dimanche 29 septembre 2019

Raphaël Enthoven : doux rêveur ou habile prêcheur ?

Enthoven, ou le mystificateur persuadé (?) que sa mythification opérera

Himmler croyait à ses rêves, Zemmour, Ménard, Enthoven, là, je doute. Retour sur la Convention de la droite...
La « tribune » d'Enthoven dans le... Figaro
Bon, si la Convention de la droite ne vous dit rien, renseignez-vous, documentez-vous. Étonnamment, Le Figaro a reproduit in extenso le discours de Raphaël Enthoven devant, ou plutôt face à, des vis-à-vis plus qu'hostiles à sa personne et ses propos. C'est là.
Et je me prends à songer à deux de mes récentes lectures. La Cuisinière d'Himmler, de Franz-Olivier Giesbert, et Sapiens: a Brief History of Humankind, de Yval Noah Harari.
Himmler croyait à ce qu'il mythifiait. Zemmour, Ménard et Enthoven ont dû sans doute lire Harari. Propagande versus contre-propagande. L'emportent ceux qui enfument le mieux.
Enthoven a dû lire Harari. « La nature n'est pas une norme. Son fonctionnement n'est pas une intention. ».  Il tape juste : « vous donnez à la francité tous les attributs d'un communautarisme ».
Bien évidemment. Et c'est ce quoi misent Zemmour, Ménard & Co. Avec de fortes chances de l'emporter, ou, si ce n'était eux, leurs successeurs.
Car il est totalement absurde de soutenir que « la nature humaine », dotée d'une nouvelle liberté, ne puisse y renoncer. Les exemples sont légion. Et la plupart des religions, en multipliant les interdits, ont conforté les pouvoirs qui assuraient leur pérennité. Et combien de religions en ont chassé d'autres, antérieures ?
C'est toujours mythe contre mythe afin que les puissants puissent manger la laine sur le dos des plus faibles. Le prétexte peut être un totalitarisme ou un autre, peu importe sa « nature ». Qui n'a effectivement rien de « naturel » (au sens biologique, pour résumer).
Qu'est-ce que l'identité ? Pure croyance. Mythe collectif mouvant. Je me veux breton, mes petits-enfants se voudront... aryens, musulmans, post-punks, raphaéliens, hybrides cyberchoses, je ne sais.
Quant aux arrières-petits-enfants, c'est encore plus imprévisible. Un mythe fonda-menteur en chassera un autre, d'autres.
Ce qui subsistera, au moins pour quelques temps (et ceux-ci prennent leur temps), c'est que des femelles ou des mâles dominants sauront fédérer, faire consensus prédominant, pour obtenir l'assentiment majoritaire, et préserver leur ascendant.
Enthoven accuse : « vous brandissez des valeurs sans jamais questionner la valeur de ces valeurs. ».
Mais, cela va de soi : pratiquement tout le monde au monde fait de même. 
Lorsqu'une minorité l'emporte, devient majorité, elle se pérennise de la même façon.
En fait, qu'énonce Enthoven : je suis majoritaire. Personne ne le reste durablement. Enfin, durablement... La démocratie l'a emporté à peu près partout où nous, Européens, vivons.
Qu'est-ce qu'un, deux, trois, quatre millénaires ?
« Il suffit à une sottise en ligne d'être likée 10 000 fois pour devenir une ''vérité" », remarque Enthoven. Bien sûr, et les « sottises » des Zemmour et des Ménard peuvent ainsi l'emporter. Voyez celles de Trump, de Boris Johnson, d'Orban, Salvini, tant d'autres. Ce ne sont nullement des billevesées, mais des éléments de conquête de l'opinion.
Entre Ménard et Zemmour et Abou Bark al-Baghadi (Daesh), il ne s'agit que de rivalités. De faire fructifier un mythe ou un autre (la chrétienté authentique, l'islam épuré). Et pour Enthoven (ou un Luc Ferry, c'est du pareil au même ; allez, qu'en sais-je ?), de préserver une forme de démocratie qui leur garantit notoriété et... dividendes induits.
De deux maux, il faut choisir le moindre. Ou choisir le mythe qui vous épargnera des cas de conscience. En quelque sorte, opter pour le joug qui vous convient moins pire. Non seulement pour sa sécurité matérielle, mais mentale. Ou se boucher yeux, oreilles, bouche, et cultiver son jardin. Soit, pour certaines et certains, se fuir. 
Pratiquement toute ma génération (celle des baby-boomers) n'a pu échapper au questionnement : qu'aurais-je fait lors de l'Occupation ? Eh bien, il est impossible de répondre. Mais je veux croire que, même prescient de la suite, sans opportunisme, sachant donc fort bien que le gaullisme virera à ce dont il accoucha (des affairistes avides, principalement, des « socialistes » amis de la finance), j'aurais davantage toléré l'Enthoven du moment. C'est tristouille, je sais. Mais à défaut de rigoler, on trouve peut-être toujours le moyen de sourire... de soi-même. 

     
  





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