Serge Gainsbourg et Jane Birkin nus (pas en rêve)
Comme pratiquement tous les Français de mon âge, je suis fond (et non fan) de Jane Birkin. Je m’accorde donc l’indulgence de faire un peu de publicité pout son bouquin (Orion publ.) de confessions faites à son doudou, Munkey, axé sur sa vie avec Serge Gainsbourg.
The Evening
Standard, The Daily
Mail et d’auttres titres semblent avoir clôné le communiqué de presse de l’éditeur
(Orion) et le prière d’insérer. Pas The Guardian, dont la chtroniqueuse,
Kathryn Hugues, semble avoir bénéficié d’un service de presse. Il s’agit des
Munkey Diaries, qui couvrent la période 1957-1982 de Jane Birkin. Soit les
journaux intimes adressé à Munkey, que j’imagine être un singe en peluche.
Fayard, en 2018, avait sorti le même livre sous le même titre ; suivit, l’année
d’après, chez le même éditeur français, Post Scriptum (période 12982-2013). Les
deux ouvrages intéresseront donc les traductologues, surtout si, comme je le
présume, auteure et traductrice ne font qu’une (avec l’aide d’Erin Floyd pour
les passages en français dans le manuscrit original bilingue).
L’historiologie
des biographies se penchera aussi sur ces deux versions. Il semble que Jane Birkin
ait reproduit, sans les retravailler, des passages entiers de ses journaux
intimes. Un tantinet vacharde, Kathryn Hughes considère que la prose s’apparente
à de la word soup (verbiage semble faible, garrulité plus proche, mais
je pencherai pour monologue décousu). Ce qui semble plaider pour une certaine
authenticité : écrivant pour soi-même, la méticulosité auto-explicitative
ne s’impose pas : on sait combler les vides.
Donc, si
Gainsbourg ne prenait qu’un bain tous les trois mois, il est possible que, dans
l’intervalle, il ait eu recours à des douches, ou au moins, à se laver à l’occasion
les pieds dans un bidet, comme consigné. Et puis franchement, qu’il ait ou non
pris le soin de changer de slip avant d’aller à l’hôpital, peu nous chaud. Et j’imagine
fort bien que si je continue à vous entretenir de traductologie ou du genre biographique,
vous n'allez pas tarder à reprendre des activités normales. D’où le sous-titre.
Et oui, en compagnie d’Odile Leclaire et de Marc Noyaret, je vis, depuis une chambre de bonne de la rue des Saints-Père (il me semble que l’entrée de l’immeuble donnait dans cette rue, ou était-ce rue de Lille ?), le Serge et la Jane échanger, à l’étage de leur demeure de la rue de Verneuil, des coups d’oreillers et ce dans le plus simple appareil. J’avais, comme toujours, le mien, mon Pentax LX, à portée de main, mais muni de son excellent 20 mm ou du 40 mm ultra-plat de cette époque. Et puis, franchement, ce moment de curiosité passé, nous n’allions pas restés scotchés à la lucarne, d’une, et je n’étais pas, de deux, versé dans ce genre « d’actualité ».
En revanche,
avec le même, le réflexe Pentax, je me rendis des années après (fin 1989), dans
cette même rue de Verneuil. Gainsbourg m’accordait un entretien sur son film Équateur,
adapté du roman Coup de lune, pour Simenon Travelling (édité par le
festival du polar de Grenoble). Histoire d’imputer les frais de déplacement à
mon quotidien, je lui empruntais une voiture du journal. Et comme c’était le
jour anniversaire des 18 ans d’un pigiste, Frédéric Chef, dit Chouf, je l’embarquais
en catmini, car il avait beaucoup insisté pour m’accompagner. Je n’ai pu que m’en
féliciter. C’set en faisant valoir cet anniversaire, après avoir recueilli quelques
propos sans grand intérêt pour L’Union, que je parvins à persuader Gainsbourg
de sortir faire une photo en la compagnie de Chouf devant son mur de la rue de
Verneuil. J’allais la retrouver, créditée uniquement L’Union, quelques années plus
tard, dans un album, Gainsbourg et cætera, de Verland et Salmon (éds Vade Retro,
lequel s’accompagnait d’un CD incluant la chanson La Noyée. Bien évidemment, le
recadrage expurgea Chouf de la photo publiée (il avait pris place, en passager
clandestin, donc sans assurance ni ordre de mission). Je dois avoir encore d’autres
vues, plus larges, dans la cave de mon fils, en Bretagne.
Il me fut
indiqué, encore beaucoup plus tard, que le chanteur n’avait posé qu’une fois auparavant
devant ce mur. Je n’ai pu savoir en revanche si ce fut l’une des toutes
dernières photos de presse écrite publiée de son vivant (celle de la première page
du Parisien, de mars 1991, fut une photo d’archives du « fumeur de gitanes »
qui ne s’en accordait plus que dix quotidiennes lorsqu’il nous reçut).
En anglais,
le livre de Jane Birkin s’accompagne de la mention : « mon amour pour
un DOM’ » (Vieux salace, ou vieux dégueulasse, dirty old man). Mais
on se doute bien que l’homme ainsi catalogué par un calembour (voir supra
son hygiène supposée) était surtout un grand sentimental. C’est en tout cas le
souvenir que j’en conserve. Il s’inquiétait du devenir de Lulu (Lucien), le
fils qu’il avait eu avec Bambou (la carrière naissante de Charlotte lui
semblait déjà bien orientée avec neuf films à son actif d’actrice).
Si j’en
crois la note de lecture du Guardian, le livre de Jane s’apparente à une
suite de gossip topics. Katie Rosseinsky, du Standard, gage que
les lecteurs resteront sans doute un peu sur leur faim. Comprenez que l’auteure
se révèle attachante, pleine d’humour (franglais peut-être), mais fort peu trash.
Bref, telle qu’on veut s’en souvenir. Proche de la photo de la couverture de l’édition
anglaise. Et, comme elle le consigne en sa préface, « restée puérile »
(très infantile, dans la version française).
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