vendredi 3 avril 2020

Confinement : le bêtisier des verbalisations

De la non-essentialité du discernement

Les contrôles de police et de gendarmerie, a dit le Premier ministre dans l’étrange lucarne, à destination des verbalisés, doivent être effectués « avec discernement ». Mais comme aucune circulaire n’a été communiquée aux troupes, les syndicats de police ont judicieusement fait remarquer : « la dotation en discernement ne nous est pas arrivée ; c’est tout juste si on a suffisamment de masques ».
C’est sur le site du Parisien-Aujourd’hui en France que j’ai relevé le lien vers le site d’un certain Éric qui, sous le titre « Verbalisés (parce que) », recense des cas de verbalisations étranges (ne dites pas abusives, les supérieurs des policiers peuvrent le dire, tout autre le proférant se rend coupable d’outrage, question d'appréciation).
Ce recensement, source d’inspiration pour celles et ceux qui verbalisent, vaut bien le manuel de formation du conscrit cher à Fernand Raynaud (sketch Le fût du canon).
L’article du Parisien « jusqu’où peuvent aller les force de l’ordre lors d’un contrôle ? » ne manque pas non plus de sel. La source principale de Renan Trésorière, son auteure, c’st prinicipalement « le service de communication de la policde nationale ». Lequel service semble fort peu communiquer avec les autres services.
Quant au Premier ministre, qui veut faire accompagner les fonctionnaires par le dit Cernement, il a oublié de le faire affecter en nombre suffisant dans les brigades : « moi, mon surnom, c’est Jojo, et le brigadier, c’est Bébert, vous voyez bien que nous sommes en sous-effectif… Le dénommé Cernement ne fait pas partie de notre unité. ».
Discernement (n. m.) est un mot figurant (art. 66) dans le Code de procédure pénale, mais il n’est pas qualifié, clairement défini. Et comme le disait La Bruyère dans ses Caractères « après l’esprit de discernement, ce qu’il y a au monde de plus rare, ce sont les diamants et les perles ». Et pourtant, le site d’Éric (n.survol.fr) abonde en perles… de culture. Je un trouve même un diamant noir dans Le Parisien (article « ces PV contesté par les Français »), avec le cas d’une propriétaire de chevaux menant à l’abreuvoir. Verbalisée au motif que « les chats, les llapins et autres animaux de compagnie qui peuvent utiliser une litière, ne sont pas concernés par l’autorisation de sortie ». Une autre s’est vue rétorquer que l’eau, pour des chevaux : « ce n’est pas vital ».  Des titres de presse régionale l'ont rapporté, mais sans vérifier auprès des services de police (et l'absence de démenti n'a jamais été probant).
Il est vrai que le discernement, c’est une question d’appréciation. Or chacun sait que, pour la distance, un brigadier de gendarmerie, capable de distinguer en vol un hélicoptère mâle d’une femelle, sait apprécier celle entre un lieu-dit et un hameau. Récemment, m’indique un correspondant de Pornic, à 200m près. À cent, il aurait été susceptible d’indulgence, mais la vieille dame avait outrepassé les bornes, et au-delà, chacun le sait « il n’y a plus de limite ». N'ayant pas, moi non plus, vérifié auprès de la préfecture de Loire-Inférieure (j'ai certes tenté une recherche : préfecture de Loire-Inférieure, en vain), j'dis cela, j'dis rien.
C’est un peu comme le confinement et le bout du tunnel. En 1975, puis en 1986, Jacques Chirac l’avait entr’aperçu. Ce fameux bout, toujours à portée… demain, ou après-demain. En 2005, Jean-Pierre Raffarin l’avait vu s’éloigner alors qu’il s’agissait bien du même (celui du marasme économique). En mars 2017, Stéphane le Foll en discernait un autre : celui de la grippe aviaire.Ce bout du tunnel, c’est comme le canard de Robet Lamoureux, qui était encore vivant, alors qu’entre janvier et mars 2017, on en avait abattu pas moins de 2,3 millions. Et que cela continuait à Chalosse, dans les Landes. Mais tous les espoirs étaient permis « si la situation continue à évoluer favorablement », considérait le ministre de l’Agriculture. D'autres canetons que ceux du lectorat du Canard enchaîné ont cependant survécu. Restons confinés et optimistes.
Ne mélangeons pas choux et carottes, canards et poulets. Le tunnel Lyon-Turin avec celui (métaphorique) du viaduc de la Scie (devant, un jour, relier Arques à Dieppe).
Ne pas non plus mélanger les torchons des Internautes et les serviettes de la communication gouvernementale. Je vous incite à faire preuve de discernement afin d’établir la distinction. Ainsi, nos édiles, officiers de police, ne verbalisent plus les policiers au titre de la loi n°2010-1192 du 11 octobre 2010. Enfin, sauf erreur d'appréciation.
Selon Marianne, au 1er avril, plus de 359 000 procès-verbaux de contravention de quatrième catégorie (puis délit en cas de récidive), du fait du non-respect du décret de confinement, auraient été dressés. Quand « le plateau » sera-t-il atteint ? Me Akorri rappelle qu’en matière contreventionnelle : « payer l’amende, c’est reconnaître son infraction ».
Cela étant, rassurons-nous : depuis la fin mars, les cas de verbalisations non pas « abusives », mais insolites, nuance, se sont raréfiés. En revanche, ceux de récidive sont plus fréquents. Pour le moment, aucune plainte de récidiviste emmené en détention à plus d’un kilomètre de son domicile n’a été consignée.
En revanche, sont aussi en augmentation les cas de délation : n’encombrez pas les standards des forces de l’ordre ;ils ont déjà assez de mal à répondre aux questions idiotes portant sur les modalités du confinement. Le bêtisier des justiciables sera sans doute des plus fournis à l’issue du confinement.
Quant aux exceptions dérogatoires : ne vous fiez pas trop à ce qu’écrivent les journaux se fondant sur les réponses du service de communication du ministère de l’Intérieur. Faites preuve de discernement.

jeudi 2 avril 2020

Confinement : nos astuces attestatives


Prévoyez la pénurie de papier : économisez

Faute de disposer d’une attestation « spéciale autiste » (personne n’est parfait), vous pouvez recourir à nos astuces pour ne pas avoir à multiplier les formulaires d’attestations de déplacement dérogatoire.
Bonne nouvelle.
Un haut-fonctionnaire qui n’avait recopié à la main le seul motif de déplacement et avait été sanctionné de ce fait a obtenu gain de cause : la préfecture de police de Paris, le ministère de l’Intérieur ont concédé que, contrairement à ce qu’avait estimé le fonctionnaire de police, il n’était pas obligatoire de recopier la totalité de l’attestation pour cocher la case idoine.
Cela étant, il lui faudra suivre la procédure, soir adresser en AR un courrier à l’officier du ministère public, ou remplir un formulaire sur le site de l’Antai (Agence nationale de traitement automatisé des infractions).
Ce n’est gagné ni pour vous, ni pour lui, car le décret modificatif n’est pas à l’ordre du jour, et que la garantie de la préfecture ou du ministère n’a pas forcément été transmise au « terrain » comme disent les syndicats de policiers et les hauts-gradés de la gendarmerie.
Vous l’avez remarqué, les téléspectateurs sont invités à poser de multiples questions pratiques auxquelles les experts donnent réponse.
Expert moit-même (moit-moitié), je me suis penché sur la question de l’économie de papier, inspiré que je fus par la mise en ligne, sur le site de l’École des hautes études en sciences sociales d’un carnet intitulé « perspectives sur le coronavirus ».
Je n’ai pas encore visualisé l’attestation ad hoc assouplissant les mesures de confinement pour les autistes, annoncée par Emmanuel Macron. Nos méthodes s’appliquent donc aux attestations classiques.
Méthode manuelle
Avec la méthode manuelle, vous ne recopiez, de manière serrée (faible interligne) que le seul motif adéquat. Tout en haut de la feuille, en pied de page, au plus près du bas (vers 28 cm), vous portez le lieu, la date et l’’heure et vous signez. Tentez d’écrire assez lisiblement et conservez l’attestation à joindre à votre réclamation si vous êtes verbalisés.
La fois suivante, munis de ciseaux, découpez le bas de la page et reportez les nouvelles dates et heures : ainsi, la même feuille peut resservir quelques jours.
Un voisin avait pris un carnet, recopié le motif puis, chaque jour, indiqué à la suite les nouvelles dates et heures. Lesquelles se sont vite retrouvées au verso. Fausse bonne idée : ce serait trop simple… Le but est que vous sortiez moins. Remplir une attestation sur papier libre retarde votre heure de sortie : c’est finement conçu. Tout a été soigneusement pesé, en tenant compte de l'avis éclairé de commissions d'experts (je ne critique pas le fait de n'avoir pas été convié, j'accorde le droit à l'erreur).
Méthodes reprographiques
L’autre fausse bonne idée est d’opter pour une impression mode « mosaïque » ou « carnet ». Soit de juxtaposer le même formulaire en x exemplaires sur la même page. Le problème est que le policier ou gendarme puisse estimer le texte illisible car la force de corps des caractères soit insuffisante. En l’espèce, la jurisprudence est plus que floue. Certes, l’art L 112-4 du code des assurances stipule que les clauses sur les polices ou les contrats doivent être mentionnées « en caractères très apparents ». Mais l’estimation de l’apparence est dévolue à l’appréciation des magistrats. Et le fonctionnaire peut vous rétorquer, avec une mâle assurance « police ? police ? Ici, la police, c’est moi ! ». L’Antai n’ayant reçu, à mon humble connaissance, aucune directive quant à la lisibilité liée à la force de corps et à la valeur des interlignes, mieux vaut s’abstenir.
En revanche, voici la marche (graphique) à suivre : pré-remplir l’attestation, avoir recours à un logiciel susceptible de faire passer le formulaire du mode portrait au mode paysage préserve la lisibilité. Sélectionnez l’image, agrandissez la « taille de la zone de travail » (terminologie Adobe®), et collez. Vous obtenez ainsi deux attestations sur une seule page. Réglez ensuite la taille de la nouvelle image (largeur : < 20 cm ; hauteur : <29,7 cm).
Je viens de poser « il y a quelques secondes » la question sur la « plate-forme de tchat » de la police nationale. Top chronomètre. La question apparait en vert. Trois-quatre minutes plus tard, je me contente de la réponse précédente (en bleu) : « Je m’efforce ded répondre (…) dans les meilleurs délais. En cas d’urgence, composez le 17 ou le 112 ». Je ne sais à quel niveau hiérarchique ma question est remontée. La chaîne de commandement est longue.
Au Royaume-Uni, la hiérarchie n’a fait qu’une recommandation aux bobbies : « faites preuve de bon sens. ». Ah, je recharge la page, ma question a été posée « il y a 10 minutes ». Le cabinet du ministre de l’Intérieur doit en ce moment se réunir en visio-conférence. La réponse me parviendra peut-être après le « quart d’heure parisien ».Ah moins que, ce soir, la porte-parole du gouvernement me réponde sur une chaîne d'informations continues. Afin que nul n'en n'ignore plus...

mardi 31 mars 2020

Coronavirus : mais ou la quinine est-elle passée ?


De la poudre des jésuites à celle d’escampette

Quand je m’aventurais en Afrique-subsaharienne, je prenais de la quinine. Serait-elle désormais réservée aux herboristes ?
Ne dites plus quinine, mais hydroxychroquine, de la même manière qu’on ne dit plus « une bière d’Alsace, mais un cercueil de Lorraine. ». Ou des suaires du Grand-Est. J’avais, au Pays-de-Franche-Comté (devenu l’Est Rep’), un confrère, Jean Becker (of varan fame, ensuite de l’aérostation), qui souffrait encore de crises de palu. Perso : rien du tout, tout juste une tourista en Irak (ou à la frontière syrienne, j’ai oublié). Lui aussi avait dû se prendre sa quinine, mais soit pas suffisamment, soit la quinine ne marchait pas assez bien pour lui, allez savoir.
Tout cela n’est pas pour vous donner mon avis non autorisé et total farfelu sur les travaux du porfessur Didier Raoult. Un autre ami, lui, autorisé (ancien de l’institut Pasteur, puis d’une boîte américaine, Bio Rad Laboratories), patron de PB Conseil, considère que le jeu Raoult vaut la chandelle. Selon un processus d’évaluation gains-risques. Ou gains/ risques, voire risques/gains, mais, moi, les maths, même plus l’arithmétique. Chacun son approche.
Je ne suis pas plus linguiste que, non pas vous et vous, ou votre cousine germaine, mais en tout cas pas moins que (j’ai quelques noms), mais je trouve que dire quinquina au lieu de Myrowylon ne vaut pas une disputation.
En revanche, quand je lis qu’un révérend britannique commercialise déjà des « trousses » -kits – de protection contre le coronavirus à base d’huiles de salsepareille et autres pousses, je mets en garde. Méfiez-vous des évangélistes (Japon, Mulhouse), mais aussi des Schtroumpfs : le dernier rassemblement des déguisés en Schrtoumpf a peut-être fait des victimes. C’était à Landereau, le samedi  mars. Ne dites plus, comme Trump, « le virus chinois », mais dites bien « le virus schrtoumpfeur ».
Plus sérieusement, je vous met en garde contre la floraison prochaine de remèdes miracle à base d’écorce de quinquina. J’ai voulu faire un signalement prémonitoire à l’OMS, mais mon courriel à Tedros a généré un mailer daemon (démon de courriel ?). Si on vous propose des masques à base d’écorce de quinquina, prenez d’abord l’avis de votre agence régionale de santé. L’inhalation d’écorce de quinquina peut avoir des effets secondaires délétères. De même, les cataplasmes, et pire encore, les sangsues nourries de cette écorce, provoquent des irritations cutanées pouvant se muer en allergies durables.
En réalité, seules les ventouses de mon laboratoire de soufflage (procédé artisanal ancestral, homologuées QF (CE, c’était trop cher), en verre issu de sables biologiques épuisant durablement les plages et les rives de la Loire vous garantissent une protection efficace contre la congestion coronovirale (symptôme rare, mais d’autant plus inquiétant).`À placer sur la poitrine pour drainer les poumons. Méfiez-vous des imitations et des importations asiatiques. Le traitement, associé à nos baguettes de sympaticothérapie (sortes d’écouvillons comme pour les tests de dépistage, mais avec des olives striées en extrémité), dont l’application n’est pas thérapeutique mais réduit les désagréables symptômes du virus, ne vous en privez pas. Nos ventouses sont livrées avec un mode d’emploi très simple : composer *1323* puis le numéro à 16 chiffres et enfin la touche dièse. Mais pour les aithmophobes (dont je suis), nos suppositoires sont tout indiqués (livrés en divers tons et nuances chromatiques, pour une déclinaison personnalisée, communiquez votre Pantone™).
En cas d’accouphènes, vertiges, troubles de la vision, nausées, contactez-nous via aol.com ou compuserve.com.
Tout ce long développement pour m'étonner : pourquoi n'emploie-t-on plus le terme de quinine, qui, dans mes œuvres complètes (anthologies diverses sur Amazon), rimait si bien avec sixtine et cyprine ?

Coronavirus : La toute dernière du Potus


Trump place Séoul plus haut que Lhassa

Au tout début, je n’y ai pas cru, et imaginé qu’un Gallois avait inventé l’anecdote. Donald Trump a doté Séoul, la capitale de la République de Corée, de près de 10 millions d’habitants. En fait, il a sans doute confondu population et altitude, faisant placer Séoul trois fois plus haut que Lhassa (Tibet).
« Incroyable, mais faux ». Initialement, je n’ai pas voulu croire qu’après avoir estimé qu’il connaissait la Corée du Sud « mieux que quiconque », le Potus, The Donald, a indiqué que Séoul comptait « 38 millions d’habitants tassés les uns sur les autres ». Comme c’était rapporté sur Twitter par un ancien animateur de télévision gallois (via le site de The Independent), lequel rectifiait en indiquant que Séoul était située 38 mètres au-dessus du niveau de la mer, j’ai douté. Un autre considérait que Trump avait confondu le chiffre réel de la population (10 millions) avec l’altitude (qu’il aurait située à 10 kilomètres).
Et puis j’ai réécouté deux fois l’allocution du Donald Trump sur PBS NewsHours. Eh oui, Le Donald crédite bien Séoul de 38 millions d’habitants. Faisant preuve d’’une généreuse indulgence, divers commentateurs sérieux, dont Andrew Naughtie, de The Independent, ont bien voulu considérer que Trump avait fait référence, par erreur, à la population de Tokyo, enfin de la métropole du Grand Tokyo, s’étendant sur deux millions de m² et comptant 38,14 millions d’habitants.
Cette hypothèse semble plausible : Trump a pu s’interroger sur le nom de la capitale de la Corée du Sud, et se dire :« bon sang, mais c’est bien sûr. Tokyo, comment ai-je pu oublier ? ».
Et aussi sec, il est allé consulter le chiffre de la population de Tokyo.
Et comme on lui demandait pourquoi les États-Unis avaient mené de tests de dépistage du coronavirus, et qu’on lui avait soufflé que cette question pourrait lui être soumise, avec une belle assurance et le prompt renfort de sa mémoire, il a convié par un prompt renfort 38 millions d’âmes au « port » de Séoul, métropole portuaire, regroupant, dans le Grand Séoul, à peu près la moitié de la population de la République de Corée (25,6 millions sur 51).
Bref, les États-Unis ont bien sûr fait jeu à peu près égal avec la Corée du Sud contre le virus, ce grâce au volontarisme de Donald Trump, sauf que ce pays est moins vaste que la Grande Amérique (la seule, celle du Donald), et que bien sûr, la tâche était plus facile pour les Coréens du Sud, plus accessibles car mieux « entassés ». « Je connais la Corée du Sud mieux que quiconque, c’est un très serré (it’s a very tight) ». C’est un pays très serré, voulait-il dire, mais le Donald élude souvent des mots, laissant l’auditoire combler les trous et comprendre qu’entre lui et lui « on se comprend, pas besoin de faire un dessin ».
L’idée m’est venue de consulter le site de The Korea Times. Le gouvernorat du Grand Séoul vient d’annoncer que 10 000 masques seront donnés aux résidents étrangers. Leurs concitoyens — les nationaux — s’étaient vus contingentés (deux masques par personne, mais cela, c'était avant, du temps de la pénurie). Il s’agit moins de protéger les étrangers que de protéger les Coréens de l’infection de que pourraient véhiculer ces « invités », étudiants étrangers et autres. La bévue du Donald n’a pas encore été relevée, mais l’opinion éditoriale sur Trump est bien résumée par le dessinateur de presse du journal qui se souvient que le Potus voulait lever le confinement (décrété à tort, forcément à tort par les gouverneurs démocrates des divers États) pour le jour de Pâques — il s’est ravisé depuis.


jeudi 26 mars 2020

Coronavirus : confinement durée illimitée ?


Un virus éternel, un purgatoire abrégé

Chaînes et stations de radio n’arrêtent pas de reposer les mêmes questions du public aux experts qui fournissent les mêmes réponses. L’une, récurrente, se rapporte à la durée du confinement. Qui sera sans doute moins longue que la longévité (pouvant tendre vers l’infini) du covid-19.
Au lieu, comme certains confrères de la presse audio-visuelle, de poser la même question à un expert, puis à un autre faisant oublier la réponse du précédent, Sophie Gallagher, du site du quotidien britannique The Independent, en a interrogé une bonne douzaine. Douze analyses, une synthèse pour répondre à la question « quand le coronavirus finira-t-il ? ».
Attention, ne pas confondre fin du virus et fin du confinement. On se souvient du sketch de Fernand Raynaud. Le virus est l’objet de soins constants et pour se refroidir, le fût du canon met « un certain temps ».
Quant à la longévité du covid-19, un expert microbiologiste propose de s’en remettre à la consultation d’une boule de cristal. Ce qui n’est pas à la portée de tout un chacun. Mais même un manchot ambidextre (cas rarissime que ni le chamanisme, ni la médecine allopathique, fusse-t-elle exotique onc ne cessera de laisser pantois) peut actionner une toupie, successivement deux toupies.
Pendant le confinement, devenez expert à domicile, c’est à la portée du plus grand nombre. Confectionnez deux toupies à facettes. Portez sur chaque divers chiffres, et sur celle vouée à déterminer la date d’extinction du virus, le signe de l’infini.
Tant qu’un vaccin efficace ne sera pas trouvé, ce qui peut prendre un certain nombre de décennies, l’éradication totale du covid-19 restera une gageure. Son recul partiel est en revanche prévisible. Lorsque l’immunité collective (herd immunity) à temporalité variable sera suffisante, les résurgences épidémiques —éparses géographiquement — se raréfieront.Cela étant, cette immunité protège une majorité du collectif et non chacun de ses membres individuellement. De plus, pour ce covid-19, on ne sait pour combien de temps l’immunité est garantie.
La durée du confinement est un autre problème. Quand on voit qu’il est question de faire démarrrer, fin juin, le Tour de France sans spectateur, sans jolie jeune fille pour remettre des bouquets (les féministes survivantes applaudiront), et que Ryanair n’envisage pas de reprendre ses activités avant juin, nous disposons de quelques indices peu fiables.
En réalité, les cas de passages au cannibalisme sont mal documentés. Au bout de combien de temps constate-t-on des cas d’anthropophagie alimentaire dit conspécifique (par opposition à hétérospécifique) ? Mais ce n’est qu’un marqueur et les pouvoirs publics du Roi Soleil, lors des disettes de son règne, ne s’en sont guère émus.
Ce qui me, et leur, semble à peu près clair, c’est qu’en arriver au stade de l’immunité collective pendra des mois. Combien de mois ? Peut-être 13 à la douzaine, semble indiquer les interlocuteurs de Sophie Galagher.
Un peu trop pour ne pas mettre en danger les plus grosses fortunes. Par conséquent, le scénario qui se dessine : dès qu’un test permettra de sélectionner celles et ceux qui seront estimés pouvoir rependre des activités productives normales, que leur non-contagiosité soit irréfutablement ou non établie, et que leur nombre sera estimé suffisant, le confinement sera progressivement assoupli.
Auparavant, le secteur de la mode aura lancé des lignes de combinaisons intégrales seyantes.
De quoi s’inquiète-ton à présent en France ? Du manque de stades prévu pour les Jeux olympiques où auraient pu être isolés celles et ceux qui ne passeront pas les tests ? Il ne s’agit pas de déverser la sinistrose à pleins baquets (ce qui aurait valu, en Chine, la vindicte populaire et des descentes de police).Seule certitude : le pire n’est jamais sûr.
Et puis, quand on entend et lit tant d’imbécilités complotistes sur le virus, lire que des gens crédibles ne se prononcent pas, c’est déjà cela de rassurant. Et puis, dans l’incertitude et la vanité des prévisions, autant s’intéresser à tout autre chose. Jusqu’au 28 avril (et sans doute après, si ce n’est dans toute la France, du moins dans certaines régions).
Des suggestions : le répertoire de Fernand Raynaud, celui de Boby La pointe, de Jamil (le chanteur québécois), de Ricet Barrier… Retrouvez les paroles du succès des Parisiennes : « il fait trop beau pour télétravailler’ ». Ou créer une piste miniature de boule de fort (un jeu qui se joue avec des boules méplates et lestées d’un fort latéral, et qui, en dimensions réelles en peignoir, pyjama et pantoufles).

mercredi 25 mars 2020

Donald Trump promet des œufs de Pâques

Le « virus Chrétien » ne passera pas Pâques

Ce n'est plus le « virus chinois » mais le virus chrétien (au Japon, en Europe du moins) depuis que des évangélistes comme le vice-président étasunien Mike Pence, un créationniste, ont psalmodié les louanges adressées à Donald Trump, qui promet à présent que le covid-19 va s'évanouir dans les limbes du purgatoire des pandémies quand les cloches sonneront pour Pâques...
Pour la première fois depuis la toute première émission de télévision aux États-Unis, diverses chaînes, à l'exception de Fow News, ont interrompu la retransmission des propos de Donald Trump qui se livrait à une allocution lundi soir. CNN, suivi de MSNBC lui a coupé le sifflet, ABC et CBS ont fait de même.
Le Potus (en français : prédicateur omniscient twitterisant, adaptation libre) a  estimé que la ligne de temps de propagation de la pandémie s'interromperait soudainement — en tout cas du mur de la frontière mexicaine à la frontière canadienne et sans doute aussi en Alaska) — lorque les cloches annonceront la fête de Pâques. Des sceptiques (de fosses septiques grouillantes de miasmes) ont donc osé exprimer des réserves. Intolérable. Tout contradicteur est désormais qualifié, comme au bon temps du Mccarthysme, d'être membre ou stipendié par « l'état profond » (comme dans la Turquie du sultan Erdogan).
En fait, sénile mais croyant, le président américain reste, pour ses partisans, le détenteur de la parole divine.  Mais,  et c'est nouveau, le prophète ne clame pas que la fin du monde est proche. C'est the end of the pandemia qui est proche, grâce à ses actions de grâce. Les seuls républicains de peu de foi sont ceux qui se délestent de leurs actions et obligations. Mais comme ils pensent bien et prient, tout sera oublié.


lundi 23 mars 2020

véhicules « allogènes » vandalisés en Bretagne

La piste brandebourgeoise n’est pas privilégiée

Des véhicules ayant été immatriculés hors de Bretagne ont été vandalisés dans les Côtes-d’Armor. Au nombre des dégradations : pneus crevés, carrosseries rayées du sigle de la Ligue de football du Brandebourg (FLB).
On imagine mal des Prussiens munis de casques à pointe s’en prenant à une voiture immatriculée au Luxembourg. Elle avait été prêtée à un médecin de Plougrescant (Ploegresquen), près de de Penvénan. D’autres véhicules immatriculés hors de Bretagne ont été vandalisés en diverses localités de la Côte de Granit proches de la communauté de Lannion-Trégor. Un habitant-résident permanent de Port-Blanc, qui avait acheté une voiture d’occasion en Île-de-France a de même constaté des dégâts.
Il serait insolite qu’un ou des membres d’un club de la Fußball-Landesverband Brandenburg se soi(en)t livrés à de tels actes. D’où l’empressement d’une presse sensationnaliste de les attribuer à des individus se revendiquant du Front de libération de la Bretagne, un mouvement formé dans les années 1960.
Les anciens de ce mouvement n’ont pas daigné démentir cette usurpation ni protester que « nés quelque part », parfois à l’extérieur (soit, comme disent les Alsaciens « à l’intérieur »), ils peuvent acheter leurs véhicules partout en France ou à l’étranger selon leur bon gré.
Serait-ce bien la crainte d’une contagion virale qui a motivé ces agissements que je ne qualifierai pas (mais je le pense très fort) ? Ce n’est pas si évident.
Les Côtes-d’Armor, c’est le département de la Bretagne administrative resté le plus abordable financièrement pour l’immobilier, enfin, au sud, en lisière du Morbihan. Mais les prix ont flambé le long de la Côte d’Émeraude et dans une moindre mesure de la Côte de Granit.
Le gars du coin, qui lorgnait la longère de la tante Yvonne qui n’attendait plus près de l’âtre son matelot de mari péri en mer (« qui voit Cézembre ne passera pas décembre », c’est bien connu), se la vit ravir par un résident secondaire plus fortuné. Coiffé sur le poteau marquant l’entrée de l’étude du notaire.
Ah, nos bons recteurs bas-bretons vont en entendre de belles à confesse. Les privations de procession lors du Grand Pardon vont pleuvoir.Tels celui du Bréno, « plus respecté que le bon saint Tugen qui guérit » (relire le conte Monsieur le recteur, d’Octave Mirbeau, un Calvadosien établi dans le Morbihan), ils vont fustiger les vandales.
Dans Marianne, Natacha Polony (se) pose la question : « Y a-t-il une spécificité française de la connerie ? ». Elle est en tout cas contagieuse, alors même que Plougrescant est distante de plus de 150 km de Fougères et du fol Couesnon. Dans le même numéro, Jacques Julliard s’en prend pêle-mêleaux branquignols, barjots, et autres gugusses. Il relève que « les Français se rendent odieux à l’étranger ». Julliard restant confiné chez lui, à Paris, il ne va pas se rendre odieux en Bretagne. 
En Bretagne, des Bretons le font très bien à domicile. Odieux au pays. Comme d'ailleurs odieux au Larzac ou là où ils migrent à l'occasion. Dans son billet, Jean-François Kahn consigne quelques bonnes blagues de connaissances et conclut par le slogan « La Corona, la meilleure façon de mettre en bière ! ». Si vous trouvez un slogan sur l’abus de chouchen (synonyme : dourvel), ne vous retenez pas. Le saviez-vous ? À Rosporden, il était surnommé le « chasse grippe ». car consommé en grog.
Enfin, faut-il indiquer aux habitants du Trégor que les Franciliens venus se confiner à leurs côtés n’avaient ni l’intention de désencombrer les centres hospitaliers de leur région et encore moins d’encombrer celui de Lannion-Trestel, qui éprouve quelques difficultés à recruter des médecins et du personnel soignant. Et si ce dernier venait à être saturé, empêchera-t-on le débarquement des équipes soignantes « allogènes » venues à la rescousse ou apporter du matériel ? Un surcroît de jugeote sous certaines coiffes, chapeaux ronds et bonnets rouges ne serait pas superflu. Et puis, saboter l’essieu du cabriolet parisien du vicomte de La Villemarqué, le Barz Nizon, ce n’est pas très malin.

dimanche 22 mars 2020

Coronavirus : autonomistes et indépendantistes à l’aune de la pandémie


Confinés aujourd’hui, rencore moins que demain

C’est fou, plus on a de temps devant soi, plus la procrastination se prolonge. Les gamberges inutiles l’emportent sur les tâches découlant des bonnes résolutions. D’où cet interlude coronavirien : si la pandémie faiblit, qu’en sera-t-il des aspirations autonomistes et indépendantistes ?
D’habitude, mes récurrentes digressions s’insèrent au fil de la saisie au clavier. J’affectionne les digressions autant que Truman Capote chérissait les allitérations. Avec le confinement, la tentation de se lâcher croît. Alors, avant d’aborder le sujet, cette question. Combien de temps le bons sens l’emportera-t-il sur la tentation de céder à un j’menfoutisme fataliste ? Juqsqu’à quand, lorsque le confinement s’éternerisera, se dira-t-on qu’il reste raisonnable et salutaire de le respecter ? Comme les voisins le feront ou non encore ? Ce qui se vérifiera ou non individuellement ou, à l’échelle de régions, de « pays », collectivement.
Seconde digression. Je m’y attendais et ne fus absolument pas surpris de lire je ne sais où, je ne sais plus quel médecin, prôner l’abstinence des rapports sexuels, y compris « protégés » (masques et gants) jusqu’à la fin de la période au cours de laquelle le virus est censé — supposément — s’affaiblir. Et voici qu’Hani Ramadan, frère de Tariq, impute la pandémie non pas à une revanche de la nature sur son principal prédateur et destructeur, mais à une colère divine face aux turpides, « comme la fornication et l’adultère », et que le salut résidera dans « les invocations » et suppliques adressées au créateur. Pas du tout, comme dans la nouvelle de Tom Correhassan Boyle que j'ai traduite, en ayant recours au préservatif intégral (de la pointe des cheveux à l'extrémité des ongles des orteils). 
Le pape François a prié pour que « la main de Dieu » stoppe la pandémie. Il n’a aucune autorité spirituelle ou autre sur cette secte de chrétiens japonais qui ont répandu le virus ou sur les évangélistes rassemblés à Mulhouse dont nous avons constaté les effets, non de leurs prières, mais de leur convergence-dispersion. On a constaté le même phénomène au Royaume-Uni.
Ramadan et d'auètes auront beau jeu de dénoncer les conséquences, en Iran chiite, des rassemblements du Nouron, le Nouvel An. Qom reste ville ouverte jusqu’à nouvel ordre, et ce sera bien la preuve que, si le virus s’y propage davantage encore, les prières chiites sont désagréables aux oreilles de l’idole des Ramadan.
En Israël, police et Tsahal traquent les téléphones pour déterminer qui se trouvait à proximité de celui d’un contaminé. Mais, dans les quartiers fiefs des ultra-religieux, autour de Jérusalem, pas question d'interrompre l'étude de la Torah dans les yeshivas autoritairement. Lesquelles yeshivas consentent ou non à limiter le nombre de pieux élèves admis à étudier ensemble.
Jusqu’à quand ? Nous avons peu de précédents tant les témoignages remontant aux grandes paniques millénaristes et aux pestes bubonique et noires n’abondent pas. Mais, pendant celle de 1720 à Marseille (la Relation historique de Jean-Baptiste Bertrand est consutable sur Gallica), on constate que la « fureur frénétique » resta limitée, de même que les débordements « de la populace », et ce n’est qu’au chapitre 20 que « le peuple reprend ses anciens désordres » après que « la diminution du mal » soit devenue « sensible ».
Cette Relation témoigne aussi d’une forme de solidarité nationale et de formes de solidarités interrégionales, ce dont il aurait dû être question bien avant ces diverses considérations saugrenues.
Et allons plus loin avec Yuval Noah Harari, auteur de Sapiens ayant accordé à El Pais un entretien par courriel. Pour Harari, ce n’est pas du stupre ou de la lubricité dont « nous payons le prix » mais d’un manque de confiance en « la coopération internationale ». Il relève l’impuissance du G7, l’absence de mesures coordonnées de production et répartition des ressources matérielles et humaines. Il rappelle que la victoire contre la variole (après l’épidémie de 1967) avait dépendu d’un fort niveau de coordination mondiale. Les épidémies, c’est comme le changement climatique. Elles se multiplieront, prospéreront. Les réticences à renforcer les défenses sanitaires en leur consacrant des budgets convenables à temps se paient lorsque les crises se démultiplient. Selon lui, 2 % du budget mondial devrait être consacré à contrecarrer le changement climatique.
Mieux que les autres
Bien sûr, Donald Trump et les États-Unis feront plus et mieux que tous les autres réunis puisqu’il le proclame. Car c’est le plus malin des dirigeants mondiaux (comme il l’a maintes fois affirmé). D’ailleurs, comment lui donner tort ? Comme il l’a proclamé, tout seul, sans en référer à personne, il a sauvé The United States of America en boutant les Européens hors de la Fédération et son mur avec le Mexique, et le futur mur avec le Canada, a préservé tous les All American de l’ennemi insidieux. Cela étant, son point de vue se défend. Pour le reste, que les États fédéraux se débrouillent, il s'en lave les mains (avedc le produit vaisselle de l'évier de la Maison Blanche, comme le petit personnel).
Eh oui, voyez un peu les comparaisons entre les données allemandes et françaises. Et en Italie, celles de la Vénétie et celles du Piémont. Je vous laisse conclure…
Bien, j’ai effectivement fait une recherche, vaine. Il est bien évident qu’aucun titre de presse, aucune station d’information ne va donner la parole aux autonomistes et aux indépendantistes. Le lectorat, l’auditorat, réclame qu’on ne traite que les infos relatives à l’épidémie.
Et de toute façon, comment envisager un référendum en Écosse dans ces conditions. Tout ce que j’ai pu trouver, c’est que même des sommités du SNP considèrent qu’il serait illusoire d’aller aux urnes en état d’urgence. En Catalogne, j’ai cherché, mais l’attention se porte sur autre chose. Rappelez-vous, en Belique, même les partis flamands ont conevenu qu’il fallait peut-être « plus d’État » et une Première ministre a été désignée : je vous entretenais pas plus tard que récemment.
Perso, très proche des aspirations des autonomistes bretons attachés à l’Union européenne, ancien d’Uss’m Follik qui faisait belle part à Roger Siffer, le barde alsacien (la rencontre du Roger et du Tarbois-choletais Gilles Servat, celui de La Blanche Hermine, ce fut moi). Avec illustration de Piéla. Avec Alan Kochevelou, totaux ensuqués, on pionçait au-dessus de pains d’explosifs du FLB. Donc, si je prône la coopération internationale, comme Harari, ce n’est pas parce que je suis stipendié par le Mossad.Je copinais avec un George Contos, et non un George Soros. Lequel Soros a beaucoup œuvré pour la coopération internationale. Soit dit en passant (pour Google : tu cases Soros dans n’importe quoi en ligne, c’est lu davantage).
Et en Corse, quand Femu a Corsica, Corsica Liberaet le PNC se demandaient s’il fallait renforcer l’isolement ou attendre « des réponses de l-État »’(français, ne pas confondre avec l'E.T.A basque), qu’ont pensé les Corses ? Ont-ils retenu les malades qui risquaient la déportation sur le continent manu militari ? Il est certes stupide d’aborder la question en ces termes : l’autonomie n’est pas l’antithèse de la coopération. Synthèse : demandez aux experts.
Pour le moment, Levallois «  orpheline des Balkany » n’envisage pas de faire sécession… Vous croyez voir où je veux en venir, moi pas. Désemparé, marooned (car raisonnablement réfractaire au confinement, je dépasse parfois le périmètre imparti), et marrooned (coincé et dubitatif), j’attends comme vous, la suite, en trouvant le temps long : vous me pardonnerez de le tuer à coups de billevesées.


jeudi 19 mars 2020

Coronavirus : encore une histoire belge ?


Mieux vaut être confinés que cons finis !

Bavardages et anecdotes en vrac, histoire de meubler le confinement. Tout d’abord, merci à Stan, confiné dans sa caravane près de Pornic qui m’a soufflé (dans l’oreille, cela ne risque rien) ce « mieux vaut confiné que con fini ». Fini, aux divers sens du terme, mais tant que nous n’avons pas atteint le terminus : lâchons-nous.
Le surtitre d’abord : à toute chose malheur est peut-être bon. Le royaume belge était resté sans gouvernement 541 jours de suite voici une décennie — donc, forte économie : pas de retraites à verser à d’anciens ministres. Nos salutations au passage à Valéry Giscard, pour la longévité de sa retraite d’ex-président.
Or donc, cette fois, même si les partis séparatistes flamands ont critiqué les francophones,il a fini par être cette fois admis que la situation valait de désigner Sophie Vimès (une francophone) Première ministre. Enfin, les chefs de groupes parlementaires (les rangs du parlement restant clairsemés) en ont convenu.
Bref, Sophie Vilmès pourra imposer des mesures nationales. Je ne sais si la Belgique dispose d’un équivalent de l’article 16 français (pleins pouvoirs, état d’urgence). Je relève que Boris Johnson n’en a pas besoin pour laisser la police britannique procéder à l’internement de tout contaminé (au faciès ? Allez savoir…).
Autre chose. À la suite de mon accident vasculaire cérébral, je fréquentais un hôpital de jour, il paraît qu’on aurait pu me diriger vers un centre d’examen de conduite automobile. Mais la clinique est fermée jusqu’à nouvel ordre.
Or donc, j’avais moult consulté divers sites pour savoir quelle marche à suivre pour retrouver la possibilité de conduire un véhicule. Tous indiquaient qu’il fallait contacter un médecin agréé par la préfecture, sans autre précision, si ce c’état qu’en cas de refus du médecin, des recours étaient possibles.
J’ai trouvé un médecin agréé. Qui n’accepte pas les cartes de crédit mais les espèces et les chèques (36 euros). Le docteur B. m’a fait remplir une fiche signalétique, a contrôlé ma vue, et m’a indiqué un centre permettant de passer un test de conduite. Lequel est fermé jusqu’à nouvel ordre.
Il ne m’a pas demandé ma carte vitale, m’a rendu quatre euros sur 40. Et je m'interroge : me demandera-il  la même somme si, ayant obtenu le certificat idoine du centre de conduite, il m’apposera un tampon dessus. Ensuite, allez savoir : vais-je rendre mon permis et m’en délivra-t-on un autre si tout est conforme ?
Pour le moment, je circule pédibus jambus (« bis jambus  » ? Je ne suis pas latiniste) avec mon compagnon à quatre pattes, Ouigo, fier coton de Tuléar. Dans les rues désertées d’une capitale apparemment somnolente.
Retour à Bruxelles. Nos meilleurs souhaits pour Michel Bernier, contaminé, donc confiné. Plus d’Europe ou moins d’Europe ​? D’où ce petit montage (sculptures d’autruches devant le bâtiment du parlement européen) et une méthode infaillible pour pallier le manque de masques et de gel : frottez-vous les mains dans le sable puis plongez-y la tête. Deux mesures « barrières » pour hâter le final l’inéluctable : en moins de deux minutes, plus de crise coronovirale, asphyxie garantie ! Sans avoir encombré le moindre lit de réanimation. C’était une préconisation posthume du Pr. Choron.

mardi 11 février 2020

Révisionnisme : après l’Holocauste, la colonisation

Alain Ruscio étrille les Hubner et les éditions Lafont Presse

Le trimestriel Spécial Histoire consacre son troisième numéro à l’empire colonial français. Pourquoi pas. Avec l’amant scandinave de la reine Marie-Antoinette, la colonisation, pour les revues d’histoire, c’est recettes assurées. Mais, selon divers spécialistes du domaine ce numéro ne mérite que de grossir le bouillon des invendus finissant au pilon. Je ne peux que leur donner raison.
Les journalistes éprouvent quelques difficultés à préserver des amis de longue date. Parfois, répliquer à un « ma parole ne te suffit pas ? » par le rituel « mais j’ai obligation de tout vérifier, recouper »., peut accoucher d’une brouille. Ce ne sera pas le cas avec Alain (Georges) Leduc, collaborateur d’Alain Ruscio pour une Encyclopédie de la colonisation française, en cours d'achèvement aux éditions Indes savantes. D’’une part parce que l’argument lui est recevable, d’autre part, car, habilement, au lieu de reproduire le texte d’Alain Ruscio avec ou sans examen préalable ou recoupements, d’autres l’ayant fait, et reproduit, vous pouvez en prendre connaissance sur divers sites, dont celui de la Libre pensée ou de l’Afaspa (Association francçaise de’amitié avec les peuples d’Afrique), qui titre : « la dernière frappe du révisionnisme-crétisnisme en matière coloniale par Alain Ruscio ». Sur le fond, je n’irai pas jusque là. ERn tout cas, pas si vite...
Car, sur le fond, d’une part, je ne suis pas qualifié, et d’autre part, j’avoue, en récidive, éprouver une certaine nostalgie pour le « bon » temps des colonies et de la « bonne » colonisation (folklore des beaux uniformes, respect de la tradition des troupes d’infanterie et artillerie de marine —Bazeilles, oui, Madagascar, non— j’avais déjà avoué en traitant du hors-série de Valeurs actuelles sur « La vraie histoire des colonies’ ». Benjamin Stora ne m’avait nonobstant pas envoyé ses témoin, j’espère que Ruscio sera aussi indulgent.
Sur le fond encore, en total béotien, je me pose aussi la question qui est la justification sous-jacente de cet éloge de la colonisation par les puissances occidentales qui caractérise ce singulier numéro de ce numéro des éditions Lafont. Les peuples colonisés auraient-ils gagné au change si d’autres puissances, asiatiques par exemple, les avaient précédées pour dominer plus durablement ? J‘aggrave mon c : valait-il mieux être colonisés par les Grecs, les Phéniciens, les Scandinaves, que par les Romain ? Allez, une grosse ânerie pour me disqualifier davantage : j’eusse préféré que les Étrusques l’emportent.
Sur le fond, même sans être spécialiste, cela semble commencer fort mal dès l’éditorial ; il me semble effectivement (où avais-je lu cela ? Dans un reportage de Roger Vailland ?) que la colonialisation avait eu pour but « d’endiguer une démographie galopante » ? À la Réunion, je peux encore admettre, mais généraliser de la sorte, c’est un peu trop hasardeux.
Sur la forme, j’ai vérifié tout ce que Ruscio avance. Et il est encore loin du compte. Coquilles,  fautes d’orthographe, de syntaxe (notamment d’accords), à foison.
Mais j’ai particulièrement goûté, p. 29, ce « Napoléon III a envoyé une force navale de quatorze hélicoptères de combat, transportant trois mille soldats français et trois mille soldats philippins fournis par l’Espagne, sous Charles Rigault de Genouilly ». Ce qui m’a donné l’occasion de me documenter sur l’aéronavale, la différence de jauges entre hélico d’attaque et de transport et le gouverneur de la Cochinchine en chef d’escadrille ? Mieux, toujours sous « Le Second Empire » — cartouche surmontant la page 50 —ce « la priorité de la Navarre est de contrer ces derniers (…) Giap, pou sa part, doit choisir entre attaquer le delta du Tonkin ou relancer l’offensive sur le Laos. ». Plus loin « c'est à Diên¨Bien Phu, un lieu déjà envisagé par Salan, que la Navarrre ordonne d’établir un camp retranché » ? Je précise que Henri-Eugène Navarre ne fut jamais sénéchal de Navarre (ce que j’ai dû vérifier à tout hasard)
J’ai aussi perdu pas mal de temps à recopier des phrases afin de vérifier s’il ne s’agissait pas de copiées-collées. Ce qui m’a conduit à me demander si les propos prêtés (p. 59) au gouverneur général de l’Indochine Pierre Pasquier n’étaient pas issus des Recherches sur la France qu’Estienne Pasquier fit paraître en 1723. Cela étant, que Pierre Pasquier ait pu reprendre à son compte les réflexions d’Estienne Pasquier ne peut être exclu.
En revanche, dans son texte, Ruscio s’étonne, à propos d’une photo de la p. 44 : « Même page, sous un portrait de Ho Chi Minh jeune (1921) : il est affublé du nom de “Nguyen Aïn Nuä C”, probablement une mauvaise transcription de Nguyen Ai Quoc, reprise sans distance critique aucune. » Tès simple. La photo, libre de droits, provient d’une page Wikipedia, sur laquelle figurent les trois patronymes, mais le premier (Nguyen Aïn)est composé en corps plus fort que le suivant (Ai Quoc).
Ni l’éditorial (attribué au collectif «  la rédaction » ), ni aucun article n’’est (ne sont ? le verbe suivant ce « ni, ni », j’opte pour le singulier à pile ou face) signé. Mais l’ours mentionne que la maquettiste ayant fait que le Second Empire couvre de la page 42 à la 60 (je relève, p. 59 , un « dans les années 1920 et surtout les années 1930 ») se nomme Jessica Hubner. Si elle fut aussi chargée du secrétariat de rédaction et de la relecture-correction, Maxyme Hubner risque de devoir se confronter à un cas de conscience. Va-t-il l’employer de nouveau pour un numéro de Science et paranormal (autre titre Lafont Presse) consacré aux colonies martiennes ?
Maxyme Hubner peut exercer son droit de replique. Il pourra d’ailleurs paraphraser ce qu’il adressa à la rédaction du Virus informatique à l’été 2018 : « En fait le problème avec les blogs, les donneurs de leçons, et Internet en général, c’est que l’on peut dire tout et n’importe quoi sans impunités! [sic] Enfin jusque maintenant ! Donc, pour ses propos diffamatoires et mensongers, nous allons déposer plainte contre cette personne ! Il est temps de calmer tous ses personnes [sic bis] qui abusent des réseaux sociaux pour diffamer des entreprises qui ont plus de 35 ans d’existence. ». Virus info avait trouvé un qualificatif idoine pour caractériser un autre titre des éditions Lafont Presse : « verrue dans les kiosques ». Pour celui-ci, prurit semble plus adéquat. Ou furoncle. Mais, en raison de la teneur de la prose, c’est anthrax qui s’impose.
Un autre titre du même groupe, Science magazine, prévoit que la Lune sera habitée en 2028. Pour le’ prochain numéro de Spécial Histoire, je suggère : Gibraltar et Les Malouines repris aux Britanniques en 2022.
Bref, on comprend que colonialisme et décolonialisme font vendre. Pas vraiment à tout le monde : en tant qu’indigéniste breton, donc descendant de colonisateurs (les marches bretonnes s’étendirent bien avant le grand remplacement du quartier parisien de Montparnasse) et maints colonisés (par les uns, les autres, les troisièmes, j’en passe…), je n’ai rien à vendre, donc plus de quoi acheter.
Je veux bien croire que les motivations du groupe Lafont presse ne soient que mercantiles, mais il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : récemment on assiste à une offensive idéologique tendant à faire de la colinisation une parenthèse qu’il convient de vite refermer ou de magnifier pour mettre en valeur « le fardeau de l’homme blanc », non pas tel que le définissait Rudyard Kipling, mais tel qu’il fut détourné pourjustifier la colonisation des Philippines. Comme l’avait commenté Bruce Gilley, auteur de “the Case for Colonialism” (Third World QUaterly, octobre 2017), pour se dédouaner : « le but n’était pas l’exactitude historique mais un plaidoyer pour l’instant présent. ». Ou plaidoyer pour l’instant futur désiré d’un régime autoritaire, réhabilitant Mussolini, civilisateur de l’Éthiopie, et Hitler, émancipateur des Sudètes et de l’Alsace-Lorraine ? Cette chute facile me vaudra-t-elle un « bon-point » Godwin ?
N’empêche, souvent, réfutation de la Shoah et réhabilitation des colonisations, c’est souvent mêmes auteur·e·s, mêmes combats.