lundi 8 juillet 2019

Les trois soulèvements de Denis Guénoun

Trois soulèvements : après ceux de Denis Guénoun, celui de Patrick Corneau

Il sera question ci-dessous beaucoup moins du livre de Denis Guénoun (Labor & Fides éds), Trois soulèvements, que d'autres choses, et en particulier de la présentation de cet essai par Patrick Corneau...
Procrastiner, c'est mon dada. Auquel je peux m'adonner d'autant plus aisément, et intensément, que je ne m'intéresse plus sérieusement à rien. Plaisamment, c'est tout autre... Et là, toutes affaires cessantes, je m'élance, vite et mal, pour rédiger ce qui suivra, à propos de la chronique d'un certain Patrick Corneau, titrée sobrement, en réunissant les titre et sous-titre du livre de Denis Guénoun : « Trois soulèvements — judaïsme, marxisme, et la table mystique ». Parce qu'épaté...
  Je me suis intéressé à Denis Guénoun à la suite d'un hasard pas si fortuit qu'il pourrait y paraître, ou tout à fait si l'on s'en tient à la définition de la fortuité (vu qu'en général, je ne cherche rien, j'attends que cela advienne...). J'aurais sans doute fini par oublier Denis Guénoun, certes pas durablement, mais rien ne me pressait de lire son Trois soulèvements.
  J'eus en mains ce compact essai de 140 pages en petit format — réparti en trois « actes » (apostoliques ? assurément peu romains) de huit à dix « scènes » chaque — pratiquement lors de sa sortie (avril ? mai dernier ?), le laissant en d'autres, de fort bonnes, assuré de le retrouver en temps utile. Lequel n'est pas venu, quoique il pourrait surgir plus tôt que prévu, soit que je n'attende pas qu'il me soit prêté...
  J'ai d'abord « rencontré » Denis Guénoun, homme de théâtre, surtout en sa dimension d'ex-directeur de La Comédie de Reims (un Centre dramatique national), en quelques dizaines de pages de la thèse d'Annette Gardet sur la dite (elle couvre le théâtre de la décentralisation à Reims et alentours jusqu'en 2002). Puis par deux-trois fois, en « visu » et correspondance. Très, très forte impression : un homme, un personnage, un érudit, &c., d'une rare bienveillance, d'une forte capacité d'écoute et de dialogue (pour un auteur dramatique, cela peut paraître une évidence, mais j'en ai connu d'autres... ). Et si j'en crois Patrick Corneau, son monologue (son ouvrage), serait d'une large portée conversationnelle (anglicisme).
  Mais Denis Guénoun « se » rappela à moi, encore par l'entremise d'Annette Gardet qui l'a invité à une rencontre à la Médiathèque de Reims, le 5 octobre prochain, en fin d'après-midi... Laquelle me glissa : « tu vas quand même me faire quelques lignes sur ton blogue-notes ». Oui, bon, pas le feu, et je lui conseillai d'ailleurs de ne pas se précipiter à balancer des communiqués de presse, sauf en fonction de la périodicité des publications (pour certains mensuels, mieux vaut s'y prendre deux mois à l'avance). Eh bien, j'y reviendrai, vers tout début octobre. Revenir sur le livre, l'ayant lu ? Le trac me saisit....
  Car j'ai lu ce qu'en écrivit Patrick Corneau, dit « Le lorgnon mélancolique ». Et franchement, quand tout semble dit, et avec quel talent, autant parler d'autre chose, de plus accessible (au pif, le livre de Galla Ackerman, Le Régiment mortel – La guerre sacrée de Poutine, Premier parallèle éd.). Sacré Poutine, sacrée Grande Russie... Et peut-être qu'il se pourrait qu'un rapprochement, un vague apparentement, m'autoriserait à évoquer le long soulèvement monarcho-soviétique en me référant à la trilogie (sans doute pas antitrinitaire, ou alors mode anglican) de Guénoun. Lequel, comme le cite Corneau, a opté, sur un mode « qui pourrait mériter, si l'on parvenait à le dépouiller de toute bimbeloterie religieuse, le somptueux terme de conversion ».
  Je savais, m'étant documenté, Denis Guénoun de culture mixte : israélite séfarade par son grand-père (ou autre aïeul ?) rabbin, farouchement laïque par son père, genre hussard noir athée et militant communiste. J'ignorais qu'il était passé des philosophes allemands (et autres) au marxisme, et en reste probablement intellectuellement proche. Autant dire que l'ouvrage peut être placé dans la bibliothèque d'un libre-penseur, en tous sens de l'appellation.
  Lire « ce » Corneau, soit dit en passant, donne envie de prendre davantage connaissance de textes (et romans, récits) de cet autre auteur. 
  Les deux ont en partage une attention rigoureuse à la signification des mots, aux étymons, sens dérivés... Qui est patente ou non (pas trop fortement marquée dans ce « Jean Grenier et la Bretagne – Le perpétuel et son bruit de source », d'abord — d'un abord — moins ardu que d'autres). Assurément une vaste connaissance des philosophes. Et c'est d'ailleurs pourquoi j'avais buté sur ce « sans éclectisme » de la quatrième de couverture des Trois soulèvements.
  Au fait, j'allais idiotement oublier. Denis Guénoun alimente un site personnel : denisguenoun.org. Sur lequel je vois que sa pièce, X ou le petit mystère de la passion, reparaît avec une nouvelle préface « post-soulèvement(s) », et c'est là : « Préface (2019) ». La dédicace de la pièce est sans doute l'originale (« Il y a deux athéismes, dont l'un est la purification de la notion de Dieu. » — Simone Weil ; à mon sens, il doit s'agir de l'aînée, en date, de l'autre).
  Ce que je pressentais de ce livre, et ce sans avoir lu Courneau, j'imagine que j'aurais pu me le formuler en soliloque, c'est que la partie proprement autobiographique est réduite à l'essentiel en rapport avec le propos, le dessein (la table des matières, actes et scènes, est consultable en ligne), et sa morale, au sens des fabulistes, serait peut-être : sois au moins charitable avec toi-même, et accorde-toi l'espérance. En « précisément ce monde-ci » (ou celui d'à côté, là, du proche, des autres, ou du lointain) et non en un incertain « autre », du-delà (un monde qu'Andréas Dettwiler, s'adressant à Matthieu Mégevand, un Suisse comme Chessex – et zut, voilà que ma non mono-maniaquerie me reprendrait ? — vaillandement ?  sait évoquer « en un langage proche des gens »).
  Ce que je m'imagine, en visionnaire de comptoir, comme Jean-Marie Gourio, c'est qu'alors qu'ici j'écris pour moi (un peu pour d'autres quand même, celles et ceux décryptant, et surtout sachant poursuivre, voulant savoir qui sont ces Dettwiler et Mégevand...), Denis Guénoun écrit pour tu, elle, il, nous, vous, elles, ils (même s'il s'agit de la col. « Lignes intérieures »). Retour à Reims (Didier Eribon) : tous les chemins mènent à la ville des sacres, pourquoi pas pour le 5 octobre, au rendez-vous (16 h), de la Médiathèque ? Casé deux fois : j'ai bon ?
 J'ai eu la curiosité d'aller voir quelle était cette maison, genevoise, Labor & Fidès. En vedette, l'Olivier Abel, Le Vertige de l'Europe. Genève, ville sale ; les Suisses, « au mœurs sauvages » : « un Kirghize dans sa yourte vit plus proprement qu'ici » (Dostoïevski). A y-est : l'apparentement — tiré par les cheveux — est fait (voir supra). Fiodor haïssait les Européens. Guénoun vous dit : en vérité, en vérité, va... et ne te haïs point. Le chemin n'est pas si long, et Trois soulèvements est sans doute un raccourci à emprunter. Direction Reims, 5 octobre, Médiathèque (16 heures). Par trois fois (Matthieu, 16, 19 ; ou à proximité). Élève fantasque mais de bonne volonté, appliqué à l'occasion, pourra mieux faire (Annette est prof'). Après avoir lu Trois soulèvements

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