Islamogauchisme et affaire de Tarnac
Faire de Frérique Vidal une autre Luc Ferry me semble, au
pif, au doigt levé, un poil outrancier. À tort ou raison ? Je peux me
gourer, évidemment.
J’avais relevé, dans un précédent billet, que lorsqu’il fut, et reste, question d’inceste, plus personne ne semble s’être souvenu des frères de Villiers. Mais je ne vais pas en déduire, hâtivement, à l’emporte-pièce, que c’est un effet du backlash, que l’universitaire Anne Larue dénonçait en pointant du doigt Luc Ferry.
Je rapproche effectivement les sorties de la ministre
Frédérique Vidal sur l’islamogauchiste de celles de l’ex-ministre de
l’Intérieur Michèle Alliot-Marie à propos de l’affaire de Tarnac (Coupat &
co.). En revanche, il y a comme une différence entre lâcher le CNRS, donc aussi
l’École des Hautes études en sciences sociales, qui emploiera des méthodes
universitaires et une déontologie qui lui sont propres et pousser la police à
ficeler une affaire bancale.
Encore que, ne connaissant ni l’une, ni l’autre, je puisse
me fourvoyer, n’avoir rien compris aux deux films. Ce ne sont que des impressions,
du subodoré confus.
Ah oui, mais voilà que 600 grands esprits, don la sociologue
Dominique Méda, à laquelle je trouve une « bonne bouille » (rien de
désobligeant ; des gens ont une tête plus sympathique que d’autres), et
dont les travaux me semblent intéressants, demandent grave la démission de la
ministre.
Nous serions en passe de subir l’action d’une police de la
pensée équivalente à celle ayant illustré le trumpisme, la Hongrie, le Brésil
ou la Pologne car seraient visées « les études postcoloniales et
décoloniales (…) les études de genre et l’intersectionnalité ».
Cela m’évoque surtout les formulations d’une certaine
culture woke, si bien mises à profit par l’extrême-droite
nord-américaine. Dans ce sens que chacun s’emploie à crier plus fort de l’autre,
et à dénoncer, stigmatiser, de manière vétilleuse.
Cela devient, de part et d’autre, victimisation contre
victimisation, tout le monde serait totalement opprimé par l’autre, celle ou
celui présumé d’en face. Chacun en rajoutant ad nauseam.
Je ne suis pas antisioniste (le sionisme fut aussi une assez
belle idée émancipatrice par maints aspects), mais je n’approuve guère (litote)
la politique droitière israélienne. Serais-je islamogauchiste ? Oui,
automatiquement, la moindre critique, ou simple distance, vous voue à présent
aux gémonies, fait de vous un cannibalo-pédophilo-stalinien. Et inversement.
Je ne vais pas poursuivre dans cette veine. Je n’ai aucun
livre à vendre, je n’appelle pas à des dons, je me place au niveau d’un quidam
appréciant les brèves de comptoir d’un Jean-Marie Gourio. Bref, deux fois
bac+5, je trahis la cause. Je devrais m’élever dans les hautes sphères de la
pensée et faire honneur à mon vernis universitaire.
Le bas peuple, le commun, en vient surtout à penser que tous
ces gens ont surtout envie de se faire mousser. Attention,
l’anti-intellectualisme m’est étranger. Au contraire, même les intellos dont
les idées n’ont pas mon assentiment instinctif, immédiat, m’apportent du grain
à moudre, matière à penser (enfin, vaguement, confusément, en gribouille). Je
me tiens documenté.
Mais mon infime notoriété restant loin derrière moi, je
l’ouvre encore, sans le moins du monde m’illusionner. Je fus petitement, minusculement,
c’est révolu.
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