mercredi 14 août 2019

Brexit : le petit débat de Boris Johnson en direct via Facebook

Bojo lance le Brexit « comme j'aime » en direct

Emmanuel Macron avait lancé un « Grand Débat national » du 15 janvier à début avril dernier. Boris Johnson s’est contenté, ce 14 août, d’un petit débat de 12 minutes, The People’s Prime Minister’s Questions, via Facebook Live. Économique…
Faute de session parlementaire outre-Manche, Boris “Bojo” Johnson a réuni environ 7 600 Britanniques pour répondre en direct à diverses questions lui étant adressées par divers auditeurs… The Donald (Trump) tweete, Bojo converse… Apparemment, les questions n’étaient pas sélectionnées car certaines, des plus farfelues (ou des invectives) se sont intercalées entre celles portant bien évidemment sur le Brexit, le système de protection sociale, la criminalité, &c. Mais en fait, Bojo n'a répondu qu'aux questions soumises une heure avant le début de son intervention, oubliant celles soumises en direct...
Ce « direct » est intervenu alors que les États-Unis ont promis qu’ils promettraient la lune (de miel) au Royaume-Uni...
Ce dès le 1er novembre prochain… Soit des accords commerciaux sur mesure. Qu’importe si les négociations s’étendront sur des années et que la Great America se taillera la part de l’aigle face au petit lionceau du Small United Kingdom…
L’argument du Premier ministre britannique est que les gens (comme dit Mélenchon) en ont plus qu’assez des débats parlementaires et des élections… Selon lui, l’Union européenne ne veut pas rediscuter car elle s’attend à ce que le Parlement britannique bloque la perspective d’une sortie du Royaume-Uni sans accord (no-deal Brexit). « Nous partirons le 31 octobre », coûte que coûte), a répété Bojo…
Histoire de bien se faire comprendre de Bruxelles, le gouvernement britannique a fait fuiter diverses mesures visant à garantir l’approvisionnement en denrées comestibles et médicaments. Tous les hôpitaux ont aussi été sommés de prendre toute disposition pour les citoyens européens se voient appliquées le tarif fort.
Ce dès le 1er novembre s’ils sollicitaient des soins. Cela va à l’encontre de toutes les assurances précédentes et impliquerait la réciprocité, à échéance rapprochée, de la part des instances sanitaires de l’Union européenne sollicitées par des patients britanniques…
Au fond, exprime-t-il, ce n’est pas lui qui désire un Brexit Halloween, c’est l’Union européenne qui tergiverse et va le forcer au no-deal. L’UE, assure-t-il, s’illusionne : une majorité des Parlementaires (celle des conservateurs n’est plus que d’un siège, et nombre d’entre eux se sont déclarés prêts à toute éventualité pour bloquer une sortie sans accord) ne pourra rien faire contre la volonté du « peuple » , des gens, qu’exprime Bojo. Le Speaker (président de l’assemblée) et l’ancien Chancellor (ministre des Finances) peuvent s’égosiller, cette « cinquième colonne » n’obtiendra rien.
Boris Johnson a aussi laissé entendre qu’il reprendrait ainsi, aussi souvent qu'il lui semblera utile, la parole… Ce qui lui épargnera de devoir tenir des conférences de presse (et se voir harcelé de questions techniques ardues) ou de négocier avec les représentants de l’Écosse, du Pays de Galles et d’Irlande du Nord…
« Je ne me lasserai jamais de vous dire ce que nous allons faire », a-t-il résumé. Ce en direct, sans intermédiaires… Sauf qu’il n’a pas répondu à toutes les questions pertinentes et qu’il s’est contenté de vagues assurances (notamment sur l’émigration maîtrisée, filtrée pour ne plus admettre que les meilleurs scientifiques, médecins, ingénieurs et spécialistes de la finance...).
C’est Churchill ressuscité, ne promettant plus du sang et des larmes, mais de passagers désagréments…
En fait, il table sur le fléchissement de la croissance en Allemagne, pays qui sera le plus sollicité pour garantir à la République d’Irlande, pays européen le plus fragilisé par le Brexit, des aides économiques conséquentes. Il n’est pas loin d’espérer non plus que les États-Unis lancent des séries de mesures contre les produits européens.
C'est le Brexit « comme j'aime » : après la première semaine, du 31 octobre au 7 novembre, les cadeaux promotionnels (balance commerciale excédentaire), le retour à l'équilibre, sans le poids superflu des immigrants... Votre bilan Brexit g-r-a-t-u-i-t... Bojo, votre « coach personnel » sur Facebook, YouTube, &c..
Cette initiative, selon Tom Peck, de The Independent, serait due à Chloe Westley, en charge de la communication numérique au 10, Downing Street. On ne sait si c'est elle en personne qui est chargée de « monitorer » les commentaires sur la page  @10downingstreet de Facebook. On en était, peu avant 19 heures, à presque 6 000. Tous répartis en deux larges groupes : de nouvelles questions poliment exprimées sur tout et n'importe quoi (minoritaire), des messages d'enthousiastes félicitations (ultra-majoritaire). Histoire de crédibiliser le tout, quelques contributions très critiques subsistent (de Julian Foon Pratt : « si les mensonges étaient des mouches, nous ne pourrions plus voir votre visage »). Lesquelles suscitent des réponses cinglantes de la part de partisans du Brexit...
Et puis, outre les outrances (par exemple utiliser EURSS pour l'Union européenne), se glissent des commentaires dénonçant la présumée partialité pro-EU des médias (dont la BBC). Les médias ou les 5th columnists (la cinquième colonne).  Bref, la « bonne parole » de Boris fait fondre la grasse intox.
Elle ne sera pas que directe... The Sun a remarqué que le parti conservateur embauche à tour de bras avant fin août-mi-septembre : tous les postes proposés sont ceux de directeurs de campagne électorale. Une débauche d'offres d'emploi « en vue d'élections générales après le Brexit ».
En fait, le gouvernement conservateur veut retrouver une majorité avant que se fassent plus rudement sentir les conséquences de la rupture d'avec l'Union européenne... Et avec ces rendez-vous de questions-réponses, Boris Johnson est pleinement entré en campagne électorale.


mercredi 7 août 2019

Royaume-Uni : « ne pas forcer les musulmans à s’intégrer »

Le communautarisme britannique plus efficace contre l’islamisme ?

Neil Basu, directeur en second de la police nationale britannique, a considéré qu’il ne fallait pas obliger les musulmans à s’assimiler…
To assimilate, to integrate sont de parfaits synonymes, comme les verbes français correspondants. To anglicize a pour « équivalent » franciser (je n’ai pas trouvé de verbe ou vocable avec british pour racine). Neil Bassu, lors d’une conférence de presse portant sur l’enquête relative aux assauts meurtriers du Pont de Londres (3 juin 2017 ; huit morts, 48 blessés), a développé son propos : « L’assimilation implique qu’on doit se dissimuler afin de progresser. Nous ne devons pas être une société l’acceptant ».
Neil Bassu, depuis 27 ans dans la police « métropolitaine » (nationale), est le fils d’un médecin indien et d’une Britannique… Il a gravi tous les échelons depuis îlotier en banlieue sud de Londres et est à présent directeur adjoint chargé du contre-terrorisme. Autant dire qu’il émet un avis « autorisé ».
Comment l’interpréter ?
D’une part les « populations musulmanes » françaises et britanniques ne sont pas identiques (pour le Royaume-Uni, entre 70  et 80 % des délinquants ou terroristes musulmans sont nés sur le territoire britannique ; en France, on ne sait trop…). Forte proportion d’Africains (du Nord et des ex-colonies françaises d’AOF principalement) en France, diversité plus marquée (avec nombre de Pakistanais supérieur) au Royaume-Uni.
D’autre part, force est de constater qu’un nombre beaucoup plus important de personnes « issues de l’immigration » occupent des positions électives, administratives, entrepreneuriales outre-Manche. Sadiq Khan est maire de Londres, Sajid Javid est le ministre des Finances (« ministre d’État » donc), et le Parlement compte un plus grand nombre de membres « issus de la diversité » que l’Assemblée nationale française.
Le Somalien musulman Magid Magid est maire de Shieffield. Le Franco-Togolais Fofi Yamgnane (qui fut secrétaire d’État deux ans seulement) était maire de Saint-Coulitz (420 habitants) : comparez…
Je ne me sens absolument pas qualifié pour tirer des conclusions. La conviction de Neil Basu est que les efforts portant sur l’éducation et la formation des jeunes gens doivent l’emporter (aussi en termes budgétaires) sur les mesures sécuritaires. C’est peut-être aussi le sentiment des hauts responsables de l’ordre public en France, mais je ne me souviens pas (ou plutôt plus) d’avoir entendu de tels propos de leur part (mentionner éducation et formation, parallèlement, si… mais non pas en ces termes).
Ma conviction intime reste pourtant que l’intégration doit l’emporter en France sur le communautarisme… Qu’elle puisse aussi passer, en dépit du clientélisme dont ont fait et font preuve des élus locaux de tous bords, par l’éligibilité d’immigrants à diverses fonctions représentatives.
Food for thought” : sans me prononcer, je n’en estime pas moins que les propos de Neil Basu méritent de franchir le Channel.

Maroc : deux jeunes Belges promises à la décapitation

Quelles sanctions encourent les supérieurs de l’instituteur marocain ?

Un instituteur marocain avait appelé à décapiter deux bénévoles d’un chantier de jeunesse en raison de leur tenue « indécente ».
En sus, une Belgo-Africaine en jupe courte... Il faut savoir
comment au Maroc, les plus noirs de peau sont considérés. 
Les blogueuses et blogueurs se contentant de répercuter ce qui est largement diffusé sur les sites de presse m’insupportent… En conséquence, je ne vais pas vous bassiner à propos des circonstances de ce fait-divers ô combien significatif. Les jeunes Belges étaient en short, sur un chantier de réfection d’une voie de communication proche de Taroudant (sud Maroc), &c. Vous trouverez.
Ce que je n’ai pas trouvé, c’est quel genre d’instituteur à pu appeler à trucider les jeunes filles. Car il ne s’agissait pas que de deux bénévoles, mais d’une bonne douzaine.
Les Magrhébins, tout autant qu’à présent les Israéliens, sont pointilleux à l’extrême lorsque des journalistes européens traitent de l’actualité de leurs pays respectifs. Alors, disons-le clairement : le Maroc n’est pas tout à fait déjà un pays obscurantiste. Le chantier fut bien accueilli localement aussi, même s’il mettait en lumière que les autorités locales et le Makhzen (l’entourage du roi) se fichent comme d’une guigne des fellahs du Rif ou du sud.
Sauf que… Depuis que l’affaire a été révélée, une grande partie de la presse marocaine n’en fait pas vraiment une affaire d’État. Ce qu’elle est. Soit cet instituteur ressort du ministère de l’Éducation nationale, soit de l’autorité du Pr. Saaid Amzazi, et des sanctions très dures doivent être prises : le supérieur immédiat de cet instituteur doit être sanctionné, et les échelons supérieurs expurgés pour laxisme. Là, on attend, on attendra sans doute longtemps. Soit il s’agit d’un vague enseignant de madrassa, et le ministre des Affaires religieuses doit rendre des comptes. Là encore, on peut s’armer de patience.
Mais au-delà du fait-divers qui fait suite à l’assassinat de deux touristes suédoises, en 2018, il faut s’intéresser au contexte général.
Le Maroc est devenu invivable. Même pour d’autres Maghrébins, Marocains, Algériens, Tunisiens, qui n’en supportent plus l’hypocrisie et l’incessant flicage confessionnel appuyé par les autorités légales.
Hors des enclaves touristiques (Marrakech, Essaouira…), et encore, les risques d’attentats, d’exactions, liés ou non à la religion (quand une femme est accusée d’enfreindre le ramadan, elle n’est pas seulement tabassée, mais dépouillée, volée…), font qu’il devient hasardeux de s’aventurer (que l’on soit Marocain, autre Maghrébin, Européen, autre…).
Pesant, pour user d’un euphémisme.
Chaque jour, l’islamisme radical gagne du terrain. Insidieusement (voyez, hors des grandes villes, dans leurs banlieues, dans les petites localités, les rideaux baissés le vendredi sous la pression de musulmans bien intentionnés). Les crimes d’honneur (ou maquillés tels pour obtenir l’indulgence des tribunaux) se démultiplient : voyez donc la rubrique faits-divers d’aujourdhui.ma. J’exagère, oui. La France catholique n’a que peu à envier au Maroc religieux, les assassinats d’épouses sont proportionnellement sans doute aussi fréquents, mais lisez-vous si fréquemment, dans la presse française, « Au nom de l’honneur, il égorge sa fille mineure » ? Avec, pour perpétuateur, un Savoyard, un Ardennais de xième génération ? Padamalgam’ : ce n’est pas parce que, de mémoire, le dernier en cas en date me revenant est celui d’un père de famille turc vivant en France que je ne pourrais envisager qu’un Français aux origines européennes ne puisse se livrer à tel acte.
N’empêche, plus personne n’est condamné en France pour adultère (« Elle trompe son mari avec son beau-père » : « les deux suspects traduits devant la justice »).
Le Maroc, ce n’est pas l’Arabie… Mais, craignant la police, les filles se regroupent pour aller en boîte de nuit, parce que se trouver dans une voiture avec un jeune homme, sans qu’il soit un parent proche ou un époux, implique la conduite au poste.
Alors, faut-il couper tout lien avec l’association Amuddu Chantiers sans frontières (de Taroudant) ou d’autres ? Parce que le roi et commandeur des croyants poursuit une politique de conciliation avec les imams et le parti PJD dont l’un des députés, Ali Lasri, commentant l’incident, a déclaré : « Le terrorisme laïque cherche à faire taire toutes les voix (…) j’ai critiqué la tenue des volontaires belges qui selon moi est inappropriée au genre des travaux. » Exact, sauf qu’il avait indiqué que leur tenue valait provocation…
Le terrorisme laïque… Nous sommes au Maroc ou dans la Turquie d’Erdogan ?
Car voyez ses autres déclarations (source lesiteifo.com) : « Je crois qu’ils se sont mis d’accord pour s’habiller de la sorte. Leur action n’est pas innocente. Ils voulaient tout simplement transmettre un message en s’affichant ainsi dans une région conservatrice comme Taroudant. ».
C’est clair : l’Union européenne organise des « lâchers de petites salopes » (Bigard) pour fomenter des troubles et déstabiliser le Maroc. Erdogan encore (ou les populistes hongrois, roumains, bulgares, serbes, &c.). Le complot international (de George Soros, des Illuminati, du Vatican, allez savoir…) contre les peuples. Si le roi Mohammed vi savait cela. Justement, il sait, et ne méconnaît pas son fragile équilibre. Craint que l’issue des évolutions algériennes se répercute, et s’accroche à se ménager le soutien des religieux musulmans lui restant favorables.
Mais plus il les conforte, davantage de plus radicaux l’emportent. Bientôt ce sera le roi impie qui laisse des jeunes belges en short émoustiller la saine jeunesse islamiste… Complot de l’Occident judéo-chrétien contre l’Islam, dont l’ex-Majesté est complice.
On en est à peu près là au Maroc. Je sais : je monte en épingle un fait-divers insignifiant… Ah bon ? Non, de juvéniles cuisses belges féminines ne vont pas provoquer un tsunami insurrectionnel. Jusqu’à prochaines cuisses. Croyait-on vraiment que l’attentat de Sarajevo de juin 1914 allait provoquer la Grande Guerre ? Et là, ne s’agit-il pas d’un attentat à la pudibonderie ?
Allez, jouer les Cassandre vous discrédite. N’empêche, subsiste en moi comme un doute…
Et les sanctions frappant ou non les supérieurs de l'instituteur de Taroudant nous éclaireront.

mardi 6 août 2019

Turquie : quand la censure n’est plus la censure…

Le « CSA turc » considère qu’interdire n’est pas censurer

L’« équivalent » turc du Conseil supérieur de l’audio-visuel (le CSA français), le RTÜK (Conseil suprême de la radio-télévision) considère que censurer c’est prévenir la diffusion d’informations et qu’interdire de continuer à émettre n’est pas censurer. Sauf que, une fois de plus, des dizaines de sites ou médias indépendants turcs viennent de se voir condamnés à ne plus rien faire paraître.
On peut toujours jouer sur les mots… Se faire censurer, c’est bien devoir soumettre à l’avance ce qu’on publie à une autorité régulatrice. Le RTÜK se borne à interdire par exemple les médias diffusant des contenus « affectant le développement spirituel et psychologique des enfants ou prônant le terrorisme ». Nuance…
Oui, mais le pouvoir turc n’a pas besoin de se soucier de l’avis du RTÜK pour faire interdire des médias… Les juges à sa dévotion s’en chargent. C’est ainsi que le site d’information Bianet (bianet.org) et nombre d’autres médias ou comptes des réseaux sociaux (des dizaines, 135 autres selon l’AFP) viennent de se voir notifier une interdiction à la suite d’une requête de la gendarmerie, donc du ministère de l’Intérieur turc.
Ce afin de protéger « la sécurité nationale et l’ordre public » : le même prétexte à visé l’encyclopédie Wikipedia en 2017 (toujours interdite d'accès).
Que diffuse (encore ce jour) Bianet ? Des sujets environnementaux, comme sur l’aménagement du lac Salda, l’exploitation minière dans la région de Çanakkale, la déforestation des monts Ida. Ou sociétaux, telle la diffusion d’une vidéo montrant des enfants turcs chanter « Mort aux Juifs » sous la conduite d’une cheffe de chœur et accompagnés de leurs mères ou parentes entièrement voilées. Il ne semble pas que les comptes Twitter l’ayant répercutée soient frappés d’interdictions.
Une forte attention est portée sur Bianet aux sujets traitant des droits des femmes. Ainsi, de la courbe croissante du chômage féminin (sans dire que le régime tend à décourager l’emploi de femmes).
Et puis, par exemple, la parole est donnée à l’universitaire Tuna Altinel qui, membre des Universitaires pour la Paix, fut interné plus de deux mois et en profita pour donner des leçons de français et d’anglais à des codétenus. Ni lui, ni ses avocats, n’ont su comprendre les raisons de son arrestation et son élargissement fut la conséquence d'une décision de la Cour constitutionnelle.
Il est aussi fait état des contrebandiers opérant au sud (donc passant au Kurdistan) tués sans sommation : la contrebande est le seul moyen de subsistance pour beaucoup de villageois de la zone frontalière que la Turquie veut étendre au nord de la Syrie… Mais cette fois, un groupe de villageois cherchait simplement à ramener des chevaux s’étant échappés.
Bianet a aussi contre lui d’être financé indirectement par l’Union européenne, des fondations ou organismes scandinaves, des associations, et de former de jeunes à l’éthique journalistique européenne…
Reporters sans frontières (RSF) a bien sûr émis une ferme protestation.
Pour le moment, sauf erreur d’inattention, le fil français de l’agence turque Anadolu (aa.com.tr/fr) n’a pas fait état de ces interdictions. En vedette, sur Anadolu, l’article « France : Féminisme et laïcité, le fourvoiement des grands principes ». Avec une défense et illustration des musulmanes mises au ban de la société française de par leur choix « d’afficher leur appartenance religieuse ». La femme musulmane voilée « est victime d’un acharnement politique et médiatique » du fait d’un « féminisme détourné » alliant « laïcité falsifiée » et « féminisme sélectif ».
Peut-être plus inquiétant : sauf erreur (bis), la version anglaise du site du quotidien Hürriyet (pourtant sensible d’habitude aux atteintes à la liberté de la presse) ne fait pas davantage mention de cette interdiction. Pas davantage (ter) que la version originale en turc.
En revanche, Cumhuriyet a donné la parole à l’avocat de Bianet qui relevait qu’auparavant certaines informations avaient été interdites, mais non l’intégralité du site. Le titre de Cumhuriyet est clair : « Une décision scandaleuse ». Le quotidien répercute aussi les protestations d’associations de journalistes turcs.
Selon l’avocat, l’interdiction pourrait être liée à la couverture antérieure par le site du procès Gezi (le parc Gezi avait été le siège d’un mouvement de protestation Taksim en 2013, 16 présumés organisateurs furent arrêtés de nouveau à compter de novembre 2017, leur procès ayant débuté le 24 juin dernier ; ils sont accusés de tout et n’importe quoi, y compris d’avoir détenu des publications de l’Union européenne).
Le jugement a aussi été rendu à l’encontre de 15 autres sites : Etha, Halkın Sesi TV, Özgür Gelecek, osp.org, geziyisavunuyoruz.org, Gazete Fersude, Yeni Demokratik Gençlik, Umut Gazetesi, Kızıl Bayrak, Marksist Teori, Direnişteyiz, Mücadele Birliği, Antakya Sokak. En tout, ce sont 136 comptes (Twitter, Facebook, Instagram…) ou sites qui se voient interdire.
Le jugement, intervenu le 16 juillet dernier en catimini, devait être rendu exécutoire sous quatre heures.. Il semble que ce délais ait été dans les faits prolongés.
Le RTÜK sera aussi financé par des redevances imposées à des organisations étrangères (sites, Netflix, diffuseurs de contenus) voulant diffuser en Turquie. Ces organisations devront être représentées par une antenne en Turquie. Histoire au besoin ou sous un prétexte fortuit quelconque d'arrêter leurs personnels et de les emprisonner ?
Ou de les inciter à diffuser des prêches et des cantiques musulmans ?
Des plaidoyers pour le voile intégral ?
Erdogan a perdu son crédit dans les grandes villes : l'inflation augmente, l'économie ne redémarre pas, l'emploi stagne ou régresse, la jeunesse éduquée émigre, et la continuation de l'état d'urgence pèse... 
D'où la poursuite de la répression de toute opposition, y compris celle des « Mères du Samedi » (qui protestent depuis 701 semaines contre les disparitions de leurs enfants emprisonnés ou éliminés). Et des gages supplémentaires donnés aux religieux conformes censés tenir la Turquie rurale.

Brexit & immobilier : l’Écosse concurrence la France !

Immobilier : la parabole du coq et du chardon...

Fargniers (à g.) en Picardie, Lockerbie (à d.), Dumfries & Galloway
La first minister écossaise, Nicola Sturgeon invite les Anglais à venir s’établir de son côté du border pour échapper aux conséquences d’un no-deal Brexit. Notaires et agents immobiliers français doivent-ils s’alarmer ? Le chardon sera-t-il dur à digérer ?
Dans un entretien avec John Harris, du Guardian, Nicola Sturgeon a lancé un appel aux Anglais… Vous craignez les conséquences d’un Brexit sans accord le jour d’Halloween, le 31 octobre ? “Move to Scotland!”.
Nan, sérieusement insiste John Harris… « Nous avons besoin d’augmenter la population écossaise. Absolument : venez en Écosse. ».
Et implicitement, venez voter pour l’indépendance de l’Écosse lors du prochain référendum qui pourrait avoir lieu fin 2020 ou début 2021… Lequel, selon le dernier sondage en date, pourrait donner une majorité de 52 % pour la sortie du Royaume-Uni.
Mauvaise nouvelle pour les agences immobilières et les notaires du continent ? Et de la France en particulier ?
On peut distinguer trois types de Britanniques quittant le Royaume-Uni pour venir s’installer sur le continent… Les professionnels salariés ou indépendants ayant soupesé le pour et le contre de rester de l’autre côté de la Manche. Des retraités ou des entrepreneurs (artisans, propriétaires d’un gîte, artistes, &c.) s’établissant durablement, ayant opté pour un meilleur climat, le retour à la nature, un moindre coût de scolarité de leurs enfants, et de multiples autres raisons (dont 400 000 prédécesseurs, de la presse locale anglophone, des pubs diffusant les rencontres d'Arsenal...). Enfin, les résidents secondaires (600 000 environ), et dans une moindre mesure, des investisseurs.
Le Brexit change la donne… On constate des phénomènes de précaution, contrecarrés ou amplifiés par l’estimation des conséquences du Brexit, dont l’affaiblissement de la livre sterling. La livre tend vers la parité avec l’euro (ce jour, elle ne vaut plus que 1,08 euro, contre encore 1,12 en mai dernier). D’où la recherche d’implantation en des régions autrefois peu prisées par les Britanniques (Normandie, Bretagne, Saumurois, Dordogne, Lubéron, Toulouse, Montpellier, &c., avaient leur préférence). Mais où le coût d’accession à la propriété, surtout s’il s’agit d’un achat de précaution, soit d’une résidence secondaire qui pourrait devenir principale « au cas où », reste abordable.
Le déduire du seul exemple dont je dispose est certes plus qu’hasardeux… La semaine dernière un couple britannique ayant deux enfants prospectait la région de Chauny-Tergnier-La Fère… Une maison individuelle avec jardin, non mitoyenne, attira leur attention à… Fargniers. Imaginez. Fargniers. Certes une localité encore active, disposant d’une gare permettant de rejoindre Paris (et l’Eurostar) ou Amiens (puis les ferries des Hauts-de-France ou de Normandie). Mais d’une attractivité touristique plutôt faible en dépit du parc nautique de La Frette tout proche, où ne subsiste plus de restaurant (hormis, mettons, « de dépannage », genre pizzas, kebabs, frites-saucisses), et dont le centre est dévitalisé (les grandes surfaces des alentours et leurs centres commerciaux ont eu raison de multiples commerces). Le prix, pourtant abordable (moins de 90 000 euros pour un bien à fort potentiel d’aménagement, cinq pièces principales, une annexe, garage pour deux véhicules), pour une maison « de ville », leur sembla pourtant excessif et n’était pas (ou plus) négociable. Fort bien pour télétravailler ou trouver à s’employer en région parisienne (voire à Reims), mais pas vraiment un logis « de caractère » (du moins, en l’état). Une acquisition “wait and see” en quelque sorte, en vue d’un repli…
Un autre phénomène pourrait jouer : la crainte que le Brexit « tourne vinaigre » pour les couples binationaux (un, une Britannique, une ou un membre de l’Union européenne). Soit que le conjoint non-Britannique fasse l’objet de contraintes administratives s’amplifiant, voire de manifestations d’hostilité. Carrément. De refus de se voir accorder des aides sociales en cas de pépin (chômage, par exemple). Cela se constate déjà outre-Manche (dossiers d’aides au titre de l’Universal Credit retoqués systématiquement sans examen, multiples recours de résidents de longue date).
Fargniers n’est pas Najac (Aveyron), douzième localité la plus recherchée par les Britanniques (hors Paris). Et franchement, East Kilbride ou Lockerbie (dont la High Street n’est plus ce qu’elle fut, comme celle de Fargniers) non plus. Sauf qu’à Lockerbie, on trouve encore des cottages à moins de 300 000 euros, et situés à moins de 40 km du border.
Reste que la tenue d'un référendum écossais reste incertaine, son résultat non garanti. Mais dans l'intervalle, nul besoin de conduire on the right side ni d'apposer une vignette Crit'Air pour aller prospecter, ou de s'alarmer du taux de change. Sacrée Nicola... Go North, dit-elle... Et si elle faisait le coup du Portugal (exemption fiscale pour les retraités séduits par le chant du coq de Barcelos) ? Aïe, Ouch. Le coup du chardon, en quelque sorte.
Et à propos, si la maison vous intéresse : un PDF la décrivant est disponible...

lundi 5 août 2019

cambriolages estivaux : gare au voisinage !

Plus la porte du voisin est sécurisée, plus la vôtre attire les cambrioleurs

Immeuble parisien, six étages : deux portes déposées au sixième, deux autres attaquées au cinquième, une massacrée au deuxième... Elle n'allait pas tenir longtemps, un voisin survenant au milieu de l'après-midi a peut-être évité l'effraction. Pourquoi celle-là ? Peut-être parce que celle du voisin de palier semblait inexpugnable... Et découragea « nos » cambrioleurs estivaux.
J'aurais dû faire des photos... Je pourrais encore en faire, en dépit du panneau de bois provisoire clouté sur la partie gauche du montant de la porte du deuxième étage (dans un pareil cas, la police doit faire appel à un professionnel de je ne sais quoi pour « sécuriser » le lieu des méfaits), mais grosse flemme. 
Ce n'est guère la première, ni la deuxième, ni... fois que des cambrioleurs estivaux s'en prennent à cet immeuble. Ce n'est sans doute que l’antépénultième avant les suivantes...
Ce qui m'inquiète fort, c'est que, sur mon palier, les voisines ont comme moi une porte à « trois points » qui ne tiendra sans doute pas plus d'un quart d'heure. Mais s'il leur venait — du fait de ce xième cambriolage — l'idée de renforcer tout le pourtour par des montants en acier, histoire de faire qu'un pied de biche adroitement manié doive d'abord s'acharner dessus, c'est sûr que ma porte, qui en reste démunie, sera la cible de choix prioritaire.
Au deuxième, deux portes : l'une semblable à la mienne, ô combien vulnérable, l'autre renforcée à l'extrême. Plus besoin de tirer à pile ou face : le choix s'impose d'évidence.
Purée, ils ont fait fort, les deux types dont j'ai peut-être interrompu le labeur en faisant résonner mes pas dans l'escalier. Deux gars passe-partout, avec juste de petits sacs à dos... Comme me l'expliqua le brigadier-chef, emporter des téléviseurs désormais volumineux, des unités centrales pesantes, c'est incommode et vous rend susceptible d'être repéré par les caméras de vidéo-surveillance. Donc, on dépose ou détruit des portes dans le seul espoir (vain) de tomber sur le bas de laine ou les bijoux des Castafiore des noces et banquets en banlieue.
Du téléphone portable vieux modèle (le plus récent est entre les mains des absents voisin ou voisine), à la rigueur des tablettes, des consoles de jeux, des appareils photo numérique (pour les passéistes ou amateurs encore vaguement éclairés), soit.
Le problème, si vous sécurisez au max votre porte, c'est que, si vous la claquez derrière vous afin de vous rendre chez un commerçant de proximité et avez oublié vos clefs, les vieilles radios médicales ne vous tireront plus d'affaire. J'vous dis pas comme la prolifération des IRM rend ces radios argentiques de plus en plus rares... S'il vous en reste, gardez précieusement (collez-les par exemple sur la face supérieure de la boîte aux lettres, mais attention : se munir par exemple d'un chausse-pied, dissimulé ailleurs, pour, lors du décollement, faire qu'elles ne chutent pas et que vous puissiez les extirper).
Reste la carte de fidélité de votre chaîne épicière. Beaucoup moins souple... Code barre illisible au final (réflexion pertinente du brigadier-chef qui prendra le dernier train pour rejoindre à point d'heure sa fort lointaine banlieue ; vingt ans qu'il sillonne le quartier sans pouvoir y habiter).
C'est donc un choix : investir comme le voisin de palier, au risque de ne pouvoir rouvrir une porte simplement claquée, ou risquer que les cambrioleurs s'en prennent en priorité à votre porte.
La solution alternative présente quelques inconvénients. Entasser des sacs de détritus, voire de fèces sèches (à suspendre au préalable devant vos volets, au risque des cancans du voisinage). Les cambrioleurs viennent à bout de votre porte, constatent que s'ils pénètrent plus avant dans l'appartement, ils devront fouiller des tonnes de piles de vieux journaux,  d'emballages, sonder jusqu'au sol pour tenter de déceler vos trésors (la montre à gousset du pépé, la sainte vierge ou la Thérèse ou la Soubirou en boule de neige, la collection de figurines Mokarex, les gadgets Pif-le-Chien...). En général, ils renoncent.
On n'sait plus quoi faire... Finalement, ne faisons rien... Remplaçons nos portes à trois ou x points par des battantes : genre saloon. Entre comme tu veux. 
L'ennui, c'est que même si vous n'avez plus rien de valeur chez vous, il restera toujours quelque chose à piquer : le couteau-sommelier publicitaire, le presse-purée à manivelle, le brise-jet de robinet, qui se revendra à la sauvette pour un prix dérisoire (genre cinq centimes d'euros).
Le saviez-vous ? Travels with Charley (Steinbeck), c'était... avant. À présent, en Europe comme en Amérique du Nord, celles et ceux vivant dans des caravanes sont des dizaines de milliers. Non plus des Travellers, des manouches, gitans, vanniers, &c., mais des gens ne pouvant plus régler des loyers. Croissance exponentielle. Padamalgam' : ni cambrioleuses, ni cambrioleurs potentiels. Mais clientèle pour le moindre objet utilitaire vendu à la sauvette. Qui dit demande, dit offre...
On en vient au point (The End is near), où... Nous sommes passés de Tortilla Flat (Steinbeck) au  Tortilla Curtain (Tom Coraghessan Boyle, dit T.C. Boyle). Soit le voisin ultra-sécurisé, et nouzôtres. Enfin, ce qu'il reste de la petite classe moyenne inférieure ou « laborieuse » tentant de vivre encore avec un toit, une porte... Non, je ne déverse pas la sinistrose à pleins baquets. Je dis simplement que même les Gilets Jaunes (là, c'est pour Google, caser « Gilets jaunes » et même « Gillets jaunes », voire « Jilets jaunes », &c.) ont du souci à se faire.
Il te reste trois-francs-six-sous. Fuis le voisinage des six-francs-douze-sous. Celui qui peut mieux sécuriser sa porte que toi la tienne. Sa proximité te rend plus vulnérable.
Mixité sociale ? Zazie t'a répondu. J'te dis pas les BD apocalyptiques des années 1980-1990. Si tu t'en souviens, t'es à un poil coupé en quatre de le vivre. Faut pas tout charger sur les loups : la délinquance rurale (le mouton qu'on subtilise, la vache laitière dépecée en plein champ) est aussi en progression.
Bon, il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Je la ferme (enfin, la claque) et vais me coucher. Rêver peut-être au temps du Voleur (Darien), de 813, voire de Robin des Bois. Quand, entre pauvres, il n'y avait que de petits larcins... 

Franky Zapata et Boris « Bojo » Johnson sur le même « bateau »

Non, le bidule de Franky Zapata n'a pas laissé Albion indifférente

Vous voudrez bien pardonner le ton relâché de cette entrée de mon blogue-notes. Je reviens de Fargniers (Aisne), expédition ô combien éprouvante, et tout ce qui suit sera encore plus bringuezingue qu'habituellement foutraque. Sachez qu'il sera vaguement question de Franky Zapata et de la réception outre-Manche de sa traversée de Sangatte vers... Douvre ?
Fargniers... Figurez-vous que je ne savais même pas que cette localité du triangle des Bermudes axonaises (Chauny-Tergnier-La Fère, cher à Philipppe Lacoche, écrivain, &c.) prenait une s finale... C'est dire qu'après le Yémen (ex-Nord), l'Iran-Irak-Syrie, Baja California-Québec (et territoires intermédiaires), les grandes capitales européennes (Andorra, San-Marino, Vaduz...), Bobo et Bouaké, il me reste encore beaucoup à apprendre, découvrir, explorer, voire défricher. Accueilli par un hillbilly picard qui me prend pour un Anglais (entre la gare de Tergnier et l'un des rares cafés-tabac-PMU encore ouverts de Fargniers). Oh, et puis zut... Fargniers, sa 309 Chorus, &c., ce sera pour une autre fois. Sachez seulement que TripAdvisor ignore cette localité, que pour trouver un resto avec terrasse il faut remonter jusqu'à Saint-Quentin, et que les prix y sont de 16 % à 21 % supérieurs à ceux de Paris. Bravo Xavier Bertrand. Saint-Quentin est en quelque sorte devenue le Monaco septentrional.
Bref, lisant un Historia (hors-série 6) de feu Roger Choin (Fargniers, ou Tergnier, s'honore d'un musée de la Résistance), dans sa de son vivant demeure, j'avais en toile de fond sonore une chaîne d'information vantant l'exploit d'un certain Franky Zapata. Bof, je dispose, grâce à Retronews, d'une reproduction du numéro 9281 du Matin (daté du lundi 26 juillet 1909 : Blériot, tout cela...). En sus, je loge dans l'appartement parisien de la petite-fille du directeur du Matin. Ce qui relative bien des choses...
Franky par çi, Zapata par là, en continu. Bravo l'artiste. Ayant réalisé, à cloche-pied, à la marelle (contre des filles chevronnées...) des exploits autrement éminents dès le plus jeune âge, je percevais d'une oreille inattentive.
Puis, remonté (en fait redescendu) « à la capitale », me vint la curiosité médialogique de comparer le traitement de la chose par la presse (en ligne) française et britannique... C'est simple, le site du Daily Mail avait relégué cette traversée loin derrière (la liste serait trop longue). Ceux de la "quality press" (ou ce qu'il en reste...) n'en faisaient même plus état — si tant fut qu'il en aurait été question. 
Mais en tête de page d'accueil du site du Telegraph, que vois-je soudain ?  Un Bojo sur un engin à peu près identique à celui de Franky Zapata. Un crobar d'un certain Blower. Cela sous un titre laissant entendre que Boris Johnson, prévoyant des élections générales, allait pratiquer le saupoudrage de subventions en direction des hôpitaux des circonscriptions les plus favorables au Brexit (histoire de contrecarrer les ambitions du Brexit Party avec lequel un accord informel serait à l'ordre du jour des conservateurs). On voit bien le Bojo sur l'engin, hors de portée des partisans du maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne, filant vers la reconstitution d'une majorité Tory au Parlement.
Je ne sais si vous vous souvenez du Hawker Siddeley Harrier à décollage vertical. Tandis que la France, mère des armes, des arts et des lois, catapultait des quoi (non pas des Fouga-Magister, mais je ne sais plus quoi de chez Dassault, des Alizé, des Étendard..?), les Britanniques avaient le Harrier. En France, on en parlait... pas trop. Outre-Manche, j'vous dis pas, j'vous dis que cela. Mais là, c'est tout autre.
Napoléon n'en avait même pas rêvé, Franky Zapata l'a fait... Bon, pour le moment, il n'y a, lorgnant dessus, que les gendarmes qui rêvent d'aller depuis les côtes méditerranéennes françaises s'attaquer aux paillotes corses dépourvues d'agrément préfectoral. Mais d'autres perspectives sont désormais ouvertes...
Cela faisait longtemps que je soupçonnais ce dessinateur d'être en fait un agent dormant des Services secrets de Sa Majesté. Le message subliminal est de laisser entendre aux sujets of The Queen qu'après l'échec du Concorde — je dois conserver je ne sais où une palette du rotor issue de l'usine de Bristol – nous tenons notre revanche avec la planche à kérosène de Franky Zapata. Un modèle franco-britannique nous assurerait la supériorité Terre-Air-Mer.
Un dessein humoristique (surtout inspiré par le MI6) est toujours un signe avant-coureur (pensez à Jules Verne et aux services français du renseignement de son époque). Simplement, faire trop état de la traversée de Franky Zapata dans la presse britannique aurait mis la puce à l'oreille de puissances étrangères... Attendez-vous donc à savoir... Mais même Geneviève Tabouis ne divulguait pas ses « dernières nouvelles de demain » sans la circonspection qui me guide. Stay Tuned, ne zappez pas...
  

jeudi 1 août 2019

RIP George Contos, Américain de Paris

In memoriam, George Contos (mai 1930-juil. 2019)

Abstract: George Contos, US Citizen, Marine Corps, lawyer, computer expert, photographer, and outstanding individual, died in Paris.
À l’intention d’Ingemann Larsen, de Tricia Dunn, du « Nam’ », de Christian d’Andlau, d’Emilia et d’Inna (et d’autres que j’ai moins fréquentés), peut-être de la famille (élargie) du Reverend Billy Lloyd Hults, et de qui a pu le connaître, voici une évocation de George Contos.
J’avais rencontré George Contos vers le milieu des années 1990 dans une petite boutique d’informatique proche de l’avenue Trudaine… Nous avions en commun un certain goût du vocabulaire et il me passa des copies de disquettes de dictionnaires anglais, anglo-américains, &c. Il se déplaçait alors encore en scooter.
Petit à petit, je fis sa connaissance. Appris qu’il avait combattu lors de la guerre de Corée, avait été grièvement blessé (passant des mois dans un hôpital au Japon), qu’il faisait, avec Ingemann Larsen, partie de la branche française des vétérans du corps des Marines, qu’il avait été juriste (diplômé de l’University of Maryland) avant de s’établir en France. Quand ? Voici longtemps. Peut-être vers l’âge de 35 ans, avant de vive cinq ans en Allemagne, et revenir… sans doute en 1970. Il fut un temps marié (avec Marie-Bernadette Julien, ai-je appris par la suite).
Un personnage de roman, George. Très Nord-Américain, très Européen aussi puisqu’il était d’ascendance grecque. À Paris, il fut d’abord informaticien (il pratiquait le langage assembleur avec ses collègues près de la machine à café) pour une grande banque. Puis photographe. Enfin, gradé d’une compagnie de sécurité chargée des contrôles d’accès et des rondes dans les locaux diplomatiques étasuniens en France. Le contrat fut repris par UIIS (ou quelque chose comme cela). Ingemann en était le gérant pour la France. Il démissionna. Et me voilà, avec le comte d’Andlau, censé représenter une compagnie prête à prendre la succession et emporter le contrat. Grand moment : visite de toutes les installations parisiennes de l’ambassade des États-Unis. Mais le coup manqua et George finit par prendre sa retraite.
Elle fut d’abord heureuse, avant qu’une grave maladie le rende progressivement impotent. Il dut céder son scooter et se retrouver à passer sur béquilles d’une pièce à l’autre de son minuscule appartement de la « ceinture rouge » (un rez-de-chaussée du square du Rhône donnant sur le bd Berthier).
De temps à autre, il parvenait encore à venir jusqu’à l’Up and Down (restaurant proche), puis l’immobilité prédomina et il fut obligé, l’an dernier, en octobre, de faire un séjour à l’hôpital franco-britannique de Levallois.
Quant il était encore vaillant, il accueillait à Paris des amis venus des États-Unis, comme Tricia Dunn ou Billy Lloyd Hults, fameux « révérend », libraire (à Cannon Beach), émérite joueur de wasboard (planche à laver), personnage insolite qui logea un temps dans l’annexe de la librairie Shakespeare & Company, devant Notre-Dame.
Chez « LeNam’ » — qu’il m’excuse que son prénom m’échappe momentanément ; Jean-Christophe ? J.-C. Meylan ? — et son épouse, Béatrice, trop tôt décédée, et qui était pour lui une fille adoptive, il passait généralement ses dimanches. Il avait une formidable mémoire et pouvait entonner des chansons anglaises des années 1930.
Le décès de Pamela Wilding, au grand âge, en mars 2018, l’avait beaucoup affecté. Ainsi que celui de son amie Annie, début 2013.
En fait, peu avant 2003, il avait cessé de faire des photos, (retrouvez-les dans ses albums de pbase.com). Discret, il avait pris pour pseudo geo_paris. Et commencé à mettre les récentes en ligne en juin 2009. Je me demande ce que sont devenues les antérieures.
Il y aurait beaucoup à rajouter... Je ne sais s'il est possible d'envisager un « portrait croisé »* (que celles et ceux l'ayant connu retracent sa vie en un texte commun). J'espère poser la première pierre...

Ci-dessus, chez « LeNam » & Béatrice, à g., Billy Hults (photo George Contos).

* I would not say a « cadavre exquis » but George would have laughed a lot, he was proficient in so many languages.

Brexit : On Hold, Soft, Hard, No-Deal, les differences

Vers un hostile Brexit ou des élections anticipées ?

On Hold, Soft, Hard, No-Deal (Hostile). Soit Brexit suspendu, doux (édulcoré, aménagé), dur (conflictuel mais négocié et réciproque), sans accord (décisions unilatérales). C’est du moins ce que j’ai pu tenter de comprendre…
Voici des mois et des mois que je m’intéresse au Brexit et à ses conséquences (tant intérieures au Royaume-Uni qu’en relation avec l’Union européenne et le reste du monde), et je ne suis pas sûr d’avoir tout bien précisément compris. J’en présume hâtivement qu’hormis des spécialistes, qui consulte ce blogue-notes n’est pas tout à fait au point sur la question. Voici ce que j’ai cru pouvoir discerner…
On Hold Brexit
De fait, c’est la situation actuelle : non, non, rien n’a changé, tout, tout (ne) va (pas) continuer jusqu’à… Théoriquement le 31 octobre prochain, sauf si une prolongation était envisageable… Mais on ne voit pas Boris Johnson la solliciter, ni Bruxelles la proposer (sauf, peut-être, mais ce n'est pas impératif, en cas d'élections générales imposées à Bojo).
Soft Brexit
Doux est à la fois singulier et pluriel, éventuellement adverbial au singulier, et cela correspond bien. Brexit mollet, Brexit mol, Brexit adouci, &c. Cela aurait été le cas si le Parlement britannique avait consenti à ratifier ce qu’avait négocié Theresa May. Soit divers aménagements pas tout à fait exactement identiques à ce qui régit les relations de la Norvège ou de la Suisse avec l’Union européenne, mais, jusqu’à approfondissement censé toujours ménager l’avenir, l’essentiel du point de vue de la libre circulation des personnes et des biens préservé.
Soit que le Royaume-Uni conserve un strapontin à Bruxelles, mais que les règles douanières actuelles perdurent, notamment pour les échanges la République d’Irlande et l’ensemble (UE et UK).
Le Royaume-Uni dispose déjà d’une certaine indépendance par rapport à certaines règles communes à ce qui prévaut entre les pays membres de l’Espace Schengen et la Zone Euro : des contrôles aux frontières subsistent dans le sens Continent-Grande-Bretagne, la livre sterling se négocie indépendamment de l’euro sur les marchés.
Hard Brexit
La séparation est actée, de longues négociations au cas par cas, secteur par secteur, s’entament. Les relations bilatérales se déterminent, mais on ne sait trop ce qui peut advenir. Des accords de coopération subsistent. La clause financière de rupture (le Royaume-Uni concède le versement d’une somme d’environ 39 milliards de livres sterling) s’applique.
No-Deal (hostile) Brexit
Au 31 octobre prochain, le Royaume-Uni s’est affranchi de tout lien avec l’Union européenne. Il décide souverainement de ses relations avec le reste du monde. Boris Johnson a d’ores et déjà annoncé qu’il n’honorerait pas la clause financière de rupture, et libre à l’Union européenne de décider unilatéralement des mesures régissant ses relations avec le Royaume. Cela pourrait aller jusqu’à des mesures de rétorsion, un blocus de fait des échanges commerciaux, la fin de l’agrément permettant aux institutions financières britanniques d’opérer sur le territoire de l’UE, &c. Voire impliquer l’expulsion des sujets britanniques jouissant d’un statut de résident européen, le rétablissement (ou non, pourquoi pas ?) de visas, &c.
Tout cela est théorique mais l’éventualité d’une escalade progressive de conflits multiples ne peut être écartée.
Apparemment, c’est ce vers quoi Boris Johnson semble s’orienter, mais il peut être freiné par le Parlement… Or, au jour le jour, c’est de ce point de vue une situation évolutive. Voire d’heure en heure : la presse britannique dite « de qualité » (The Independent, The Guardian, The Times, The Financial Times) actualise ou non ses sites en continu (ce 1er août, c’est le cas des sites du Guardian et de l’Independent). La presse « intermédiaire » (Daily Mail, Telegraph, Evening Standard…) fait de même à l’occasion (ce jour, c’est le cas du site du Telegraph).
Count-down
Bojo (Boris Johnson) vient d’équiper son bureau d’une horloge égrenant les secondes, minutes et heures, révèle The Daily Mail dont le site affiche chaque jour le nombre de ceux restant avant le 31 octobre (90 demain). Une horloge Winston (le choix de la marque ne doit rien au hasard : Churchill…). Il est dommage qu’un compteur indiquant le coût des préparatifs d’un no-deal Brexit ne lui soit pas adjointe… Un autre compteur, affichant le nombre des anciens ministres et des députés passant à l’opposition interne aux conservateurs, voire les quittant pour rejoindre les libéraux-démocrates ferait encore plus mauvais effet.
La majorité parlementaire tient à… on ne sait plus trop combien (deux sièges aux dernières nouvelles, mais cela peut évoluer à la baisse…). Le résultat d’une élection partielle au Pays de Galles tombera tard ce soir, une défection est en suspens, il suffirait d’une autre pour qu’une élection générale s’impose plus vite qu’envisagée.
Le coût d’un Brexit dur est plus ou moins évaluable, ce qu’a fait le Financial Times (illustration). Bien évidemment, il sera plus important pour le Royaume-Uni et les régions côtières du continent les plus proches (mettons de la Vendée au nord de la Norvège). Le graphique émane de Bertelsmann Stiftung (une agence allemande), qui s’était livré à des estimations en mars dernier, mais il est significatif que le FT l’ait publié hier.
En fait, “no-deal” équivaut à « hostile » (Brexit). Hostile de part et d’autre de la Manche, de par et d’autre du “border” avec l'Écosse, et pour l’anecdote les portraits de la reine viennent d'être déposés ce jour dans les locaux de diverses administrations de Belfast (Irlande du Nord).
On ne sait ce qu’il adviendra de la majorité mais au Parlement, les conservateurs pro-Brexit les plus déterminés (une soixantaine) se sont dits déterminés à ce que, même si Bojo obtenait des concessions de Bruxelles, aucun accord ne soit adopté.

Ce serait donc l’Halloween Brexit (la fête étant célébrée le 31 octobre). “Trick or treat” : un « sort », assurément. Et de bien amères friandises…

mercredi 31 juillet 2019

Brexit : Erin & Alba go Bragh

Brexit : David Frost, persona non grata sur le continent

David Frost, ex-ambassadeur britannique au Danemark, va devoir se charger des non-négociations avec l’Union européenne pour le compte du cabinet de Bojo (Boris Johnson). Il ne peut plus se targuer de représenter l’Écosse, l’Irlande du Nord ni sans doute le Pays de Galles.
Wait and see… Attendons le 31 octobre et la décision de Boris Johnson de s’affranchir des obligations du Royaume-Uni en ne réglant pas les 33 (ou davantage, en raison de la chute de la devise) milliards de livres sterling dus à l’Union européenne pour saisir, arraisonner, toute cargaison ou navire anglais…
Hush… Inutile de brandir cette menace devant David Frost, l’émissaire de Bojo.
Il représente quoi au juste ?
Mary Lou McDonald, pour le Sinn Féin réclame qu’en cas de Brexit dur, une consultation électorale s’ensuive en Irlande du Nord. Elle n’a pu se prononcer ainsi sans que les Irlandais du Nord de son parti aient approuvé sa déclaration.
Nicola Sturgeon, du SNP-PNA (Pàrtaidh Nàiseanta na h-Alba) a reçu très fraîchement Bojo en Écosse. Elle n'a pas dit qu'elle envisageait un référendum à la mode catalane après le 31 octobre si un accord ne convenant à l’Écosse n’intervenait pas avant cette date, mais c’est tout comme.
Reste à savoir comment le Pays de Galles et les Cornouailles réagiront. Le continent isolé par la brume : Fog in Channel, Continent Cut Off. C’est peut-être apocryphe mais depuis que le Yorkshire Post and Leeds Intelligencer en fit état fin 1930, l’impression que l’Angleterre (surtout du centre et du nord) s’est isolée du reste du Royaume-Uni prévaut à ses périphéries.
Laissons donc du temps au temps, et laissons Boris Johnson s’embrumer, faire monter les nuées de sa rhétorique, enrober le fumet de ses menaces présomptueuses des vapeurs d’encens de ses promesses intenables flattant son électorat restreint qui ne pourra lui assurer un fragile équilibre qu’au prix d’une magouille avec le Brexit Party.
Procéder autrement, lui concéder de quoi faire passer la pilule pour lui sauver la face serait encourager tous ces chefs de file européens prêts à se muer en Thatcher exigeant des accommodements dans la seule vue d’élargir leur assise électorale. Il n’en manque pas dans l’Union européenne. Toutes et tous acquis aux groupes de pression soutenant Donald Trump, en liaison ou non avec le Kremlin.
Bojo, vecteur européen du Donald. Stipendié ? Allez le prouver… De toute façon prêt à tout faire afin que l’UE se fendille, que cela lui coûte son poste ou non du moment que ses finances personnelles croissent.
Deux convergences… adverses
Boris Johnson dit vouloir « booster » le Royaume-Uni. Emmanuel Macron la France et l’Europe des 27. Au prix sans doute, pour l’un et l’autre, de mesures fragilisant la protection des salariés. Censées favoriser les actifs et entreprenants aux dépens d’autres catégories.
Ne comptez pas sur moi pour démêler l’écheveau des intérêts de parties ou d’autres des financiers internationaux. J’énonce simplement que les traditions populaires en France, Écosse, Irlande, et en divers autres pays d’Europe occidentale, ce qui inclut évidemment celles des Anglais les plus lucides, peuvent faire en sorte que l’axe Trump-Johnson soit contraint à un recul, au repli.
Cela n’ira pas de soi. De deux maux, il faudra sans doute se résigner à choisir le moindre. Et faire pression, autant que cela soit possible, pour qu’un David Frost ne puisse faire le tour des chancelleries sans que cela provoque un tollé. Cela n’a rien de personnel (je ne connais pas David Frost, je lui jetterai des œufs pourris en prenant garde à ne pas l’atteindre). Surveillons tous ses déplacements. Mobilisons-nous pour crier Fuera, Go Home.
Cela peut sembler ridicule. Eh bien, autant encourir les moqueries que se taire et s’abstenir. Cela peut sembler exagéré, rodomontade… Tartarinade. Oui, sauf que ce qui est aussi en jeu, c’est la survie d’enfants et petits-enfants qu’un Bojo et un Donald mettent en danger. Ce sont deux chantres du productivisme plus effrénés qu’un Macron. C’est du moins mon opinion du moment, et libre à vous d’y réfléchir ou non...