lundi 31 août 2020

Portland : un « Antifa terrorist » contre un « Trump supporter »

 Démocrates et républicains s'accusent de pousser à la guerre civile

La police de Portland n’a pas encore identifié qui avait abattu un adhérent du groupe Patriot Prayer, mais divers sites pro-Trump n’ont pas tardé à le nommer. Coupable idéal ou suspect envisageable ? En fait, « peu importe » : l’important, c’est de recueillir des dons et de vendre des gadgets.


L’homme tué à Portland portait une casquette achetée via le site du mouvement Patriot Prayer. Aussitôt ou presque, son fondateur, Joey Gibson, l’identifiait en tant que Jay Bishop et lançait un appel aux dons destinés à la famille de la victime. Suivi d’un second, indiquant cette fois que Jay Bishop n’était autre que’Aaron Dianelson et que la véritable page, l’officielle, pour envoyer de l’argent via le site gofund.me était celle dont il fallait largement partager l’adresse.

La précédente avait déjà recueilli 12 000 USD, mais la seconde a rapidement pris l’avantage, sans que pour autant ne cesse de récolter des fonds. En sus, message renvoyait sur une « page alternative » sur cette fois le site Fundly.  Bref, difficile de déterminer qui est qui exactement, mais l’important, c’est que « Dieu bénisse l’Amérique », quel que soit le ou les réels destinataires. J’ai eu la curiosité de chercher si une troisième page n’avait pas été créée sous l’un ou l’autre nom, mais je n’ai pas trouvé. Toujours est-il que Jessica McBride, du site Heavy (hevavy.com), a signalé que « de multiples comptes frauduleux » avaient été créés. Pour elle, la page Aaron Danielson, déclarée authentique par Gibson est bien la bonne, la seule, l’unique.

Quant à l’identité du tireur, elle n’a pas tardé à être révélée et largement diffusée. Photos d’archives à l’appui. Certains sites relayant l’info attribuée à on ne sait trop qui du forum 4Chan (un fourre-tout qui avait déjà diffusé, en 2016, que des démocrates se livraient à des rites pédophiles dans une pizzeria, ce qui fut formellement démenti par la suite), prennent quelques gants en ajoutant que Michael Reinoehl, 48 ans, serait le tireur « présumé ». Ce qui n’est pas supposé, c’est que cet homme serait indubitablement un antifa. En effet, il avait fait une déclaration en ce sens à l’agence Bloomberg. Pourquoi donc aller chercher plus loin.

J’ai tenté de remonter à la source sur 4Chan. Et effectivement, un anonyme s’exclame « On l’a eu ! » et renvoie vers une vidéo YouTube. Elle est due à un certain Olin Live. Certes, on voit bien, sur cette vidéo intitulée “Antifa Terrorist assassinates Trump Supporter in Portland”, une silhouette, d’un homme, de dos, qui pourrait être ce Michael Reinoehl. On ne sait pas trop où il se situe par rapport à la scène du crime. Mais d’autres ont retrouvé ailleurs le même homme, filmé sous un autre angle, visiblement pas à la même heure, et on voit bien sur son cou un tatouage identique à celui de l’homme qui s’exprimait sur Bloomberg. C’est bien la preuve que… Que l’homme vêtu de blanc, de la vidéo d’Olin Live soit bien l’homme vêtu de bleu de l’entretien avec Bloomberg soient identiques semble plus que plausible.

L’important, c’est de le cataloguer antifa et terroriste, et de faire de la victime un partisan de Donald Trump.

Il n’est pas tout à fait certains que tous les créateurs de mouvements nationalistes, à connotations religieuses chrétiennes diverses, soient fondamentalement des partisans de Trump. Ils sont surtout partisans d’eux-mêmes et de leurs cassettes, de leurs comptes en banque. Mais Donald Trump les revendique tous pour les siens et eux-mêmes ne sont pas regardants si les dons ou les achats de gadgets proviennent de la Trumpland. Toujours est-il que, comme à Portland, la Trumpland se joint avec bannières, casquettes Maga et paraphernalia trumpiste à tout appel de ces groupes. Ce qui fait que les vendeurs de bannières étoilées proposent aussi des oriflammes pro-Trump. Et peut-être des gadgets Biden-Harris si ce sont les démocrates les prochains prospects. Pour le moment, la Trumpland s’est appropriée la Star and Sprangled Banner en ajoutant une ligne bleue , ce nouvel emblème manifestant l’appui à la police (sous-entendu « attaquée par les démocrates qui veulent la détruire »). Cela donne une idée de l’ambiance (les pompiers ont le même, mais avec une ligne rouge). Tout cela se vend fort bien.

En tant que présumé couplable Michael Forest Reinoehl a tout pour plaire à la Trumpland (non content d’être un antifa communiste, il avait été contrôlé le 8 juin pour dépassement de vitesse au volant sous l’influence d’une substance). Il avait aussi été contrôlé porteur d’une arme chargée le 5 juillet.

En tout cas, les réactions se sont rapidement amplifiées. Et peu avant 08 heures, sa sœur aînée recevait des menaces téléphoniques du style : « livrez-nous le car songez que toute votre famille est en danger », rapporte The Oregonian. Ce journal relate de même que, sur divers réseaux sociaux, des « patriotes » en appellent à la vengeance.


dimanche 30 août 2020

É.U. : Michael Moore prédit de nouveau Trump victorieux

 Les femmes (Noires incluses) voteront-elles plus Trump que Harris ?

Je ne prévoyais pas la victoire de Donald Trump en 2016, contrairement à Michael Moore qui vient de récidiver. Si le documentariste se fonde sur l’écart qui se comble dans les sondages entre Trump et Biden dans les États cruciaux, ses explications du phénomène sont faibles. Le survolté Trump sait enthousiasmer ses partisans, et non l’ensommeillé Joe (comme le qualifie le Donald). Certes, mais c’est oublier plus crucial, le vote féminin pour la sécurité au quotidien.


Féminists for Trump
proclamait une épinglette de 2016. Ce n’était pas totalement inexact. Et le fait qu’Hillary Clinton n’enthousiasmait pas vraiment les électrices ne fut qu’un élément d’appréciation. En fait, nombre de femmes s’estimant féministes (au moins à leurs propres yeux) ont voté Trump en 2016. Certes, il ne se prononçait pas du tout pour l’avortement, mais ce n’est qu’un problème que pour plus pauvre que soi, et c’est ce qui compte avant d’autres considérations.

En 2020, Trump clame qu’il protégera la banlieusarde et c’est ce qui importe en priorité à la banlieusarde blanche, celle qui votera. En sus Trump, même s’il s’agit surtout de promouvoir sa fille Ivanka, qu’il verrait bien lui succéder dans douze ans (ce serait anticonstitutionnel, de se maintenir au-delà de deux mandats ; mais le Donald s’en contre-fiche), l’électorat féminin a été sensible à ce que la convention républicaine à mis nombre de femmes en avant. Les oratrices se sont même faites plus remarquer que les orateurs.

Bien évidemment, les mêmes considèrent aussi que les vies noires comptent, mais d’abord les leurs. Et que la vie d’une policière de couleur, mère de trois enfants, abattue froidement à New York par un homme de même couleur, alors qu’elle était assise sur son siège de la voiture de patrouille, leur importe tout autant et plus que celles d’un George Floyd, plusieurs fois condamné précédemment, y compris pour avoir agressé une femme enceinte. Candace Owen, femme de couleur, sut le mettre en avant pour se distancer du mouvement BLM. C’est une influenceuse conservatrice qui ne se définit pas moins féministe que d’autres.

Quant à l’exécuté de Kenosha, Jacob Blake, la police sait faire valoir qu’il était recherché pour harcèlement, violences sexuelles, et autres faits. Aucune mère de famille de couleur ne va bien sûr pas soutenir publiquement que cela justifie son exécution, mais il s’en trouve suffisamment pour déplorer publiquement les émeutes et les incendies. Et déclarer préférer voter pour Trump.

La rousse Ann Coulter, une autre influenceuse, tout aussi conservatrice à fait d’ailleurs état de son soutien au jeune blanc ayant tué des manifestants de Kenosha (elle a depuis élimininé son tweet).

Que de très nombreuses électrices se fourvoient ou non sur Donald Trump n’est plus à présent à tenir en ligne de compte. La réalité de la suite importe moins que ce qu’elles peuvent considérer à présent et au moment d’aller voter. La campagne de Trump a semble-t-il réussi à les en assurer, et il est fort possible que la suite en découlera.

L’économie ? Allons donc, Ivanka Trump est une successful businesswoman (pas tant que cela, même avec les coups de pouces appuyés de son daddy, mais l’important, c’est qu’elle le paraisse). La crise du covid ? Très bientôt près de 180 500 décès. Mais au-delà de 100 000, ce n’est plus qu’une statistique à laquelle les citoyennes et citoyens des grandes villes restent sensibles, mais beaucoup moins les États rouges (de la Trumpland). Certes, l’État le plus peuplé, la Californie, désigne 55 grands électeurs, et les moins peuplés n’en désignent que trois.

Trump fut élu grâce à ce système mais aussi parce que des femmes de tous âges, se disant féministes, dont certaines avaient voté pour Obama (voire pour le couple Obama), ont contribué à le porter au pouvoir. En croyant qu'il était pour l'empowerment féminin. D'ailleurs, il revendique (certes à tort, mais qu'importe, il a vraiment l'air de le croire et s'en est sans doute auto-persuadé) qu'il a promu plus de femmes dans son administration qu'Obama l'avait fait.

En 2016, Camille Paglia, que les féministes se définissant plus conformes que d’autres conspuent, avait fort bien analysé le vote des femmes pour Trump. Aux dernières nouvelles certains de ses étudiants voudraient la voir remplacée par une autre enseignante transgenre mais « de couleur » (a queer person of color). Elle se prononçait certes pour Bernie Sanders, mais comme elle est athée en tout. Elle rejoint Michael Moore en estimant que Trump est un meilleur comédien et bonimenteur forain que ses adversaires.

Estimer qu’une majorité de femmes applaudiront le meilleur artiste serait faire preuve d’une mysoginie qui ne voudrait pas s’avouer telle : le problème, c’est que Trump n’a pas besoin d’une majorité d’électrices pour se faire reconduire, simplement d’une minorité suffisante.

Mettons que j’ai d’autres types de préjugés. Ainsi, je considère que l’ex-Québécoise (anglophone) Kamala Harris et Karine Jean-Pierre (Haïtienne et Martiniquaise francophone) sont intellectuellement et humainement considérablement supérieures à un Donald Trump. Mais face au métier de la scène d’une Melania ou d’une Ivanka Trump, elles ne font guère le poids. Moralement, on pourrait s’en réjouir. Elles tenteront de faire réfléchir et les Étasuniennes et les Étasuniens, parviendront même peut-être à les convaincre, mais pas automatiquement de se rendre aux urnes.

Si vous ajoutez à cela que certaines féministes « plus dévotes que toutes les autres » seraient bien capables de les désavouer, le risque que le féminisme étasunien devienne incarné par une Sarah Palin (celle du Tea Party) ou similaire ne peut être écarté.

Or la critique de Harris d’un point de vue féministe a commencé avec des articles dans divers médias. Ces critiques qui ne sont pas totalement sans fondement, restent cependant contenues, minoritaires. Bien, je préfère aussi le style d’Ocasio-Cortez, qui avait soutenu Bernie Sanders. Non parce que Latinx, mais plus « verte », plus sociale, plus pugnace face à Trump (ou Zuckerberg qu’elle a su moucher).

Il reste que les démocrates vont aussi montrer qu’elles et ils savent promouvoir les femmes. Selon le New York Post, le maire démocrate de New-York, Bill de Blasio, pourrait tenter de passer le relais à l’Afro-Américaine Maya Wiley.

Mais il faudra vraiment que les démocrates parviennent à convaincre l’électorat féminin de se rendre dans les bureaux de vote. Car Trump maintiendra toujours que les votes par correspondance sont frauduleux. Et à l’appui, le New York Post publie en une la présumée confession d’un anonyme employé des démocrates décrivant comment il manipulait les bulletins sous enveloppes. Et dans ce type d’élection, celui criant le plus fort en feignant une force  supérieure de conviction risque de l’emporter

mardi 25 août 2020

Trump promet la colonisation de la Lune

 Les Sélénites sérieusement inquiets, sur la défensive

Voter Trump, c’est voter pour Dieu, les armes, le pétrole et le gaz (tout ce dont les démocrates ne veulent plus), mais aussi pour une présence humaine permanente sur la Lune. Pour l’environnement terrestre, en revanche, pas d’inquiétude, Dieu reconnaîtra les siens.
Le GOP est devenu le LTP, soit du Grand Old Party au Little Trump Party, c’est ce qu’il ressort de la convention républicaine de Charlotte (Caroline du Nord). Ce ne sont pas trop les dissidents déclarés du GOP qui l’ont rétréci, mais le fait que qui ne plébiscite pas Donald Trump n’a plus sa place parmi les républicains. Qui doivent pourtant avaler quelques couleuvres, avec un président qui en a fait tant et plus pour les homosexuel·les et les Noir·e·s depuis Washington (le premier président). Qu’importe, Dieu, les armes et les énergies fossiles d’abord.
Rien ne peut dissuader la Trumpland de vouer une admiration sans bornes à l’homme aux cinq faillites désormais poursuivi par la justice pour pratiques financières douteuses (comme surévaluer ses biens afin d’obtenir des prêts bancaires et les sous-évaluer pour le fisc). La Providence a donné Trump à la Trumpland. Le Donald, faute de pouvoir échanger Porto Rico contre le Groenland, promet désormais la colonisation durable de la Lune. On ne sait si les Sélénites ont reçu le message de Jésus ou de Mohamed, mais, quoi qu’il en soit, ils devront plier ou subir la déportation au Mexique, de l’autre côté du mur. ET s’exposer au covid chinois.
On croyait que le Donald avait plus d''une fois touché le fond, mais c’était pour mieux rebondir afin que la fiction dépasse la réalité.
Les États-Unis comptent à présent plus de 176 000 décès du fait de la covid, mais qu’importe, au-delà des 100 000, ce ne sont plus que des statistiques, et les survivants feront que la Lune sera plus grande qu’elle ne l’était auparavant. Make Moon Great Anew.
C’est la nouvelle frontière, la Lune et Mars. Dieu le veut. On voudrait croire que les Étasuniens qui ont crompris que les armes étaient certes un don de Dieu mais qu’il fallait quand même un peu de pouvoir d’achat pour s’en fournir, soient encore en état de réfléchir. C’est sans doute le cas pour une majorité mais qui pèsera fort peu. Selon l’un des politicologues de premier plan, Frank Luntz, Trump a toutes les chances d’être réélu s’il emporte les voix des grands électeurs du Minnesota.
Vu d’ici, cela semble surréaliste, au point de penser que seul un putsch militaire pourrait en finir avec Trump. Mais comment voulez-vous que des militaires songent seulement à s’en prendre au Messiah ?
Lequel, à l’instar d’un Kim Jong-Un, pourrait très vite se déclarer immortel. Croyez-le ou non, la Trumpland en serait illico persuadée.
Vous souriez peut-être en finissant de lire cette logorrhée. J’en suis, à tout prendre, à préférer envisager rire jaune (sous la férule d’une orwellienne dictature communiste chinoise) qu’avec le sourire Colgate imposé par la Trumpland importée et dominante. Posez-vous la question, au-delà du cercle des plus proches, quid du pourtour favorable à Trump ? C’est là où je voulais en venir : allez à la halle (du Bellay), et voyez comment Trump s’est trouvé des partisans ou sympathisants dans votre pas si lointain entourage. Étonnez-vous Benoît (titre de Françoise Hardy).
La convention républicaine a ensuite ovationné Kimberly Guilfoyle, une ex de Trump et de Fox News qui a prédit que la défaite de Trump entraînerait les É.U. sur la voie de la socialiste Cuba et du Vénézuela. Biden et Harris détruiront le pays et réduiront ses habitants en esclavage. Ce fut un temps l'épouse de Gavin Newsom, l'actuel gouverneur démocrate de la Californie. Un État ruiné par les démocrates. Bref, agenouillons-nous pour prier et dressons-nous pour le drapeau étoilé. Et ne laissez pas les démocrates vous fouler aux pieds, détruire vos familles, vos vies, votre futur, ne les laissez pas tuer les futures générations (elle avait fortement insisté sur la consommation de drogues dures en Californie).
Un autre intervenant a estimé que Trump était « le garde du corps de la civilisation occidentale ».
Tout cela peut sembler irréel. Mais si cette mentalité gagne l'Europe (c'est déjà partiellement le cas), il y a vraiment de quoi se faire des cheveux.


lundi 24 août 2020

La Turquie veut se doter de porte-avions

 Un expansionnisme ottoman illimité

La Turquie veut se doter d’au moins trois porte-avions a déclaré Recep Erdogan. Pas uniquement pour affronter la Grèce en méditerranée, comme le laisse présager l’ex-vice-amiral Cem Gürdenizg. L’expansion militaire et idéologique ottomane ne fait plus guère de doute.

Consulter le site Hüriyet Daily News (en ang. comme son intiulé l’indique) est chaque jour plus instructif et corrobore parfaitement le point de vue d’Oliver Delorme dans Marianne (article en accès libre donnant une vue d’ensemble de la situation).

Je passe peut-être du coq à l’âne en présumant que la décision de Darmanin d’expulser une famille bosniaque pour avoir tondu et molesté une jeune fille à Besançon sera interprétée comme une nouvelle provocation française en Turquie. Pays qui se vante de posséder divers sites gréco-romains classés par l’Unesco mais semble vouloir s’empresser, comme les fondamentalistes musulmans afghans, de les faire disparaître. Que ce soit en Bosnie ou ailleurs (en d’ex-régions restées peu ou prou turcophones ou ayant été sous domination de la Grande porte puis de l’empire ottoman), la propagande fondamentaliste est à l’œuvre depuis des décennies. Et qu’importe qu’un pays, comme l’Allemagne –(enfin, ses anciennes composantes) ne fut que très partiellement touchée par les conquêtes de Soliman et ses descendants.

Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux yeux d’une partie des musulmans, là où se dresse une mosquée, la contrée l’entourant devient terre musulmane pour l’éternité. Qu’importe d’ailleurs qu’elle ait été transformée en église (orthodoxe pour la plupart d’entre elles).

C’est cette mentalité que veut propager Erdogan dont la transformation des deux églises à Istanbul (Sainte-Sophie, Saint-Sauveur-in-Chora pour le moment, sans compter Saint-Haoutioun l’arménienne d’Ergan, détruite) vise à se poser en défenseur des croyants. À Haga Sophia (Ayasofya, ex-Sainte-Sophie), les sermons sont à présent prononcé sabre à la main « le symbole de la conquête », indique le prêcheur Ali Erbas.

Jusqu’à nouvel ordre, la mission de l’Oruç Reis, le navire de prospection turc, n’est prolongée que jusqu’au 27 août. Prônant un renforcement de l’industrie militaire turque autonome, Erdogan a assorti son allocution d’une mise en garde : « ceux qui sont gênés par l’influence (…) de notre pays font leur possible pour condamner la Turquie à l’instabilité » (sous-entendu : avec pour relais l’opposition intérieure), rapporte TNT. Quant au porte-parole de l’AKP, vantant le peuple turc, il a déclaré que « son bonheur et ses aspirations sont pour toute l’humanité ». Quant au ministre des Affaires étrangères, il confond aide humanitaire (« depuis la Syrie jusqu’à la Libye en passant par la Méditerranée orientale, la mer Noire, les Balkans et le Caucase ») et intervention militaire et propagande religieuse (même s’il est patent que l’aide sanitaire turque n’a pas été négligeable).

Quant au vice-amiral Cem Gürdeniz, il déclare franchement que la puissance navale turque doit s’exercer en mer Rouge, d’Oman, et en Atlantique.

Sur le plan intérieur, depuis fin juillet, l’Internet est désormais muselé en Turquie, la censure s’est généralisée. Si Lovier Demorme, dans Marianne, n’a pas tort de souligner que les coups de menton d’Erdogan visent aussi à se rallier une opinion intérieure islamiste et ultra-nationaliste, il n’en reste pas moins que le concept de « Patrie bleue », élaboré par le vice-amiral Gürdeniz (de souveraineté maritime, pour résumer) est aussi un objectif expansionniste beaucoup plus large. Si on peut comprendre qu’à court terme l’Allemagne n’ait guère envie de le contrecarrer (plus de trois millions de turcophones, un excédent commercial, la crainte d’un renforcement de l’immigration), elle devrait aussi réaliser que la Turquie ne se contentera pas d’annexer l’île grecque deKastellorizo. Et que le sultan omnipotent d’Ankara n’est pas loin de considérer l’Allemagne tel un pays vassal.

En sus, si, tel le Belarus Alexandre Louckacheno, Erdogan se sentait progressivement déstabilisé ou désavoué, que lui resterait-il d’autre pour se maintenir si ce ne sont de nouvelles provocations contre les « occidentaux » ? Et en Allemagne, il peut compter sur une base arrière bien endoctrinée.

Pour le moment, la propagande turque ne s’en prend qu’à la France, pays soutenant des organisations terroristes (le Lybien Khalifa Haftar, l’YPG/PKK kurde), allié des Émirats (traitres à l’islam en normalisant leurs relations avec Israël), xdlon une tribune d’un universitaire que vient de publier l’agence Anadolu. Ce texte explique la position française en Méditerranée par une volonté d’Emmanuel Macron de réduire l’influence de Marine Le Pen et de se placer en chef de file de l’Union européenne. La politique poursuivie serait aussi de favoriser Total face à l’Italien ENI. C’est parce que la France serait en passe d’échouer en Lybie qu’elle s’en prend agressivement à la Turquie. Anadolu insiste aussi sur les iniques traités de Sèvres (de 1920) et Lausanne (1923) en mettant en valeur les fortes paroles d’Erdogan selon lequels la Turquie ne pliera pas devant les « pouvoirs colonialistes » (soit la France et ses alliés, Grèce et Égypte). En gros, le temps de la revanche est venu pour l’empire ottoman islamique (et plus largement pour les pays musulmans).

samedi 22 août 2020

Oradour : une affaire à la Steve Bannon ?

 Pub exécrable pour faire des sous…

Donc, le mémorial d’Oradout-sur-Glane a été vandalisé afin de faire de la publicité à un certain Vincent Reynouard. Que l’acte soit le fait d’illuminés ou de gogos (l’un va souvent bien avec l’autre), c’est bien à ces Reynouard et consorts qu’il profite.

Autant demander de suite une possible indulgence pour ce qui pourrait passer pour de l’humour exécrable. Mais on a bien fini par comprendre qu’un Steve Bannon n’était pas qu’un escroc intellectuel mais un aigrefin tout court. Lequel, après sa condamnation, n’a pas manqué de dénoncer « un complot politique » contre lui-même et ses associés, dès sa sortie du tribunal. Il a développé ensuite cette thèse, relayée par des médias divers : il s’agirait de discréditer ceux qui veulent limiter l’immigration mexicaine et faire cesser la construction du mur frontalier. Et bien sûr, l’avenir lui donnera raison.

Dans cette affaire d’association caritative « bien ordonnée », il n’y avait pas que Bannon et ses deux co-inculpés mais aussi du beau linge : Kris Kobach, Erik Prince, David A. Clarke, et diverses personnalités pro-Trump, souligne The New Yorker. Ce qui fera qu’aux yeux de la Trumpland, Bannon et consorts passeront pour des symboles d’idéalistes injustement calomniés, par l’État profond, évidemment.

Je ne vais pas présumer de l’identité des vandales d’Oradour, ni de leur proximité avec Vincent Reynouard. Lequel a tenté de faire son beurre avec un livre laissant entendre que la responsabilité du massacre incombe davantage à la Résistance qu’aux troupe d’un détachement de la division Das Reich incluant 14 Malgré-nous alsaciens. Cette présentation des faits est assez bien résumée par le site Paris Dépêches (même si la conclusion est discutable).

Comme sur les sites du Monde et du Figaro l’inscription « Reynouard a raison » n’était pas mentionnée (sans doute pour ne pas contribuer à sa renommée), j’ai tenté d’en savoir un peu davantage. Et puisque, en janver 2014, la justice italienne avait ouvert une enquête sur le massacre d’Oradour (parmi les victimes, sept  enfants italiens de Lucia Zocvcarato et Giuseppe Miozzo), j’ai tenté de me tourner, en vain, vers la presse italienne de ce jour.

En revanche le Corriere della sera fait grand cas de Juan Romero Romero, dit El Codobes car natif de Courdoue, né en 1919, vivant à Aÿ (Marne), qui semble être l’un des tout derniers survivants du camp de Mauthausen. La ministre Carmen Calvo est venue à Aÿ lui rendre hommage.

Au passage, au lieu de faire des effets de manche sur l’infamie des dégradations, Castex et Darmanin auraient gagnés à s’associer à cet hommage, mais il n’y a pas de quoi leur en intenter un fort mauvais procès.

J’estime que s’il n’est pas superflu de retrouver et condamner le, la ou les individus ayant fourni à Reynouard une publicité gratuite (pour lui, non pour le contribuable qui restaurera la façade en son état initial), il serait tout aussi indiqué de mettre tout en œuvre, formule d’usage, pour tarir les soutiens des Vincent Reynouard et émules. Lesquels alimentent les imaginations de crédules qui les font plus ou moins prospérer. Dont, par exemple, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X qui employa Reynouard et d’autres.

Je conçois que l’historiographie soit mouvante. Parmi les derniers exemples, récemment, on semble mieux se souvenir des faits d’armes des troupes indigènes et de celles des Républicains espagnols de la DB de Leclerc ayant libéré Paris. La vulgate dominante reste cependant celle d’une France majoritairement par elle-même libérée. Ce que des Résistants des premières heures, dont beaucoup ont préféré rester anonymes et décliner tout honneur ne contrediraient pas non plus, à très juste titre en ce qui les concerne.

Aucune et aucun des survivants d’Oradour n’a corroboré l’affabulation de Reynouard, pas d’explosions, sinon celles de grenades. Mais bien évidemment un affabulateur trouve toujours une explication, avance un élément de réfutation. Comme Bannon à présent.

La dernière intervention de Reynouard, sur YouTube ,car l’auditoire favori de ces escrocs, auditoire qui recommande à son entourage soucieux encore de lire d’acheter les ouvrages de l’orateur, avait pour slogan « devoir de mémoire égale embrigadement politique ». Certes Reynouard fut plusieurs fois condamnés, mais il s’est toujours trouvé des soutiens pour rétribuer ses avocats ou régler ses amendes.

Tout comme Hervé Ryssen, Boris Le Lay et d’autres, Reynouard s’appuie sur un réseau et beaucoup de gogos auxquels ils demandent de les soutenir (en bitcoins pour Bruno Le Lay).

Tous ces gens ne sont au service que d’eux-mêmes et de leurs propres intérêts, quelle que soit la cause qu’ils prétendent défendre ou illustrer. Bons faiseurs et malfaisants, ayant toujours un ennemi de « nouzôtres » à désigner. Et toujours la même explication simpliste : « on (les médias) nous cachent tout, on ne nous dit rien du réel. Moi seul vous révèle le vrai dessous des choses ».

Cela a fort bien réussi à Donald Trump qui soutient maintenant que le covid est propagé par l’État profond pour contrecarrer sa réélection. Et la peste, et la grippe dite espagnole, et le pleistocène (époque glaciaire), c’était l’État profond de ces époques ? Cela étant, je soutiendrai que le massacre d’Oradour n’était pas le fait des SS mais d’extra-terrestres, je suppose avec de fortes probabilités qu’il se trouverait des gens pour vouloir me croire.

Pour ne pas sombrer dans un humour nauséabond, peut-être faudrait-il remémorer aux Reynouard et consorts l’exposition d’Annes Heer de 1995 « La guerre d’anéantissement, les crimes de guerre de la Wermarcht 1941-119944 ». Elle était composée de photos de massacres prises par les soldats eux-mêmes, posant complaisamment devant des scènes d’exécution, des pendus, des cadavres. Ardu à réfuter, mais c’est un peu comme l’alunissage de Neil Amstrong et Appollo 11 en 1969, des montages, rétorquerait-il. Ces gens ont réponse à tout. Et puis, la Terre est plate, c’est l’évidence même, n’est-il point ? On vous a donc menti. Pour que l’ovalité terrestre se raplatisse : donnez, donnez, achetez, achetez.

vendredi 21 août 2020

Brexit explained : George Soros stipendie Michel Barnier ?

Enfin, tout est clair : Soros fait capoter le Brexit

On s’en doutait très fort. Il ne pouvait en être autrement. Si le Brexit tourne au détriment du Royaume-Uni, inutile de chercher plus loin. C’est la conséquence du « plan secret » de Georges Soros pour faire capoter la sortie du Royaume-Uni du carcan fasciste de l’Union européenne.

Michel Barnier et David Frost, le négociateur britannique, se renvoient la balle et s’accusent mutuellement de ne pouvoir parvenir à un accord de sortie négociée du Royaume-Uni de l’Union européenne à propos des droits de pêche et des subventions gouvernementales aux entreprises ? Ne cherchez pas plus loin. The Daily Express a la réponse. C’es George Soros qui sabote les négociations et pousse Michel Barnier à rester intransigeant. Mais bon sang, mais c’est bien sûr. Même si les Illuminati, Donald Trump et Vladimir Poutine ont poussé le Royaume-Uni à se prononcer pour un Brexit due (je n’invente rien puisque le Daily Express dénonce l’affabulation des anti-Brexit arguant que le Kremlin aurait influencé le référendum sur le Brexit), la volonté du peuple britannique (enfin, surtout anglais) est battue en brèche par les menées secrètes d’un sombre individu, George Soros.

Martina Bet, de l’Express, a déniché des documents secrets, forcément secrets jusqu’à ses trouvaillles qui prouvent pourquoi « de nombreux parlementaires et politiciens ont tenté de faire fi de la volonté du peuple ». Encore une fois, la force des baïonnettes morales se serait brisée (quoi ? Les dents, les gonades ?) contre le mur de l’argent d’un vil spéculateur. George Soros, encore lui. Elle ne fait que répercuter un article du Telegraph au titre explicite “Goerge Soros, le man who ‘broke the Bank of England’, backing secret plot du thwart Brexit’ ». Plus si secret que cela, le complot. Cela remonte à février 2018, et Le Courrier Intenational en avait fait état. Soros avait contribué à une campagne anti-Brexit.

Mais comment peut-on imaginer qu’il en soit resté là ? Si le Brexit se solde par un accord défavorable au Royaume-Uni, ce sera lui, et nul autre ; si une sortie sans accord s’avérait au détriment du Royaume, n’allez pas chercher plus loin. D’ailleurs, ne serait-il pas derrière la passation de pouvoir de Kim Jong-un à sa sœur, en vue de déstabiliser l’Antarctique et le Groenland (et Ségolène Royale restant coite, n’est-ce point une preuve ?). Ouh-ouh, méfions-nous, la main de Soros est partout !

Tout cela en vue d’obtenir un rapport euro/livre à 0,92. Vous ne voyez pas ce que cela implique ? Moi non plus, mais cela fait plus sérieux, documenté. Croyez-moi, retwittez : personne ne vous contredira d’autant que vous me présenterez tel un expert auprès de divers présidents-autocrates africains (tel un Luc Michel). Le saviez-vous ? Le Moro Naba mossi ne jure que par moi. Divers photo-montages l’établissent.

L’un des derniers entretiens de Soros fut le fait de Mario Platero, de La Repubblica, L’Obs l’a traduit. On (moi) comprend vaguement, confusément, qu’il ne se soucie plus de faire du pognon. Mon impression est que c’est justement cela qui lui est constamment reproché. Bon, accordez-lui des circonstances atténuantes : il ne s’est pas prononcé contre le Pr Raoult. Qu’à cela ne tienne : avec un prochain billlet «  Soros veut la peau de Raoult », le succès est d’avance garanti. Attendez-vous à savoir que… Une petite recherche sur les investissements de Soros dans le capital des laboratoires de pharma, pas mal de suppositions et de conditionnels suffira. Le saviez-vous, la désuétude des suppositoires, des synaspismes, des ventouses, des sangsues ? Mais évidemment, c’est Soros. Que vous faut-il de plus pour vous déclarer convaincus (et surtout assurer la promo de mon prochain livre) ? 

Pub : les confessions de Jane Birkin à son doudou

 Serge Gainsbourg et Jane Birkin nus (pas en rêve)

Comme pratiquement tous les Français de mon âge, je suis fond (et non fan) de Jane Birkin. Je m’accorde donc l’indulgence de faire un peu de publicité pout son bouquin (Orion publ.) de confessions faites à son doudou, Munkey, axé sur sa vie avec Serge Gainsbourg.

The Evening Standard, The Daily Mail et d’auttres titres semblent avoir clôné le communiqué de presse de l’éditeur (Orion) et le prière d’insérer. Pas The Guardian, dont la chtroniqueuse, Kathryn Hugues, semble avoir bénéficié d’un service de presse. Il s’agit des Munkey Diaries, qui couvrent la période 1957-1982 de Jane Birkin. Soit les journaux intimes adressé à Munkey, que j’imagine être un singe en peluche. Fayard, en 2018, avait sorti le même livre sous le même titre ; suivit, l’année d’après, chez le même éditeur français, Post Scriptum (période 12982-2013). Les deux ouvrages intéresseront donc les traductologues, surtout si, comme je le présume, auteure et traductrice ne font qu’une (avec l’aide d’Erin Floyd pour les passages en français dans le manuscrit original bilingue).

L’historiologie des biographies se penchera aussi sur ces deux versions. Il semble que Jane Birkin ait reproduit, sans les retravailler, des passages entiers de ses journaux intimes. Un tantinet vacharde, Kathryn Hughes considère que la prose s’apparente à de la word soup (verbiage semble faible, garrulité plus proche, mais je pencherai pour monologue décousu). Ce qui semble plaider pour une certaine authenticité : écrivant pour soi-même, la méticulosité auto-explicitative ne s’impose pas : on sait combler les vides.

Donc, si Gainsbourg ne prenait qu’un bain tous les trois mois, il est possible que, dans l’intervalle, il ait eu recours à des douches, ou au moins, à se laver à l’occasion les pieds dans un bidet, comme consigné. Et puis franchement, qu’il ait ou non pris le soin de changer de slip avant d’aller à l’hôpital, peu nous chaud. Et j’imagine fort bien que si je continue à vous entretenir de traductologie ou du genre biographique, vous n'allez pas tarder à reprendre des activités normales. D’où le sous-titre.

Et oui, en compagnie d’Odile Leclaire et de Marc Noyaret, je vis, depuis une chambre de bonne de la rue des Saints-Père (il me semble que l’entrée de l’immeuble donnait dans cette rue, ou était-ce rue de Lille ?), le Serge et la Jane échanger, à l’étage de leur demeure de la rue de Verneuil, des coups d’oreillers et ce dans le plus simple appareil. J’avais, comme toujours, le mien, mon Pentax LX, à portée de main, mais muni de son excellent 20 mm ou du 40 mm ultra-plat de cette époque. Et puis, franchement, ce moment de curiosité passé, nous n’allions pas restés scotchés à la lucarne, d’une, et je n’étais pas, de deux, versé dans ce genre « d’actualité ».

En revanche, avec le même, le réflexe Pentax, je me rendis des années après (fin 1989), dans cette même rue de Verneuil. Gainsbourg m’accordait un entretien sur son film Équateur, adapté du roman Coup de lune, pour Simenon Travelling (édité par le festival du polar de Grenoble). Histoire d’imputer les frais de déplacement à mon quotidien, je lui empruntais une voiture du journal. Et comme c’était le jour anniversaire des 18 ans d’un pigiste, Frédéric Chef, dit Chouf, je l’embarquais en catmini, car il avait beaucoup insisté pour m’accompagner. Je n’ai pu que m’en féliciter. C’set en faisant valoir cet anniversaire, après avoir recueilli quelques propos sans grand intérêt pour L’Union, que je parvins à persuader Gainsbourg de sortir faire une photo en la compagnie de Chouf devant son mur de la rue de Verneuil. J’allais la retrouver, créditée uniquement L’Union, quelques années plus tard, dans un album, Gainsbourg et cætera, de Verland et Salmon (éds Vade Retro, lequel s’accompagnait d’un CD incluant la chanson La Noyée. Bien évidemment, le recadrage expurgea Chouf de la photo publiée (il avait pris place, en passager clandestin, donc sans assurance ni ordre de mission). Je dois avoir encore d’autres vues, plus larges, dans la cave de mon fils, en Bretagne.

Il me fut indiqué, encore beaucoup plus tard, que le chanteur n’avait posé qu’une fois auparavant devant ce mur. Je n’ai pu savoir en revanche si ce fut l’une des toutes dernières photos de presse écrite publiée de son vivant (celle de la première page du Parisien, de mars 1991, fut une photo d’archives du « fumeur de gitanes » qui ne s’en accordait plus que dix quotidiennes lorsqu’il nous reçut).

En anglais, le livre de Jane Birkin s’accompagne de la mention : « mon amour pour un DOM’ » (Vieux salace, ou vieux dégueulasse, dirty old man). Mais on se doute bien que l’homme ainsi catalogué par un calembour (voir supra son hygiène supposée) était surtout un grand sentimental. C’est en tout cas le souvenir que j’en conserve. Il s’inquiétait du devenir de Lulu (Lucien), le fils qu’il avait eu avec Bambou (la carrière naissante de Charlotte lui semblait déjà bien orientée avec neuf films à son actif d’actrice).

Si j’en crois la note de lecture du Guardian, le livre de Jane s’apparente à une suite de gossip topics. Katie Rosseinsky, du Standard, gage que les lecteurs resteront sans doute un peu sur leur faim. Comprenez que l’auteure se révèle attachante, pleine d’humour (franglais peut-être), mais fort peu trash. Bref, telle qu’on veut s’en souvenir. Proche de la photo de la couverture de l’édition anglaise. Et, comme elle le consigne en sa préface, « restée puérile » (très infantile, dans la version française).

Les deux préfaces (la française et l’anglaise) sont consultables en ligne. Et il semble bien que certains détails d’une version soient omis ou élidés, dans l’autre, d’autres rajoutés ; rien d’essentiel. Des deux émane la même sincérité teintée de candeur. Nostalgie…

vendredi 14 août 2020

Trump adepte des douches dorées ?

 Un pré-ado dirige-t-il les États-Unis ?

Après les histoires de cacas d’Amber Hear et Johnny Depp, voici que la presse anglophone se penche sur une question cruciale : le Prez, le Potus, le Donald, est-il ou non adepte des douches dorées ? Tant qu’à toucher le fond, de la cuvette, risquons la plongée en immersion.

Hier, Donald Trump s’illustrait une fois de plus (entrée « Donald Trump défrisé par le débit des douches »). Ce jour, retour sous la douche pour le Donald, mais cette fois version dorée.

Cela en raison de la sortie du livre de son ex-avocat et comparses de frasques, Michael Cohen, qui laisse entendre que son ex-client était (ou serait) adepte des douches dorées. Un peu de médialogie élémentaire. Quand vous lirez qu’en compagnie de Donald Trump, Michael Cohen fut témoin d’un épisode de douche dorée, munissez-vous d’une serpillière.

De toute façon, quoi que fasse Trump, ses partisans évangélistes (parmi les plus assidus amateurs et amatrices de contenus pornographiques des États-Unis) ne vont certainement pas le lâcher. Il faut donc relativiser la portée de cette allégation.

Micheal Cohen, de son propre aveu, a tellement menti pour favoriser sa carrière auprès de Trump qu’il est loisible de se demander si, dans Disloyal, son autobiographie de ses années Trump, il n’exagère pas un tantinet pour en décupler les ventes.

De multiples psys, dont sa nièce, Mary Trump, ont considéré que le Prez était un sociopathe, un pervers narcissique, et je vous en passe.x Admettons volontiers qu’on puisse le ranger, comme d’innombrables autres, dans la catégorie fourre-tout des « pervers polymorphes », soit des pré-ados attardés.

Lesquels, version mâle, prépubère, sont parfois enclins d’épier des filles en train de se soulager. Cela peut perdurer. Je me souviens ainsi vaguement d’une scène du film de Molinaro, Mon oncle Benjamin, avec Jacque Brel et Claude Jade. Deux femmes, peut-être la marquise de Cambyse (Dianela Surina, m’indique Wikipedia) et une suivante ( ???) ou amie, descendent d’un carosse, s’enfoncent dans un haut champ de blé, s’accroupissent pour se soulager. C’esqst sans doute l’une des scènes les moins « coquines » de ce film, mais leurs sourires extatiques faisaient plaisir à voir. Rien qui puisse effaroucher la censure épiscopale en 1969.

Il fut un temps allégué qu’en 2013, à Moscou, lors des célébrations du couronnement de Miss Univers, Donald Trump rétribua des ribaudes pour uriner sur un lit d’hôtel qui fut utilisé précédemment par Obama. Vraie ou fausse, l’anecdote voyeufiste reste puérile et ne peutsu Ritz-Carlton s’apparenter à une douche dorée, pratique impliquant de se faire asperger (en termes assez délicats ses choses sont-elles assez dites ?).

Du livre de Cohen, on peut tout au plus déduire que Donald Trump se serait rendu en sa compagnie (ou plutôt l’inverse : Cohen accompagnant Trump) dans un club de Las Vegas, lequel, comme The Act (2012-fin 2013), se spécialisait dans les specialty acts et promettait une debaucherous nightlife. Mais que l’on sache, l’auditoire n’en ressortait mouillé de jus de citron ou d’’ananas.  

En fait, la « révélation » de Cohen est peut-être issue du livre Russian Roulette (de Michael Iskof et David Corn) qui relate la présence de Trump dans ce club au lendemain de son soixante-septième anniversaire en juin 2013.

Ce qui semble certain, c’est que Trump ait fréquenté ce club en compagnie d’Emin Agalarov, fils d’un oligarque russe et de Rob Goldstone, un publiciste britannique, du moins selon les dires de ce dernier.

Selon Cohen, ce serait pour éviter de se retrouver en prison que Trump s’accrocherait à la Maison Blanche. Cela semble corroboré par l’intéressé qui vient d’admettre implicitement qu’il empêcherait la poste américaine (US Postal Service) de traiter la masse des votes par correspondance qu’il estime d’avance propice à de multiples fraudes de la part des démocrates.

Quelle que soit l’issue du scrutin, il semble qu’il soit disposé à s’en déclarer le vainqueur et à rester en place tout au long d’interminables débats juridiques.

Tout cela glisse sur l’électorat de Trump. Cohen et tant d’autres peuvent multiplier les critiques, cela revient à pisser dans un violon.

jeudi 13 août 2020

Trump défrisé par le débit des douches

 9,4 litres/min, il s’en faut d’un cheveu

Jérôme Cahuzac, implantologue capilliculteur, va-t-il obtenir un poste de conseiller technique à la Maison Blanche ? Donald Trump se plaignant que le débit des pommeaux de douche est insuffisant pour rincer ses cheveux, il est question de leur faire débiter quelques gallons de plus par minute. Combien ? C’est là que l’expertise d’un Jérôme Cahuzac serait précieuse…

Ne dites plus « diminutif » mais « artiste capilliculteur ». Longtemps, Donald Trump s’en était remis à son épouse, Melania, comme il le confiait en 2004 à Playboy Magazine. Mais selon The Hollywood reporter, en 2036, Tiffany Dkajic, du salon l’Appartement, aurait pris la relève. Au passage, on remarquera que la capillicture étasunienne est moins inventive que la française mais à recours aux subtilités langagières de manière moins rentre-dedans que de ce côté de l’Atlantique. Le mensuel Fluide glacial s’est fait une spécialité du recensement des meilleures enseignes françaises. Je n’ai pas cherché à déterminer si celle d’un salon de centre commercial axonais, Revolution’Hair (sans accent sur le e pour faire plus anglophile) avait été déjà recensée.

Tout comme les pieds sont l’objet des soins constants du fantassin (Raynaud, Fernand), question chevelure, pour Donald Trump, il ne faut pas qu’il y soit comme un défaut (id.) et que tout soit « étudié pour » (ibid.). Et sous la douche, le Donald s’est rendu compte que le « débit de l’eau » (Trénet, Charles) risquait de lui faire ressentir un dépit de laid à se mettre la tête dans le bidet (« qu’il est laid le bidet », Lagaf).

Donald Trump, qui n’en manque pas une pour critiquer les dispositions favorables à l’environnement prises sous Obama, s’en prend à présent à l’une de celles adoptée en 1992 (sous George W. Bush, avec lequel le Donald est à présent en froid). Depuis 1992, une pomme de discorde de douche ne peut pas débiter plus de 2,5 gallons (9,4 litre) à la minute. Alors, pour votre chevelure, que faire ? « Vous restez plus longemps sous la douche ? Pour vous, je ne sais pas, mais pour moi, ma chevelure doit être parfaite ! ». Tel que. Comprenez aussi qu’en maintenant ces dispositions, les démocrates font perdre un temps précieux au Potus, lequel, même au golf, réfléchit mieux aux besoins des États-Unis que sous la douche.

Surtout qu’il y a plus efficace : « des gens tirent la chasse d’eau des toilettes dix, quinze fois, au lieu d’une ». Adaptation fidèle de propos authentiques tenus à la Maison Blanche. Ne déformons pas les propos du Potus comme le fait trop souvent la lame press. Il ne préconisait pas de ne tirer la chasse qu’une fois par 24 heures, mais de s’abstenir de la déclencher plusieurs fois de suite, en raison d’un trop faible débit. Paroles de bon sens. Mais encore une fois, des malveillants de l’état profond (du marais fétide) du temps d’Obama ont démenti le président. L’infâme David Friedman, du ministère de l’Énergie, a considéré que tout était bien en l’état dans le meilleur des mondes.

Comprenez que le Deep State bloque toute initiative novatrice ou corrective.

Le président est pourtant soucieux du consensus et ne voudrait pas que les industriels se voient obligés d’élargir les orifices de toutes les pommes de douche. Pour les soutenir, Donald Trump préconise que de multiples pommes puissent être raccordées aux futurs tuyaux. Rien que pour chipoter, Andrew DeLaski, de l’Appliance Standards Awareness Project, organisation chère à l’aware Jean-Claude Van Damme, a considéré que quatre ou cinq pommes débiteraient jusqu’à 15 gallons la minute, ce qui risquerait d’éclabousser toute la salle de bains. Il y a vraiment des gens qui parlent impulsivement sans réfléchir ni s’être donné la peine d’expérimenter.

Le président s’est aussi targué d’avoir fait améliorer l’efficacité des lave-vaisselles. De toute façon, a-t-il estimé, dans la plupart des États-Unis, l’eau n’est pas un problème car la solution est disponible « on appelle cela la pluie », a-t-il conclu. Fortes paroles. Levez-vous, orages désirés pour la santé capillaire.

Pn pensera que toute cette histoire tient  du réchauffé puisque ces propos furent tenus le 16 juillet dernier. Oui,  mais le ministère de l’Énergie a voulu se démarquer de l’État profond précédent et divulgué des propositions conformes aux vœux présidentiels. Comme le résume l’agence Bloomberg : Make Shower Heads Great Again !

En tout cas, avec déjà 166 000 morts du covid, cityonnes et citoyens de États-unis d’Amérique, continuez à vous laver les mains sous le maigre filet d’eau du robinet de l’évier ou du lavabo.

mercredi 12 août 2020

Le stilton empuantit le traité Japon-Royaume-Uni

 Un anglo-bleu qui doit puer plus bleu que bleus (continentaux)

Selon le Nikkei Asian Review, les négociations d’un traité de libre-échange entre le Royaume-Uni et le Japon bloqueraient sur la question des fromages. Car, pour faire valoir ses talents, la négociatrice britannique voudrait trouver pour les stiltons de meilleures conditions tarifaires que celles en vigueur entre le Japon et l’Union européenne.

Liz Truss a posé le stilton sur la table
Pour les voitures, ce serait réglé… en 2026, entrée libre pour les voitures japonaises au Royaume-Uni. Oui, mais auparavant, le Royaume-Uni voudrait obtenir un meilleur droit d’entrée pour ses bleus au Japon que celui bénéficiant aux bleus continentaux (ceux de l’Union européenne). Pour la presse britannique tout tourne autour de l’emblématique stilton (la variété bleue, étant plus connue que la confidentielle blanche). Et pourquoi pas ne pas obtenir en plus que les stiltons destinés au Japon puissent être refabriqués au lait cru (et non plus pasteurisé comme l’impose la totalitaire obligation européenne) ?

En fait, Liz Truss, chargée du commerce international, est une ardente partisane des producteurs de fromages anglais. Pour ceux à pâte dure, elle aurait obtenu gain de cause avec 2023 pour échéance. Mais pour les pâtes molles et en particulier le stilton, ce serait le fromage de discorde.

Le Japon ne voudrait pas que le Royaume-Uni bénéficie de meilleurs quotas et tarifs que ceux en vigueur avec l’Union européenne pour les fromages. En sus, la date devrait être repoussée à 2033 pour ces variétés concurrentes des bleus d’Auvergne et de Gex (entre autres).

Bizarrement, les titres les plus véhéments en faveur d’un Brexit sans accord, comme le Daily Express, ne se sont pas du tout attardés sur ce type de détail. Après avoir proclamé qu’un accord commercial avec les États-Unis était dans la poche incessemment sous avant peu, les négociations avec le Japon ont été constamment vantées. Mais voici qu’il y aurait quelque chose qui pue au royaume de la Queen.

Megahan Markle, non, read my lips, it’s the stilton, stupid! Hautement symbolique, vu depuis « le pays des fromages qui puent ». 75 ans après Hiroshima, il est grand temps de rappeler aux Britanniques que pour avoir raison du Pays du Soleil levant, le largage de tonnes de stilton suffira-t-il pour l’empuantir ? Ou ne faut-il pas le renfort des roqueforts, bleus d’Auvergne et de Gex ? Le Vatican, combien de divisions ? Le stilton, combien de tonnes ? Il fallait y réfléchir avant le Brexit.

Je pourrais filer plus loin la métaphore, remémorer les Monty Python et Sacré Graal, qui vit Arthure Kuninge, confié. Ma formation diplomatique me retient.Mais il faudra bien répliquer à l’invasion des choux shi par la promotion des choux de Bruxelles.

Je ne sais plus où j’ai retrouvé des estampes japonaises mettant en scène des duels de flatulences (authentique, je n’invente rien). Messieurs les Japonais, flatulez les premiers ! Le sieur Charles Hay et le comte d’Antochee, des Gardes françaises, lors de bataille de Fontenoy, s’invectiveraient ainsi. Face au barrage nippon  des stiltons, il faudrait s’en souvenir.

En fait, le Brexit a tellement été vendu comme l’espérance de lendemains mieux chantants qu’il faut absolument faire valoir des avantages supérieurs à ceux obtenus via l’Union européenne. Le Japon absorbe environ pour  18 millions de livres de stilton. Contre 2,13 millions d’euros de fromages à pate persillée français (divers bleus, roquefort, saint-Agur, persillé des Aravis, carré d’Aurillac…).

En 2034, l’accord européen prévoit que ces fromages ne seront plus taxés au Japon (ils le resteront à hauteur de 27,0 % jusque là, ce qui vaut aussi pour les stiltons jusqu’au 31 décembre, date d’entrée en vigueur du Brexit). Et quoi pour le haggis, la panse de mouton farcie ?

Sur un autre front, le Royaume-Uni s’est mis à dos Ben Cohen et Jerry Greenfield (crèmes glacées Ben & Jerry, filiale Unilever) au sujet des migrants traversant illégalement la Manche. On ne sait si, en mesure de rétorsion, le glacier prépare une glace « goût roquefort ». “Freeze them out” a titré le Daily Mail qui prêche déjà le boycott. Pas de quoi cependant bloquer les négociations avec les États-Unis, pour le moment au point mort.

Pour paraphraser le Courrier international, il faudra « comté (pardon, compter) » de nouveau ave le stilton qui devra affronter l’Humboldt Fog californien qui plagie le morbier et le Maytag blue cheese de l’Iowa qui s’inspire du roquefort.