jeudi 3 septembre 2020

Valentin Gendrot et la police : confirmations, approximations

 Des limites du livre-témoignage brut

Je vous en parle sans avoir déjà lu Police (Goutte d’or éditeur), mais comme il existe une version numérique peu chère, je vous en entretiendrai de nouveau sans doute. Histoire de confirmer ou infirmer mon présupposé : un témoignage brut ne peut être que parcellaire.


Il est bien présomptueux de reprocher à Valentin Gendrot d’être resté au ras des pâquerettes. Soit au récit d’une formation bâclée dans un centre de province et de six mois d’observation au sein d’un commissariat d’arrondissement parisien. C’est du grand reportage, à la, mettons Florence Aubenas mode Quai de Ouistreham (six mois au coude à coude des précaires). Chapeau, donc. Avec un handicap pour Gendrot : tenter de prendre contact avec des collègues d’autres commissariats, de sonder la hiérarchie, d’élargir son terrain d’enquête l’exposait à se brûler rapidement. Soit il restait infiltré et il n’encourrait pas la vindicte d’autres policiers, soit… comme il l’explique, il risquait de se retrouver au placard et en butte à l’hostilité, aux brimades.

Ce qu’il ressort de la revue de presse et des quelques entretiens donnés par l’auteur, c’est qu’un jeune flic ne peut que devenir flic à part entière ou démissionner. D’ailleurs, il se défend d’avoir écrit un livre « anti-flic », et même on peut deviner qu’il s’agit plutôt d’un livre pro-flics décents.

Mais il confirme que, comme il l’a fait lui-même, les décents sont rapidement contaminés, couvrent non pas seulement les bavures, mais les exactions délibérées des collègues, et que la hiérarchie, ne voulant pas d’histoires ou compromettre son avancement, tolère quasiment tout comportement limite. Cela confirme les conclusions des diverses études sociologiques.

On a l’impression que seuls les « bâtards », ainsi désignent les policiers xénophobes) tous ceux sur lesquels ils se sentent libres de frapper, tous étrangers ou « bronzés » au sens large, font l’objet de menées contraires au code de déontologie. Rien n’est plus faux globalement. À moins d’être magistrat ou avocat ou de faire valoir une preuve indubitable de sa proximité avec le pouvoir, tout justiciable (c’est-à-dire pratiquement tout le monde) peut se retrouver provoqué puis poursuivi pour outrage. Mais dans le doute face à un bon Français « indigène », né en France de parents Français et blancs, simple contrevenant ou délinquant, les méthodes, par précaution, sont plus subtiles. C’est, par exemple, serrer les pinces à fond pour faire mal, mais de façon à ce que les traces ne puissent pas entraîner un constat médical qui, dans la plupart des cas, ne sera pas immédiat.

De son expérience d’une formation superficielle dans un centre régional, Gendrot déduit que n’importe qui peut devenir policier. Par cette voie, peut-être. Mais pour intégrer une école de police, formant des gardiens de la paix, ce n’est pas le cas : mieux vaut ne pas être trop diplômé et ne pas trop briller à l’écrit, être plus proche de 17 ans que du maximum (35 ans). Le tri est sévère pour éliminer les éventuels potentiels gêneurs.

Légère digression. En Espagne, on n’intègre plus une école de police si on n’a pas obtenu 62 bonnes réponses sur cent à l’épreuve d’orthographe. Que les nuls en orthographe ne désespèrent pas, cela ne durera pas.

Le livre est aussi un plaidoyer pour accorder des moyens décents aux policiers décents (dont les autres pourraient bénéficier, ce qui les apaiserait peut-être). Il est certain qu’entre les locaux et les véhicules des séries télévisées policières et le réel, l’écart est considérable. Mais une série policière qui ne bénéficierait pas de la sympathie de la hiérarchie ne durerait pas plus que quelques épisodes. Une bonne série policière doit donner une impression globale favorable de la police et de la gendarmerie.

En revanche, le mérite d’un tel témoignage brut est d’être difficilement réfutable, d’autant que l’auteur n’en est pas à sa première infiltration

Ce livre apporte beaucoup de confirmations. Et prolonge ce que décrivaient déjà les romans noirs d’Hugues Pagan, ancien policier et auteur (trop) franc, sincère. En réalité, pratiquement tout le monde savait déjà ce qu’il en était. Plus significatif me semble ce que l’éditeur en dit sur son site. Il avait été envisagé d’imprimer le livre à l’étranger (ce fut en Slovénie), d’en assurer la promotion auprès de relais d’opinion « dans le huis-clos du cabinet » d’un avocat.

Ce livre a déjà retenu l’attention à l’étranger (The Guardian, RTBF, Tribune de Genève, El Mundo, etc.).

Ce qui devient grave, c’est que, du fait d’une minorité, la majorité de la population devient appréhensive si elle doit frayer avec la police, en tant que témoin ou plaignant, s’attendant à être systématiquement toisée et intimidée. Il subsiste  pourtant des policiers faisant preuve d’écoute et d’une forte aménité.

À l’inverse, nombre de policiers sont quotidiennement insultés et confrontés à des attitudes provocantes de la part d’une minorité. Et certains policiers, sachant ce que subissent leurs collègues, en viennent à exprimer systématiquement un ressentiment à l’égard de populations assimilées hâtivement à ceux qui s’en prennent à leurs collègues. La tolérance de la majorité envers les écarts de comportements de certains en découle.

Ce qui est rassurant c’est qu’en découvrant les dépêches de l’AFP, largement reprises, le ministère a incité la préfecture de police à saisir l’inspection générale et alerté le parquet. Et pour une fois, le communiqué de la préfecture ne tente pas d’induire que les faits rapportés  (qualifiés « d’allégués » cependant) soient d’emblée dénués de tout fondement ou fortement exagérés.  Pour le moment, les syndicats de police n’ont pas réagi. Mais, pour donner l’ambiance du côté de France Police, il est réclamé, après le meurtre d’un policier au Mans, que policiers et gendarmes soient autorisés à ouvrir le feu en cas de refus d’obtempérer. Quant à Synergie officiers, ce syndicat définit les violences policières de « délit imaginaire caractérisé par les tribunaux médiatiques ». Quant au SICP-SCPN, qui appelle à manifester le 2 octobre, il dénonce la « mise en cause – systématique, médiatique et politique – de notre action au moindre incident. ». C’est mal parti pour la réception de ce livre.

Parmi les entretiens accordés par l’auteur, le plus significatif (je n’ai pas eu accès à celui de Mediapart) est le fait du site RTL belge. Ce n’est pas un hasard : les journalistes belges ont rarement à faire avec la police française et ne risquent pas des mesures de rétorsion.

Sur Twitter, une policière, Juliette Alpha, auteure de Vis ma vie de flic (Hugo Doc éd.), pose une question pertinente : «  est-ce que Valentin Gendrot a le recul nécessaire, avec seulement six mois dans une brigade,pour comprendre comment tous ces facteurs peuvent nous changer ? ». La question induit la réponse. Mais faudrait-il cinq à six ans pour un policier infiltré dans un gang d’une cité pour saisir, à défaut de comprendre, de quoi il en retourne ?

La version papier du livre était déjà, en soirée, en rupture de stock sur divers sites. Faut-il y voir un indice de l’évolution de la perception d’une partie de la police par une large partie de la population ? Un tantinet sans doute même si hors des agglomérations, la police reste très majoritairement respectée et appréciée. Ce que reflètent d’ailleurs les propos de l’auteur, pour le moins mesurés. Je ne doute d’ailleurs pas que le commissariat de son arrondissement reçoive aussi des félicitations méritées de la part des habitants. Un couple d’amis qui y résidait a fini par se réfugier en petite province, las des incivilités, des dégradations gratuites subies par son véhicule (une 4 L Renault). Des gens pas, ou plutôt plus choqués que des (et non les) policiers emploient parfois des méthodes « musclées ». Sans toutefois dénier qu’elles puissent exacerber des frictions, des tensions. Et cet engrenage mérite d’être pointé du doigt. Même, comme peuvent l’estimer certains policiers, maladroitement et cavantage à charge qu’à décharge.

Un fonctionnaire de l’Intérieur répondait à Juliette Alpha : « je n’ai rien contre un peu de justice expresse de rue, mais ce qui a l’air d’être décrit dans le bouquin est intolérable. Parce que cele arrive, mais surtout parce qu’il n’y a pas de sanctions. ». Mais, il y a des sanctions, contre les policiers dénonçant l’intolérable. On n’a pas oublié le sort fait au policier syndicaliste Alexandre Langlois de Vigi. Lequel syndicat dénonce « le racisme cautionné et encouragé dès l’école de police » (celle de Nïmes). 

mercredi 2 septembre 2020

Kenosha : Rittenhouse tabassait une fille avant d’aller tuer des Commies



 Aux É.U., c’est Daesh version chrétienne

Donald Trump a laissé entendre que Koyle Riettenhouse, qui a tué deux personnes à Kenosha, avait tiré en légitime défense. Bien sûr il ne savait pas que son protégé avait, le premier juillet, tabassé une jeune fille pour le plaisir. La Maison Blanche et la police s’enferrent dans le déni pour assurer la réélection de Trump.


Restons maîtrisés et non véhéments : que le jeune Rittenhouse, 17 ans, ait rossé davantage une jeune fille prise à partie par les copains d’une autre n’implique pas la suite de ses actes. Et que Donald Trump veuille trouver des alibis à tous ses partisans n’a rien de nouveau. Cet autre fait divers n’en reste pas moins significatif d’un mouvement d’ensemble. Une large étude portant sur les adhérent·e·s aux thèses complotistes dégage une forte majorité d’hommes blancs, mysogines, se croyant ou se voulant supérieurs aux autres (en particulier aux élites libérales) et inquiets du pouvoir ascendant des femmes dans la société étasunienne. Bref, ils ont tout pour reconnaître Trump pour l’un des leurs.

Quant aux hiérarchies policières couvrant leurs subordonnés en cas notamment non de bavures mais d’exactions criminelles, tout argument est bon, réel bien sûr, partiellement réel ou carrément fabriqué. Parmi les récents exemples en date, le cas de Breonna Taylor, abattue dans son appartement. Elle avait un ami d’enfance qui se livrait possiblement à des trafics de drogue. Au départ, ce dernier déclare que Breonna n’avait aucune part dans ses activités illicites. À présent, il a été sollicité pour déclarer le contraire et impliquer Breonna et bénéficier de faveurs judiciaires, rapportent NBC et d’autres médias. Des avocats de la famille Taylor ont pu produire un document en ce sens. Bien sûr, le parquet du comté de Jefferson a totalement démenti que cette manœuvre visait à dédouaner la police.

À Portland, dimanche dernier, la police a maté violemment des manifestants qui se livraient effectivement à des dégradations. On voit notamment des policiers frapper un homme à terre à coups de crosse de fusils. Que fait le chef de la police de Porland. Chuck Lovell, de sa propre intiative (c’est un Afro-Américain) ou sous la pression de ses effectifs interpelle le maire démocrate de Portland qui avait dénoncé tous les types de violences. Le policier réclame des sanctions visant les manifestants et tait tout rapport de cause à effet entre les violences policières et l’exacerbation des (enfin, non pas des, de certains, mais il ne le précise pas) manifestants.

En fait, un peu partout, la police — ou du moins les policiers estimant que la réélection de Donald Trump leur vaudra des primes ou des revalorisations — incitent les milices d’extrême-droite et ceux qui s’y assimilent pour se faire valoir à leurs propres yeux et ceux de leurs proches connaissances, à des affrontements avec les mouvements BLM ou associés. En gros, c’est « venez avec nous casser des rouges et des criminels ».

Au-dessus, Trump laisse entendre que les milices bénéficieront de l’immunité voire laisse présumer qu’il accordera une grâce présidentielle à ses partisans risquant d’être poursuivis et condamnés.

Cela devrait suffisamment fonctionner dans nombre d’États, surtout les moins peuplés, mais qui envoient davantage de grands électeurs que les États favorables aux démocrates.

De leurs côté, les hackers russes tent de dissuader l’électorat démocrate proche de Bennie Sanders et d’autres catalogués radicaux d’apporter leurs voix au tandem Biden-Harris. Ils continuent aussi, avec des comptes fictifs, d’entretenir des thèses complotistes. Ce qui revient à une collusion de fait avec Trump et la Trumpland.

Bien sûr qu’ils soient athées ou simplement financièrement intéressés (le milicien de Portland tué était spécialisé dans les livraisons et déménagements de coffre-forts pour armes à feu) se réclament du christianisme et du nationalisme. À Kenoscha, Trump a fait une tournée des destructions. Comme un commerçant dont la boutique a été incendiée ne voulait pas poser à son côté, l’équipe de communication de Trump est allée dénichée son prédécesseur, le présentant tel l’actuel exploitant.

C’est dans la presse et sur les sites de presse, mais toute la presse n’étant pas systématiquement pro-Trump est discréditée et les complotistes ne font confiance qu’aux réseaux sociaux les renforçant dans leurs convictions. Il se targue d’avoir conversé avec le révérend de la famille de celui auquel les policiers ont tiré dans le dos, la famille défend formellement, mais peu importe. La Trumpland retient que Trump est un excellent chrétien et que Biden pousse aux violences et aux destructions. C’est d’ailleurs son seul argument électoral : faites-moi confiance pour restaurer l’ordre et l’application des lois. Tout opposant à Trump étant un terroriste en puissance (sa dernière : armé de boîtes de conserves de soupe lancées contre les policiers).

Trump a carrément admis que déplacer l’ambassade de Tel Aviv à Jerusalem ne visait pas à fidéliser un électorat juif qui s’étiole, mais à sécuriser celui des évangélistes.

De toute façon, la Trumpland se moque de savoir que son herault conforte l’islamiste Erdogan en Lybie et contre la Grèce pour fragiliser l’Union européenne, en plein accord avec Poutine. L’avortement (sauf bien sûr quand la maîtresse ou une gamine enceinte pourrait réclamer des subsides), les armes, les églises et le drapeau sont ses seules préoccupations. Comme le rêve américain s’éloigne pour celles et ceux (surtout ceux) qui sont laissé pour compte, le complotisme devient un refuge, une compensation pour l’amou-propre malmené par les faits et la dèche (toute relative). Trump invente que des milliardaires affrètent des avions pour amener des terroristes perturber la convention républicaine (tiens, ils ne prêtent pas leurs jets privés : comme la presse dément, c’est que cela doit être vrai, forcément. C’est le réflexe : vous avez des diplômes, une meilleure situation que moi, mais moi, je sais ce qui se trame et avec Trump, je vais retrouver le pouvoir de changer les choses à mon avantage.

Cela ne s’est pas produit en quatre ans mais, c’est évident, en quatre ans supplémentaires, cela adviendra.

Comme, en face, une majorité ne pense pas que Biden fera beaucoup mieux qu’Obama, beaucoup restent la tête dans le sable. En fait, Trump applique les méthodes de Daesh et galvanise la Trumpland. La conjonction des deux semble en passe de lui valoir sa réélection.

En France, la droite constatant qu’aucune ou aucun chef de file naturel ayant l’aura d’un Tump et capable d’appliquer ses tactiques n’émerge, elle glisse vers un modus vivendi avec un Macron susceptible de lui laisser préserver quelques fiefs et avantages

lundi 31 août 2020

Portland : le sataniste Reinoehl (israélite) tue le bienheureux (Danielson) ?

 Si ce n’est un Noir, ce ne peut être qu’un démon…

Au-delà du fait divers de base (qui était qui, qui a fait quoi ?), le meurtre du « patriote pour la vraie foi » Aaron Danielson, par l’antifa Mike Reinoehl est tout à fait significatif de ce qu’on pourrait paradoxalement dénommer l’historiographie immédiate.


Je ne sais toujours pas qui est la victime du mouvement Patriot Prayer mort des suites d’une blessure qu’un certain Michael Reinoehl lui aurait, est-il affirmé, infligé. Ou que, selon un autre mode de story telling, la police de Portland aurait tout fait pour qu’elle devienne mortelle. Je ne vais surtout pas prétendre partager le vrai du vraisemblable et l’erroné du faux mais la suite de la « divine révélation » peut intéresser les médialogues.

C’est vraiment par hasard que, la nuit dernière, j’ai cherché à survoler un peu cette histoire de tir à Portland et effleuré l’angle médialogique (d’un membre du groupe Patriot Prayer, il est tout de suite fait un “Trump supporter”). Ce qui semble plausible mais n’est pas vraiment établi. Tout comme je ne m’aventure pas à déclarer le présumé coupable d'être le véritable auteur du tir. La seule source fiable reste The Oregonian, dont les journalistes se bornent à relater que la police a ouvert cette piste après que la sœur de Reinoehl ait reçu des menaces téléphoniques de mort visant toute sa famille.

Nous avons deux récits, qui ont d’ailleurs depuis évolué. Tout d’abord, un certain Andy Ngô affirme que des témoins ont vu a Black Male tirer sur Danielson. Comme cela semble difficile à étayer, mais après qu’un policier (qui n’a vraisemblablement rien vu), interpellé par un manifestant pour critiquer non la police en général, mais se déclarer contre la police locale présumée être aux ordres du maire démocrate ait affirmé que le treur est un antifa, on finit par trouver l’antifa idéal. Je sais ce n’est qu’une supposition. Mais certains auraient alors bondi sur la piste de l'antifa de Portland et faute de Noir, auraient, selon leurs détracteurs, déniché le coupable qui leur seyait.

Autre supposition, cette fois venant du camp d’en face. Une infirmière ou soignante bénévole, Sierra Boyne, qui s’était portée auprès de la victime, affirmera que tous les secours bénévoles furent violemment écartés du blessé, toujours vivant, par la police. Ce de façon à ce que, 20 minutes plus tard on ne puisse que le déclarer mort. Il fallait un mort pro-Trump à la police, CQFD (et c'est bien sûr impossible à démontrer, mais l'argument est suggéré hâtivement).

En réalité, il est fort possible que les policiers aient eu pour consigner de sécuriser la scène du crime en attendant un médecin légiste ou la police scientifique. Au risque peut-être que la victime ne puisse bénéficier de secours d’urgence, mais qu’il en ait été décidé sciemment semble une extrapolation.

Un mot sur la police de Portland, les nationalistes — les patriotes — pro-Trump ou non sont persuadés que la police et les magistrats de Portland reçoivent des consignes des démocrates locaux pour que les pillages et manifestations se poursuivent impunément. C’est d’ailleurs le discours sous-jacent de Donald Trump et de la Trumpland (et nul besoin d’étayer, c’est constant depuis la mort de George Floyd et les manifestations de Portland). Un George Floyd qui, bien évidemment, est mort d’une overdose et de pathologies préexistantes (l’avocat du policier demande donc sa relaxe, tout comme l’avocat du tireur de Kenosha, Lyle Rittenhouse,17 ans,  plaide à présent la légitime défense).

Danielson était accompagné d’un ami, Chandler Pappas, que l’on voit sur des photos antérieures revêtu d’un maillot frappé d’une swastika (à moins qu’il s’agisse d’un quasi-sosie, les détournements de photo ne sont pas imputables qu'à un seul camp). C’est banalisé que Pappas fera une petite allocution pour dire que la victime était simplement venue exercer son droit d’expression. Ce même Chandler Pappas fut accusé par son oncle d’avoir tenté de le tuer en pleine rue. Mais bien évidemment, les pro-manifestants BLM relèvent que la police omit de le poursuivre. Les anti-manifestants en ont autant contre la police et la justice qui n’auraient pas poursuivi Reinoehl pour port d’arme…

Ce qui semble sûr (d’un côté comme de l’autre), c’est que Reinoehl avait été précédemment blessé au bras par un projectile. Ce qui semble moins sûr, c’est que Danielson et Pappas s’en soient pris à des manifestants peu avant que Danielson reçoive un coup de feu. Certains l’attestent. Reinoehl se serait-il estimé en légitime défense, tout comme le soutient à présent Rittenhouse  pour son propre compte ?

Autre hypothèse avancée : en fait Reinohl aurait été rétribué pour infiltrer les antifas. Hypothèse bien sûr réfutée par le camp d’en face pour lequel Danielson semble en voie de béatification. Bref, l'un serait Boogaloo (alt-right) et l'autre de même.

Où cela tourne à l’absurde, c’est lorsque l’on consulte les commentaires sur 4Chan. Reinoehl est un nom d’origine allemande, donc juive, forcément juive. Et chacun sait que les Juifs actuels n’ont rien à voir avec ceux du temps de Jésus (dont les vrais descendants ramèneront le Sauveur, et feront triompher la chrétienté, selon les évangélistes). Il en découle que ce n’est pas un infiltré, mais un séide stipendié de George Soros. Cela va tellement de soi... Inutile de chercher à le démontrer, CQNFPD. Cela se passe d'explication, nul besoin de démonstration. Si vous ne croyez pas au diable, c'est que vous êtes un vilain athée (donc pervers et internationaliste proto-communiste).

Déroulez le fil et retrouvez Thierry Meyssan sur le Réseau Voltaire. Les antifas seraient, selon Meyssans, une pure création de la CIA, de l’Otan et de Soros, si ! Bref, de l’état profond Clinton-Obama. D’ici à ce que Reinoehl passe pour un santaniste se livrant à des sacrifices d’enfants, le pas n’a pas encore été franchi. En tout cas, il aurait massacré l’Enfant de Dieu, le patriote chrétien (ne peut être patriote qu'un chrétien et vice-versa, pardon, vertu oblige, God Save America).

Ce qui est vérifiable, c’est qu’un bord fait de Danielson la victime idéale et de Reinoehl un coupable haineux. Il n’y a eu que la Portland Tribune pour relever que Danielson et Pappas étaient aussi armés de couteaux. Le Portland Mercury a fait état d’un « possible suspect », sans le nommer. Le Portland Mercury avait aussi relaté que l’un des chauffeurs participant à la Trump Cruise Parade avait foncé dans la foule des contre-manifestants (entendez les pro-BLM). Fox News le nomme mais soulignait que la police locale n’était pas parvenue à des conclusions.

L’auteur de la vidéo la plus diffusée est celle d’un certain Justin Dunlap qui a déclaré à l’Oregonian que la victime, avant d’être atteinte, avait saisi quelque chose depuis sa taille de sa main droite et dirigé un jet (de gaz, peutt-être de’une bombe aérosol ou de gel au poivre), puis qu’il avait entendu deux détonations. Dunlap a déclaré aussi qu’il avait communiqué la séquence à la police. Il s’est déclaré incapable de dire qui pouvait être le tireur. 

Pour les uns, la victime est devenue davantage un Maga martyr (un pro-Trump martyr) qu’un affilié à un groupe d’extrême-droite, pour les autres, il s’agit d’un néo-fasciste, possiblement tué par un agent infiltré parmi les antifas.

Il est bien sûr déplacé de relever que France 24 a traduit bear mace par « masse d’ours » (ces aérosols, ou sprays, d’autodéfense sont utilisés dans les régions où les ours font des incursions dans les localités). Ce qui est certain, c’est que les membres de la « cavalcade » trumpiste en étaient massivement équipés et en ont fait un copieux usage, ainsi que des marqueurs de balles de peinture, mais qu’ils étaient aussi munis d’armes à feu dont ils n’ont pas fait usage. Il s’agissait assurément d’en découdre avec les pro-BLM et autres « teroristes ». La consigne était de pulvériser, mais de conserver les armes à feu dans les voitures (au cas où..). 

Récemment, dans Le Soir (be), un académique (universitaire), relevait que le terme de « frugal » était appliqué aux pays pingres de l’Union européenne et dénonçait cette litote. À l’inverse, la Trumpland peut maintenant s’autoriser à désigner terroriste tout opposant à Trump. Car complice objectif des antifas. 

Et tous les moyens sont bons. Saisissez antifa.com, et vous serez redirigez sur jobiden.com. Car bien sûr, on peut le lire sur divers sites pro-Trump, les antifas font la promotion de Joe Biden (il s’agit en fait d’un détournement du nom de domaine du présumé site des antifas). Ce qui incite non seulement à déduire que le démocrate Joe Biden « protège » les antifas, mais qu’il est lui-même un « terroriste » ou pour le moins un « marxiste » voire un « anarcho-léniniste » pro-émeutes, saccages, pillages.

Pour le moment, le site antifa de Portland, Rose City Antifa (Portland, entre autres villes étasuniennes, se définit comme la Toulouse de l’Oregon), ne s’est pas prononcé sur le meurtre de Danielson, ni n’a revendiqué Reinoehl pour l’un de ses membres. En revanche, des sites proches de BLM ont fait état des suspicions portées contre lui sans se prononcer sur son rôle aux côté de ses militants.

En réalité, de part et d’autres, nombre d’individus se proclament soit suprémacistes patriotes (redondance, l'un impliquant l'autre), soit antifas, et se targuent d’appartenir à des services d’ordre, selon une mentalité « spontex ». En fait, ils s’improvisent ultra-radicalisés pour un bord ou son adversaire. Pour le moment, ceux d’extrême-droite reçoivent la bénédiction urbi et orbi et  twitti de Donald Trump. Certains tentent de lever des fonds, de capter des dons, d’autres se contentent de se mettre en avant. De relever le menton et de poser pour les photos. Pour le selfie, comme on se sent à son avantage en partisan résolu d'une cause ou d'une autre. 

Même si le fondateur de Patriot Prayer a revendiqué la victime pour l’un des siens (et s’est empressé de récolter des fonds pour la famille de Danielson, tel un Bannon pour le mur frontalier), il est fort possible que le jeune homme décédé se soit contenté d’acheter une casquette sur le site marchand de Patriot Prayer pour frimer auprès de ses copains-copines partageant ses vagues opinions.

Bah, pour la NRA, la Rifle Association, l’essentiel c’est que les uns et les autres achètent des armes et de munitions.

Portland : un « Antifa terrorist » contre un « Trump supporter »

 Démocrates et républicains s'accusent de pousser à la guerre civile

La police de Portland n’a pas encore identifié qui avait abattu un adhérent du groupe Patriot Prayer, mais divers sites pro-Trump n’ont pas tardé à le nommer. Coupable idéal ou suspect envisageable ? En fait, « peu importe » : l’important, c’est de recueillir des dons et de vendre des gadgets.


L’homme tué à Portland portait une casquette achetée via le site du mouvement Patriot Prayer. Aussitôt ou presque, son fondateur, Joey Gibson, l’identifiait en tant que Jay Bishop et lançait un appel aux dons destinés à la famille de la victime. Suivi d’un second, indiquant cette fois que Jay Bishop n’était autre que’Aaron Dianelson et que la véritable page, l’officielle, pour envoyer de l’argent via le site gofund.me était celle dont il fallait largement partager l’adresse.

La précédente avait déjà recueilli 12 000 USD, mais la seconde a rapidement pris l’avantage, sans que pour autant ne cesse de récolter des fonds. En sus, message renvoyait sur une « page alternative » sur cette fois le site Fundly.  Bref, difficile de déterminer qui est qui exactement, mais l’important, c’est que « Dieu bénisse l’Amérique », quel que soit le ou les réels destinataires. J’ai eu la curiosité de chercher si une troisième page n’avait pas été créée sous l’un ou l’autre nom, mais je n’ai pas trouvé. Toujours est-il que Jessica McBride, du site Heavy (hevavy.com), a signalé que « de multiples comptes frauduleux » avaient été créés. Pour elle, la page Aaron Danielson, déclarée authentique par Gibson est bien la bonne, la seule, l’unique.

Quant à l’identité du tireur, elle n’a pas tardé à être révélée et largement diffusée. Photos d’archives à l’appui. Certains sites relayant l’info attribuée à on ne sait trop qui du forum 4Chan (un fourre-tout qui avait déjà diffusé, en 2016, que des démocrates se livraient à des rites pédophiles dans une pizzeria, ce qui fut formellement démenti par la suite), prennent quelques gants en ajoutant que Michael Reinoehl, 48 ans, serait le tireur « présumé ». Ce qui n’est pas supposé, c’est que cet homme serait indubitablement un antifa. En effet, il avait fait une déclaration en ce sens à l’agence Bloomberg. Pourquoi donc aller chercher plus loin.

J’ai tenté de remonter à la source sur 4Chan. Et effectivement, un anonyme s’exclame « On l’a eu ! » et renvoie vers une vidéo YouTube. Elle est due à un certain Olin Live. Certes, on voit bien, sur cette vidéo intitulée “Antifa Terrorist assassinates Trump Supporter in Portland”, une silhouette, d’un homme, de dos, qui pourrait être ce Michael Reinoehl. On ne sait pas trop où il se situe par rapport à la scène du crime. Mais d’autres ont retrouvé ailleurs le même homme, filmé sous un autre angle, visiblement pas à la même heure, et on voit bien sur son cou un tatouage identique à celui de l’homme qui s’exprimait sur Bloomberg. C’est bien la preuve que… Que l’homme vêtu de blanc, de la vidéo d’Olin Live soit bien l’homme vêtu de bleu de l’entretien avec Bloomberg soient identiques semble plus que plausible.

L’important, c’est de le cataloguer antifa et terroriste, et de faire de la victime un partisan de Donald Trump.

Il n’est pas tout à fait certains que tous les créateurs de mouvements nationalistes, à connotations religieuses chrétiennes diverses, soient fondamentalement des partisans de Trump. Ils sont surtout partisans d’eux-mêmes et de leurs cassettes, de leurs comptes en banque. Mais Donald Trump les revendique tous pour les siens et eux-mêmes ne sont pas regardants si les dons ou les achats de gadgets proviennent de la Trumpland. Toujours est-il que, comme à Portland, la Trumpland se joint avec bannières, casquettes Maga et paraphernalia trumpiste à tout appel de ces groupes. Ce qui fait que les vendeurs de bannières étoilées proposent aussi des oriflammes pro-Trump. Et peut-être des gadgets Biden-Harris si ce sont les démocrates les prochains prospects. Pour le moment, la Trumpland s’est appropriée la Star and Sprangled Banner en ajoutant une ligne bleue , ce nouvel emblème manifestant l’appui à la police (sous-entendu « attaquée par les démocrates qui veulent la détruire »). Cela donne une idée de l’ambiance (les pompiers ont le même, mais avec une ligne rouge). Tout cela se vend fort bien.

En tant que présumé couplable Michael Forest Reinoehl a tout pour plaire à la Trumpland (non content d’être un antifa communiste, il avait été contrôlé le 8 juin pour dépassement de vitesse au volant sous l’influence d’une substance). Il avait aussi été contrôlé porteur d’une arme chargée le 5 juillet.

En tout cas, les réactions se sont rapidement amplifiées. Et peu avant 08 heures, sa sœur aînée recevait des menaces téléphoniques du style : « livrez-nous le car songez que toute votre famille est en danger », rapporte The Oregonian. Ce journal relate de même que, sur divers réseaux sociaux, des « patriotes » en appellent à la vengeance.


dimanche 30 août 2020

É.U. : Michael Moore prédit de nouveau Trump victorieux

 Les femmes (Noires incluses) voteront-elles plus Trump que Harris ?

Je ne prévoyais pas la victoire de Donald Trump en 2016, contrairement à Michael Moore qui vient de récidiver. Si le documentariste se fonde sur l’écart qui se comble dans les sondages entre Trump et Biden dans les États cruciaux, ses explications du phénomène sont faibles. Le survolté Trump sait enthousiasmer ses partisans, et non l’ensommeillé Joe (comme le qualifie le Donald). Certes, mais c’est oublier plus crucial, le vote féminin pour la sécurité au quotidien.


Féminists for Trump
proclamait une épinglette de 2016. Ce n’était pas totalement inexact. Et le fait qu’Hillary Clinton n’enthousiasmait pas vraiment les électrices ne fut qu’un élément d’appréciation. En fait, nombre de femmes s’estimant féministes (au moins à leurs propres yeux) ont voté Trump en 2016. Certes, il ne se prononçait pas du tout pour l’avortement, mais ce n’est qu’un problème que pour plus pauvre que soi, et c’est ce qui compte avant d’autres considérations.

En 2020, Trump clame qu’il protégera la banlieusarde et c’est ce qui importe en priorité à la banlieusarde blanche, celle qui votera. En sus Trump, même s’il s’agit surtout de promouvoir sa fille Ivanka, qu’il verrait bien lui succéder dans douze ans (ce serait anticonstitutionnel, de se maintenir au-delà de deux mandats ; mais le Donald s’en contre-fiche), l’électorat féminin a été sensible à ce que la convention républicaine à mis nombre de femmes en avant. Les oratrices se sont même faites plus remarquer que les orateurs.

Bien évidemment, les mêmes considèrent aussi que les vies noires comptent, mais d’abord les leurs. Et que la vie d’une policière de couleur, mère de trois enfants, abattue froidement à New York par un homme de même couleur, alors qu’elle était assise sur son siège de la voiture de patrouille, leur importe tout autant et plus que celles d’un George Floyd, plusieurs fois condamné précédemment, y compris pour avoir agressé une femme enceinte. Candace Owen, femme de couleur, sut le mettre en avant pour se distancer du mouvement BLM. C’est une influenceuse conservatrice qui ne se définit pas moins féministe que d’autres.

Quant à l’exécuté de Kenosha, Jacob Blake, la police sait faire valoir qu’il était recherché pour harcèlement, violences sexuelles, et autres faits. Aucune mère de famille de couleur ne va bien sûr pas soutenir publiquement que cela justifie son exécution, mais il s’en trouve suffisamment pour déplorer publiquement les émeutes et les incendies. Et déclarer préférer voter pour Trump.

La rousse Ann Coulter, une autre influenceuse, tout aussi conservatrice à fait d’ailleurs état de son soutien au jeune blanc ayant tué des manifestants de Kenosha (elle a depuis élimininé son tweet).

Que de très nombreuses électrices se fourvoient ou non sur Donald Trump n’est plus à présent à tenir en ligne de compte. La réalité de la suite importe moins que ce qu’elles peuvent considérer à présent et au moment d’aller voter. La campagne de Trump a semble-t-il réussi à les en assurer, et il est fort possible que la suite en découlera.

L’économie ? Allons donc, Ivanka Trump est une successful businesswoman (pas tant que cela, même avec les coups de pouces appuyés de son daddy, mais l’important, c’est qu’elle le paraisse). La crise du covid ? Très bientôt près de 180 500 décès. Mais au-delà de 100 000, ce n’est plus qu’une statistique à laquelle les citoyennes et citoyens des grandes villes restent sensibles, mais beaucoup moins les États rouges (de la Trumpland). Certes, l’État le plus peuplé, la Californie, désigne 55 grands électeurs, et les moins peuplés n’en désignent que trois.

Trump fut élu grâce à ce système mais aussi parce que des femmes de tous âges, se disant féministes, dont certaines avaient voté pour Obama (voire pour le couple Obama), ont contribué à le porter au pouvoir. En croyant qu'il était pour l'empowerment féminin. D'ailleurs, il revendique (certes à tort, mais qu'importe, il a vraiment l'air de le croire et s'en est sans doute auto-persuadé) qu'il a promu plus de femmes dans son administration qu'Obama l'avait fait.

En 2016, Camille Paglia, que les féministes se définissant plus conformes que d’autres conspuent, avait fort bien analysé le vote des femmes pour Trump. Aux dernières nouvelles certains de ses étudiants voudraient la voir remplacée par une autre enseignante transgenre mais « de couleur » (a queer person of color). Elle se prononçait certes pour Bernie Sanders, mais comme elle est athée en tout. Elle rejoint Michael Moore en estimant que Trump est un meilleur comédien et bonimenteur forain que ses adversaires.

Estimer qu’une majorité de femmes applaudiront le meilleur artiste serait faire preuve d’une mysoginie qui ne voudrait pas s’avouer telle : le problème, c’est que Trump n’a pas besoin d’une majorité d’électrices pour se faire reconduire, simplement d’une minorité suffisante.

Mettons que j’ai d’autres types de préjugés. Ainsi, je considère que l’ex-Québécoise (anglophone) Kamala Harris et Karine Jean-Pierre (Haïtienne et Martiniquaise francophone) sont intellectuellement et humainement considérablement supérieures à un Donald Trump. Mais face au métier de la scène d’une Melania ou d’une Ivanka Trump, elles ne font guère le poids. Moralement, on pourrait s’en réjouir. Elles tenteront de faire réfléchir et les Étasuniennes et les Étasuniens, parviendront même peut-être à les convaincre, mais pas automatiquement de se rendre aux urnes.

Si vous ajoutez à cela que certaines féministes « plus dévotes que toutes les autres » seraient bien capables de les désavouer, le risque que le féminisme étasunien devienne incarné par une Sarah Palin (celle du Tea Party) ou similaire ne peut être écarté.

Or la critique de Harris d’un point de vue féministe a commencé avec des articles dans divers médias. Ces critiques qui ne sont pas totalement sans fondement, restent cependant contenues, minoritaires. Bien, je préfère aussi le style d’Ocasio-Cortez, qui avait soutenu Bernie Sanders. Non parce que Latinx, mais plus « verte », plus sociale, plus pugnace face à Trump (ou Zuckerberg qu’elle a su moucher).

Il reste que les démocrates vont aussi montrer qu’elles et ils savent promouvoir les femmes. Selon le New York Post, le maire démocrate de New-York, Bill de Blasio, pourrait tenter de passer le relais à l’Afro-Américaine Maya Wiley.

Mais il faudra vraiment que les démocrates parviennent à convaincre l’électorat féminin de se rendre dans les bureaux de vote. Car Trump maintiendra toujours que les votes par correspondance sont frauduleux. Et à l’appui, le New York Post publie en une la présumée confession d’un anonyme employé des démocrates décrivant comment il manipulait les bulletins sous enveloppes. Et dans ce type d’élection, celui criant le plus fort en feignant une force  supérieure de conviction risque de l’emporter

mardi 25 août 2020

Trump promet la colonisation de la Lune

 Les Sélénites sérieusement inquiets, sur la défensive

Voter Trump, c’est voter pour Dieu, les armes, le pétrole et le gaz (tout ce dont les démocrates ne veulent plus), mais aussi pour une présence humaine permanente sur la Lune. Pour l’environnement terrestre, en revanche, pas d’inquiétude, Dieu reconnaîtra les siens.
Le GOP est devenu le LTP, soit du Grand Old Party au Little Trump Party, c’est ce qu’il ressort de la convention républicaine de Charlotte (Caroline du Nord). Ce ne sont pas trop les dissidents déclarés du GOP qui l’ont rétréci, mais le fait que qui ne plébiscite pas Donald Trump n’a plus sa place parmi les républicains. Qui doivent pourtant avaler quelques couleuvres, avec un président qui en a fait tant et plus pour les homosexuel·les et les Noir·e·s depuis Washington (le premier président). Qu’importe, Dieu, les armes et les énergies fossiles d’abord.
Rien ne peut dissuader la Trumpland de vouer une admiration sans bornes à l’homme aux cinq faillites désormais poursuivi par la justice pour pratiques financières douteuses (comme surévaluer ses biens afin d’obtenir des prêts bancaires et les sous-évaluer pour le fisc). La Providence a donné Trump à la Trumpland. Le Donald, faute de pouvoir échanger Porto Rico contre le Groenland, promet désormais la colonisation durable de la Lune. On ne sait si les Sélénites ont reçu le message de Jésus ou de Mohamed, mais, quoi qu’il en soit, ils devront plier ou subir la déportation au Mexique, de l’autre côté du mur. ET s’exposer au covid chinois.
On croyait que le Donald avait plus d''une fois touché le fond, mais c’était pour mieux rebondir afin que la fiction dépasse la réalité.
Les États-Unis comptent à présent plus de 176 000 décès du fait de la covid, mais qu’importe, au-delà des 100 000, ce ne sont plus que des statistiques, et les survivants feront que la Lune sera plus grande qu’elle ne l’était auparavant. Make Moon Great Anew.
C’est la nouvelle frontière, la Lune et Mars. Dieu le veut. On voudrait croire que les Étasuniens qui ont crompris que les armes étaient certes un don de Dieu mais qu’il fallait quand même un peu de pouvoir d’achat pour s’en fournir, soient encore en état de réfléchir. C’est sans doute le cas pour une majorité mais qui pèsera fort peu. Selon l’un des politicologues de premier plan, Frank Luntz, Trump a toutes les chances d’être réélu s’il emporte les voix des grands électeurs du Minnesota.
Vu d’ici, cela semble surréaliste, au point de penser que seul un putsch militaire pourrait en finir avec Trump. Mais comment voulez-vous que des militaires songent seulement à s’en prendre au Messiah ?
Lequel, à l’instar d’un Kim Jong-Un, pourrait très vite se déclarer immortel. Croyez-le ou non, la Trumpland en serait illico persuadée.
Vous souriez peut-être en finissant de lire cette logorrhée. J’en suis, à tout prendre, à préférer envisager rire jaune (sous la férule d’une orwellienne dictature communiste chinoise) qu’avec le sourire Colgate imposé par la Trumpland importée et dominante. Posez-vous la question, au-delà du cercle des plus proches, quid du pourtour favorable à Trump ? C’est là où je voulais en venir : allez à la halle (du Bellay), et voyez comment Trump s’est trouvé des partisans ou sympathisants dans votre pas si lointain entourage. Étonnez-vous Benoît (titre de Françoise Hardy).
La convention républicaine a ensuite ovationné Kimberly Guilfoyle, une ex de Trump et de Fox News qui a prédit que la défaite de Trump entraînerait les É.U. sur la voie de la socialiste Cuba et du Vénézuela. Biden et Harris détruiront le pays et réduiront ses habitants en esclavage. Ce fut un temps l'épouse de Gavin Newsom, l'actuel gouverneur démocrate de la Californie. Un État ruiné par les démocrates. Bref, agenouillons-nous pour prier et dressons-nous pour le drapeau étoilé. Et ne laissez pas les démocrates vous fouler aux pieds, détruire vos familles, vos vies, votre futur, ne les laissez pas tuer les futures générations (elle avait fortement insisté sur la consommation de drogues dures en Californie).
Un autre intervenant a estimé que Trump était « le garde du corps de la civilisation occidentale ».
Tout cela peut sembler irréel. Mais si cette mentalité gagne l'Europe (c'est déjà partiellement le cas), il y a vraiment de quoi se faire des cheveux.


lundi 24 août 2020

La Turquie veut se doter de porte-avions

 Un expansionnisme ottoman illimité

La Turquie veut se doter d’au moins trois porte-avions a déclaré Recep Erdogan. Pas uniquement pour affronter la Grèce en méditerranée, comme le laisse présager l’ex-vice-amiral Cem Gürdenizg. L’expansion militaire et idéologique ottomane ne fait plus guère de doute.

Consulter le site Hüriyet Daily News (en ang. comme son intiulé l’indique) est chaque jour plus instructif et corrobore parfaitement le point de vue d’Oliver Delorme dans Marianne (article en accès libre donnant une vue d’ensemble de la situation).

Je passe peut-être du coq à l’âne en présumant que la décision de Darmanin d’expulser une famille bosniaque pour avoir tondu et molesté une jeune fille à Besançon sera interprétée comme une nouvelle provocation française en Turquie. Pays qui se vante de posséder divers sites gréco-romains classés par l’Unesco mais semble vouloir s’empresser, comme les fondamentalistes musulmans afghans, de les faire disparaître. Que ce soit en Bosnie ou ailleurs (en d’ex-régions restées peu ou prou turcophones ou ayant été sous domination de la Grande porte puis de l’empire ottoman), la propagande fondamentaliste est à l’œuvre depuis des décennies. Et qu’importe qu’un pays, comme l’Allemagne –(enfin, ses anciennes composantes) ne fut que très partiellement touchée par les conquêtes de Soliman et ses descendants.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux yeux d’une partie des musulmans, là où se dresse une mosquée, la contrée l’entourant devient terre musulmane pour l’éternité. Qu’importe d’ailleurs qu’elle ait été transformée en église (orthodoxe pour la plupart d’entre elles).

C’est cette mentalité que veut propager Erdogan dont la transformation des deux églises à Istanbul (Sainte-Sophie, Saint-Sauveur-in-Chora pour le moment, sans compter Saint-Haoutioun l’arménienne d’Ergan, détruite) vise à se poser en défenseur des croyants. À Haga Sophia (Ayasofya, ex-Sainte-Sophie), les sermons sont à présent prononcé sabre à la main « le symbole de la conquête », indique le prêcheur Ali Erbas.

Jusqu’à nouvel ordre, la mission de l’Oruç Reis, le navire de prospection turc, n’est prolongée que jusqu’au 27 août. Prônant un renforcement de l’industrie militaire turque autonome, Erdogan a assorti son allocution d’une mise en garde : « ceux qui sont gênés par l’influence (…) de notre pays font leur possible pour condamner la Turquie à l’instabilité » (sous-entendu : avec pour relais l’opposition intérieure), rapporte TNT. Quant au porte-parole de l’AKP, vantant le peuple turc, il a déclaré que « son bonheur et ses aspirations sont pour toute l’humanité ». Quant au ministre des Affaires étrangères, il confond aide humanitaire (« depuis la Syrie jusqu’à la Libye en passant par la Méditerranée orientale, la mer Noire, les Balkans et le Caucase ») et intervention militaire et propagande religieuse (même s’il est patent que l’aide sanitaire turque n’a pas été négligeable).

Quant au vice-amiral Cem Gürdeniz, il déclare franchement que la puissance navale turque doit s’exercer en mer Rouge, d’Oman, et en Atlantique.

Sur le plan intérieur, depuis fin juillet, l’Internet est désormais muselé en Turquie, la censure s’est généralisée. Si Lovier Demorme, dans Marianne, n’a pas tort de souligner que les coups de menton d’Erdogan visent aussi à se rallier une opinion intérieure islamiste et ultra-nationaliste, il n’en reste pas moins que le concept de « Patrie bleue », élaboré par le vice-amiral Gürdeniz (de souveraineté maritime, pour résumer) est aussi un objectif expansionniste beaucoup plus large. Si on peut comprendre qu’à court terme l’Allemagne n’ait guère envie de le contrecarrer (plus de trois millions de turcophones, un excédent commercial, la crainte d’un renforcement de l’immigration), elle devrait aussi réaliser que la Turquie ne se contentera pas d’annexer l’île grecque deKastellorizo. Et que le sultan omnipotent d’Ankara n’est pas loin de considérer l’Allemagne tel un pays vassal.

En sus, si, tel le Belarus Alexandre Louckacheno, Erdogan se sentait progressivement déstabilisé ou désavoué, que lui resterait-il d’autre pour se maintenir si ce ne sont de nouvelles provocations contre les « occidentaux » ? Et en Allemagne, il peut compter sur une base arrière bien endoctrinée.

Pour le moment, la propagande turque ne s’en prend qu’à la France, pays soutenant des organisations terroristes (le Lybien Khalifa Haftar, l’YPG/PKK kurde), allié des Émirats (traitres à l’islam en normalisant leurs relations avec Israël), xdlon une tribune d’un universitaire que vient de publier l’agence Anadolu. Ce texte explique la position française en Méditerranée par une volonté d’Emmanuel Macron de réduire l’influence de Marine Le Pen et de se placer en chef de file de l’Union européenne. La politique poursuivie serait aussi de favoriser Total face à l’Italien ENI. C’est parce que la France serait en passe d’échouer en Lybie qu’elle s’en prend agressivement à la Turquie. Anadolu insiste aussi sur les iniques traités de Sèvres (de 1920) et Lausanne (1923) en mettant en valeur les fortes paroles d’Erdogan selon lequels la Turquie ne pliera pas devant les « pouvoirs colonialistes » (soit la France et ses alliés, Grèce et Égypte). En gros, le temps de la revanche est venu pour l’empire ottoman islamique (et plus largement pour les pays musulmans).

samedi 22 août 2020

Oradour : une affaire à la Steve Bannon ?

 Pub exécrable pour faire des sous…

Donc, le mémorial d’Oradout-sur-Glane a été vandalisé afin de faire de la publicité à un certain Vincent Reynouard. Que l’acte soit le fait d’illuminés ou de gogos (l’un va souvent bien avec l’autre), c’est bien à ces Reynouard et consorts qu’il profite.

Autant demander de suite une possible indulgence pour ce qui pourrait passer pour de l’humour exécrable. Mais on a bien fini par comprendre qu’un Steve Bannon n’était pas qu’un escroc intellectuel mais un aigrefin tout court. Lequel, après sa condamnation, n’a pas manqué de dénoncer « un complot politique » contre lui-même et ses associés, dès sa sortie du tribunal. Il a développé ensuite cette thèse, relayée par des médias divers : il s’agirait de discréditer ceux qui veulent limiter l’immigration mexicaine et faire cesser la construction du mur frontalier. Et bien sûr, l’avenir lui donnera raison.

Dans cette affaire d’association caritative « bien ordonnée », il n’y avait pas que Bannon et ses deux co-inculpés mais aussi du beau linge : Kris Kobach, Erik Prince, David A. Clarke, et diverses personnalités pro-Trump, souligne The New Yorker. Ce qui fera qu’aux yeux de la Trumpland, Bannon et consorts passeront pour des symboles d’idéalistes injustement calomniés, par l’État profond, évidemment.

Je ne vais pas présumer de l’identité des vandales d’Oradour, ni de leur proximité avec Vincent Reynouard. Lequel a tenté de faire son beurre avec un livre laissant entendre que la responsabilité du massacre incombe davantage à la Résistance qu’aux troupe d’un détachement de la division Das Reich incluant 14 Malgré-nous alsaciens. Cette présentation des faits est assez bien résumée par le site Paris Dépêches (même si la conclusion est discutable).

Comme sur les sites du Monde et du Figaro l’inscription « Reynouard a raison » n’était pas mentionnée (sans doute pour ne pas contribuer à sa renommée), j’ai tenté d’en savoir un peu davantage. Et puisque, en janver 2014, la justice italienne avait ouvert une enquête sur le massacre d’Oradour (parmi les victimes, sept  enfants italiens de Lucia Zocvcarato et Giuseppe Miozzo), j’ai tenté de me tourner, en vain, vers la presse italienne de ce jour.

En revanche le Corriere della sera fait grand cas de Juan Romero Romero, dit El Codobes car natif de Courdoue, né en 1919, vivant à Aÿ (Marne), qui semble être l’un des tout derniers survivants du camp de Mauthausen. La ministre Carmen Calvo est venue à Aÿ lui rendre hommage.

Au passage, au lieu de faire des effets de manche sur l’infamie des dégradations, Castex et Darmanin auraient gagnés à s’associer à cet hommage, mais il n’y a pas de quoi leur en intenter un fort mauvais procès.

J’estime que s’il n’est pas superflu de retrouver et condamner le, la ou les individus ayant fourni à Reynouard une publicité gratuite (pour lui, non pour le contribuable qui restaurera la façade en son état initial), il serait tout aussi indiqué de mettre tout en œuvre, formule d’usage, pour tarir les soutiens des Vincent Reynouard et émules. Lesquels alimentent les imaginations de crédules qui les font plus ou moins prospérer. Dont, par exemple, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X qui employa Reynouard et d’autres.

Je conçois que l’historiographie soit mouvante. Parmi les derniers exemples, récemment, on semble mieux se souvenir des faits d’armes des troupes indigènes et de celles des Républicains espagnols de la DB de Leclerc ayant libéré Paris. La vulgate dominante reste cependant celle d’une France majoritairement par elle-même libérée. Ce que des Résistants des premières heures, dont beaucoup ont préféré rester anonymes et décliner tout honneur ne contrediraient pas non plus, à très juste titre en ce qui les concerne.

Aucune et aucun des survivants d’Oradour n’a corroboré l’affabulation de Reynouard, pas d’explosions, sinon celles de grenades. Mais bien évidemment un affabulateur trouve toujours une explication, avance un élément de réfutation. Comme Bannon à présent.

La dernière intervention de Reynouard, sur YouTube ,car l’auditoire favori de ces escrocs, auditoire qui recommande à son entourage soucieux encore de lire d’acheter les ouvrages de l’orateur, avait pour slogan « devoir de mémoire égale embrigadement politique ». Certes Reynouard fut plusieurs fois condamnés, mais il s’est toujours trouvé des soutiens pour rétribuer ses avocats ou régler ses amendes.

Tout comme Hervé Ryssen, Boris Le Lay et d’autres, Reynouard s’appuie sur un réseau et beaucoup de gogos auxquels ils demandent de les soutenir (en bitcoins pour Bruno Le Lay).

Tous ces gens ne sont au service que d’eux-mêmes et de leurs propres intérêts, quelle que soit la cause qu’ils prétendent défendre ou illustrer. Bons faiseurs et malfaisants, ayant toujours un ennemi de « nouzôtres » à désigner. Et toujours la même explication simpliste : « on (les médias) nous cachent tout, on ne nous dit rien du réel. Moi seul vous révèle le vrai dessous des choses ».

Cela a fort bien réussi à Donald Trump qui soutient maintenant que le covid est propagé par l’État profond pour contrecarrer sa réélection. Et la peste, et la grippe dite espagnole, et le pleistocène (époque glaciaire), c’était l’État profond de ces époques ? Cela étant, je soutiendrai que le massacre d’Oradour n’était pas le fait des SS mais d’extra-terrestres, je suppose avec de fortes probabilités qu’il se trouverait des gens pour vouloir me croire.

Pour ne pas sombrer dans un humour nauséabond, peut-être faudrait-il remémorer aux Reynouard et consorts l’exposition d’Annes Heer de 1995 « La guerre d’anéantissement, les crimes de guerre de la Wermarcht 1941-119944 ». Elle était composée de photos de massacres prises par les soldats eux-mêmes, posant complaisamment devant des scènes d’exécution, des pendus, des cadavres. Ardu à réfuter, mais c’est un peu comme l’alunissage de Neil Amstrong et Appollo 11 en 1969, des montages, rétorquerait-il. Ces gens ont réponse à tout. Et puis, la Terre est plate, c’est l’évidence même, n’est-il point ? On vous a donc menti. Pour que l’ovalité terrestre se raplatisse : donnez, donnez, achetez, achetez.

vendredi 21 août 2020

Brexit explained : George Soros stipendie Michel Barnier ?

Enfin, tout est clair : Soros fait capoter le Brexit

On s’en doutait très fort. Il ne pouvait en être autrement. Si le Brexit tourne au détriment du Royaume-Uni, inutile de chercher plus loin. C’est la conséquence du « plan secret » de Georges Soros pour faire capoter la sortie du Royaume-Uni du carcan fasciste de l’Union européenne.

Michel Barnier et David Frost, le négociateur britannique, se renvoient la balle et s’accusent mutuellement de ne pouvoir parvenir à un accord de sortie négociée du Royaume-Uni de l’Union européenne à propos des droits de pêche et des subventions gouvernementales aux entreprises ? Ne cherchez pas plus loin. The Daily Express a la réponse. C’es George Soros qui sabote les négociations et pousse Michel Barnier à rester intransigeant. Mais bon sang, mais c’est bien sûr. Même si les Illuminati, Donald Trump et Vladimir Poutine ont poussé le Royaume-Uni à se prononcer pour un Brexit due (je n’invente rien puisque le Daily Express dénonce l’affabulation des anti-Brexit arguant que le Kremlin aurait influencé le référendum sur le Brexit), la volonté du peuple britannique (enfin, surtout anglais) est battue en brèche par les menées secrètes d’un sombre individu, George Soros.

Martina Bet, de l’Express, a déniché des documents secrets, forcément secrets jusqu’à ses trouvaillles qui prouvent pourquoi « de nombreux parlementaires et politiciens ont tenté de faire fi de la volonté du peuple ». Encore une fois, la force des baïonnettes morales se serait brisée (quoi ? Les dents, les gonades ?) contre le mur de l’argent d’un vil spéculateur. George Soros, encore lui. Elle ne fait que répercuter un article du Telegraph au titre explicite “Goerge Soros, le man who ‘broke the Bank of England’, backing secret plot du thwart Brexit’ ». Plus si secret que cela, le complot. Cela remonte à février 2018, et Le Courrier Intenational en avait fait état. Soros avait contribué à une campagne anti-Brexit.

Mais comment peut-on imaginer qu’il en soit resté là ? Si le Brexit se solde par un accord défavorable au Royaume-Uni, ce sera lui, et nul autre ; si une sortie sans accord s’avérait au détriment du Royaume, n’allez pas chercher plus loin. D’ailleurs, ne serait-il pas derrière la passation de pouvoir de Kim Jong-un à sa sœur, en vue de déstabiliser l’Antarctique et le Groenland (et Ségolène Royale restant coite, n’est-ce point une preuve ?). Ouh-ouh, méfions-nous, la main de Soros est partout !

Tout cela en vue d’obtenir un rapport euro/livre à 0,92. Vous ne voyez pas ce que cela implique ? Moi non plus, mais cela fait plus sérieux, documenté. Croyez-moi, retwittez : personne ne vous contredira d’autant que vous me présenterez tel un expert auprès de divers présidents-autocrates africains (tel un Luc Michel). Le saviez-vous ? Le Moro Naba mossi ne jure que par moi. Divers photo-montages l’établissent.

L’un des derniers entretiens de Soros fut le fait de Mario Platero, de La Repubblica, L’Obs l’a traduit. On (moi) comprend vaguement, confusément, qu’il ne se soucie plus de faire du pognon. Mon impression est que c’est justement cela qui lui est constamment reproché. Bon, accordez-lui des circonstances atténuantes : il ne s’est pas prononcé contre le Pr Raoult. Qu’à cela ne tienne : avec un prochain billlet «  Soros veut la peau de Raoult », le succès est d’avance garanti. Attendez-vous à savoir que… Une petite recherche sur les investissements de Soros dans le capital des laboratoires de pharma, pas mal de suppositions et de conditionnels suffira. Le saviez-vous, la désuétude des suppositoires, des synaspismes, des ventouses, des sangsues ? Mais évidemment, c’est Soros. Que vous faut-il de plus pour vous déclarer convaincus (et surtout assurer la promo de mon prochain livre) ? 

Pub : les confessions de Jane Birkin à son doudou

 Serge Gainsbourg et Jane Birkin nus (pas en rêve)

Comme pratiquement tous les Français de mon âge, je suis fond (et non fan) de Jane Birkin. Je m’accorde donc l’indulgence de faire un peu de publicité pout son bouquin (Orion publ.) de confessions faites à son doudou, Munkey, axé sur sa vie avec Serge Gainsbourg.

The Evening Standard, The Daily Mail et d’auttres titres semblent avoir clôné le communiqué de presse de l’éditeur (Orion) et le prière d’insérer. Pas The Guardian, dont la chtroniqueuse, Kathryn Hugues, semble avoir bénéficié d’un service de presse. Il s’agit des Munkey Diaries, qui couvrent la période 1957-1982 de Jane Birkin. Soit les journaux intimes adressé à Munkey, que j’imagine être un singe en peluche. Fayard, en 2018, avait sorti le même livre sous le même titre ; suivit, l’année d’après, chez le même éditeur français, Post Scriptum (période 12982-2013). Les deux ouvrages intéresseront donc les traductologues, surtout si, comme je le présume, auteure et traductrice ne font qu’une (avec l’aide d’Erin Floyd pour les passages en français dans le manuscrit original bilingue).

L’historiologie des biographies se penchera aussi sur ces deux versions. Il semble que Jane Birkin ait reproduit, sans les retravailler, des passages entiers de ses journaux intimes. Un tantinet vacharde, Kathryn Hughes considère que la prose s’apparente à de la word soup (verbiage semble faible, garrulité plus proche, mais je pencherai pour monologue décousu). Ce qui semble plaider pour une certaine authenticité : écrivant pour soi-même, la méticulosité auto-explicitative ne s’impose pas : on sait combler les vides.

Donc, si Gainsbourg ne prenait qu’un bain tous les trois mois, il est possible que, dans l’intervalle, il ait eu recours à des douches, ou au moins, à se laver à l’occasion les pieds dans un bidet, comme consigné. Et puis franchement, qu’il ait ou non pris le soin de changer de slip avant d’aller à l’hôpital, peu nous chaud. Et j’imagine fort bien que si je continue à vous entretenir de traductologie ou du genre biographique, vous n'allez pas tarder à reprendre des activités normales. D’où le sous-titre.

Et oui, en compagnie d’Odile Leclaire et de Marc Noyaret, je vis, depuis une chambre de bonne de la rue des Saints-Père (il me semble que l’entrée de l’immeuble donnait dans cette rue, ou était-ce rue de Lille ?), le Serge et la Jane échanger, à l’étage de leur demeure de la rue de Verneuil, des coups d’oreillers et ce dans le plus simple appareil. J’avais, comme toujours, le mien, mon Pentax LX, à portée de main, mais muni de son excellent 20 mm ou du 40 mm ultra-plat de cette époque. Et puis, franchement, ce moment de curiosité passé, nous n’allions pas restés scotchés à la lucarne, d’une, et je n’étais pas, de deux, versé dans ce genre « d’actualité ».

En revanche, avec le même, le réflexe Pentax, je me rendis des années après (fin 1989), dans cette même rue de Verneuil. Gainsbourg m’accordait un entretien sur son film Équateur, adapté du roman Coup de lune, pour Simenon Travelling (édité par le festival du polar de Grenoble). Histoire d’imputer les frais de déplacement à mon quotidien, je lui empruntais une voiture du journal. Et comme c’était le jour anniversaire des 18 ans d’un pigiste, Frédéric Chef, dit Chouf, je l’embarquais en catmini, car il avait beaucoup insisté pour m’accompagner. Je n’ai pu que m’en féliciter. C’set en faisant valoir cet anniversaire, après avoir recueilli quelques propos sans grand intérêt pour L’Union, que je parvins à persuader Gainsbourg de sortir faire une photo en la compagnie de Chouf devant son mur de la rue de Verneuil. J’allais la retrouver, créditée uniquement L’Union, quelques années plus tard, dans un album, Gainsbourg et cætera, de Verland et Salmon (éds Vade Retro, lequel s’accompagnait d’un CD incluant la chanson La Noyée. Bien évidemment, le recadrage expurgea Chouf de la photo publiée (il avait pris place, en passager clandestin, donc sans assurance ni ordre de mission). Je dois avoir encore d’autres vues, plus larges, dans la cave de mon fils, en Bretagne.

Il me fut indiqué, encore beaucoup plus tard, que le chanteur n’avait posé qu’une fois auparavant devant ce mur. Je n’ai pu savoir en revanche si ce fut l’une des toutes dernières photos de presse écrite publiée de son vivant (celle de la première page du Parisien, de mars 1991, fut une photo d’archives du « fumeur de gitanes » qui ne s’en accordait plus que dix quotidiennes lorsqu’il nous reçut).

En anglais, le livre de Jane Birkin s’accompagne de la mention : « mon amour pour un DOM’ » (Vieux salace, ou vieux dégueulasse, dirty old man). Mais on se doute bien que l’homme ainsi catalogué par un calembour (voir supra son hygiène supposée) était surtout un grand sentimental. C’est en tout cas le souvenir que j’en conserve. Il s’inquiétait du devenir de Lulu (Lucien), le fils qu’il avait eu avec Bambou (la carrière naissante de Charlotte lui semblait déjà bien orientée avec neuf films à son actif d’actrice).

Si j’en crois la note de lecture du Guardian, le livre de Jane s’apparente à une suite de gossip topics. Katie Rosseinsky, du Standard, gage que les lecteurs resteront sans doute un peu sur leur faim. Comprenez que l’auteure se révèle attachante, pleine d’humour (franglais peut-être), mais fort peu trash. Bref, telle qu’on veut s’en souvenir. Proche de la photo de la couverture de l’édition anglaise. Et, comme elle le consigne en sa préface, « restée puérile » (très infantile, dans la version française).

Les deux préfaces (la française et l’anglaise) sont consultables en ligne. Et il semble bien que certains détails d’une version soient omis ou élidés, dans l’autre, d’autres rajoutés ; rien d’essentiel. Des deux émane la même sincérité teintée de candeur. Nostalgie…