et comprendrez qu’on peut détester lire une telle chronique et apprécier son ouvrage. Il écrit encore en journaliste, pour être lu, comme on l’apprend dans les écoles ad hoc. Limpide pour le lecteur lambda, subtilement allusif pour qui connaît l’œuvre et le personnage de Vailland.
Exemple : « Avais-je dans mes rêves olfactifs des odeurs des Musclor ou de Decontractyl Baume lorsque je me mis à lire les premières lignes de 325 000 francs. ». Et Vicks Vaporub, il sent le pâté ? Les autres — lignes — suivirent en une nuit. Suprême raffinement de papier (comme dans la pub Pie-qui-chante pour Mi-Cho-Ko) : si vous ne savez pas ce que Vailland se bourrait dans le pif, cela passe comme une lettre à poste. Si vous êtes au jus, vous lisez entre ces lignes.
Un ch’ti extrait judicieux ?
« Vailland (…) tord discrètement le cou à la réalité ; il la flingue. Mais toujours avec un silencieux. (…) On ne sent pas l’effort, ni les ficelles de ce grand prosateur, professionnel aguerri, déjà, au reportage, à la micro-locale, aux faits divers, à l’enquête minuscule mais essentielle… ».
Un autre ?
« Nos mémoires s’effilochent ; elles sont pleines de trous, pitoyables disques durs piratées (Ndlr. accord avec mémoires, ou virgule élidée) par ce monstrueux hacker qu’est le temps. »
Ala (ou Àla, en début de phrase ?) « santé du confrère, qui nous régale aujourd’hui… ». L’édition électronique le voua à l’oubli, lui, l’ouvrier du Livre, et tant d’autres. Elle a cependant cet avantage : la recherche plein texte, plus efficace que les surlignages (là, j’ai un Denis Guénoun, les Trois soulèvements, copieusement surligné par une prof’ ; Stabylo®™ de trop tue le Stabylo™®). On retrouve aisément Daniel Cordier (Caracalla). Ou Rolland (le Picard, pas l’étrusque, ni Albert, ni d’autres fusillés, mais l’auteur de Jadis, si je me souviens bien… Vous avez relevé l’association après « nos mémoires » ?).
Il y a un rapport bizarre (plateau-rouages d’arrière : Vailland=vélo) entre Lacoche et moi. Il vous laisse (embrayer, non, verbe déjà employé) développer, poursuivre. Qui est cet Yves Courrière  ? Un autre Péan ? Un Lacouture ? Si vous ne le savez déjà, Lacoche vous incite à vous renseigner. Là, je le coiffe sur le poteau. Pour retrouver Georges Ohayon, il va vous falloir creuser (sergent de la 4e cie, présumé avoir rejoint la Haganah avant d’intégrer l’AFP), et pour Roger Choin, trouver la bonne bibliothèque (et comme il a refusé toute décoration, bonjour le casse-tête).
J’vous dis ça, j’vous dis rein de rein.
Ce n’est pas dans ce Roger Vailland que vous retrouverez les rapports sur Vailland dans la Résistance (à Vincennes ?), ni nombre de mes ergotages, mais s’il ne vous donne pas envie d’emporter un Vailland à la plage, alors, je me frappe le cœur d’une saucisse pour un seppuku symbolique (bon, le kaizoebara à l’andouille de Guémené suffira).
Si vous êtes arrivé jusqu’ici, c’est la fin de votre chemin de Groix (qui voit Groix…). Avant de regagner le continent et Édouard Vaillant à la colonie agricole de Porquerolles, faites escale à Belle-Île, avant de rejoindre d’autres « Lieux de Vailland ». Stay tuned.
P.-S. – Écrivant sur Vailland, toujours insérer un Vaillant… Ce n’est pas que pour Google : enfin, si… Plein de trucs sur Vailland font état de cet autre : Roger Vaillant. Tiens, je me demande si un Jean-Louis Bory n’est pas devenu à l’(des) occasion(s), Borie. Jean-Louis Bory, Maurice Clavel ? Guénoun et les communistes homos, jeu de piste. Dans le Vercors ? Retrouvez Vailland et Bory via la plume de Dominique Aury.

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