dimanche 24 février 2019

Novembre 1932, Roger Vailland au Portugal


Sur les traces de Roger Vailland à… Azunamento

C’est une chose de lire des articles de presse d’un grand reporter (et par la suite écrivain) dans un recueil les réunissant, une autre de les consulter tels quels… Ceux de Vailland à Lisbonne pour Paris-Soir, en novembre 1932, réservent quelques surprises…

En novembre 1932, venant d’Espagne, Roger Vailland dicte ou envoie depuis Lisbonne quatre articles à Paris-Soir… J’ai pris plaisir à les retranscrire et en monter les visuels dans un fichier PDF que vous trouverez en ligne… Mais ils m’ont ménagé des interrogations…
         Je suis quasiment certain de pouvoir retrouver le terme technique désignant le pataques produit sur Linotype de la ligne qui suit :
« je me suis aperçu qu’on est davantage au courant, à Lisbonne, des mouvements littéraires ou artistiques français les p_sulerdcésdréd_nééyssrn_j_sdrétu_sdr (sic)
plus récents qu’on ne l’est à Lille ou à Bordeaux. » (voir le commentaire ci-dessous).
         J’ai eu beau me creuser la cervelle, imaginer qu’il s’agissait des plus… je ne saurais dire (marquants ?), mais ce n’est pas si important. Glissons, comme les doigts sur un clavier de Linotype qu’il suffit d’effleurer pour composer.
         En revanche, la mention de la localité d’Azunamento, cité andalouse, m’a causé quelques soucis – qui perdurent – et remémoré un épisode des plus ardus.
         La translittération, dont Serge Aslanoff est l’un des plus éminents spécialistes pour la langue russe, peut dérouter les traducteurs. J’avais dû traduire vers le français, pour Patek Philippe Magazine, un article de je ne sais plus quel auteur levantin, transcrit en anglais par une ou un collègue… Il traitait de la ligne de chemin de fer – confiée aux soins d’ingénieurs allemands – partant de la Turquie pour rejoindre Bagdad en Irak (la Bagdadbahn de 1903 et années suivantes) puis le Koweït. Je butais sur la mention d’une gare dans une localité d’Anatolie dont le nom me laissa perplexe… La littérature sur le sujet (thèses de géopolitique, de polémologie, &c., documents sur le génocide arménien, guides touristiques d’époque impossibles à retrouver) est abondante mais nulle carte du tracé exact de la ligne, rien permettant de retrouver le toponyme actuel… Finalement, depuis son université de Tel-Aviv, le fils de Serge Aslanoff me confirma mon hasardeuse intuition… Il s’agissait de l’ancienne appellation arménienne, fort mal translittérée (voire affublée d’une coquille).
         La, j’ai bien cherché, je n’ai pas retrouvé Azunamento (si ce n’est, en tant que nom commun, dans un document officiel brésilien mal numérisé). Aucune ville frontalière du Portugal, aucune ciudad comportant des minaretes et mezquitas et desservie par un bac dans la provincia de Huelva (qui compte, de Aroche à San Silvestre de Guzman, 11 localités frontalières, dont aucune n’aurait eu pour nom antérieur quelque chose d’approchant).
         En revanche l’avocat Manuel Paula Ventura a bel et bien existé ; il avait porté secours à des personnes ayant (mal) fabriqué des bombes, et il fut contraint de fuir en Espagne – avec son épouse, Francisca Alves – où il mourut, à Huelva, comme le rapporta ABC dans son édition du dimanche 4 août 1935, soit moins de trois ans après sa rencontre avec Roger Vailland. Une rue d’Olhão  (Portugal) porte son nom. Mais Huelva est assez distante d’Ayamonte, ville frontalière…
J’en suis à me demander si Vailland, ayant vu une large inscription Ayutamiento au fronton de la mairie de la ville en question, ne se serait pas mélangé les pinceaux, comme on dit… Il se peut que Vailland ait emprunté la partie andalouse de la ruta de al-Mutamid, mais Huelva (qui ne compta qu’une mosquée transformée en église) ne peut être cette Azunamento (« ville blanche et hérissée de minarets comme une cité maure »). Jusqu’à mieux informé (et toute suggestion est bienvenue), le mystère reste entier…

2 commentaires:

  1. Comme me l'a fort justement remémoré un abonné de la Liste typographique francophone, il s'agit d'un « mastic »

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    1. Et j'ajoute aux citations de http://www.cnrtl.fr/lexicographie/mastic signalées, celle de Duhamel, dans le Grand Robert (qui se rapporte à la composition froide) : " Distribuer des caractères en ordre, ce n'est pas fort drôle, mais débrouiller le mastic, c'est désagréable et c'est lent. ". Le terme fut repris pour la composition chaude (Monotype, Linotype...).

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