Immobilier : la parabole du coq et du chardon...
Fargniers (à g.) en Picardie, Lockerbie (à d.), Dumfries & Galloway |
La first minister écossaise, Nicola Sturgeon invite les
Anglais à venir s’établir de son côté du border pour échapper aux conséquences
d’un no-deal Brexit. Notaires et agents immobiliers français doivent-ils s’alarmer ?
Le chardon sera-t-il dur à digérer ?
Dans un entretien avec John Harris, du Guardian, Nicola
Sturgeon a lancé un appel aux Anglais… Vous craignez les conséquences d’un
Brexit sans accord le jour d’Halloween, le 31 octobre ? “Move to Scotland!”.
Nan, sérieusement insiste John Harris… « Nous avons besoin d’augmenter la population écossaise. Absolument : venez en Écosse. ».
Et implicitement, venez voter pour l’indépendance de l’Écosse lors du prochain référendum qui pourrait avoir lieu fin 2020 ou début 2021… Lequel, selon le dernier sondage en date, pourrait donner une majorité de 52 % pour la sortie du Royaume-Uni.
Mauvaise nouvelle pour les agences immobilières et les notaires du continent ? Et de la France en particulier ?
On peut distinguer trois types de Britanniques quittant le Royaume-Uni pour venir s’installer sur le continent… Les professionnels salariés ou indépendants ayant soupesé le pour et le contre de rester de l’autre côté de la Manche. Des retraités ou des entrepreneurs (artisans, propriétaires d’un gîte, artistes, &c.) s’établissant durablement, ayant opté pour un meilleur climat, le retour à la nature, un moindre coût de scolarité de leurs enfants, et de multiples autres raisons (dont 400 000 prédécesseurs, de la presse locale anglophone, des pubs diffusant les rencontres d'Arsenal...). Enfin, les résidents secondaires (600 000 environ), et dans une moindre mesure, des investisseurs.
Le Brexit change la donne… On constate des phénomènes de précaution, contrecarrés ou amplifiés par l’estimation des conséquences du Brexit, dont l’affaiblissement de la livre sterling. La livre tend vers la parité avec l’euro (ce jour, elle ne vaut plus que 1,08 euro, contre encore 1,12 en mai dernier). D’où la recherche d’implantation en des régions autrefois peu prisées par les Britanniques (Normandie, Bretagne, Saumurois, Dordogne, Lubéron, Toulouse, Montpellier, &c., avaient leur préférence). Mais où le coût d’accession à la propriété, surtout s’il s’agit d’un achat de précaution, soit d’une résidence secondaire qui pourrait devenir principale « au cas où », reste abordable.
Le déduire du seul exemple dont je dispose est certes plus qu’hasardeux… La semaine dernière un couple britannique ayant deux enfants prospectait la région de Chauny-Tergnier-La Fère… Une maison individuelle avec jardin, non mitoyenne, attira leur attention à… Fargniers. Imaginez. Fargniers. Certes une localité encore active, disposant d’une gare permettant de rejoindre Paris (et l’Eurostar) ou Amiens (puis les ferries des Hauts-de-France ou de Normandie). Mais d’une attractivité touristique plutôt faible en dépit du parc nautique de La Frette tout proche, où ne subsiste plus de restaurant (hormis, mettons, « de dépannage », genre pizzas, kebabs, frites-saucisses), et dont le centre est dévitalisé (les grandes surfaces des alentours et leurs centres commerciaux ont eu raison de multiples commerces). Le prix, pourtant abordable (moins de 90 000 euros pour un bien à fort potentiel d’aménagement, cinq pièces principales, une annexe, garage pour deux véhicules), pour une maison « de ville », leur sembla pourtant excessif et n’était pas (ou plus) négociable. Fort bien pour télétravailler ou trouver à s’employer en région parisienne (voire à Reims), mais pas vraiment un logis « de caractère » (du moins, en l’état). Une acquisition “wait and see” en quelque sorte, en vue d’un repli…
Un autre phénomène pourrait jouer : la crainte que le Brexit « tourne vinaigre » pour les couples binationaux (un, une Britannique, une ou un membre de l’Union européenne). Soit que le conjoint non-Britannique fasse l’objet de contraintes administratives s’amplifiant, voire de manifestations d’hostilité. Carrément. De refus de se voir accorder des aides sociales en cas de pépin (chômage, par exemple). Cela se constate déjà outre-Manche (dossiers d’aides au titre de l’Universal Credit retoqués systématiquement sans examen, multiples recours de résidents de longue date).
Fargniers n’est pas Najac (Aveyron), douzième localité la plus recherchée par les Britanniques (hors Paris). Et franchement, East Kilbride ou Lockerbie (dont la High Street n’est plus ce qu’elle fut, comme celle de Fargniers) non plus. Sauf qu’à Lockerbie, on trouve encore des cottages à moins de 300 000 euros, et situés à moins de 40 km du border.
Nan, sérieusement insiste John Harris… « Nous avons besoin d’augmenter la population écossaise. Absolument : venez en Écosse. ».
Et implicitement, venez voter pour l’indépendance de l’Écosse lors du prochain référendum qui pourrait avoir lieu fin 2020 ou début 2021… Lequel, selon le dernier sondage en date, pourrait donner une majorité de 52 % pour la sortie du Royaume-Uni.
Mauvaise nouvelle pour les agences immobilières et les notaires du continent ? Et de la France en particulier ?
On peut distinguer trois types de Britanniques quittant le Royaume-Uni pour venir s’installer sur le continent… Les professionnels salariés ou indépendants ayant soupesé le pour et le contre de rester de l’autre côté de la Manche. Des retraités ou des entrepreneurs (artisans, propriétaires d’un gîte, artistes, &c.) s’établissant durablement, ayant opté pour un meilleur climat, le retour à la nature, un moindre coût de scolarité de leurs enfants, et de multiples autres raisons (dont 400 000 prédécesseurs, de la presse locale anglophone, des pubs diffusant les rencontres d'Arsenal...). Enfin, les résidents secondaires (600 000 environ), et dans une moindre mesure, des investisseurs.
Le Brexit change la donne… On constate des phénomènes de précaution, contrecarrés ou amplifiés par l’estimation des conséquences du Brexit, dont l’affaiblissement de la livre sterling. La livre tend vers la parité avec l’euro (ce jour, elle ne vaut plus que 1,08 euro, contre encore 1,12 en mai dernier). D’où la recherche d’implantation en des régions autrefois peu prisées par les Britanniques (Normandie, Bretagne, Saumurois, Dordogne, Lubéron, Toulouse, Montpellier, &c., avaient leur préférence). Mais où le coût d’accession à la propriété, surtout s’il s’agit d’un achat de précaution, soit d’une résidence secondaire qui pourrait devenir principale « au cas où », reste abordable.
Le déduire du seul exemple dont je dispose est certes plus qu’hasardeux… La semaine dernière un couple britannique ayant deux enfants prospectait la région de Chauny-Tergnier-La Fère… Une maison individuelle avec jardin, non mitoyenne, attira leur attention à… Fargniers. Imaginez. Fargniers. Certes une localité encore active, disposant d’une gare permettant de rejoindre Paris (et l’Eurostar) ou Amiens (puis les ferries des Hauts-de-France ou de Normandie). Mais d’une attractivité touristique plutôt faible en dépit du parc nautique de La Frette tout proche, où ne subsiste plus de restaurant (hormis, mettons, « de dépannage », genre pizzas, kebabs, frites-saucisses), et dont le centre est dévitalisé (les grandes surfaces des alentours et leurs centres commerciaux ont eu raison de multiples commerces). Le prix, pourtant abordable (moins de 90 000 euros pour un bien à fort potentiel d’aménagement, cinq pièces principales, une annexe, garage pour deux véhicules), pour une maison « de ville », leur sembla pourtant excessif et n’était pas (ou plus) négociable. Fort bien pour télétravailler ou trouver à s’employer en région parisienne (voire à Reims), mais pas vraiment un logis « de caractère » (du moins, en l’état). Une acquisition “wait and see” en quelque sorte, en vue d’un repli…
Un autre phénomène pourrait jouer : la crainte que le Brexit « tourne vinaigre » pour les couples binationaux (un, une Britannique, une ou un membre de l’Union européenne). Soit que le conjoint non-Britannique fasse l’objet de contraintes administratives s’amplifiant, voire de manifestations d’hostilité. Carrément. De refus de se voir accorder des aides sociales en cas de pépin (chômage, par exemple). Cela se constate déjà outre-Manche (dossiers d’aides au titre de l’Universal Credit retoqués systématiquement sans examen, multiples recours de résidents de longue date).
Fargniers n’est pas Najac (Aveyron), douzième localité la plus recherchée par les Britanniques (hors Paris). Et franchement, East Kilbride ou Lockerbie (dont la High Street n’est plus ce qu’elle fut, comme celle de Fargniers) non plus. Sauf qu’à Lockerbie, on trouve encore des cottages à moins de 300 000 euros, et situés à moins de 40 km du border.
Reste que la tenue d'un référendum écossais reste incertaine, son résultat non garanti. Mais dans l'intervalle, nul besoin de conduire on the right side ni d'apposer une vignette Crit'Air pour aller prospecter, ou de s'alarmer du taux de change. Sacrée Nicola... Go North, dit-elle... Et si elle faisait le coup du Portugal (exemption fiscale pour les retraités séduits par le chant du coq de Barcelos) ? Aïe, Ouch. Le coup du chardon, en quelque sorte.
Et à propos, si la maison vous intéresse : un PDF la décrivant est disponible...
Et à propos, si la maison vous intéresse : un PDF la décrivant est disponible...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire