samedi 20 février 2021

De Michèle Alliot-Marie à Frédérique Vidal, mêmes dérives ?

 Islamogauchisme et affaire de Tarnac

Faire de Frérique Vidal une autre Luc Ferry me semble, au pif, au doigt levé, un poil outrancier. À tort ou raison ? Je peux me gourer, évidemment.


J’avais relevé, dans un précédent billet, que lorsqu’il fut, et reste, question d’inceste, plus personne ne semble s’être souvenu des frères de Villiers. Mais je ne vais pas en déduire, hâtivement, à l’emporte-pièce, que c’est un effet du backlash, que l’universitaire Anne Larue dénonçait en pointant du doigt Luc Ferry.

Je rapproche effectivement les sorties de la ministre Frédérique Vidal sur l’islamogauchiste de celles de l’ex-ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie à propos de l’affaire de Tarnac (Coupat & co.). En revanche, il y a comme une différence entre lâcher le CNRS, donc aussi l’École des Hautes études en sciences sociales, qui emploiera des méthodes universitaires et une déontologie qui lui sont propres et pousser la police à ficeler une affaire bancale.

Encore que, ne connaissant ni l’une, ni l’autre, je puisse me fourvoyer, n’avoir rien compris aux deux films. Ce ne sont que des impressions, du subodoré confus.

Ah oui, mais voilà que 600 grands esprits, don la sociologue Dominique Méda, à laquelle je trouve une « bonne bouille » (rien de désobligeant ; des gens ont une tête plus sympathique que d’autres), et dont les travaux me semblent intéressants, demandent grave la démission de la ministre.

Nous serions en passe de subir l’action d’une police de la pensée équivalente à celle ayant illustré le trumpisme, la Hongrie, le Brésil ou la Pologne car seraient visées « les études postcoloniales et décoloniales (…) les études de genre et l’intersectionnalité ».

Cela m’évoque surtout les formulations d’une certaine culture woke, si bien mises à profit par l’extrême-droite nord-américaine. Dans ce sens que chacun s’emploie à crier plus fort de l’autre, et à dénoncer, stigmatiser, de manière vétilleuse.

Cela devient, de part et d’autre, victimisation contre victimisation, tout le monde serait totalement opprimé par l’autre, celle ou celui présumé d’en face. Chacun en rajoutant ad nauseam.

Je ne suis pas antisioniste (le sionisme fut aussi une assez belle idée émancipatrice par maints aspects), mais je n’approuve guère (litote) la politique droitière israélienne. Serais-je islamogauchiste ? Oui, automatiquement, la moindre critique, ou simple distance, vous voue à présent aux gémonies, fait de vous un cannibalo-pédophilo-stalinien. Et inversement.

Je ne vais pas poursuivre dans cette veine. Je n’ai aucun livre à vendre, je n’appelle pas à des dons, je me place au niveau d’un quidam appréciant les brèves de comptoir d’un Jean-Marie Gourio. Bref, deux fois bac+5, je trahis la cause. Je devrais m’élever dans les hautes sphères de la pensée et faire honneur à mon vernis universitaire.

Le bas peuple, le commun, en vient surtout à penser que tous ces gens ont surtout envie de se faire mousser. Attention, l’anti-intellectualisme m’est étranger. Au contraire, même les intellos dont les idées n’ont pas mon assentiment instinctif, immédiat, m’apportent du grain à moudre, matière à penser (enfin, vaguement, confusément, en gribouille). Je me tiens documenté.

Mais mon infime notoriété restant loin derrière moi, je l’ouvre encore, sans le moins du monde m’illusionner. Je fus petitement, minusculement, c’est révolu.

J’ai déjà remarqué que l’islamogauchisme n’a pas fait repousser les murs des mosquées, et que, oui, religiophobe (sans haine pour les très braves gens qu’un idéal de fraternité et sororité inspire), je suis bien évidemment islamophobe (entre autres). Assez pourtant conscient que, de toute façon, quand des gens veulent s’expliquer l’évolution du monde manière simpliste, ils finiront par trouver autre chose. Et que je préfère rester un béotien, un simple d’esprit (non pas au sens su Nouveau Testament), qu’un affabulateur. Ma réaction à la tribune publiée par Le Monde, n’a pas d’autre visée que de rappeler que de flatuler au-dessus du coccyx peut vous assimiler au pétomane. Que Roland the Farter qui précéda Joseph Pujol, vous inspire une approche plus mesurée de cette tempête dans un verre d’eau.

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