mardi 23 février 2021

Aurore Bergé et Médine : taisez-vous les El Kabbach

Une ch’tite rétractation devrait suffire…

Allons bon. D’accord, au fond, on s’en balance, ce sont des pipeules qui se renvoient l’ascenseur (aussi dans la figure). Il paraît que Médine serait un rappeur islamiste et qu’Aurore Bergé serait… Comme j’ignore tout des deux, je reste circonspect.


Mais puisque les deux veulent se chamailler et faire couler de l’encre, je vais tenter de satisfaire leurs égos respectifs. Je ne sais si le rappeur se nomme Jean-Bernard Martin (en fait, non, ce serait Médine Zaouiche). C’est donc son vrai prénom et mon argument voulant que se donner Médine pour nom de scène, hein, suivez mon regard. Ne fais pas son Zemmour qui veut. Affreux, affreux, ce Résistant et déporté, José Epita, qui choisit venu d’Espagne en France, se faire nommer Mbomo. Il était Hispano-Guinéen, il finit français (à très juste titre décoré, et le quotidien El Pais lui rend un hommage appuyé, ô combien justifié). Allez voir, c'est un peu plus intéressant que ce qui va suivre.

Dame Aurore Bergé, passée de Juppé puis à Fillon puis à Macron (comme d’autres passèrent d’une gauche à une autre, plus rémunératrice), aurait donc qualifié le sieur Médine de « rappeur islamiste ». Il réfute grave, il n’a toujours fait qu’employer le second degré (comme Coluche, Bedos, Renaud, Brassens, Sardou, et j’en passe). Sans trop se demander quand même si tout son public était accessible au distinguo.

Mais glissons. Admettons qu’il puisse s’agir d’un malentendu. Il porte plainte dans l’attente d’une condamnation et « d’excuses publiques ». Une simple rétractation, un mot de Bergé admettant qu’elle se serait possiblement gourée, abusée par des apparences, ne suffirait-elle pas ?

Oui mais, voilà, ne pas être accessible au second degré, quand on est diplômée, cela ne le fait pas.

Au lieu d’encombrer les tribunaux, un bon duel à l’ancienne, non ? En s’arrangeant pour ne pas trop blessé·e et s’arrêter au premier sang ?

Je vous posâtes la question ?

Car ne serait-il point tant de faire savoir que ces éraflures d’égos laissent les gens froids. Que cela ne les portera pas plus à lire un livre d’Aurore Bergé que d’écouter un titre de Médine (je n’écoute ni la radio ni ne regarde la télé, et retraités impécunieux ou SDF, nous commençons à faire masse).

En revanche, greffes et parquets sont débordés, et kicé ki paye, hein ?

Même plus imposables, la TVA nous rattrape.

Il faudrait enfin dire que si on veut rabaisser le débat, nous pourrions être plusieurs. Est-ce d’ailleurs un débat ou de la réclame ?

Aurore Bergé est une Francilienne, mais question querelle de Normands, elle s’y entend. Comprendra qui voudra. Vice versa, semble-t-il.

Laïcard assumé, je ne sais ce que Médine a pu dire à l’École nationale supérieure. Bien, s’il s’agit d’un bondieusard, pourquoi pas ? On en prend, on en laisse. Là, autant laisser, cela ne vaut guère mieux.

À un moment, George Marchais remettait El Kabbach à sa place. On rigolait, même si on n’appréciait guère Marchais. El Kabbach, qui ne m’était pas trop sympathique, avait eu la décence de ne pas porter plainte. J’imagine bien d’ailleurs que Maurice Clavel avait monté son coup (« Messieurs les censeurs, bonsoir ! ») avec la complicité des dits présumés censeurs. Histoire de rigoler après en coulisses, de conserve. Là, la conserve, avant même d’être ouverte, semble avoir dépassé sa date de validité. C’est déjà du réchauffé, du convenu, de la poudre à gogos. En fait, du mercantilisme.

Sur France Culture, lors de la polémique sur le concert de Médine au Bataclan, c’était fort bien résumé : « on connaît désormais la recette de l’appeau à troll… ».

Médine arborait une belle barbe pour faire vendre ses disques, il la rasera peut-être pour comparaître à la barre. Un conseil à Aurore Bergé : comparaître en femme à barbe.

La « fausse neige » de Bill Gates recouvre le Texas

 Reviens Pierre Bellemare reviens, les É.U. ont besoin de toi.

Incroyable mais… vrai ! C’est ainsi que s’exclamait l’animateur Pierre Bellemare (1929-2018) dont le titre de l’émission « Vous êtes formidables » s’appliquerait bien aux Texanes et Texans accusant Bill Gates d’ensevelir leur État sous de la fausse neige.


C’est un vrai drame que subit le Texas, mais des malines et des malins ont débusqué les fautifs : l’administration Biden et Bill Gates. La neige n’est pas de la neige, d’ailleurs, elle ne fond pas. C’est donc un complot pour accréditer les fausses menaces liées au réchauffement climatique, complot d’extrême-gauche maintes fois dénoncé.

Cela a commencé avec le sénateur républicain Ted Cruz qui a soutenu que le désastre était dû au fait que le quart de l'électricité de l'État provenait de l'énergie éolienne, thème largement repris ensuite… Les éoliennes se figent par très grand froid, n’allez pas chercher plus loin.

En fait, les dirigeants de cet État républicain sont massivement financés par les industries exploitant les énergies fossiles qui ont fait la pluie et le beau temps de fort longue date. Toutes les recommandations fédérales ont été ignorées, le Texas, comme d’ailleurs tout autre État, n’a que faire, selon les républicains, de l’intervention et des régulations de Washington.

Et voici maintenant la Snowgate, propagées sur les réseaux sociaux, vidéos à l’appui. Ce n’est pas tout à fait nouveau, l’argument avait été aussi employé en Géorgie, en 2014. Des scientifiques s’étaient déjà évertués en vain à expliciter certains phénomènes. C’est de Géorgie qu’est issue Marjorie Taylor Greene, l’élue républicaine proche du mouvement QAnon et fervente propagandiste de Trump.

Déjà que Bill Gates implante des puces électroniques dans des doses de vaccins, voici qu’il lui est imputé d’avoir créé de la fausse neige. Elle est en tout cas très bien imitée.

Intuile d’opposer des arguments rationnels, quand on voit croire, la foi l’emporte toujours. Not normal, Goofy snow. Nul besoin non plus de révéler en quels matériaux synthétiques Bill Gates et sa famille, dans son garage sans doute, a pu en produire tant de tonnes.

En fait, le Printemps serait déjà là si Donald Trump n’avait pas été évincé, c’est l’évidence même.

Mais la preuve ultime de la réalité de cette fausse neige, c’est que si les médias ultra-conservateurs ne répercutent pas, ceux des élites s’emploient à contredire la rumeur. La boucle est bouclée.

Il n’y a pas de fumée sans feu, ni de neige (véritable ou fausse) sans froid.

Ce qui est vrai, si cela vous amuse, avec du bicarbonate de soude et un gel pour les cheveux, en malaxant bien, vous pouvez imiter de la neige.

Vrai aussi, une station de ski de l’Arizona va utiliser des eaux résiduelles pour fabriquer de la neige artificielle (là, pas besoin de bicarbonate, c'est plus complexe). Du coup, les Hopis du comté de Flagstaff protestent que l’eau employée n’est pas assez bien traitée.

Auparavant, mais c’est toujours d’actualité pour certains, il fut répandu que les traînées de condensation des avions de ligne dispersaient des produits chimiques (élucubration dite des chemtrails). Le député des Hautes-Alpes Joël Giraud s’en était fait l’écho en 2013.

Bon, tant que les poules texanes ayant survécu à la fausse neige n’auront pas de dents qui pousseront, réserver son opinion. Surtout sur les forums où, c’est sûr, indiquer qu’au Texas, de nombreuses personnes parviennent à faire fondre la neige pour dégager leurs toilettes (faute de rétablissement des canalisations), revient à diffuser de fausses nouvelles. Je me souviens avec une pointe de Nostalgie des « Guignols de l'info » qui en appelaient à Jean-Pierre Papin (« Reviens, JPP reviens, parce que la France, elle a besoin de toi ! ». Là, hélas, Pierre Bellemare n'est plus alors que les États-Unis en auraient bien besoin.


lundi 22 février 2021

Donald Trump dénonce les « fascistes » démocrates

Le Donnie nous manquait, on n’est pas déçus

Donald Trump, qui a remporté sa réélection, selon ses dires, réagit à un jugement de la Cour suprême (moins à sa botte qu’il l’aurait espéré). Et il dénonce le fascisme judiciaire des démocrates.


Or donc, la Cour suprême autorise une cour de l’État de New York à consulter les documents fiscaux du sieur Trump Donald. Mais non pas à les rendre publics, ce sera pour les seuls yeux des magistrats.

Sur le réseau Gab, un certain Trump a divulgué un communiqué de l’Office de Donald J. Trump s’élevant contre la continue persécution politique de l’intéressé. Lequel a été reconnu totalement innocent après deux tentatives abusives de le faire destituer. Et voit maintenant la Cour suprême le livrer abusivement aux mains de l’un de ses ennemis personnels, le gouverneur démocrate Andrew Cuomo. Ce alors que presque 75 millions d’électeurs lui ont fait gagner sa réélection.

C’est un détournement de la loi, comme dans les pays du Tiers-Monde, « c’est du fascisme, pas de la justice. ».

Mais le peuple n’est pas dupe. « Nous gagnerons ».

À un moment, je me suis demandé si ce n’était pas un faux. Mais Fox News a repris l’information. De même que Donald Jr. Lequel, sur la chaîne Rumble, avertit : « s’ils font cela à mon père, que vont-ils vous faire ? ».

C’est une vendetta politique contre vous tous, a-t-il conclu.

C’est un peu comme Poutine et les Tchéchènes en 1999, qu’il voulait aller buter jusque dans les feuillées avant d’installer un dictateur à sa botte. Les démocrates vont traquer tous leurs opposants. Seul recours : la famille Trump.

Laquelle commence à perdre de l’argent. Le joaillier Tiffany vient de résilier son bail. Il portait sur cinq étages de la Trump Tower de New York.

Politiquement, en revanche, elle marque des points, le sénateur Dallas Heard, un ultra-trumpiste, vient de prendre la présidence du parti républicain dans l’Oregon.

Trump Sr sera l’invité-vedette de la convention de la Conservative Political Action, une organisation qui lui est acquise. 

dimanche 21 février 2021

Vrai-faux ou faux-vrai islamogauchisme ?

 Culture woke ou folk culture

Cela gratouille ou cela chatouille ? C’est l’érysipèle du moment (les cruciverbistes se souviendront de l’allusion). Toujours est-il que je m’interroge, vous aussi ?


La culture woke pourquoi pas ? Sauf que, pour sortir du bois, et vous informer à quel point, devenu vieillard, j’ai tourné réac (long chemin depuis que les gauchistes me classaient dans les « anarcho-éthyliques », car peu séduit par les lénino-staliniens et n’accordant des circonstances atténuantes qu’à ceux de VLR, Vive la Révolution, un tant soit peu festifs et rigolards). Peut-être aussi parce que, ayant vendu l' International Times, à Londres, à la criée pour croûter (mal), je trouvais que l’organe de VLR, Tout, était moins convenu que d’autres.

Mais je dois avoir tourné réac. Puisque j’emprunte le passage qui suit à Christophe de Voogd qui s’est commis dans Atlantico (peu classé à gauche).

« Pour prendre le seul domaine de ma compétence, l’histoire, on ne peut que se féliciter que la recherche ait découvert de continents entiers, laissés dans l’ombre quand j’étais étudiant : condition féminine, histoire de l’homosexualité, évolution du partage masculin/féminin, étude de l’esclavage, force et persistance des clichés de genre et de race, etc. ».

Je suis redevenu étudiant à un âge avancé, et de fait, faute de découvrir, j’ai un peu approfondi, notamment en ce que l’on dénommait encore les études féministes. Lesquelles, en 1969, année de mon baccalauréat, brillaient par leur absence. Autant dire que je suis peu porté à justifier la censure.

Mais quand je me dis qu’un auteur que j’apprécie, Eric Blair, dit George Orwell, pourrait passer à la trappe parce que masculin et caucasien, de plus fils d’un colonialiste et ancien flic, j’éprouve comme des démangeaisons.

Ce qui fait, qu’à la fois réac et couard, j’ai comme une envie de renvoyer thuriféraires et détracteurs de la ministre Frédérique Vidal dos à dos, les unes et les autres me semblant plus soucieux de se mettre en valeur qu’animés de bonnes intentions. C’est vil, j’admets. C’est petit, d’accord, mais je ne suis pas grand’ chose non plus.

Frédérique Vidal a démenti vouloir se présenter aux régionales en Paca, fief de l’ex-FN Thiery Mariani, fervent soutien des identitaires. Encore un fils d’immigrés (italiens), époux d’une immigrée (russe ou quelque chose d’approchant), qui vient nous la jouer plus patriote que moi, c’est impossible. Autant dire que je préférais Bernard Stasi, français naturalisé, progressiste à ses heures, laïque convaincu, surnommé un temps Stasibaou (allusion au dirigeant kanak), et tête de Turc de Jean-Marie Le Pen, à un Mariani. Qu’à cela ne tienne, j’aggrave mon cas.

Si, effectivement, Frédérique Vidal a brandi l’islamogauchisme pour faire comme Alliot-Marie avec l’affaire de Tarnac, elle va dans le mur. Elle pourrait brandir les symboles de la LVF, se fa         ire tatouer une croix gammée sur le front, que cela ne suffirait jamais.

François Hollande a joué ce type de trompe l’œil avec Manuel Valls, qui se posait en ministre à poigne, une partie de l’opinion préférera toujours l’original (Marion Maréchal plus que Marine Le Pen) à l’ersatz.

On peut cependant se rassurer, bien avant que l’islamogauchisme gagne l’université, les vieux penchants (privilégier, la famille, les copains, qui peut renvoyer l’ascenseur, favoriser une carrière) prédomineront encore longtemps. Entre le bien penser et le bien rapporter (que ce soit en numéraire ou en notoriété monnayable), c’est presque toujours le second qui l’emporte.

Et puis, on comprend bien que ce n’est pas la girouette qui tourne, mais le vent –(Edgar Faure) ? Je ne sais si Alain Morvan peut estimer à raison ou tort que Banquer fut ou non pro-communautariste. Toujours est-il que l’entretien d’Alain Morvan avec Bruno Rieth, de Marianne, est quelque peu troublant. Plus cela va, plus j’ai l’impression de vivre dans les États-Unis de Trump. Une consolation : la fin approche, celle de tirer sa révérence.

samedi 20 février 2021

De Michèle Alliot-Marie à Frédérique Vidal, mêmes dérives ?

 Islamogauchisme et affaire de Tarnac

Faire de Frérique Vidal une autre Luc Ferry me semble, au pif, au doigt levé, un poil outrancier. À tort ou raison ? Je peux me gourer, évidemment.


J’avais relevé, dans un précédent billet, que lorsqu’il fut, et reste, question d’inceste, plus personne ne semble s’être souvenu des frères de Villiers. Mais je ne vais pas en déduire, hâtivement, à l’emporte-pièce, que c’est un effet du backlash, que l’universitaire Anne Larue dénonçait en pointant du doigt Luc Ferry.

Je rapproche effectivement les sorties de la ministre Frédérique Vidal sur l’islamogauchiste de celles de l’ex-ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie à propos de l’affaire de Tarnac (Coupat & co.). En revanche, il y a comme une différence entre lâcher le CNRS, donc aussi l’École des Hautes études en sciences sociales, qui emploiera des méthodes universitaires et une déontologie qui lui sont propres et pousser la police à ficeler une affaire bancale.

Encore que, ne connaissant ni l’une, ni l’autre, je puisse me fourvoyer, n’avoir rien compris aux deux films. Ce ne sont que des impressions, du subodoré confus.

Ah oui, mais voilà que 600 grands esprits, don la sociologue Dominique Méda, à laquelle je trouve une « bonne bouille » (rien de désobligeant ; des gens ont une tête plus sympathique que d’autres), et dont les travaux me semblent intéressants, demandent grave la démission de la ministre.

Nous serions en passe de subir l’action d’une police de la pensée équivalente à celle ayant illustré le trumpisme, la Hongrie, le Brésil ou la Pologne car seraient visées « les études postcoloniales et décoloniales (…) les études de genre et l’intersectionnalité ».

Cela m’évoque surtout les formulations d’une certaine culture woke, si bien mises à profit par l’extrême-droite nord-américaine. Dans ce sens que chacun s’emploie à crier plus fort de l’autre, et à dénoncer, stigmatiser, de manière vétilleuse.

Cela devient, de part et d’autre, victimisation contre victimisation, tout le monde serait totalement opprimé par l’autre, celle ou celui présumé d’en face. Chacun en rajoutant ad nauseam.

Je ne suis pas antisioniste (le sionisme fut aussi une assez belle idée émancipatrice par maints aspects), mais je n’approuve guère (litote) la politique droitière israélienne. Serais-je islamogauchiste ? Oui, automatiquement, la moindre critique, ou simple distance, vous voue à présent aux gémonies, fait de vous un cannibalo-pédophilo-stalinien. Et inversement.

Je ne vais pas poursuivre dans cette veine. Je n’ai aucun livre à vendre, je n’appelle pas à des dons, je me place au niveau d’un quidam appréciant les brèves de comptoir d’un Jean-Marie Gourio. Bref, deux fois bac+5, je trahis la cause. Je devrais m’élever dans les hautes sphères de la pensée et faire honneur à mon vernis universitaire.

Le bas peuple, le commun, en vient surtout à penser que tous ces gens ont surtout envie de se faire mousser. Attention, l’anti-intellectualisme m’est étranger. Au contraire, même les intellos dont les idées n’ont pas mon assentiment instinctif, immédiat, m’apportent du grain à moudre, matière à penser (enfin, vaguement, confusément, en gribouille). Je me tiens documenté.

Mais mon infime notoriété restant loin derrière moi, je l’ouvre encore, sans le moins du monde m’illusionner. Je fus petitement, minusculement, c’est révolu.

J’ai déjà remarqué que l’islamogauchisme n’a pas fait repousser les murs des mosquées, et que, oui, religiophobe (sans haine pour les très braves gens qu’un idéal de fraternité et sororité inspire), je suis bien évidemment islamophobe (entre autres). Assez pourtant conscient que, de toute façon, quand des gens veulent s’expliquer l’évolution du monde manière simpliste, ils finiront par trouver autre chose. Et que je préfère rester un béotien, un simple d’esprit (non pas au sens su Nouveau Testament), qu’un affabulateur. Ma réaction à la tribune publiée par Le Monde, n’a pas d’autre visée que de rappeler que de flatuler au-dessus du coccyx peut vous assimiler au pétomane. Que Roland the Farter qui précéda Joseph Pujol, vous inspire une approche plus mesurée de cette tempête dans un verre d’eau.

vendredi 19 février 2021

Borat, loin de n’être qu’un amuseur loufoque

 Baron Cohen, merci !

Dans un très long entretien avec Sacha Baron Cohen (Borat, &c.), Catherine Shoard met en relief, pour The Guardian, les convictions activistes de l’acteur. Auquel son engagement contre Trump (avec Borat Subsequent Moviefilm) l’a exposé à risquer son intégrité physique. Ni le film, ni l’acteur, ne sont anodins.


Non seulement il me semble inutile et barbant de rabâcher ce qui est présumé connu (la teneur du film Borat Subsequent), mais je répugne aussi à pomper le travail des autres (à savoir celui de Catherine Shoard). Je fais exception cette fois pour deux raisons. D’une part, cet entretien finira bien par être exploité par la recherche en sciences sociales (donc, je prends juste une légère avance), et d’autre part, je trouve utile de répercuter la mise en garde de Baron Cohen.

S’il m’avait bien effleuré que Cohen n’est pas tout à fait un patronyme scandinave ou aborigène austral, la judaïté (au sens de sentiment d’appartenance à une communauté, de pensée notamment) de l’acteur m’indifférait totalement. Si le premier Borat peut faire penser à certains films de jeunesse de Woody Allen, l’idée de le cataloguer dans une veine humoristique juive ne m’a pas semblé pertinente.

Il se trouve que dans son entretien avec Catherine Shoard, Baron Cohen laisse entendre qu’il a bien pressenti les correspondances entre le trumpisme et l’essor du nazisme en Allemagne dans les années 1930, et qu’il a bien ressenti l’urgence et la nécessité de le manifester.

Ce Borat Subsequent, pour résumer, est davantage un documentaire en immersion dans les rangs trumpistes et complotistes qu’une comédie foldingue. Il n’est pas tout à fait outrancier d’estimer que l’acteur a pris des risques similaires de ceux encourus par le journaliste Daniel Pearl au Pakistan. En ce sens que si ses impostures avaient été percées, je crains que les bon chrétiens trumpistes se seraient déchaînés, car l’effet de foule porte à l’extrême, surtout lorsque la foule est lourdement armée et sûre de la pureté morale de ses détestables convictions.

Je partage avec Baron Cohen l’appréhension que le trumpisme puisse déborder, voire déferler sur l’Europe. C’est déjà le cas et les propos de Marjorie Taylor Greene, applaudie par des élus républicains après avoir évoqué George Soros et la famille Rothschild trouvent déjà un large écho en Europe.

Sacha Baron relève à juste titre que « Trump a recueilli dix millions de votes de plus qu’en 2016 » et que cela peut représenter un grave danger.

Sacha Baron est fortement impliqué dans la coalition Stop Hate for Profit qui vise à ce que les réseaux sociaux cessent de répercuter des messages complotistes et des appels à la violence.

À fort juste titre, l’acteur relève aussi que « les gens croyant à des conspirations ne sont pas nécessairement de mauvaises personnes. Le problème avec les réseaux sociaux est qu’il est impossible de distinguer les faits de la fiction. Si vous aviez cru en 2016 que Trump appartenait à une secte cannibale pédophile (…) je crois que de très nombreux libéraux et démocrates (…) auraient marché sur le Capitole. ».

En parallèle du trumpisme, la propagande suprématiste s’est accrue et répandue à travers tous les États fédéraux. L’un des groupes les plus actifs est le Front patriotique (Patriot Front), dont les porte-parole sont certes poursuivis mais restent introuvables, mais s’expriment toujours sur des réseaux de moindre ampleur que les plus connus. Il se trouve toujours des fournisseurs d’accès comme DLive (depuis liquidé), ou Trovo, BitChute, Entropy. Ils en appellent à des dons en bitcoins. De manière plus policée, des sites comme Revolver News ou Summit News répercutent leurs allégations ou thèmes de prédilection. L’un de ces thèmes est que l’Amérique Maga de Trump devient peu à peu une Weimerica (néologisme inspiré de la République de Weimar), avec les démocrates et la gauche remplaçant les nazis et instaurant une police politique de la pensée.

On veut croire que, Trump défait, une page est tournée. Ce n’est pas le sentiment de Baron Cohen et l’actualité semble lui donner raison : Trump place ses pions dans tous les États.

Cela étant, les meilleurs arguments alimentant le discours d’extrême-droite sont aussi fournis par le camp d’en face. Un groupe bien intentionné de professeurs veut ainsi rendre les maths mieux accessibles aux élèves d’origines ou couleurs de peaux diverses, fort bien. Bien des élèves All American (blancs de parents tous deux blancs, patriotes, évangélistes, &c.) pourraient sans doute en bénéficier aussi. On peut comprendre que présenter ce programme pédagogique en tant que méthode de faire reculer le racisme puisse motiver des profs. Bien, j’ai connu des matheux qui étaient aussi de fort bons littéraires et je m’en voudrais de développer un discours anti-matheux (quoique… parfois, j’admets non pas nourrir, mais me laisser aller à quelques préjugés déplacés, ce doit être de l’humour breton un peu c**…). En revanche, il paraît que la Fondation Bill Gates finance l’initiative (parmi tant d’autres). J’en veux assez fort à Bill Gates en raison des écrans bleus obligeant à réinitialiser en boucle. Pas au point d’en faire un stalino-fasciste. Ce qui serait financièrement plus rémunérateur. Eh Bill, « t’aurais pas cent balles » ? Ce n’est pas le propos, je veux juste exposer qu’en Salman Rushdie ou Baron Cohen, je crois reconnaître des gens ayant du cran. Baron Cohen personnage inspirant Tom Corraghessan Boyle ? J’aimerais retrouver une autre route vers une autre Road to Wellville, différente, mais je crains qu’on n’en trouve pas le chemin. De sitôt, en tout cas.

jeudi 18 février 2021

Mélenchon contre Ayaan Hirsi Ali

 Le choix de Mélenchon, l’islamisme électoral

Ce n’est pas Macron et Vidal que Jean-Luc Mélenchon accuse, c’est Ayaan Hirsi Ali et toutes les musulmanes ou musulmans apostats. Par calcul électoral ?


C’est un illusionniste illusionné, le Méluche… Je n’ai rien de personnel contre lui et je ne catalogue pas toute la France Insoumise mélanchonniste (quoi qu’il puisse en penser). Par ailleurs, l’appellation « islamo-gauchiste » me défrise. Cela reste pour moi un phénomène somme toute marginal, et les conversions des gauchistes (en particulier féministes) à l’islam ne me semblent pas gonfler et repousser les murs des mosquées. Mais bon, il faut prendre un tribun-bateleur pour ce qu’il est.

Il n’y a aucune « honte » à suggérer au CNRS de tirer au clair la réalité ou la non-existence d’un islamo-gauchiste (souvenons-nous de l'ultra-gauche de Coupat). Il y a sans doute une volonté de conforter En Marche face à une droite encore plus droitière, pré-trumpiste en quelque sorte.

Mais je ne vois pas la ministre de l’Enseignement supérieur, qui ne suscite chez moi ni antipathie ni sympathie (nous ne nous connaissons pas), s’imaginer instrumenter, au-delà du CNRS, la communauté (disparate, voire clivée) universitaire. Cette communauté n’est ni toute à droite, ni toute à gauche. Elle compte aussi des réacs indurés. Luc Ferry en reste.

Mais en fait, qui incarne « une police politique de la pensée » si ce n’est le Méluche ? Qui ne met guère « un point d’honneur à l’ouverture, à l’attention critique », selon ses termes, si ce n’est lui ?

Qu’il soit bien clair que je ne prêche pas pour une formation politique ou une autre, j’ai la mienne en propre, étant maréchal-præsident du Prout (Parti de rien, revenu de tout). Lequel, faute de programme, et fort d’une troupe en nombre inférieur à celle de Dupont-Gnangnan, ne la ramène pas. Pour vivre politiquement heureux, vivons oubliés.

Ce n’est donc pas ès qualités de Phare de la pensée ou de Sri Aurobindo de l’astrologie bretonne (que je crée de toutes pièces à moments perdus pour me, vous faire sourire), que je poursuis ce propos.

Mais peut-être, et même assurément, parce que mes amis ou connaissances issus de cultures musulmanes diverses, et mêmes variées et contrastées, en ont leur claque de voir, entendre, et subir (pas trop, elles et ils savent faire face, et la victimisation, bof…).

Alors, indirectement, le Méluche, à qui s’en prendrait-il ? À toutes celles et ceux qui considèrent que l’islam est une religion interprétée par des gens qui veulent imposer à d’autres leur police de la pensée. Si ce n’était que cela. Mais aussi la police des comportements.

Il n’est pas seul. Il y a aussi le New York Times, pour qui Ayaan Hirsi Ali est l’une des rares femme au monde à être à ce point haïe. Elle est d’origine somalienne, fut menacée de mort, et son livre Prey: Immigration, Islam and the Erosion of Women’s Rights, lui vaut encore davantage la vindicte de la bien-pensance. Dont je fais partie puisque je ne veux pas stigmatiser toutes et tous les immigrants, indépendamment de leur provenance. Elle non plus d’ailleurs.

Vous croyez vraiment que le Méluche ne s’en prend qu’au gouvernement ? Non, il s’en attaque aussi à quiconque pense qu’un islam rigoriste, qu’il soit à visées politiques ou non, est profondément pernicieux. Il conforte, et le sait fort bien, toutes celles et ceux qui veulent nous empêcher de penser autrement que ce que leur dictent leurs bondieuseries interprétées dans le sens qui leur convient.

Perpétuateurs (et perpétuatrices) de crimes « d’honneur » vous voila confortés. Vous avez trouvé votre chantre, ne l’oubliez pas au moment d’aller aux urnes.

Là, il se goure totalement, encourageant la surenchère, il trouvera plus islamo-radical que lui-même. Je n’irais pas jusqu’à soutenir qu’il voue les gens de culture musulmane dissidents de l’islam dans les bras du Front national (devenu RN), mais je ne suis pas loin de le penser. Où va-t-il ? Jusqu’à « plus vite cette femme [Ayaan Hirsi Ali] sera exécutée » ? J’en viens à me le demander.

Il n’y a pas que Trump à avoir fait voter près de 74 millions d’Étasuniens pour lui. Il y a eu aussi les Mélenchons locaux. Celles et ceux qui demandent la tête d’une Ayaan Hirsi Ali parce que d’origine somalienne et traîtresse à la cause d’un emporwerment qui les froisse. D’accord, je débloque un peu (le couvre-feu pèse), mais, avec Ayan Hirsi Ali, je crois que que conforter la « politique de l’identité », bon, la bretonne mise à part, hein !,  la cancel cuture, ou woke,  et les « identités de groupe », feront au final le jeu du trumpisme que je vois gagner la France et l’Europe. J’ai aussi, heureusement, d’autres chiens à fouetter (je ne fouette aucun chien, faut-il le préciser ? De nos jours…), et je ne vais pas vous bassiner avec mes craintes et appréhensions. Mais quand je lis le Méluche, je me dis qu’il est temps que je passe l’arme à gauche (pas à droite, comme Mélenchon).

mardi 16 février 2021

Trahir Trump, c’est trahir le Bon Dieu

Parole de Trump, parole de l’Esprit saint

Pratiquement toute la famille de l’élu républicain Adam Kinzinger (Illinois) le compare à Caïn et à un démon pour avoir voté contre Donald Trump.


Le New York Times a publié une bien étrange lettre, provenant d’une douzaine de cousins et e parents éloignés d’un membre de la chambre basse étasunienne, Adam Kinzinger. C’est un peu comme s’il était musulman et était devenu apostat. L’opprobre est total, il a osé critiquer Donald Trump.

« Tu agis contre tes principes chrétiens et rejoins l’armée du diable », rien que cela. Il faut comprendre, à défaut d’approuver, ces All American Citizens. Ils n’osent plus apparaître en public dans les comtés ruraux où ils demeurent. L’un des leurs, un parent, a trahi le Donald.

Cet élu républicain a perdu le respect des siens et de toute la bande des animateurs et bateleurs ultra-conservateurs de Fox News et d’autres médias. Il a sali le nom des Kinzinger. Tel quel. C’est un Rino. Impardonnable.

Il est donc vendu aux démocrates, donc aux socialo-communistes athées et pro-avortement. Il a déçu le Très Haut, car Trump, lui, est un bon chrétien. Il y en a deux pages comme cela.

Comme sur gab.com (réseau où les citations bibliques abondent) les rappels à la supposée divine parole ponctuent les affirmations. Pas d’émoticons, mais des exclamatifs en pagaille et des soulignements.

Il faut dire que la brebis galeuse est allée fort loin. Non seulement Trump, mais sa prêtresse, Marjorie Taylor Greene, ont eu droit à ses remontrances.

Ses parents sont donc profondément écœurés et indiquent qu’ils n’en resteront pas là. Il faut qu’il démissionne.

The Independent ayant publié l’original manuscrit (communiqué par le destinataire). On y apprend ce que les médias impies ont censuré. Trump, dans son adresse de Noël, avait indiqué le chemin du salut, et indiqué la manière de se repentir afin de renaître dans le Christ. Bien évidemment, le post scriptum précise que Trump est leur président des États-Unis (sous-entendu le seul véritable).

À ce train, post mortem, la famille Trump ferait bien de vendre des reliques (un vrai lambeau de son caleçon rapportera gros ; alors, pensez une phalange, un ongle du gros orteil ! Payables en bitcoins si possible…).

Cela pourrait faire sourire si d’autres élus républicains ne s’empressaient pas de louanger Trump et de minimiser l’assaut contre le Capitole. Ou encore si Kinzinger n’était qu’un cas isolé. Tous les élus républicains s’étant opposés à Trump sont au ban du parti dans leurs États respectifs (à l’exception de Romney dans l’Utah).

Ils sont sacrilèges, ces Rinos.

Trump a fait une sortie en voiture à proximité de Mar-a-Lago et visiblement, un petit rassemblement de trumpistes avait été prévu afin de diffuser une vidéo sur YouTube. Par ailleurs l’ancien président a fait savoir aux élus républicains qu’ils devaient se désolidariser de Mitch McConnell, devenu ringard et mollasson, rapporte The Hill. On se demandait combien de jours il attendrait pour s’en prendre à son ex-plus fidèle allié ayant osé le critiquer. Cela n’a pas trop tardé.

lundi 15 février 2021

Procès Trump : loto absolution républicaine

 Pas trop de tirage dans les rangs du GOP

On en attendait six, mais ils furent bientôt sept en arrivant au vote. Sept sénatrices ou sénateurs étasuniens ont donc estimé Donald Trump « un peu trop quand même ». Et encore, en prenant des gants.


Depuis 1932, le parti républicain n’a pas connu une seule si mauvaise passe électorale. Mais sans Trump, ce pourrait être pire. Et surtout, la dissidence va se payer. Au total, dans les deux chambres, le parti compte en tout 17 traîtres qui vont devoir affronter l’électorat trumpiste. Les tièdes ne seront sans doute pas épargnés.

Trump ne pavoise pas tout à fait car il n’a pas embauché assez d’historiens pour établir que sa non-réélection fut frauduleuse et que les démocrates ont organisé l’assaut contre le Capitole. Patience, ses séides républicains vont s’en charger. Il a simplement promis qu’on entendrait parler de lui et des siens. C’est d’ailleurs en bonne voie et les médias trumpistes ne se privent pas de donner le ton.

Il n’y a guère que les trumpistes dindons de la farce, poursuivis par le FBI à se poser quelques questions, furent-ils victimes de leur seul patriotisme ? Puisque Trump dit que ses avocats et les élus l’ayant acquitté ont « rétabli la vérité’ », il n’y a pourtant plus de doute à subsister, c’est l’absolution générale. Mais il faudra bien un jour faire le ménage et châtier les organisateurs et suiveurs de la « chasse aux sorcières » que le seul président légitime a dû endurer. Car tout ne fait que commencer.

Sur les sept ayant voté contre Tump, il n’y a que la sénatrice de l’Alaska qui compte se représenter. La base l’incite déjà à renoncer à prolonger la suite de son actuel mandat. Ben Sasse (Nebraska) a évoqué le « tribalisme » de son parti.

Certes le souvenir de Trump finira par s’estomper. Mais Mar-a-Lago n’est pas Sainte-Hélène, et ce n’est pas de sitôt que le parti républicain se retrouvera dans la position des partis bonapartistes (de France, et des Pays-Bas où subsiste une Ligue bonapartiste).

Le sénateur Bill Cassidy, l’un des sept républicains à s’être prononcé contre Trump, a déclaré vouloir croire que si le vote s’était effectué à bulletins secrets, d’autres républicains auraient volté comme lui. En fait, à de rarissimes exceptions près, les élus républicains, ont tous soutenu Trump, et constaté comment les moindres critiques de l’intérieur de son administration se faisaient révoquer. Voter la culpabilité à bulletin secret exposait à ce que plus trumpistes qu’elles et eux-mêmes les suspectent et les poursuivent de leur vindicte. Avec Trump, on n’est jamais assez trumpiste. Il faut en rajouter constamment.

C’est ce qu’à bien compris Marjorie Taylor Greene qui a déposé une motion visant à la mise en accusation de Joe Biden. D’autres surenchériront. Lindsay Graham s’est empressé de suggérer la mise en accusation de la vice-présidente Kamala Harris. Il se rendra bientôt à Mar-a-Lago se faire adouber, et même les plus réticents (face à la personnalité de Trump) lui emboîteront le pas. Pour ne pas se faire aligner par les fils Trump ou voir leurs résidences vandalisées.

jeudi 11 février 2021

Trump humilié, Trump relégué, mais Trump acquitté

 Les républicains moins fracturés qu’il y paraîtrait

Donald Trump, selon diverses indiscrétions, aurait été froissé par le manque d’audace des avocats qui le représentent devant le Sénat. Mais il reste impavide, et pour cause, il reste la référence électorale du parti républicain.


Aucun bookmaker n’a pris des paris sur l’acquittement ou la condamnation de Donald Trump par le Sénat étasunien. Et pour cause, les jeux semblent faits d’avance. La majorité des sénateurs républicains regardent d’un œil distrait les vidéos de l’accusation démocrate, au mieux gribouillent sans prendre de notes ou somnolent ostensiblement. S’ils sont une demi-douzaine à voter contre Trump, ce sera un maximum, selon toutes les prévisions (il faudrait qu’ils soient 17).

C’est d’autant plus significatif qu’il semble établi que l’ex-président avait été parfaitement mis au courant à l’avance qu’une partie de ses partisans préparaient activement un assaut du Capitole. Son équipe de communication, dirigée par Dan Scavino, surveillait activement les réseaux sociaux (dont Reddit, 4 chan et 8kun) depuis des semaines et des mois avant le 6 janvier. Les principaux organisateurs de la convergence vers Washington ont été lourdement financés par le comité de campagne de Trump, via Made Media Consultants LLC et des sociétés écran. Certains de ces organisateurs, dont Alan Hostetter, avaient appelé à l’exécution des traitres et des communistes (démocrates et républicains opposés à Trump).

Certes, une centaine d’éminents républicains, dont beaucoup de retraités des précédentes présidences républicaines, ont organisé une visioconférence pour décider de la formation d’une tendance conservatrice plus traditionnelle au sein du GOP. Voire d’une scission : mais pour créer un troisième parti, il faut des sous, et les donateurs potentiels douteront très fort de la viabilité d’une formation indépendante.

Qu’à cela ne tienne, Fox News et les autres médias plus ou moins nettement pro-Trump ne mettent en avant que les arguments lui étant favorables. Mieux encore, le sénateur Lindsay Graham tente d’insinuer que les démocrates étaient tout aussi au fait des risques d’assaut du Capitole et n’auraient rien fait pour les prévenir. C’est tout juste si la fiction d’une infiltraton d’antifas dans les rangs des fanas de Trump n’est pas remise au goût du jour, alors que, parmi les victimes ou les arrêtés, il ne s’en trouve pas. Mais l’exemplication est simple, c’est tout bonnement que le FBI se refuse à en trouver.

Donald Trump Jr, le fils aîné, laisse entendre que les assaillants étaient surtout des dérangés, aux motivations très diverses. Alors que les démocrates ont encouragé le mouvement BLM (Black Lives Matter) qui a généré beaucoup plus de dégâts.
Le New York Post, qui avait pourtant pris position contre les allégations de fraude électorale de Trump, considère que le débat au Sénat n’intéresse pas son lectorat et titre “Born tu Rum” (Bruce Springsteen ayant conduit alcoolisé).

La plupart des têtes de pont de la marrche du 6 janvier ont indiqué avoir été en liaison étroite avec des élus républicains, ces derniers, nommés, s’abstiennent de commenter ou dénonçent des débordements imprévisibles.

En fait, même si Trump avouait publiquement qu’il a menti (enfin, non, qu’il plaisantait) en faisant état de fraudes électorales que cela ne changerait sans doute pas grand’chose. Il aurait possiblement été abusé par ses opposants infiltrés dans ses propres rangs (si ce n’étaient des démocrates se faisant passer pour des trumpistes). Comme c’est idiot : il en a grâcié quelques-uns par inadvertance.

Cette éventualité est farfelue, bien sûr, mais même si Trump perdait progressivement de sa superbe, il restera peu désavoué par ses électeurs. C’est Trump un jour, Trump toujours pour la majorité des trumpistes (hors ceux qui seront sans doute traînés en justice et n’ont pas été grâciés, et encore...).

Le mouvement Maga soutient désormais que le policier mort peu après le 6 janvier n’aurait jamais été blessé par les assailllants et qu’il s’agit d’une accusation infondée de la presse mal-pensante (entendez non pro-Trump). Les plus flagrantes outrances de la Woke Culture alimentant les craintes des trumpistes qui se sentent assiégés et véritablement en état de légitime défence (non pas face au covid, mais du fait des restrictions), leur fourniront toujours assez d’arguments pour estimer qu’ils incarnent le bien, la religion, le patriotisme, les valeurs fondamentales (à leurs yeux) des États-Unis d’Amérique. God Save Trump’s America. Steve Bannon a beau rester en délicatesse avec la justice (en divers États, notamment en Floride où son associé Andrew Badolato s’est fait pincer par le FBI), sa carrière n’est pas en danger. Trump peut jouer au golf peinard.