mardi 26 novembre 2019

Algérie : Raphaël Glucksmann, taisez-vous !

Quoi qu’on dise depuis la France sur l'Algérie, on aura tort

« Taisez-vous, Elkabbach » (Marchais, Georges, † nov. 1997, Antenne 2, 1978, apocryphe). Taisez-vous, Donald Tusk, Verhofstadt, sur le Brexit. Et à présent, taisez-vous, Raphaël Glucksmann, sur le hirak algérien !
Voici quelques temps que « j’intime » (comprenez que je pisse dans un violon…) aux responsables de l’Union européenne de ne pas se prononcer sur le Brexit, les élections britanniques du 12 décembre…
Bon, de nécessaires rappels, anonymes, off the record, pourquoi pas. Mais toute déclaration, hormis celles, mesurées, calibrées, de Michel Baroin, ou de, par exemple, Leo Varadkar, le Taoiseach irlandais, qui pèse soigneusement ses mots, sont contre-productives. Lisez, bon sang, ce qu’en fait la presse anglaise pro-Remain.
V’la-t-y pas que Raphaël Gluscksmann, un eurodéputé français, se mêle, sur Twitter, de souhaiter que le Parlement européen se prononce sur le hirak en Algérie. Palsembleu ! Il ne pouvait pas trouver, dans son groupe à Strasbourg, un Slovaque, un Estonien, pour lancer cette initiative ?
En sus, Gluscksmann… Je ne le connais ni d’Ève, ni d’Adam (pourtant présumés aussi sémites que les Algériens), mais il porte un nom alsacien, non ? qui pourrait prêter à confusion dans les kasbahs et les douars.
Quoi qu’un Français dise sur la situation algérienne, il aura toujours tort. D’accord, les manifestants savent à quoi s’en tenir sur les déclarations des généraux dénonçant les menées venues de l’étranger (ou des Kabyles se faisant emprisonner, au mépris de toute règle de droit algérien, pour avoir défilémunis d’un drapeau Amazigh). Oh, zut, j’aurais mieux fait de me taire. Mais bon, vu que Tusk ou Verhofstadt n’ont même pas daigné me répondre, poursuivons…
Lambda, Breton de surcroît, je ne parle pas au nom de la France, mère des armes, &c. (du Bellay). Je peux donc me lâcher.
Les Algériens, certains, pas tous, les Algériennes, certaines… restent persuadés que la France soutient le régime des généraux. D’ailleurs, la preuve, ils ont tous été formés en France, sont en fait pour partie des Marocains binationaux, disposen tous de somptueuses villas en France (et des comptes en banque) et quoi que des Français disent, fussent-ils descendants de porteurs de valises pour le FLN, de gauche (comme feu Siné, pote de jeunesse de Boutef), de droite, d’eau froide, d’eau chaude, d’eau mitigée (Lapointe), s’ils se mêlent des affaires intérieures algériennes, c’est pour… Nous, Algériennes et Algériens, néo-coloniser.
Récemment, je visualisais un cartoon :
« Vous êtes uniques ! ».
Réponse :
« Cela suffit, les généralisations ».
Bien vu.
Tollé en Algérie après la déclaration de Gluksmann. Pas de tout le monde, padamalgam.
En fait, mon analyse (au petit pied), c’est qu’au final, les généraux et les islamistes, comme au Maroc (le Maghzen et les islamistes), vont museler le hirak. Avec l’assentiment muet de la France ? Déjà, cette supputation hasardeuse ne repose sur rien, mais imaginez que je sois quelqu’un auquel on tend des micros ?   Buzz, vrombissements, à la c...
M’sieu Glucksmann, faites comme moi : taisez-vous. Réservez ces considérations (ou d’autres) pour les dîners en ville, pour la troisième mi-temps de session en winstub (ou en brasserie, une fois).
J’ai aligné des ragots ? Des considérations de comptoir ? Dont acte ! J’ignore tout de la situation en Algérie ? C’est à peu près cela… Ce qui ne m’empêche nullement de l’ouvrir toute grande (contamination de la culture française : le Breton est plutôt taiseux).
Brève de comptoir : le hirak, c’est un peu comme les Gilets Jaunes. Beaucoup de bonnes intentions, des grugé·e·s par dizaines de milliers au final (là, j’écris pour Google : tu cases « Gilets Jaunes », on te lit un poil davantage, genre trois visites de plus sur une cinquantaine quotidienne).
N’empêche, Glucksmann n’a pas tout faux. Le pouvoir algérien va stipendier des candidatures, histoire soit de se prolonger, soit d’obtenir l’immunité. Oh là, qu’ai écrit là ? De Paris, métropole, ex-puissance coloniale…
On peut dire cela au Mouton Blanc, ou au Loulou Bar, au Taylor, dont les patrons, n’ayant écouté que d’une oreille distraite, rétorqueront : « je te ressers quoi ? ».
Il faudrait que j’aille « à la halle », par exemple au Bab’Ilo, rue du Baigneur, pour interpréter les silences consécutifs à mes questions ou dires.
Silences, parce que « la maison accepte l’échec ». C’était une digression, du publirédactionnel ? Accordé.
Revenons au sujet. Que lis-je sur le compte Twitter de R. G. ?
« Si vous êtes sincère dans votre soutien au #hirak, débattez sur les privilèges accordés par la France à la kleptocratie algérienne ! ».
Bon, une autre soif (euh, non autre fois), je vous raconterai ma rencontre avec « l'illustre » (épithète d'un jeune irakien d'un fondouk proche d'une raffinerie bombardée par des Mirages israéliens, à l'été 1967), Ben Bella.
En attendant, M’sieur Glucksmann, écoutez et surtout, taisez-vous. Ou pas. Mais comme aux échecs, prévoyez mieux les coups d’après.

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