Vers un hostile Brexit ou des élections anticipées ?
On Hold, Soft,
Hard, No-Deal (Hostile). Soit Brexit suspendu, doux (édulcoré, aménagé),
dur (conflictuel mais négocié et réciproque), sans accord (décisions unilatérales).
C’est du moins ce que j’ai pu tenter de comprendre…
Voici des mois et des mois que je m’intéresse au Brexit et à
ses conséquences (tant intérieures au Royaume-Uni qu’en relation avec l’Union
européenne et le reste du monde), et je ne suis pas sûr d’avoir tout bien
précisément compris. J’en présume hâtivement qu’hormis des spécialistes, qui consulte
ce blogue-notes n’est pas tout à fait au point sur la question. Voici ce que j’ai
cru pouvoir discerner…
On Hold Brexit
De fait, c’est la situation actuelle : non, non, rien n’a
changé, tout, tout (ne) va (pas) continuer jusqu’à… Théoriquement le 31 octobre
prochain, sauf si une prolongation était envisageable… Mais on ne voit pas Boris Johnson la solliciter, ni Bruxelles la proposer (sauf, peut-être, mais ce n'est pas impératif, en cas d'élections générales imposées à Bojo).
Soft Brexit
Doux est à la fois singulier et pluriel, éventuellement
adverbial au singulier, et cela correspond bien. Brexit mollet, Brexit mol, Brexit
adouci, &c. Cela aurait été le cas si le Parlement britannique avait
consenti à ratifier ce qu’avait négocié Theresa May. Soit divers aménagements
pas tout à fait exactement identiques à ce qui régit les relations de la
Norvège ou de la Suisse avec l’Union européenne, mais, jusqu’à
approfondissement censé toujours ménager l’avenir, l’essentiel du point de vue
de la libre circulation des personnes et des biens préservé.
Soit que le Royaume-Uni conserve un strapontin à Bruxelles,
mais que les règles douanières actuelles perdurent, notamment pour les échanges
la République d’Irlande et l’ensemble (UE et UK).
Le Royaume-Uni dispose déjà d’une certaine indépendance par
rapport à certaines règles communes à ce qui prévaut entre les pays membres de
l’Espace Schengen et la Zone Euro : des contrôles aux frontières
subsistent dans le sens Continent-Grande-Bretagne, la livre sterling se négocie
indépendamment de l’euro sur les marchés.
Hard Brexit
La séparation est actée, de longues négociations au cas par
cas, secteur par secteur, s’entament. Les relations bilatérales se déterminent,
mais on ne sait trop ce qui peut advenir. Des accords de coopération subsistent.
La clause financière de rupture (le Royaume-Uni concède le versement d’une
somme d’environ 39 milliards de livres sterling) s’applique.
No-Deal (hostile) Brexit
Au 31 octobre prochain, le Royaume-Uni s’est affranchi de
tout lien avec l’Union européenne. Il décide souverainement de ses relations
avec le reste du monde. Boris Johnson a d’ores et déjà annoncé qu’il n’honorerait
pas la clause financière de rupture, et libre à l’Union européenne de décider
unilatéralement des mesures régissant ses relations avec le Royaume. Cela
pourrait aller jusqu’à des mesures de rétorsion, un blocus de fait des échanges
commerciaux, la fin de l’agrément permettant aux institutions financières
britanniques d’opérer sur le territoire de l’UE, &c. Voire impliquer l’expulsion
des sujets britanniques jouissant d’un statut de résident européen, le
rétablissement (ou non, pourquoi pas ?) de visas, &c.
Tout cela est théorique mais l’éventualité d’une escalade
progressive de conflits multiples ne peut être écartée.
Apparemment, c’est ce vers quoi Boris Johnson semble s’orienter,
mais il peut être freiné par le Parlement… Or, au jour le jour, c’est de ce point
de vue une situation évolutive. Voire d’heure en heure : la presse
britannique dite « de qualité » (The Independent, The Guardian,
The Times, The Financial Times) actualise ou non ses sites en
continu (ce 1er août, c’est le cas des sites du Guardian et de l’Independent).
La presse « intermédiaire » (Daily Mail, Telegraph, Evening Standard…)
fait de même à l’occasion (ce jour, c’est le cas du site du Telegraph).
Count-down
Bojo (Boris Johnson) vient d’équiper son bureau d’une
horloge égrenant les secondes, minutes et heures, révèle The Daily Mail dont le
site affiche chaque jour le nombre de ceux restant avant le 31 octobre (90 demain). Une horloge Winston (le choix de la marque ne doit rien au hasard :
Churchill…). Il est dommage qu’un compteur indiquant le coût des préparatifs d’un no-deal Brexit ne lui soit pas adjointe… Un autre compteur, affichant
le nombre des anciens ministres et des députés passant à l’opposition interne aux conservateurs, voire les quittant pour rejoindre les libéraux-démocrates ferait encore
plus mauvais effet.
La majorité parlementaire tient à… on ne sait plus trop combien
(deux sièges aux dernières nouvelles, mais cela peut évoluer à la baisse…). Le
résultat d’une élection partielle au Pays de Galles tombera tard ce soir, une
défection est en suspens, il suffirait d’une autre pour qu’une élection
générale s’impose plus vite qu’envisagée.
Le coût d’un Brexit dur est plus ou moins évaluable, ce qu’a
fait le Financial Times (illustration). Bien évidemment, il sera plus
important pour le Royaume-Uni et les régions côtières du continent les plus
proches (mettons de la Vendée au nord de la Norvège). Le graphique émane de
Bertelsmann Stiftung (une agence allemande), qui s’était livré à des
estimations en mars dernier, mais il est significatif que le FT l’ait
publié hier.
En fait, “no-deal” équivaut à « hostile »
(Brexit). Hostile de part et d’autre de la Manche, de par et d’autre du “border” avec l'Écosse,
et pour l’anecdote les portraits de la reine viennent d'être déposés ce jour dans les locaux de
diverses administrations de Belfast (Irlande du Nord).
On ne sait ce qu’il adviendra de la majorité mais au Parlement,
les conservateurs pro-Brexit les plus déterminés (une soixantaine) se sont dits
déterminés à ce que, même si Bojo obtenait des concessions de Bruxelles, aucun
accord ne soit adopté.
Ce serait donc l’Halloween Brexit (la fête étant célébrée le
31 octobre). “Trick or treat” : un « sort », assurément. Et
de bien amères friandises…
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