vendredi 6 décembre 2019

Brexit : Sécu et Irlande infléchiront la courbe des élections ?


Boris Johnson pourrait perdre son siège (et Downing Street)

Dès l’annonce des élections britanniques, le 12 prochain, et jusqu’à ce jour, il restait considéré que c’était quasiment plié : les conservateurs retrouvant une majorité au Parlement. La question irlandaise va-t-elle renverser la tendance ?
Déjà, évoquons le cas personnel de Boris Johnson qui se présente dans une circonscription fortement Remainer, a priori favorable à la candidate libérale-démocrate. Sauf que, si Boris Johnson resterait en tête des intentions de vote, le candidat du Labour lui grignote des points et passe devant la Lib-Dem. Et à l’approche du scrutin, les appels au vote « utile » (tactical) s’exacerbent. Par exemple, John Major, ancien Premier ministre conservateur, enjoint à faire barrage à Boris Johnson et au Brexit. Tony Blair de même, mais là, ce n’est guère nouveau.
Ce qui fait que la Lib-Dem Jo Swinson est fortement incitée à retirer sa candidate (sans contrepartie, mais allez savoir si le Labour ne retirera un·e candidat·e dans une circonscription favorable aux Lib-Dem).
Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’aux dernières élections, sur la très petite circonscription de l’ouest de Londres proche d’Heathrow, Uxbridge, Boris Johnson n’a obtenu que 5 000 voix d’avance. Il faut aussi prendre en compte, pour ce vote à un seul tour, qu’Uxbridge inclut une université et que la majorité de ses étudiants ont choisi de voter non pas dans leur circonscription d’origine, mais dans celle-ci (les étudiants ont le choix). Que parmi les 11 candidat·e·s se trouvent aussi des farfelus ne l’étant pas tout à fait (genre, à Paris, Gaspard Delanoe, « le vrai », candidat indépendant dans son arrondissement mais proche de Julien Bayou). Il s’agit de Lord Buckethead (tronche de seau), de Count Binface (gueule de poubelle ; ex-Lord Buckethead en 2017), soit deux activistes expérimentés, écologistes, qui se partagent la tâche de faire barrage à Johnson davantage qu’à recueillir des voix. Lord Toby Jug et Howling Laud Hope, candidats lors de l’élection de 2015, ont jeté l’éponge (à moins qu’il s’agisse encore des mêmes…).
Et puis, la population est quasiment scindée et sa partie « populaire » s’est enrichie d’électeurs issus de l’immigration. Et Ali Milani, du Labour, monte dans les sondages… Ajoutez que l’UKIP, du fait du retrait du Brexit Party, pourrait remonter vers les 5 % des suffrages.
Mais l’événement du jour, c’est qu’une fois de plus le Bojo fait encore plus figure de hâbleur promettant tout et prêt à réaliser le contraire, cette fois à propos de l’Irlande du Nord.
Jeremy Corbin avait dévoilé des documents confidentiels portant sur la Sécurité sociale (le NHS) du temps de Theresa May. Ils laissaient entendre que l’accord commercial avec les États-Unis n’irait pas de soi. Tant Boris Johnson que Donald Trump ont clairement déclaré qu’un accord incluant les médicaments, le domaine médical, &c., n’était plus à l’ordre du jour. Mais partie de l’opinion peut considérer que cela reviendra par la fenêtre, post-rupture entre le royaume et l’UE.
Cette fois, Jeremy Corbyn a brandi une quinzaine de pages traitant des relations entre la Grande-Bretagne et l’Irlande, et entre la République d’Irlande et l’Irlande du Nord. En substance : Boris Johnson est un menteur, ses proclamations ne valent rien car il y aura de la paperasse et des taxes pour les transactions entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord, et entre cette partie du Royaume-Uni et la République d’Irlande. Boris Johnson a aussitôt démenti : ces documents gouvernementaux sont obsolètes (air connu).
Quant à la presse pro-Leave, elle a mis d’abord en doute leur authenticité avant de pacer surtout en avant la réplique de Boris Johnson. Les pro-Leave les plus virulents ont argué que Corbyn, l’ami des Soviets devenu copain de Poutine, avait obtenu ces documents des services secrets russes. Ambiance.
Ce nouvel élément ne sera pas unanimement pris en compte. Pour des pro-Leave anglais, cette question de l’Irlande du Nord est secondaire (même une possible réunification les laisse tièdes). Pour les unionistes, y compris anglais, gallois et écossais, et le Brexit Party, difficile de prévoir leurs réactions. Mais pour les indécis, cela sent mauvais pour les conservateurs. Car ils ont dû clairement se ranger derrière le Premier ministre, en faire le Superman qu’il veut paraître, &c.
Serait-ce si déterminant ? Allez savoir…
Le Bojo soutient maintenant qu’il n’a jamais vu ce document, que ce qu’il contient est délirant, mais les experts en commerce international risquent de le contredire rapidement. Même le Daily Express n’en nie plus l’authenticité. The Telegraph préfère ressasser que le Labour et Corbyn sont judéophobes. Ou tape sur le SNP écossais. Ou encore, au cas ou Corbyn l’emporterait, indique — paradoxe total pour un titre Leaver — que la Grèce accueillerait ses lecteurs à bras ouverts.
Cela peut favoriser une défection conservatrice (des électeurs votant pour des conservateurs dissidents, ou pour des indépendants, s’abstenant), peut être égale à celle des travaillistes Leavers. Mais beaucoup de jeunes se sont pour la première fois inscrits sur les listes électorales, ce qui devrait favoriser le Labour ou le vote utile.
Ce soir, sur la BBC, Johnson et Corbyn s’affronteront lors d’un face à face. Ce sera leur ultime duel télévisé. Cela risque peu de faire bouger les lignes, mais qui sait ?
Je ne sais si toutes les questions ont été à l'avance débattues ou évoquées entre le journaliste jouant le rôle d'arbitre à l'avance, mais le public pourra poser des questions. Et l'actualité chaude risque de leur inspirer des questions gênantes pour Boris Johnson, du genre :
— Et pourquoi venez-vous de renoncer à faire campagne dans votre circonscription (il était attendu par ses soutiens conservateurs locaux, il a décliné l'invitation, vient-on d'apprendre) ?
— Alexandra Hall Hall, la diplomate britannique en charge du Brexit à Washington vient tout juste de démissionner en vous traitant de menteur... Que répondez-vous ?
Bon, Alexandra Hall Hall, ex-ambassadrice en Géorgie, 33 ans sous le harnois du Foreign Office, n'a pas mis nommément en cause le Bojo... Mais chargée d'exposer le Brexit à Washington, elle n'en peu plus des demi-mensonges, dictés par des politiciens en lesquels elle ne peut plus accorder sa confiance. Comme le rapporte CNN, la situation lui était devenue « intolérable personnellement » et « intenable professionnellement ». Or, elle agissait en bonne petite soldate (soit qu'elle défendait la position britannique et qu'elle se préservait d'exprimer son opinion personnelle sur le Brexit, qu'elle tait encore après sa tonitruante démission).
Elle met en cause la fausseté des éléments de langage lui ayant été transmis. Le Foreign Office s'est refusé bien sûr à tout commentaire, normal, mais Downing Street, après cela, a enjoint la presse à s'adresser au Foreign Office. Gros embarras.
J'ai souvent répété ici que les officiels européens devaient se préserver d'évoquer leurs opinions (suivez mon regard : Tusk et autres) au cours de cette campagne électorale. Les Britanniques s'en chargent beaucoup mieux qu'eux.
Il se trouve que la lettre de démission d'Alexandra Hall Hall, datée du 3 dernier, est détaillée, circonstanciée, &c. Rendue publique à moins de deux heures du début du face à face, il y a fort à parier qu'elle sera exploitée par Corbyn.
Lequel pourra dire qu'il reste neutre sur le Brexit, reste à l'écoute, ne fera ni campagne avant ou après l'élection sur le sujet. Mais qu'il continuera à dénoncer les mensonges des conservateurs pro-Johnson. Comme Alexandra Hall Hall, en quelque sorte. Et le politologue le plus en vue considère que sa neutralité peut payer. Sir John Curtice considère que les Remainers voteront Labour aux dépens des Lib-Dem. Or, n'oublions pas que le scrutin est uninominal à un seul tour...
En sus, Lord Heseltine, un grandee (grand nom) des Tories, vient d'en rajouter une couche. Il évoque les désastres à venir en cas de Brexit, et le démantèlement du Royaume-Uni (Écosse et Irlande du Nord prenant la tangente). C'est chaud pour le Bojo.
En sous-main, Bojo se la joue à la Trump : que Corbyn divulgue comment il a obtenu des documents officiels (que le lanceur d'alerte l'ayant conduit à une éventuelle mise en accusation se dévoile, exige Trump).
Bien, admettons que Johnson perde sa circonscription... Il se trouvera bien un conservateur d'une autre, très correctement élu, pour céder la place, démissionner, et laisser le Bojo lui succéder (et envoyer ce député complaisant chez les Lords)... Sauf si, le clan No-Deal autour de Johnson se débande.
Bref, attendez-vous à savoir que jusqu'au soir du 12 décembre, il sera plus qu'ardu de savoir ce qu'il en sera.
Et ce débat ? Bof. Inconclusive. Avec un léger avantage pour Johnson. Normal. L'opinion restant majoritairement pour les conservateurs, sauf surprise, il devait en être ainsi. Cependant, l'écart se resserre.
Cependant, avantage au Bojo qui veut rétablir totalement le système duodécimal : les ounces, et pourquoi pas les guineas, les half-crowns ? Les farthings ? Soit un quart de penny ? Moi aussi, je voudrais bien que le carambar ou le malabar reviennent à cinq ronds (cinq centimes de nouveau franc). Mais aussi que mon dentier reste remboursé par la Sécu. Et là...
  

jeudi 5 décembre 2019

Fait vs opinion : les ados si dans le flou ?

Comment (moi-je pas seul) sauverai-je l’Éduc’ Nat’

Selon le classement mondial Pisa de l’OCDE, 9 % des adolescents (de 79 pays) seulement feraient la différence entre une opinion et un fait… C’est une moyenne, et les ados français se situent très près de ce taux, assez (litote) loin derrière ceux de Singapour, de la Chine, et de l’Amérique du Nord.
C’est un article de Slate, traduit, adapté — et augmenté — de celui du site Quartz, qui m’a intrigué. J’ai d’abord comparé les deux versions. Et je n’en ai retenu que ce qui fournit les deux titres, à peu près identiques. Mais le reste n’est pas anodin, donc, allez voir
Cela étant, je me suis aussi demandé sur quoi se fondaient et ces articles et leur source. Les deux articles reflètent correctement les documents de l’OCDE.
Mais je n’ai pas été en mesure vraiment de dire si, oui ou non, ce pourcentage, seulement 9  % des ados de 15 ans capables de discerner ce qui est un fait ou une opinion, était une opinion ou un fait, ou du n'importenawak.
D’accord, c’est une manie hexagonale de mettre en doute la validité des classements, de remettre en cause leurs bases et fondements (ex. le classement mondial des universités).
Et peut-être que ma « démonstration » est faussée. Je n’ai trouvé, en versions anglaise et française, sur le site Pisa, qu’un seul test (portant sur un texte traduit) ne comportant qu’une seule fiche évaluant ce départage entre opinions et faits.
En plus, j’ai eu une réponse fausse sur cinq. J’ai estimé que, oui, l’un des exemples les plus troublant du livre en question « est celui de l’île de Pâques ». Peut-être ai-je répondu à la va-vite, ou estimé que l’auteur du livre (chroniqué) avait clairement indiqué que cette île était le plus troublant des exemples d’impact civilisationnel sur un environnement. Ou parce que, ayant lu d’autres livres sur le sujet, dont Sapiens (Harari), je considère, effectivement, que cette île constitue l’exemple par excellence de l’influence des hommes sur le milieu naturel. Parce que plus documenté que d’autres, plus débattu, &c.
Si en réalité, toute une série de tests visant à déterminer ce départage fait/opinion a été soumise aux élèves, mon exemple, trop partiel, est donc partial.
Mais, m’enfin, aurait dit Gaston Lagaffe, qui ne manquait pas plus de jugeotte que son créateur, Franklin, ce programme international pour évaluer les élèves (student assesment) est-il aussi fiable qu’on pourrait le penser ?
Parce que le fameux « c’est toi qu’il dit qui l’est » pourrait être soit un fait, soit une opinion. Dans un cas, c’est une réplique facile, dans un autre, il est avéré que l’accusateur mérite en retour l’accusation.
Je sais, vous allez penser : il s’est gouré, il est vexé, il nous baratine. Vous n’avez pas « tout faux ». En sus, Breton, tête de… et contaminé par l’école française (Descartes, tout cela). Et il se prétend journaliste, pftt.
D’accord, mais j’ai au moins consulté le document préfacé par Angel Gurria, secgen de l’OCDE. Et que les faits sont les faits.
Le score moyen de la France est de 493 (contre 555 pour la Chine, talonnée par Macao, Singapour, Hong-Kong), ce qui la situe au 23e rang, juste derrière la Belgique, dix places derrière… le Royaume-Uni (certainement sauvé par l’Écosse et le Pays de Galles, voire l’Irlande du Nord et Cornwall, ce qui, là, même un ado comprend qu’il s’agit d’une opinion… quoique… plutôt une présomption non-vérifiée que, peut-être, des faits établiraient valide).
Ce qui serait une opinion : c’est la faute du temps passé devant les écrans, le temps consacré par les ados aux réseaux sociaux. Ce qui pourrait être un fait : s’il fut titré ainsi, par Slate et Quarx, c’est avec cette opinion en arrière-pensée.
Plus généralement, les sciences humaines, même bardées de statistiques, ne sont pas devenues des sciences exactes. C’était présenté tel un fait en fac, département de socio, circa 1980, troisième année, et j’en suis resté là (enfin, pas tout à fait, aurait nuancé Raymond Devos pour ma défense).
Je ne remets pas en cause ce classement, je l’estime alarmiste, peut-être à visées incitatives (peut mieux faire, signale-t-on à la France et pays suivants).
Il reste que la France, pour la lecture, était au 22e rang en 2009, au 21e en 2012, au 19e en 2015, et qu’il est constaté une régression. Ne me faites pas gloser sur l’immigration : des pays mieux classés ont accueilli proportionnellement davantage d’élèves immigrés.
En revanche, c’est mon opinion et je m’en félicite, la France ne compte pas 91 % d’ados de 15 ans limite débiles ou abrutis, pas plus futés que des crétins des alpages. Sinon, il serait plus qu’urgent de procréer avec des Asiatiques aux méthodes parentales et éducatives (mode scolaire) supérieures — au passage, le gamin de ma voisine chinoise est un petit génie en maths et autres matières.
Autre constat, sempiternel, les ados issus des CSP+ s’en tirent mieux un peu partout, mais encore bien mieux en France.
Je vais aussi digresser… Et déraper (péché mignon). Je compte trois profs de français dans mes proches (très, très proches, fifille, mon excellente bru, et une copine). Dont l’une se plaint de sa rémunération (râleuse comme son papounet, celle-là…). Elle n’a pas total tort, d’ailleurs. Mais, il faudra qu’elle m’explique. Le Royaume-Uni est mieux classé alors que des profs d’anglais (et autres matières) y dorment dans leurs véhicules, voire provisoirement chez de multiples connaissances, parfois dans des abris de jardin. Je n’invente rien, ce ne sont pas des cas si marginaux (voir la presse britannique).
Le Royaume-Uni se contente d’un secrétaire d’État à l’éducation (the Rt Hon Gavin Williamson). Digressons encore plus fort et abusivement. On parle des plantes vertes et planqué·e·s dans la police, et peu dans l’Éduc’ Nat’. D’accord, c’est bien français, cela, botter en touche, pointer les autres du doigt et fort peu soi. Si j’étais ministre… (mes infimes états de service dans le supérieur ne me permettent pas de prétendre aux palmes académiques ; mais ministre, pourquoi pas : au tirage au sort). Eh bien, peut-être serai-je plus à l’écoute des enseignants et moins à celui de mon aréopage. Parce que cela reste trop petit doigt sur la couture du pantalon en appliquant les recommandations de l’inspection (donc, du ministère). Il ne manque que peu de boutons de guêtre au corps enseignant. L’avancement en dépend.
Et puis, les meilleurs profs selon le ministère ne sont pas forcément les meilleurs pédagogues. Mais les plus capés (subtil jeu de mots sur les agrégés enrobés de parchemins, comme les Michoko de La Pie qui chante).
J’avais, en terminale, en maths, un prof de fac. Qui avait compris que j’étais une cause perdue. Merci de m’avoir foutu une royale paix. J’étais de toute façon ir-ré-cu-pé-ra-ble. Même mon meilleur pote (taupin, puis fac de maths, car devenir archicube ou Xpont le bassinait) baissait les bras, alors qu’il avait la vocation (devenu prof). Et ce ne sont pas les ex-IUFM (passé par là, beaucoup de blabla de planqué·e·s ; en faiseur, j’aurais pu y enseigner) qui auraient pu changer quoi que ce soit (pour cause, anachronisme).
Vous me rétorquerez, quand il s’agit des chères petites têtes blondes de nos écoles, tout un chacun, professe (impropre, puisque, en général, il n’a rien découvert par lui-même) son opinion — je me raccroche au sujet —, ce qui en fait un potentiel ministre (à ses propres yeux, du moins).
Vrai. J’ai des idées sur tout, y compris sur la réintroduction du boulier en petites classes (forcément, la panacée, puisque je l’énonce). Mais, et c’est mon humble opinion — là, c’est pour le rating Google — me nommer ministre serait bien, non pas en raison de fulgurantes audaces pédagogiques, mais du fait — récidive — que je tenterai d’analyser la cacophonie enseignante (pour la synthèse, j’aurais des chef·fe·s de cabinet, ou conseillers, genre mon pote le gitan pour ce qu’aborda Étienne Liebig dans l’un de ces bouquins sur la scolarisation des enfants de la gent du voyage). Bof, tout cela fut dit et redit avant moi. Ce qui ne change pas, c’est cette fascination des élites pour l’élite du cran au-dessus qu’elles veulent rejoindre.
Un mal français, je vous l’accorde (international aussi). Ce qui est peut-être salutaire, et non point désolant, c’est que nous sommes mille et cent à préférer rester au milieu du gué, dégoûtés par la grégarité de ces élites, et trop fainéants pour briser ce plafond de verre. Nous aurions risqué de leur ressembler, d’adopter leurs us, de se la jouer Bourdieu pour les médias, et obséquieux, courtisans (ce qui est parfaitement compatible). On voudrait surtout que l’autre balaye devant sa porte (procrastinant quant au cra-cra de la sienne). Et on s’enlise, enferrés pieds plombés, dans ses opinons à l’emporte-pièce.
Nonobstant, quand on n’a que quatre sur cinq au test Pisa, on la ferme. J’obtempère.

mercredi 4 décembre 2019

Siné Mensuel 93 compromis ?

Ils ont les ronds (euzôtres), on a les boules (Siné Mensuel)

Finalement, SinéMadame ne reparaîtra pas (sauf à la Choron, genre numéro spécial post-Hara-Kiri ?), et je me demande si, après routage et mise en points de vente de ce Siné Mensuel nº 92, le suivant paraîtra ou pas.
Message subliminal, ce titre de la couv’ de Pinel pour Siné Mensuel 92 ? « Ils ont les ronds, on a les boules ! ». Le sommaire est assorti d’un appel aux dons.
Quelques extraits du communiqué de presse :
« Vous le savez, notre petit esquif mal élevé, satirique et qui aime à chier dans les bégonias n’a pas d’actionnaire friqué, pas de pub non plus et pas les moyens d’en faire. (…) La diffusion de Siné Mensuel a baissé aussi, certes moins que d’autres, avec ­2 %, mais assez pour commencer à avoir chaud aux fesses. (…) Votre aide financière commence à arriver. Merci du fond du cœur à ceux qui ont envoyé des sous à Presse et Pluralisme, l’organisme seul habilité à collecter des dons et à vous faire profiter de la défiscalisation… ».
Inutile de vous signaler l’adresse réticulaire de Presse & Pluralisme, vous la connaissez déjà. Ah non ? Bon, c’est là. Siné Mensuel y côtoie Charlie et Témoignage chrétien (gag…) ou Présent (bis). Mediapart, lui, puts a spell on you ailleurs (le Spel, tiens, serais-je éligible ?).
Sinon, au sommaire, un entretien avec Geoffroy de Lagasnerie, qui cause de violences policières, entre autres, de nous les canuts avec nos pantalons à sept ou douze euros des friperies ou des étals des marchés exposés aux vents mauvais de l’hiver. Tout le monde ne peut vivre cul nul au soleil, là où la misère (air connu).
Pierre Concialdi détaille la massacreuse réforme de l’assurance chômage. Interprétée par Macron (soliste) au pipeau et sa formation de flûtiaux. Bref, il va y avoir des musiciennes et musiciens de rue modulant les pavanes de leurs allocations perdues au mirliton (kazoo, pour qui n’entrave plus le français). Le même se penche aussi sur les allocations logement… Ce qu’il y a de bien, avec le mirliton, et cela nous avait séduit, à Belfort, quand nous voulions monter un Grand Orchestre du mirliton, c’est que, c’est léger, pas encombrant, et qu’on peut dormir dans la rue sans crainte de se faire piquer l’instrument. Anne de Haro, sur les Lebard, cause des émules de Bernard Tapie (achat et reventes de sociétés).
Patrick Pellaoux et consorts font pleurer sur les personnels médicaux (Camille Van Belle pose la question « qui soigne les toubibs ? » confraternellement ou non). Olivier Favier évoque le troisième sexe (des Hermaphrodites Children, engeances de Demis Roussos et autres ; souvent à l’insu de leur plein gré, comme je viens de l’inventer).
Urbanisme et équipements publics de Valence et Besançon figurent aussi au sommaire… Ainsi que les citoyennes et citoyens qui ramassent bénévolement des mégots sur les voies publiques au prétexte de les nettoyer (et en fait pour s’en rouler, vu le prix atteint par les cousues).
Benjamin Bardache a rencontré un Mexicain qui aurait pu finir plus balafré que basané du temps des exécutions en série d’étudiants remuants. Netanyahou est encore dans le viseur du piolet-sarbacane de Michel Warschawski.
Enfin (mais j’en ai oublié ou omis), ce gros faignant (pas trop en surpoids nonobstant) d’Étienne Liebig (amitiés au passage) disserte en style condensé sur son « mot à la con » du mois.
Purée, ce numéro distillerait la sinistrose à pleins baquets ? Mais non, il y a moult crobars marrants et une bonne rubrique littéraire avec des phylactères, tout-tout plein de phylactères dedans.
Bref, elles et ils ont les boules et les gonades encore sévèrement burnées. Pourvu que cela dure, disait Lætitia (celle de Leni, et non de Johnny). L’un dans l’autre, et inversement, pour que le Siné Mensuel continue à récurer, ami·e·s, donnez !
Cela étant, comme on le disait au Bab’Ilo (rue du Baigneur, près de Montmartre), la maison accepte l’échec, mais aussi les chèques… Et pour ce numéro 93, les assignats de Gauvain et Cimourdain aussi (non, ce ne sont pas des localités, mais des personnages hugoliens).

Judéophobie et antisionisme (bis)

Un peu plus de flou dans le net

Comme, hier, alors que la résolution de Sylvain Maillard visant en quelque sorte à intégrer l’antisionisme dans la définition de la judéophobie, j’en faisais état, je me sens obligé d’y revenir un peu. Mais je ferais mieux d’attendre de consulter le Journal Officiel pour ne pas déblatérer dans le vide, enchaînant topiques usés et banalités… Tant pis, je me lance.
Or donc, dans les médias, il fut fait assez grand cas d’une tribune parue dans Le Monde (127 intellos se définissant Juifs et « antisionistes », sans doute à des degrés divers tant le terme est dévoyé ou recouvre des opinions divergentes), critiquant la résolution du « marcheur » Sylvain Maillard…
J’ai attendu, attendu, attendu de prendre connaissance du résultat du vote pour mettre en ligne. Soit (rappel) 154 pour, 72 contre et 43 abstentions.
Et ce lendemain, beaucoup de lecteurs de divers titres de presse (hors Le Parisien) imprimée, attendront encore. En revanche, voilà qu’on nous cause d’une proposition de loi pour encadrer les rémunérations des mineurs youtubeurs, e-sportifs ou influenceurs. Une proposition chasse une résolution, à la suivante ?
Je ne vais pas me lancer dans la médialogie à petit pied déchaussé, mais cela me semble valoir d’être relevé. Pour savoir comment fut débattu le texte de la résolution, dont il avait été fait grand cas, il faut se reporter vers des sites de médias audio-visuels (mais Le Parisien en fait aussi état, comme le site du Huffington). Je vous laisse retrouver.
Je remarque juste au passage que Marine Le Pen, dont le parti, Le Rassemblement national, comme son prédécesseur homonyme du « bon temps » des colonies (enfin, l’Algérie n’était pas, à proprement parler, une colonie), lorgne sur une partie du vote sioniste (pro-Netanyahou et consorts), s’est prononcée. Sur le fait que la résolution « puisse interdire de critiquer Israël ». On a encore les fessiers entre deux chaises, au Rassemblement national. Ce qui ne disqualifie pas cette remarque de Marine Le Pen.
Et puisque, hier, je faisais état du livre de F.-O. Giesbert, La Cuisinière d’Himmler (instructif et divertissant), je relève aussi des propos de l’auteur qui m’avaient échappé. Il aurait dit que l’antisémitisme « est un gros mot et que nous devons utiliser le terme antisioniste ». Et que titre i24News ? « “L’antisionisme, c’est de l’antisémitisme” (Ex-rédacteur en chef du Figaro) ». Euh, non, pas vraiment. L’équation ne se vérifie pas tout à fait, et nul besoin de recourir à Pour une linguistique de l'énonciation de Culioli pour calculer l’écart. D’autant que, en entretien, pour la même chaîne, Giesbert détaille : « Il y a la jonction entre antisionisme et antisémitisme, simplement Hitler est passé par là, il a sali le nom, c’est embêtant de se dire antisémite, donc aujourd’hui, les antisémites se disent antisionistes. ». Euh, des, et non les… Le sionisme, y compris version Netanyahou, n’est d’ailleurs pas que le fait de Juifs (évangélistes américains de loin, naturalisés israéliens exfiltrés des goulags et autres centres de détention des pays de l’ex-Urss au plus près, j’en passe…). Et puis, Giesbert n'a quand même pas proféré ou professé que les antisionistes s'apparentaient à des néo-nazis (mais allez savoir si on ne finira pas par le lui faire dire dans son dos).
Comme me le disait mon copain et colocataire, qui ne s’est découvert Juif que sur le tard (comme son père, ayant rejoint la Résistance, se retrouva catalogué Juif quasiment du jour au lendemain), et qui, devenu kibboutzim vaguement par hasard (du fait des tensions sur le marché du travail français), et donc sous-off de Tsahal, avec des ex-soviétiques sous ses ordres… Je ne me souviens plus du verbatim, mais il ne les portait pas dans son cœur,ses Ruskoffs, et éprouvait quelques difficultés à empêcher leurs exactions.
En tout cas, plutôt que de fouiller le site du JO, autant consulter celui de l’Assemblée nationale pour retrouver le débat sur la lutte contre l’antisémitisme, et c’est là. Les échanges entre Meyer Habib et Sabine Rubin sont assez édifiants. Meyer Habib évoquant l’extrême-gauche israélienne, c’est presque de l’Erdogan s’exprimant sur les Kurdes ou son opposition : « On glorifie les terroristes assassins d’enfants. » (citation extraite hors contexte, mais qui donne le ton). Et là, ce on généralise, à mon sens, sciemment... On, serait-ce aussi qui a voté contre la résolution ou s'est abstenu, et on refuserait de cautionner que des rabbins ultra-orthodoxes dénient aux jeunes femmes de porter l'uniforme, et ce serait bien la preuve d'un judéophobie dissimulée ? Allez, je ne prête absolument pas cette intention à Meyer Habib, mais de surinterprétation en surinterprétation, on, nous finissons par dire n'importe quoi et il n'y a plus de débat possible.
Question amalgames, Éric Ciotti n’est pas mal non plus. Non, tous les antisionistes (ou réticents quant à l’interprétation du sionisme par, en fait, des antisionistes israéliens, fort éloignés du sionisme de ses diverses origines), ne désirent pas la destruction de l’État d’Israël. Certes, c'est là aussi déformer ses propos, mais d'un poil seulement.
Bref, comme Jean Lassalle, pour qui j’eus comme un léger faible avant de découvrir ses liens avec qui mêlait de la viande de cheval à celle de bœuf (cherchez), je ne souhaite ni la disparition d’Israël, ni l’extension sans fin des colonies prétendument ethniquement juives. Mais allez voir, lire le compte-rendu de ce débat ponctué d'invectives, c’est instructif.
J’en viendrai presque à penser, comme ce fut exposé par ailleurs (sur Agoravox, de mémoire) qu’au moment où les gens s’inquiètent de leurs retraites, la judéophobie a bon dos pour servir de diversion. C’est exagéré. Je retire cette suggestion soupçonneuse.
Et justement, pour débattre, exagérer, outrer, sauf pour faire valoir l’absurdité d’un raisonnement, ne mène qu’à exacerber les émotions, les partis-pris. Et je plaide pour qu’on en revienne à l’ancienne « définition » (alambiquée) de l’antisémitisme, et qu’on nomme judéophobie la judéophobie. Bon, autant m’égosiller. Tant pis, pas au point de m’enrouer, nonobstant…

mardi 3 décembre 2019

Contre… l’antisémitisme et l’antisionisme


Et contre la judéophobie, mais savons-nous en débattre ?

Il y a des Juifs antisionistes… Je ne comprends pas trop clairement pourquoi (bon, pour certaines sectes israélites, c’est plus compréhensible… quoique). Belle idée, le sionisme. Pas vraiment celle que s’en font les tenants de l’extrême-droite israélienne et « internationale » (guilles de distanciation signalées). Toujours est-il que la France, de par une résolution adoptée, peut sembler (trop) s’en accommoder.
Allons bon. 127 personnalités se réclamant d’une appartenance à une communauté juive (pas forcément judaïque, israélite au sens religieux), signent une tribune dans Le Monde. Ils écrivent : « nous (…) élevons notre voix contre cette proposition de résolution ». Celle d’un député LREM, Sylvain Maillard, qui a sans doute cru bien faire, en toute bonne foi (pour moi, le « vote juif » n’existe pas plus en Alsace qu’ailleurs, quoique, je crains de parler au passé ; c’était vrai en Alsace vers la fin des années 1970 et un éminent collaborateur d’Uss’m Follik, hebdo dit de la presse libre d’expression régionale, l’avait clairement exposé).
Je n’ai plus « d’amis juifs », ni de parents (par alliance) juifs — enfin, si, il m’en reste un, un séfarade, que j’allais oublier, vu que, qu’il soit Juif, issu de Kabyles, ou de je ne sais trop qui, je m’en balance — car la vie, les déménagements, le temps qui passe, font que…, on se perd de vue. Ah si, j’ai aussi une autre connaissance amicale, de famille juive berbère algérienne. J’étais le colocataire d’un Juif (et qui plus était, binational, franco-israélien). Farouchement laïque à l’époque. Depuis… Disparu des radars. Il aurait peut-être viré sa cuti, comme Benny Lévy. Bah, au grand âge, qui s’approche, allez savoir si je ne tomberai pas dans le panthéisme celte. Gâtisme. J’espère alors ne pas devenir prosélyte…
Je viens de finir de lire La Cuisinière d’Himmler, de F.O. Giesbert (Gallimard). Si cela se trouvait, Breton pur jus (crois-je), j’ai peut-être un ancêtre juif, une aïeule juive, comme Gabriel (l’un des personnages de Giesbert qui le découvre dans la presse collaborationniste). Saine lecture.
On causait de quoi, déjà ? Ah oui, de cette tribune des 127.
Alors, déjà, ne pas confondre antisémitisme et judéophobie. L’antisémitisme, au sens courant actuel, ce n’est pas ce qu’on entendait par là auparavant. Crouillats et Youpins, c’était tout un (comme les Bretons bretonnants et les Gallos étaient tous des têtes de cons).
Ensuite, je ne me souviens pas trop des textes fondateurs du sionisme, mais ce n’était pas mal. Plutôt sympa. Humaniste et tout et tout. Enfin, pour ce dont je me souviens confusément.
Sympa, le sionisme des kibboutz laïques ? Cela semblait. En reste-t-il ?
Enfin, tout cela reste vu de loin. Je n’ai pas vérifié sur place. Je me souviens juste d’un Juif, se revendiquant tel, qui avait rejoint les feddayins de Georges Habache. Car maoïste. Peut-être un baratineur qui se targuait d’être monté à l’assaut contre un kibboutz. C’était à Nantes, vers 1969, et il semblait crédible. Qu’importe. En tout cas, il ne lui serait pas venu à l’idée qu’un jour, on le qualifierait d’antisémite.
L’antisionisme actuel n’est pas forcément synonyme d’anti-israélien. D’accord, tout dépend de la locutrice, du locuteur. Qu’ils soient des Juifs (ou se fassent passer pour tels, ainsi d’ex-Soviétiques israéliens) ou non — on peut devenir un, une israélite, et une, un Israélien (nuance) sans avoir aucune ascendance palestinienne, et pour la plupart des ashkénazes, la filiation palestinienne est plus que diluée — leur appréciation du futur de l’État d’Israël est fortement diversifiée.
Normal, déjà être français, du pays des 500 (et plus, vu que les industriels en inventent toujours davantage) fromages, ce n’est pas facilement définissable. C’est plus une question d’adhésion que d’origines. En Israël, je me demande (aucune réponse induite, je n’en sais rien : et ce n’est pas une visite touristique qui peut me fournir le moindre élément) si le facteur de cohésion provient surtout de parler l’hébreu moderne. Ou de côtoyer fréquemment ou non des Palestiniens (de nationalité israélienne ou non). J’imagine qu’on doit aussi se sentir diversement du soleil et de la pluie de là-bas, ou plutôt davantage de Tel Aviv, Haïfa, Jérusalem, et autres localités, que d’un pays aux contours mouvants et dont les formations politiques et religieuses sont et nombreuses, et complexes.
Ce que je tente de comprendre, sans trop y parvenir, c’est que l’expansionnisme de l’État d’Israël actuel (comprenez, de sa classe dirigeante dominante) peut défriser, sans pour autant être antisioniste (réfutant l’existence d’une nation israélienne dotée d’un État, si j’ai bien vaguement compris quelque chose), ni évidemment judéophobe.
Si on y tient absolument, on doit pouvoir légiférer contre les appels à la destruction de l’État d’Israël sans utiliser des termes comme antisioniste. Palsembleu, et on disait autrefois que le français était la langue de la diplomatie ? Français, reprenez-vous (et ne mêlez pas les Bretons à tout cela, merci…).
Cela étant, l’opposition à l’extension des colonies israéliennes a souvent pris des tours plus que fâcheux.
Ce mardi, Jeremy Corbin a dû présenter des excuses publiques en raison de l’antisemitism (il n’a pas employé anti-judaism, terme à connotations religieuses) qui a profondément marqué une partie du Labour. Lequel s’est nourri des propos, voire d’actes, d’un courant aux contours flous se définissant antisioniste.
L’un des problèmes est que de nombreux pays européens ont adopté les termes d’antisémite, d’antisémitisme, au sens restreint de détestation des Juifs, à la suite du Parlement européen.
Mediapart a titré (article de Joseph Confavreux) : « Antisémistisme, antisionisme : comment sortir du piège » (sans point interrogatif). Franchement, le mode d’emploi est difficile à suivre.
D’autant qu’aujourd’hui comme hier, le sionisme est multiforme et que le seul point de cohésion est la légitimité de l’État d’Israël. Comme l’exprimait Henri Wajnblum : « Que veut encore dire être sioniste ? » (Regards, sept. 2016). On cerne à-peu près l’actuelle définition prédominante que des Juifs s’identifiant tels et antisionistes — pour des raisons protéiformes — semblent accepter grosso modo.
Tout discours officiel alimente et renforce sa critique ; toute absence de discours officiel de même. La tentation de se taire, voire de se boucher les yeux, dans ces conditions, peut finir par l’emporter. Du fait aussi de la peur du ridicule de finir par passer pour quelqu’un parlant longuement pour finalement ne rien dire (d’autre que c’est trop complexe, que l’on patauge, comme peut le démontrer ce qui précède).
Comme il faut bien trancher, je conclurai que légiférer davantage ne s’impose pas d’évidence, surtout qu’on ne voit pas trop comment interpréter précisément cette résolution. Ce qui me semble sûr, c’est que s’indigner de son adoption ou de son rejet, et hurler au loup, comme on le fait trop souvent (et parfois pour des sujets de bien moindre importance) en en faisant trop, serait disproportionné.
On peut en débattre… Mais savons-nous encore le faire ? De cela ou d’autres sujets (bon, « tu tires ou tu pointes ? », déjà, à la pétanque, hein ? Et le sexe des anges ?).
Figurez-vous que c’est la question-titre du dossier de la revue Projet (les jésuites, pour simplifier), revue de haute tenue. « Savons-nous encore débattre ? ».
Bruno Latour (sociologue, essayiste) s’interroge sur « cette compétence que l’État n’a pas » (à propos de l’identité et des territoires… occupés par les descendants des auteurs des Cahiers de doléances de 1789, dans le royaume de France). Dominique Potier, député de Meurthe-et-Moselle, évoque la nécessité de l’expression de chacun « pour un discernement collectif » (à propos de projets locaux, entre autres). Damien de Blic et Réda Didi s’inquiètent des « carences majeures dans la maîtrise des fondamentaux de la langue » et conversent avec Stéphane de Freitas (organisateur des concours d’éloquence Eloquentia). Pour lequel « le dialogue de société est [parfois] assimilé à un sport de combat ». Chantal Jouanno (que je ne présente plus, du moins, ici), évoque la Commission nationale du débat public. Bruno Saintôt, du département d’éthique biomédicale traite de son domaine. Brigitte Fouilland (Sc. Po) insiste sur « l’envie de comprendre ». Donc de ne pas rabâcher certitudes et convictions ? Daniel Berger (Secours catholique-Caritas) indique comment on peut écouter les exclus. Hélène Dulin (CCFD-Terre solidaire) envisage la question « de modes désobéissance civile » pour favoriser « le discernement collectif ». Alain Gugno (philosophe) place « l’aspiration à la reconnaissance » au-dessus de la défense d’intérêts (économiques). Dimitri Courant (Sc. Po) fait un point sur les assemblées citoyennes.
Rien sur le dialogue entre sionistes (de tous plumages) et antisionistes (idem). Quoi ? Des gens auraient d’autres chats à fouetter ? Eh oui. Pas de quoi s’en offusquer.
Un questionnement est rarement abordé : depuis d’où l’on parle, quand se taire ou quand briser le silence (sur le Brexit, le hirak, par exemple) ou se mêler à la cacophonie ou s’en extraire ?
Eh bien, quand la partie juive-israélite (rayez la mention inutile) du cimetière de Westhoffen vient d’être ravagée, non, semble-t-il, par des pochards, mais des suprématistes « blancs » (ils ne sont pas « blancs », ces Juifs de toutes provenances ?), et que ce n’est plus un cas isolé dans le Bas-Rhin, taire, négliger, serait cautionner. Mais dénoncer sans se préoccuper de « l’aspiration à la reconnaissance » de ces vandales que j’espère voir sanctionnés ne suffira pas. Aurais-je donc « tout faux » ? Ferais-je  ainsi preuve d’un laxisme et de complaisance judéophobe inavouée, ou inconsciente ? Tout le monde peut se tromper sur lui-même, mais, sincèrement, je n’ai pas trop de doute. Un soupçon de naïveté insoupçonné, alors ? Tant mieux, cela vaut mieux qu’un surcroît de cynisme.
Au fait, la résolution a été adoptée par 154 voix contre 72 (avec de nombreuses abstentions). Tant pis.
Un dernier mot sur ce visuel (supra). La ville de Schio, proche de Vérone, enfin, sa majorité municipale, s'est opposée récemment à ce que soient apposés des pavés commémoratifs, un pour chaque Juive ou Juif déporté·e originaire de la commune. Des stolpersteine. Au motif de raviver des souvenirs douloureux et clivants. Ce ne seraient pas des Sapiens, les gens de Schio ? Pas trop curieux de la disparition des Néandertaliens que leurs ancêtres auraient pu remplacer ? Par divers moyens pas trop catholiques, apostoliques, romains (et pour cause) ?
Au lieu de clamer que c'est abject, disons que c'est petit, miteux, peigne-zizi. Faute de Juives et Juives, on n'en est pas déjà, à Schio, à éliminer les homos des deux sexes, les Tziganes ou les débiles mentaux. Ni à imputer les conséquences néfastes du réchauffement climatique à des sorcières provoquant des inondations désastreuses. Mais on sait comment cela peut (re)commencer...

mercredi 27 novembre 2019

Donald Trump, le nouveau Rocky des All-Americans


Le Donald préfère Stallone à Schwarzenegger

« Tombez la chemise, Mister President (…) on n’a jamais vu un torse comme cela », aurait dit son médecin à Donald Trump. Ce que fait le Donald, qui s’imagine devoir affronter le nain Obama lors des prochaines élections…
Les informations des dernières 36 heures à propos de la mise en accusation de Donald Trump ? Bof… Bon, il a attendu d’être informé qu’un lanceur d’alerte allait rendre public son chantage exercé contre le président ukrainien pour débloquer l’assistance financière à l’Ukraine votée par le Congrès.
Mais ce n’est pas aussi drôle que d’écouter le Donald s’adresser à ses fadas-fanas en Floride, en son domaine de Mar-a-Lago de Palm Beach (loué pour l’occasion aux frais des contribuables ?).
Et l’entendre dénoncer le « canular russe », la « chasse aux sorcières dont il est victime », comment il mit à genoux les dynasties Bush et Clinton, et Barrack Hussein Obama. Il faudrait lui dire qu’Obama ne se représente pas contre lui aux prochaines élections, ni d’ailleurs aucun Bush ou Clinton.
Le Donald va payer désormais ses impôts depuis la Floride, abandonnant la Trump Tower de New-York qui était sa résidence principale, parce les habitants de New York sont des ingrats. Ils ont pris son bon argent, et lui retournent des quolibets. Bon, il se trouve que la fiscalité de la Floride est plus avantageuse et qu’en Floride, en matière de contorsion de décomptes des votes, on s’y entend mieux qu’ailleurs.
Mais le plus beau, le plus chaud du Potus, ou realDonalTrump sur Twitter, c’est le photomontage qu’il a diffusé. Sa bobine incrustée au-dessus du torse de Stallone en Roxy Balboa III. Plus de surpoids, et la tête de l’emploi.
Dès le milieu de la campagne électorale, des psys mettaient en doute les capacités mentales du candidat Trump ; divers ex-membres de son équipe gouvernementale en ont copieusement rajouté depuis.
M’enfin, la mégalomanie avérée n’empêche pas de gouverner. Le ridicule non plus. Voyez ce pitre de Boris Johnson…
Reste à déterminer si le Donald n’est pas total frappadingue. À Mar-a-Lago, il aussi décrété que d’odieux conspirateurs voulaient débaptiser Thanskiving (la fête de ce 28 novembre). Pour quelle autre dénomination ? Mystère. Genre heureuses fêtes de fin d’année au lieu de Merry Xmas (Joyeux Noël) ? Natives Pride Day (fête des Amérindiens) ? Allez, Onward Christian Soldiers ! Le très pieux Donald (futur Judas de son pote Giuliani, auquel il ferait bien porter le chapeau de l’affaire ukrainienne), pose les blancs All-Americans en crucifiés en devenir.
Mais il saura les défendre : voyez son torse avantageux (et non ses flasques fesses). On voudrait bien croire que son traitement capillaire lui a provoqué des nodules cervicales. Mais plus cela va, plus il en fait, plus il semble que cela soit beaucoup plus grave. Bah, tant qu’il ne peut appuyer le bouton nucléaire au lieu d’allumer la télévision, le monde tournera avec lui.

Polices française et chilienne ne collaborent plus

Rupture des accords bilatéraux de collaboration policière France-Chili

Serait-ce le précédent tunisien Allio-Marie, ex-ministre de l’Intérieur en 2011. Toujours est-il que Christophe Castaner a dénoncé ou plutôt suspendu les accords de coopération entre polices française et chilienne. La contamination des méthodes chiliennes serait-elle allée trop loin.
En matière de coopération, les accords sont le plus souvent bilatéraux. Ce que les uns enseignent aux autres prend en compte les retours d’expérience des uns aux autres. Il semble que Michel Castener ait redouté que l’application des méthodes policières chiliennes dans le maintien de l’ordre et la répression des mouvements sociaux français nuise à son image de marque.
Bien sûr, ce n’est pas présenté ainsi. Et mes propos sont sans doute outranciers, abusivement polémiques… Après tout, la population chilienne n’est que d’à-peu près 20 millions, la française d’environ 67, et proportionnellement, en nombre de borgnes et d’aveugles à la suite d’actes policiers, la France reste très petite joueuse. Et puis, même si les suicides des manifestants français handicapés ne sont pas recensés, nous n’en sommes pas déjà, comme au Chili, à 23 morts…
Cessons là ces persiflages, regrettons simplement que nos formateurs des forces de l’ordre ne puissent faire du tourisme au Chili et surtout le manque à gagner de nos hôteliers privés des nuitées des officiers de police chiliens (et d’accortes et avenantes policières chiliennes, dont l’enthousiasme à réprimer les manifestantes fait l’admiration de toutes et tous leurs collègues).
C’est un peu dommage. Le président chilien Sebastian Piñera se consolera. Les accords avec les polices anglaise et espagnole n’ont pas encore été dénoncés.
Une source policière française a donc confirmé au Figaro que « les projets éventuels qui devaient être menés sont ajournés » et que la coopération entre les deux entités était suspendue. Sauf qu’on ne sait d’où provient en fait cette rupture : les policiers français auraient-ils été estimés trop mous par leurs homologues, notamment en matière d’obtention d’éléments incriminants lors des gardes à vue ?
Bien, admettons plutôt que Christophe Castaner se soit souvenu du précédent Michèle Alliot-Marie. Et n’en rajoutons pas. En fait, le gouvernement chilien s’était alarmé de son image de marque internationale et souhaitait cette coopération aurait pu contribuer à la faveur d’un « transfert des expériences », comme l’a annoncé Rodrigo Ubilla, l’homologue du second de Castaner, à réduire l’engorgement des hôpitaux chiliens. Et « afin d’adapter les procédures de contrôle efficace, comme le demandent les citoyens ». Soit aussi les « Gilets jaunes » chiliens.
Pas vraiment en fait, car le président chilien lie « crime organisé » et « violence criminelle ». Cela va un peu plus loin que la dénonciation de la convergence entre black blocks et Gilets jaunes radicalisés français. Et Piñara de dénoncer « la violence extrême avec laquelle nos carabiniers et policiers ont été attaqués ». Air connu. La Concertation (l’opposition) abonde : il y a eu de graves violations des droits des manifestant·e·s mais piller, incendier ambulances et hôpitaux, églises, boutiques, n’est pas tolérable. Que carabiniers et policiers s’en prennent en priorité « aux criminels qui pillent et brûlent ». Comme en France, quoi ?
En fait, il faut voir la manière avec laquelle de jeunes Chiliennes, chantant et dansant en cadence, sont dispersées. De quoi les inciter à former l’arrière-rang des casseurs et incendiaires. Sans doute pas au point de concourir à incendier un hôtel (de La Serena), le siège du journal El Lider (de San Antonio), &c. Le maire de Valparaiso a fait état d’actions criminelles n’ayant « aucun lien avec des manifestations sociales ». Découlant quand même de la précarité de la plupart de ses administrés ?
Mais n’est-ce pas ce (la radicalisation de Giliets jaunes) qui fut — minoritairement mais significativement – constaté en France ?
N’exagérons rien : je me trouvais, samedi 16 dernier, à proximité d’un blocage pacifique d’un rond-point axonais. Les gendarmes sont restés à distance, non du fait de leur infériorité numérique, d’un manque d’équipement, mais parce que le préfet de l’Aisne avait sans doute reçu des consignes : pas de bavure.
Pour conclure, la décision du ministère français n’est guère critiquable. D’autant que le ministre de l’Intérieur chilien, Alberto Espina, n’a pu que constater que la police chilienne était « absolument débordée et submergée » (donc pas en état de suivre des exposés au tableau noir ou des présentations des formateurs français, encore moins de les régaler midi et soir de spécialités culinaires chiliennes). Sage décision, qui s’imposait d’évidence.

Brexit : quand les US exigeaient du R.-U. un no deal

Corbyn dévoile les tractations de Theresa May avec Trump

Lors d’une allocution, le travailliste Jeremy Corbyn a rendu public des documents sensibles datant de l’époque du gouvernement May, en mettant l’accent sur le fait que les conservateurs allaient brader la sécurité sociale aux firmes étasuniennes.
Bien joué, mais non sans risque de voir l’affaire virer au coup d’épée dans l’eau. Jeremy Corbyn a accusé son adversaire, Boris Johnson, de vouloir secrètement démanteler le National Health Service (NHS, en gros : les hôpitaux, la Sécurité sociale), au profit des firmes pharmaceutiques étasuniennes.
Le problème, c’est que ces tractations confidentielles, ayant fuité sur un compte Reddit, portent sur une période s’étendant jusqu’au 19 juillet dernier. D’une, Theresa May était encore aux commandes, de deux, Boris Johnson a catégoriquement refusé de négocier avec les États-Unis en incluant la question du NHS dans les discussions.
Et rien n’indique que les propositions américaines aient été acceptées par le gouvernement May.
Il serait trop fastidieux d’examiner les quelque 451 pages mises en ligne le mois dernier par « gregoration » sur Reddit, encore moins les 500 de l’UK-US Trade and Investment Working Group ajoutées voici 16 jours. Les services de la Task Force de l’Union européenne chargée du Brexit et ceux de la commissaire européenne au commerce les connaissaient peut-être de plus longue date, et ils sauront en tenir compte lors de la période transitoire de négociations avec le Royaume-Uni. Celle-ci, alors que Boris Johnson se promet de la clore fin 2020 s’étendra peut-être au-delà de 2022. De plus, redevenu Premier ministre, Boris Johnson se targue de pouvoir négocier parallèlement avec les États-Unis, le Japon et l’Australie principalement. Sauf qu’il est impossible de conclure un accord avec un pays sans que cela implique des répercussions sur les négociations avec un autre. Le Bojo promet, déclare, assure, puis voit comment les choses évoluent.
Ce qui n’était qu’un secret de polichinelle trouve une confirmation : les États-Unis de Donald Trump poussaient le Royaume-Uni de Theresa May à une sortie de l’Union européenne sans accord (no deal). Car tout maintien du Royaume-Uni dans le marché unique rendrait caduque toute possibilité d’accord avec les États-Unis (“would make a UK-U.S. FTA a non-starter” : FTA, Free Trade Agreement).
Certes, Jeremy Corbyn peut toujours soutenir que Boris Johnson est un hâbleur, Jo Swinson (Lib-Dem) insister que cela montre à quel point il faut révoquer l’article 50, Nicola Sturgeon redire ce qui attend l’Écosse en cas de Brexit, et Nigel Farage affirmer que seul le Brexit Party pourra contraindre les conservateurs à ne pas fléchir, &c.
La dernière du Bojo : dans dix ans, le Royaume-Uni deviendra un superpower en matière de satellites et de technologie spatiale. En partenaire de l’Esa européenne ou de la Nasa ? On l’avait vu, maire de Londres, glissant le long du câble d’une tyrolienne, le verra-t-on en scaphandre sortir de la future station orbitale britannique ?
En tout cas, il est confirmé que les US veulent pouvoir continuer à exporter des poulets plongés dans du chlore pour en éliminer les bactéries… Ne veulent pas voir leurs médicaments concurrencés par des génériques. Et persistent à ne pas s’engager sur des objectifs écologiques liés au changement climatique.
Pour The Sun, Corbyn fait du réchauffé afin de se dépêtrer des accusations de judéophobie portées contre lui et le Labour. Le quotidien n’en diffuse pas moins les cinq documents brandis par Corbyn mais en insistant que c’est de l’histoire ancienne, que c’est une faible diversion. On pourrait le voir ainsi, mais les répercussions sur l’opinion et l’électorat britannique seront peut-être assez fortes pour que le doute s’instille quant aux réelles intentions des conservateurs. Au point de ne pas leur faire retrouver une nette majorité au Parlement ? Peut-être. D’arriver seconds derrière les travaillistes ? Sans doute pas.
Selon des analystes, si l’électorat ne vote pas tactiquement, soit pour le candidat le mieux placé pouvant battre celui des conservateurs, le Labour et les autres partis ne remporteraient que 265 sièges (les conservateurs en obtenant 366 sur 650). Dans le cas contraire, la perspective d’un gouvernement de transition (les conservateurs restant le premier groupe parlementaire, mais minoritaire) ne serait pas à exclure. Car selon les circonscriptions sensibles (57), entre 2 000 et 4 000 « suffrages tactiques » suffiraient pour barrer la route au candidat conservateur.
L’une des circonscriptions à surveiller est celle d’Uxbridge où Alexander Boris de Pfeffel Johnson (le Bojo) se représente. Son adversaire, Ali Milani, travailliste et musulman chiite, gagnerait, semble-t-il, du terrain.
Les questions ethnoreligieuses (le Labour judéophobe rampant, les Tories islamophes présumés) joueront un rôle dans ces élections. À quel point ? Tout dépend où… Ce qui semble se dessiner c’est que, en Angleterre, le problème du Brexit ne sera pas tout à fait le facteur le plus déterminant.

De l’hypocrisie des sociétés « musulmanes »


Pédophilie : deux lanceurs d’alerte afghans en prison

Inversez titre et sous-titre : vous serez moins lu. D’ailleurs, tant mieux, mais il s’agit d’un test. Diverses considérations ayant pour prétexte l’arrestation de MM. Musa et Hamadi, ayant dénoncé un vaste réseau pédophile de la province afghane de Logar…
Je n’ai pas du tout envie de « draguer » un lectorat religiophobe dont je partage la plupart des convictions (et non tous les modes d’expression).
C’est simple : dès que des prêtres, mais encore mieux, des imams, ou Tariq Ramadan, sont incriminés pour des faits à connotations sexuelles, vous avez tout un réseau de gens bien intentionnés pour vous rabâcher des faits largement traités par la presse.
En sus, je ne considère pas que le coran initial (s’il existât) prônait la pédophilie. Autre considération, renvoyant au Coran des historiens (cherchez…).
Incidemment, quand je vois, sur Facebook et ailleurs, soit d’autres réseaux sociaux, des personnes relayer des gros titres de la presse, je me demande si leur principal souci n’est pas de se pousser du col et d’obtenir leurs deux-trois secondes de dérisoire célébrité.
D’ac’, moi aussi, je me pousse du col. Mais je ne vais pas blablater sur des choses abondamment traitées par ailleurs, ou, du moins, sans avoir quoi que ce soit de plus (de mieux, c’est discutable) à mettre en relief (si, et uniquement si, j’estime que cela me paraît en valoir vraiment la peine, car, par ailleurs, I got, I still have a life). Ainsi sur le Brexit. Soit je devance, soit j’attire l’attention sur les à-côtés, les faits secondaires mais ô combien significatifs (enfin, à mes yeux).
Très facile (et racoleur), d’énoncer que, par exemple, on parle beaucoup de la pédophilie au sein de l’église catholique apostolique romaine (une parmi d’autres catholiques) et bien moins des cercles d’autres sectes (suivez mon regard : d’une obédience mahométane ou d’une autre).
Pratiquement toute société théophile est hypocrite. En priorité, celles monothéistes, ou cultivant le plus de tabous. Lieu commun, topique usé. Cela étant, voyez ce qui se passe en Inde. Mais je ne pas vais classer les sectes selon leur degré d’hypocrisie.
Mais amis de cultures musulmanes (athées ou musulmans) m’assurent que, de leur côté, c’est le pire du pire. Bien, nous avons toute une littérature des sociétés chrétiennes affirmant, pour elles-mêmes, l’identique. Classique. C’est quoi, le baromètre du pire ? La Shoah ou les Amérindiens (et massacres antérieurs) ?
Venons-en au fait. Je reprends un article du Guardian, repéré par Slate et le New-York Times dont, sauf erreur, je n’ai pas vu la presse française se gargariser.
Mohammed Musa et Ehsunullah Hamidi, de l’association Logar Youth, sont séquestrés par les autorités afghanes. Ils avaient le culot (j’allais écrire : l’inconscience, mais je présume qu’ils étaient persuadés des risques) de dénoncer des enseignants et des notables puisant dans le vivier de six établissements scolaires de la province. Caciques locaux filmant aussi les viols d’enfants pour exercer un chantage sur leurs victimes et leurs familles (qui, au passage, pour certaines, ont peut-être lavé leur « honneur », fui la province, ou mis à la porte la jeune victime : c’est cela aussi, la culture musulmane ; pas que, heureusement, voyez les jeunes algériennes, musulmanes ou non, se dévoilant).
Bref, inutile de paraphraser Slate. Et le résumé de Robin Tutenges. Vous suivrez ou non les liens, inutile que je poursuive : qui me lit habituellement sait grandement faire par soi-même.
Vous pouvez aller voir aussi du côté de Causeur (qui ne s’étend pas trop sur la pédophile dans le monde judaïque, mais bon, qui le ferait le cas échéant, si un rabbin, une rabbine, défrayait la chronique). Causeur cite l’imam Khattabi : « dans l’islam, la question, ce n’est pas une question d’âge, c’est une question pubère ou non pubère ». Comme chacun sait, il revient au pédophile de déterminer la puberté du garçonnet ou de la fillette. Ah bon, je me serai trompé, ben zut alors…
Hypocrisie aussi : dans les années 1960, au Maghreb ou Proche-Orient, je voyais fréquemment des adolescents se tenir par le petit doigt. Ce qui ne voulait pas dire qu’ils se masturbaient sous leurs aisselles respectives. Je n’en vois plus. Pernicieuse influence des sociétés occidentales obsédées par le sexe ? Conduisant à censurer des comportements autrefois couramment admis ?
Je sais : je déforme, je surinterprète. Car je m’exprime du côté du « Grand Satan ». Bonne blague.
Je ne suis pas plus islamophobe qu’autre chose. Je bouffe très modérément du curé, de l’imam, encore moins du pasteur calviniste ou luthérien (pour la plupart, des gens de bien, mais on en trouve partout), davantage du pasteur des autres sectes protestantes (et pour cause…).
Cela étant, on peut aussi être athée et pédophile (ou attiré par des jeunes gens ou jeunes filles de moins de 16 ans, sans pour autant rechercher leur compagnie plus que celle de personnes plus âgées). Ou succomber à un·e Lolita se faisant les dents, quelles que soient ses réticences initiales.
Je n’ai pas jeté la première pierre à Gabrielle Russier, ni la suivante ; j’aurais volontiers succombé au(x) charme(s) et à l’intelligence d’une Emmanuelle Macron (ici mentionnée pour le test : rédigé pour Google).
Suborneuse d’un adolescent ou cédant à son insistance (idem) ? Harceleur, va…
Revenons à nos moutons (ou plutôt boucs émissaires). Vous imaginez les féministes du monde entier les soutenir, ces deux lanceurs d'alerte ? Certaines, oui, assurément. La majorité ? Ah, ben non, d’autres chats à fouetter, des causes plus prioritaires.
Ce qui peut se concevoir. D’autant qu’on ne sait si les fillettes victimes prédominaient. Savant dosage.
Je ne manifeste plus, je ne signe plus de pétition (ou alors, ultra-parcimonieusement ; et laissé tomber l’appel pour un référendum sur les aéroports de Paris : quatre impasses, rejets, j’ai une vie par ailleurs). Mais je signale à toutes et tous que la tentation de vivre et laisser crever est alimentée par l’hypocrisie des unes et des autres.
Parfois, un sursaut : par exemple si Mohammed Musa et Ensunullah Hamidi, sortis des geôles, passant en France et « dublinés » se voyaient refuser l’asile. Je me contenterai de brandir une pancarte ou de signer une pétition. Hypocrisie : ou trouille, comme vous voudrez. De risquer de me faire tabasser si l’Afghanistan regorgeait de métaux rares exploités par des consortiums du CAC 40. Bon, je vais me coucher, comme je l’ai fait beaucoup plus de temps que j’ai fait preuve de courage, de conscience, d’esprit citoyen. Hypocrisie… Et prudence. Saluer le hirak risquerait d’être mal interprété
Et zut, je vais rater mon test : ceci ne sera pas fortement répercuté car trop ou pas assez ceci ou cela. Et surtout froissant Unetelle ou Machin.
Allez, c’est l’heure de la promenade du chien-chien (un coton de Tuléar, pour qui l’aurait oublié). Pourvu qu’il défèque sans trop souiller son chemin de crotte, ça, c’est essentiel.

mardi 26 novembre 2019

Paiement sans contact et calcul mental

Plus de monnaie rendue, plus de calcul élémentaire

Je me glorifie (je devrais m’en désoler) de mon 0,5 au bac, coef. quatre, en maths (pas besoin de calculer : 2 sur 80, je m'en souviens). Et je lance Google pour faire une règle de trois. Mais quand même, je sais quand même encore faire une simple addition ou soustraction. Jusqu’à ce que j’adopte le paiement sans contact ?
À l’oral de maths, au bac, le prof finit par me demander d’effectuer une division. D’un nombre à vingt-trente chiffres ou plus par un autre à une bonne dizaine, assorti d’une virgule… Stylo mâchouillé, puis reposé. Marooned.
Bon, il a doublé ma note, et cela n’a pas changé grand’ chose (reçu sans problème). Ce qui me qualifie fort mal pour déplorer que, présumément, l’extension du paiement sans contact s’accompagne d’une régression de la capacité d’effectuer de simples opérations (d’ac’ les XPonts résistent peut-être).
Depuis quelques mois et semaines, prenant une noisette à la terrasse de cafés, et payant en espèces, soit je fais le compte assorti ou non d’un pourboire, et tout va bien, soit je tends un billet.
Pour m’entendre plus fréquemment répondre :
— « désolé, je n’ai pas de monnaie, vous auriez une carte ? ».
Initialement, j’ai imaginé que le jeune garçon ou la jeune serveuse (bref des moins de trente ans ne semblant pas sortir de l’école de Lausanne ou du bureau de placement) rechignait à retourner à la caisse. Finalement, je me suis rendu compte qu’elle ou il était embarrassé d’avoir à rendre de la monnaie sur dix ou vingt euros…
Le summum, ce fut une jeune fille. Nous étions deux, prenant chacun une noisette à 2,60 euros. Sur 20 euros, elle rend je ne sais plus quoi… Mais pas 14,80 € (j’ai bon, là ?). On le lui fait remarquer. Nouvelle tentative, nouvelle erreur. À la troisième, nous restons coite et coi (cois, quoi !). Et même comme deux ronds de flan (de monnaie ou de dariole, comme vous voudrez). Elle aligne 17,40 €. Soit qu’elle nous offre une consommation sur deux.
Ma sympathie pour tout être encore moins doué pour le calcul mental qu’un chien de cirque ou une pieuvre sachant au moins recenser ses tentacules valut que, après un temps de latence, je la rejoigne pour lui tendre 2,60 € (en fouillant dans nos poches, nous trouvâmes 20 centimes). Étonnement non feint de la demoiselle.
Je tente d’expliquer :
   « Ah bon, ben… »
La logique arithmétique (je n’ose dire mathématique) me faisant défaut, je ne peux affirmer que trois-quatre exemples de ce type, plus un sensiblement différent, établit « l’équation » que payer sans contact (à partir d’un euro dans la supérette proche de chez moi) conduit à ne plus savoir compter mentalement.
N’empêche, je ne dois pas être le seul à m’interroger sur les répercussions de cette envahissante habitude. En témoigne ce visuel de la revue Private Eye
Légende : « du cash… Qu’est-ce que je peux bien en faire ? Je ne paye que sans contact. ».
Pas si grave. Quand l’intelligence artificielle permettra de nous implanter une puce, que la reconnaissance vocale ou de mouvement (pour 2,60 : ouvrir deux doigts, refermer la main, la rouvrir et lever le pouce de l’autre) sera devenue plus performante, le calcul mental aura disparu des émissions de jeux télévisés (l’émission « Des chiffres et des lettres » de Max Favalelli n’est plus mais « Le Compte est bon » subsiste… ou se survit). J’admets, pour qu’une ou un vocalement handicapé puisse diviser une fraction par une autre (ce dont je suis bien incapable), il faudra adopter des conventions gestuelles (peut-être enseignées en première année de Polytechnique, plus précocement en instituts spécialisés).
Pour le moment, même en cherchant bien, via Google, je ne parviens pas à savoir de combien le niveau de l’eau dans une cuvette cylindrique d’un diamètre d, contenant x litres, monte si on plonge un train miniature de poids p. Le site mathématiquesfaciles propose encore des problèmes de trains (pour ceux de baignoire, préférez peut-être lesplusbellesmaths), mais pour mon train miniature, je ne trouve pas la formule (que je pourrai contempler longuement sans trop comprendre ; fort euphémisme). Mais j’ai confiance en la technologie et chéris les vertus du progrès. Même plus la peine d’apprendre des formules « en dormant » (avec un micro haut-parleur ou un téléphone portable sous l’oreiller), un implant fera de moi un docteur Cosinus… Ce qui me fera une belle jambe et le teint rose avant de diriger le robot sèche-cheveux sur mon train miniature…